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The International Civil Liberties Alliance is a project of the Center for Vigilant Freedom Inc.  We are an international network of groups and individuals from diverse backgrounds, nationalities and cultures who strive to defend civil liberties, freedom of expression and constitutional democracy.

We aim to promote the secular rule of law, which we believe to be the basis of harmony and mutual respect between individuals and groups in the increasingly globalised world, and to draw attention to efforts to subvert it.  We believe in equality before the law, equality between men and women, and the rights of the individual and are open to participation by all people who respect these principles.

We believe that freedom of speech is the essential prerequisite for free and just societies, secular law, and the rights of the individual.

We are committed to building and participating in coalitions in all parts of the world to effect significant progress in protecting rights of the individual which are sadly being eroded in many countries including those in the West.


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The Center for Vigilant Freedom

23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 23:13

L'islam le cavalier de l'apocalypse Mort

Image

1 Je regardai, quand l'agneau ouvrit un des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre êtres vivants qui disait comme d'une voix de tonnerre : Viens. 2 Je regardai, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc ; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre.

 

L'arc insigne du croissant de lune (emblème de l'islam), le cheval est de couleur blanche, symbole de pureté, représentation de la fausse innocence,  sa couronne figure de l’Antéchrist, le faux Dieu, il apportera la discorde son activité sera la guerre de conquête (Jihad).

Ce cavalier utilisera un faux symbole de paix... la fausse religion.


MAHOMETISME

Suprémacisme islamique


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/65/Muslim_world.png

  

«   Depuis plus de cinq cents ans, [...] les règles et les théories d'un vieux cheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la Constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu'il apprend à l'école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu'à ses pensées les plus intimes. L'Islam, cette théologie absurde d'un Bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies. » Mustapha Kémal Atatürk  

                                                                 

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Islamisme

L'islamisme est un courant de pensée musulman, essentiellement politique, apparu au XXe siècle. L'usage du terme depuis sa réapparition dans la langue française à la fin des années 1970 a beaucoup évolué1,2. Il peut s'agir, par exemple, du « choix conscient de la doctrine musulmane comme guide pour l’action politique »3 - dans une acception que ne récusent pas certains islamistes - , ou encore, selon d'autres, une « idéologie manipulant l'islam en vue d'un projet politique : transformer le système politique et social d'un Etat en faisant de la charia, dont l'interprétation univoque est imposée à l'ensemble de la société, l'unique source du droit »4. C'est ainsi un terme d'usage controversé.

Étymologie

Le mot islamisme dérive du mot « islam » et du suffixe « -isme » et qualifie donc « la doctrine de l'islam ». Le sens politique est plus récent.

Origine

Le terme « islamisme » est de création française et l'usage de ce mot est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, où Voltaire utilise le terme pour remplacer « mahométisme » pour signifier « religion des musulmans ». On trouvera le mot dans cet usage - synonyme de l'actuel mot « islam » - jusqu'à l'époque de la Première Guerre mondiale2. Cet usage, qui se développa au cours du XIXe siècle5, commença à être concurrencé par le terme « islam » au tout début du XXe siècle, lorsque le développement des études occidentales de l'islam fit la promotion du terme que les musulmans utilisaient eux-mêmes. Le terme « islamisme » avait ainsi complètement disparu de l' Encyclopædia of Islam entamée en 1913 et finalisée en 19382.

Le terme est réapparu en France dans la fin des années 1970 pour répondre à la nécessité de définir les nouveaux courants posant une interprétation politique et idéologique de l'Islam et répondre à celle de les différencier de l'Islam en tant que foi2.

La réalité recouverte par l'ancien usage du terme n'a donc plus aucun rapport avec son usage actuel.

Définition

Pour l'acception actuelle du mot, Bruno Étienne propose la définition suivante : « L'islamisme est [...] l’utilisation politique de l’islam par les acteurs d’une protestation antimoderne perçue comme portant atteinte à leur identité à la fois nationale et religieuse6. »

Histoire

Article détaillé : Histoire de l'islamisme.

À la base de l'islamisme d'aujourd'hui,7 on trouve des courants de pensées du XIXe siècle tels que le fondamentalisme musulman (en particulier le wahhabisme) et le réformisme musulman. Ces courants sont nés suite aux questionnements que posent la confrontation à la modernité occidentale et sa domination. Les historiens considèrent également que l'islamisme est né en grande partie du "choc colonial". Après avoir produit plus d'un millénaire d'empires (califats, empire ottoman, empire safavide, empire moghol), le monde musulman se retrouve en quelques décennies (seconde moitié du XIXe siècle) dépecé et en grande partie placé sous la tutelle des puissances coloniales européennes. Les premiers penseurs de l'islamisme (al-Banna, al-Afghani...) attribuaient cette déchéance à la perte de "valeurs" musulmanes, qui auraient affaibli l'oumma. On peut lire à ce sujet Pierre-Jean Luizard (sous la direction de) "Le choc colonial et l'islam".

Certains analystes8 considèrent que les Frères musulmans, groupe fondé par Hassan el Banna en 1928, seraient à l'origine de l'islamisme. Cette confrérie est le premier mouvement à entrer sur la scène politique pour réclamer l'application de la charia, la loi islamique, dans un premier temps en opposition à l'occupation britannique en Égypte.

Au début des années 1960, Sayyid Qutb, théoricien des Frères musulmans, introduit les notions de rupture par rapport à la société impie et de reconquête. C'est dans ces écrits que certains groupes islamistes trouvent la justification théorique de l'usage de la violence pour islamiser les sociétés moyen-orientales.

À partir de la fin des années 1960, s'accumulent des faits historiques, idéologiques, économiques et sociaux qui peuvent expliquer le développement de l'islamisme :

Les décennies suivantes sont marquées, dans l'actualité, par des actes terroristes spectaculaires et bien relayés par les médias. Il ne faut cependant pas oublier qu'ils sont l'œuvre de groupes minoritaires, souvent condamnés par des mouvements islamistes dits « modérés ».

Mouvances islamistes

Article détaillé : Islamisation.

Le projet politique islamiste repose sur le choix et l'interprétation des textes qui constituent la charia (le Coran et la sunna, la jurisprudence). Il existe diverses manières d'interpréter les textes, ce qui explique en partie l'existence de plusieurs courants islamistes dont les discours divergent.

Islamisme et traditionalisme 

Le traditionalisme dépasse largement l'islamisme, c'est un discours lié à la tradition, pas forcément à la tradition musulmane. Il renvoie à tout ce qui est conservateur, nostalgique du passé. Ce dernier concept puise souvent dans la religion, où se trouvent des éléments sur la moralité des mœurs. Le traditionalisme musulman est ainsi plutôt un islamisme.

« Islamisme » et « fondamentalisme »

Le « fondamentalisme » participe largement à la démarche islamiste en cherchant à effectuer un retour aux fondements de la religion, et à la période des quatre premiers califes.

Le terme « fondamentalisme » était utilisé dans le monde anglophone avant de l'être par emprunt dans le monde francophone. Mais dans ce dernier, dès la fin des années 1970, reviendra à l'usage du terme « islamisme », libéré de son usage ancien, pour désigner les nouveaux mouvements d'une part à cause de ses origines prestigieuses - Voltaire - et d'autre part du fait de la trop grande spécificité du terme « intégrisme » dans un contexte catholique. Le terme français, dans sa nouvelle acception, apparaitra à son tour dans le monde anglophone à partir du milieu des années 1980 pour devenir progressivement un synonyme de « fondamentalisme »2.

Ces usages seront débattus tant par les chercheurs français que leurs homologues anglophones - particulièrement américains - . En France, dans les années 1990, on verra l'émergence des termes « postislamisme » - sous la plume d'Olivier Roy - et « néofondamentalisme », courant dont les tenants se consacreraient désormais à une islamisation de la société à la suite de l'échec des courants islamistes à s'emparer du pouvoir2.

Bernard Lewis rejette le terme fondamentalisme qu'il juge imprécis et fallacieux. Il précise la différence entre fondamentalistes et musulmans : les fondamentalistes souhaitent rétablir la charia et un État islamique, ils dénoncent l'adoption de « lois infidèles » ainsi que la modernisation sociale et culturelle de la société9.

Conservateurs et réformistes

Selon le Monde Diplomatique, les islamistes eux-mêmes se divisent en deux catégories10 : les « conservateurs » et les « évolutionnistes ».

Fondements de l'islamisme

Ébauche des principes de l'islamisme

Les principaux points défendus par certains islamistes sont l'instauration de la charia (jurisprudence islamique), l'unité du monde musulman et, en particulier, le retour au califat par le mérite, ainsi que l'élimination de toute ingérence non-musulmane (principalement occidentale)11.

Critiques

Le terme islamisme est critiqué. D'abord les personnes désignées comme islamistes (par exemple Abbassi Madani et Mohammad Hussein Fadlallah) soutiennent que l'islam et l'islamisme sont une même chose et que le terme qui les définit le mieux est musulman2.

À l'instar de quelques auteurs et de quelques polémistes, dans son ouvrage Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l'islam12, l'islamologue française Anne-Marie Delcambre estime, quant à elle, que « islamisme » et « islam » désignent une réalité indistincte, posant que la nouvelle acception du terme « islamisme » - l'acception politique - puiserait sa source dans l'affirmation du juriste égyptien, Muhammad Sa'id al-'Ashmawi, qui avait déclaré que « Dieu voulait que l'islam fût une religion, mais les hommes ont voulu en faire une politique »13. Elle voit ainsi dans l'islam et l'islamisme une forme de continuité, une réalité inchangée, proposant une vision à laquelle s'oppose son préfacier américain, le journaliste Daniel Pipes qui argue, lui, que l'islamisme est une « manifestation spécifique, moderne et extrémiste de l'islam » s'inscrivant dans une réalité évolutive14.

Exemples d'entités islamistes

Annexes

Sur les autres projets Wikimédia :

Articles connexes
Bibliographie
  • François Burgat,
    • L'Islamisme au Maghreb,éd. Payot, coll. Petite Bibliothèque', 1995
    • L'islamisme en face, éd. La Découverte, 1995, 2002
    • L'Islamisme à l'heure d'Al Qaida, éd. La Découverte, 2005, (voir le plan et la conclusion)
  • Michael Bonner, Le Jihad, Origines, Combats, interprétations, éd. Téraèdre, 2005, recension en ligne
  • Bruno Étienne,
    • L'islamisme radical, éd. Hachette, 1987
    • L’islamisme comme idéologie et comme force politique, in Cités n° 14, éd. P.U.F., 2003, article en ligne
  • Olivier Roy,
    • L'échec de l'islam politique, éd. Seuil, 1992
    • Généalogie de l'islamisme, éd. Hachette, 1995
    • L'Islam mondialisé, éd. Seuil, 2002.
    • Le croissant et le chaos, éd. Hachette, 2007.
  • Mohammed Chérif Ferjani, Islamisme, laïcité et droits de l'Homme, éd. L'Harmattan, 1991
  • Gilles Kepel,
    • Jihad, expansion et déclin de l'Islamisme, éd. Gallimard, 2000
    • Fitna. Guerre au cœur de l’islam, éd. Gallimard, 2004
  • Nadia Khouri-Dagher, L’islam moderne. Des musulmans contre l’intégrisme, éd. Hugo & Cie, 2008
  • Brahim Labari, Islam, islamisme et le 11 septembre. Le grand imbroglio, Revue Esprit critique, Printemps 2003, Vol. 5, N°2, ISSN 1705-1045
  • Olfa Lamloum, Les femmes dans le discours islamiste, article dans Confluences Méditerranée n°27, 1998 article en ligne
  • Abderrahim Lamchichi,
    • Islam, islamisme et modernité, éd. L'Harmattan, 1994
    • L'Islamisme politique, éd. L'Harmattan, 2001
    • Géopolitique de l'islamisme, éd. L'Harmattan, 2001
  • Fouad Laroui, De l'islamisme,une réfutation personnelle du totalitarisme religieux, éd. Robert Laffont, 2008
  • Gabriel Martinez-Gros et Lucette Valensi, L'Islam en dissidence, genèse d'un affrontement, éd. Seuil, 2004, recension en ligne
  • Bernard Rougier, Le Jihad au quotidien, éd. P.U.F., 2004
  • Antoine Sfeir (dir.), Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, éd. Bayard, 2009
  • Laurent Vinatier, L'Islamisme en Asie centrale : géopolitique et implantation des réseaux religieux radicaux dans les républiques d'Asie centrale, éd. Armand Colin/VUEF, 2002
Liens externes

Notes et références

  1. étant considéré jusqu'à cette époque comme un équivalent du mot« islam », cf. infra
  2. a, b, c, d, e, f et g (en) Martin Kramer, « Coming to Terms: Fundamentalists or Islamists? [archive] », Middle East Quarterly, vol. 10, no  2, été 2003, pp. 65-78.
  3. Guazzone (Laura) ed. The Islamist Dilemma - The Political Role of Islamist Movements in the Contemporary Arab World, Ithaca Press, Reading, Royaume-Uni, 1995, 390 pages [1] [archive]
  4. Définition dans le glossaire du site de l'Académie de Lille, Les dossiers du Beffroi, dossier : Enseigner le nouvel ordre mondial : [2] [archive]
  5. par exemple chez Alexis de Tocqueville (1838) ou Ernest Renan (1883)
  6. L’islamisme comme idéologie et comme force politique, in Cités n° 14, éd. P.U.F., 2003, article en ligne [archive]
  7. pour des sources globales concernant ce paragraphe, on regardera avec profit les documentaires suivants : Au nom de l'Islam: Le ressentiment au nom de l'islam : le ressentiment [
e/?url=http://www.ina.fr/video/4008901001/au-nom-de-l-islam-le-ressentiment.fr.html&title=Au%20nom%20de%20l%27Islam%3A%20Le%20ressentiment%20au%20nom%20de%20l%27islam%C2%A0%3A%20le%20ressentiment">archive] et sa deuxième partie Au nom de l'Islam: Djihad ou démocratie [archive]
  • Olivier Carré, Le nationalisme arabe
  • (en) Islamic republic [archive], Bernard Lewis, New York Review of Books, 21 janvier 1998.
  • (fr) Trois livres sur l’islamisme, Coran, politique et société, Archives — Décembre 1996 [archive]
  • la liste des théoriciens défendant cette option se trouve dans la judéophobie des modernes, de Voltaire au Jihad International de Pierre-André Taguieff avec une bibliographie complète et de nombreux extraits de textes
  • éd. Desclée de Brouwer, 2007
  • Anne-Marie Delcambre, Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l'islam, éd. Desclée de Brouwer, 2007, p. 141
  • Daniel Pipes, Préface à A.-M. Delcambre, «Soufi ou mufti?», op. cit. préface en ligne [archive]
  • (en) John Calvert, Islamism: A Documentary and Reference Guide, Greenwood Publishing Group, 2007, 280 p. (ISBN 0313338566) [lire en ligne [archive]], p. 8 
  • Algérie, l'islamisme, l'État et le conflit armé [archive]
  • Abderrahim Lamchichi, Géopolitique de l'islamisme, éd. L'Harmattan, 2001, p. 66 et suiv. extraits en ligne [archive]
  • (en) Stephen E. Atkins, Encyclopedia of modern worldwide extremists and extremist groups, Greenwood Publishing Group, 2004, 404 p. (ISBN 0313324859) [lire en ligne [archive]], p. 157
  • http://www.amsterdampost.nl/wp-content/uploads/2010/08/islam-socialism.jpg
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    23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 22:00

    Les origines de l’islam : loin des falsifications historiques

    Helios Que diriez-vous si l’histoire de la révolution française et des guerres napoléoniennes n’était connue que par ouï-dire deux siècles après le déroulement des évènements et en l’absence de documents écrits et de preuves matérielles ? Comment jugeriez-vous une telle histoire si elle reposait exclusivement sur les récits contradictoires des descendants des témoins oculaires deux siècles après les faits ? Quelle serait votre réaction si on vous disait que l’histoire en question est érigée en vérité absolue, que plus d’un milliard d’êtres humains y croient dur comme fer et que le moindre doute émis sur sa véracité devient un crime passible de la peine de mort ? Vous diriez probablement que les gens qui ont rédigé cette histoire induisent intentionnellement le public en erreur ou que l’autorité qui les emploie cherche, pour des raisons politiques, à transformer le mythe en réalité.

    Il en est ainsi de l’islam. Tout ce qui est dit officiellement à propos de ses débuts et de ses textes sacrés repose sur des bases semblables. Voilà pourquoi il y a lieu, non seulement de mettre en doute l’histoire officielle de l’islam des origines et l’authenticité des textes sacrés, mais, prenant appui sur les divers éléments objectifs, d’essayer de tracer de lui un portrait approximatif.

    Ce que disent les spécialistes

    En 1995 à l’Université de Cambridge en Angleterre, Jay Smith, un islamologue de renom, dans un débat rendu fameux dans les cercles académiques a déclaré ceci :

    «La plupart des Occidentaux ont pris pour de l’argent comptant les allégations des docteurs musulmans, ils ne les ont jamais remises en question dans la mesure où elles tiraient leur origine du coran. Ils ont fait preuve de réticence à examiner avec un œil critique le coran et les propos du prophète par crainte des réactions violentes, par conséquent ils se sont contentés de penser que les musulmans possédaient quelques preuves tangibles pour soutenir leurs croyances.»  

    Plus loin dans son exposé, il a cité les travaux de chercheurs bien connus comme John Wansbrough (université de Londres), Joseph Schacht, Andrew Rippin (Canada), Michael Cook et Patricia Crone (Oxford et Cambridge), Yehuda Nevo (université de Jérusalem) et Humphreys :

    «L’immense majorité des chercheurs indépendants qui ont étudié le coran et les hadiths ont conclu que les écritures islamiques n’ont pas été révélées, mais qu’elles sont le résultat d’une compilation de textes tardifs et d’éditions réalisées par des groupes de personnes au cours de quelques centaines d’années. Le coran que nous lisons aujourd’hui, loin d’être identique à celui du milieu du septième siècle, est plutôt un produit du huitième et du neuvième siècle. Il n’a pas été conçu à la Mecque ou à Médine mais à Baghdad. C’est à cet endroit et en ce temps là que l’islam a acquis sa propre identité et qu’il est devenu une religion. Par conséquent la genèse de l’islam n’a pas eu lieu durant la vie de Mahomet mais a été le résultat d’une élaboration graduelle durant une période de 300 ans.»

    Absence de documents historiques

    Il n’existe aucun document historique attestant l’existence de l’islam en tant que religion avant le neuvième siècle, soit deux cents ans après Mahomet (mort en 632). Il y a bien eu une biographie de Mahomet rédigée par Ibn Ishaq vers 750, c'est-à-dire 118 ans après la mort du prophète, mais le texte original est perdu et il n’est que partiellement restitué dans des versions revues et modifiées par des historiens ultérieurs comme Ibn Hisham (mort en 834) et surtout Al Tabari (mort en 923). Ce dernier a reconnu avoir censuré le texte d’Ibn Ishaq parce qu’il donnait une image défavorable de Mahomet, or les éléments non-censurés retenus par Al Tabari sont loin de brosser un portrait sympathique du prophète (brigandage, rapines, assassinats, génocides, pédophilie etc.) et il est difficile d’imaginer comment le vrai Mahomet pouvait être pire que celui qui nous est présenté dans l’histoire officielle de l’islam.

    Biographie-mahomet

    Mais écoutons ce que Jay Smith a dit à propos du coran et des hadiths :  

    «… afin de réaliser l’examen critique des textes sacrés de l’islam nous devons amorcer un retour aux origines, c’est-à-dire aux sources premières, dans le but d’obtenir des indices probants quant à leur authenticité. Cette tâche à priori devrait être facile vu qu’il s’agit d’écrits relativement récents supposément apparus sur la scène il y a 1400 ans. Mais les sources les plus précoces  se situent entre 150 et 300 ans après les évènements, pour cette raison elles doivent être considérées comme des sources secondaires. La première question qui nous vient à l’esprit est celle-ci : pourquoi ces traditions (orales) ont-elles été mises par écrit à une époque si tardive ?

    Aucun document ne peut être retracé durant les 150 années qui séparent les premières conquêtes islamiques et les publications de la biographie de Mahomet et des hadiths par Ishaq, Tabari et Bukhary. Comme historiens, nous étions en droit de nous attendre à découvrir à tous le moins quelques fragments de texte comme preuve du développement de l’islam, mais nous n’avons rien trouvé et cela signifie que la totalité des conquêtes islamiques de l’Espagne jusqu’à l’Inde a eu lieu avant que le premier verset des textes sacrés islamiques n’ait été mis par écrit. »

    Selon Schimmel, Gilchrist, Ling et Safadi, il n’existe absolument aucune trace matérielle du coran original, aucun fragment n’a survécu des quatre exemplaires supposément transcrits sur l’ordre d’Osman, le troisième calife, vingt ans après la mort de Mahomet en 632, pour servir de référence à la Mecque, à Médine, à Bassora et à Damas. À la fin du septième siècle, les conquêtes islamiques s’étendaient du Maghreb à l’ouest jusqu’à l’Inde à l’est, le coran était supposément l’élément central qui alimentait la foi des conquérants, pourtant aucun fragment du coran datant de cette époque n’a été découvert dans tout cet espace géographique. Le contraste avec le christianisme est frappant si l’on considère que pas moins de vingt-cinq mille manuscrits du nouveau testament ont été découverts ou conservés dès le premier siècle, soit à peine quelques dizaines d’années après le début de la mission évangélique.

    Les hadiths : Allah et Mahomet n'y sont pour rien

    Joseph-schacht Joseph Schacht a étudié les documents juridiques et les compte-rendus des procès du début du neuvième siècle, soit 170 ans après la mort de Mahomet. À cette époque, les Hadiths n’étaient pas utilisés comme référence dans les jugements, bien qu’ils constituent la base sur laquelle repose la loi islamique (la charia). Schacht par conséquent date la création des Hadiths à partir du moment où ils ont été utilisés dans les jugements des tribunaux, soit plus de 200 ans après la mort de Mahomet. Il a fait également une autre découverte : les Hadiths dont l’authenticité reçoit les meilleurs appuis sont paradoxalement ceux qui sont les plus suspects. En effet, les appuis authentifiant les premiers hadiths étaient approximatifs et peu détaillés malgré qu’ils fussent moins éloignés de Mahomet dans le temps, par contre les hadiths tardifs, ceux qui sont apparus comme par magie à la fin du neuvième siècle ou au dixième, bénéficient de témoignages d’authenticité très élaborés.

    La première publication des hadiths coïncide avec l’apparition de la charia, la loi islamique. Il existe dans l’islam quatre écoles juridiques, elles ont vu le jour au neuvième et au dixième siècle. La première a été l’école shaféite dont le fondateur est le juriste islamique Al Shafei mort en 820, elle se base exclusivement sur les hadiths et non sur la jurisprudence acquise au cours des deux siècles précédents. Pour introduire une nouvelle provision de loi il suffisait alors de la justifier en prenant pour référence une parole que le prophète Mahomet avait supposément prononcée, un grand nombre de hadiths ont ainsi été créés en appui à la charia. Selon Schacht : « un nombre élevé de traditions légales invoquant l’autorité de Mahomet a vu le jour du vivant d’Al Shafei et dans les décennies suivantes. Par conséquent elles reflètent les doctrines abbassides d’Irak et non celles plus anciennes d’Arabie (du temps du prophète et de ses successeurs) ou de Syrie (du temps des omeyades). L’agenda légal et politique des califes qu’impose chacune des quatre écoles juridiques de l’islam démontre que les hadiths ont été fabriqués en Irak au neuvième et au dixième siècle, Allah et Mahomet n’y sont pour rien.

    Une gigantesque supercherie

    Une seule conclusion s’offre à l’historien objectif, l’absence de fragments du coran et des hadiths datant des premiers siècles de l’islam et la coïncidence entre la publication des hadiths et la promulgation des lois islamiques qui en dépendent, sont une indication que ces textes sacrés n’existaient pas et qu’ils ont été créés de toutes pièces à une date tardive, soit au cours du neuvième et du dixième siècle sous le califat abbasside. Autrement dit, toute «l’histoire sainte » islamique, soit la sunna du prophète, n’est qu’une gigantesque supercherie.

    L’étude objective des textes porte un coup mortel à la thèse des islamistes, les hadiths et la charia qui en découle sont le produit d’une époque précise, l’ère abbasside, ils ne possèdent par conséquent aucun caractère sacré, l’imposition de la charia aux masses musulmanes relève de l’obscurantisme et de la tyrannie.

    Le coran

    La prochaine chronique traitera du coran. Les musulmans affirment qu’il a été dicté par l’ange Gabriel à Mahomet et que le texte coranique n’a jamais été altéré, le livre saint que les musulmans lisent ou récitent aujourd’hui serait une copie en tous points conforme à celui qui a été révélé. Cette affirmation est fausse, le texte du coran comme nous le verrons témoigne d’une longue élaboration, ses sources sont légion. Les rares témoignages archéologiques et les fragments les plus anciens du texte coranique confirment que son contenu a été modifié au cours des trois premiers siècles de l’islam.

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    Les origines de l’islam : loin des falsifications historiques

    HeliosL’histoire des débuts de l’islam présente des difficultés en apparence insurmontables, elles découlent en grande partie de ce qu’il convient d’appeler l’histoire officielle des origines de l’islam telle qu’elle a été définitivement établie au neuvième et au dixième siècles par les califes abbassides. Ces derniers, bien assis sur l’immense empire que leur ont légué les omeyades, se sont montrés particulièrement soucieux d’en assurer la stabilité interne.

    Les millions de sujets assujettis à leur pouvoir n’étaient pas tous musulmans, ils étaient même majoritairement chrétiens zoroastriens et juifs. Contrairement à l’islam, leurs religions, anciennes et  intimement liées aux grandes civilisations du monde antique, bénéficiaient d’un avantage intellectuel majeur. Bien qu’ils fussent soumis et humiliés par les conquérants arabes, les vaincus ne se privaient pas de polémiquer avec les vainqueurs, leur démontrant le caractère primitif et l’indigence intellectuelle de l’islam.

    L’échec des moutazilites

    Les vaincus sans le savoir ont bien failli conquérir leurs conquérants, le mouvement des moutazilites est venu à un cheveu de changer le cours de l’histoire. Professant un coran créé et nullement éternel ou immuable comme Allah, ces arabes, plutôt sceptiques et curieux, se sont laissés imprégner par la philosophie classique, celle de Platon et d’Aristote et ont placé la raison et le libre arbitre au même rang que la foi. Le mouvement des moutazilites n’aurait pas vu le jour n’eût été la pauvreté de l’islam sur le plan doctrinal et l’emprise intellectuelle exercée par les chrétiens. Pour les tenants du pouvoir, il était évident que l’islam en tant que croyance courait à sa perte s’il persistait à déclarer forfait dans l’arène des idées.

    Mutazilites De la même façon que le néant sur le plan juridique a été comblé par le corpus de lois islamiques, le vide sur le plan doctrinal se devait d’être rempli, la stabilité de l’empire l’exigeait. Les moutazilites avaient quelques raisons de croire à un coran créé, donc contingent et soumis comme les humains au besoin de s’adapter. Contemporains de son élaboration, témoins de ses innombrables versions ou écritures et tout à fait conscients de ses déficiences, ils ne pouvaient soutenir en toute honnêteté une  longue argumentation avec leurs interlocuteurs juifs et chrétiens.

    Ils prirent donc acte de la faiblesse de leurs textes sacrés et, faisant preuve de courage intellectuel, ils décidèrent de dépasser la lettre du coran et de permettre à la raison humaine de compléter la parole divine. Mais le mouvement des moutazilites, bien que d’avant-garde, restait par l’action violente intimement lié à l’islam; au pouvoir durant un bon moment sous des califes acquis à sa cause, il entreprit une répression violente des tenants de l’islam traditionnel. Il a donc suffi qu’un nouveau calife hostile au mouvement prenne le pouvoir pour que les moutazilites se retrouvent à leur tour victimes de persécution religieuse violente. Leurs idées ne leur ont malheureusement pas survécus.

    La critique des chrétiens

    Les polémiques ont débuté au huitième siècle, soit cent ans après Mahomet. Jusque là les nombreux manuscrits chrétiens traitant de la religion des nouveaux conquérants ne faisaient référence à aucun texte sacré. L’islam à ses débuts n’avait aucune assise scripturaire, le contenu de la foi n’était pas défini, il comprenait essentiellement des éléments empruntés au judaïsme auxquels se mêlaient des traditions arabes païennes.

    Al-Kindi Abd el Masih al Kindi, (à ne pas confondre avec le philosophe mutazilite Abou Youssuf al Kindi) est un arabe du royaume de Kinda, il est le mieux connu des polémistes chrétiens; vers 820 sa critique a porté sur la façon dont le texte du coran a été fixé et sur son contenu. Elle se résume ainsi : après la mort de Mahomet, les querelles entre Abu Bakr et Ali ont amené ce dernier à défendre son droit à la succession, pour asseoir sa légitimité, il entreprit d’assembler les nombreux fragments de la révélation en un seul codex. Cependant d’autres compagnons de Mahomet avaient, chacun de son côté, assemblé sa propre version du coran.

    Pour faire échec à la concurrence, Ali s’adressa à Osman, son prédécesseur au califat, avec l’espoir que le calife ferait disparaître les versions des autres compagnons. Osman alla plus loin, il demanda qu’une version définitive du coran soit produite en quatre exemplaires et brûla tous les versions originales incluant celle d’Ali. À la fin du septième siècle, sous le règne du calife omeyade Abd-el-Malik, le gouverneur de l’Irak, Hajjaj ibn Yousuf, homme puissant et sanguinaire, voulant mettre fin aux querelles doctrinales entre musulmans, choisit de retirer toutes les copies du coran et les brûla, non sans avoir au préalable changé à son gré de nombreux passages, produisant ainsi une nouvelle version dont il fit six copies. Comment dans ces conditions faire la différence entre le contenu original et les ajouts subséquents, et comment retracer le contenu original qui a été détruit ?

    Mais la critique d’al Kindi ne s’arrêta pas là. Le contenu du coran ne fut pas épargné, écoutons les propos qu’il a tenus au calife Al Maamoun, un mutazilite :

    « Tout ce que j’ai dit (au sujet du coran) est conforme aux faits et à l’évidence tels qu’ils sont admis par vous. Pour preuve nous nous référons au texte du coran lequel porte à confusion par absence d’ordre et de logique. Les différents  passages se contredisent et bien souvent n’ont aucun sens. Comment, sans trahir son ignorance, peut-on présenter un tel écrit comme un message à l’appui d’une mission prophétique et le placer à égalité avec les miracles de Moïse et de Jésus ? Assurément aucune personne ayant un grain de bon sens ne pourrait penser une telle chose, encore moins nous-mêmes qui, versés en histoire et en philosophie, ne pouvons nous laisser émouvoir par un raisonnement aussi trompeur. »

    Presque douze siècles plus tard, la critique d’al Kindi n’a pas pris une ride.

