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La débacle des racailles : "Va te faire enculer, sale fils de pute!"

Névrose lourde à Cape Town

 

Une émeute de banlieue sur un rectangle vert. Un grand cirque. Onze millionnaires en grève pour soutenir celui qui insulte le douzième homme. C'est tellement gros qu'on se demande si les grimaces sont bien réelles. Comment en est-on arrivé là ?


On parlait encore d'une possible bagarre entre Ribery et Gourcuff dans l'avion, à la suite du match perdu face au Mexique, quand les bleus ont décidé de faire publiquement encore plus fort… Dimanche à 16h, sur le terrain d'entrainement, Patrice Evra et Robert Duverne, membre du staff, sont à deux doigts d'en venir aux mains, avant que Domenech ne les sépare. Les joueurs, venus en baskets, signent quelques autographes puis annoncent qu'ils refuseront de s'entrainer. Sur le bord du terrain, Jean-Louis Valentin, le directeur délégué de la FFF, les larmes aux yeux, déclare : «Je considère que ce qui se passe cet après-midi est un scandale. Un scandale pour les Français, un scandale pour les jeunes qui sont ici, un scandale pour la Fédération et pour l'équipe de France. Dans ces conditions, je démissionne. Ils ne veulent pas s'entraîner. C'est inacceptable. En ce qui me concerne, c'est terminé. Je quitte la Fédération, je quitte naturellement mes fonctions. Je suis écœuré et dégoûté».

 

 



La suite est pathétique. Dans leur bus sur lequel il est écrit "Tous ensemble pour un nouveau rêve bleu", les joueurs dictent leur dépêche à Domenech. En réalité, un avocat d'un des leaders rédigera la missive. Bon médiateur ou humilité définitif ou les deux car Domenech peut encore être avalé par sa logique suicidaire de soutenir "ses joueurs" jusqu'au bout, ce dernier vient lire, instant pénible, aux journalistes un communiqué encore bourré de fautes, d'une voix blanche et monocorde, puis s'éloigne, en lâchant un simple "Au revoir", presque à la Giscard. Il ne regagnera pas  l'hôtel dans le même bus que ses joueurs. Surréaliste. Les réactions à cette prise de pouvoir des joueurs sont nombreuses. Et sans appel.

Daniel Bravo : «Ça laissera des traces. Pour moi c'était écrit. On ne s'attendait pas à ce que ça explose aux yeux du monde. Ce qui me choque, c'est qu'après l'Euro 2008, des joueurs, la Fédération ont soutenu Raymond Domenech alors qu'on sait depuis longtemps qu'il n'est plus l'homme de la situation. Les joueurs l'ont défendu depuis 2006, qu'ils se le gardent jusqu'à la fin ! On a sacrifié cette Coupe du Monde. Aujourd'hui, on est ridicules. C'est du grand n'importe quoi.»

Luis Fernandez : «Cette équipe de France, c'est Dallas ! Je pense que maintenant, il ne reste plus qu'à appeler le GIGN. Les joueurs donnent vraiment une mauvaise image de l'équipe de France. C'est honteux. C'est vraiment comme à Dallas. Mais qui est JR ?»

Francis Gillot : «Les joueurs de l'équipe de France confirment qu'ils ne méritent pas leur place au Mondial. Aujourd'hui, j'ai une pensée pour les Irlandais, ils auraient dû être à notre place. Cette attitude est à la fois pathétique et scandaleuse. La France est la risée du monde entier. Cette équipe est complètement incohérente, c'est mieux que l'on rentre aujourd'hui.»

Rolland Courbis : «Si je dois donner un sentiment sur ce qui ce passe avec humour, je dirais que nous sommes vraiment ridicules. Après quatre ans d'ironie et d'arrogance de leur part, c'est un peu l'apothéose.»

Bixente Lizarazu : «Ça démontre qu'il n'y a plus d'autorité en équipe de France. J'ai l'impression d'être dans un film de science-fiction, que tout le monde est en train de péter les plombs. Je me balade dans un asile de fou en ce moment. C'est terrible. Il est temps que la bête soit abattue, et qu'on passe à autre chose. Depuis quatre ans, c'est massacre à la tronçonneuse.»

