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We believe that freedom of speech is the essential prerequisite for free and just societies, secular law, and the rights of the individual.

We are committed to building and participating in coalitions in all parts of the world to effect significant progress in protecting rights of the individual which are sadly being eroded in many countries including those in the West.


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The Center for Vigilant Freedom

11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 23:00

Ayn Rand, une aventure littéraire et intellectuelle américaine hors du commun

Félicitations aux Belles Lettres pour leur initiative de publier enfin une traduction complète de "Atlas Shrugged" (sous le titre "La Grève"), ainsi qu'une biographie originale d'Ayn Rand par Alain Laurent  - dont nous reproduisons, ci-dessous, avec leur aimable autorisation le chapitre introductif.

 

Comment, aux États-Unis, pays du « In God we trust », du charity-business ostentatoire et du dévouement public à la « community » que sont les États-Unis, a-t-il été possible à une femme, Ayn Rand, de devenir l’une des plus célèbres figures des années 1940-80 tout en professant fièrement un athéisme rigoureux et en élevant l’égoïsme à la dignité de plus haute vertu morale ? 

Comment, alors qu’à l’époque rien ne paraissait pouvoir y contrarier l’irrésistible ascension de l’intervention gouvernementale et du Welfare State, comment donc a-t-elle pu amorcer le reflux idéologique de ce qui paraissait s’inscrire définitivement dans le sens de l’Histoire en redorant le blason du capitalisme et du « moins d’État » ?

Deux faits conjoints et inattendus expliquent ces prouesses paradoxales. Tout d’abord, Ayn Rand a été l’auteure de deux romans, The Fountainhead (1943) et Atlas Shrugged (1957), que leurs qualités littéraires ont peu à peu rangés parmi les plus grands best-sellers jamais parus — autour de sept millions d’exemplaires vendus chacun actuellement, dont l’immense retentissement fit d’Ayn Rand une icône de la vie publique américaine, et pour longtemps.

Cependant, si une telle success-story résulte en premier lieu de l’exceptionnel talent de la romancière à créer des intrigues fertiles à souhait en rebondissements épiques et servies par des personnages sortant résolument des sentiers battus, un autre facteur a au moins autant joué. L’un et l’autre de ces récits de fiction sont imprégnés d’une vision morale héroïque et individualiste, anti-collectiviste, sans équivalent ailleurs. Et cette apologie du « seul contre tous » et du « vivre par soi et pour soi » a emporté l’adhésion enthousiaste de la mouvance conservatrice et plus largement de la partie de l’opinion publique nostalgique des rudes vertus de l’époque de la « frontière » et du « rêve américain » bâti sur la réussite individuelle et le « self-made man ».

C’est ainsi que forte de ses deux romans-culte, auto-promue en « philosophe » et convertie en intellectuelle engagée de choc et dotée d’une aura charismatique hors du commun, Ayn Rand a pu être reconnue en éveilleuse nationale de conscience, capable de s’imposer malgré les réticences provoquées par ses transgressions de l’ordre moral établi.

Comme si cela ne suffisait pas, il faut dire que sa trajectoire singulière digne d’un roman d’aventure n’a pas peu contribué à en faire un personnage quasi-mythique. Arrivée avec quelques dollars en poche et dans le plus total anonymat d’Union soviétique en 1926 sous le nom d’Alisa Rosenbaum, la jeune femme est presque aussitôt devenue scénariste à Hollywood grâce à un mentor de renom, Cecil B. de Mille.

Sous le nouveau patronyme à consonance plus américaine d’Ayn Rand, elle vivote ensuite de petits jobs, s’essaie au théâtre non sans quelque succès (Night of January 16th), puis se tourne vers l’écriture en publiant trois romans dont le deuxième, The Fountainhead, lui vaut de fréquenter le célèbre architecte Frank Lloyd Wright avant de revenir au cinéma à l’occasion de l’adaptation du titre à l’écran par King Vidor avec Gary Cooper dans le rôle principal — tandis que le troisième, Atlas Shrugged, la fait comme on la vu accéder à une franche popularité.

Dans le même temps, elle s’aventure à plusieurs reprises aux marges de la politique. Elle fait campagne pour les candidats républicains aux élections présidentielles de 1940 et de 1964 ou est sollicitée lors de la traque des activités communistes en 1946-47. Après le formidable succès d’Atlas, l’écrivaine abandonne la fiction pour se métamorphoser dans les années 1960 en « philosophe » et passionaria de l’égoïsme et du capitalisme qu’elle justifie moralement en élaborant une doctrine rationaliste d’un genre inédit baptisée l’ « objectivisme » et exposée dans plusieurs essais.

