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Les Tziganes, boucs émissaires de l’insécurité en Italie. Après le meurtre d’une femme par l’un d’eux, Romano Prodi (centre gauche) veut expulser les «Roms» soupçonnés de délinquance criminelle. L’argument : «Empêcher la bête raciste de sortir de sa cage.» Mais elle montre son front bas quand une ethnie est ainsi désignée comme indésirable. Pourtant, la «gauche morale» française, intarissable contre les tests ADN, reste muette. La Commission européenne a dû rappeler, lundi, que les expulsions collectives d’Européens étaient interdites.
Ce choix de dénoncer une minorité, de surcroît persécutée par les nazis, n’a pas davantage été relevé par ceux, innombrables, qui ont critiqué le vote des Suisses en faveur de Christoph Blocher, dont l’affiche électorale invitait à chasser du pays le mouton noir. Il est vrai que le leader de l’Union démocratique du centre dénonçait là l’emprise de l’islamisme. C’est donc lui le xénophobe, et non Prodi. Ainsi jugent, en effet, les consciences. Plutôt que de combattre une idéologie de soumission dont la femme est la première victime, elles en viennent à cautionner un discours sulfureux contre les «Roumains», dans l’espoir de rassurer l’opinion. C’est en Italie que la Cour de cassation a acquitté un père musulman qui avait frappé sa fille, Fatima, selon les règles de la charia. Hina fut égorgée par papa parce qu’elle portait des minijupes et sortait avec un chrétien. Mardi, Rome a toutefois arrêté une douzaine de djihadistes.
Le fondamentalisme est le vrai fauteur de troubles. Les renseignements britanniques ont révélé lundi qu’al-Qaida formait en Grande-Bretagne des enfants et des adolescents en vue de perpétrer des attentats dans le pays. Vendredi, Le Figaro a dévoilé la violence de la littérature coranique de certaines bibliothèques anglaises : ainsi, la librairie de la mosquée de Regent’s Park propose un ouvrage sur la décapitation des mauvais musulmans.
Or, partout en Europe s’ob-serve une même peur d’affronter l’islam politique, aux dogmes pourtant incompatibles avec la démocratie (Chahdortt Djavann, À mon corps défendant, l’Occident, Flammarion). En France, 17 imams expulsables à cause de leurs prêches sont protégés, notamment par la Mosquée de Paris (nos éditions du 2 novembre). Ce sont eux les indésirables et il n’y a pas de racisme à le dire. Leur impunité risque de faire peser sur le reste de la communauté musulmane un injuste soupçon de connivence.
D’autres non-dits entourent l’affaire de L’Arche de Zoé, dont une partie des membres reste emprisonnée au Tchad. La violence des propos contre l’ONG, accusée par les Tchadiens d’alimenter des réseaux pédophiles, en fait le bouc émissaire de rancœurs et de défiances qui la dépassent, sans commune mesure avec la sotte tentative d’expatrier 103 enfants faussement présentés comme menacés par le conflit du Darfour. Entendre le ministre de l’Intérieur tchadien dire qu’il fallait que ces «bandits [les humanitaires] goûtent à nos prisons», a pu être perçu comme un défi lancé à l’ancienne puissance tutélaire ; d’autres propos ont laissé voir le désir d’humilier le «Blanc». De ce point de vue, la déclaration de Nicolas Sarkozy assurant mardi qu’il irait «chercher tous ceux qui restent, quoi qu’ils aient fait», a au moins rétabli l’autorité de la France. Mais les commentaires français accusant eux aussi les organisateurs, en dépit de la présomption d’innocence, ont révélé une autre défiance : parce que George Bush a dénoncé un génocide mené au Darfour par le régime islamiste de Khartoum, une opinion antiaméricaine s’emploie à n’y voir qu’une guerre entre Soudanais, n’accordant aucune légitimité à une urgence humanitaire. L’Arche de Zoé complice des Américains ? Certains lyncheurs le pensent tout haut.