Christophe Dugarry : «Je suis dégoûté. Je n'en peux plus de voir tout ça. Tout ce panier de crabes, ça suffit. Ça fait plus de deux ans que cela dure. M. Escalettes, M. Aulas, M. Houllier et M. le Graët et l'ensemble du conseil fédéral nous ont expliqué que Raymond Domenech était l'homme de la situation. Les joueurs ne maîtrisent plus rien. Les mecs font fausse route. Ils ont oublié que c'était la Coupe du monde, pas la Coupe Coca-Cola

Jean-François Lamour : «Les joueurs et l'entraîneur nous ont fait croire qu'ils formaient un groupe soudé, uni. On s'aperçoit qu'il n'en est rien. On a l'impression qu'on nous a roulés dans la farine. Pour un ancien sportif, c'est scandaleux de voir la façon dont on traîne dans la boue le maillot de l'équipe de France. C'est inacceptable !»

Jean-Michel Larqué : "On n'a jamais vu ça ! On n'a que ce qu'on mérite. On a un sélectionneur incompétent, c'est un homme qui ne travaille que sur la terreur. Dans quelques jours, il ne sera plus rien. Domenech n'a que ce qu'il mérite, c'est-à-dire que tout le monde lui claque dans les bras ! Ce n'est que le début d'un feuilleton catastrophique pour le foot français".

Gervais Martel : "J'imagine mal que certains joueurs aient décidé de faire grève. Certains doivent être les meneurs, et il faudra s'en souvenir".

Michel Hidalgo : "Les joueurs ont manifestement pris le pouvoir, on est la risée du monde entier".

Thierry Roland : "Comme si un boulanger refusait de faire le pain".

Pierre Ménès : "Au début on se marre, mais à la fin on a franchement envie de pleurer. Les joueurs ne mesureront le désastre de cette Coupe du monde que lorsqu'ils croiseront les gens dans la rue. S'ils les croisent encore. Cette génération n'est pas digne de représenter un pays pour la Coupe du monde". 

Franck Lebœuf : "C'est une honte nationale, même une honte mondiale. Ça nous pendait au nez depuis deux ans. On a fait tout ce qu'il fallait pour en arriver là. Je ne peux pas concevoir que l'on descende aussi bas".

Rober Pires : "On va dans le mur depuis des années. On l'a percuté aujourd'hui. Le maillot de l'équipe de France est entaché. On est honteux de ce qui se passe actuellement".

En effet, depuis le maintien très controversé de Domenech à son poste (pour des raisons matérielles) suite à la déroute de l'Euro 2008, les choses n'ont cessé d'empirer. Après des mois de marasme et de mauvais matchs, de stratégies incompréhensibles et de coups du sort (la main d'Henry face à l'Irlande, les mains de Ribery face à Zahia), la France atteint péniblement la Coupe du monde 2010, et l'aborde de manière catastrophique. Comme toujours, on s'obstine à y croire, jusqu'à la défaite de trop. Puis l'explosion.  En guise de détonateur, l'affaire Anelka. Ses attitudes, ses insultes, son exclusion. Puis la fronde des autres joueurs, qui refusent de s'entrainer pour protester. En pleine Coupe du monde. Du jamais vu. "La plus grave crise de l'histoire du football français", selon Alain Giresse.

Mais d'où vient-elle, cette crise ? Pourquoi personne ne l'a vu venir ? À qui la faute ? 1998, black-blanc-beur, la France qui gagne. Une équipe "à l'image de la société française". Les fameux symboles de 98 ne sont pas seulement annihilés par le Mondial 2010, ils se transforment en un incroyable retour de manivelle. C'est l'opinion entière qui s'en retourne dans sa tombe. Certes, à l'origine du chaos 2010, il y a les mauvais choix du sélectionneur. La place d'Anelka était-elle sur le terrain ? Était-elle seulement dans le groupe ? Il y a aussi les mauvais choix des instances dirigeantes, tant il saute aux yeux que ledit sélectionneur de parvenait pas à gérer son groupe.

Depuis des mois, la guerre interne qui fait rage au sein de l'équipe est timidement évoquée, toujours de façon évasive. Aujourd'hui, les mots viennent. On parle de "cadres". On parle de "clans". On parle de "différentes cultures". Il ne fait pas bon, dans l'équipe, être "trop blanc", pour Pierre Ménès. Govou lui-même tient à peu près le même langage : "Dans la vie de tous les jours, on cherche des affinités, alors en équipe de France aussi. Et quand on cherche des affinités, la couleur, c'est la première chose qui vient à l'esprit". Dans l'équipe type, 8 joueurs sur 11 sont de la même couleur.