Elle fascine alors la grande presse (son entretien à Playboy en 1964 fera date), met sur pieds un mouvement idéologique défendant et diffusant la pensée objectiviste, enflamme toute une génération d’étudiants avec d’innombrables conférences sur les campus (Hilary Clinton dira : « Et naturellement, j’ai eu ma période où je lisais Ayn Rand… », propos rapporté par William Powers dans le Washington Post du 25 août 1996), avant de devenir l’égérie d’une escouade de disciples dévoués dont le plus connu n’est autre qu’Alan Greenspan.

Elle contribue amplement à l’émergence et au développement du courant de pensée libertarien ainsi qu’au retour en grâce du « free market » sur lequel surfera Reagan en 1980, pour enfin défrayer quelque peu la chronique par ses frasques extraconjugales qui se retournent contre elle et l’empêchent de finir en beauté une vie bien remplie.

Rien d’étonnant, dès lors, à ce que l’audience d’Ayn Rand se soit étendue bien au-delà des frontières américaines. L’essentiel de son œuvre, et d’abord Atlas Shrugged, est traduit dans plus d’une douzaine de langues, en espagnol, en italien et en allemand bien sûr, mais également en bulgare, danois, néerlandais, suédois, polonais, chinois, japonais, vietnamien ou turc.

Et lorsqu’il a commencé à être question en 2007 d’adapter Atlas à l’écran, la nouvelle a figuré en première page de grands quotidiens indiens. L’acteur anglais Michael Caine, par exemple, est un tel fan d’Ayn Rand qu’il a prénommé sa fille « Dominique » en hommage à l’héroïne de The Fountainhead, tandis que le récent Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa la cite avec admiration dans son roman Les cahiers de Don Rigoberto. Quant à Andréi Illarianov, conseiller économique de Vladimir Poutine, n’a-t-il pas lancé en octobre 2004 à Alan Greenspan qui le rapporte dans Le temps des turbulences : « La prochaine fois que vous viendrez à Moscou, accepteriez-vous que nous nous réunissions…pour discuter d’Ayn Rand ? »

Mais dans ce tableau international, un pays brille superbement par son dédain : la France, où le nom de l’écrivaine et philosophe américaine est quasiment inconnu (cf. en annexe de mon livre, Ayn Rand ou La passion de l'égoïsme rationnel, le maigre et significatif corpus de la littérature qui la mentionne) et où son œuvre n’était jusqu’à présent que fragmentairement traduite et la plupart du temps passée sous silence quand elle l’était.

Il serait illusoire d’incriminer une hypothétique barrière culturelle séparant les univers latins et anglo-saxons : l’heureuse réception d’Ayn Rand en Italie, en Espagne et plus largement dans le monde sud-américain le dément. Le traditionnel « provincialisme » intellectuel français n’en est pas non plus la cause puisque, pour s’en tenir au plan des idées, Galbraith, Rorty et surtout John Rawls sont plus que les bienvenus dans notre pays.

L’explication la plus évidente est que la pensée d’Ayn Rand contredit frontalement l’exception culturelle française et sa matrice idéologique ultra-dominante pour laquelle hors de l’État et du « social » il n’est point de salut. Et il n’y a en conséquence pas de droit reconnu à l’existence pour un suppôt de l’individualisme et du capitalisme.

Pourtant, à l’heure où, grâce au spectaculaire rebond des ventes de ses deux grands romans et d’abord d’Atlas Shrugged (500 000 exemplaires en 2009), la sortie de l’adaptation si longtemps attendue de ce dernier au cinéma en avril 2011 et la parution des deux premières véritables biographies la concernant, Ayn Rand fait plus que jamais l’actualité aux États-Unis trente ans après sa mort (1982), le moment semble venu de combler cette béance en proposant cette biographie intellectuelle francophone de cette femme à la personnalité fascinante mais controversée, dont les magnétiques yeux noirs transperçaient littéralement ses interlocuteurs.

L’aspect spécifiquement biochronologique de cette enquête ne livrera aucune révélation bouleversante mais bénéficiera beaucoup des investigations fouillées de ses deux récentes et excellentes biographes américaines de 2009, Anne C. Heller (Ayn Rand and the World She Made) et Jennifer Burns (The Godess of the Market — Ayn Rand and the American Right), dénuées de toute tentation hagiographique ou de tendances au règlement de comptes comme ce fut trop souvent le cas antérieurement.