    L’histoire du coran

    Al Kindi ne croyait pas si bien dire, le coran dont le texte définitif n’a été fixé que bien après sa mort était alors illisible. Dans les faits, il pouvait être lus de quatorze manières différentes et pour cause, l’arabe s’écrivait alors sans voyelles et certaines consonnes n’étaient pas définies. En effet, il est pratiquement impossible de distinguer des lettres telles que le R et le Z, le T le B le TH et le N, le S le SH, les formes gutturales du T et du Z, du S et du D, du H du G et du KH. Les voyelles dites courtes modifiant profondément le sens étaient également absentes.

    On peut imaginer le défi que représentait la lecture du coran et des disputes que les différentes lectures pouvaient engendrer même sans altération du texte. Dans les faits, différentes versions du coran  sont utilisées par les musulmans jusqu’à nos jours. Il n’y a donc pas eu de véritable fixation du texte coranique et il s’est avéré impossible d’établir définitivement le texte sans engendrer des disputes sans fin. Il n’existe par ailleurs aucun critère permettant de donner la préférence à une lecture par rapport aux autres. Face au dilemme, les savants musulmans se sont donnés une échappatoire commode, ils ont fait dire à Mahomet que toutes les lectures étaient valables, même celles qui conduisent à des divergences et à des contresens.

    Coran-sanaa Les corans les plus anciens datent du dixième siècle, ils sont à quelques variantes près semblables au texte actuel. Dans les années 70, lors de réparations dans les combles d’une ancienne mosquée de Sanaa au Yémen, les ouvriers découvrirent des manuscrits anciens du coran datant de la fin du septième siècle ou du début du huitième. Il a été possible pour des experts allemands de microfilmer ces manuscrits qui à bien des endroits ressemblent à des palimpsestes, le texte original ayant été effacé et remplacé par un autre. Les résultats de l’examen de ces textes est attendu mais d’ores et déjà les spécialistes disent avoir affaire à un coran très différent par le contenu et par l’ordre des chapitres et des versets.

    Les spécialistes occidentaux du coran marchent sur des œufs, il faut dire qu’ils tiennent à la vie et qu'ils cherchent à préserver leurs relations avec les cercles académiques musulmans. Plusieurs d’entre eux voient leurs travaux soutenus financièrement par des fonds musulmans et cherchent par conséquent à maintenir leurs sources de financement. Dans le contexte actuel, toute hypothèse ou conclusion scientifique qui va à l’encontre du dogme établi provoque une levée de boucliers de la part des savants musulmans et des pressions d’ordre diplomatique de la part de certains gouvernements islamiques.

    En l’an 2000, un savant allemand spécialiste des langues orientales anciennes a publié sous le pseudonyme de Christoph Luxenberg  le résultat de ses travaux sous forme d’un ouvrage intitulé : lecture syro-araméenne du coran : une contribution au décodage de la langue du coran. Les passages obscurs du coran, en particulier ceux où l’on trouve des mots d’origine étrangère, ont été comparés à des passages d’écrits chrétiens en langue syriaque. Des correspondances troublantes ont été identifiées qui ont permis à l’auteur de donner une interprétation radicalement différente de celles des docteurs musulmans du dixième siècle dont l’autorité est demeurée incontestée jusqu’à nos jours. Aux plagiats avérés de la bible, du talmud, des légendes perses et des évangiles apocryphes s’ajoutent des plagiats d’écrits liturgiques chrétiens, ce qui a fait dire à certains qu’Allah le créateur manquait de créativité !

    La fabrication de l’islam

    L’échec du mouvement moutazilite fut l’échec de la raison face au dogme, mais le dogme à cette époque n’était pas définitivement établi, l’empire islamique était alors un colosse dont les pieds doctrinaux étaient d’argile. Il a donc fallu renforcer les assises religieuses du pouvoir et « démontrer » à la majorité des sujets non-musulmans la supériorité de l’islam sur les autres religions. Cette « mission impossible » a été confiée aux savants religieux dont certains étaient des convertis de fraîche date ou des fils de convertis ; ils eurent la délicate tâche de fabriquer l’image de la nouvelle religion et lui donner un contenu.

    Equipee_mahomet2 Pour soutenir la comparaison avec le judaïsme et le christianisme, les savants musulmans se devaient de donner à l’islam des assises et des caractéristiques similaires, Mahomet, dont l’image était largement négative, a été élevé au rang de Moïse. La Hijra (l’émigration de Mahomet et de ses compagnons de la Mecque à Médine) est devenue l’équivalent de l’exode des hébreux, le mont Hira où Mahomet a été visité par l’ange Gabriel est devenu le pendant du mont Sinaï où Moïse a reçu les tables de la loi, le sanctuaire de la Mecque est devenu l’équivalent du temple de Jérusalem, le coran a été confirmé comme la parole incréée d’Allah à l’égal et encore plus que la Torah.

    À l’égal de l’hébreu, la langue arabe s’est vu octroyer le statut de langue sacrée. De la même façon que les juifs furent le peuple choisi, les musulmans sont devenus le meilleur de l’humanité. Pour ce qui est des chrétiens qui croient en Jésus en tant que Verbe incarné, les savants musulmans ont opposé le coran, soit le verbe d’Allah, existant de tout temps, inaltérable et inaltéré depuis qu’il a été révélé. En guise de contre-attaque contre les polémistes des autres religions, les savants musulmans ont prétendu que juifs et chrétiens avaient intentionnellement corrompu la Torah et l’Évangile. Et afin d’assurer la suprématie de l’islam, les patriarches et les prophètes d’Abraham à Jésus ont été récupérés et qualifiés de musulmans. Quant à Mahomet, son statut d’homme parfait et de sceau des prophètes a autorisé les savants à l’associer à Allah dans la shahada, soit la profession de foi musulmane.

    À défaut d’un concept original, l’islam s’est approprié des éléments tirés des autres religions pour les mettre au service de l’empire et ainsi assurer sa stabilité. Le dogme une fois établi, tous les sujets de l’empire devaient s’y soumettre sans discussion. Le temps des débats et des polémiques était révolu, les hérétiques et les contestataires devaient rentrer dans le rang ou se tenir tranquilles.

    Les ressorts politiques de l’islam

    Les savants musulmans du neuvième et du dixième siècle se sont fait l’instrument du pouvoir politique. Pour soutenir l’arbitraire et le despotisme, ils ont conçu une religion où l’arbitraire et le despotisme de la divinité sont sacralisés. Pour assurer la stabilité et la pérennité de l’empire, Allah et Mahomet ont été mis à contribution, en retour l’empire devait assurer la pérennité et la suprématie de la religion.

    Ces savants musulmans savaient ce qu’ils faisaient, ce n’est pas la foi islamique qui les animait mais le besoin de consolider les bases juridiques et religieuses de l’empire. Ils étaient conscients de la fragilité de l’islam en tant que système de croyance, c’est pourquoi ils ont choisi d’écarter le libre arbitre et la conscience individuelle en tant qu’éléments constitutifs de la vraie foi, lui substituant la notion de soumission à l’arbitraire divin. En plagiant les anciennes religions, ils en ont délibérément éliminé l’esprit et déformé le message pour les délégitimer et justifier l’asservissement de leurs adeptes.

    Mais les choix politiques de ces savants sont à l’origine du déclin de l’islam et de son ossification ultime. L’élimination du mouvement moutazilite a sonné le glas du progrès, douze siècles plus tard le monde musulman continue à en subir les conséquences.

    Le puzzle historique

    L’histoire officielle des origines de l’islam est une fabrication cohérente servant les intérêts de l’empire abbasside. Que s’est-il vraiment passé au temps de Mahomet et de ses successeurs et comment faire le tri entre le vrai, le vraisemblable et le faux dans ce qui est communément rapporté à leur sujet ? Quel rôle ont joué les arabes de la Mecque et de Médine dans la genèse de l’islam et son expansion ?  L’islam a-t-il joué un rôle déterminant dans les conquêtes ? Dans la troisième partie de cette chronique je tenterai de répondre à ces questions.

     

     


    Cette série a pour but de démontrer que l'islam est une idéologie politique et rien d'autre. C'est important pour les non-musulmans d'en être convaincus parce que cela les rendra plus disposés à critiquer l'islam en tant qu'idéologie alors qu'ils se sentent mal à l'aise de le critiquer en tant que religion. Pour les musulmans c'est encore plus important, ne fut-ce qu'en leur inoculant le doute et en leur donnant le goût de se libérer.

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    Les origines de l’islam : loin des falsifications historiques

      Helios-chroniqueL’histoire officielle de l’islam des origines ressemble à une intrigue d’Agatha Christie où le crime, parfait en apparence, masque les éléments d’un puzzle qu’il suffit de rassembler pour mettre en lumière la vérité.

    Le doute s’est glissé dans l’esprit des historiens modernes à partir du moment où ils se sont rendus compte que les récits des auteurs musulmans tardifs contenaient une foule de détails que les premiers auteurs ignoraient. Là ou Ibn Ishaq (mort en 768) ne fait que mentionner une des nombreuses razzias de Mahomet, Al Waqidi  (mort en 823) donnera, cinquante ans plus tard, la date exacte de la razzia, l’endroit où elle a eu lieu, les personnes impliquées, les raisons pour lesquelles Mahomet l’a ordonnée, le butin récolté et d’autres informations qu’Ibn Ishaq, pourtant moins éloigné des évènements, ignore totalement.

    Il est difficile dans un tel cas de prendre ces informations pour de l’argent comptant, mais il y a plus : si les faussetés se sont accumulées à une cadence aussi vertigineuse au cours des deux générations séparant Ibn Ishaq d’Al Waqidi, il n’est pas illégitime de conclure qu’elles se sont multipliées encore plus vite au cours des quatre générations qui séparent Mahomet d’Ibn Ishaq. C’est pourquoi l’histoire officielle de Mahomet et de ses successeurs immédiats doit être abordée avec une bonne dose de scepticisme.

    Les témoignages archéologiques

    Qiblacomp1 Ils contredisent l’histoire officielle telle qu’elle est enseignée au point de remettre en question tout ce qui est dit et répété au sujet de Mahomet et du coran. En effet, il est généralement admis que Mahomet, à la deuxième année de l’Hégire (sa fuite présumée de La Mecque vers Médine), vers 624, a ordonné à ses fidèles médinois de ne plus se tourner vers Jérusalem (située au Nord) pour prier mais vers la Mecque (située au Sud), et cela est clairement établi dans la seconde sourate du coran.

    Or toutes les mosquées construites dans les pays conquis au cours des décennies suivantes sont orientées vers Jérusalem. Celle de Wasit, de Kufa en Irak et d’une troisième proche de Bagdad, mais également celle de Fostat, proche du Caire en Égypte, il en va de même pour les lieux de prière attenants aux palais des califes omeyades. Or toutes ces mosquées ont été construites plus de cinquante ans après la mort de Mahomet, leurs bâtisseurs musulmans n’étaient pas supposés ignorer l’injonction coranique leur ordonnant d’orienter les édifices en direction de la Mecque.

    Ceci est corroboré par un voyageur chrétien du nom de Jacob d’Édesse, dans sa lettre écrite en langue syriaque en 705 et conservée au British Museum. Il fait référence aux Hagariens (les conquérants arabes) en affirmant ceci : « Il est clair que ce n’est pas vers le Sud que les Juifs et les Hagariens vivant en Syrie se tournent pour prier mais en direction de Jérusalem, là ou se trouve leur Kaaba, le site patriarcal de leur race ». La conclusion qu’il est possible de tirer de ces faits est que la prière en direction de la Mecque n’a jamais été ordonnée par Mahomet et qu’il s’agit d’un commandement émanant des califes abbassides. La signification de ce fait est majeure comme on le verra plus tard.

    Le terme islam et musulman n’existait pas encore et les conquérants arabes étaient appelés Hagariens. Cette appellation exige une explication. Les Arabes se considéraient comme les descendants d’Abraham par Ismaël, le fils qu’il a eu de Hagar l’esclave égyptienne de son épouse Sarah, d’où l’appellation hagarien qui les attribue à Hagar, quand à l’appellation ismaélite elle les attribue à son fils Ismaël. Les Arabes comme les juifs se réclamaient d’Abraham et il était donc dans l’ordre des choses qu’ils prient en direction de Jérusalem.

    Les témoignages épigraphiques

    Epigraphes Il s’agit d’inscriptions et de « graffitis » retrouvés en grand nombre sur les parois rocheuses du désert au Néguev et en Jordanie. Ils ont été relevés méthodiquement et étudiés par Yehuda Nevo de l’Université de Jérusalem.

    Dans son ouvrage «Vers une préhistoire de l’islam », il démontre que les inscriptions à caractère religieux datant du septième siècle affichent une croyance monothéiste qui à l’évidence ne correspond pas à l’islam mais de laquelle l’islam aurait pu se développer. Aucune mention de Mahomet et absence totale de formules du type « Mahomet est l’envoyé d’Allah »  et ce, jusqu’à la fin du septième siècle.

    Nevo explique :

    «Ce n’est qu’après l’an 700 que le contenu religieux des inscriptions rocheuses devient plus évident, cependant malgré leur caractère religieux, ces inscriptions ne font pas mention du prophète Mahomet ni de son message. La profession de foi des Arabes était clairement monothéiste, elle s’apparentait à un courant sectaire judéo-chrétien dont les traits particuliers le distinguaient nettement des autres religions monothéistes incluant l’islam. Les formules mahométanes ne sont apparues que vers 740 mais elles ne contiennent aucun autre élément les rattachant à l’islam. Ce n’est qu’autour de 820 que les inscriptions rocheuses acquièrent un caractère clairement islamique coïncidant avec l’apparition des premiers corans et la diffusion des hadiths. »

    La première mention de « Mahomet est l’envoyé d’Allah » n’est pas gravée sur un rocher du désert mais se trouve sur une pièce de monnaie syrienne datant de 690.  Une triple profession de foi : « Allah est le seul dieu, Mahomet est son prophète et Mahomet est son esclave » se trouve à Jérusalem. En d’autres termes, la doctrine de base de l’islam n’origine pas d’Arabie mais des pays conquis.

    Laissons le dernier mot à Nevo :

    « Nous possédons un corpus impressionnant d’inscriptions arabes précédant l’apparition des écritures islamiques, tous ces éléments contredisent le coran et les hadiths.»

    Les témoignages documentaires

    Au cinquième siècle, un chroniqueur chrétien du nom de Sozomenus a remarqué la présence chez les ismaéliens (les Arabes) d’une croyance monothéiste primitive identique à celle des hébreux du temps de Moïse et qui aurait subi l’influence du paganisme ambiant. Les tribus arabes, au contact des juifs, avaient pris conscience de leurs origines; juifs et arabes se réclamaient alors d’un ancêtre commun : Abraham.

    Selon un chroniqueur arménien écrivant en 660, un prophète est apparu chez les ismaéliens (les Arabes) ; il avait fondé une communauté qui rassemblait des ismaéliens et des Juifs unis par leur ascendance commune (Abraham). Ce prophète proclamait la venue d’un messie ayant pour mission de libérer Jérusalem et la restituer aux descendants d’Abraham (Juifs et Arabes). Plus loin, le chroniqueur parle des dangers qui menacent ceux qui tombent entre leurs mains. Enfin, il évoque la rupture survenue entre Juifs et Arabes après la conquête de Jérusalem.

    D’autres sources, grecques et syriaques, confirment les mêmes informations. À la lecture on reste sur l’impression que la carrière de Mahomet n’a pas eu pour théâtre l’Arabie, aucune mention n’est faite de la Mecque,  les conquérants arabes priaient en direction de Jérusalem. Juifs et Arabes s’étaient unis pour reconquérir la ville sainte. La source grecque la plus ancienne prétend que Mahomet était en vie en 634, soit deux ans après sa mort telle qu’elle est datée par la tradition islamique. Aucune mention n’est faite d’écriture sacrée avant la fin du septième siècle.

    Un document arabe du huitième siècle connu sous l’appellation « al Fiqh al Akbar » (la grande jurisprudence) dresse un parallèle comparatif entre l’islam et les autres religions, cet ouvrage ne fait aucune mention du coran. Si le coran existait, il aurait été impensable de ne pas s’y référer.

    Le puzzle des origines de l’islam

    Tout porte à croire que l’islam tel que nous le connaissons n’existait pas du temps de Mahomet et de ses successeurs immédiats. L’affirmation selon laquelle tous les éléments de la doctrine ont été définitivement établis par Mahomet ne s’appuie sur aucune preuve tangible, elle est de surcroît contredite par les données archéologiques, épigraphiques et documentaires. L’islam a été lentement élaboré au cours du siècle qui a suivi l’avènement des califes abbassides plus de cent cinquante ans après la mort de Mahomet, c’est durant cette époque que l’édition du coran a été réalisée et que le corpus des hadiths a vu le jour. C’est aussi durant cette période que la loi islamique a été promulguée et que l’histoire officielle de l’islam a été établie.

    Mahomet a très probablement existé mais les gestes et les paroles qui lui sont prêtés ne reposent sur aucune évidence historique. Ils ont été consignés par écrit plus de cent ans après sa mort à une époque où les luttes pour le pouvoir et les querelles dogmatiques ont amené les califes à se constituer une religion sur mesure propre à consolider leur pouvoir et à éliminer la dissidence et l’opposition.

    Islam-sabre2 Le portrait que fait de Mahomet l'histoire officielle de l'islam est extrêmement négatif si l’on tient compte des normes éthiques de son temps. Même s'il est difficile voire impossible dans ce cas précis de distinguer les éléments historiques de la fiction, il n'en demeure pas moins que la personnalité de Mahomet, telle qu'elle nous est présentée, s'inscrit parfaitement dans l'idéologie islamique pour laquelle elle constitue le pilier central. L’idéologie religieuse conçue pour soutenir l’arbitraire des califes et imposer à leurs sujets la soumission ne pouvait avoir pour fondateur un prophète pacifique et humble, voilà pourquoi les califes se sont donné un prophète à leur image.

    Il est peu probable que Mahomet soit l’auteur ou l’inspirateur principal du coran, cet écrit a de multiples sources, la bible, le talmud, la littérature rabbinique, les évangiles apocryphes, les textes hérétiques chrétiens, les textes de la liturgie syriaque, les contes et les légendes grecques et syriennes, les récits mythologiques zoroastriens, les légendes arabes, la poésie arabe préislamique etc. D’autre part les versets haineux et intolérants, les menaces de l’enfer, les appels au meurtre des incroyants, les dispositions légales et les châtiments barbares peuvent être attribués, du moins en partie, à Hajjaj ibn Yousuf gouverneur de l’Irak sous le règne du calife omeyade Abd-el-Malik.

    Les premiers conquérants arabes n’étaient pas des musulmans dans le vrai sens du terme, ils professaient une croyance très proche du judaïsme et s’étaient même alliés avec les juifs. Leur objectif initial était d’ordre messianique soit la restitution par la force de la terre promise à Abraham. Ces conquérants ne venaient pas du centre de l’Arabie mais de territoires limitrophes de la Palestine et de la Syrie , ils n’étaient donc pas originaires de La Mecque.

    Les arabes monothéistes, après la conquête de la Palestine, se sont empressés de rompre leur alliance avec les juifs et se sont retournés contre eux. Soit par nécessité ou par "nationalisme" ils se sont alliés avec les tribus païennes du Nord et du centre de l’Arabie pour constituer les armées qui devaient conquérir une grande partie du monde civilisé. À cause de ce changement d'alliance les arabes monothéistes ont dû intégrer dans leurs pratiques religieuses des rites païens, les mêmes qui sont encore pratiqués dans le pèlerinage musulman, le Hajj.

    Certains indices portent à croire que les conquêtes arabes au-delà de la Palestine auraient eu lieu même sans l’islam à cause du caractère belliqueux des tribus arabes, de l’organisation guerrière qu’elles se sont donnée, du caractère pacifique des pays à conquérir et de leurs immenses richesses source de convoitise. La facilité et la rapidité avec lesquelles les arabes ont réalisé leurs conquêtes les ont conforté dans l’idée que la divinité était de leur côté et que leur système de croyance était supérieur.

    Pour les conquérants arabes, Jérusalem est demeurée la ville sainte durant au moins une centaine d'années, par la suite le sentiment d’appartenir à une nation supérieure les a conduits à élever  La Mecque au rang de ville sainte afin de supplanter Jérusalem et consacrer sur le plan religieux la domination des arabes. 

    L’impérialisme arabe a préexisté à l’islam, sans lui l’islam n’aurait jamais vu le jour. En tant qu’idéologie l’islam a été établi après coup pour servir d’assise religieuse au fait accompli et consolider le pouvoir des califes. Le coran, la sunna du prophète et le corpus des lois islamiques sont le produit de l’époque qui les a mis au monde, ils appartiennent à un moment historique précis et n’ont pour raison d’être que le perpétuer.

    Les musulmans prisonniers du mythe

    L’histoire officielle de l’islam des origines est une falsification de l’histoire mais c’est une falsification sacralisée, c’est un mensonge érigé en dogme. Les crimes de l’impérialisme islamique sont les seuls à être vénérés de nos jours et à servir d’exemples à suivre pour tous les musulmans. Le coran, la sunna du prophète et la charia ne peuvent se dégager du neuvième siècle qui les a sécrétés ; prisonniers de leur époque ils sont également pour l’esprit des musulmans une prison  dont il est difficile pour ces derniers de se libérer.

    Poste de veille


    Lisez le DOSSIER sur l'ISLAMISME

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    22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 00:37

    Bataille de France

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    Avancée des armées allemandes entre le 13 et le 25 juin 1940 et tentative d'attaque italienne à partir du 21 juin
    Informations générales
    Date 10 mai - 22 juin 1940
    Lieu Pays-Bas, Luxembourg et Belgique, puis France
    Issue Victoire allemande ; occupation militaire de la France et du Benelux
    Belligérants
    Drapeau français République française
    Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
    Drapeau de la Belgique Royaume de Belgique
    Flag of the Netherlands.svg Royaume des Pays-Bas
    Drapeau de la Pologne Armée Polonaise de l'Ouest
    Drapeau : Luxembourg Luxembourg
    Drapeau : Tchécoslovaquie Forces tchécoslovaques libres
    Troisième Reich Reich allemand
    Flag of Italy (1861-1946).svg Royaume d'Italie
    Commandants
    Drapeau de la France Maurice Gamelin, puis Maxime Weygand
    Drapeau du Royaume-Uni Lord Gort
    Drapeau de la Belgique Léopold III
    Drapeau des Pays-Bas Henri Winkelman
    Drapeau de la Pologne Władysław Sikorski
    Drapeau de l'Allemagne Gerd von Rundstedt (Armée Groupe A)
    Drapeau de l'Allemagne Fedor von Bock (Armée Groupe B)
    Drapeau de l'Allemagne Wilhelm von Leeb (Armée Groupe C)
    Drapeau de l'Italie Umberto di Savoia (Armée Groupe Ouest)
    Forces en présence
    146 divisions
    4 000 chars
    3 200 avions
    3 600 000 hommes
    140 divisions
    2 500 chars
    4 000 avions
    3 200 000 hommes
    Pertes
    Nota : il ne s'agit ici que des pertes militaires :
    France
    90 000 tués
    123 000 blessés
    2 000 000 prisonniers
    1 875 blindés
    Belgique
    7 500 tués
    15 850 blessés
    600 000 prisonniers Royaume-Uni
    3 500 tués
    13 600 blessés
    48 000 prisonniers
    1 029 avions
    Totalité du matériel lourd terrestre
    Pays-Bas
    2 890 tués
    6 889 blessés
    Pologne 6 000 tués
    Allemagne :
    27 074-163 682 tués2
    111 034 blessés
    1 290 avions
    1 158 blindés
    Italie :
    1 247 tués-disparus
    2 631 blessés
    2 151 hospitalisés à cause du froid
    Seconde Guerre mondiale
    Batailles
    Bataille de France et campagne des 18 jours
    Invasion du Luxembourg · Bataille des Pays-Bas · Bataille de Hannut · Percée de Sedan · Bataille de La Horgne · Bataille de Stonne · Bataille de la Lys · Bataille d’Arras · Bataille d’Abbeville · Poche de Lille · Siège de Calais · Bataille de Dunkerque · Opération Paula · Combat de Pont-de-l’Arche · Bataille des Alpes · Combats dans le vallon du Seuil · Bataille de Pont Saint-Louis · Défense de la Loire · Incidents aériens en Suisse · l’Exode

    Front d’Europe de l’ouest


    Front d’Europe de l’est


    Campagnes d’Afrique et du Moyen-Orient


    Bataille de l’Atlantique


    Guerre en Asie et dans le Pacifique


    Guerre sino-japonaise

    La campagne de France
    Table des matières :

    Tout le monde le sait, le début de la Seconde Guerre mondiale a été désastreux pour la IIIe République. Au départ, les Alliés adoptèrent une stratégie défensive d’attente, qui s’explique par leur retard sur le Reich en termes de préparation. De plus, cette stratégie permettrait de se renforcer grâce aux ressources internationales (accès à la mer) et surtout américaines. Les manœuvres prévues ne furent pas exécutées ou échouèrent (cas de la Norvège). Gamelin imagina néanmoins des opérations secondaires en Scandinavie, dans les Balkans et en Norvège mais ne réussira pas à assurer la défense de son front principal.


    La stratégie française se résume en quelques mots : "durer pour se renforcer". Cela consiste surtout à mobiliser militairement et économiquement le pays pour le préparer à une guerre qui serait probablement longue. On était en effet conscients que les Alliés, ne pourraient lancer d’offensives d’ampleur avant 1941 voire 1942 pour les plans de production de l’armement. Dans l’attente de cette offensive, il faudrait affaiblir l’Allemagne par le blocus et résister à d’éventuelles attaques. Il faudrait alors prendre l’initiative de l’attaque comme en 1918. Mais on oubliait que durant la Première Guerre, les armées du Reich avaient été très affaiblies par les grandes offensives et ont été opposées à des ennemis bien supérieurs. Et ce n’est pas un blocus partiel qui permettra d’affaiblir à ce point la Wehrmacht. Cela explique que les Alliés n’aient pas bougé alors que l’armée allemande était engagée en Pologne. On surestimait alors ses moyens.

    Dans l’attente de 1941-1942, il faudrait diviser les armées allemandes avec des fronts secondaires, surtout dans les Balkans. Mais Gamelin ne voulait pas engager de forces importantes dans ces secteurs, privilégiant le front principal et espérant l’entrée en guerre des pays balkaniques. Les Anglais pensaient comme lui. Au contraire, Paul Reynaud était partisan d’une attitude plus agressive, avec engagements massifs de troupes franco-britanniques, sur les fronts secondaires. Weygand voulait une intervention dans les Balkans. Mais il n’y aura pas assez de troupes, comme le montre les minces effectifs engagés en Norvège.

    Avance allemande en France en 1940

    Avance allemande en France en 1940

    Après la guerre en Pologne, on peut tirer plusieurs conclusions sur l'armée allemande. En effet, la Wehrmacht était de plus en plus puissante, malgré certaines déficiences. Hitler poussait maintenant ses officiers à étendre la guerre, contre l’avis de l’OKH (haut commandement de l’armée de terre allemande : "Oberkommando des Heeres"). Cela lui vaudra de violentes critiques, et entraîna une tentative de putsch. Mais Hitler réussira à imposer ses idées. Le plan « Fall Gelb » est mis au point, malgré de nombreuses critiques. En effet, le 1er septembre 1939, la Wehrmacht n’était pas prête pour une guerre de longue durée, malgré les plans de redressement. En effet, en 1933, l’armée allemande ne comptait que 7 divisions sans matériel lourd ni blindés. L’aviation allemande, la Luftwaffe, n’existait pas encore et la marine ne comptait pas encore les U-Boote. En 1939, l’armée de terre compte 104 divisions, dont 6 blindées.

    Français victorieux dans la Sarre

    Français victorieux dans la Sarre

    L’aviation compte 4000 avions tandis que la marine aligne 5 navires de lignes, 40 bâtiments légers, croiseurs et destroyers, et 57 sous marins. Mais il y a encore des problèmes. En effet, la marine ne dispose pas des réserves de combustible ni des chantiers navals nécessaires pour une guerre longue. L’armée allemande n’est pas préparée à un conflit étendu dans le temps. La marine subira de lourdes pertes en Norvège et ne s’occupera, ensuite, que de la sécurité maritime. Elle ne pourra pas empêcher l’évacuation de l’armée franco-anglaise par Dunkerque, ni déminer des secteurs côtiers qui auraient facilité le ravitaillement des troupes. La Luftwaffe, est très moderne, mais ne peut mener que des opérations tactiques, et pas d'opérations stratégiques lui permettant à elle-seule de faire triompher le camp allemand. Elle dispose de 4 000 appareils dont 1 500 bombardiers. L’armée de terre a aussi des problèmes, puisqu’elle n’est pas, elle non plus, en mesure en 1939 de mener une guerre d’envergure.

    Tombes d'un soldat français (gauche) et allemand (droite)

    Tombes d'un soldat français (gauche) et allemand (droite)

    En moyenne, il manque pour chaque division d’infanterie d’active non motorisée l'équivalent d'un bataillon. De plus, l’artillerie et les blindés ne seront réellement prêts qu’en 1941. 2 divisions blindées sur 6 ne seront constituées qu’en 1938. Une division légère, deux de montagne, et deux d’infanterie sont formées à partir de l’armée autrichienne. Les divisions qui ont été constituées après la mobilisation sont de qualité très inégale dans tous les domaines (personnel comme matériel). Mais le problème majeur concerne l’approvisionnement en munitions durant les premiers mois de la guerre. Les allemands ne sont pas prêts à une guerre sur deux fronts. L’OKH a prévu 4 mois de réserves, mais rien que pour les armes individuelles, le déficit atteint parfois 70%. Pour l’artillerie, il atteint 50% et pour l’artillerie lourde, 75%. Il n’y a en plus aucune uniformité dans l’équipement et les structures. La production de guerre n’a pas pu suivre le rythme de la mobilisation, surtout pour les 50 divisions supplémentaires. 15 divisions ont du matériel tchèque, tout comme 10% des blindés.

    Artillerie française

    Artillerie française

    Pour ce qui est des hommes en eux même, 50% sont jeunes et aguerris, le reste est constitué de réservistes nés avant 1901 et ayant été entraînés pendant la Première Guerre. Et ce constat est encore plus inquiétant pour les officiers. En effet, de 4 000 officiers en 1933, la Reichwehr en compte 19 400 en 1939. Mais pour cela, dès 1935-36, on est obligé de promouvoir au grade supérieur des centaines de sous-officiers et d’incorporer des officiers de police et de réserve. Le corps des officiers est donc de qualité inégale et les cadres qui ont eu une formation d’état major ne ont pas sûrs de la combativité de l‘armée. L’armée allemande a eu une croissance très rapide par rapport à l’armée de 1914, qui est arrivée à maturité après plusieurs décennies. Cela se remarque en Pologne où la victoire est dûe uniquement à l’aviation et aux blindés. La combativité de l’armée ne vaut pas celle de l’armée allemande de 1914.