Du communautarisme sportif !

Le philosophe Finkielkraut parle carrément de "génération caillera", et de tensions "ethniques et religieuses". Giuila Zonca, journaliste de la Stampa, s'attaque à la composition de l'équipe elle-même : "Dans une Afrique du Sud post-apartheid, la France se découvre sectaire, uniforme et faible. Les black blanc beur, ce mélange de races qui a gagné le Mondial en 1998, est moins qu’un souvenir. C’est un autre pays."

On le sait,
Ribery, Anelka et d'autres sont convertis à l'Islam.

Cette crise est aussi affaire d'individus, comme on le déplore bien souvent, incapables de laisser leur égo au vestiaire pour se fondre dans une équipe. Des joueurs totalement irresponsables et immatures, qui ne s'intéressent qu'à leurs cachets.

Il y a le cas Anelka. Ses insultes, son attitude. Avant la coupe du monde, il montrait à quel point porter le maillot de l'équipe de France lui importait peu : "Faire un Mondial [n’a jamais été] un objectif dans ma vie".

Voici ce qu'il déclarait récemment à propos de Santini : "Je n’ai pas besoin de l’équipe de France. Qu’il s’agenouille devant moi, s’excuse d’abord, et après, je réfléchirai". C'est à la France de s'incliner devant son ego.

Après une série de sélections (et de titularisations !) inexplicables, il insulte Domenech quand ce dernier a l'outrecuidance de lui adresser un reproche. Après le match face au Mexique, il se réjouit de la défaite. Il refuse de s'excuser et part en vacances anticipées. Les fossoyeurs ont parfois la belle vie.

Et pourquoi Anelka s'excuserait ? Peut-être parce Quick a annoncé l'arrêt de la campagne publicitaire mettant en scène le joueur. Anelka sait que l'argent du club est acquis, il veut aussi l'argent des pubs. Pour le reste, il a tout prévu : "Je ne veux pas jouer au foot et payer 50% de ce que je gagne (aux impôts)".

"Sur le terrain, il marchait", affirme Lizarazu. "Il ne doit plus jamais porter le maillot de l'équipe de France", lance Michel Hidalgo.

Anelka n'était pas seul. Il y a Gallas, et son magnifique majeur tendu en guise de réponse à la presse après le match face au Mexique.

Il y a aussi et surtout Ribery. Après l'affaire Zahia, on aurait pu penser qu'il aurait la décence de se faire oublier… Et bien non, l'exemplaire millionnaire n'a pas baissé son regard au ras des berges. Non content de ses exploits médiatiques, il a pris le contrôle des vestiaires, puis a bataillé pour faire tomber la tête de Gourcuff, régnant en véritable caïd sur le groupe. "Arrache-toi de là", avait-il lancé à Domenech qui voulait lui serrer la main en septembre dernier, à l'issue d'un match contre la Roumanie. Ribery est encore accusé d'en être venu aux mains avec Gourcuff dans l'avion, après le match face au Mexique.

Et dimanche matin, à Téléfoot, il jurerait presque sur la tête de sa mère qu'il n'est pas violent.

-"J'demande pardon à toute notre pays"(sic).

Et maintenant ?

-"On verra qu'est-ce qui se passera" (re-sic).

C'est le cerveau de la bande qui parle.

 

Patrice Evra, que l'on aurait pu penser moins idiot que les autres, affirme que le problème ne vient pas Anelka, mais bien "du traître", celui "qui a balancé". Escalettes, le président de la FFF, soutient Evra. "Vous nous avez meurtri", lance-t-il aux journalistes. Sous-entendu, si on parvient à étouffer, encore et encore, les graves problèmes au sein de notre équipe, on peut peut-être maintenir la locomotive sur les rails, encore un peu plus longtemps…

"C'est délirant ! L'Afrique du Sud se préparera comme jamais pour le match de mardi, pendant que l'équipe de France cherchera son traître", lance Lizarazu.

