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Babylon A.D. VS Babylon Babies

 

Le film adaptation de l’oeuvre de Maurice G. Dantec, numéro 1 au box office, est l’actualité de la semaine. A celles et ceux qui ont lu le livre et vu le film, l’adaptation de Mathieu Kassovitz vous paraît-elle à la hauteur du roman de Maurice G. Dantec ?

Livrez-nous vos commentaires… à nouveau ouverts.


Entrevue avec Maurice G. Dantec pour SpeedMag

L'avenir est Babylone
Entrevue avec l'auteur Maurice G. Dantec
Par Manouane Beauchamp
pour SpeedMag

Mathieu Kassovitz s'est fait connaître en tant que réalisateur avec les films La Haine (1995), Les Rivières pourpres (2000) et Gothika (2003). Il récidive avec Babylon A.D., qui devrait être sur nos écrans cet été. Ce film est basé sur le roman de Maurice G. Dantec, intitulé Babylon Babies, paru en 1999 chez Gallimard. Rencontre avec l'auteur d'un livre à mi-chemin entre la science-fiction et la prophétie.

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Votre roman Babylon Babies est très noir. Diriez-vous qu'il s'agit d'une oeuvre de science-fiction ou d'un roman prophétique ?

Dans Babylon Babies, ce qui m'intéressait, c'était de voir l'emprise de la technique sur l'humanité. Parce qu'il n'est pas possible, je pense, de comprendre le XXe siècle sans comprendre l'importance de la technique.

Les questions que je soulève dans ce roman sont : Où va la technique? Comment se fait-il qu'elle se retourne contre nous ? Pourrait-elle faire renaître les forces de l'esclavage ? Parce que la technique n'est pas un jouet, c'est un défi, un challenge en soi. Mais pour de bon. Ce n'est pas seulement la voie qui mène au confort, mais aussi celle qui mène à la bombe nucléaire. C'est la même chose avec la pierre taillée, elle a été inventée pour la chasse, mais si toutefois on a pu l'utiliser pour tuer un membre gênant de la tribu, cela n'aurait pas été considéré comme un homicide, mais comme un sacrifice. La conception même de la technique est inséparable de la notion de sacrifice. Et ç'est malheureusement un élément important qui a été oblitéré dans l'analyse de la technique.

Au début du récit de Babylon Babies, l'humanité, complètement dominée par la technique, est en voie de désagrégation politique, sociale et culturelle. La technique menace de détruire, d'anéantir le monde qu'elle a aidé à fabriquer. Mais bizarrement, voilà qu'à un moment donné s'amorce un processus de réversion. La technique se retourne malgré elle contre l'humain. Dans le récit, un virus apparaît qui menacera tant l'humanité que le monde de la technique. Autrement dit, la technique va se retourner contre elle-même en utilisant les humains. Ainsi l'Homo sapiens, après avoir éliminé l'homme de Néandertal, voit-il sa propre fin arriver avec l'apparition d'une forme de vie supérieure.

Le message que je veux faire passer avec Babylon Babies est qu'il ne faut pas s'attendre à ce que la science fabrique un monde meilleur. Ce qui va se passer, c'est une convergence de catastrophes, imprévisibles dans le monde de la science, qui vont engendrer quelque chose d'autre. Je ne sais pas comment ça va se produire, je veux simplement démontrer comment cette convergence peut se produire. Dans 10 ou 20 ans, pas plus selon moi, les sciences comme les nanotechnologies, l'intelligence artificielle, les sciences de la génétique, la biochimie moléculaire, le travail sur les matériaux et les sciences de l'information vont converger mais pas d'une façon programmée. C'est alors qu'une découverte inattendue, soudaine, pourrait avoir de graves conséquences sur l'humanité.

Ainsi, ce livre a une saveur prophétique ?

C'est au futur de décider. L'idée est de suivre la convergence. Le romancier doit être comme un sismographe. Moi je crois en la convergence des catastrophes. Elles seront autant scientifiques que géopolitiques et métaphysiques. Mon idée est de montrer comment cette masse critique s'agrège et détonne. Un roman pour moi doit créer une onde de choc dans la gueule du lecteur; de manière physique, détruire quelques neurones. C'est fait pour ça. C'est une arme, c'est comme ça que je le vois. Alors, prophétique? Je ne sais pas...

Est-ce que vous vous inspirez de livres scientifiques ou de l'actualité ?

Je m'inspire de la science dans mes romans, mais j'aime bien me laisser influencer par des types qui ne soient pas mainstream. Je m'intéresse toujours aux outlaws. Quand je parle de science, je m'intéresse aux mavericks, ceux qui sont on the edge. Des types qui ont une démarche scientifique mais qui ne sont pas des hérétiques.

Kassovitz a choisi votre roman pour faire son film. Pourquoi ce livre ?

Je ne sais pas, il faut lui demander. Il a dû aimer le roman. Vous savez, à partir du moment où un producteur paye, il a le droit de faire ce que bon lui semble avec une oeuvre. C'est comme au poker, tu payes pour voir. Après, il a toute sa liberté en tant qu'auteur. Peut-être que le film ne ressemblera pas au livre sous certains aspects, je n'en sais rien. En fait, pour être franc, c'est son problème parce que c'est lui le réalisateur.