    Artillerie allemande

    Artillerie allemande

    Durant la campagne de Pologne, la consommation de poudre a dépassé de 80% la production mensuelle, la production d’explosifs de 167% et pour les munitions d’artillerie, le triple. Malheureusement, ces réserves seront complétées durant la pause jusqu’en mai 1940. Du point de vue des camions et autre véhicules à moteur, l’infanterie ne peut compter que sur le cheval. Il y a en effet réquisition de 400 000 chevaux et de 200 000 véhicules à traction hippomobile contre 12 000 véhicules à moteur. La production mensuelle de 1 000 unités ne permet même pas de répondre à l’usure normale des matériels. De plus, certaines divisions ont perdu 50% de leurs véhicules durant la campagne de Pologne. La production de véhicules est ralentie par la pénurie d’acier et de caoutchouc. Mais les Soviétiques livreront aux Allemands du fer, en plus du butin constitué en Pologne. L’URSS exige en contrepartie des matières premières, des machines, de l'équipement, et du matériel naval qui manquera aux Allemands.

    Soldats britanniques tués

    Soldats britanniques tués

    Le Reich doit encore payer les ressources importées de Finlande, de Yougoslavie, et de Suède dont l’armée a grand besoin. Le manque de matières premières est catastrophique pour l’Allemagne. Au début de la campagne de France, le carburant couvre 4 mois de combat, le caoutchouc, 6 mois. L’Allemagne ne peut donc pas mener une guerre longue, malgré sa légère supériorité matérielle, contre des puissances supérieures économiquement. C’est pourquoi l’Allemagne a mis au point la stratégie de la guerre éclair. Entre 1939 et 1940, l’armée allemande fait encore des efforts dans la motorisation de l’armée et dans la puissance des unités blindées. Les Allemands produisent des chars plus lourds, comme les Panzer III ou IV, qui surclassent les Panzer I (avec des mitrailleuses) et les Panzer II (avec un canon léger).

    Ainsi, le nombre des engins lourds a doublé tandis que celui des chars légers a diminué de 280. De ce fait, au moment de la guerre, le nombre de blindés est passé de 3 195 à 2 574 à la veille du 10 mai 1940. En revanche, ces unités sont mieux organisées et ont une puissance de feu accrues. De nouvelles divisions (Panzer et motorisées) ont été crées à partir de matériel tchèque comme Skoda 35 ou 18 t. On arrive donc au chiffre de 10 divisions blindées et de 7 divisions motorisées. Mais ces dernières ont moins de chars que celles des Alliés. Il faudra donc prélever des engins sur les divisions de réserve. C’est aux divisions de pointe de remporter la victoire. Il faudra donc une victoire rapide génératrice de butin...

    Un soldat français blessé demande de l'aide

    Un soldat français blessé demande de l'aide

    La première vague allemande en mai 1940 est constituée de 35 divisions d’infanterie et des troupes motorisées et blindées. Ces hommes sont très entraînés, et avec un moral élevé. De plus, l’instruction des officiers a été améliorée, ils sont alors supérieurs aux officiers alliés. La victoire en France va reposer, comme en Pologne, sur les unités blindées et motorisées, ce qui ne permettra pas réellement d’évaluer la combativité des divisions d’infanterie. Au début de la guerre, en septembre 1939, Hitler espérait que les Alliés franco-britanniques ne mèneraient pas de réel conflit. Il espérait qu'ils se trouveraient contraints de déclarer la guerre à l’URSS, ce qu’ils n’oseraient pas.

     
    Panzer en France en 1940

    Panzer en France en 1940

    Hitler pensait que la Pologne mettrait fin à la guerre. Mais du fait de la victoire facile, il se tourne vite vers l’ouest pour détruire la France et isoler la Grande Bretagne. Le 27 septembre 1939, Hitler déclare qu’il ne faut pas laisser l’initiative aux Alliés, mais profiter de la supériorité de l’Allemagne pour écarter toute menace, surtout sur la Ruhr. Le problème se pose à nouveau sur l’éventualité d’une guerre longue. Il faudra donc une guerre éclair. Une fois les bases aériennes et navales du Nord de la France, en Belgique et en Hollande sous contrôle allemand, il serait possible de mettre l’Angleterre à genoux. Mais Hitler se méfie de la Belgique, il faudra donc porter les opérations sur une partie des Pays-Bas.

    Allemands en France en 1940

    Allemands en France en 1940

    C’est l’OKH qui devra mettre au point le plan d’opérations, sans attendre la réponse des Anglais à sa demande de paix, le 6 octobre. Le 9, il s’explique sur les raisons de l’offensive à venir. Il explique aussi qu’il veut prendre la direction des opérations. La conquête de la France devrait lui permettre d’occuper les bases, et d’avoir les ressources nécessaires et l’espace qui lui permettraient d’obliger les Anglais à céder. Pour Hitler, il faudra faire deux offensives majeures à travers la Belgique, le Luxembourg et la Hollande. Les blindés auront le rôle d’éviter le retour à une guerre de position. De son côté, l’OKW (Haut commandement inter-arme : "Oberkommando der Wehrmacht") donne ses directives à l’aviation, à l’armée de terre et à la marine. La date de l’offensive dépendra du temps.

    Soldats allemands sous le feu

    Soldats allemands sous le feu

    Mais cette offensive ne fait pas l’unanimité. Von Brauchitsch par exemple, commandant de l’armée de terre, s’oppose à cette offensive, qu’il voit d’un mauvais oeil. En effet, il connaît les capacités de l’armée française, même si sa doctrine est trop « méthodique et rigide ». Surtout, il sait, comme de nombreux généraux, que le Reich ne peut supporter une guerre longue. Et du fait de la passivité des Alliés, il se pourrait que la guerre s’achève par une issue politique. L’OKH se prépare à la défense, refusant de violer la neutralité belge et hollandaise, ce qui empêcherait toute négociation. Il faudrait juste contre-attaquer si les Alliés pénétraient dans la Ruhr. Mais Hitler n’est pas de cet avis et l’OKH doit quand même mettre au point un plan d’offensive. Beaucoup d‘officiers supérieurs doivent agir contre leurs idées, dont Göring. Seul Raeder, chef de la marine, accepte sans broncher. Il ne reste à l’OKH qu’à essayer de temporiser pour négocier par l’intermédiaire de contacts secrets des opposants avec les Britanniques.

    Rouen en flammes

    Rouen en flammes

    De son côté, Karl Heinrich von Stülpnagel rédige un mémoire contre cette offensive. Il explique qu’il faut encore attendre 2 ans pour que l’Allemagne puisse lancer une nouvelle offensive, les dotations en munitions étant insuffisantes et les unités blindées ayant souffert en Pologne. Brauchitsch ne manqua pas de critiquer ce projet devant Keitel, chef de l’OKW. Le chef du Groupe d’Armée C, von Leeb, commente le discours de Hitler du 6 octobre devant le Reichstag comme « un mensonge adressé au peuple allemand ». Il cherche aussi à convaincre von Bock et von Rundstedt, également sceptiques, dans une démarche allant vers leur démission si Hitler ne fait pas marche arrière. Il s’adresse aussi à von Brauchitsch pour que ce dernier essaie de convaincre Hitler.

    Il pensa même aller jusqu’à renverser le pouvoir hitlérien par un coup d’état. Un certain nombre d’officiers contactèrent même les Anglais via le Vatican pour voir leur réaction en cas de coup de force. Les événements semblent arrivés à leur paroxysme. Mais suite à une dispute entre le Führer et von Brauchitsch, les officiers pensent que leur conjuration est découverte et annulent tout. De plus, ils ne sont pas sûrs que les officiers et le peuple ne les suivent. Il ne reste plus qu’à obéir à Hitler. Mais l’oberleutnant Oster communique aux Hollandais la date du 12 novembre et les plans allemands. Le but est de protéger les pays neutres et d’amener l’Allemagne à un échec, la guerre totale étant encore hors de portée du Reich.

    Officiers allemands en France le 20 juin 1940

    Officiers allemands en France le 20 juin 1940

    Pendant ce temps, l’OKH met au point plusieurs plans d’offensives. Le premier plan, mis au pont par Halder, est assez traditionnel : attaque frontale au nord de Liège, protégée par une autre par la Belgique, en Hollande et dans le Nord de la France. Ce n’est qu’une réédition du plan Schlieffen de 1914. Il n’y a en outre aucun plan pour exploiter une victoire des forces allemandes. Puis entre novembre 1939 et mai 1940 est mis au point le plan Fall Gelb. Il résulte des idées de von Manstein et d’Hitler. Il faudra 3 groupes d’armées, au sud les GAC, de Bâle jusqu’au Palatinat, qui doit fixer les forces alliées puis attaquer ultérieurement afin d’exploiter la victoire. Le GAA, au sud de la ligne Meuse-Sambre, est le fer de lance de l’attaque avec 7 divisions de Panzer. Il lui faudra traverser la Meuse entre Dinant et Sedan puis aller jusqu’à l’embouchure de la Somme, avec son flanc gauche protégé.

     

    Troupes allemandes

    Troupes allemandes

    La pointe, constituée d’unités mécanisées, prendra ainsi à revers les fortifications françaises. Une armée de ce groupe doit aller jusqu’au secteur Liège-Houffalize, afin d’encercler Liège par le sud, puis franchir la Meuse à Fumay et poursuivre à l’ouest. Les armées alliées seront alors encerclées par le groupe A et détruites. La 13e armée du groupe B doit aussi occuper les Pays-Bas pour éviter une jonction des Belges, des Franco-britanniques et des Hollandais. La Luftwaffe doit soutenir l’armée de terre, dont un tiers est chargé d'assurer la protection de l’ouest du Reich. La marine doit assurer le siège de la Grande-Bretagne, le soutient des troupes au sol et le blocage des transports alliés.
    Comme nous le savons tous, le plan Fall Gelb sera une des plus grandes victoires de notre siècle...

    Le 10 mai 1940, la Wehrmacht entre en Hollande tandis que la Luftwaffe bombarde les aéroports et lâche des parachutistes. C’est alors que les gouvernements hollandais et belges appelèrent à l’aide. Gamelin lança alors la manœuvre Dyle-Bréda, qui était très critiquée par le général George, commandant du front nord-est. En effet, elle répondait à des préoccupations plus politiques que stratégiques. Entrer en Belgique jusqu’à la Bréda pour aider les Hollandais, nécessite l’intervention de la VIIe armée du général Giraud, jusqu’alors tenue en réserve. Cela aurait pu marcher si les Allemands avaient agi comme en 1914. Ce ne fut pas le cas et il n’y aura plus d’armées de réserve pour agir rapidement. Les plans allemands de 1939 correspondaient aux idées d’offensives allemandes prévues par les Français, mais ils ont été modifiés le 18 février 1940, selon l’ordre de Hitler, et suivant les idées de von Manstein.

    Désormais, le plan Manstein accroît l’importance du centre allemand au détriment de l’aile droite (qui entrera en Belgique du Nord et en Hollande). Le GACentre doit percer les défenses de la Meuse pour pousser vers Abbeville et l’estuaire de la Somme. Le but est d’isoler les forces françaises qui se seraient avancées en Belgique. Enfin, le flanc sud a pour but de fixer les armées du Rhin et les défenseurs de la ligne Maginot. Le plan est néanmoins assez dangereux. En effet, faire pénétrer rapidement d’importantes formations blindées par les Ardennes, puis s’engager en plein dispositif français sans protection des flancs est assez audacieux. En revanche, on a assigné pour cette tâche jusqu’à 10 Panzer divisionen. Le 10 mai, les Allemands sont organisés comme suit : au nord, l'aile droite et le GAB de von Bock (29 divisions dont 3 Panzer) ; le GAA au centre sous von Rundstedt dispose de 7 Pzd et de 37 divisions. Au sud, le GAC de von Leeb avec 17 divisions. Le centre est donc très puissant. C’est à lui qu’incombe la tâche de prendre par surprise l’ennemi français très rapidement.

    Les Français, au contraire, comptent sur une stratégie défensive. Gamelin est conscient que son armée de terre n’est pas prête malgré des efforts au cours de la drôle de guerre. Mais si les Allemands attaquent, il faudra bien mener la guerre. Le dispositif français est comme suit. Tout d’abord, le commandant du front nord-est a 3 GA (le GA1 sous le général Billotte de la mer à Longuyon avec 39 divisions dont 9 britanniques, le GA2 sous Prételat de l’est de Longuyon jusqu’à Sélestat qui tient les défenses de Metz, de la Lauter et du Bas Rhin, enfin, le GA3 veille sur le Haut Rhin. Ces deux dernières totalisent 43 divisions). De plus, 23 divisions sont tenues en réserve, dont 6 entreraient en Belgique et les autres défendraient la Suisse en cas d’offensive allemande. Pour ce qui est du GA de Billotte, un élément mobile doit pénétrer en Belgique (Giraud, Blanchard et Corap) avec les troupes les plus modernes dont 3 divisions légères motorisées, 1 division cuirassée et 5 divisions d’infanterie motorisées. De plus, de Givet à Longuyon, appuyées sur la Meuse et la Chiers, 10 bonnes divisions couvertes par de la cavalerie à cheval et motorisée servent à combler l’espace entre la région fortifiée et l’élément mobile. On ne pensait pas alors que l’on puisse percer par les Ardennes, ou que même si les Allemands essayaient, on pourrait rapidement les stopper. C’était oublier la doctrine militaire française qui stipule que « tout obstacle non battu par le feu est un obstacle nul »...

    Le premier, le GA de von Bock, avance au Nord afin d’attirer l’attention, tandis que les armées du centre se dirigeaient secrètement au point de passage, à travers l’Eifel et les Ardennes. Les Allemands lâchent aussi des parachutistes, sur la Haye et les aérodromes. En 4 jours, l’armée de von Bock oblige les Hollandais à se rendre. Giraud n’aura pas pu les aider. La manœuvre Breda a échoué tandis que la VIIe armée est engagée le long du littoral jusqu’à Flessingue. Du côté des Belges, appuyés sur la ligne Liège-Anvers, qui repose sur la Meuse et le canal Albert, on retrouve le même scénario. Deux commandos aéroportés prennent deux ponts sur le canal, tandis qu’un commando des sapeurs d’assaut prend le fort d’Eben Emaël. Pendant ce temps, deux PzD sous Hoeppner prennent Maastricht où le génie construit un pont durant la nuit. En une journée, les positions belges sont enfoncées. Il aurait fallu cinq jours pour que les renforts alliés ne viennent et puissent se poser sur la puissante position entre Louvain et Namur. Les Alliés entrèrent en Belgique le 10 à 6 heures 30 avec le corps de cavalerie de Prioux en tête, constitué des 2e et 3e divisions légères motorisées, qui doivent couvrir, entre la Dyle et le canal, le corps expéditionnaire britannique et celui de Blanchard. Le 11, Prioux est en contact avec les Allemands. Il explique alors au général Billotte qu’il faudrait rester sur l’Escaut, mais n’est pas écouté.

    Au contraire, les divisions alliées accélèrent leur progression pour occuper la ligne Louvain-Namur. Le corps britannique à Dyle, la Iere armée doit s’installer le 13 au niveau de la trouée de Gembloux. En même temps, le corps Hoeppner attaque violemment la cavalerie française. Le 14, une division marocaine, ainsi que la 15e division d’infanterie de montagne, tiennent le canal devant les Panzer pour permettre aux Belges de se replier sur la ligne Louvain-Angers. Au centre, la IXe armée occupe la zone de la Meuse jusqu’au confluent de la Bar, tandis que la IIe armée occupe la zone entre Sedan et Longuyon. Mais c’est entre Sedan et Dinant, au milieu des deux armées, que vont pénétrer les Panzer qui ont traversé les Ardennes. Le groupement blindé von Kleist a deux corps blindés, le 19e de Guderian a 3 PzD pour entrer en France par Sedan, tandis que Reinhardt avance sur Monthermé. Au nord, ils sont couverts par le 39e corps avec 2 PzD (dont celle de Rommel). Rommel le premier traversa la Meuse. Il arriva sur la rive droite le 12, s’infiltra par le canal de l’île de Houx et attaqua en force le 13. Pendant ce temps, à Monthermé, Reinhardt ne peut sortir de la vallée encaissée, bloqué par une demi-brigade de mitrailleurs coloniaux. Le même jour, Guderian passe la Meuse soutenu par l’aviation. Grâce aux ponts du génie, les Panzers retrouvent l’infanterie sur la rive gauche.

    Le 14, les contre-attaques menées par des petits groupes de Français échouent. Corap est donc coupé de Sedan, menacé au centre par Reinhardt, au nord par Rommel. Il ordonne la retraite sur la frontière et laisse donc seule la Ière armée qui devra se replier sur l’Escaut. En quelques jours, les Allemands partis de Sedan vont isoler les forces alliées. En 5 jours, Guderian arrive à Abbeville et la baie de la Somme, ce qui impressionne Hitler lui même. Saint-Omer est atteinte par Reinhardt le 24 tandis que Hoth déborde Arras le 23. Mais l’infanterie motorisée a du mal à suivre ce rythme. De ce fait, il y a entre les forces en Belgique et les armées que reforme le général George un couloir de 100 kilomètres. Les flancs allemands sont vulnérables. De Gaulle essaya de contre-attaquer sur ces derniers, le 20 mai, avec la 4e division cuirassée, les 2e et 3e PzD.

    Le 19, Gamelin réfléchit à une manœuvre en tenaille depuis Arras et la Somme pour couper le couloir à son point le plus large. Il est alors, le jour même, démis de ses fonctions au profit de Weygand. Il reprend l’idée et ordonne au GA1 de marcher au sud, tandis que la VIIe armée ferait route au sud. Mais le temps joue contre les Français et il est bientôt trop tard pour éviter l’encerclement. Le 25, lord Gort propose un repli sur Dunkerque alors que l’armée belge est violemment prise à parti. Weygand suit cet ordre alors que le groupement Molinier, encerclé dans Lille, ne capitulera avec les honneurs que le 1er Juin. À Dunkerque, 220 000 britanniques et 100 000 Français embarquent. Mais sur les plages se trouvent 1 million de prisonniers et des tonnes de matériels.

    Après le 20 mai, la situation devient de plus en plus critique pour les Français. En revanche les divisions Panzer, qui ont coupé les communications alliées des armées du Nord, ont avancé les flancs à découvert. Les troupes d’exploitation sont toujours au niveau de la Sambre. L’OKH craint d’ailleurs une nouvelle bataille de la Marne. En effet, il suffirait aux armées du Nord de percer vers le sud et des armées de la Somme vers le Nord. Cette double offensive permettrait de priver les Panzers de ravitaillement. Gamelin prévoyait des plans en ce sens mais est limogé le 19 mai et remplacé par Weygand. Il faudra 3 jours à ce dernier pour mettre au point un autre plan du même type. Le 24, il faudra combler la brèche au niveau de Bapaume, ce qui signifie que dans le même temps le front restera statique. Le 21 mai, le commandant du corps expéditionnaire britannique, Gort, essaie de rétablir les communications avec les lignes françaises de la Somme, qui se trouvent à 40 kilomètres, dans une offensive par Arras. Il dispose pour ce faire de deux divisions et d’une brigade blindée. Rapidement, la situation de la 7e Panzer est critique, et les chars allemands doivent faire demi-tour. Mais du fait du manque de blindés et puisque l’opération de soulagement de Weygand était relativement faible, l’ultime chance de victoire s’évanouissait. Plus le temps passe, plus le plan français devient impossible à réaliser.

    Le dispositif allemand se constitue et se renforce au fil des jours. De la même façon, le réduit français se rétrécit. En effet, les 9 PzD attaquent au Sud en cercles concentriques, tandis que le groupe von Bock progresse en Belgique. 46 divisions alliées sont encerclées, soit 1 million d’hommes. A cela s’ajoute 1 million de réfugiés. Boulogne est aux mains des allemands le 24 mai tandis que le flanc du GA1 est découvert. « Les Français tiennent les deux extrémités du front sud. Le gros de la Ière armée est comprimé au sud-est de Lille. A l’ouest, le littoral est défendu par deux divisions de série B (60e et 68e DI). Là réside la clé du dispositif français. Si ce point s’effondre, l’encerclement sera total » (Michèle Battesti). Gort se rend alors compte que le plan Weygand n’est plus qu’une utopie. Les troupes britanniques sont à demi-ration, avec 10 jours de munitions pour l’artillerie. Il faut soit se rendre, soit trouver une solution rapide.

    Le 24 mai, le War Office anglais ordonne le retrait du matériel lourd à partir du Havre. Gort décide en parallèle de retirer ses troupes au nord d’Arras. De ce fait, Weygand ne peut plus exécuter son plan d’offensive. Gort organise une défense en hérisson le long des cours d’eau du nord. Le 25, il ordonne le retrait sur Dunkerque. Le 27, le War Office ordonne le retrait par voie maritime. Les Anglais avaient songé à cette possibilité très tôt, et commencé à organiser cela dès le 19 mai. Churchill avait approuvé un plan consistant à réunir un grand nombre de navires de toutes tailles vers les ports français. Au départ, il fallait déplacer des troupes dans le cadre de la contre-offensive. L’amiral Bertram Ramsay avait alors réquisitionné une flotte de 126 navires. Le 26 mai à 18 heures 57, commence l’opération « Dynamo » qui paraît alors n’avoir aucune chance. On prévoit 45 000 hommes en deux jours mais il n’y en aura le premier jour que 7 669. Le second, le chiffre est porté à 17 804. Mais cela reste très inférieur aux prévisions les plus pessimistes.

    De plus, les Allemands sont encore présents. Même si les forces de surface n’interviendront pas, les sous marins (U-Boote) et les S-Boot (Schnell-Boot) feront des sorties. Mais ce sera la Luftwaffe qui portera l’effort principal. En effet, le 27 mai, 30 000 tonnes de bombes incendiaires seront larguées sur la ville. Les Stukas s’acharneront sur les navires. Les soldats embarquant seront mitraillés. Les opérations de jour seront rapidement annulées. Enfin, les Allemands largueront des mines magnétiques. Les Anglais ne seront pas en reste et les Spitfire et Hurricane abattront 133 avions allemands. Heureusement pour les Alliés la mer d’huile favorisera l’opération qui durera 9 jours, et le plafond relativement bas gênera les mouvements de la Luftwaffe.

    Deuxième élément, les Panzer se sont arrêtés. Depuis le 24 mai, la ligne Lens-Aire-Gravelines n’a été traversée par aucun char. Cette inaction est le résultat d’un ordre direct de Hitler, tandis que les officiers supérieurs allemands voudraient détruire les armées alliées. On ne sait pas vraiment ce qui a motivé cet ordre. Peut-être Hitler a-t-il voulu ménager les Anglais pour leur éviter une humiliation. Mais quoi qu’il en soit, Hitler a commis une erreur majeure. On ne pense alors plus qu’au plan rouge. Pour Hitler, Fall Gelb est terminé. Le second temps de la campagne, c’est à dire prendre à revers la ligne Maginot pour en terminer avec l’armée française. Autre hypothèse, les Panzer sont exténués et ont atteint les marécages des Frandres, qui effraient le soldat de la Grande Guerre qu’est Hitler. C’est donc à la Luftwaffe de Göring de donner le coup de grâce. Dans le même temps, Weygand se rend compte qu’il ne peut plus contre-attaquer. Il ordonne donc à ses armées du nord de se replier. Le but est maintenant de former une tête de pont solide soutenue par la mer. Mais les Belges, qui devraient soutenir le flanc français, capitulent rapidement. En effet, le 27 mai, les Belges reculent devant von Bock, acculés à la mer et encerclés de réfugiés civils. Le 28 mai à 5 heures, Léopold III ordonne l’armistice. Le GA1 est donc sans protection.

    La situation empire le 27 mai, quand Hitler annule son ordre. Les Panzer repartent à l’assaut avant de partir pour la Somme et l’Aisne. Ils ne sont alors plus qu’à 8 kilomètres de Dunkerque et pilonnent la ville avec leur artillerie. La position alliée s’étend sur plus de 100 kilomètres de profondeur pour 40 kilomètres maximum de largeur. Petit à petit, les Allemands continuent à avancer et menacent de couper les Alliés de la mer. Le 29 mai, Weygand ordonne le repli général et abandonne l’idée d’une tête de pont. Mais c’est trop tard : même si von Bock exploite mal la capitulation belge, et même si les Allemands hésitent, la chute de Cassel entraîne le repli (contre l’avis de Weygand) des Anglais. De ce fait, les Anglais abandonnent l’arrière-garde française. Le 28 mai, d’ailleurs, 6 divisions de la première armée sont encerclées près de Lille. Elles se rendront le 31 mai après une lutte féroce, ce qui donne un répit à Dunkerque. Le général Wögner offre tous les honneurs militaires au général Molinié, chef de ces divisions françaises. La réponse de Berlin ne se fera pas attendre et Wögner sera limogé.

    Le 30 mai au soir, les derniers Anglais ont rejoint la tête de pont, encombrée de matériel abandonné. Mais la Luftwaffe ne parvient pas à stopper l’opération Dynamo. Peu à peu, les évacuations deviendront plus importantes. Le 29, partiront 47 310 hommes, 53 823 le 30, puis 68 014 le 31. Ils seront débarqués à Douvres. Pour ce faire, les Britanniques usent d’une logistique impressionnante. Il existe aussi d’autres points d’évacuation à l’est de Dunkerque. La Royal Navy fait appel à toutes les embarcations disponibles et à tous les hommes (pêcheurs, retraités ...). De plus, 300 navires de guerre et de commerce français participent activement à l’opération. Une fois que les soldats sont dans le navire, on rejoint Douvres par la route Z, longue de 39 milles. Mais du fait de la proximité de l’artillerie allemande (la route longe la côte), une route Y de 87 milles est organisée. Cette fois, ce sont les S-Boot, patrouilleurs lance-torpilles, qui rendent dangereux ce point de passage. Après le 29 mai, une route X (55 milles) est draguée et sécurisée. Le 31 mai, 165 000 soldats seront évacués, mais seulement 15 000 Français. En effet, les soldats français sont refoulés, voire jetés à la mer.

    Le même jour, se tient une rencontre à Paris entre Churchill, Weygand et Reynaud. Pour le premier, la France est virtuellement vaincue. Les propos sont en revanche pleins de « générosité ». Churchill par exemple insiste pour que les Français embarquent les premiers et que les Anglais assurent la défense !!! Mais il est vrai que le 1er juin, 35 013 Français sont évacués avec 29 416 Anglais. Falgade, commandant des troupes de défense du périmètre de Dunkerque, se bat avec acharnement et bravoure. Mais vite on se rend compte que ce sont les Français qui sont la dernière ligne de défense. A 3 contre 1, les Français résistent et même si les Allemands progressent, ils ne percent pas. Entre le 3 et le 4 juin, l’arrière-garde française est embarquée, tandis que les Allemands pénétrent dans les faubourgs de Rosendaël. L’organisation anglaise est une fois de plus exemplaire : les navires doivent aller si vite qu’ils ne jettent pas d’amarres.

    À 3 heures 30, le dernier navire appareille. Ainsi, même si 30 000 Français n’ont pas été évacués et sont restés sur la plage, 342 618 franco-anglais auront été sauvés (1/3 de Français). Mais les pertes auront été lourdes : 2% des soldats embarqués ont été tués, 250 navires coulés (sur 860), dont 6 destroyers sur 39, 5 torpilleurs et deux contre-torpilleurs français. Dunkerque est un exploit de logistique et de courage. Mais 3 armées françaises ont été détruites, tout comme l’armée belge, et le corps expéditionnaire anglais. En chiffres, les Alliés ont perdu 1 200 000 hommes dont beaucoup de prisonniers, tandis que les Allemands comptent 10 255 tués, 8 543 prisonniers et 42 523 blessés. Pour finir, entre le 4 et le 25 juin, au cours de l’opération Aerial, 191 900 personnes seront évacuées de France pour échapper aux Allemands. Cela démontre l’importance du contrôle de la mer. Mais pendant ce temps, la France agonise...

    Au 5 juin, Rommel (avec la 7e Panzer), se trouve dans la région de Flixécourt et Bourdon, au nord du canal de la Somme. Les 19 et 20 mai, tous les ponts, d’Amiens à la mer, ont été détruits sauf deux ponts de chemins de fer, oubliés par les démolisseurs, qui se trouvent dans le secteur de Rommel. Ce dernier ordonne d’enlever les rails pour laisser passer ses chars. En face, des soldats sénégalais. Les Allemands qui travaillent sont hors de vue des coloniaux. Les défenseurs n’ont pour se défendre qu’un canon AC de 25 mm. Mais ils tiennent. Même si les Panzer percent au Sud, dans une vallée morte, Hangest, point d’appui principal des Sénégalais, tient toujours. L’attaque d’un bataillon blindé échoue du fait du terrain (les moteurs calent), mais Rommel envoie vite des automoteurs de 150 mm pour préparer une attaque d’infanterie. A la fin de la matinée, la ville est investie. Les Panzer attaquent alors vers le sud, débouchant sur le plateau qui va de la Somme à la Seine. Ils sont accueillis par l’artillerie lourde française et par des Sénégalais cachés dans les bosquets. Le point de Quesnoy-sur-Airaines a été solidement fortifié, et il faudra attendre l’arrivée des Panzer IV pour le réduire.

    Le 6 juin, durant la nuit, les Français ont contre-attaqué avec des chars, détruisant une batterie de 88. Mais à partir de 10 heures, Rommel avance déployé sur 2 kilomètres et profond de 20. La Xe armée du général Altmayer est coupée en deux, la ligne Weygand est percée. Les Français se rendent alors réellement compte qu’ils n’ont plus aucune chance de boucher la faille. Le 7 juin, Rommel entre en Normandie, et seul la rivière Andelle le coupe de Rouen. Mais cette ligne est défendue par des éléments franco-britanniques. La 7e Panzer échoue d’abord à Sigy, mais, le 8 juin, perce et fonce sur Rouen. Rommel tombe sur une colonne blindée britannique mais le soir, il n’est plus qu’à 8 kilomètres de la ville. Rommel décide alors de capturer deux ponts sur la Seine, en fonçant sur Elbeuf. Les paysans qui les voient passer les prennent pour des Anglais, et les acclament puisque les Allemands ne pourraient pas être déjà là !!! Le bataillon de motocyclistes de la division est envoyée pour capturer les ponts. Puis Rommel perd tout contact avec eux. Il se rend sur place et se rend compte qu’ils n’ont toujours pas attaqué. Mais alors qu’il leur réitère son ordre de prendre les ponts, ces derniers sont détruits. Le 25e régiment Panzer se dirige alors vers Boos, tandis que Rouen est prise par la 5e Panzer.

    Rommel prépare ensuite une offensive contre le IXe corps d’armée français, et la 51e division britannique. La chute de Rouen a rendu leur position très risquée. Ils manquent d’être encerclés et leur seule chance de salut résiderait en une retraite de 100 kilomètres vers le Havre. Et Rommel est bien décidé à la leur couper. Élément décisif, les Alliés progressent de 20 kilomètres par jour alors que Rommel avance à 40 kilomètres par heure. Le 10 au matin, les engins de reconnaissance allemands sont en vue de la Manche, aux Petites-Dalles, encerclant 50 000 soldats alliés. La solution pour les généraux Ihler et Fortune résiderait en un réembarquement. Dans cette poche française, il existe deux ports, Saint Valéry et Dieppe. Mais le second a été rendu impraticable par les Français afin qu’il ne tombe pas aux mains des Allemands. Il faut donc tenir jusqu’à l’arrivée des navires alliés.