«Les anti-atlantistes vont-ils se priver de sauver un peuple en danger uniquement parce que l’Amérique est au côté de ce peuple?» Bonne question, posée mardi dans Le Figaro par le professeur Ezra Suleiman. Cet antiaméricanisme aide à comprendre les critiques de Rony Brauman (ex-président de Médecins sans frontières) contre la mobilisation pour les Darfouris soutenue par les États-Unis. Il éclaire aussi ses attaques contre Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy, qu’il accuse d’être responsables de l’initiative de L’Arche de Zoé.
Or ce rejet des États-Unis, porté de l’extrême droite à l’ex-trême gauche en passant par les souverainistes et les gaullistes, n’a pas de sens, même s’il reste convenu de se féliciter de l’opposition chiraquienne dans le dossier irakien. Cette unanimité a d’ailleurs conduit les médias à oublier de signaler, lundi, que le premier ministre irakien s’était promené pour la première fois dans les rues de Bagdad, à pied et pendant une heure, afin d’illustrer une sécurité qu’il estime en train d’être rétablie. Seul le chaos réjouit les anti-Bush.
Aussi faut-il se féliciter de la réconciliation avec les États-Unis, officialisée par Sarkozy. Reçu par le président américain, mardi, il a dit vouloir «reconquérir le cœur de l’Amérique de façon durable», avant d’assurer devant le Congrès sa détermination à défendre, face à la barbarie terrorisme, «l’avenir de nos valeurs et celui de l’Alliance atlantique». Plus que l’Union méditerranéenne – ce projet présidentiel ambigu –, c’est l’union occidentale qu’il faut consolider, notamment face à un Iran menaçant.
François Fillon, commentant sur Europe 1 les grèves à venir : «Nous ne reculerons pas !» Quitte à descendre dans la rue ? Des partisans de la rupture y sont prêts.
Honorer le courage d ’un adolescent Français,fusillé par l’occupant allemand ? Louche. «La meilleure façon de rendre hommage à Guy Môquet c’est de soutenir les sans-papiers», estime un responsable Vert. Marie-Georges Buffet (PCF) embraye sur la résistance contre «les mesures du gouvernement». Le Syndicat des enseignants (SNES) appelle à ne pas lire l’ultime lettre du jeune communiste, pour refuser l’ «instrumentalisation de l’histoire». Ces confusions contribuent à rendre la France migraineuse.
Amalgames, approximations, faux procès : tous ces ingrédients, déjà observés dans l’argumentaire des belles âmes contre l’ADN comme preuve de filiation, se retrouvent dans les critiques contre l’initiative de Nicolas Sarkozy de consacrer en Guy Môquet, 17 ans, le symbole d’un comportement exemplaire. La gauche aime les «devoirs de mémoire» quand ils sont repentants, mais les trouve suspects quand ils promeuvent une fierté nationale.
Le dénigrement d’une décision venue de la droite ne suffit pas à expliquer le charivari de cette semaine. L’épisode révèle, plus gravement, l’état d’esprit d’une partie de la gauche et des enseignants, qui rechignent à transmettre la mémoire française. Déjà, en 2005, ils avaient jugé «idéologique» le projet de faire apprendre La Marseillaise en primaire. Pour eux, le patriotisme est l’expression d’un nationalisme. Un raisonnement caricatural.
Quand Xavier Darcos, ministre de l’Éducation, estime que l’école doit renforcer «la cohésion nationale autour d’une histoire, de valeurs et d’aspiration communes», Nicolas Offenstadt (enseignant à Paris 1) y voit, dans Libération, «un inquiétant mouvement de fond» qui vient contrarier l’aspiration à une «école plus ouverte aux histoires plurielles». L’idéologie multiculturaliste, qui imprègne l’École, invite la nation à faire profil bas.