En attendant, la France perd, et les joueurs gagnent toujours autant, et bientôt plus. Ils sont aujourd'hui presque en autogestion. Des gamins capricieux sont seuls face au gâteau à se partager. On imagine la suite...

Sur le banc des accusés, il y a aussi Escalettes, le président de la FFF, d'ordinaire davantage préoccupé par la lutte contre le racisme et l'homophobie que par la cohésion de l'équipe nationale. Lui qui a maintenu Domenech contre vents et marées (pour ne pas payer d'indemnités de licenciements), avant de le soutenir… de le critiquer, puis de le soutenir à nouveau, de plus en plus évasif dans ses prises de position. Pour Escalettes, pas question de parler d'Anelka, de Ribery ou de Gallas. Lui aussi en veut au seul et unique traitre, celui qui a sabordé leur petite croisière de luxe.  Quant à Domenech, il lui a fallu des insultes pour mettre Anelka sur la touche. Il a fallu qu'il prenne en plein visage le fond de sa pensée. Sans cela, l'aurait-il conservé ? C'est probable… Domenech n'a jamais servi à rien, sinon à maintenir le couvercle sur la bouillotte "multiculturelle" le plus longtemps possible. On a même eu droit à une réaction de Nicolas Sarkozy, qui parle d'événements "inacceptables".

Sur le fond, avant la grève de l'entrainement, ce problème était traité comme on traite tous les problèmes du pays. On dit que ce n'est pas bien, et on passe à autre chose. Sauf que… Les joueurs font en sorte que l'on ne passe pas à autre chose. Quelle est donc cette grande "divergence culturelle" dont tout le monde parle, qui créé de tels clans dans l'équipe ? C'est Pierre Ménès qui le dit : "Gourcuff, il est beau gosse, cultivé, bien élevé, pas wesh wesh. Les autres, c'est l'inverse".

Gourcuff est qualifié "d'extraterrestre" parce qu'il aime l'Opéra et ne sort pas en boîte (Effectivement, c'est vraiment une autre planète… ). Peut-être plus simplement n'était-il pas construit sur ce modèle là :



Ce sont eux qui avaient le pouvoir. Des gamins de 12 ans qui n'ont jamais évolué. Un dirigeant sans courage, qui laisse aux plus agressifs les meilleures places. Des petits blancs qui rasent les murs. Des groupes de caïds qui font la loi, qui profitent du système, et qui rigolent quand le pays perd. Une équipe à l'image de la société française ? On n'ose le croire. D'autant qu'on ne peut pas mettre ça sur le compte de la précarité...

L'argent, alors ? On peut en douter. Dans cette équipe, d'autres sont très bien payés, et sont loin de se comporter comme des sales gosses.

Certains s'empressent de prévenir d'éventuels amalgames (comme ce fut le cas après le coup de tête de Zidane). On entend dire qu'il ne "faut pas assimiler des voyous milliardaires aux jeunes de banlieues". Ceux qui disent ça aujourd'hui ne se gênaient pas pour le faire en 98. On entend la mauvaise foi d'Apathie nous dire la même chose que Merkel, c'est-à-dire que l'Allemagne aligne une équipe multiculturelle et que ça marche (sous entendu, ça ne saurait être le multiculturalisme le fond du problème). Avec des Polonais, deux Turcs, un Espagnol et un Brésilien catholique.

En attendant, nos petits français ne se préoccupent guère de briller, eux. Ce qu'ils veulent, c'est sauver leur petit camarade. Ils ont annoncé qu'ils désobéissaient à la FFF. Qu'ils refusaient de s'entrainer pour soutenir Anelka. Cela évoque réellement des gamins du quartier faisant la misère aux éducateurs parce que le caïd du coin est tombé…

Et si finalement Gourcuff n'était pas un "extraterrestre" ? Et si c'était plutôt toute cette équipe de millionnaires, dans son palace, qui était perdue "dans la troisième dimension", comme le disait Manu Petit, désabusé, ajoutant qu'on "n'avait pas fini d'en apprendre parce que les vrais problèmes étaient loin d'être réglés".

Les joueurs sont-ils les seuls responsables ? "Ils se sont montrés solidaires de l'astrologue Domenech en 2008. C'est de leur faute", affirme Lizarazu.