    Le 10, deux destroyers britanniques sont atteints par l’artillerie allemande alors que Rommel renforce sa position. Il occupe une falaise qui domine le port, d’où son artillerie et ses mitrailleuses pilonneront les Alliés. Malgré la défense acharnée de ces derniers, la poche se rétrécit inexorablement. Fortune annonce au War Office que la seule chance de s’en sortir consiste en une évacuation maritime dans la nuit du 11 au 12 juin. Rommel se rend compte de ce qui va se passer et accroît la pression sur les Alliés. Les Franco-britanniques profitent du brouillard pour se cacher et attendent les navires de secours. Ils ne viendront pas ... Ihler capitule le 12 juins à 8 heures, Fortune le même jour à 11 heures. En effet, les 3 bataillons écossais, privés de l’appui des Français et d’armement lourd, ne peuvent plus résister. Les Allemands auront capturé 12 généraux, 46 000 hommes, 100 canons, 58 chars, 368 mitrailleuses et plus de 1 000 camions.

    Au lendemain de Dunkerque, Weygand ne dispose plus que de l’équivalent de 71 divisions. La Luftwaffe domine le ciel alors que 139 divisions allemandes se réorganisent afin de reprendre l’offensive. Le 29 mai, les troupes motorisées et blindées quittaient Dunkerque pour devenir le fer de lance de la seconde phase de l’opération. En face, Weygand compte sur le terrain et les lignes d’eau pour retarder le choc inévitable. Le nouveau front passe par la Somme, le canal Crozat, l’Ailette et l’Aisne jusqu’à Vouziers puis est relié à la Ligne Maginot par Montmédy. Le front n’est pas d’égale qualité. Si le front sur l’Aisne existe depuis mai, le front de la Somme est assez faible, plus encore car les Allemands ont créé des têtes de pont sur la rive sud. Malgré les contre-attaques, rien ne peut ébranler ces avant-gardes allemandes. Weygand propose alors une tactique en hérisson : des points d’appui laissent passer les chars mais bloquent l’infanterie d’exploitation. Début juin, c’est ce qui se met en place alors que le général en chef essaie de reconstituer deux groupements blindés autour des 1ère et 3e Divisions Cuirassées.

    Il faudrait disposer de troupes pouvant attaquer sur les flancs les colonnes de Panzer. L’offensive reprit le 5 juin. A ce moment l’organisation de l’armée allemande a été modifiée : l’armée du Rhin passe à 24 divisions, le GAB de von Bock (qui devra attaquer Paris et la Basse Seine) compte à présent 41 divisions et 6 PzD, et le GAA de von Rundstedt (qui doit prendre à revers la ligne Maginot) se voit attribuer 41 divisions et 4 PzD. Au jour fixé pour lancer l’offensive, le GAB attaque le GA3 (20 divisions). Mais si la 7e armée du général Frère résiste, la 10e armée est enfoncée par Hoth dès le 6 juin. Le 9, Rommel atteint la Seine. Manstein avec son 18e corps d’infanterie motorisée fait tout aussi vite. Le 9 toujours, le GAA attaque. La 12e armée est bloquée par De Lattre de Tassigny et Aublet entre l’Argonne et Rethel. Mais à l’ouest de Rethel, La PzD de Guderian crée une tête de pont. Le groupement blindé Buisson contre-attaque et ralentit un moment l’avance allemande, mais à l’ouest, le front s’écroule. Le 10, l’armée allemande atteint la Meuse. De ce fait, la ligne de l’Aisne doit être reculée en direction des monts de Champagne.

    À partir du 10 juin, la guerre est virtuellement termin

    ée. L’armée française est en retraite sur toute la largeur du territoire, sans réserves. Toutes les divisions sont désorganisées et mélangées à des milliers de réfugiés. Le 12 juin, Weygand annonce au conseil des ministres que la guerre est perdue et que « la cessation des hostilités s’impose ». En réalité, le GA2, malgré des prélèvements, constitue encore un « ensemble homogène », et le front italien tient pied à pied. Mais l’avance allemande est très rapide, dans toutes les directions. Hoth force la Basse Seine le 13 juin. Le même jour, von Kleist déborde Paris et prend les ponts de Nogent et de Romilly. Le 14 la « ville ouverte de Paris » est occupée. Hoth prend la route de la Bretagne et de Cherbourg où les Anglais rembarquent le 18, juste avant que la garnison ne se rende le 19. Plus à l’est, la 12e armée et Guderian avancent également très vite. Chaumont est prise le 14, Besançon et Vesoul le 16, la frontière suisse le 17. Le GA2 est isolé dans les Vosges, attaqué par le GAC depuis la Sare et le Rhin le 14. Au centre, mis à part le cas de la résistance des ponts de Saumur, la Seine et la Loire sont rapidement franchies.

    Pétain devient président du conseil après la démission de Paul Reynaud. Il débute les négociations le 17. Le 21, à Rethondes, une délégation française « prend connaissance des conditions d’armistice ». Elles sera signées le lendemain. Le GA2 a tenu jusqu’au dernier moment. Les garnisons de la Ligne Maginot ne déposeront les armes que début juillet. Dans les Alpes et sur l’Isère, la 6e armée (général Olry) se bat jusqu’au 25, moment où les Italiens et les Allemands la prennent à revers.

    Début juin 1940, la France est désorganisée et sur le point d’être vaincue. Il n’y aura pas de nouvelle bataille de la Marne. Les milliers d’actes héroïques ne compensent pas les pertes énormes. Le 16 juin, Reynaud démissionne, espérant peut-être que Lebrun (président de la République) le rappelle dans un nouveau cabinet dont seraient éliminés tous les partisans d’un arrêt des combats. Mais c’est Pétain qui fut appelé. Ce dernier fit tout pour communiquer avec l’Allemagne et l’Italie. Le 17, Pétain annonce à la radio : "L’heure est venue de cesser le combat". Cette phrase a fait sensation car sous-entendait que des milliers de soldats étaient morts pour rien. Il y avait alors 3 solutions :

    •     l’armistice qui engageait le gouvernement.
    •     la capitulation de l’armée (punie de mort par le code militaire français car déshonorante).
    •     La continuation de la guerre avec les colonies, la marine ..


    La seconde alternative était impensable. Un accord franco-britannique du 28 mars 1940 avait fixé que les deux pays ne pourraient conclure ni armistice, ni paix séparée. Les Anglais y consentiraient si la marine et l’aviation quittaient la France pour l’Afrique ou les ports britanniques. Le problème est que si la France continuait la guerre en Afrique, Hitler pourrait franchir l’Espagne et envahir l’Afrique du Nord. Le 18 juin 1940, De Gaulle fit un discours à la BBC pour que la France continue le combat. Mais il était seul. De son côté, Mussolini voulait sa part du gâteau. Les Allemands ne voulaient pas d’une paix mais d’un armistice. L’armistice entre la France et l’Allemagne est signé le 22 juin à 18 heures 30 en forêt de Compiègne, dans le wagon de l’armistice de 1918. Le 23 juin, les plénipotentiaires français arrivent à Rome, l’armistice sera signé le lendemain.

    En 45 jours, l’armée allemande a détruit 8 divisions hollandaises, 22 belges, 9 britanniques et 94 françaises. Les armées britanniques ont pu être rembarquées mais tout leur matériel est resté aux mains des Allemands. Toutes les côtes, de la Norvège au golfe de Gascogne, sont occupées par les forces allemandes. C’est donc une pique évidente en direction de la Grande-Bretagne. Une fois de plus, la Blitzkrieg a montré son efficacité. Poussé par le temps, Hitler a du chercher rapidement la décision et a pour cela forgé une puissante machine de guerre. A cela s’ajoute un plan audacieux qui a créé la surprise initiale. Mais il ne faut pas oublier que la France s’est battue. Les Français eurent 90 000 tués (soit autant que lors des six premiers mois de la Première Guerre mondiale), 200 000 blessés et 1,9 million de prisonniers. Les Allemands, eux, dénombrèrent 27 000 morts, 120 000 blessés et 18 000 disparus. Les Belges perdirent 7 500 hommes et les Anglais 3 500.


    Auteur : Guillaume Sevin

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    21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 22:49

    Carte de la gaule à l'époque romaine

    Les peuples celtes
     Nom latin:  Gallia Aquitania
     Localisation:  Aquitaine

    Nous avons régroupé dans cette rubrique tous les peuples plus pu moins celtisés dits "Aquitains". Selon César et Strabon, l'Aquitaine correspond aux territoires compris entre l'océan, la Garonne et les Pyrénées; Strabon, les décrit comme des gens forts différents des Celtes qui habitent dans le reste de la Gaule; par leur langue et leur physique, les Aquitains se rapprocheraient des Ibères.

     


    La conquête de l'Aquitaine par les Romains

    Compte rendu du dîner-débat du 6 décembre 2008 avec Jean Pierre Brèthes.

    Lumières Landaises n° 70.

     

    N.B. Si passionnantes soient-elles, ces quelques notes ne rendent compte que de manière imparfaite de la richesse de l'exposé de J.P. Brethes, qui était agrémenté de nombreuses projections.


    En 58 avant JC. L'empire romain n'est pas encore un empire. C'est une république qui ne contrôle guère que la Gaule Cisalpine, la Provincia Romana, qui s'étend jusqu'à Vienne - et non pas Lyon - et une partie de l'Espagne. La Gaule Cisalpine n'est autre que l'actuelle Italie du Nord, à l'époque peuplée de Gaulois. Ainsi, Tite Live et Virgile sont nés gaulois, en Gaule Cisalpine. Au-delà des Alpes, la Gaule dite chevelue n'est pas encore romanisée.

    César fait une carrière à ses frais comme tous les aristocrates romains, et, dans son cas, à crédit. Crassus lui prête l'équivalent de centaines de millions d'euros actuels. En effet, les hommes politiques romains ne sont pas payés pendant leur carrière, et, au contraire, elle leur coûte très cher. Ils offrent à Rome des jeux et des spectacles – ceux que César a donnés à la plèbe coûtent tellement que, par la suite, on interdit d’en faire d’aussi chers -, et ils se remboursent ensuite sur les provinces. Ainsi, une poignée de familles romaines exploite les immenses provinces sur lesquelles Rome étend sa domination. A l’issue de son consulat, César obtient un mandat qu'on appelle un proconsulat, lequel donne les pleins pouvoirs sur un territoire étendu, pour lui la Gaule et l’Illyricum (Côte Dalmate).

    Le premier projet de César était de conquérir les terres qui s’étendent à partir de la province Dalmate jusqu’au Danube, mais le roi Burebistas, contre lequel il envisageait de faire campagne, abandonne ses projets belliqueux contre Rome l'année du consulat de César, c'est-à-dire en 59. Le proconsul tourne alors ses regards vers la Gaule, qui offre d'immenses possibilités financières, au point que, dès la première année, il a remboursé la totalité de ses frais de campagne. Plutarque estime que César a vendu un million de têtes (humaines) au cours de la campagne. Dans la première année, il en vend deux ou trois cent mille

    C'est dans ce cadre là que César lance ses légions dans la conquête des provinces voisines. Il prend prétexte de l'immigration des Helvètes pour les vaincre et, par la suite, entraîner ses légionnaires dans une véritable guerre de conquête. Ce n'est pas si facile, car dès la première année il doit faire face à une grève des officiers de ses légions. Il parvient à les convaincre de le suivre.

    L'Aquitaine est la mal-aimée des Gaules. César nous dit qu'elle ne fait que le tiers de la Gaulle, et il situe ses limites aux Pyrénées et à la Garonne. Pour les Aquitains, la Garonne est effectivement une limite – même si Bordeaux et Toulouse ne sont pas aquitaines - mais pas les Pyrénées dont les Aquitains peuplent les deux versants.

    Strabon, un géographe grec postérieur à César, parle d'un « peuple petit et obscur » et quelque cent vingt ans plus tard Pline l'Ancien, (qui commandait la flotte impériale lors du désastre du Vésuve) cite une trentaine de peuples, mais il ne parle pas de la même Aquitaine.

    D'autre part, Napoléon III, dans l’Histoire de Jules César, qu'il a signée, en 1865, ne consacre qu'une page à l’Aquitaine. Quant à Mommsen, dans son Histoire Romaine publiée à Berlin en 1857, il l’expédie en dix lignes seulement. Il faut aller lire la monumentale Histoire de la Gaule de Camille Jullian pour trouver trois pages.

    A partir du IIIème siècle avant JC, les Celtes ont migré vers la Gaule et vers l'Espagne, mais n'ont pas peuplé l'Aquitaine, à l'exception des Bituriges Vivisci , navigateurs et commerçants celtes, à Bordeaux et des Volces Tectosages à Toulouse, mais ils ne sont déjà plus en Aquitaine, où vivent des populations qui ne sont celtes ni par la langue ni par les usages.

    En 58 av JC, César livre sa première campagne contre les Helvètes, puis en 57, va combattre les Belges et le pseudo germain Arioviste. A ce moment, les grands peuples gaulois de la Gaule centrale soutiennent César, notamment les Héduens, "frères de sang du peuple romain" et les Arvernes. Vercingétorix, comme beaucoup d’aristocrates de son peuple, est alors officier de la cavalerie de Jules César, essentiellement composée d'aristocrates gaulois.

    Les Romains n'avaient pas de carte et s'en passaient donc pour se déplacer. Le croquis de la page suivante était fait à partir de ce que les Romains savaient en Géographie et que César avait appris de son maître Posidonius - qui avait été également le professeur de Cicéron - et peut être aussi de son rhéteur gaulois Gnipho. Pour les Romains, la Gaule est un pays entièrement tourné vers le nord et barré par des fleuves parallèles, la Garonne et la Seine. A l’ouest (au sud pour nous) de la Garonne se trouvent les Aquitains. En 56, c'est par les peuples qui bordent l’Océan que le proconsul commence véritablement la conquête, car au centre de la Gaule, les Héduens et les Arvernes sont ses alliés.

    Comment est peuplée l'Aquitaine? Mommsen parle de « tribus ibériques ». On connaît l'existence de diverses peuplades, mais on ne connaît pas leurs frontières de manière fiable, car ces populations nomades occupaient de vastes étendues mal délimitées et ignoraient sans doute la notion de frontière, au sens actuel du terme. Ainsi il règne quelque incertitude sur les Tarusates, le peuple le plus puissant, dont nous descendons vraisemblablement et que l'on rattache tantôt au cours moyen de l’Adour et à Tartas, tantôt au Tursan. On sait aussi que Dax, Aquae Tarbellicae, est, comme son nom l’indique, une ville des Tarbelles,. Le seul endroit que l'on connaisse avec précision, c'est Sos dont le peuple, les Sotiates est le seul d’Aquitaine à avoir un roi et un oppidum (hauteur fortifiée). Ils sont peut-être celtes, en tout cas, ce sont les seuls qui se battent comme des Gaulois et les Aquitains les laissent se battre tout seuls contre les Romains. Tous les autres Aquitains se coalisent pour former une grande armée confédérée. Il existe aussi d'autres peuplades, comme les Gates ou les Ptianes que personne ne sait situer avec précision. Enfin, contrairement à ce que disent parfois certains historiens, à la suite de César, les Pyrénées n'étaient pas la frontière de l'Aquitaine.

    On peut se demander pourquoi César vient conquérir le territoire de ces petits peuples nomades. Quelle est l'importance économique de l'Aquitaine ? A la différence de plaines comme la vallée du Rhône et la vallée de la Seine, l'Aquitaine ne constitue pas un enjeu économique majeur et les Romains ne sont pas inquiétés pour commercer sur la vallée de la Garonne. On a avancé l’attrait de l'or des Tarbelles, dont Strabon écrit, un demisiècle plus tard, que l'on trouve dans la région des plaques grandes comme la main. Mais il s'agit vraisemblablement d'un mythe, même si l’affaire de « l’or de Toulouse », soixante ans auparavant et la disparition d’un convoi d’or prouvent la présence de quantités importantes de ce minerai.

    La lecture des amphores permet de mieux comprendre les flux économiques et montre clairement que la Garonne constitue un axe important. En 1972, la découverte des amphores de Cauna (des amphores de type espagnol), a contribué à montrer que les peuples de l'Adour commerçaient avec l'Espagne. Dès le IIIème siècle avant JC, l'Adour relie les provinces du nord-est de l'Espagne et les Aquitains par le Golfe de Gascogne et la Côte Cantabrique, entre autres. Mais surtout, il est un minerai stratégique important dans l'Antiquité : l'étain qui, allié au cuivre, donne le bronze. Si le cuivre est omniprésent, l’étain, bien plus rare, se trouve essentiellement en Bretagne (Grande-Bretagne). Pour Rome, son importation se fait par deux axes stratégiques : le premier, depuis la Méditerranée emprunte la Garonne, puis par cabotage rejoint le puissant peuple maritime des Vénètes, qui contrôlent, avec leur puissante flotte de haute-mer, le commerce avec la Bretagne. Les Vénètes sont de ces rares peuples celtes qui font du commerce comme les Bituriges Vivisci - qui ne sont pas des Aquitains - tournés vers l'Océan, jamais en guerre avec personne, et toujours du côté du vainqueur.

    Donc, si le contrôle de la Garonne et de son estuaire présente une importance économique certaine, celui de l'Aquitaine profonde ne semble guère présenter d’intérêt, d’autant que la Côte Cantabrique n'est pas encore pacifiée.

    Quel est alors le poids militaire de l'Aquitaine? Mommsen parle de « milices considérables par le nombre et le courage ». Effectivement les Aquitains ont remporté des succès militaires antérieurs. Le légat romain Valerius Praeconinus a été vaincu et tué, sans doute à l'occasion de la guerre contre Sertorius. La région compte aussi le puissant peuple sotiate dont nous avons parlé plus haut. Les autres sont de petits peuples dispersés, liés par ce que nous appellerions des accords de défense. César appelle l'Aquitaine le « pays des Vocates et des Tarusates ».

    A propos des Aquitains, Camille Julian écrit ce panégyrique : "Ils montraient une bravoure à la fois plus habile, plus prudente et plus têtue. Rusés, habitués aux travaux les plus divers des champs, des mines et de l'élevage, ils montraient cette variété d'aptitudes qui faisait l'excellence du légionnaire romain ». Mais c'est de la poésie pure.

    En tout cas, cinquante mille Aquitains et Cantabres sont rassemblés pour arrêter Crassus, le légat de César, et ses douze cohortes (quinze mille hommes dont six à sept mille fantassins). La réputation militaire des Espagnols, en revanche, n'est plus à faire depuis que Sertorius avait fondé une république libre d'Espagne. Les forces militaires qui comptent sont à la périphérie de l'Aquitaine, du côté de la Gaule, et, à la différence de tant d'autres peuples, ceux de l'Aquitaine ne sont pas nommés ailleurs dans La Guerre des Gaules, même pas dans la liste des peuples soulevés en 52, où figurent presque tous les peuples de Gaule. Cette conquête n'est donc essentielle ni économiquement ni militairement, même si Mommsen dit qu'il s'agit d'établir « une ligne de communication avec l'Espagne », car, de l'autre côté des Pyrénées, ce n'est pas l'Espagne romaine. Donc, notre fierté régionale dût-elle en souffrir, l'Aquitaine, la moins gauloise, la moins riche, la moins peuplée des Gaules, ne constitue pas un enjeu majeur pour César, tout au plus un objectif secondaire

    La bataille d'Aquitaine a été menée par Publius Licinius Crassus, fils puîné de Marcus Licinius Crassus qui constitue avec César et Pompée l’alliance d’intérêts que l’on a appelé improprement le premier triumvirat, en fait une alliance de coquins pour se partager l'empire. De même que César a donné sa fille en mariage à Pompée, de même il a pris sous son aile le fils de Crassus (comme, d’ailleurs le frère de Cicéron) et il lui a donné un peu plus d'une légion : douze cohortes. Chose très originale, face à cette légion qui se bat évidemment « à la romaine », les Aquitains se battent aussi « à la romaine », en utilisant des camps retranchés. Le camp romain est une pure merveille, qui explique que les Romains n'aient jamais été battus dans cet abri inexpugnable. Il ne s’agit pas ici des camps permanents, mais des camps construits chaque jour, à l’étape, par les corps expéditionnaires. Celui de Crassus est composé d'environ 6000 à 7000 légionnaires, à peu près autant d'auxiliaires gaulois, et de 1000 à 2000 cavaliers. Tous les soirs, après 30 km avec 30 kg sur le dos, les légionnaires installent leur camp sur une dizaine d'hectares. Un tiers environ de la troupe forme une ligne de défense en construisant un parapet et en posant des piquets qu'ils ont porté sur leur dos tout le jour. Ce corps consomme environ 20 tonnes de blé par jour et cet approvisionnement est aussi vital que le carburant pour une armée actuelle ; or, la logistique est entièrement gauloise

    Le combat contre les Sotiates est très vite réglé, mais l’affaire est beaucoup plus difficile avec le reste des Aquitains qui se battent comme des Romains. Ils laissent la légion romaine pénétrer en profondeur jusqu'à ce qu'elle atteigne le nord des actuelles Landes. Il est impératif pour eux que les troupes de Crassus ne débouchent pas sur les terres fertiles au Sud de l'Adour. Nous avons la chance d'avoir deux sources, dont une hostile à César, qui racontent exactement la même bataille. Les légionnaires romains, comme d’habitude, provoquent l'ennemi en l'appelant à monter à l'assaut, en resserrant les rangs pour paraître les moins nombreux possible. Normalement l'ennemi charge en courant et les légionnaires brisent aisément l'assaut au moyen de flèches et de javelots. Lorsque la troupe adverse est bien disloquée, ils avancent en rang compact et culbutent les survivants. Mais cette fois-là, cette tactique ne fonctionne pas parce que l'ennemi est formé « à la romaine » : il ne quitte pas l’abri invincible du camp. Alors Crassus lance une attaque frontale contre ce camp, sans succès, personne n'ayant jamais réussi à prendre un camp romain par la force. Ses hommes piétinent donc devant les retranchements aquitains, jusqu'à ce qu'on lui signale qu'une porte n'est pas gardée à l’opposé des combats. Il envoie deux cohortes sur 15 km, au pas de gymnastique, attaquer la porte dite "décumane".

    Les Aquitains, pris à revers, sont battus et largement massacrés ; ils ne reprennent plus les armes contre Rome, même pas en 52, lors de l’insurrection générale. La localisation du site de cette bataille d’Aquitaine a donné lieu à plusieurs hypothèses. M. Brèthes retient deux cas : soit Crassus longe la Midouze puis l’Adour en direction de Dax, soit il oblique et emprunte un très vieux chemin qui relie les Pyrénées à l'EntreDeux Mers.

    En 51, la guerre s’achève par la reddition d’un vaillant petit village, Uxellodunum, qui résiste jusqu'au bout, et César, "dans sa grande bonté", comme il le dit luimême, fit couper les mains de ceux qui avaient porté les armes et leur laissa la vie sauve, renonçant ainsi à la vente de ces milliers d’esclaves. Le Cadurque Luctérios, un des derniers chefs gaulois, se réfugie chez les Arvernes, qui le livrent à César.

    Alors le proconsul, qui n'avait pas participé à la campagne de 56, vient lui-même assister à la soumission de l'Aquitaine.

    A partir de là, l'Aquitaine est une conquête fidèle. Plusieurs Aquitains se battent avec César, le plus célèbre étant Pison l'Aquitain, qui est cité dans un épisode héroïque de la Guerre des Gaules. Par la suite, quelques soubresauts de montagnards indociles exigent une intervention d'Agrippa en 39 et une autre de Messala en 27. La pacification définitive est obtenue par la campagne d'Auguste chez les Cantabres en 25 av. JC, célébrée par le trophée de Lugdunum Convenarum, c'est-à-dire Saint-Bertrand de Comminges.

    Les Aquitains vont alors s'employer à aménager leur statut. Très vite, Auguste crée une grande Aquitaine jusqu'à la Loire, dont la capitale est Saintes puis Bordeaux. Au troisième siècle, cette grande Aquitaine est divisée en trois parties et celle qui nous concerne prend le nom de novempopulanie, ou État des neufs peuples, un état fédéral, sans véritable capitale, même si Eauze en est le chef-lieu administratif. Les limites de cet État sont à peu près celles de la Gascogne.

    Rome a apporté aux Aquitains le sens de l'État, la construction en pierres de taille, le mortier, la culture de la vigne, la mondialisation de l'économie, une langue internationale, et de nouvelles dénominations, puisque Rome a pris l'habitude d'appeler les villes du nom des peuples d’où vient leur nom actuel (mais Dax - Aquae Tarbellicae - s'est appelée Ax comme toutes les villes d'eau romaines).

    Au souci de Rome de noyer dans une vaste entité administrative des populations qui avaient une identité très forte, a répondu le souci constant de ces peuples de faire reconnaître leur spécificité et peut-être leur identité polycéphale sans capitale véritable.

     

    Cercle Frédéric Bastiat 

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    20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 16:20

    Les Rouges, les Bruns et les Verts
    ou la convergence des totalitarismes


    Alexandre del Valle*

     

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    LES PESTES DU SIECLE I


    Depuis le déclenchement de la seconde Intifada Al Aqsa, en septembre 2000 ; depuis le 11 septembre 2001, qui scella la fin de l’inviolabilité du sanctuaire stratégique américain ; et, surtout, depuis la seconde crise irakienne, qui s’est soldée par le démantèlement du régime de Saddam Hussein, on a pu constater, partout en Occident, l’émergence d’un axe rouge-vert-brun (le rouge de l’extrême gauche, le brun de l’extrême droite et le vert de l’islamisme). Ses différentes composantes ont pour objectif commun de combattre ces nouvelles figures du Mal que seraient l’Amérique, Israël, « l’impérialisme » et même l’Occident dans son ensemble.

    Les alliances objectives entre ces trois idéologies, nous le verrons, ne datent pas d’hier. Mais il est indéniable que les événements de ce début du siècle ont particulièrement contribué à leur collusion. En effet, l’utilisation par George W. Bush, au lendemain du 11 septembre, du terme « croisade », a été perçue comme une provocation aussi bien dans les milieux anti-cléricaux d’extrême gauche et d’extrême droite que dans les milieux islamiques. D’où le rapprochement toujours plus significatif entre, d’une part, les nostalgiques des deux premiers totalitarismes — les Bruns et les Rouges — et, d’autre part, les protagonistes de l’islamisme révolutionnaire. Ces derniers prétendent défendre les masses arabes « occupées » ainsi que les pauvres, les faibles et les « humiliés » du Tiers-monde, victimes des nouveaux Croisés judéo-chrétiens « impérialistes ». Les récentes prises de position publiques du célèbre terroriste Carlos, entre autres, vont très nettement dans ce sens (1).

    Il est vrai que l’islamisme, troisième totalitarisme après le nazisme et le communisme, répond d’une certaine manière aux aspirations de ses deux prédécesseurs : prônant la lutte des civilisations et des religions, puis déclarant la guerre au monde judéo-chrétien au nom des « déshérités » du reste de la planète, il séduit tout autant les nostalgiques du troisième Reich païen, décidés à éradiquer le judaïsme et le christianisme, que les partisans de la faucille et du marteau, déterminés à en découdre avec l’Occident « bourgeois » et « capitaliste ». Centre névralgique de ce système honni : Manhattan, « quartier général planétaire des mercenaires de la guerre économique et financière que livre l’Amérique au monde », selon les mots de Carlos (2). Rien de surprenant, dès lors, à voir les Bruns, les Rouges et les Verts se féliciter ensemble du drame du 11 septembre 2001 et identifier Ben Laden à un nouveau David opposé au Goliath impérial « américano-sioniste ». Nulle surprise, non plus, à voir converger l’enthousiasme activiste de ces trois mouvances totalitaires autour de la lutte « héroïque » menée depuis mars 2003 par les derniers rebelles baasistes et par les islamistes chiites d’Irak contre l’occupation américaine de la Mésopotamie.

    D’évidence, cet axe rouge-brun-vert de la haine « anti-hégémonique » et « anti-impérialiste » s’est renforcé depuis le début des années 1990 et la chute de l’Union soviétique. Cet assemblage paradoxal et néo-totalitaire a connu son apogée au lendemain du 11 septembre et, surtout, durant l’hiver et le printemps 2003, à la faveur de la vaste campagne d’anti-américanisme conduite dans le monde occidental par les opposants à la guerre contre le régime de Saddam. Cette jonction des totalitarismes rouge, brun et vert autour de la cause des martyrs palestiniens, irakiens et afghans, ainsi que de la figure révolutionnaire d’Oussama Ben Laden, confirme le leadership désormais incontesté de l’islamisme révolutionnaire. Celui-ci exerce désormais une réelle fascination sur les autres options totalitaires vaincues par l’Histoire (le nazisme et le communisme) et, de ce fait, condamnées à se recycler ou à rejoindre la révolution islamiste pour poursuivre leur combat contre les démocraties libérales.

    Du 11 septembre à la seconde guerre du Golfe

    Si l’on suit le fil rouge de l’opposition à « l’impérialisme yankee », on s’aperçoit que les milieux antisionistes et anti-américains qui avaient trouvé des circonstances atténuantes au commando du 11 septembre sont ceux qui tentent, aujourd’hui, d’absoudre le terrorisme islamiste — qu’il s’agisse de la geste benladennienne dans le monde entier ou de celles du Hamas et du Djihad islamique en Palestine. Hypnotisés par l’écroulement des Twin Towers — terrible illustration de la puissance de l’islamisme radical —, les idéologues tiers-mondistes et anti-impérialistes d’extrême gauche et autres « alter-mondialistes » ont été les plus véhéments à fustiger l’intervention américaine en Afghanistan. Ce sont encore eux qui ont organisé, un an plus tard, les plus virulentes manifestations « pacifistes » contre l’intervention en Irak, manifestations également conduites au nom des « victimes du sionisme ». C’est ainsi que Toni Negri, l’ex-idéologue des Brigades rouges et figure de proue du mouvement No Global, déclarait, en septembre 2001, que sa compassion n'allait « qu’aux sans-papiers » disparus avec les Twin Towers. Le linguiste trotskiste américain Noam Chomsky, bien connu pour ses prises de position violemment anti-israéliennes, dénonçait pour sa part, dans l’attentat du 11 septembre, une « imposture planétaire », une énième manifestation fascisante de « l'impérialisme américain ». Puis : il imputait la « colère des islamistes » aux dérives « racistes » de l’État hébreu. Quant au très marxiste rédacteur en chef du Monde Diplomatique, Alain Gresh, fils du célèbre intellectuel pro-soviétique Henri Curiel, il justifie, dans un livre écrit avec le petit-fils du créateur des Frères musulmans, Tariq Ramadan, l’option terroriste des Palestiniens au nom de l’anti-sionisme et de l’« anti-colonialisme » (3).

