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L’autre éreintement de Fadela Amara me semble bien plus douteux, qui consiste d’une part à l’accuser d’avoir "stigmatisé" (le mot est décidément en vogue) les populations masculines des "banlieues" ou "quartiers populaires" (je vais devoir réviser mon dictionnaire des termes politiquement corrects et me renseigner sur ce qui est prononçable ou non aujourd’hui pour désigner les ensembles architecturaux péri-urbains aux environs des grandes métropoles françaises). Autrement dit à l’accuser de sexisme inversé.
Interdits d’intégration par ceux qui prétendent la défendre
Mais ce n’est pas tout. Fadela Amara se retrouve également, sous les vibrations assourdissantes des cordes vocales de Houria Boutelja, fondatrice du mouvement des Indigènes de la République, non seulement coupable d’islamophobie* (quel succès également pour ce néologisme, dont on doit l’enrichissement de notre lexique à des islamistes radicaux) et de racisme*, car elle aurait insulté "les gens de (sa) communauté d’origine".
Fadela Amara serait donc un "traître à sa race" (expression commune employée en langage familier pour insulter les personnes issues de l’immigration principalement maghrébine et qui n’intentent aucun procès aux valeurs de la République). L’une de ces personnes dont, à la suite de Marc-Edouard Nabe, islamo-gauchiste notoire et écrivaillon s’autodéfinissant comme raté, ces identitaires d’un autre type que ceux d’extrême-droite dont ils sont a priori les ennemis idéologiques mais avec qui ils partagent le repli essentialiste et le discours raciste et haineux affirment au fond qu’ils sont des "collabeurs". Pour ceux qui n’oseraient comprendre l’horreur du concept, ce court mais édifiant extrait :
"J’en veux à ces « Arabes » français (c’est « Arabes » qu’il faut mettre entre guillemets, pas « français » !) qui pourraient ouvrir leur gueule et qui la ferment. Plus ces lâches, colonisés dans l’âme au point de se laisser traiter de « beurs », sont connus, plus ils se taisent. Ils écoutent sans sourciller - et quelquefois sans moustacher - leurs patrons répéter que les attentats en Irak et en Palestine sont inspirés par la haine religieuse pour l’Occident, que ce sont les musulmans d’abord qui en font les frais et en particulier les femmes, et autres conneries démagocratiques... Les Arabes intégrés sont des esclaves volontaires qui participent à l’entreprise industrielle de désislamisation généralisée. Moins de Coran et repli identitaire sur des traditions injustifiées. Voilà pourquoi je les appelle désormais des Collabeurs. Les Arabes, les Français ne les emploient que pour dire du mal de leurs frères. C’est le seul boulot au fond qu’on daigne leur trouver. Faire de la propagande contre les musulmans. Chacun à son niveau y va de sa petite désolidarisation. Avant, on exploitait les Arabes en leur mettant un marteau-piqueur entre les mains pour qu’ils défoncent la chaussée. Maintenant, ils doivent eux-mêmes être les marteaux-piqueurs qui défoncent l’islam véritable. C’est toujours de la main-d’oeuvre, ni plus ni moins. Quel que soit le statut social auquel on fait semblant de le laisser accéder, l’Arabe le plus lettré, le plus professoral, le plus universitaire, se retrouve au service du laïc."
Autrement dit, toute "personne issue de l’immigration" se considérant comme Française et intégrée à la société trahit sa cause et n’est au fond que l’esclave des Hexagonaux dont l’arbre généalogique, je suppose, prouve qu’ils vivent sur le territoire depuis des temps immémoriaux.
Ils représentent donc des traîtres à la lutte qu’entend conduire Houria Boutelja lorsqu’elle estime que, instrumentalisés par Nicolas Sarkozy, ils neutralisent "les mouvements issus de l’immigration" qu’elle ose tenter de comparer à des mouvements sociaux quand il ne s’agit que de revendiquer un victimisme et des particularismes communautaristes, sous couvert d’intentions politiques "de gauche".
Que l’on se rassure, cependant, la soupe hargneuse vaut pour tous ceux qui ne ressemblent pas, d’une manière ou d’une autre, à la demoiselle. Lors de l’excellente émission de Frédéric Taddéi Ce soir ou jamais [ndlr : boboland] (!) du 21 juin dernier, elle a pu prononcer sans soulever la moindre interrogation, le doux néologisme de "souchiens" : "(...) les privilèges de la société occidentale, de ce qu’on appelle, nous, les souchiens, parce qu’il faut bien leur donner un nom, les Blancs".
Trop habile pour être honnête, Houria Boutelja n’ignore sans doute pas qu’à l’oral il est impossible de faire la distinction entre "souchiens" (un terme suffisamment éloquent en soi) - ces, je suppose, "Français de souche" que seule la droite populiste ou extrême [ndlr : la gauche c'est aussi du populisme ?] qualifie de tels - et "sous-chiens" - c’est-à-dire "moins que chiens", ce qui réfère forcément à ces "chiens de mécréants", elle qui affectionne le terme de "sous-citoyens", désignant par là les populations issues de l’immigration, etc.
Rien d’étonnant, cela dit, lorsque l’on découvre que la jeune femme en question affirme sans sourciller que, depuis la naissance du mouvement suite au fameux Appel, celui-ci a rencontré "un succès phénoménal, tout simplement parce qu’on a décidé d’avoir un discours radical en rupture avec les catégories (sic) qu’on nous impose, c’est-à-dire la République, la laïcité, l’universalisme français, etc. (re-sic)".
A propos de "catégories imposées", que doit-on penser de cette posture selon laquelle tous les "Noirs" (à partir de quel pourcentage de mélanine ?) et "Maghrébins" de France seraient d’une part forcément musulmans (puisque Fadela Amara serait "islamophobe"), et d’autre part forcément unis dans les délices d’un islam dont la cohésion uniciste (l’oumma) est de l’ordre du mythe ?
* "C’est quand même extraordinaire, il y a une promotion à l’islamophobie et au racisme. Les gens qui sont issus de l’immigration et qui crachent littéralement sur leur communauté d’origine sont promus."