Le propos du présent ouvrage est effet fondamentalement d’ordre intellectuel, les matériaux biographiques exposés visant principalement à établir une généalogie de la pensée randienne et à souligner la remarquable continuité qu’Ayn Rand a manifestée dans ses romans puis ses essais et conférences, en cherchant sans relâche à reformuler, à théoriser, à expliciter et à développer sa précoce et séminale intuition individualiste.

Comment, alors qu’à l’époque rien ne paraissait pouvoir y contrarier l’irrésistible ascension de l’intervention gouvernementale et du Welfare State, comment donc a-t-elle pu amorcer le reflux idéologique de ce qui paraissait s’inscrire définitivement dans le sens de l’Histoire en redorant le blason du capitalisme et du « moins d’État » ?

En fin de parcours, sa doctrine  « objectiviste » et son rapport à la philosophie comme aux philosophes (Aristote, Kant, Nietzsche en particulier) seront soumis à un questionnement critique sans concession — une tâche dont les biographes précitées se sont délibérément désintéressées.

Avec en toile de fond cette interrogation : Rand a-t-elle été une philosophe qui a d’abord choisi de s’exprimer dans des romans à thèse au risque de les rendre parfois pesants, ou une romancière qui aurait dû s’en tenir au domaine de la fiction, tant sa pratique de la philosophie peut paraître problématique?

Au-delà d’un indispensable « Connaissez-vous Ayn Rand ? »  ou plutôt d’un « Who was Ayn Rand ? » faisant écho au si connu outre-Atlantique « Who is John Galt ? » qui scande Atlas Shrugged en renvoyant au nom du personnage central du récit, la préoccupation majeure est donc ici de répondre à la question: que pensait donc vraiment Ayn Rand ? Ce qui mènera entre autres choses à dissiper le malentendu faisant d’elle avant tout « la déesse du libre marché » sinon « la Jeanne d’Arc du capitalisme », alors qu’elle se voulait d’abord la philosophe de l’esprit, de la raison, du bonheur et de l’égoïsme, bien plus focalisée sur ce qu’elle appelait la « métaphysique », l’épistémologie et l’éthique — la politique et l’économique n’en étant que des conséquences induites.


La longue gestation d’une œuvre polymorphe

 

Entretien avec Sophie Bastide-Foltz, traductrice de La Grève, et Alain Laurent, éditeur, essayiste et philosophe, directeur de la collection Bibliothèque classique de la liberté, aux Belles Lettres.

Quelle a été la genèse de l’édition française d’Atlas Shrugged ? Pourquoi les lecteurs francophones ont-ils dû attendre si longtemps ?

Sophie Bastide-Foltz, traductrice : À l’origine, Andrew Lessman, membre actif de la fondation Ayn Rand et passionné par le livre, a acquis les droits de traduire en français et de distribuer Atlas Shrugged. Son but, au départ, était de pouvoir le faire lire à ses amis français. Il m’a donc contactée, ainsi qu’une bonne cinquantaine d’autres traducteurs professionnels. Il envisageait de le faire traduire par une équipe de plusieurs traducteurs pour gagner du temps et être synchrone avec la sortie du film. Quelques échanges plus tard, des affinités philosophiques et politiques ainsi qu’un essai concluant ont débouché sur un accord avec moi. Je l’avais convaincu qu’il valait mieux qu’une seule personne traduise… pour l’homogénéité du texte.

J’ai mis plus de deux ans à traduire le livre. Andrew, au départ, voulait le publier lui-même. Mais je l’ai convaincu de le faire en co-édition avec une maison d’édition française. J’ai d’abord tenté de faire publier le livre chez Gallimard. C’était en bonne voie, jusqu’à ce qu’au dernier moment Antoine Gallimard finisse par reculer. Je n’ai jamais su quelle en était la véritable raison.

Une œuvre polymorphe, à la fois roman, essai philosophique et politique (Sophie Bastide-Foltz, traductrice)

Mon mari, Philippe Bastide, connaissait bien Bill Bonner qui avait racheté les Belles Lettres. Nous lui en avons donc parlé, d’autant plus que nous avions découvert qu’Alain Laurent avait publié La Vertu d’Égoïsme chez eux. Et, de fil en aiguille, la présidente des Belles Lettres, Caroline Noirot, a pris la décision de le publier.