    Deux récents événements plus graves méritent une attention particulière : tout d’abord, les exhortations des leaders des nouvelles Brigades rouges italiennes et du célèbre terroriste « rouge » Carlos à soutenir le combat du Hamas et d’Al Qaïda ; ensuite, l’appel de la quasi-totalité des dirigeants néo-nazis occidentaux à saluer « l’héroïsme » du Hezbollah et de Ben Laden dans leur lutte contre les Juifs et les Américains. Conséquence logique de ces fascinations-ralliements parallèles : Carlos embrasse un « islamisme révolutionnaire appelé à balayer le monde ». Islamisme qui « réalise la synthèse dynamique de différents courants (la lutte anti-colonialiste, anti-impérialiste, antisioniste) et puise ses modèles d’action dans le socialisme, le marxisme et la nationalisme » (4) ; et, dans le même temps, le leader charismatique du mouvement néo-nazi anglais, David Myatt, devenu Abdul Aziz Ibn Myatt, appelle les nostalgiques de l’Axe et tous les ennemis des sionistes à embrasser comme lui le Djihad, la « vraie religion martiale » (5), celle qui lutte le plus efficacement contre les Juifs et les Américains. Autre signe de ce rapprochement : le 3 avril 2003, le salafiste londonien Omar Bakri Mohamed, chef du mouvement Al Mouhajiroun, imam de Funsburry Park et recruteur de nombreux jeunes partis rejoindre Al Qaïda, a officiellement reçu Myatt et lui a souhaité « la bienvenue dans l’islam », précisant aux journalistes que le passé néo-nazi du néophyte n’avait « aucune espèce d’importance dès lors que les buts étaient convergents » (6)...

    Parallèlement, alors que le discours des terroristes marxistes ou de certains néo-nazis s’islamise, la rhétorique de Ben Laden en particulier et des islamistes en général se « marxise » et se tiers-mondise à son tour — certes, uniquement dans un but tactique — et emprunte de plus en plus à la vulgate antisémite d’extrême droite. Ainsi, dans sa déclaration du 11 février 2003, non seulement le chef d’Al Qaïda s’en est pris à cette bête noire de l’extrême gauche qu’est « l’impérialisme américano-sioniste en Palestine », rappelant le « martyr du Vietnam », mais il a aussi, pour la première fois, autorisé les croyants à s’allier avec un régime arabe « athée » et nationaliste : « Bien que Saddam Hussein soit un infidèle, il devient licite d’unir nos forces aux siennes pour combattre la croisade américaine contre l’islam et les musulmans. » Saddam lui-même, ancien « païen » admirateur de Nabuchodonosor et athée n’a cessé, depuis la première guerre du Golfe, d’islamiser son discours et son régime. Point culminant de cette posture : sa déclaration du 4 mars 2003 dans laquelle il appelait à une « guerre sainte contre les États-Unis, les diaboliques envahisseurs » et à un Djihad qui devait opposer « les Justes aux menteurs, les vertueux aux vicieux, les honnêtes aux traîtres, les combattants du Djihad aux mercenaires et aux agresseurs » (7).

    L’islamisme : la plus efficace des idéologies
    « anti-impérialistes » et révolutionnaires

    De prime abord, on se demande ce qui peut bien unir des mouvances idéologiquement aussi antagonistes que les Rouges (athées et matérialistes), les Verts (théocrates et islamistes) et les Bruns (adeptes de la lutte des races). Croire qu’une telle alliance serait philosophiquement impossible et stratégiquement improbable — et, donc, d’emblée vouée à l’échec — serait oublier que l’islamisme n’est pas seulement le troisième des totalitarismes, mais qu’il est également, en de nombreux points, l’héritier unificateur des deux précédents. Parce qu’il n’est pas seulement un simple « intégrisme » religieux, mais aussi et surtout un totalitarisme révolutionnaire subversif, une idéologie de destruction de masse comparable au nazisme, au maoïsme ou au stalinisme, le « fascisme vert » prolonge les totalitarismes antérieurs. Ce qui l’en distingue essentiellement, c’est que le Vert apporte aux haines totalitaires passées une justification théologique et une bénédiction divine.

    Qu’il s’agisse du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien, des combattants d’Al Qaïda ou des « résistants » irakiens et palestiniens, force est de reconnaître que, sur le marché révolutionnaire mondial, les islamistes et les « moudjahiddines » arabo-musulmans en général sont les plus efficaces et les plus farouches adversaires de l’« impérialisme israélo-américain ». Ce sont eux qui infligent le plus de dommages aux puissances « colonialistes » et « capitalistes » — que les Rouges et les Bruns détestent tout autant.

    Troisième moment du totalitarisme, l’islamisme revanchard lancé à l’assaut des démocraties capitalistes et des « forces judéo-croisées » connaît une telle ascension tous azimuts dans le monde et, en particulier, en Europe — ascension facilitée par la médiatisation planétaire sans précédent dont il jouit depuis le choc du 11 septembre — qu’il est en train d’attirer à lui, tel un aimant, les nostalgiques des totalitarismes communiste et nazi. Puisant à la fois dans la vulgate d’extrême gauche classique et dans une mode « islamiquement correcte » pro-arabe et tiers-mondiste, cette nouvelle haine révolutionnaire planétaire séduit désormais les derniers militants anti-juifs et anti-américains de l’extrême droite radicale.

    De la croix gammée au Croissant

    La plus grande partie de l’extrême droite s’est clairement tournée vers le monde arabo-musulman, se conformant ainsi au souhait exprimé par Hitler lui-même dans son testament, au nom du principe : « plutôt islamique que judéo-maçon » (8). C’est donc à la fois par fidélité au Führer et en vertu du contexte géopolitique de l’après-guerre froide, marqué par le retour du paradigme civilisationnel, que la nouvelle extrême droite, jadis viscéralement pro-occidentale et anticommuniste, a tactiquement troqué son atlantisme contre un « tiers-mondisme d’extrême droite teinté d’antiaméricanisme et d’antisionisme » (9). Cette orientation débouche naturellement sur le soutien à l’islamisme révolutionnaire. Il est indéniable que le discours d’Alain de Benoist — chef du Groupe de Réflexion et d’Études sur la Civilisation Européenne (GRECE), l’un des plus influents clubs de réflexion de l’extrême droite européenne pro-islamiste — rappelle étrangement la rhétorique des Brigades rouges italiennes (qui ont d’ailleurs toujours entretenu des passerelles avec les Bruns (10)) et relève d’un anti-américanisme obsessionnel qui ne choquerait pas à l’extrême gauche : « Le complexe militaro-industriel américain dont George W. Bush, sociopathe et faible d’esprit notoire, est aujourd’hui le porte-parole, a engagé de manière unilatérale contre la Nation et le peuple irakiens une guerre aussi lâche que monstrueuse que rien — hormis sa volonté de dominer le monde — ne justifie. (...). À compter de ce jeudi 20 mars, tout acte de représailles visant dans le monde les intérêts américains ainsi que le personnel militaire, politique, diplomatique et administratif américain, en quelque endroit qu’il se produise, quelle qu’en soit l’ampleur, quels qu’en soient les moyens et les circonstances, est à la fois légitime et nécessaire » (11)...

    En matière de politique étrangère, la dénonciation des guerres « impérialistes » américaines contre l’Irak est devenue, depuis 1990, l’un des leitmotivs de l’extrême droite anti-sioniste, qui rejoint en cela la position des organisations d’extrême gauche. L’Irak de Saddam Hussein avait, il est vrai, de quoi plaire aux partisans des trois totalitarismes : non seulement ce régime avait presque réalisé la synthèse national-bolchévique et national-socialiste, mais il se trouvait, par surcroît, à la pointe de la lutte contre les deux démons combattus à la fois par les Rouges, les Bruns et les Verts : Israël et les États-Unis. La ligne idéologique pro-irakienne qu’a adoptée la quasi-totalité de l’extrême droite en Europe s’est traduite par une série de manifestations dénonçant l’« impérialisme américain », ainsi que par des voyages de solidarité à Bagdad (12). La capture du dictateur a profondément déçu ceux qui s’étaient opposés à l’intervention américaine. Cette arrestation est, en effet, venue contrecarrer leur thèse, répétée à satiété, de l’« enlisement américain » en Irak.

    Pour les mouvances d’extrême droite, l’âge d’or de l’axe brun-vert remonte à la Seconde Guerre mondiale qui vit l’alliance entre le Grand Mufti de Jérusalem et Hitler, puis la mise sur pied de légions pro-nazies arabes et balkaniques (Waffen SS musulmans croato-bosno-albanais ; Chemises vertes égyptiennes, etc.). Référence des Frères musulmans palestiniens, le Grand Mufti, Al Hajj Al Husseini, fut à l’origine, en 1942, de la création de la Légion arabe, destinée à poursuivre, aux côtés des forces de l’Axe, la guerre contre les Juifs installés en Palestine. C’est d’ailleurs en référence au Grand Mufti que le leader néo-nazi anglais David Myatt explique sa conversion à l’islam et son ralliement à Al Qaïda, rappelant que « 60 000 musulmans ont répondu à l’appel du Grand Mufti pour s’engager aux côtés d’Hitler » (13).

    Trois autres grandes figures historiques de l’alliance entre la croix gammée et le Croissant continuent, jusqu’à nos jours, d’imprégner les consciences des nostalgiques de l’Axe : Léon Degrelle, le leader du rexisme — le mouvement collaborationniste belge —, grand artisan du rapprochement entre les organisations palestiniennes et les milieux néo-nazis des années 1950 aux années 1980 ; le célèbre banquier suisse François Genoud, légataire testamentaire d’Hitler et de Goebbels, qui consacrera l’essentiel de sa vie post-nazie à financer les mouvements terroristes et nationalistes arabes ennemis des Juifs (nassérisme, FPLP et OLP palestiniens, FLN algérien, Frères musulmans, etc.) ; enfin, l’un des artisans majeurs de la « synthèse islamo-nazie », Johann von Leers (14), l’ancien bras droit de Goebbels, responsable de la propagande antisémite sous le IIIè Reich. Devenu Omar Amin en Égypte après avoir été recruté par Nasser, qui le nommera responsable de la propagande anti-juive au Caire, Von Leers se convertira à l’islam au contact des Frères musulmans égyptiens. Son exemple continue d’inspirer tout un courant islamophile et pro-arabe d’extrême droite. C’est en sa mémoire que l’un des chefs de file actuels de la nouvelle droite européenne pro-islamiste, l’Italien Claudio Mutti, a choisi comme nom de conversion à l’islam celui d’Omar Amin. Aujourd’hui encore, ces trois emblèmes du flirt islamisto-nazi sont cités en référence par des jeunes militants néo-nazis qui voient dans l’alliance brun-vert la « seule chance de survie de l’Europe aryenne » face au danger représenté par les « ploutocraties occidentales » et par le « complot judéo-maçon ».

    C’est également en souvenir de la synthèse islamo-nazie du Grand Mufti de Jérusalem que des groupes néo-nazis européens ou américains saluent l’action anti-juive du Hezbollah ou du Hamas et la force guerrière de Ben Laden. Ainsi, dans le numéro de mai-juin 2002 de leur revue, Jusqu’à nouvel Ordre, les militants du GUD — qui séjournent régulièrement à Tripoli et à Damas, sur l’invitation du général révisionniste Mustapha Tlass, ministre de la Défense et éditeur local des Protocoles des Sages de Sion — vantaient l’alliance entre le Croissant et la croix gammée depuis l’époque du Grand Mufti jusqu’à nos jours. L’islamisme et le nazisme — lequel, ne l’oublions pas, se réfère au paganisme germain — communient en fait dans une même détestation de l’héritage judéo-chrétien de l’Occident. « Nos ennemis sont la coalition impérialiste américano-sioniste. Il est donc juste que nous soutenions ceux qui ont les mêmes ennemis que nous, c'est-à-dire les Palestiniens et les gouvernements libyen et irakien. Les islamistes représentent une force multiforme qui peut être une alliée contre l'impérialisme américano-sioniste » (15), explique l’un des idéologues de cette mouvance, Christian Bouchet, le rédacteur en chef de Lutte du Peuple, une revue qui exprime sa solidarité aussi bien avec les « martyrs » du IIIè Reich qu’avec ceux du Djihad islamique et du Hamas. « Europe et islam ont en commun leur ennemi principal (...), la Finance usurocratique. Si elle veut retrouver son autonomie, l’Europe doit chercher son inspiration et son guide dans la Loi divine, telle que conservée dans le livre d’Allah » (16), poursuit le fasciste italien converti à l’islam Claudio Mutti, alias Omar Amin. « Nous assistons à la progression constante de la seule force capable de résister à l’hégémonie occidentaliste : l’islamisme radical. Deux visions du monde s’affrontent. Il s’agit donc bien de choisir son camp (...). D’un côté, une vision libérale-consumériste (...). De l’autre, une vision religieuse, identitaire et holiste : l’islam (…). C’est donc à un véritable Djihad qu’Européens et musulmans sont conviés. Europe-islam, même combat », explicite un penseur de la Nouvelle Droite européenne, Arnaud Galtieri, disciple du philosophe d’extrême droite converti à l’islam René Guénon (17).

    Preuve de la dimension transnationale et européenne de la nouvelle orientation pro-islamiste de l’extrême droite (18), c’est à Londres qu’est basé l’un des principaux centres de prosélytisme islamiste, l’Islamic Council of Defence of Europe. Cette institution est animée par des anciens militants néo-nazis. À sa tête, on retrouve Tahir de la Nive, un Franco-Britannique converti à l’islam qui prône, à l’instar de David Myatt, l’islamisation générale de l’Europe comme seul « remède à la décadence et à l’impérialisme américano-sioniste » (19). Très respecté dans les milieux « nationaux-révolutionnaires », parmi les skinheads et au sein de la Nouvelle Droite, de la Nive, ancien moudjahid parti combattre les « infidèles » soviétiques dans les années 1980, préconise une sorte de « nationalisme islamique européen » et publie une revue bilingue français-anglais, Centurio, qui « traite des problèmes militaires dans le cadre de la philosophie islamique de la guerre ». Dans un récent ouvrage préfacé par Omar Amin et Christian Bouchet, Les Croisés de l’Oncle Sam, cet idéologue brun-vert appelle tous les militants néo-nazis à rejoindre l’islam révolutionnaire et dénonce toute forme de compromission avec les forces « diaboliques » de l’impérialisme américano-israélien. Autres figures centrales du fascisme anglais, les dirigeants de la World Union of National-Socialists — Colin Jordan, le « Führer » du National Socialist Movement anglais (NSM), et John Tyndall — entretiennent depuis 1988 des liens avec les milieux terroristes palestiniens ainsi qu’avec le régime de Mouammar Kadhafi. De son côté, le chef de l’English Nationalist Movement, Troy Southgate, a déclaré dans les colonnes du journal national-révolutionnaire franco-anglais W.O.T.A.N (Will of the Aryan Nations) : « En Palestine, la cruauté du sionisme est évidente et nous ne pouvons que sympathiser avec le peuple palestinien qui, tout comme nous-mêmes, a vu son pays souillé et dérobé par l’ignoble parasite qu’est la juiverie internationale. L’ENM salue le Hamas et soutient totalement sa lutte armée contre ceux qui se sont vicieusement emparés de l’héritage ancestral d’une nation entière» (20).

    Les cas de militants fascistes européens convertis à l’islamisme et liés à des organisations terroristes sont nombreux. Outre David Myatt et Tahir de la Nive au Royaume-Uni, qui ont mis leur expérience martiale au service du Djihad (21), on peut citer le cas d’Alessandro Karim Abdul Ghé (22), un ancien du groupe Ordine Nuovo — l’équivalent fasciste italien d’Ordre Nouveau en France — responsable de plusieurs attentats en Italie entre 1969 et 1973. Disciple du leader fasciste Franco Fredda, Karim Abdul Ghé est actionnaire d’Al Taqwa, une holding islamiste basée à Lugano et accusée après le 11 septembre par le département d’État américain d’avoir financé l’organisation de Ben Laden. Autres actionnaires et conseillers d’administration d’Al Taqwa : le converti italien Sante Cicarello, dirigeant de l’Union des communautés islamiques italiennes (UCOII) et Ahmed Huber. Cet ex-journaliste suisse néo-nazi converti à l’islam est l’un des plus actifs partisans du rapprochement brun-vert. Huber a séjourné à de nombreuses reprises à Téhéran, à l’époque de l’ayatollah Khomeiny, et il a maintenu de très bon rapports avec le gouvernement iranien (nombre de nazis voient dans les Iraniens les descendants des anciens « aryens »). Ses cassettes et discours politiques sont diffusés et vendus via Internet, notamment sur des sites bruns-verts comme Radio islam ou Aaargh.

     

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    LES PESTES DU SIECLE II

     

    Selon Alexandre del Valle l’alliance entre l’islamisme radical et l’extrême gauche s’est construite sur le terreau du tiers-mondisme et l’espoir révolutionnaire anti-occidental. Une convergence moins étrange qu’il ne semblerait puisque le communisme et l’islamisme partagent un même messianisme du pauvre triomphant du puissant et s’affranchissant, grâce à la foi, qu’elle soit dans la classe ou la mosquée, du monde.

    Le Rouge et le Vert

    L’alliance entre l’islamisme radical et l’extrême gauche, quant à elle, fut mise en place autour du projet tiers-mondiste et révolutionnaire de la Tricontinentale et du soutien à la « résistance palestinienne » durant les années 1970-80. Dans le contexte de la guerre froide et, surtout, à partir de l’accession d’Andropov à la tête de l’URSS, le but de la Tricontinentale était d’unir, autour de l’Union soviétique, les forces révolutionnaires marxistes de toutes tendances et les forces anti-occidentales du Tiers-monde, en particulier celles du monde arabe. Cette nouvelle coopération Est-Sud, via Cuba, sera le terreau de l’alliance islamo-marxiste qui n’a cessé de s’accentuer jusqu’au déclenchement de l’Intifada Al Aqsa, l’opération américaine en Afghanistan et la deuxième guerre du Golfe, moments clés de la réactivation de l’axe rouge-vert.

    Du point de vue doctrinal, il est vrai que l’islamisme et le communisme partagent un même universalisme conquérant et un même « messianisme des pauvres » : « Le bolchevisme combine les caractéristiques de la Révolution française avec celles de l'essor de l'islam. L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique, sociale et matérielle dont le seul but est d'étendre leur domination sur le monde », expliquait Bertrand Russell (23). L’âge d’or de l’alliance islamo-gauchiste sera à la fois incarné par les camps d’entraînement palestiniens du Liban (Bir Hassan, Tall al Zaatar, etc., dans lesquels des volontaires d’extrême Damnés de la terre gauche instruiront des futurs islamistes du mouvement Amal et des révolutionnaires iraniens) et par la révolution islamique iranienne, saluée dans un premier temps, par toute l’extrême gauche occidentale. Le flirt rouge-vert fut, en effet, particulièrement poussé au début de la révolution des mollahs : c’est l’imam Ali Shariati — traducteur des de l’idéologue révolutionnaire Frantz Fanon, proche de Jean Paul Sartre — qui apporta à Khomeiny, en 1978, la synthèse socialiste-islamiste d’où allait surgir la victoire symbolique de l’ayatollah : celui-ci sera, en effet, soutenu dans son entreprise par l’extrême gauche iranienne. C’est aussi à Shariati que l’on doit l’islamisation de la notion fanonienne « d’opprimés », devenue mustadhafines (« déshérités »). Les Feddayins du peuple, d’inspiration guevariste comme les Moudjahiddines du peuple — mouvement radical explicitement « islamo-marxiste » dont les membres, poursuivis en Iran, avaient trouvé refuge dans l’Irak de Saddam Hussein — s’inspireront de ces idées.

    Les convergences rouge-vert expliquent pourquoi des intellectuels de renom comme les philosophes Michel Foucault, Simone de Beauvoir ou Jean-Paul Sartre ont voulu voir en la révolution islamique de Khomeiny une « divine surprise qui rappelait quelque chose que l'Occident avait oublié, c'est-à-dire la possibilité d'une spiritualité politique » (Foucault, Corriere della sera, octobre 1978). Jacques Madaule, lui, décrira la révolution khomeinyste comme « une clameur venue du fond des temps, celle d’un peuple qui refuse une fois de plus la servitude, les chaînes que lui apporte l’étranger. » De la conversion de l’ex-marxiste Roger Garaudy au nouveau combat islamiste révolutionnaire de Carlos, les passerelles islamo-communistes seront pléthore, avec, comme dans le cas du lien entre l’islamisme et l’extrême droite, l’antisionisme et l’anti-américanisme en guise de traits d’union.

    Couplée avec la surmédiatisation du conflit israélo-palestinien — au détriment de tant d’autres conflits dans le monde —, cette attitude anti-américaine et antisioniste, à laquelle la guerre anglo-américaine contre Saddam et le soutien américain à Sharon ont donné une nouvelle vigueur, se trouve à l’origine d’une nouvelle vague de radicalisme anti-occidental qui va jusqu’à justifier l’option terroriste face à « l’impérialisme américain » ou au « fascisme israélien ». Au nom du syllogisme selon lequel l’Amérique et Israël incarneraient « le Mal absolu » dont les peuples arabo-musulmans du Tiers-monde seraient les « victimes par essence », c’est finalement l’islamisme anti-occidental et antisioniste qui apparaît, pour les champions rouges de la cause palestinienne et tiers-mondiste, comme la nouvelle « voie anti-impérialiste » par excellence. D’où l’appel de certains d’entre eux à soutenir les Talibans, le Hezbollah ou Al Qaïda, un appel relayé par nombre de groupes révolutionnaires et terroristes d’extrême gauche : de l’Armée rouge japonaise (qui connaît de plus en plus de convertis à l’islam) à l’Italie des Brigades rouges en passant par la nébuleuse de Carlos. Dans son récent ouvrage d’entretiens, le célèbre terroriste pro-palestinien explique que « l’islam a acquis une irréversible dimension politique et révolutionnaire, laquelle, depuis l’effondrement du camp socialiste, est devenue la principale force de transformation active des sociétés et de lutte anti-impérialiste » (24). Déjà, peu après les attentats anti-américains perpétrés en 1998 par Al Qaïda en Afrique, Ilich Ramirez Sanchez déclarait au journal Jeune Afrique : « L’agression impérialiste vise à (...) ralentir l’expansion de l’islam (...) en s’attaquant à Oussama Ben Laden et à décapiter le renouveau wahhabite. Celui-ci est sur le point de balayer les usurpateurs du Nejd et du Héjaz et de libérer les Lieux Saints (...) et la Palestine. (...). Les attentats [d’Al Qaïda] sont dans la continuité historique des nôtres, commencés il y a un quart de siècle sur terre, mer et dans les airs contre les sionistes » (25)…

    Quant aux Brigades rouges italiennes réapparues, ces dernières années, de l’autre côté des Alpes sous les noms de Parti Communiste Combattant (BR-PCC) et Nuclei Territoriali Anti-imperialisti (NTA), elles ont également créé la surprise en appelant les révolutionnaires du monde entier à rejoindre le terrorisme islamiste, saluant « l’action héroïque d’Al Qaïda contre l’impérialisme américain ». Dans un document de mars 2003 qui revendiquait, dans le plus pur style marxiste, l’assassinat du conseiller du ministre du Travail Massimo D’Antona, Nadia Desdemona Lioce, l’un des cerveaux de l’organisation, invitait les « masses arabes et islamiques expropriées et humiliées, alliées naturelles du prolétaire métropolitain », à « prendre les armes au sein d’un axe unique et international aux côtés du Front Combattant anti-impérialiste face à la nouvelle offensive des gouvernements bourgeois» (26). Desdemone Lioce appelait à tirer les conclusions « politico-militaires » de « l’agression sionisto-américaine contre l’Irak » (27) en laquelle elle voyait « une volonté impérialiste d’abattre le principal obstacle à l’hégémonie sioniste » et « d’anéantir la résistance palestinienne ». Depuis qu’elles ont pris le parti des Talibans et d’Al Qaïda, les Brigades rouges n’ont cessé de se solidariser avec les fondamentalistes de l’islam tandis que, durant la guerre contre le régime de Saddam, elles ont appelé à « contrer par tous les moyens les visées israélo-anglo-américaines ». En France, lors du démantèlement, en 1995, du réseau Chalabi — l’un des plus importants réseaux islamistes algériens de la région parisienne —, on avait déjà découvert que l’un des instructeurs du groupe était un ancien des Brigades rouges italiennes converti à l’islam salafiste des GIA, Rémy Pouthon, alias « Youssef ».

    Des Rouges-Verts aux anti-mondialistes

    Bien que les principaux partis et les grandes organisations alter-mondialistes aient souvent dénoncé le fondamentalisme islamiste, des opinions pro-islamistes sont de plus en plus couramment exprimées au sein de la nébuleuse trotskiste. Exemple : la position défendue par Luiza Toscane, animatrice du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie, qui expliquait, dans Rouge, l’hebdomadaire de la LCR, qu’« il ne faut pas conspuer l’islam en vain car l’islamisme conteste la domination du Nord sur les plans militaire, culturel et idéologique » (28). Le mouvement Socialisme par en bas est, pour sa part, clairement partisan de l’option islamiste. Dans son texte Le Prophète et le prolétariat, Chris Harman, dirigeant de la maison-mère anglaise de ce réseau, le Socialist Workers’ Party, tente d’absoudre les « mouvements de masse islamistes en Algérie ou en Égypte » en arguant qu’ils ne « sont pas prioritairement dirigés contre les organisations ouvrières et ne proposent pas leurs services aux fractions dominantes du capital » (29).

    Depuis la première guerre du Golfe, la dénonciation de la campagne de George W. Bush contre « l’axe du Mal », couplée au thème du « martyre » des Palestiniens, est devenue l’un des principaux pivots autour desquels tourne l’axe rouge-brun-vert. Déjà, en 2001, à Paris, lors des manifestations anti-américaines provoquées par l’opération antiterroriste en Afghanistan, les militants d’extrême gauche avaient exprimé leur rejet de « l’impérialisme américain » en scandant « Ni Bush ni Sharon ». Depuis le déclenchement de la deuxième Intifada Al Aqsa, en 2000, l’Europe occidentale a passivement assisté à la montée d’une nouvelle forme ré-islamisée d’antisémitisme, sous couvert d’antisionisme et de lutte contre le «racisme sioniste et le fascisme de Sharon » (30). C’est ainsi que le spectacle inquiétant de jeunes musulmans fanatisés contre Israël et les Juifs et criant publiquement « mort aux Juifs » lors de manifestations « antisionistes » aux côtés d’organisations pro-palestiniennes d’extrême gauche, est désormais devenu banal (31). Pareils appels au meurtre réapparaîtront durant tout l’hiver 2002-2003 lors des manifestations « pour la paix en Irak », ponctuées de slogans pro-palestiniens scandés par des participants arborant des portraits de Saddam Hussein, des drapeaux du Hezbollah et même des tee-shirts à l’effigie de Ben Laden.

    Les manifestations de haine anti-américaine et anti-israélienne organisées par les « No Global » rejoignent souvent celles des mouvances trotskistes et d’extrême gauche — organisations avec lesquelles la nébuleuse alter-mondialiste demeure structurellement liée. Elles convergent dans un même radicalisme américanophobe et israélophobe exprimé de façon récurrente par des personnalités médiatiques comme José Bové, le destructeur de Mc Donald’s et pourfendeur de la « malbouffe » américaine, ou encore le prix Nobel de littérature portugais José Saramago, les économistes américain Jeremy Rifkin et égyptien Samir Amin et l’écrivain canadien Naomi Klein, dont l’ouvrage No Logo constitue l’un des textes de référence du mouvement.

    Le mouvement anti-mondialisation est composé de plusieurs tendances différentes qui se réclament en général de la gauche radicale. On y retrouve aussi bien le « sem-terra » brésilien Joâo Pedro Stedile que le linguiste américain Noam Chomsky ou encore le « primitiviste » américain John Zerzan. Quatre grandes tendances sont à distinguer à l’intérieur des No Global :

    — les anarchistes, les « sans-maison », les « sans-terre » et les « indigénistes », qui se réfèrent souvent à la figure emblématique du « sous-commandant zapatiste Marcos ;

    — les ONG écologistes ou « environnementalistes » (Greenpeace, Amis de la Terre, World Wide Foundation), et les associations de lutte contre la spéculation financière (comme ATTAC, émanation, entre autres revues et syndicats proches de l’extrême gauche, du Monde Diplomatique) ;

    — les milieux religieux progressistes inspirés de la théologie de la libération de Léonardo Boff et Frei Betto ; les mouvances catholiques anti-sionistes de gauche, représentées par Emmaüs (l’organisation de l’abbé Pierre) ou encore le journal Témoignage Chrétien ;

    — les organisations trotskistes et libertaires d’extrême gauche. Voilà qui explique le fait que Toni Negri, ex-idéologue des Brigades rouges, soit l’un des leaders des No Global.

    Après les contre-sommets de Seattle, Göteborg et Davos, c’est à Gênes, en juillet 2001, que le mouvement anti-mondialisation a bénéficié de la mobilisation la plus intense, le gouvernement de droite formé par Silvio Berlusconi en mars 2001 ayant été choisi comme cible privilégiée en raison de son pro-américanisme et de l’alliance du parti de Berlusconi, Forza Italia, avec l’Alliance nationale de Gianfranco Fini. En décembre 2002, le Forum social européen (FSE) de Florence s’est achevé par une imposante manifestation anti-américaine « pour la paix » à laquelle se joignirent la plupart des organisations d’extrême gauche, de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) au parti Refondation communiste en passant par les Verts de la puissante Legambiente. Partout était brandie l’effigie de Che Guevara qui, de symbole de la lutte armée en 1960, s’est étonnamment mué en « héros de la Paix ». Alliance similaire du côté du Forum social grec, formé en 2002 et présent au Forum de Florence. Là, c’est aux côtés de la Coalition de Gauche et du Progrès (Synaspimos), héritière d’une scission du parti communiste (KKE), que les alter-mondialistes hellènes ont réuni, dans un grand concert d’anti-américanisme, les différentes mouvances protestataires issues aussi bien des rangs « antiracistes », féministes et écologistes que du front syndical Pame. Plus récemment, c’est l’islamiste Égypto-suisse Tariq Ramadan, figure charismatique des Frères musulmans en Europe, qui tentait une percée à l’intérieur du mouvement No Global européen (32).

    Négationnisme, anti-américanisme et antisionisme :
    les trois pivots de l’axe rouge-brun-vert européen

    Certes, au départ, ces deux alliances paradoxales — rouge-vert et brun-vert — ont été totalement indépendantes. Mais elles ont fini par évoluer vers un triptyque rouge-brun-vert que fédèrent deux questions transversales : le « palestinisme » et le négationnisme. À lui seul, ce courant de pensée radical — qui consiste à délégitimer l’État d’Israël en accusant les « sionistes » d’avoir inventé les chambres à gaz pour accélérer la création de l’État juif — incarne l’axe rouge-brun-vert et assemble les protagonistes les plus divers.

    La rhétorique négationniste est, en effet, transversale par essence. Elle fut initiée dans les années 1950 en Égypte par le dignitaire nazi néo-musulman Johann von Leers, relayée en France par la revue néo-fasciste Défense de l’Occident de Maurice Bardèche (33), puis relookée dans toute l’Europe (particulièrement en France et en Italie) par l’ultra-gauche trotskiste et maoïste (Vieille Taupe en France, mouvement bordighiste en Italie) — le but étant, pour les gauchistes, de faire passer l’antifascisme au second plan afin de pouvoir concentrer leurs attaques sur « l’État bourgeois capitaliste » et l’« impérialisme américain ».

