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Le conservatisme, fatalité française? La question se pose devant les prudences face aux réformes. Quelle politique suit Nicolas Sarkozy, quand il charme le Medef par ses discours libéraux mais assure que l’État ne laissera pas tomber les "métallos" d’ArcelorMittal? Où est la rupture, quand Éric Woerth, ministre du Budget, explique lundi que les économies sur l’assurance-maladie se feront "dans le respect du modèle social français", ce boulet?
Une frustration s’installe chez ceux qui voudraient voir la droite tirer les leçons de la faillite d’un système inspiré par la gauche. Ce n’est plus à l’État de s’immiscer, comme à Gandrange (Moselle), dans une affaire privée. Ce n’est plus à lui de protéger un mécanisme qui ponctionne 42,3% du salaire brut au titre des cotisations sociales, contre 10,5% en Angleterre . À chaque fois, un goût de trop peu reste en bouche. À commencer par les 35 heures non abolies ou la miniréforme des universités. Le gouvernement annonce la suppression de la publicité sur les chaînes publiques: des spots resteront en définitive sur certaines tranches horaires. Les introuvables taxis parisiens contestent le rapport Attali: la réforme est repoussée à plus tard. Les lycéens d’Ile-de-France, qui veulent en découdre, ont vu la faille.
Certes, le gouvernement a promis, juré de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux (le quart des employés dépend de l’État, contre environ 15 % chez nos voisins). Mais quand Sarkozy annonce, vendredi, 166 mesures pour rationaliser les dépenses (272 milliards d’euros), les 8 milliards d’économies qui en ressortent à l’horizon 2011 paraissent dérisoires. Les Français, qui à 79% réclament de serrer la vis, sont plus téméraires que leurs dirigeants.
Ce n’est pas en déremboursant d’autres médicaments que les économies durables seront faites. L’heure est venue de changer de système de santé et de retraite et d’en finir avec l’État régulateur. Mardi, le chef de l’État a admis que les politiques sociales alimentaient le déficit et la dette. Pourquoi ne pas ouvrir ces secteurs, et bien d’autres, à la concurrence? Les mots appellent les actes.
La rupture réussie
L’endoctrinement antilibéral, qui s’apprend dès l’école, n’est pas plus justifiable que le matraquage antiatlantiste porté par la gauche et ceux qui en appellent à Charles de Gaulle. La retenue de Sarkozy pour bousculer une tradition étatique héritée de l’après-guerre s’explique d’autant plus mal qu’il n’hésite pas, renouant avec les États-Unis, à braver un antiaméricanisme, ancré depuis Baudelaire. La rupture, réussie en politique étrangère, se fait attendre en politique intérieure.
La gauche immobile ne voit pas le monde changer. Elle ne discerne pas davantage les réalités qui contredisent ce qu’elle défend depuis quarante ans en matière éducative, familiale, économique. Tandis que l’Iran installe 6000 autres centrifugeuses, la bien-pensance dénigre ceux qui mettent en garde contre le risque d’embrasement attisé par l’islam radical, le 11 septembre 2001 et qui s’inquiètent du choc des cultures. Pierre Moscovici (PS) sur France 5, dimanche, relayant Moati et Guetta: "La thèse de M. Rioufol sur la guerre des civilisations est bidon" (voir mon blog). Trop d’honneur, Messeigneurs.
Cet aveuglement a conduit le PS à défendre, mardi, sa motion de censure contre l’ "atlantisme" du chef de l’État et sa décision de renforcer de 700 hommes la présence militaire en Afghanistan. Un parti défaitiste et pusillanime est alors apparu. "Nous allons perdre en indépendance ce que nous ne gagnerons pas en sécurité", explique François Hollande. Faudrait-il que le monde libre renonce à s’unir et se défendre face au totalitarisme islamiste qui veut sa perte? L’apaisement amorce la reddition.
L’Occident et ses valeurs, qui dépassent les races et les religions, sont contestés par un obscurantisme qui attise les haines des extrémistes de tout bord. L’abjecte profanation, près d’Arras, de 148 tombes de tirailleurs musulmans morts pour la France vient insulter la civilisation. Or, comme le remarque Roger-Pol Droit (L’Occident expliqué à tout le monde, Seuil): "Ce qui est préoccupant, c’est qu’il (l’Occident) soit aujourd’hui en train de douter gravement de son universalité, à un moment où il est attaqué par des adversaires résolus qui veulent sa destruction."