Je pense que si les lecteurs francophones ont dû attendre si longtemps, c’est que la première tentative (suisse) avait avorté après refus de la traduction par Ayn Rand elle-même et qu’ensuite, plusieurs facteurs se sont conjugués : le poids combiné de l’anti-américanisme, anti-libéralisme marxisant dans les milieux intellectuels français, l’importance de la pagination (une traduction coûte cher à l’éditeur, surtout pour un livre aussi gros), le caractère polymorphe de l’oeuvre, à la fois roman, essai philosophique et politique.

les convictions politico-philosophiques de Rand contredisent radicalement l’exception idéologique française du tout-État et du tout-social (Alain Laurent)

Alain Laurent, éditeur : Nous avons été contactés il y a deux ans par un businessman francophone et francophile américain, Andrew Lessman, grand admirateur d’Ayn Rand qui avait décidé de faire de la traduction d’Atlas Shrugged en français puis de sa diffusion en France une affaire personnelle. Ayant déjà traduit The Virtue of Selfishness, les éditions des Belles lettres lui ont semblé les mieux en mesure de coopérer avec lui dans cette opération. Quand je l’ai rencontré début mai 2010, on s’est d’autant mieux mis d’accord que j’étais déjà très engagé alors dans la préparation de la biographie intellectuelle d’Ayn Rand que je viens de publier. Si les les lecteurs francophones ont dû tellement attendre, c’est principalement parce que les convictions politico-philosophiques de Rand contredisent radicalement l’exception idéologique française du tout-État et du tout-social…

Quelle a été la nature des négociations avec les ayant-droits ?

Alain Laurent : Andrew Lessman porte en lui une telle force de conviction qu’il a immédiatement obtenu l’accord de Ayn Rand Institute (ARI) quand il s’est présenté pour obtenir la cession des droits de traduction en français. C’est lui qui s’est ensuite chargé de faire procéder à cette traduction.

La traduction (inachevée) de Jeheber – datant de 1958 – vous a-t-elle été utile ou a-t-elle plutôt été un frein ?

Sophie Bastide-Flotz : J’ai préféré, après lecture de quelques pages, ne plus du tout consulter la première traduction de 1958. C’est un choix de ma part. Je voulais être libre d’en donner ma propre interprétation.

Alain Laurent : Ni utile, ni frein: on n’en a pas tenu compte, tant elle était défaillante (Rand, qui lisait parfaitement le français, l’avait sur le champ répudiée dès qu’ elle en avait lu les premières pages).

Que pensez-vous de la traduction collective engagée par des internautes il y a une dizaine d’années ? Pourquoi a-t-il été stoppé en 2006 ?

Sophie Bastide-Foltz : La traduction collective engagée il y a dix ans était respectable pour son exactitude littérale, mais peu satisfaisante sur le plan esthétique et stylistique. Mais c’est normal puisque la traduction est un métier à part entière. La traduction pirate parue l’an dernier sur le net est tout aussi peu satisfaisante du même point de vue à mes yeux.

Alain Laurent : Je n’ai pas été mêlé à cette affaire. Mais je crois savoir que cette initiative, heureuse en soi, n’avait pas pris en compte le problème de la cession des droits : lorsqu’enfin Andrew Lessman a été contacté, il a refusé de les céder, bien décidé à s’en occuper lui-même. De plus, une bonne traduction ne peut pour d’évidentes raisons de cohérence être l’œuvre que d’un seul individu. Et vu l’ampleur de la tâche, mieux vaut aussi un professionnel.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par à la traduction de cet OVNI littéraire ?

Sophie Bastide-Foltz : La principale difficulté pour moi a été la nature hétérogène de l’œuvre, passer successivement du style du roman avec les rebondissements et les descriptions d’une scénariste de talent à celui des envolées philosophiques. Sinon, les difficultés rencontrées ont été les mêmes que tout traducteur qui se respecte se doit de surmonter pour n’importe quel ouvrage (contextualisation dans l’époque sur le plan de l’environnement technologique et politique).

Alain Laurent : l’anglais pratiqué par Rand est très particulier : quand on la la fait lire « en aveugle » à un angliciste, il s’aperçoit aussitôt qu’elle n’est pas américaine d’origine. Et il a d’autre part fallu prendre soin de bien restituer l’inspiration aristotélicienne du lexique théorique employé dans La Grève, en particulier dans le discours de Galt.

Au-delà du volume imposant du roman, une difficulté ne réside-t-elle pas dans la « traductibilité » de l’ouvrage ? Non pas du point de vue de la langue, mais de la culture : par exemple, le train a à la fois une symbolique pionnière et celle d’un système nerveux pour Rand ; les francophones peuvent-ils percevoir la même chose ?