    Les thèses négationnistes seront récupérées par l’extrême droite durant les années 1980-90 et, enfin, par la nébuleuse islamiste radicale, toujours au nom de la sacro-sainte cause palestinienne. L’éditeur révisionniste français Pierre Guillaume, l’une des figures du rapprochement brun-vert, qui se vante d’entretenir des relations cordiales avec Carlos, n’a cessé de nouer des liens avec les milieux islamistes radicaux. Incarcéré à la prison de la Santé, où Guillaume lui fait parvenir sa revue, le terroriste sud-américain a d’ailleurs félicité l’éditeur pour son activisme « antisioniste ». On rappellera également la longue amitié qui lia Carlos au banquier nazi François Genoud (34).

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    LES PESTES DU SIECLE III

     

    Alexandre del Valle dans cette dernière partie de son texte «Les rouges, les bruns et les verts, ou la convergence des totalitarismes» nous livre une analyse intéressante des convergences existant entre les islamistes radicaux et les anti-sémites. La boucle est ainsi bouclée et les totalitarismes trouvent, dans l’islamisme nihiliste et radical un nouveau moyen d’expression leur permettant de laisser libre cours à leur haine raciale et de classe.

    Le rôle central de Roger Garaudy

    En Suède, l’alliance rouge-brun-vert est incarnée par l’organisation de l’opposant islamiste marocain Ahmed Rami, président de l’Union islamique suédoise. Maître d’œuvre de la connexion islamiste-négationniste en Europe, Ahmed Rami publie Les Protocoles des Sages de Sion et développe l’idée selon laquelle « l’islam se trouve actuellement sur la première ligne de front dans la résistance contre la domination juive et peut aujourd’hui apporter les réponses aux problèmes posés par la faillite de l’hégémonie juive occidentale » (35). Sur le site Internet de Rami, Radio islam, les révisionnistes Serge Thion et Robert Faurisson tiennent des tribunes régulières dans lesquelles ils font l’éloge du groupe terroriste Djihad islamique. Ahmed Rami collabore également avec Ernest Zündel (36), le chef de file du mouvement négationniste néo-nazi au Canada, ainsi qu’avec le révisionniste Ditlieb Felderer en Suède, membre du Congrès de Malmö (37). Dans une rhétorique empruntée à l’extrême gauche, Rami explique que « l’Occident n’a aucun intérêt à soutenir Israël, qui constitue le dernier colonialisme archaïque et le dernier apartheid. Le soutien contre nature de l’Occident à Israël est le fait du pouvoir illégitime de la mafia sioniste qui décide de la politique intérieure et extérieure de tous les pays occidentaux » (38). Et Rami de citer Roger (« Raja ») Garaudy comme référence suprême de la « résistance occidentale ».

    Ce célèbre philosophe ex-communiste et converti à l’islam depuis les années 1980 a joué un rôle considérable dans le rapprochement rouge-brun-vert. Ses écrits négationnistes, antisionistes et américanophobes ont réuni des personnalités aussi opposées au départ que les révisionnistes Serge Thion et Robert Faurisson (issu des rangs de l’extrême gauche avant d’être récupéré par l’extrême droite et les islamistes), les militants « nationaux-bolchéviques » et néo-nazis et les antisionistes radicaux de l’ultra-gauche trotskiste, maoïste et bordighiste (39). Nouvelle figure de proue du négationnisme, Garaudy, dirigeant d’une organisation nommée Retour à l’islam, a reçu un soutien enthousiaste du monde arabo-musulman (ce qui avait également été le cas pour d’autres négationnistes, comme Robert Faurisson (40)). Interdit dans de nombreux pays occidentaux, son ouvrage Les Mythes fondateurs de la politique israélienne se diffusera comme une traînée de poudre en terre d’islam : avec des centaines de milliers d’exemplaires vendus, Les mythes fondateurs est un best-seller dans le monde arabe. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que Garaudy ait été reçu en héros à la Foire internationale du livre du Caire, le 15 février 1998. Il profitera de cette occasion pour dénoncer devant des centaines d'intellectuels « le pouvoir sioniste qui contrôle 95 % des médias occidentaux » (41). Pendant son procès, en février 1998 (au terme duquel il sera condamné à neuf mois de prison avec sursis et 160 000 francs d'amende pour contestation de crimes contre l'humanité et diffamation raciale) il recevra l’appui non seulement de militants d’extrême gauche et d’activistes révisionnistes néo-nazis, mais aussi de dizaines d’intellectuels et de journalistes islamistes et arabes. Les religieux iraniens s’indigneront que l’on puisse à la fois traîner en justice le « pauvre philosophe musulman Roger Garaudy » et protester contre la fatwa visant l’auteur des Versets sataniques (42). Le syndicat des journalistes égyptiens prendra officiellement la défense de Garaudy en déclarant qu’il allait être « jugé conformément à une loi antidémocratique [la loi Gayssot] qui interdit la liberté de recherche sur certains aspects de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale » (43). Des pays musulmans les plus sécularisés aux républiques ou monarchies islamiques les plus fondamentalistes, l’engouement pour les thèses négationnistes de Garaudy — qui viennent renforcer une propagande pro-palestinienne en pleine radicalisation — est immense. Récipiendaire, en1985, du Prix islamique Fayçal remis par le roi saoudien en remerciement de son action en faveur de l’islam, Garaudy est intronisé nouvel héraut de la cause antisioniste (44). Philosophe communiste devenu musulman et adulé par l’extrême droite, Roger Garaudy incarne à lui seul le pivot révisionniste autour duquel convergent les trois totalitarismes rouge, brun et vert au nom d’identiques détestations et haines obsessionnelles. Une convergence néo-totalitaire d’autant plus inquiétante que les cautions morales, philosophiques et même ecclésiastiques de Garaudy sont des « autorités progressistes » aussi populaires que Noam Chomsky, l’abbé Pierre, José Bové ou Tariq Ramadan : toutes ces personnalités ont défendu l’auteur des Mythes fondateurs, chacune à sa façon, dans des samizdats, des colloques, des sites Internet, des appels au soutien, des comités de défense, etc.

    Le cas russe : une alliance rouge-brun-vert décomplexée

    En Russie, l’un des principaux mouvements islamistes, le Parti de la Renaissance islamique (PRI) de Gueïdar Djemal, s’est également rapproché des milieux révisionnistes, ultra-nationalistes, anti-américains et antisionistes qui se qualifient eux-mêmes de « bruns-rouges » : il s’agit principalement de la mouvance d’Edouard Limonov (45), chef de file du Parti national-bolchévique, et du Front du Salut Russe (Sobor), un « bloc national-communiste » réunissant des ultra-nationalistes d’extrême droite et des nostalgiques du communisme soviétique dont le représentant est le général Alexandre Sterligov. C’est ce qui explique que Gueïdar Djemal, tout en étant un islamiste radical affiché, dispose d’une tribune régulière dans les colonnes du journal ultra-nationaliste russe Zavtra, lui-même influencé par les thèses eurasiennes et national-bolcheviques (46)… Elément essentiel du puzzle rouge-brun-vert russe : les néo-communistes ultra-nationalistes et anti-occidentaux de Guennadi Ziouganov, le chef du PC qui se pique de géopolitique et n’hésite pas à proposer une alliance avec l’islamisme radical pour contrer la domination de la civilisation occidentale et des États-Unis (47). L’école eurasienne, dont se réclament Djemal, Ziouganov et les autres « rouges-bruns » russes, considère que « l’islam fondamentaliste, avec son anti-matérialisme, son refus du système bancaire, de l’usure internationale, du système de l’économie libérale, est un allié. Les seuls ennemis géopolitiques des Russes et des musulmans sont les États-Unis et leur système libéral, cosmopolite, anti-religieux, anti-traditionnel » (48), écrit l’un des idéologues de cette mouvance, le géopoliticien Alexandre Douguine (49), président du mouvement Evrazija et de l’Association d’études géopolitiques, qui édite la revue Elementy, calquée sur celle de la Nouvelle Droite européenne d’Alain de Benoist, Eléments. À l’instar des idéologues nazis Claudio Mutti ou David Myatt, Geïdar Djemal explique que l’islam est la seule solution qui permettrait à la Russie « d’enrayer son processus de décadence nationale provoqué par l’impérialisme occidental ».

    Férocement antisioniste et antisémite, Gueïdar Djemal salue pêle-mêle le Hezbollah, le Hamas, l’Armée Rouge japonaise, l’IRA, Action directe et Carlos, « aucun compromis » n’étant selon lui possible avec l’État « terroriste » d’Israël. Pour lui, « l’holocauste n’est qu’une arme de l’ordre mondial visant à écraser la seule opposition réelle au sionisme qu’est l’islam » (50). C’est dans cette même optique que fut organisée le 2 novembre 2001 à Moscou, sur la place Pouchkine, la manifestation « russo-islamique vert-rouge » contre le bombardement de l’Afghanistan par les États-Unis. Parmi les forces politiques présentes : le Mouvement de la gauche russe (marxiste-léniniste, anti-américain et tiers-mondiste), les « anti-mondialistes » de Boris Kagarlitsky, les nationaux-bolcheviks et le PRI de Djemal. Aux cris de « ne touchez pas à l’islam », les manifestants saluèrent la présence du Mufti Nagigoula Achirov, chef de la Direction spirituelle (DSM) de la Russie asiatique et du Mufti des musulmans d’Orenbourg, Islamïl Shangarïev. Dans son discours, Gueïdar Djemal rappela que l’ayatollah Khomeiny avait renversé le Chah d’Iran grâce à l’alliance entre les islamistes chiites et les communistes, que le Hezbollah fut l’allié du FDLP face « aux métastases israéliennes » et que nombre de dirigeants talibans avaient été, jadis, d’anciens cadres marxistes… Bien entendu, durant l’hiver 2002-2003, les rouges-bruns-verts russes ont organisé d’autres manifestations anti-américaines au cours desquelles les « intégristes sionistes » comme Paul Wolfowitz étaient accusés d’être les responsables de la politique « criminelle » conduite par George W. Bush.

    Une rhétorique en voie de banalisation

    En ce qui concerne l’extrême droite, sa position anti-américaine et pro-arabe a été adoptée dans un double but : élargir son électorat en apparaissant comme « anti-raciste » — puisque pro-arabe — tout en recyclant l’antisémitisme (toujours porteur électoralement) non pas à travers une rhétorique judéophobe explicite mais, au contraire, via une « solidarité » toute progressiste envers les « victimes » arabo-musulmanes « des manigances des Juifs ».

    Quant aux partis d’extrême gauche, aux mouvements anti-mondialisation et à la gauche anti-impérialiste en général, ils semblent avoir troqué leur anticléricalisme et leur athéisme militant traditionnels contre un communautarisme pro-islamique qui traduit leur volonté de capter de nouveaux électorats « prolétaires » et « déshérités » originaires du Tiers-monde — et cela, à l’heure où le marxisme orthodoxe, vaincu par l’Histoire, séduit moins. Cette réorientation est favorisée par le contexte géopolitique mondial qui voit le nationalisme arabe — jadis allié de l’URSS — être récupéré par l’islamisme révolutionnaire transnational (lequel n’est qu’une version islamisée de l’internationalisme révolutionnaire marxiste). Encore une fois, le terroriste et idéologue marxiste-révolutionnaire par excellence que fut Carlos exprime parfaitement cette mutation : « Oussama Ben Laden, en tenant tête aux impérialistes yankees, est devenu le héros de tous les opprimés, qu’ils soient musulmans ou non (...).Aujourd’hui, il faut aux hommes un nouvel internationalisme, puissamment unificateur, qui fusionne l’idéal moral et la dimension sacrée avec l’architecture conceptuelle et théorique du mouvement social révolutionnaire (...) » (51).

    Les deux guerres anglo-américaines contre le régime de Saddam ; la politique conduite par Ariel Sharon avec le soutien de Washington ; la vaste opération de représailles consécutive au 11 septembre et ayant abouti à la défaite des Talibans : ces différents épisodes de l’après-guerre froide n’ont cessé de cristalliser les ressentiments anti-américains des « révolutionnaires» de tout poil, des « anti-impérialistes » d’extrême gauche aux anti-sionistes d’extrême droite en passant par les incontournables « No Global », pourfendeurs de l’« unilatéralisme américain ». Étonnamment, la mobilisation anti-américaine et anti-guerre avait été beaucoup moins suivie lors de la guerre du Kosovo, en 1999 opération pourtant comparable à bien des égards à l’opération anti-Saddam de 2003. En France par exemple, seuls l’extrême droite, l’extrême gauche, les souverainistes, des intellectuels indépendants et quelques ultra-pacifistes avaient critiqué l’intervention de l’Otan conduite sans l’aval de l’ONU ; quant aux masses de jeunes et aux partis modérés, ils étaient soit restés muets, soit avaient carrément pris position en faveur de la guerre.

    À la lumière de notre grille de lecture qui met en lumière la force d’attraction particulière des contestations fondées sur la légitimité islamique et la victimologie arabo-palestinienne, il n’est pas surprenant que les victimes afghanes, irakiennes et palestiniennes des Satans américain et israélien suscitent davantage de compassion que les victimes yougoslaves de la diplomatie washingtonienne. Les Serbes — à la différence des Bosniaques musulmans — étaient bien trop semblables aux Occidentaux judéo-chrétiens pour susciter la compassion des nouveaux tiers-mondistes.

    Occasion d’une victoire inespérée pour les Rouges, les Bruns et les Verts, la crise irakienne a permis de redorer le blason des postures antisionistes et anti-américaines les plus bellicistes, de démocratiser et même de rendre respectables les positions les plus extrêmes. Elle a redonné, directement ou indirectement, une nouvelle légitimité populaire et médiatique aux vieilles rancœurs totalitaires. Aussi peut-on prendre au sérieux le satisfecit délivré depuis sa prison de la Santé par Ilich Ramirez Sanchez : l’idéal révolutionnaire anti-impérialiste n’est pas mort. Au-delà même des embrigadements totalitaires rouges bruns et verts, il pénètre désormais le champ, jadis réfractaire, du politiquement correct et de la bien-pensance. L’anti-occidentalisme le plus outrancier est désormais banalisé, toléré, voire même souvent accepté dès lors qu’il se décline rhétoriquement en anti-américanisme et en antisionis

    me défensifs. S’il en fallait une preuve, les récentes déclarations du dirigeant malaisien Mahathir Mohamad— pourtant réputé ennemi des islamistes — dans lesquelles il appelait de ses vœux une sorte de révolution islamique anti-occidentale et dénonçait le « complot judéo-maçonnique mondial », en ont été la manifestation éclatante : certains chefs d’État occidentaux présents lors du sommet de l’OCI de Putrajayal du 19 octobre 2003, n’ont même pas jugé bon de s’en indigner (52) !

    Véritable bombe géopolitique et civilisationnelle risquant d’embraser le monde et de conforter le clash des civilisations entre l’islam et l’occident que les Rouges, les Bruns et les Verts appellent de leurs vœux pour mener à bien leurs révolutions respectives, l’Irak est devenu la nouvelle destination du Djihad des islamistes du monde entier (vétérans d’Afghanistan, de Tchétchénie, de Bosnie, moujahiddines arabes, etc.). Plus que jamais, les Occidentaux doivent se montrer déterminés et unis pour faire face à la nouvelle offensive d’Al Qaïda et pour rétablir la paix et la stabilité tant en Irak que dans les territoires occupés (car « la route de Bagdad passe par Jérusalem », dit un dicton arabe). Les terribles attentats anti-juifs et anti-britanniques perpétrés à Istanbul, les 15 et 20 novembre 2003, ont servi d’avertissement sanglant aux Occidentaux : le récent repli des forces vives d’Al Qaïda vers l’Irak — pays frontalier de la Turquie , donc d’un candidat à l’entrée dans l’Union européenne — signifie que les terroristes islamistes cherchent à investir le ventre mou méditerranéen et à profiter de la perméabilité à leur propagande d’une Turquie ré-islamisée. Les Européens ne peuvent plus se permettre de conduire la politique de l'autruche : le danger n'a jamais été aussi pressant.

     

    (1) Voir son livre d’entretiens : Carlos, L’Islam révolutionnaire, textes et propos présentés par Jean Michel Vernochet, Éditions du Rocher, Paris, 2003.

    (2) Carlos, op. cit, p. 96.

    (3) Alain Gresh, Tariq Ramadan, L’Islam en questions, Sindbad-Actes Sud, 2000, p. 29.

    (4) Carlos, in Jean Michel Vernochet, op. cit., p. 91.

    (5) Voir la page Internet de David Myatt : http://www.geocities.com/davidmyatt/

    (6) Amardeep Bassey, « Midland Nazi turns to Islam », 16 février 2003, IC Birmingham. Icnetwork.

    (7) Le Monde, 6 mars 2003.

    (8) Adolf Hitler déclare dans son « Testament », rapporté par Martin Bormann : « Tout l'islam vibrait à l'annonce de nos victoires. [...]. Que pouvions-nous faire pour les aider […], comme c'eût été notre intérêt et notre devoir ? La présence à nos côtés des Italiens […] créait un malaise chez nos amis de l'islam, [elle nous] a empêché de jouer l'une de nos meilleures cartes : soulever les pays opprimés par les Britanniques. Cette politique aurait suscité l'enthousiasme dans tout l'islam. C'est en effet une particularité du monde musulman que ce qui touche les uns, en bien ou en mal, y est ressenti par tous les autres. […] Les peuples régis par l'islam seront toujours plus proches de nous que la France, en dépit de la parenté du sang »… Testament d’Hitler, Quartier général du Führer, 4 février au 2 avril 1945, préface de François Genoud.

    (9) Christophe Bourseiller, La nouvelle extrême droite, Éditions du Rocher, , p. III.

    (10) Christophe Bourseiller rappelle que « l’un des leaders historiques du mouvement terroriste des Brigades rouges italiennes, Renato Curcio, a démarré sa carrière politique dans la mouvance Jeune Europe », liée au GRECE. La nouvelle extrême droite, op. cit., p. 115.

    (11) Communiqué diffusé aux membres du GRECE par Alain de Benoist, président de ce même groupement, le 20 mars 2003.

    (12) Citons le voyage de membres de l’association SOS Enfants d’Irak, dirigée par Jany Le Pen, l’épouse du président du Front National français (2 février 2003). Ce pèlerinage suivait de peu celui organisé à l’initiative de l’Association des amitiés franco-irakiennes, dirigée par l’écrivain souverainiste radical Philippe de Saint-Robert et l’activiste néo-fasciste Gilles Munier (12 janvier 2003). Nommée « Un avion pour l’Irak », l’opération fut organisée en coopération avec l’ONG Enfants du Monde. Gilles Munier a assuré la traduction en France de la première « œuvre littéraire » de Saddam Hussein, Zoubeida et le roi (Éditions du Rocher). Cet ancien membre du GRECE écrit dans Nation européenne, organe du mouvement nationaliste-révolutionnaire Jeune Europe. C’est de cette organisation à coloration néo-fasciste et violemment anti-israélienne qu’est issu le premier militant européen mort dans les rangs du Fatah ; et n’oublions pas les récurrentes visites de l’Autrichien Jorg Haïder à Bagdad. 

    Remarquons également que d’autres courants de l’extrême droite européenne furent au rendez-vous de Bagdad en février 2003, notamment des anciens militants du GUD (Groupe Union Défense, mouvement néo-nazi estudiantin français) ; des animateurs du quotidien italien Rinascita, venus manifester devant le siège des inspecteurs de l’ONU à Bagdad ; le Movimiento Social Republicano espagnol ; le Mouvement pour la Nation belge ; ou encore le réseau radical français (anciennement Unité radicale, groupuscule dissous après l’attentat commis par l’un de ses membres, Maxime Brunerie, contre Jacques Chirac, le 14 juillet 2002). Dénonçant en chœur l’« agression impérialiste en Irak », ces organisations ont tenu à souligner « les importants points de convergence entre l’idéologie baasiste et le nationalisme révolutionnaire ». Voir « Des soutiens d’extrême droite pour Saddam Hussein », Actualité Juive, 13 février 2003.

    (13) Voir le site de David Myatt : http://www.geocities.com/davidmyatt/

    (14) Membre du parti national-socialiste et de la SS, protégé d’Alfred Rosenberg, Johannes Von Leers devint un ami personnel du Mufti de Jérusalem. Cf. Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, Ramsay, 1977, p. 450.

    (15) Christian Bouchet, « Pourquoi avoir créé Unité Radicale », article par sur l’ancien site d’Unité radicale, aujourd’hui fermé.

    (16) Il musulmano, janvier-février 1994.

    (17) Cf. Vouloir (revue de géopolitique belge proche de la Nouvelle Droite), numéro spécial islam, juillet 1992. René Guénon, philosophe traditionaliste converti à l’islam,  a été l’inspirateur majeur des convertis et des défenseurs de l’islamisme radical au sein de l’extrême droite européenne.

    (18) Voir l’ouvrage de Christophe Bourseiller, La nouvelle extrême-droite. Op. cit.

    (19) Cf Alexandre del Valle, Le Totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties, Paris, Syrtes, 2003.

    (20) Troy Southgate, entretien en anglais au journal W.O.T.A.N, N°10, février 1997. Voir aussi W.O.T.A.N sur Internet : http://www.geocities.com/CapitolHill/2286.

    (21) Expert en arts martiaux et en actions commando, Myatt est l’auteur de plusieurs manuels de terrorisme.

    (22) « Il ruolo del nazista Ahmed Huber », Corriere della Sera, 25 novembre 2001.

    (23) Bertrand Russell, Theory and practice of Bolshevism, Londres, 1979, pp., 5- 29-114.

    (24) Carlos, in Jean Michel Vernochet, op. cit., p. 92.

    (25) « Carlos : Les Américains, Ben Laden et moi », Jeune Afrique, N°1966, 15-21 septembre 1998.

    (26) Communiqué de revendication de l’assassinat de Massimo D’Antona, 22 mars 2003. Nadia Desdemona Lioce fut arrêtée le 2 mars 2003 à la suite d’une fusillade survenue dans le train Rome-Florence et rédigea ce texte en prison.

    (27) Ibid.

    (28) La Repubblica, 25 mars 2003.

    (29) Texte cité dans : « Extrême gauche et islamisme : du rejet à la compréhension », Actualité Juive, 13 février 2003.

    (30) Cf. les ouvrages de Pierre-André Taguieff, La nouvelle judéophobie, 2002 ; Emmanuel Brenner, Les territoires perdus de la République, Mille et une nuits, 2002 ; Shmuel Trigano, L’ébranlement d’Israël, Seuil, 2002.

    (31) Cf. « Comment les jeunes beurs sont gagnés par la judéophobie », Le Monde, 12 avril 2001.

    (32) Malgré une polémique déclenchée au sein du mouvement ATTAC, qui pilote le FSE, Ramadan a finalement été intégré au sein du mouvement et animait, le 15 novembre au matin, à Évry, une table ronde du Forum social européen consacrée à « l’islamophobie ».

    (33) Éditée en France par de Fallois.

    (34) En hommage aux martyrs musulmans et aux milieux païens néo-nazis, Carlos écrira à ce dernier, peu avant sa mort, le 18 mars 1995, depuis sa prison de la Santé à Paris : « Si jamais nous nous rencontrons encore, nous atteindrons le Walhalla des révolutionnaires et nous partagerons des moments de complicité avec nos chers martyrs disparus » (le Walhalla étant le paradis des Vikings auquel se référaient les idéologues nazis).

    (35) Voir le site www.radioislam.com.

    (36) Ernst Zündel est lié à Ditlieb Felderer en Suède et à Robert Faurisson en France. Tous deux l’ont soutenu lors de son procès pour révisionnisme et incitation à la haine raciale en janvier 1995.

    (37) Né en 1941, Ditlieb Felderer, alias Wiliam Clover, est l’un des animateurs du Journal of Historical Review, basé en Californie. En Suède, il édite un périodique antisémite, Jewish Information.

    (38) Ibid.

    (39) Dans la revue de la Vieille Taupe, l’éditeur révisionniste Pierre Guillaume explique, sous le titre explicite « Contre la Guerre impérialiste américaine et le bellicisme sioniste », que la guerre américaine en Irak est le « résultat d’un complot sioniste » et que l’on retrouve parmi les organisateurs de la cérémonie d’août 2002 commémorant la déportation à Auschwitz de milliers de Juifs de France, « ces mêmes personnalités sionistes fanatiques qui ont milité en faveur de la première guerre du Golfe (1991), [et qui] soutiennent aujourd’hui les projets monstrueux de George W. Bush d’occupation de l’Irak qui peuvent déclencher une troisième guerre mondiale ». Cf. « Contribution à la définition de l’unité des programmes révolutionnaires », Cercle des derniers Zimmerwaldiens et Kienthaliens, Vieille Taupe,  janvier 2003.

    (40) À l’occasion de la première guerre du Golfe, Robert Faurisson a écrit au recteur de la mosquée de Paris d’alors, Tedjini Haddam, pour lui exprimer son « soutien au peuple arabe opprimé par l’impérialisme américano-sioniste », ainsi qu’à l’ambassadeur d’Irak. Il joint à sa lettre le premier numéro de la Revue d’Histoire révisionniste (où figure un article du Tunisien Mondher Sfar, auteur du Manifeste judéo-nazi d’Ariel Sharon, 2001), ainsi qu’une déclaration à faire signer par les intellectuels et les responsables musulmans. Faurisson assure « être sensible à l’épreuve particulièrement tragique endurée par l’Irak », ainsi qu’au sort de « tous les peuples du monde arabo-musulman [...] à l’exception peut-être de la communauté juive, en Israël et hors d’Israël, qui a tant œuvré pour qu’éclate cette guerre », lettre envoyée à l’ambassadeur d’Irak, 18 janvier 1991, site révisionniste Aaargh : http://aaargh-international.org/

    (41) Cf. Le Monde, 18 février 1998.

    (42) Cf. Libération, 16 février 1998.

    (43) Cité in Valérie Igounet, Histoire du négationnisme, p. 481.

    (44) En France, une publication islamique chiite francophone, financée par Téhéran, Le Message de l’islam, prend sa défense : « Garaudy n'a jamais remis en question l'existence des chambres à gaz ; les sionistes font là un mauvais procès à Garaudy, car la seule chose que l'auteur conteste, c'est le nombre de juifs exterminés », juin 1996, p. 21.

    (45) Limonov a été condamné en février 2003, à Moscou, à 14 ans de réclusion pour « préparation au terrorisme, appel à coup d’État et tentative de formation de groupes armés », Le Monde, 3 février 2003.

    (46) Voir le site européen du mouvement « national-bolchévique » : http://www.pcn-ncp.com/Le_National-Bolchevisme.htm.

    (47) Alexandre Douguine, Géographie de la victoire : fondements pour une géopolitique propre à la Russie, Evrazia, Moscou, 1997. La plupart des Eurasiens s’opposent à la politique occidentaliste menée par Vladimir Poutine.

    (48) Les Cahiers de l’Orient, N° 41, 1er trimestre 1996, p. 33.

    (49) Douguine se réclame à la fois du néo-bolchevisme, du paganisme et de l’esprit « révolutionnaire, spartiate et anti-cosmopolite », cf. Marlène Laruelle, Alexandre Douguine : esquisse d’un eurasisme d’extrême droite en Russie post-soviétique », Revue d’Études comparatives Est-Ouest, vol. 32, N° 3, 2001.

    (50) Zavtra, 16 février 1999.

    (51) Carlos, in Jean Michel Vernochet, op . cit, pp. 89-100 ; 210.

    (52) L’ex-Premier ministre Mahatir, artisan de la réislamisation du pays et promoteur de la «troisième voie islamo-asiatique » a tenu ces propos lors du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique, à Kuala-Lumpur, le 19 octobre 2003.

     

    * Géopolitologue, auteur, entre publications, de : Guerres contre l’Europe, Éditions des Syrtes (version réactualisée, octobre 2001) ; Le Totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties, Éditions des Syrtes, 2002. À paraître en février 2004 : La Turquie dans l’Europe, un cheval de Troie islamiste ?, Éditions des Syrtes. Les articles d’Alexandre del Valle sont disponibles sur le site : www.alexandredelvalle.com.


    Lisez le DOSSIER sur l'ISLAMISME

    http://1.bp.blogspot.com/_323tsxmpXic/TR4tghlOnYI/AAAAAAAAGTQ/F2F9yVK4jrM/S250/Anti-Islam.jpg

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    19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 22:16

     

    ANTI-RACISME  

    Egalitarisme  racialiste


    Inversion raciste

    L'anti racisme, communisme du XXI ème siècle.


    http://filledesiles.vip-blog.com/medias/0807/filledesiles-vip-blog-com-67437metissage%5B1%5D.jpg


    Racisme

    Le racisme désigne :

    • une idéologie politique ou sociale fondée sur la race (nazisme, apartheid, ségrégation, épuration ethnique, certaines formes d'esclavagisme, société de castes, racialisme, ethnocentrisme, etc.)
    • un comportement hostile et xénophobe, pouvant aller jusqu'à la violence, envers des individus appartenant à une ethnie différente.

    Position libérale et libertarienne

    Si le racisme est sans doute condamnable du point de vue de l'éthique, il ne l'est du point de vue du droit que dans la mesure où il se traduit en actes violents qui lèsent autrui dans sa personne ou dans sa propriété.

    Criminaliser l'expression du racisme revient à établir un ordre moral et à imposer la police de la pensée à l'encontre de la liberté d'expression.

    Les lois anti-racistes, tout comme les lois racistes (discrimination positive) imposées par l'Etat, violent les droits légitimes des personnes. Seul un comportement non conforme à l'axiome de non-agression est illégitime et donc punissable.

    Dans une société libérale, une opinion xénophobe ou raciste ne serait donc pas poursuivie judiciairement, non parce qu'il ne s'y trouverait aucun raciste (ce qui est impossible), mais parce que le délit d'opinion n'y existerait tout simplement pas. Reste que, sur le plan des principes, le racisme est profondément incompatible avec l'universalisme libéral. En effet, une telle opinion pèche par holisme et collectivisme ethnique, ce qui la situe aux antipodes de l'individualisme que défend le libéralisme.

    Au final, si les libéraux se refusent à en appeler à une condamnation pénale des idées racistes, qu'elles soient exprimées oralement ou par écrit, ils s'y opposent moralement tout en refusant leur prohibition. A la censure politique, ils préfèrent par conséquent la libre expression des opinions, fussent-elles les plus contraires à leurs principes.