Choc des cultures (suite)
Autre expression du choc des cultures: le chahut réservé par les démocraties à la flamme olympique portée par la Chine. Sans doute a-t-il été pénible de voir le symbole des Jeux maltraité à Paris. Mais le combat des Tibétains pour la préservation de leurs racines et de leur religion, menacés par le totalitarisme chinois, est au cœur des droits de l’homme tels que l’opinion occidentale, pour une fois vigilante, entend les défendre. Au fait : se réjouir de voir les belles âmes, qui trouvent réactionnaire de parler d’identité française, se mobiliser pour l’identité tibétaine. Amorce d’une prise de conscience ou faute d’inattention?
Mai 68, encore
Les quarante ans de Mai 68. Pour la gauche passéiste, la France ne serait pas ce qu’elle est sans cette "révolution". En effet: d’autres pays voisins, qui l’ont évitée, sont plus avancés qu’elle…
Qui t’a fait roi? Nicolas Sarkozy devrait se poser la question en se rasant. Elle l’éclairerait sur le désamour des Français. La morosité tient moins à son comportement qu’à l’oubli de convictions qui avaient rallié une majorité d’électeurs. Sa sobriété nouvelle laisse les sondages de marbre: la France qui gronde reste indifférente face à ces artifices. Le président saura-t-il renouer, jeudi prochain à la télévision, les liens distendus?
Ne pas se fier au bruit de fond du monde médiatique et des salonnards: ceux-là persistent, majoritairement, à s’afficher de gauche. La société, elle, s’est convertie depuis longtemps aux valeurs de la droite qui ont fait gagner Sarkozy: travail, mérite, famille, nation, identité, autorité, sécurité, etc. L’Europe connaît ce même mouvement. Il vient, en Italie, de faire réélire haut la main Silvio Berlusconi, l’épouvantail des maîtres à penser.
Or le président agit comme s’il n’entendait que cette vieille mode "progressiste", dont Marcel Aymé s’amusait déjà dans Travelingue. Il semble redouter les procès en populisme que lâchent immanquablement les démagogues bousculés dans leurs croyances. Ainsi, son action contre les clandestins, qui additionne les exceptions, est-elle menée la honte au front. Hervé Mariton (UMP) a raison de remarquer: "Les convictions de la droite française sont aujourd’hui très fragiles."
La majorité affronte mollement les Verts et les altermondialistes, en guerre contre les OGM. Ils se sont pourtant déjà trompés en s’opposant naguère au nucléaire civil, devenu indispensable. Alors que la faim dans le monde suscite des émeutes, il est consternant d’observer Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à l’Écologie, recevoir les soutiens de José Bové et de Jack Lang pour ses réserves sur des plantes transgéniques, qui pourraient nourrir la planète. Mais les scientifiques sont moins écoutés que les bateleurs.
La lucidité des mentalités attend des actes. Cependant, des lois inutiles, comme celle qui a été votée mardi et qui réprime l’incitation à l’anorexie (à quand l’incitation à la cholestérolémie?), encombrent le Parlement. Des couacs répétés (ceux qui remettent en cause la politique familiale sont incompréhensibles) révèlent un manque de réflexion. Nicolas Sarkozy, perdu dans les détails, s’éloigne de ses soutiens d’hier. Est-il encore de droite?
L’enjeu lycéen
Mêmes les lycéens ont changé. Ils demandent plus de professeurs et une meilleure éducation, quand les enfants gâtés de 1968 remettaient en cause l’autorité des enseignants et leur savoir. La présidente du Medef, Laurence Parisot, ne tarit pas d’éloges sur cette génération: "Je les trouve absolument formidables d’exprimer cette exigence de qualité". Mardi, les 20.000 lycéens "black-blanc-beur" des cités, venus défiler au cœur de Paris, ont montré l’autre visage de la jeunesse (voir mon blog). Celle-ci ne brûle pas des écoles, elle en réclame. Parmi les banderoles: "Avec plus d’éducation, nos slogans seraient moins cons."
Ces élèves méritent d’être entendus. Premiers concernés par leur insertion, ils ont raison de se plaindre d’une École qui ne sait plus transmettre et qui a longtemps considéré les filières techniques et professionnelles comme dévalorisantes, alors que 1,3 million de postes sont à pourvoir. D’ailleurs, les manifestants ont déjà atteint leur but, en faisant envisager à Xavier Darcos, ministre de l’Éducation, un "New Deal du lycée". Hier, à Paris, le défilé de trop a néanmoins été une aubaine pour les casseurs mêlés à la foule.