Rand n’a fait que prolonger la logique d’une réalité qui la scandalisait (Alain Laurent)

Sophie Bastide-Foltz : Passer d’une culture à une autre fait partie de mon métier. Mais il est vrai que cette œuvre comporte une spécificité: le fait que l’héroïne Dagny Taggart soit héritière et à la tête d’un réseau de chemins de fer n’est pas innocent. Au-delà de la symbolique du système sanguin et de l’irrigation physiologique, les chemins de fer constituent historiquement un élément fondateur et fédérateur de l’histoire et du développement des États-Unis. Certains spécialistes des réseaux ferroviaires sont d’ailleurs capables de comprendre la nature politique et organisationnelle d’un pays en regardant simplement la structure de son réseau ferré.

Alain Laurent : Je ne crois pas que ce soit là la vraie difficulté, tant par exemple les westerns ont habitué le public français à saisir l’importance du train en effet pionnière du train aux États-Unis. La difficulté se tient plutôt dans la méconnaissance des côtés sombres de l’histoire politique américaine des années 1940-50, imprégnée de pro-soviétisme et de « welfarisme » : Rand n’a fait que prolonger la logique d’une réalité qui la scandalisait.

Sophie Bastide-Foltz a notamment traduit aux éditions Florent Massot The Gentleman, Martin Booth, (Angleterre) 2010 ; chez Actes Sud Thé au Trèfle, Ciaran Carson, (Irlande) 2004, Il faut marier Anita, Anita Jain, (Inde) 2010 ainsi que, aux éditions Joëlle Losfeld/ Gallimard L’Ange de Pierre (réédition), Margaret Laurence (Canada) 2007 et Les Devins, Margaret Laurence, 2010.

Philosophe et essayiste, déjà auteur aux Belles Lettres de La Philosophie libérale (2002 – ouvrage couronné par l’Académie française) et du Libéralisme américain. Histoire d’un détournement (2006 – prix du livre libéral), Alain Laurent dirige les collections « Bibliothèque classique de la liberté » et « Penseurs de la liberté » aux Belles Lettres. Il coordonne en outre l’Anthologie des textes libéraux (Robert Laffont, « Bouquins », à paraître).

À voir également : 

Nous profitons de la présence d’Alain Laurent pour l’interroger également sur l’essai qu’il publie, cette semaine aussi, aux Belles Lettres et consacré à la pensée de Rand : Ayn Rand, la passion de l’égoïsme rationnel (coll. Les Penseurs de la liberté, 240 p., 25 €).

De quelle manière La Grève s’inscrit-elle dans le parcours intellectuel de Rand ? Quel est l’apport spécifique de ce roman à sa pensée ?

Alain Laurent : La Grève est véritablement l’œuvre de maturité, celle où s’accomplit tout le cheminement intellectuel de Rand. C’est là qu’elle intègre (comme elle aimait tant à dire !) toutes ses conceptions en une perspective cohérente globale. Ensuite, elle n’a guère fait que gloser sur la thématique du discours de Galt.

Rand a été la seule a vraiment vouloir faire reposer l’économie politique classiquement libérale sur une « métaphysique » et surtout une éthique (Alain Laurent)

Est-ce l’œuvre qui a véritablement façonné la pensée objectiviste ? Qui a soudé ses innombrables admirateurs ?

 Sans aucun doute, pour les raisons que je viens d’indiquer. Mais ce serait trop dire que l’objectivisme « soude » tous les admirateurs de Rand : on peut l’admirer sans souscrire à tous les articles de foi du discours de Galt, comme c’est mon cas…

Quel regard peut-on porter sur la philosophie de Rand ? Est-ce une romancière qui s’essaie à la philosophie, ou une philosophie qui écrit des romans ?

Elle a plutôt été une romancière puissamment portée par une « philosophie » au sens d’une vision fondamentale du monde – mais pas vraiment une philosophe avec toute la rigueur critique, la culture et la patience qu’impliquent cette qualité. Sa très grande trouvaille a été de d’abord privilégier la fiction pour illustrer sa conception des choses : d’où l’immense succès de de ses romans.

Dans l’histoire intellectuelle du libéralisme, quelle place tiennent La Grève et Ayn Rand ? En quoi sont-ils si particuliers ?

C’est une place paradoxale, à la fois marginale (elle n’apporte rien de vraiment nouveau au paradigme du libéralisme classique) et…centrale, dans la mesure où elle a été la seule a vraiment vouloir faire reposer l’économie politique classiquement libérale sur une « métaphysique » et surtout une éthique, une vision forte de la nature de l’homme – la plupart du temps ignorées par les penseurs libéraux.

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commentaires

C
<br /> Blog(fermaton.over-blog.com),No-24. - THÉORÈME des SIX. - Philosophie Unitaire<br />
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C
<br /> Très très bon film ca! Je les ai tous vu!<br />
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