    Bibliographie

    Citations

    • « Les vices ne sont pas des crimes : comme toutes sortes d'autres raisons d'en commettre, le vice peut inspirer le crime, mais il ne le constitue pas : il n'y a crime que s'il y a violation du Droit légitime de quelqu'un. » (François Guillaumat)

    • « Ceux en particulier qui depuis des décennies, ont admis l'incitation à la haine de classe et à la discrimination contre les riches n'auront pas à s'étonner si l'origine ethnique devient à son tour un prétexte à des politiques de discrimination. Il n'y a pas de différence, en morale ni en Droit, entre la discrimination politique contre les riches et celle qui frappait les juifs. Le nazisme est d'abord un socialisme. » (François Guillaumat)

    • « Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens. Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d’autrui. Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n’impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens. » (Lysander Spooner)

    • « Le racisme est la forme la plus abjecte et la plus brutalement primitive du collectivisme. Le racisme reconnaît un groupe et attribue ses vertus ou ses défauts, sa supériorité ou son infériorité à son origine raciale. Or il n'y a que des esprits individuels et des réalisations individuelles. [...] Le racisme est porté par le collectivisme et son corollaire l'étatisme. Son seul antidote est la philosophie individualiste et son corollaire le capitalisme de laissez-faire. » (Ayn Rand)

    Voir aussi

    Liens externes

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    19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 17:15

    http://masonlar.org/hur/wp-content/uploads/2011/04/zorla_baris.jpg

    ANTI-MILITARISME

    Pacifisme révolutionnaire



     
    Anarcho-Pacifisme
    Anarchisme Non-violent
     

    Pacifisme

    Explicitation de la notion

    La défense de la paix (à travers la tolérance, le libre-échange, etc.) est une constante de la tradition libérale. Mais cela ne signifie pas que le libéralisme prône une absence de réaction à l'agression. Au contraire, en ce dernier cas, il importe de rétablir la paix par des moyens libéraux:

    - Voie du Droit;

    - Riposte proportionnée et individualisée;

    - Refus de la torture;

    - Respect des pays et individus neutres par les belligérants.

    La paix défendue par les libéraux n'est donc pas à confondre avec une soumission aveugle à d'éventuelles offensives. Mais le retour à la paix ne peut pas non plus s'opérer de n'importe quelle manière.

    Ainsi, pour les libéraux, l'opposition systématique à la guerre par certains pacifistes est critiquable; Dans la préface à l'édition de 1946 de La Trahison des Clercs, Julien Benda prend position contre un pacifisme systématique, qui exclut la guerre dans tous les cas. Parlant des « clercs » qui défendent cette théorie, il écrit :

    «Nous estimons que le clerc est parfaitement dans son rôle en admettant l’emploi de la force, voire en l’appelant, dès qu’elle n’agit qu’au service de la justice, à condition qu’il n’oublie pas qu’elle n’est qu’une nécessité temporaire et jamais une valeur en soi. »

    Dans ses Reflections on Gandhi, George Orwell (socialisme mais anti-totalitaire) défendait également une position proche en reprochant aux pacifistes d'« éluder les questions gênantes » et d'adopter « la thèse stérile et malhonnête selon laquelle dans chaque guerre les deux camps représentent la même chose, ce pourquoi il est sans importance de savoir qui gagne. » S'adressant à Gandhi, il écrivait également : « Et les Juifs ? Acceptez-vous qu'on les extermine tous ? Et sinon, que proposez-vous pour l'éviter, si vous excluez l'option de la guerre ? »

    Enfin, selon l'auteur péruvien Mario Vargas Llosa, le pacifisme intégral revient à laisser le pouvoir aux dictateurs. Il écrit ainsi dans Les Enjeux de la liberté que[1] :

    «Le pacifisme semble être un sentiment altruiste, inspiré par une œcuménique abjuration de la violence et le rêve d'un monde de bon sens, où tous les conflits entre les nations se résoudraient autour d'une table de négociations et où les armes auraient disparu. C'est une belle affabulation, mais celui qui croit que la meilleure façon de la rendre réalité consiste à s'opposer à toutes les guerres pareillement œuvre en vérité pour que le monde soit une jungle dominée par des hyènes et des chacals, et où les brebis seraient exterminées »

    Citation

    • « La prédilection du libéralisme pour la paix n'est pas un sport de bienfaisance qui s'accommode fort bien de toute sorte de convictions. Elle répond à l'ensemble de sa théorie sociale où elle s'insère harmonieusement. (...) Le pacifisme libéral est un produit logique de la philosophie sociale du libéralisme. Lorsqu'il entend protéger la propriété et rejeter la guerre, ce sont là deux expressions d'un même principe. » Ludwig von Mises

    Notes et références

    1. Mario Vargas Llosa, Les Enjeux de la liberté, Gallimard, 1997, p. 43-48

    Voir aussi

    Article connexe
    Liens externes

    La politique étrangère libérale par Ludwig von Mises


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    18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 18:26
    http://www.transport-meditrans.fr/media/pwa%20ecology.jpg 
    « Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu'on ne le croyait autrefois. » (Nicolas Berdiasff)

    RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
    L'IMPOSTURE 
     
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    LA REALITE : il faisait plus chaud au temps des châteaux forts ! Et ce n'est certainement pas l'industrialisation et le CO2 qui étaient en cause !

    ENVIRONNEMENTALISME

      Ecologisme


    Eco-libertarianisme

    Free market environmentalism


    Fichier:Green and Black flag.svg
    Anarcho-primitivisme
    Eco-anarchisme



    Écologie

    Entre science et idéologie

    L'écologie est la science qui étudie les relations des êtres vivants autant entre eux qu'avec leur milieu (environnement) ; l'écologue cherche ainsi à comprendre le fonctionnement des écosystèmes.

    Le terme « écologie » vient du grec oikos (« maison », « habitat ») et logos (« science », « connaissance ») : c'est la science de la maison, de l'habitat. Il fut inventé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, bien que Henry David Thoreau l'ait peut-être inventé dès 1852. Dans son ouvrage : Morphologie générale des organismes, Haeckel désignait par ce terme « (...) la science des relations des organismes avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d'existence ».

    Une définition généralement admise, particulièrement utilisée en écologie humaine, consiste à définir l'écologie comme le rapport triangulaire entre les individus d'une espèce, l'activité organisée de cette espèce et l'environnement dans lequel évolue cette espèce. L'environnement est à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de la survie de l'espèce.

    Puis cette science a donné lieu à une idéologie (puis dès les années 1920, aux courants politiques qui s'en réclament) que l'on peut distinguer en deux courants principaux :

    • l'écologie réformiste, d'essence utilitariste, qui, tout en respectant et reconnaissant les valeurs de la nature, doit permettre de la protéger et de la modifier en agissant avec prudence.
    • l'écologie profonde qui prête à la nature une "intelligence" de l'équilibre, supérieure à l'intelligence humaine, dont la finalité serait morale : assurer le triomphe du vivant. Les écologistes confèrent alors des droits à la nature en l'élèvant au rang de sujet juridique, rompant ainsi avec l'anthropocentrisme de l'idéal humaniste hérité des Lumières, d'où la notion de "crimes contre l'environnement" qui a pu voir le jour et être reprise, par exemple, dans un rapport de la Commission de réforme des lois du Canada. Les deep ecologists rejettent les valeurs de la modernité (primat de l'homme, volonté technique et industrielle, idéologie du progrès par la raison). Ils pensent la nature, "l'écosphère", comme la réalité suprême, à l'intérieur de laquelle l'homme ne serait qu'une espèce parmi d'autres.

    Dans Le Nouvel Ordre écologique, Luc Ferry rappelle les accointances de l'écologisme avec les idéologies d'extrême droite et d'extrême gauche : sauvegarde du Lebensraum de la Race Germanique, pétainisme du terroir, conservatisme frileux et ouvertement anti-progressiste (vs idée de destruction créatrice), ou nostalgie d'un Age d'Or mythique (« bon sauvage », vie authentique) auquel qu'il s'agirait de revenir, tous sont unis par un même sentiment de repli et de fermeture, qui se retrouve au niveau politique (société close), culturel (défense de l'exception culturelle française, par exemple) et économique (protectionnisme).

    La décroissance, mêlant arguments de types utilitaristes (néo-malthusiens : impossibilité pratique de rester au niveau de consommation actuel) et idéologiques (la perversion morale de la société de consommation) est la dernière mode des écologistes.

    La solution libérale

    Moins de règlementations

    Tout d'abord, disparition de l'ensemble du système actuel (Ministères de l'environnement, subventions, indemnisations) : quand les assurances tripleront les primes pour les constructions en zone inondable, ces constructions s’adapteront aux inondations ; quand le FIPOL ne limitera pas la responsabilité des assurances, il n’y aura pas de marées noires ; quand les primes d’assurance contre inondation seront tarifées aux prix de marché, les personnes concernées prendront leurs précautions, etc. (cf. dérivé climatique)

    C'est donc aux assurances de jouer leur rôle de régulateurs dans la gestion des risques, et aux pollueurs d'indemniser les victimes des externalités qu'ils produisent, ce qui rendra certaines techniques rentables, d'autres moins. L'intérêt personnel des propriétaires et de ceux qui les assurent sera bien un meilleur guide que les fictions idéologiques et bureaucratiques actuelles. Le marché est l'unique moyen d'optimiser les choix et d'obtenir un équilibre parmi des exigences irrémédiablement incompatibles et des échelles de valeur inconciliables puisque se servir de quelque chose ou d'un endroit à un usage c'est sacrifier tous les autres usages possibles. En définitive, l'écologie est une question économico-juridique réglable sur des marchés et dans l'appréciation de juges qui déterminent les torts et les montants des indemnisations.

    La propriété est la solution

    Dans son ouvrage Libéralisme (chapitre 16, "La défense de l'environnement : bien public ou bien privé ?"), Pascal Salin explique pourquoi les solutions étatiques (règlementation, taxes écologiques) ne règlent pas les problèmes environnementaux, mais au contraire les aggravent. Par exemple, l'interdiction pour raisons "écologiques" de certains commerces (ivoire, écaille de tortue...), au lieu de permettre la sauvegarde des espèces d'animaux menacées, accélère leur disparition, car les exploitations locales qui rationalisent l'élevage et veillent à la perpétuation de l'espèce ne peuvent survivre, tandis que le braconnage bénéficie de trafics d'autant plus profitables que le risque est élevé. Quant aux taxes écologiques, elles sont arbitraires et absurdes, elles supposent implicitement que l'État est propriétaire de l'environnement, la seule solution serait donc d'étatiser l'univers, le résultat serait qu'il n'y aurait plus de responsable vers qui se tourner en cas de pollution. Pascal Salin insiste sur le fait que des solutions individuelles existent, fondées sur le droit de propriété (et donc la responsabilité qui va avec), l'action en justice des victimes, ou l'assurance (tant pour les victimes que pour les pollueurs potentiels).

    Un grand nombre d'économistes libertariens, aux États-Unis, généralement connus sous le nom de Free Market Environment, ont utilisé l'approche des droits de propriété afin de montrer que le marché est plus compétent que le service public pour défendre l'écologie. On compte parmi ses auteurs : Fred L. Smith, Roger J. Smith, William C. Dennis, John Baden, Richard L. Stroup. George H. Stankey et John Baden dans leur ouvrage, “Rationing Wilderness Use: Methods, Problems, and Guidelines” (Department of Agriculture, Forest Service, Odgen, Utah, 1977), discutent des implications de 5 systèmes de rationnement différents que le marché privé peut mettre en place afin de protéger l'environnement : la réservation, la loterie, la file d'attente, le mérite et le prix. En France, Max Falque met en avant la nécessité de prendre en compte l'environnement dans les décisions d'aménagement du territoire en faisant appel aux droits de propriétés et en respectant les libertés individuelles.

    Citations

    • « L'objectif de la secte verte, c'est pour l'homme la punition, la vie dure ; pour la société, c'est la contrainte, la règlementation. La méthode, c'est la peur. » (Claude Allègre, Ma vérité sur la planète, 2007)

    • « Il y a 65 millions d'années, la Terre a connu au Yucatán un des plus grands cataclysmes de son histoire. Elle n'en a gardé presque aucune trace. Cette capacité à gérer les catastrophes est sans doute la véritable force de la Nature. A long terme, la Terre peut se relever de tout ce que nous lui faisons subir. Nous pourrions défricher jusqu'à la dernière forêt, elle se régénérerait en quelques milliers d'années. Nous pourrions brûler les dernières réserves de combustibles fossiles et inonder l'atmosphère de dioxyde de carbone, il ne lui faudrait qu'un million d'années pour se reconstituer. Même les espèces que nous anéantissons seront remplacées par d'autres, par la magie de l'évolution, cela prendra seulement du temps. La Terre n'en mourra pas. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les bouleversements rapides que nous lui imposons soient sans importance. Les hommes raisonnent selon une autre échelle de temps. Nous avons évolué pour habiter le monde tel qu'il existait, à présent nous le transformons en modifiant l'environnement qui a permis à notre espèce et à nos civilisations de prospérer. Nous sommes certes plus évolués que les dinosaures, mais sommes-nous armés face aux brusques changements à l'échelle de la planète ? On dit souvent qu'il faut sauver la planète, mais ce n'est pas la planète qui est en danger, c'est nous. » (Reportage de la BBC)

    Bibliographie

    • 1992,
      • Glenn Fox, The Pricing of Environmental Goods: A Praxeological Critique of Contingent Valuation, Cultural Dynamics, 5: 245-259
      • Peter S. Menell, Institutional Fantasylands: From Scientific Management to Free Market Environmentalism, Harvard Journal of Law and Public Policy, Vol 15, pp589–610
    • 2000, David Schoenbrod, Protecting the Environment in the Spirit of the Common Law, In: Roger E. Meiners et Andrew P. Morriss, dir., The Common Law and the Environment: Rethinking the Statutory Basis for Modern Environmental Law, Lanham, MD: Rowman and Littlefield, pp3–24

     

    Liens externes

     

    B0.jpg Discussions sur le forum
    Eco-libéralisme (for)
    Grenelle Environnement, plus de mille propositions
    Selon les Nations unies, la privatisation des marchés serait le pire scénario pour l'écologie, Pertinence d'une modélisation ?
    Une solution à la fois écologique et libérale pour les océans, La tragédie des biens communs
    Argu Autour D'une Taxe Sur Les émissions De Gaz à Effet De Serre
    Le Livre Noir Du Lobby Vert, déjà des millions de morts

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    17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 23:00

    MARXISME

    Socialisme marxiste


    Islamisme et Trotskysme : La route de l’abîme.

    Site Noir du Communisme & Anticommunisme


    COMMUNISME ET NAZISME : MÊME COMBAT !

    Tabou sur les crimes du communisme

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    L'ignoble Che Guevara

    Le Che, une "mystification collective"

    L'horreur Che Guevara

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    Besancenot, un pauvre petit facteur…

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    90e anniversaire de la Révolution d’Octobre: A quand un véritable bilan du communisme en France? (Will France ever learn the lessons of history?)

    Histoire : A quand un tribunal de Nuremberg pour les génocidaires communistes?


    Marxisme
    De Wikiberal.

    Terminologie

     

    En passant outre la genèse de ces qualificatifs, leur usage polémique ou stratégique au sein des différentes branches socialistes, il faut retenir que le marxisme est le courant philosophique et politique se réclamant des idées de Karl Marx et Friedrich Engels. L'adjectif marxien, s'applique parfois uniquement à la pensée des deux auteurs quand on veut la distinguer de celles des héritiers, et à Marx seul quand on veut dissocier son apport respectif de celui de Engels (on parle aussi, alors, d'engelsianisme). On dira donc, par exemple, la pensée marxienne quand il s'agit du gendre de Paul Lafargue, et la pensée marxiste quand il s'agit des idées et élaborations pratiques des individus ou groupes tirant leur méthode, leurs concepts et leur grille d'analyse, des écrits du/des premier(s). Il faut noter que Marx lui-même a plusieurs fois dit, dans les dernières années de sa vie: « Moi, je ne suis pas marxiste ».

    Un marxologue est un chercheur qui étudie la pensée de Marx exclusivement, et non pas de Engels et des marxistes. Evidemment, un marxologue, Raymond Aron en est un exemple, n'est pas nécessairement marxiste; et réciproquement.
    Marxisant est utilisé dans cet article comme un quasi-synonyme de « gauchisme », celui-ci étant lui-même entendu au sens que lui donne Droz [1997], c'est-à-dire une nébuleuse contestataire et/ou révolutionnaire, et non au sens de Lénine, qui désignait en 1920 le « bolchévisme de "gauche" », diagnostiqué comme étant une « maladie infantile du communisme ». Marxisant désigne donc une pensée dont l’héritage ne réside pas dans le seul courant marxiste, tout en en reprenant certaines analyses. Ces adjectifs sont très utiles, quoique flous et problématiques en ce qu’ils permettent de nombreux amalgames, pour qualifier certains aspects de pensées telles que celles de Michel Foucault ou de Jacques Derrida, qui, afin de prévenir toute possibilité de critique, se sont refusés à clairement catégoriser leur pensée respective.
    Enfin, le marxisme mis en pratique sous la forme d'un régime politique s'appelle le communisme, bien que l'on trouve dans les premiers écrits de Marx, le terme de socialisme.

    B0.jpg Discussions sur le forum
    Pourquoi Les états Marxistes Ont-ils été Si Criminels?, Idéologie ou système? (for)





    La face théorique du marxisme

    Un certain style marxiste
    La pensée marxienne: une boite à outils pour pensée flexible

    D’un point de vue théorique, la version marxienne du concept de lutte des classes (et sa version diachronique : le matérialisme historique), associé à l’idée que la base (infrastructure économique) détermine la conscience, fait de l’Histoire la poursuite sous différentes formes d’un conflit incessant entre l’idéologie de la classe dominante et une conscience affranchie. Ceci oblige donc le marxisme à reprendre toujours en situation sa critique, celle-ci ne trouvant fin, selon les uns, que par l’avènement de la révolution prolétaire mondiale et donc la fin de l’Histoire, les maoïstes voyant au contraire la nécessité d’une déconstruction/révolution permanente pour échapper au dogmatisme.
    D’un point de vue pratique, aucun texte ne donnant de programme d’action politique précis, les révolutionnaires russes durent, comme le fit Lénine, combler les lacunes laissées béantes et définir une praxis politique concrète de la prise de pouvoir et de son exercice.
    Ainsi, si les ouvrages marxiens ont laissés un fond conceptuel stable quoique ambigu du fait du « tournant économique », Marx est pour certains marxistes (révisionnistes, marxisme occidental) ce que Linus Torvalds est à Linux, c'est-à-dire qu'il a donné le noyau du code source, que chaque marxiste est appelé à retravailler pour son compte, à l’aune de sa situation; pour d'autres au contraire, Marx sera considéré comme le fin mot de la pensée, dont il ne reste qu'à développer les idées. Si bien que les libertés prises avec la pensée marxienne, auront comme effet de miroir, les multiples retour à Marx.

    Cinq grands pôles du marxisme se sont dégagés au XXème siècle :

    • le marxisme soviétique : considérant, avec le propre Marx, que ses écrits de jeunesse ne devaient être laissés qu’à la seule « critique rongeuse des rats », beaucoup de penseurs, le plus souvent russes, développèrent le sillon matérialiste et l'économie, pour proposer des théories monistes (jusqu'à Bogdanov et son empiriomonisme), parfois behavioristes (Pavlov), et assumant parfois pleinement le réductionnisme qu'est l'économisme.
    • le marxisme "occidentale" : en rupture avec le marxisme russe, du temps de Lénine (cf. Marxisme et philosophie de Korsch) ou de Staline (cf. Le Matérialisme dialectique de Henri Lefebvre), ou suivant les courants révisionnistes de la social-démocratie, les auteurs de l'Ouest insisteront sur l'aspect philosophique de Marx, l'alliant avec d'autres auteurs d'horizons divers, devenant le paradigme dominant des universités, dont les traces sont encore très tenaces.
    • le maoïsme : version chinoise du marxisme-léninisme, peu original du point de vue théorique, il aura surtout été le phare de substitution des marxistes après la découverte de l'horreur staliniste.
    • le marxisme tiers-mondiste: relisant la lutte des classes à l'échelle des nations et la critique de l'idéologie à l'aune de l'occidentocentrisme, il développe une critique de l'impéralisme occidental colonialiste.
    • le marxisme-analytique : tentative très éphémère et marginale de replanter le marxisme sur les bases de la philosophie analytique.

    Néanmoins, le dialogue permanent entre les trois premières versions du marxisme, leur opposition structurale ou leur héritage mutuel fait en sorte qu'une étude par grands principes du marxisme (plus en amont) et non par courants, sera préférable.

    Révolution permanente ou fuite en avant : une pensée dialectique

    D’un point de vue politique, le marxisme, comme toute politique volontariste, ayant pour but de modifier la réalité (cf. Thèses sur Feuerbach, XI: «  Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer. »), est directement opposé au laissez-faire libéral, dont il est historiquement la première réaction moderne (fascisme et national-socialisme la suivant). Or, à la différence d'un individu agissant sur un marché à l'aune de ses connaissances et de son intérêt, le pouvoir politique, engageant, par ses mesures, la communauté qu'il dirige toute entière dans une finalité collective, est obligé de connaître l'ensemble des facteurs interconnectés, d'un nombre aussi élevé de domaines qu'il s'est octroyé de tâches et de prédire s'il veut rationaliser ce qui n'était qu'« anarchie de la production », c'est-à-dire planifier. Le marxisme totalitariste (marxisme-léninisme, stalinisme, maoïsme, castrisme) se voit donc avec un cahier des charges par essence irréalisable, et ne peut provoquer que des déséquilibres, tant sur le plan « superstructurel » (injustices, ségrégations et privilèges à rebours pour contrebalancer celles connus par les groupes exploités ou opprimés), que sur les plans économique et social (impôt et redistribution, déresponsabilisation, etc.), chaque nouvel état de la société devant à son tour être corrigé, ad vitam aeternam. Comme il ne reconnaît pas que les mesures politiques ne sont pas des solutions mais le problème en lui-même, il faut sans cesse redécouvrir des raisons à la résistance têtue des faits, trouver des aliénations plus profondes ou des comploteurs (internes et externes) invisibles pour expliquer le report constant de l'advenue de la cité idyllique et de l'homme nouveau, que le communisme (en passant par le stade transitoire du capitalisme d'État) devait apporter.
    Il en est de même pour expliquer la si bonne santé d'un capitalisme qui était voué à l' « effondrement », chaque décennie fournissant son lot de prophètes de l'apocalypse et d'analystes expliquant le pourquoi de l'ajournement de celle-ci, inlassablement démentis, toujours réapparaissants.
    La « révolution permanente », l' « autocritique » (le plus souvent, en fait, critique des adversaires) et les méandres des trouvailles idéologiques (y compris pour sauver Marx de flagrantes erreurs de prédiction), sont surtout une fuite en avant refusant de tirer les leçons des échecs, créant un monde caligulesque où la délimitation de ce qui relève de l'orthodoxie marxiste et du révisionnisme (accusations de « petite-bourgeoisie », de « droitisme » ou au contraire de « gauchisme » ultra-révolutionnaire) est « un enjeu de pouvoir » (pour paraphraser Pierre Bourdieu) faisant de la politique plus qu'un bavardage sans point final, une question de survie.

    D’un point de vue épistémologique, contrairement à l’analogie avec le code source informatique opérant, bien que les marxistes voient dans les écrits de Marx les bases d'une "science", ils n'en présentent toutefois pas les traits.
    Non-falsifiable (cf. Popper), une lecture marxiste peut toujours être plausible, au même titre que l'interprétation d'un rêve ne pourra jamais être réfutée.
    De plus, les thèses marxiennes puis marxistes ne sont pas tout à fait cumulatives et ne "progressent", souvent, que par adjonction adjuvante d'autres théories (darwinisme, kantisme, nietzschéïsme, freudisme, analyse systémique, etc.). Chaque nouveau courant de la pensée marxiste, plutôt que de résulter d'une correction d'un paradigme par un autre plus adéquat, ou du moins d'un affinage au sein du paradigme, relève dans le marxisme occidental d'effets de modes tâtonnants à droite et à gauche, quand les théorisations soviétiques furent, à l'instar du machiavélisme, des simples stratégies politiques aux fins de prendre ou garder le pouvoir, purges et excommunications y remplaçant la nouveauté artificielle des chaires universitaires, ces innombrables revirements ou éparpillements, ne militant jamais pour la crédibilité de la postérité des idées de Marx.

    D’un point de vue philosophique, bien que Marx ait voulu rompre avec l'idéalisme hégélien et dépasser la philosophie en la réalisant, bien qu'un Marx de la maturité (ou scientifique) ait voulu succéder à un jeune Marx manipulant des concepts flous encore emprunts de catégorisations vaporeuses (« aliénation », « homme vrai »), sa théorie reste toujours non-falsifiable. Qu'il faille imputer ceci à un indécrottable hégélianisme ou à une sorte de penchant allemand pour le verbiage[1], toujours est-il que la pensée marxienne n'a pas plus réussi à se détacher de l'utopisme des premiers socialistes que de la sensiblerie, laissant la porte ouvert aux exégèses les plus contradictoires.
    Les marxistes des années 60, en Europe de l'Ouest, se voulant une pensée féconde, flexible et créatrice ont développés des idées foisonnantes partant dans tous les sens, multipliant les pistes en association avec d'autres théories non-réfutables (freudisme, nietzschéisme, phénoménologie, existentialisme) ou d'autres thèmes (art, religion, culture). Il en résulte qu'elles deviennent des poétiques, prolixité creuse frayant des chemins qu'elles abandonnent en cours avant de foncer dans le mur, pratiquant une sorte de stratégie de la rupture ou du contrepied qui permet de quitter le navire avant qu'il ne coule et de ne pas payer les dettes des écrits précédents, qui équivaut la fuite en avant politique. Mouvants, s'amendant sans cesse, les strates de discours s'amoncellent, se contredisent, parlent des langues hétérogènes, associent le bruit à la fureur, tout en se refusant d’abandonner la matrice originelle qui les y a conduit.

    Bibliographie locale. Luc Ferry et Alain Renaut, La pensée 68 (1985); Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée (1989)

    Le marxisme comme mystique

     

    Sur la forme : Le stalinisme et les Partis communistes nationaux fonctionnent comme l’Eglise catholique, à coup de dogme et de bulles que les « idiots utiles » (le mot est de Lénine) relayent.
    Sur le fond : ex. de Sartre (« Sartre décrétait dans la Critique de la raison dialectique la vérité du Capital, il la déclarait à ce point translucide que tout commentaire en affaiblirait l'évidence ou la pureté » - R. Aron, « La lecture pseudo-structuraliste de Marx » (1967), I, dans Marxismes imaginaires) ; Georges Sorel + Gustave Le Bon (Kolakowski, II, 442) ; Dussel et la théologie de la libération. La phraséologie humaniste et holiste en fait une véritable mystique laïque.

    « Sous un certain aspect important, le marxisme est une religion. A ses fidèles il offre, en premier lieu, un système des fins dernières qui donnent un sens à la vie et qui constituent des étalons de référence absolus pour apprécier les événements et les actions ; de plus, en second lieu, le marxisme fournit pour atteindre ces fins un guide qui implique un plan de salut et la révélation du mal dont doit être délivrée l'humanité ou une section élue de l'humanité. Nous pouvons préciser davantage : le socialisme marxiste appartient au groupe des religions qui promettent le paradis sur la terre. » - Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, (1942)
    « Cette restauration [d'un intégrisme marxiste après la déstalinisation] est l'œuvre d'un philosophe et d'un théologien, non d'un économiste ou d'un sociologue. (...) En tant que membre de parti, Althusser doit, comme plusieurs générations de marxistes avant lui, prêter à Marx, en usant de citations bien choisies, ce qu'il veut dire lui-même. La méthode, celle des théologiens, consiste à choisir les textes tout en poussant l'audace jusqu'à reconaître que Marx n'a pas pleinement compris lui-même sa pensée authentique, la portée de la révolution scientifique qu'il a inaugurée. » - Raymond Aron, « La lecture pseudo-structuraliste de Marx » (1967), I, dans Marxismes imaginaires.

    Bibliographie locale. Raymond Aron: l'Opium des intellectuels - « Le fanatisme, la prudence et la foi » (1956) dans Marxismes imaginaires.

    Socle identitaire

    Malgré tout, sans tomber dans une recherche essentialiste de toute façon impossible dans le cas du marxisme, il faut bien tenter de dégager un noyau doctrinal, un socle identitaire commun qui unifie dans leur diversité les différents marxismes.

    • « Fétichisme de la marchandise », « aliénation », « réification » => Critique de la société de consommation, de la société de marché, du capitalisme

    Du « fétichisme de la marchandise » (dans Le Capital) à Baudrillard, le capitalisme, censé déposséder les hommes de leur humanité, du ‘’sens’’ de la vie, des vraies valeurs, transformant le monde en « spectacle » (Debord), il s’agit de retrouver, avec des réminiscences involontaires très aristocrates et jansénistes, la profondeur et la grandeur de ce que la pensée vulgairement matérialiste du bourgeois dégrade. Le thème est passé dans le fond des clichés communs. Outre la difficulté proprement philosophique de ce dualisme ontologique des valeurs (l' « homme vrai », la conscience capable de se désaliéner, l' « homo faber » s'élevant au-dessus de l' « animal laborans » - Hannah Arendt), il en résulte une considération parfois méprisante de la masse dans le droit fil du mépris des philosophes pour les vulgaires, les insensés. D’où cette tension entre un aristocratisme prononcé (celui d'un W. Benjamin, par exemple) et cette glorification de la masse quand elle prend le visage de l'idée de peuple ou de prolétaires, par les théoriciens soviétiques et les Partis communistes.

    • « Liberté réelle », « division du travail » => Défense des opprimés et des exploités

    Au-delà de l’impensé moral ou sensible dont relève le militantisme de Marx (pourquoi en tant que fils de bourgeois n’a-t-il pas fait sienne l’idéologie de sa classe ?), au-delà de sa prétention à la « neutralité axiologique » scientifique (cf. Pierre Bourdieu, à qui la même question de la neutralité peut être posée) l'égoïsme, l'exploitation et la domination capitalistes doivent être combattus car le communisme émancipera les opprimés en instaurant une solidarité fraternelle (« à chacun selon ses besoins »). Or, en tant que différenciation avec le reste de la communauté (la Gemeinschaft de Tönnies) l'émancipation politique, religieuse ou tout communautarisme est rejeté car procédant de l’idéologie « petite-bourgeoise ». Dans Sur la question juive par exemple, l’émancipation des juifs est condamnée car en désirant se libérer de l'État tutélaire chrétien, ceux-ci en oublient que la véritable émancipation est celle, universelle, de l’être « humain » en général, opposé à la réification de la raison instrumentale, la « Loi et les prophètes » du capitalisme. Cependant la figure du juif, lu d'après le prisme de Lévinas comme opprimé total, devient la figure-symbole de la libération chez un Dussel, par exemple. De même, l’aspiration à un certain libéralisme politique est accompagné quand il est lu sous le prisme de la « lutte des classes » ou quand il est stratégiquement intéressant (cf. la question nationale), mais combattu quand on en aperçoit la caractère contradictoire avec le collectivisme unitaire de la pensée marxiste. Si Marx oppose, à raison quand il oppose le catholicisme social à sa pratique d’exploiteurs , la même contradiction entre cette liberté programmatique, pourtant voulue comme « réelle », et celle purement nominale dont jouiront les peuples des démocraties populaires, se retrouve lors du passage des mots aux choses.