Mais ces adolescents sont aussi les produits malléables d’un appareil syndical affilié à la gauche et coresponsable du désastre éducatif. Mardi, comme hier, l’encadrement (Snes, Unef, FO, CGT, SUD, etc.) ne cherchait pas à se dissimuler. Il impose ses mots d’ordre contre la réduction du nombre des enseignants. Ces jeunes, sur qui pèse déjà le prix faramineux des endettements de leurs aînés, comprendront-ils l’urgence d’en finir avec les critères quantitatifs, qui n’ont su améliorer leur sort? Tel est l’enjeu des prochaines semaines.
L’irritation des silencieux
Les syndicats projettent des démonstrations de force en mai. Enseignants et lycéens cornaqués rêvent d’une généralisation de leur mouvement. Bernard Thibault (CGT) espère une action unitaire pour entraver la poursuite de la réforme des retraites. Bref, le rituel contestataire veut reprendre le pouvoir de la rue, un an après l’élection de Nicolas Sarkozy. Mais ce pari est risqué. Si l’Élysée avait cru bon, lors des grèves de novembre 2007, de décourager les projets de contre-manifestations, nombreux sont ceux qui ne reconnaissent plus la légitimité de syndicats coupés des gens. Ces jours-ci, un nombre croissant de parents d’élèves s’insurge contre les blocages de lycées. Ne pas mésestimer l’irritation des silencieux.
Chagnon: blâme annulé
Les familiers du bloc-notes se souviennent de Louis Chagnon, professeur d’histoire défendu ici. Il a été sanctionné en 2004 par le rectorat pour une "formulation simpliste" sur Mahomet. Le tribunal administratif de Paris vient d’annuler le blâme, en constatant que "la vérité historique des propos n’est pas contestée" et que la provocation n’est pas établie (1). Une victoire pour la laïcité.
(1) Voici les termes de l'arrêt rendu par le Tribunal administratif de Paris, qui condamne également l'Etat à verser 1000 euros à Louis Chagnon:" Sur les conclusions à fin d’annulation et sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens de la requête : Considérant qu’aux termes de l’article 29 de la loi susvisée du 13 juillet 1983: "Toute faute commise par un fonctionnaire dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions l’expose à une sanction disciplinaire sans préjudice, le cas échéant, des peines prévues par la loi pénale"; que par l’arrêté attaqué du 30 janvier 2004 le recteur de l’académie de Versailles a infligé un blâme à M. Chagnon, professeur certifié d’histoire et géographie en fonction au collège Georges Pompidou de Courbevoie jusqu’au 30 septembre 2003, aux motifs "qu’il est établi que Monsieur Louis Chagnon a dicté à ses élèves de cinquième un cours dont la formulation simpliste était susceptible de heurter la sensibilité de jeunes élèves: que s’il a pu expliquer le fondement historique de ses propos, il n’a pas justifié le fait d’avoir dicté ces propos à une seule classe de cinquième, la rédaction proposée aux deux autres classes étant, elle, acceptable ; que Monsieur Louis Chagnon a de fait adopté une attitude de provocation, ou commis une maladresse, comportement indignes de la part d’un enseignant": que comme l’énonce l’arrêté attaqué la vérité historique des propos relatés n’est pas contestée : que, par ailleurs, la provocation imputée à M. Chagnon n’est pas établie : que, dès lors, quelle qu’ait pu être la maladresse commise par le requérant, et pour regrettable qu’elle fût, M. Chagnon est fondé à soutenir qu’il n’a pas commis de faute disciplinaire et demander, pour ce motif, l’annulation de l’arrêté attaqué.
Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir réformer la France. Il suffit pour s’en convaincre de lire "La déclaration de principe du PS", publiée sur une page dans Le Monde: un texte bavard pour dire que le parti a renoncé à la révolution et qu’il reconnaît l’économie de marché régulée. La gauche, qui court après les trains, laisse à la droite sa longueur d’avance. C’est pourquoi le président, qui dressait hier soir (1) le bilan de sa première année, est condamné à réussir.
Il serait injuste de ne retenir que la grogne des sondés et singulièrement d’une droite qui ne reconnaît plus son candidat d’hier. Cette réalité, déjà décrite ici, ne peut faire oublier la baisse du chômage, la défiscalisation des heures supplémentaires ou la réforme de la carte judiciaire. D’autres succès vont se lire, notamment, avec la rénovation du marché du travail ou de la représentation syndicale.
Mais les gens veulent savoir où ils sont menés. Or l’embrouillamini des projets, aggravé par l’ouverture, montre une absence de clarté dans les choix. Le secrétaire d’État à la Prospective, Éric Besson, veut un "GPS des réformes", allusion au guide des conducteurs. Un spécialiste de la communication, Thierry Saussey, aiguillera le gouvernement. Cependant, les Français ont appris à se méfier de ces gadgets. Ils sont, eux-mêmes, la meilleure boussole.