Là est le cœur du problème identitaire que la France doit résoudre. Il est posé à la fois par la nouvelle immigration de peuplement et par la détermination de l’Éducation nationale à faire partager une mémoire commune à travers des valeurs aussi universelles que le courage et l’héroïsme. Ces «profs» qui considèrent comme une «propagande civique et patriotique» l’hommage à Guy Môquet ont renoncé à cette mission. Le corps enseignant saura-t-il les marginaliser ?
À dire vrai : il y avait une raison historique de contester ce lundi dédié au «militant communiste engagé contre l’occupant nazi et le régime de Vichy» ( L’Humanité ). Guy Môquet, fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Chateaubriant, après l’attentat contre un officier allemand commis deux jours plus tôt à Nantes par trois jeunes communistes répondant à un ordre de Jacques Duclos, n’a lui-même jamais été résistant. Or cet argument n’a pas été soulevé. Quand le PCF accuse le gouvernement de «réviser l’histoire», il parle en orfèvre : une amnésie recouvre l’alliance qu’il défendit, entre Staline et Hitler, d’août 1939 à juin 1941.
Lorsque le lycéen se fait arrêter gare de l’Est par la police française, le 13 octobre 1940, il distribue des tracts dénonçant «des magnats d’industrie» qui «tous, qu’ils soient juifs, catholiques, protestants ou francs-maçons (…) ont trahi notre pays et l’ont contraint à subir l’occupation étrangère (…)». Non seulement il n’est pas résistant au nazisme, mais il adhère à la stratégie de collaboration de l’URSS avec l’Allemagne. Le 22 août 1939, Moscou a en effet accueilli le représentant d’Hitler, Ribbentrop, en faisant jouer l’hymne nazi «Horst Wessel lied». De juin 40 à la fin août, le PC a tenté d’obtenir de l’occupant la reparution de L’Humanité, en lui faisant valoir qu’il n’a «pas cédé à la dictature du juif Mandel» et en s’enorgueillissant de ses opérations de sabotage de la Défense nationale (bloc-notes du 15/12/2006). Ces trous de mémoire s’ajoutent à l’embrouillamini des esprits.
Serait-il honteux d’attendre de ceux qui désirent s’installer durablement en France le respect de sa langue, de ses règles, de son mode de vie ? Le projet de loi sur l’immigration, adopté mardi, surprend par sa timidité : un test de quinze minutes vérifiera « la connaissance rudimentaire du français (500 mots) et des valeurs de la République » du candidat au regroupement familial. Des clandestins pourront être régularisés s’ils occupent un emploi peu demandé. Alors que l’opinion est priée de se passionner, ces jours-ci, pour un Pacte écologique aux craintes incertaines, il serait autrement plus utile de bâtir un Pacte républicain, actuellement réduit au minimum.
En fait, ces molles exigences face à la pression migratoire extra-européenne s’emploient à ne pas trop heurter le discours en vogue sur le métissage des cultures. Mais cette utopie impensée du grand brassage contredit le respect de l’identité nationale, ce ressort de l’élection présidentielle. «On se découvre plus vulnérable qu’on ne l’imaginait», a dit Nicolas Hulot, mardi sur Europe 1, parlant de la planète. Une même réflexion pourrait être tenue, parlant de la nation.
C’est d’ailleurs ce que suggère Ayaan Hirsi Ali. L’ex députée néerlandaise d’origine somalienne, cible des intégristes, dénonce dans Le Monde l’impossibilité de «parler librement de l’islam» en Europe et demande à la France «de prendre la tête d’un mouvement visant à faire comprendre à tous les Européens que, ce qui se joue, c’est leur socle de valeurs et de principes les plus fondamentaux». Au nom des Lumières dont se réclame Hirsi Ali, la nation s’honorerait de l’accueillir comme citoyenne d’honneur et de lui offrir sa sécurité.
A Tanger, mardi, Sarkozy a lancé un appel à bâtir, avec la France, l’Union méditerranéenne. Toujours ce besoin de flatter l’islam.