    • Critique de l’idéologie => Critique de la raison

    Si la vérité n'est jamais que la vérité du groupe dominant qui a la parole (polylogisme), si la vérité d'un jour est perçu comme l'erreur du lendemain, la raison n'est jamais qu'une illusion politique au service de la bourgeoisie, l'organe de légitimation du système répressif, et le fou, le marginal, le déviant, brefs toutes les minorités « opprimées » deviennent des révolutionnaires en puissance, des contestataires éclairés de l’ordre bourgeois établi, Descartes et tout rationalisme, les instruments involontaires (pensée holiste : structuraliste ou fonctionnaliste) de la bourgeoisie, jusqu'à ce que la raison instrumentale (École de Frankfurt), le practico-inerte (Sartre) soit le vecteur du fascisme... (cf. Foucault, Blanchot, Deleuze et Guattari - à noter que les francfortiens s'en prendront au stalinisme lui-même...). Le gouffre du nihilisme, après avoir emporté la logique agonistique des national-socialistes, n'est pas loin d'emporter les marxo-schopenheuriens ou marxo-kierkaargediens...

    • « Homme réel » => La socialisation/collectivisation

    Si l'homme est un être nécessairement social, il doit être politique. Si un homme n'est pas une île, alors l'individu n'est rien (holisme, substantivation des groupes dans le stalinisme), et la production doit être collective, donc la consommation, donc la prise de décision qui précède toute action. Les marxistes n'ont cependant jamais réglés la question de la méthode: révolution(s) internationale ou nationales (les classes sont-elles transnationales, existe-t-il un droit à la reconnaissance de différences identitaires, culturelles ?), « centralisme démocratique » ou autogestion ?, démocratie de façade (démocraties populaires) en vrai despotisme éclairé pour garder une et indivisible la communauté ou pluralisme au risque de la division ? La scission anarchisme romantique / despotisme centralisateur reste une pierre d’achoppement permanente chez les marxistes.

    La marxisation des esprits

    Durant toute la deuxième moitié du XXe siècle on peut noter une très forte marxisation des esprits dans les universités continentales.

    Philosophie

    Considéré avec Freud et Nietzsche comme un des trois « maîtres du soupçon », Marx a ouvert la porte à de nombreuses modes philosophiques sapant les fondements de la raison traditionnelle « bourgeoise », jusqu'à la bouillie destructurée du post-modernisme (Lyotard, Derrida). La pensée de Marx, de part son style, s'est vue associée à la phénoménologie, à l'existentialisme (années 50) représenté par Jean-Paul Sartre (qui fut un « compagnon de route » du PC, et voyait dans le marxisme « l'horizon indépassable de [son] temps »), à Nietzsche (notamment avec Michel Foucault), à Freud dans le freudo-marxisme de Erich Fromm ou Herbert Marcuse; son holisme en faisait un précurseur du structuralisme (années 60 - cf. Lacan, Foucault, Althusser).

    Sociologie

    La réception de la pensée de Marx dans la sociologie française a été notamment abordée selon trois points de vue et/ou postures : 1) diachronique : Daniel Lindenberg, Le marxisme introuvable (1978) ; 2) généalogique : Jacques Donzelot, L'invention du social (1984) ; 3) synchronique : Pierre Ansart, Les sociologies contemporaines (1990)

    Economie

    Matériel: Le marxisme économique après Marx (WP), History of Economic Though, Marxisme économique (WP)
    Théories économiques:

    • URSS: Après l'échec cuisant du « communisme de guerre [pdf] » (1918-1921), Lénine fut obligé de réintroduire des éléments capitalistes en URSS : ce fut la NEP (1921-1930) - Perestroïka (1985-1991)
    • Chine Populaire:
    • Ailleurs:
    • Monde anglo-saxon: D'un certain point de vue, s'il se disait lui-même « libéral » (au sens états-unien), Keynes est assimilable à un économiste marxisant, partageant plusieurs traits communs avec les économistes marxistes, que les keynésiens de gauche exploiteront: analyse macro-économique analysant des comportements de groupes, critique de la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say, interventionnisme étatique (mais servant à sauver le capitalisme, non à l'abolir), analyses sur la plus-value parallèles à celle de Marx, réhabilitation de la valeur-travail par Piero Sraffa.
    • Rudolf Hilferding (en), Das Finanzcapital (Le capital financier), 1910 : pour le social-démocrate Hilferding, on avait affaire à l'avènement d'une nouvelle phase du développement capitaliste caractérisée par le contrôle du capital industriel par le capital bancaire. Hilferding voyait dans l'avènement du capital financier une étape vers la socialisation de la production, et dans l'expropriation de ce capital par l'État un passage au socialisme, d'où l'importance du contrôle des capitaux financiers par les états.

    Cf. Hayek: controverse contre le « socialisme de marché »

    Bibliographie locale. Friedrich Hayek: « Socialism and War »

    Histoire

     

    Historiens réécrivant l'Histoire à l'aune du matérialisme historique: par ex. Ernst Bloch

    Courants intellectuels pluridisciplinaires

    Tentative d'appréhender la pensée de Marx à partir de la philosophie analytique, qui a connue son apogée au milieu des années 80 mais a été abandonnée au début des années 90. On en retiendra que tout en voulant incarner un "Non-Bullshit Marxism", Cohen avait validé, dans un livre datant de 1978, les principaux concepts économiques de Marx, avant que Jon Elster, dans Making Sens of Marx en 1985, se basant sur l'individualisme méthodologique ne puisse que rejeter la pensée marxienne à cause de son hégélianisme, son holisme et son fonctionnalisme.

    Organisation révolutionnaire désireuse d'en finir avec la société de classes en tant que système oppressif et de combattre le système idéologique de la civilisation occidentale : la domination capitaliste. L'IS était, au niveau des idées développées, issue de différents mouvements révolutionnaires apparus depuis le XIXe siècle, notamment de la pensée marxiste d'Anton Pannekoek, de Rosa Luxemburg[2], de Georg Lukacs ainsi que du communisme de conseil, et pouvait être apparentée à un groupe d'ultra-gauche, tout en étant également l'expression de la volonté de dépassement des tentatives révolutionnaires des avant-gardes artistiques de la première moitié du XXe siècle, le dadaïsme, le surréalisme et, dans une moindre mesure, le lettrisme.

    Groupe d'extrême-gauche, tirant son nom d'une formule de Rosa Luxemburg, qui a édité une revue du même nom de 1949 à 1965, où il combattait le stalinisme sous toutes ses formes, et développait un marxisme anti-dogmatique. Il considérait le système de l'URSS et de tous les pays dits "socialistes" comme un Capitalisme d'État « trompeusement intitulé "socialiste", où les dirigeants de l’État et de l’économie prennent la place des patrons privés cependant que la situation réelle du travailleur reste inchangée ». Debord en a été membre en 1960-61.

    De 1925 à 1933, leur projet est de faire l'analyse critique des sciences sociales dans une perspective néo-marxiste, puis ils se penchent sur l'apparition de la culture de masse dans les sociétés modernes Servent de modèles aux critiques de la société de consommation des 60's: Debord, Baudrillard ? et établissent une critique de la raison

    Science

    De 1930 à 1963, Lyssenko, technicien agricole, réussit à imposer en Union Soviétique (donc dans les Partis Communistes occidentaux), une théorie non-scientifique rejetant le principe des gênes et amplifiant grossièrement la ligne de la thèse de Lamarck sur la transmission des caractères acquis en l'accordant avec l'idéologie marxiste basée sur le concept de la malléabilité de la nature humaine. Pendant la guerre froide, le lyssenkisme, massivement appuyée par l'appareil des partis communistes locaux, connut également ses heures de gloire en Occident. À la fin des années 40, on voit apparaître la fameuse théorie des deux sciences : « La science bourgeoise, fausse par essence, et la science prolétarienne, vraie par définition ». C'est à cette époque de terrorisme intellectuel que le PCF s'en prend, entre autres, au « trotskyste Jacques Monod ». Selon le PC, la théorie de Mendel est raciste et la génétique mène au nazisme. Science en Chine.

    «Nous ne saurions traiter ces aberrations, si incroyables qu'elles paraissent, comme de simples accidents, des sous-produits du système qui n'auraient rien à voir avec le caractère essentiel du totalitarisme. (...) Elles dérivent du même désir de voir diriger chaque chose par « une conception d'ensemble du tout ». Il s'agit toujours de l'idée générale selon laquelle les connaissances et les croyances des hommes doivent servir d'instrument pour la réalisation d'un but unique. Du moment que la science doit servir non pas la vérité, mais les intérêts d'une classe, d'une communauté, d'un État, la seule tâche qui incombe aux démonstrations et aux discussions est de soutenir et de répandre les croyances qui dirigent toute la vie de la communauté. »
        — Friedrich Hayek, La Route de la servitude, chap. XI
    Art
    Le réalisme soviétique

    Marx et Engels n'ont pas laissé d'esthétique. Très vite, alors que l'image du génie incompris, solitaire et révolutionnaire dans l'âme est abandonnée aux anarchistes libertaires, Lénine, voulant rompre avec la futilité bourgeoise de « l'art pour l'art », transforme les artistes libres en ingénieur-soldats du beau, et transforme l'art en un simple instrument de propagande. Ou une militarisation de cet art social qui avait préexisté comme cri compassionnel chez Hugo, Courbet, Dickens ou Zola. Le réalisme socialiste (ou réalisme socialiste soviétique des russes aura son pendant en Chine, où les artistes sont contrôlés, réprimés, censurés et parfois condamnés, au gré des revirements idéologiques, pour des crimes que les pères du peuple leur avaient commandé hier. Antonio Gramsci sera le grand théoricien de la propagande diffuse mais permanente et Bertolt Brecht engagera volontairement ses pièces quand de nombreux marxistes n'imagineront plus la possibilité, ni morale ni même humaine (cf. Pierre Bourdieu) d'un art non-engagé.

    Sans aller jusqu'au marxisme folklorique (cheguevarisme adolescent, revival CCCP/DDR) dont l'image est beaucoup plus proche de l'anarchisme libertaire et du socialisme utopique que d’un véritable militantisme marxiste, et dont on peut se demander s’il constitue une banalisation dangereuse de l'oppression ainsi lénifiée ou l’ironique récupération, par la toute-puissante société de consommation, de leur image, la question est posée de savoir si certaines pratiques artistiques révolutionnaires comme le dadaïsme, le surréalisme et, dans une moindre mesure, le lettrisme, que leur auteurs voulaient marxistes n'ont pas, en essayant de s'affranchir de l'art militant, été dans la continuité de l'art "bourgeois", pourtant honni, reconnaissant de fait que, tout comme la centralisation économique conduit à la famine, la gestion étatique (subventions, commandes, entretien des artistes) de l'art mène à la propagande, au clientélisme ou à la sclérose.

     

    Le marxisme en tant que praxis

    Les racines idéologiques des régimes marxisants

    Si, à proprement parler le marxisme ne peut être antérieur aux écrits de Marx, il faut remarquer que les incarnations pratiques des idées marxiennes sont des avatars modernes de régimes déjà éprouvés dans l'Histoire: l'organisation militariste héritée de Lénine dans la Sparte de Lycurgue (dont Platon était un admirateur) ou la France robespierriste, la centralisation dans le constructivisme de Saint-Simon ou d'Auguste Comte, alors que les marxistes dissidents (anarchisants) n'ont pas totalement rompus avec les « socialistes utopiques » que fustigait Marx (More, Fourier, Campanella, Owen).[3]

    Les Internationales

    La Ière Internationale est à ses débuts divisée entre marxistes et anarchistes (Reclus, M.A. Bakounine). Pour cette raison, elle explose en 1872 (pour cause d'exclusion des anarchistes avec l'accord de Karl Marx). Par la suite, seuls les anarcho-syndicalistes continueront à se réclamer de la Ière Internationale. (Autres figures de l'anarchisme : Pierre-Joseph Proudhon, P.A. Kropotkin)
    L'Internationale ouvrière fut fondée, à l'initiative notamment de Friedrich Engels, par les partis socialistes d'Europe lors du Congrès de Paris en juillet 1889 ; elle est aussi connue sous le nom de IIe Internationale, ou Internationale socialiste. Elle milite jusqu'au début du XXe siècle sur les bases du marxisme, mais certains courants se développent à sa droite, prêchant l'abandon du principe révolutionnaire et recommandant de privilégier le parlementarisme (réformisme). Au cours du XXe siècle, les différents partis socialistes reconstituant la IIe Internationale ont progressivement évolué vers des positions sociales-démocrates, passant de la lutte contre le capitalisme à sa gestion. (Eduard Bernstein, Karl Kautsky)
    L'Internationale communiste (Komintern d'après l'abrévation en russe) ou IIIe Internationale, regroupe l'ensemble des partis communistes et était dirigée par le Parti communiste d'Union soviétique avant l'implosion de l'URSS. Un tournant autoritaire apparaît en 1921 avec l'exclusion de nombreux militants de la gauche de l'Internationale (Anton Pannekoek, Herman Gorter…). Après avoir lui aussi été exclu du Parti communiste d'Union soviétique par Staline, Léon Trotsky fonde en 1938 la IVe Internationale.

    On notera aussi, dans la série des excommunions mutuelles, à partir des années 60, la rupture sino-soviétique, Mao Zedong et la République populaire de Chine se revendiquant de Staline.

    Courants politiques marxistes

    Il en existe trois grands types: révisionnistes socio-démocrates (jusqu'en 1950), autoritaire et démocratique.

    Initialement, la social-démocratie est une appellation du mouvement socialiste international, et en particulier de la IIe Internationale. Il s'agit donc à la base d'un mouvement marxiste. Mais une différenciation s'effectue entre ceux qui acceptent de participer à la guerre 1ère Guerre Mondiale (les socio-démocrates, « social-chauvins »), et ceux qui s'y refusent (les communistes). Le clivage va aller en s'intensifiant, le réformisme des uns (comme Eduard Bernstein, puis Karl Kautsky dès 1917), prônant la participation avec les gouvernements bourgeois et l'abolition progressive du capitalisme sans rupture violente et au nom du réalisme, s'opposant aux méthodes révolutionnaires, ainsi qu'à la dictature du prolétariat. Dans les années 50, la social-démocratie abandonnera toute référence explicite au marxisme, bien que sous de nombreux aspects, elle en reste l'héritière.

    Courants autoritaires

    Ce sont eux qui ont été aux pouvoirs.

    Le Marxisme-Léninisme
    Pensée héritée de Lénine et l'adaptation et l'interprétation que celui-ci a fait des concepts de Karl Marx, voire la position que Lénine aurait pu prendre s'il avait été confronté à des situations postérieures à sa mort, sur la base d'une exégèse de sa pensée.
    Le Stalinisme
    Si c'est essentiellement une pratique (appliquée dans les États du bloc communiste sous l'ère de Staline, il a néanmoins une composante idéologique, puisée du léninisme, caractérisée par : un État fort dirigé dictatorialement par le premier secrétaire du Parti, l'Infaillibilité du Chef et le culte de la personnalité de celui-ci, la théorie du « socialisme dans un seul pays », une exaltation du travail allant jusqu'au fanatisme culminant dans la doctrine du stakhanovisme.
    Le Maoïsme
    Idéologie développée en Chine depuis la victoire du Parti communiste chinois en 1949, par son leader, Mao Zedong. Fondé en théorie sur les écrits des « pères » du communisme (Marx et Engels), héritier chinoise du stalinisme, le maoïsme présente cependant certaines caractéristiques qui le relient à la pensée, à la culture et à l'histoire de la Chine. Après les révélations sur les crimes du stalinisme, l'idéologie maoïste a été parfois considérée comme un recours par certains intellectuels de gauche en Occident et dans des pays du Tiers-Monde. Après les références maoïstes des soixante-huitards, aujourd'hui encore, et notablement au Népal, des guérillas armées s'en réclament.
    Le Castrisme
    Pratique gouvernementale développée par Fidel Castro et Ernesto "Che" Guevara, qui n'apporte pas vraiment de théorisation nouvelle, sinon une systématisation des nationalisations, alimentée par la xénophobie et la lutte anti-impérialiste (notamment contre les USA), les étrangers étant accusés de piller le pays et de déposséder les autochtones de richesses qui leur reviennent. On y retrouve la même « organisation de l'enthousiasme » (Élie Halévy) que dans les totalitarismes, reposant sur une mise-en-scène du chef et un paternalisme séducteur. Hugo Chávez (Venezuela) et Evo Morales (Bolivie) (ce dernier insistant sur la thématique ethnique) actuels s'en réclament.
    Courants démocratiques
    ord">Guy Debord et Raoul Vaneigem de l'Internationale Situationniste.

    Courant marxiste antiléniniste, il se réclame des conseils ouvriers (ou « soviets »), tels qu'ils existèrent en Allemagne en novembre et décembre 1918. Ces assemblées réunissant l'ensemble des prolétaires, doivent diriger la révolution (et non le seul Parti comme le voulait Lénine) sous une forme de démocratie directe. Les conseillistes rejettent les syndicats, considérés comme des structures réformistes, refusent de participer aux élections ou de soutenir les luttes de "libération nationale", et s'opposent parfois à l'antifascisme qui, en oubliant la lutte des classes, ferait de fait une sorte d'alliance avec la bourgeoisie.

    Ce courant issu du mouvement ouvrier allemand, marxiste et révolutionnaire, s'est caractérisé par son refus total de la guerre en 1914, sa défense de la politique communiste, son attachement à la démocratie ouvrière (notamment contre la vision « militarisée » du parti selon Lénine). Ce courant défend notamment la conception de Karl Marx disant que « l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

    Cette appellation désigne un certain nombre de courants marxistes, d'origines différentes mais dont les conclusions convergent et mettent l'accent sur le mouvement autonome de la classe ouvrière: « Socialisme ou barbarie » (France), Opéraïsme (Italie), courant marxiste-humaniste (USA), Communisme-ouvrier (Iran et Irak, dès 1978).

    Le marxisme dans les faits

    La théorie de Karl Marx a servi de base à l’exercice d’une domination par des dictatures à l'économie planifiée déclarant viser l’instauration du communisme. Dans l'histoire du XXe siècle, le marxisme s'est installé dans de nombreuses régions du monde dont l'URSS (1922-1991), le Bloc de l'Est (1945-1989), la Corée du Nord (1946-?), la Chine (1949-?), Cuba (1959-?), le Chili sous la présidence de Salvador Allende, (1970-1973)


    Pays communistes durant le XXe siècle
    •    
    • La République socialiste du Viêt Nam (1973- ?)

    Sur 20 000 français et viêtnamiens capturés lors de l'offensive de Dien Bien Phu, 9 000 miraculés survivront aux traitements inhumains des communistes vietminh. La répression du régime d'Ho Chi Minh n'épargnera ni les paysans (50 00 seront exécutés lors de la réforme agraire de 1954) ni les religieux systématiquement persécutés. Après la victoire communiste en 1975 contre les américains, 500 000 cadres et fonctionnaires sud-viêtnamiens sont envoyés dans des camps dont beaucoup ne reviendront pas.

    • Le Cambodge des Khmers rouges, (1975-1979)

    Le régime maoïste de Pol Pot a abouti à un génocide cauchemardesque. Déportation entière de la population de Phnom Penh, réduction en esclavage des citadins, épuration impitoyable des éléments pro-vietnamiens et royalistes, massacre des cambodgiens jugés réfractaires au régime. Durant cinq ans, 2 millions de personnes sont exécutées, soit près d'un quart de la population khmère.

    • La République populaire démocratique du Laos

    Régime de parti unique, il a provoqué l'exil d'environ 300 000 personnes, soit 10% de la population, opprime l'ethnie Hmong, et est un pays les plus pauvre du monde à cause de son modèle économique fermé et passéiste.

    • La République bolivarienne du Venezuela, sous la présidence d'Hugo Chávez (1998-?)
    • La République de Bolivie, sous la présidence d'Evo Morales (2006-?)
    • Afrique


    Bibliographie locale. Collectif, Le Livre noir du communisme : Crimes, terreur, répression (2000); Stéphane Courtois (dir.), Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe (2002) | Récit. Alexandre Soljénitsyne, L'Archipel du Goulag (1974);

    La question de la fidélité à Marx des régimes marxistes

    Des siècles (La Boétie) et des décennies (cf. Herbert Spencer, Maurice Bourguin, Ludwig von Mises, Friedrich von Hayek) avant la « découverte » du caractère nécessairement militariste, tyrannique et totalitaire des régimes collectivistes, ainsi que la totale inefficacité économique de leur centralisation de l'information et du pouvoir (mais toujours bien moins stérile que la démocratie directe des conseillistes, qui n'ont jamais réussi qu'à se diviser), contrastant avec la terrible efficacité de la répression politico-policière, les libéraux et tous les hommes de bon sens, mettaient en garde les hommes de bonne volonté. Et ce d'autant plus que toutes les horreurs du XXe siècle étaient contenus dans les textes du père fondateur de la nébuleuse mortifère, la brutale réalité cotoyant l'enchantement des formules pieuses. (cf. les mesures à prendre d'après le Manifeste du Parti communiste).

    Après la Chute

    Après la déroute spéctaculaire du modèle soviétique, et la gangrène prononcée du deuxième phare de la politique mondiale se soignant de l'horreur maoïste grâce à de fortes de doses de libéralisation économique, les marxistes ont le choix entre:

    • refuser l'héritage, apostasier et essayer de s'allier à la social-démocratie (qui elle-même essaye de se raccrocher au libéralisme). Peu le font.
    • pratiquer la fuite, y croire encore en opérant une dissociation terminologique entre « capitalisme d'État » et communisme, expliquant que nous avons connu l'un et pas l'autre, encore à venir, toujours à venir, mais comment ? Les voies du communisme sont impénétrables même après la lecture matérial-historique de Marx, et que là où Lénine, Staline, Castro et autres n'ont pas réussi de nouveaux réussiront... L'alter-mondialisme inconséquent et déjà déchiré, est-il le nouveau phare marxiste du XXIe siècle, ou une nième comète qui ne saura que s'écraser dans le vide ?
    • dénigrer le libéralisme, boite de Pandore de tous les penseurs en mal de raisonnement (Vivianne Forrester), et ne se proposer que comme posture morale bien incapable de donner un programme réaliste, trouver des excuses géopolitiques (évidemment la Suisse, Andorre, le Luxembourg, etc. avaient bien plus d'atouts que l'URSS, le bloc de l'Est et la Chine !), imputer ceci au stade de développement (armée d'une si bonne théorie, ne fallait-il pas attendre, alors ? Choisir un autre pays ? Laisser le capitalisme s'effondrer ?), dénoncer des complots (bien sûr le KGB n'a jamais existé face à la CIA, l'instrumentation des petits pays n'a été le fait que d'un seul bloc, et dans la lutte que se sont livrés l'URSS et les USA, il n'y a rien à tirer de la chute de l'un et de la survie tel quel de l'autre...)
    Terrorisme et activités révolutionnaires

    La violence et le mépris de la vie individuelle sacrifiée sur l'autel de la Cause, se manifeste encore dans l'activité des organisations terroristes d'inspiration socialistes qui sévissent:

    • en Europe :

    Durant ce qu'on a appelé les « années de plomb », de nombreux groupuscules ont repris l'idéologie de la « propagande par le fait » prônée par certains militants anarchistes de gauche, lors des deux dernières décennies du XXe siècle: Action Directe en France, la Fraction Armée Rouge ou (« bande à Baader ») en RFA, les Brigades Rouges en Italie, Devrimci Sol en Turquie, 17-Novembre en Grèce, les Cellules communistes combattantes en Belgique, Euskadi ta askatazuna|ETA au Pays Basque.
    Aujourd’hui, des partis trotskistes comme la LCR ou LO n’hésitent pas à prôner une coercition despotique (interdiction de licencier, par exemple) pouvant aller jusqu’à la violence armée en cas de besoin (l’on n’imagine pas comment ils pourraient s’en passer en cas de prise de pouvoir).

    • en Amérique du Sud: les FARC en Colombie (1964-?).
    • en Asie: Sekigunha au Japon (faction armée rouge japonaise).

    Erreur antilibérale : "le libéralisme a été la matrice du marxisme"

    Karl Marx a effectivement tiré certains concepts et certaines analyses des libéraux classiques pour les intégrer dans son système néo-hégélien. Il admirait Adam Smith et David Ricardo, mais s'est également discrètement inspiré des libéraux français de la Restauration comme Charles Dunoyer, Charles Comte et Augustin Thierry. Il existe chez Marx certains textes où il fait l'éloge du capitalisme, comme moteur de la transition historique entre l'État féodal et l'État socialiste. Marx reconnaît que le capitalisme a permis l'émergence du prolétariat.

    Le concept de lutte des classes est également d'origine libérale, mais Marx lui donne une signification nouvelle, clairement anticapitaliste. En revanche, la haine des droits de l'homme et du libéralisme politique est une constante dans son œuvre.

    En fait l'équivalence libéralisme-marxisme est une vieille thématique nationale-socialiste, qui voyait dans l'internationalisme l'essence du marxisme, les aspects économiques passant au second plan. Or pour les nationalistes hitlériens, cet internationalisme était un élément commun entre le marxisme et le capitalisme libéral. C'est pourquoi ils ont développé toute une propagande autour de cette ligne, selon laquelle il existait dans « la guerre des races » à venir, une alliance objective entre les marxistes et les libéraux, tous au service du grand capital juif, de la finance internationale, bref, des nouveaux maîtres du monde. Cette thématique du "libéralisme comme matrice du marxisme" peut aujourd'hui sembler étonnante, mais qui ce discours à l'époque a séduit de nombreux marxistes, ralliés au mouvement national-socialiste, persuadés que les bolchéviques étaient complices des juifs et du capitalisme.

    D'autre part, dans cette idéologie, le marxisme portait en lui les germes de la démocratie, c'est-à-dire de la destruction de l'ordre, du commandement et de la hiérarchie militaires.

    Pour les théoriciens du NSDAP, que ce soit sur son aile gauche (Strasser) ou sur son aile droite (Rosenberg), le socialisme devait être expurgé de sa gangue marxiste, internationaliste et libérale, pour fabriquer le vrai socialisme, purement national et racial.

    Quelques citations révélatrices :

    Nous prendrons à droite le nationalisme sans le capitalisme auquel il est en général lié et à gauche le socialisme sans l'internationalisme marxiste qui est un leurre (...) Le national-socialisme devra être surtout un socialisme. (Otto Strasser)
    Je recommençai à étudier ; j'arrivai à comprendre le contenu et l'intention du travail de (...) Karl Marx. Son « capital » me devint maintenant parfaitement compréhensible, comme la lutte de la social-démocratie contre l'économie nationale, lutte qui devait préparer le terrain pour la domination du capital véritablement international et juif de la finance et de la bourse. (Adolf Hitler, Mein Kampf)
    L'internationalisation de la fortune allemande avait été déjà mise en train par le détour de l'usage des actions. A vrai dire, une partie de l'industrie allemande essayait encore, avec un esprit de décision, de se protéger contre cette destinée, mais elle finit par succomber, victime de l'attaque combinée de ce système de capitalisme envahisseur qui menait ce combat avec l'aide toute spéciale de son associé le plus fidèle, le mouvement marxiste. (Adolf Hitler, Mein Kampf)
    Les nationaux allemands faisaient courir le bruit que nous n'étions au fond qu'une variété du marxisme, que nous n'étions que des socialistes larvés. Car ces têtes dures n'ont pas compris jusqu'à ce jour la différence entre le vrai socialisme et le marxisme. (Adolf Hitler, Mein Kampf)
    Nous approuvons la lutte des peuples opprimés contre les usurpateurs et les exploiteurs, car notre idée du nationalisme implique que le droit à l'épanouissement de l'identité des peuples que nous réclamons pour nous-mêmes s'applique également aux autres peuples et aux autres nations. Nous ignorons en effet la notion libérale des " bienfaits de la civilisation". Le national-socialisme est surtout à nos yeux l'antithèse du capitalisme international. Il entend instaurer le socialisme dont l'idée fut trahie par le marxisme, édifier une économie de type collectif gérée par la nation au profit de la nation, briser la domination de l'argent sur le travail, qui empêche l'épanouissement de l'âme d'un peuple et la constitution d'une véritable communauté populaire. (Strasser, Textes fondateurs du Front Noir)

    Citations

    • « La pensée de Marx est en grande partie dépassée parce que la situation actuelle n'est plus celle de l'Europe de son époque. Le capital potentiel n'est plus le privilège d'un petit nombre. Après la mort de Marx, l'Occident a enfin réussi à établir un cadre juridique ouvrant l'accès à la propriété et aux moyens de production à la plupart des gens. Marx serait probablement très étonné de voir que, dans les pays en voie de développement, une grande partie des masses fourmillantes est formée non de prolétaires opprimés légaux, mais de petits entrepreneurs opprimés extralégaux possédant une quantité de biens appréciable. » (Hernando de Soto, Le Mystère du Capital)

    • « La grande complexité du marxisme peut se résumer en une phrase : "on a raison de se révolter" ». (Mao Tsé-Toung)

    Notes et références

    1. Voir l'opposition actuelle entre philosophie continentale et philosophie analytique, alimentée par la controverse des impostures intellectuelles, comme on opposerait, très schématiquement, les « maîtres du soupçon », la poétique heideggérienne et le postmodernisme qui en est l'héritier, à un esprit plus scientifique des anglo-saxons.
    2. Rosa Luxemburg était une économiste politique révolutionnaire. Elle a présenté sa théorie de l'accumulation du capital, critiquant la société capitaliste et prônant la révolution socialiste
    3. Consulter à ce propos Nemo, 2002, Troisième partie: "les adversaires de la tradition démocratique et libérale. I. la gauche".

    Voir aussi

    Bibliographie générale et liens externes

    • Gérard Bensussan et Georges Labica, (1982) Dictionnaire critique du marxisme (abr. DCM), PUF/Quadrige, 3ème éd., 1999, ISBN 2130498728
    • Jaques Droz (dir.), (1997) Histoire générale du socialisme, 4 vol., PUF/Quadrige, ISBN 213048428X
    • Leszek Kołakowski, Histoire du marxisme, 3 vol., Fayard, 1987
      • Une fresque complète des courants marxistes, dont il manque malheureusement le 3ème tome dans la traduction française. (Volume 1 : Les fondateurs Marx, Engels et les prédecesseurs; Volume 2 : L'age d'or de Kautsky à Lénine)
    • Philippe Nemo, (2002) Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, Troisième partie, et not. chap. 6 et 7, ISBN 2130531636
      • Très intéressant ouvrage contenant, outre une présentation synthétique de nombreuses pensées politiques, des notes très hayékiennes. Un livre qui devrait être présent dans la bibliothèque de tout honnête homme.
    • Kostas Papaioannou (2001), Marx et les marxistes, Gallimard/Tel, 2001
      • Recueil de textes, que Raymond Aron jugeait "admirable". Présentant, d'abord un tableau complet et nuancé de la pensée de Marx et d'Engels, l'auteur montre ensuite comment cette pensée mutilée ou déformée est devenue méconnaissable. Ecrit antimarxiste-léniniste, fidèle à une inspiration de Marx.

    Marxists.org présente également de nombreux textes marxistes en ligne.

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