C’est la rupture qu’attendent encore ceux qui ont voté pour elle. Elle ne sera pas entamée tant que l’État gardera ses vieux réflexes. Philippe Sassier et Dominique Lansoy rappellent (Ubu loi, Fayard) que "quarante textes par jour pleuvent sur la tête des Français". Cette logorrhée fortifie la citadelle fonctionnarisée. Alors que plus de 80% de la politique agricole se décide à Bruxelles et que les paysans disparaissent, le ministère de l’Agriculture compte toujours près de 40.000 fonctionnaires. À quand, ici, les coupes claires?
Le pouvoir d’achat n’est pas l’unique obsession des Français. Ce sont les discours sur la nation, l’immigration et l’identité, sortis in extremis, qui ont fait élire Sarkozy et restent en mémoire. Était-il sincère? La question se pose quand le président charge Simone Veil de réfléchir à la modification du préambule de la Constitution afin d’y "valoriser davantage la diversité de la société", ce possible encouragement au multiculturalisme. Où est la cohérence?
La loi épargne les clandestins
Et que devient la politique contre les clandestins quand l’État cède aux sans-papiers? Ils avaient entamé en Ile-de-France des grèves dans la restauration, la sécurité, le secteur du nettoyage pour réclamer leur régularisation. Ces employés admettent avoir présenté des faux documents à leurs employeurs et ces derniers reconnaissent n’avoir été guère vigilants. Or, que fait le gouvernement? Il promet de régulariser "au cas par cas" parmi les 800 dossiers, en s’inspirant de sa décision de février: après l’occupation d’un restaurant parisien, les huit cuisiniers avaient eu gain de cause.
Non seulement l’État se montre incapable de faire respecter la loi (l’usurpation d’identité et la falsification de documents sont des délits au même titre que la complicité des patrons) mais Nicolas Sarkozy prend le risque de rendre son engagement de campagne inopérant, alors que le chômage de masse frappe les immigrés légaux. Huit régularisations de grévistes en février, 800 demain, 80.000 après-demain? C’est ce que réclament la CGT, alliée à des syndicats patronaux qui arguent de la loi de 2007 qui prévoit de telles procédures pour des métiers "caractérisés par des difficultés de recrutement". Les habituels demandeurs d’emplois seraient-ils inaptes?
Le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, fait certainement ce qu’il peut pour reconduire une partie des clandestins, en dépit de mauvaises volontés de certaines administrations. Mais ce qui se voit reste cette nouvelle reculade du pouvoir et du droit, face à une alliance entre un milieu patronal et une gauche immigrationniste soutenue par les médias. Tous s’indiffèrent de l’intégration de ces immigrés et de leurs familles dans une communauté nationale qui ne se réduit pas à la seule insertion professionnelle. Où est le courage politique?
La Turquie, sans référendum?
Coïncidence? Sarkozy a accéléré sa chute, début février, après avoir fait adopter par le Parlement le traité européen, copie du texte qui avait été rejeté par les Français le 29 mai 2005. Cette habileté, mise au crédit des promesses tenues, a laissé des traces chez les "nonistes". Or, la décision présidentielle, confirmée mercredi, de supprimer l’obligation d’un référendum pour ratifier l’adhésion d’un nouveau pays à l’Union européenne risque fort d’être, elle aussi, mal perçue. Si l’arrivée future de petits pays n’oblige probablement pas à une telle consultation, elle reste nécessaire pour l’éventuelle entrée de la Turquie, prévue dans "dix ou quinze ans", selon le commissaire européen, Olli Rehn. Pourquoi refuser, demain, d’écouter le peuple?
Éoliennes en question
La fibre écologiste du chef de l’État doit-elle céder au lobby des éoliennes, qui défigurent les paysages? Le "Grenelle de l’environnement" veut multiplier ces installations contestées (voir mon blog). Mais la protection du patrimoine ne commence-t-elle pas par celle de la nature?
(1) Cette chronique a été écrite avant l'intervention, jeudi soir, de Nicolas Sarkozy, pour des raisons de bouclage horaire de l'édition papier du Figaro. J'ai écouté, depuis, le président. Je l'ai trouvé embarrassé et confus sur la question des sans-papiers mais courageux dans ses prises de position contre les Talibans, le Hamas et le président Iranien. En revanche, je n'ai pas compris pourquoi il avait décidé de refuser l'obligation d'un référendum pour une éventuelle entrée de la Turquie dans l'Europe, tout en précisant: "Je ferais un référendum si la question (de la Turquie) se posait" (mais sachant qu'elle ne se posera pas sous sa présidence...). Où est, là aussi, la cohérence?