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■ L’assassinat d’Anne-Lorraine a suscité une vive émotion. Elle avait 23 ans. Jeune journaliste, elle avait collaboré à Valeurs actuelles et Radio Notre-Dame. Beaucoup de jeunes lecteurs de Décryptage la connaissaient ou avaient des amis communs. C’était une chrétienne engagée, guide d’Europe, et dont le rayonnement était connu. La Fondation de Service politique s’associe à la peine et à la prière de sa famille, de ses amis et de tous ceux qui l’ont connue.
Lorsqu’elle a été agressée, ses parents l’attendaient pour la messe. C’était le jour de la fête du Christ-Roi. Elle a été poignardée au cœur, comme le fut une autre jeune fille, Lindalva Justo de Oliveira, assassinée par l'un des pensionnaires de l'Abri dont elle s'occupait, pour avoir défendu sa virginité. C’était en 1993, le Vendredi saint. Lindalva vient d’être béatifiée à Salvador de Bahia, le 25 novembre, jour de la fin tragique d'Anne-Lorraine.
À l'occasion de cette béatification, l’agence Zenit rappelait qu’« à côté du martyre sanglant pour des motifs de persécution antichrétienne, l'Église catholique reconnaît le martyre de la pureté. Une tradition qui remonte aux premiers siècles chrétiens. » Le terme est employé par Pie XII à propos de sainte Maria Goretti, tuée à 12 ans en 1902, qu’il invoquait comme « petite et douce martyre de la pureté ».
« Selon l'anthropologie et la théologie chrétiennes, expliquait Zenit, le corps n'est pas un simple "objet", il est le " Temple de l'Esprit ", ainsi, celui qui fait violence au corps d'une femme porte atteinte à sa personne même, à son intériorité même » (cf. Zenit du 29 mars 2007). D’Anne-Lorraine, le procureur a dit : « Elle a été très courageuse. »
Funérailles d'Anne-Lorraine Schmitt

Par Thibault MORTIER, Agora Vox
Il est extrêmement difficile de rendre compte de l’enterrement d’Anne-Lorraine Schmitt: on voudrait, parlant d’elle, être meilleur, être à la hauteur, et l’on n’est que soi-même.
A l’intérieur, la foule récite la prière lancinante du chapelet, prière de pauvre qui n’a plus à offrir dans cette mélopée que la sécheresse de sa vie spirituelle.
Puis le silence. Un silence absolu dans cette cathédrale sonore, comble.
La croix, tout d’abord, s’avance, tenue par un enfant de chœur. Puis les thuriféraires, dont les encensoirs d’argent envoient vers le ciel des volutes de fumée, qui s’élèvent dans la lumière zébrée par les vitraux. Trente prêtres suivent. Puis Monseigneur James, évêque du lieu.
Et de nouveau le silence.
Du fond de la cathédrale, un scandement précis, sur les dalles, s’amplifie. Six porteurs marchent au pas. L’un d’eux porte le grand uniforme de l’école de Saint-Cyr. Ils portent le cercueil d’Anne-Lorraine. Ils sont ses frères.
La foule, ici, est la vie d’Anne-Lorraine : les pensionnaires de la maison de la Légion d’Honneur, les scouts, mouvement dans lequel elle s’était engagée, ses camarades de promotion de l’IEP Lille et du CELSA, des amis journalistes, professions à laquelle elle se destinait, de nombreux amis de sa famille, de nombreux membres de la communauté militaire - son père est le colonel Schmitt, collaborateur du général Dary, gouverneur militaire de Paris, et de nombreux anonymes, venus à l’invitation de la famille, qui se sont sentis atteints au cœur d’eux-mêmes, et qui avaient voulu témoigner, par leur présence, de leur compassion, de leur soutien.
L’existence de cette jeune femme est marquée de grands traits lumineux : intelligence vive, humour caustique, joie de vivre, détermination, vie chrétienne profonde, engagements, notamment dans le scoutisme, amis de tous les bords. Avoir des convictions fortes, différentes, n’est pas antithétique de l’ouverture d’esprit.
Prenant la parole, ses sœurs pour dire combien elles étaient désemparées par une vie qui devrait se dérouler désormais sans elle, ses frères pour dire leur fierté et leur amour. Et le colonel Schmitt, son père, relevant le courage de sa fille « Anne-Lorraine, tu as mis la barre très haut ». Dans la foule, un colosse pleure, silencieusement.
Deux heures marquées par une très grande dignité.
La France a perdu une de ses fines fleurs, dans l’éclat de sa jeunesse. Victime assassinée, massacrée par une bête fauve relâchée. Par qui ?
Une jeune femme qui est allé jusqu’au bout de sa vie, refusant la profanation de son corps. Une jeune femme qui s’est battue, seule, contre un homme au plein de sa force, et qui était venu armé. Cette femme parle à toutes les femmes qui, elles aussi, ont subi des outrages.
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Une femme, brûlant d’un feu sacré, dont le testament est celui du courage. Qui enseigne que certaines valeurs sont si hautes, si précieuses, qu’elles peuvent quelquefois amener à poser sa vie en balance. Qui rejoint ainsi tous ceux qui sont morts pour avoir voulu défendre leur terre, leur liberté, leur honneur, ou leur foi.
Il est à craindre, toutefois, que notre époque ne soit plus capable de recevoir un message aussi pur : que signifie cette abstention gênée, dans la réaction gouvernementale ? Que signifie le silence écrasant qui a entouré ce crime révoltant ? Que cet exemple dérange ? Que nous ne savons plus admirer ? Que ceux qui sont vivants ne sont pas à la hauteur de ceux qui sont morts ?