Ceci dit, j'ai vu, non pas le scénario final, mais un synopsis du film. C'était tout à fait aimable de sa part de me le communiquer, et j'ai pris la peine de lui faire parvenir quelques annotations par-ci, par-là, mais elles étaient purement consultatives. Il a acheté les droits, le livre ne lui appartient pas, mais les droits pour faire un film lui appartiennent.

Quelle partie de votre roman espérez-vous voir bien représentée ?

Montréal. J'aime Montréal, avec le Plateau et le Mile-End. C'est une ville superbe qui a toutefois été un peu massacrée, architecturalement parlant.

Cela dit, je ne demande pas à Kassovitz de respecter les détails scénaristiques, mais je voudrais éventuellement qu'on perçoive dans le film la métaphysique qui est derrière le roman, à savoir ce que représentent les problèmes de la technique, de la science, du clonage, des religions, etc. S'il arrive à se dépatouiller avec ça et à faire un film qui tient la route, tant mieux.

Quelles sont vos sources d'inspiration ?

C'est mon cerveau qui opère, à partir du monde tel qu'il est. Un roman, j'ai toujours pensé que c'était quelque chose de relativement autonome par rapport au romancier. Je pense que le romancier est un instrument. Le roman lui-même demande à vivre, comme un enfant. Durant la phase de la conception, l'auteur mélange son ADN avec celui du roman. Parce qu'il faut que le roman existe, qu'il ait une origine et un sens, mais surtout, son existence propre. Et l'auteur doit faire en sorte que ce dernier existe par lui-même.

Sincèrement, quand j'écris, je n'ai pas de plan, sauf quelquefois je me fais des grilles afin de conserver une logique dans les événements. Je veux que la mécanique de haute précision soit parfaite, histoire de ne pas se perdre. Mais en ce qui a trait à la narration, c'est du one shot.

Et qu'en est-il des personnages ?

Ça non plus ce n'est pas calculé. Ça ne m'intéresse pas le calcul dans la littérature. Sinon, c'est comme un story board : tu remplis les cases sans aucun intérêt. À la limite, pour certains lecteurs, ça peut présenter un intérêt, quoique moi, ce genre de livres, je les sens arriver gros comme des camions. Et surtout, quel ennui pour l'écrivain! Tu ne fais aucune découverte, tu n'as aucune surprise, tes personnages ne te surprennent pas puisqu'ils font ce que tu as prévu. Bon, d'accord, je sais plus ou moins ce qu'ils vont faire, mais pas à la page près.

Pour terminer, comment voyez-vous l'avenir de l'humain ?

Il n'a pas d'avenir tel qu'on le connaît. Il va y avoir autre chose. Il va y avoir un grand nettoyage, c'est évident. Je suis évolutionniste, mais l'évolution suit un plan divin. Parce que l'évolution est beaucoup plus complexe que ce que nous pouvons concevoir. Ainsi, je crois à une évolution sur le plan divin. L'humain... On peut voir ça comme une expérience qui a mal tourné.

http://www.surlering.com/images/rubgauche/c814976ad581dc355107bd7f0605ac14.jpg


Maurice G. Dantec en Normandie le 13/09/08

août 28, 2008 by David Kersan

OUVERT AU PUBLIC

LES BABYLONS BABIES  VOUS INVITENT  A RENCONTRER MAURICE G. DANTEC EN NORMANDIE

samedi 13 septembre  de 17h à 21h

Lieu : Théâtre Puzzle 28 rue de Bretagne 14000 Caen.
Prix d’entrée : 12 euros.

Accès :
-par la route Autoroute de Normandie A13 (Paris-Caen 220km) / Autoroute de Bretagne A84 (Rennes-Caen 190 km)
-par le train  à 2h de Paris-Gare Saint Lazare
-sur place à Caen ligne de bus 1, 2 et 21 arrêt Ancienne Boucherie

samedi 13 septembre  de 17h à 21h :

- représentation théâtrale d’Artefact par Aurélien Lemant
- lectures par David Kersan et Emilie Roose d’extraits en avant-première de “Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute” de Maurice.G.Dantec, à paraître cet automne aux éditions Albin Michel
- diffusion de 4 titres du groupe Aircrash Cult
- Maurice G. Dantec répondra aux questions du public et dédicacera ses ouvrages.
 ****

Le reste du weekend, toujours en présence de Maurice.G.Dantec sera réservé aux membres des Babylon Babies, Communauté des lecteurs de Maurice.G.Dantec.
 
Le samedi soir : dîner aux alentours d’Arromanches sera réservé à la communauté des lecteurs.

Le dimanche : 10h30 visite du cimetière américain de Colleville, 13h30 visite du mémorial de Caen et de l’exposition consacrée aux attentats du 11 septembre.
 
Renseignements : gersende@mauricedantec.com

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