"Ils sont justes bêtes" lance le patron de l'Équipe. "Ils s'en battent", affirme Zemmour. "Ils ne jouent pas", lâche Cohn Bendit. "Le maillot, ils s'en foutent, la France, ils s'en foutent".

Ne sont-ils pas superbement à l'image de la société française ? "À force de tricher avec le réel, on se le prend en pleine gueule", assène Dominique Leglou.

Très bien, voilà pour le constat. Et maintenant ? Que faire ? Quel avenir pour l'équipe de France ? Quelles têtes faut-il couper ? Il est possible que les bleus boycottent leur dernier match. Il est possible qu'une fois le groupe éparpillé, des déclarations fracassantes soient lancées.  Dans l'immédiat, après avoir cherché leur "balance", après leur petite fronde de cour de récréation, après cette sinistre Coupe du monde, les joueurs viendront bientôt s'excuser, en jouant les incompris et les martyrs… Parce qu'ils ont en définitive besoin des supporters de base, pour avoir leur portrait géant affiché à l'entrée de Boulogne-sur-Mer et pour continuer à se sucrer avec d'astronomiques contrats publicitaires… L'affaire n'est pas finie, il reste encore beaucoup de pus dans l'abcès France, puisqu'on se refuse encore à appuyer à pleines mains là où ça fait le plus mal, puisqu'Escalettes et les autres ont décidé de couler à la barre du navire sans ouvrir les yeux sur l'avarie. Alors, réagir ? En promettant, avec l'appui des clubs et des publicitaires, des sanctions sévères à ceux qui se comportent mal. En renouvelant complètement le "panier à crabes" de la FFF dont parle Dugarry. En faisant confiance à des jeunes joueurs, qui ont réellement faim, et qui ne se sont pas enfermés dans leurs "dissensions culturelles".

Mais qui aura les épaules pour écoper et remettre le navire à flots ? Laurent Blanc ? Va-t-il vraiment dégagé les brebis galeuses vers la sortie ? Osera-t-il mettre Ribéry hors jeu alors qu'il a le même agent que le caïd de Boulogne ? Même Emmanuel Petit n'en est plus si sûr. "Il n'a rien signé, que je sache. À sa place, je me poserais désormais sérieusement la question…" C'est vrai, pourquoi diable soutenir encore une telle équipe, comme s'acharnent à le faire certains journalistes ? Un sondage sans appel est organisé sur l'Équipe.fr : 75% des gens "ne souhaitent plus voir l'équipe de France gagner". Sur LeFigaro.fr, le même sondage recueille 80% des suffrages. Sur 69 000 votants.

Les dirigeants ne s'en sortiront pas avec la méthode habituelle, qui consiste à ne pas prendre de décision. Élus démocratiquement, ils ne peuvent être révoqués car ils ne sont pas sous la tutelle du Ministre des Sports. Ils ont voulu le putsch, ils auront donc la révolution.

Laurent Obertone

 

Sur le RING



World Cup : il va falloir trouver un DJ à la hauteur

 

Comme prévu, c'est une compétition extrêmement disputée. Un impressionnant concours de louanges au cœur d'un pays qui n'a jamais été aussi proche de l'implosion, billets invendus, stades pronostiqués non-remboursables, tensions ethnico-sociales au maximum, bidonvilles d'un côté,  multinationales et popstars milliardaires du foot au patriotisme de façade de l'autre. Sans aucune retenue les médias étalent leurs fantasmes :  "Ils dansent, ils sont colorés, métissés ! C'est universel !", lance dans un râle orgasmique un journaliste. L'Afrique du Sud, The Place To Be black-blanc-métis, simulacre démocratique,  le temps d'une Coupe du monde, est présentée sous son meilleur visage : celui qui n'existe pas. Après Mandela, il n'y a plus d'Histoire. Pas besoin d'Histoire au Paradis.

Restez connectés à la rave party la plus faux-cul de l'été.

 

 

"J'irai en Afrique du Sud avec le drapeau algérien dans les mains" Zinedine Zidane, mars 2010


Il s'agit de noyer la misère et la réalité sous le fric. Il faut donner de la gueule à ce vivre-ensemble rapiécé, contraint et forcé. Comme la mise en scène quotidienne n'y suffisait plus, voilà que le mondialisme fait dans la grosse production : une Coupe du monde. C'est un peu les JO de 1936 à l'envers. Les moyens ont changé d'idéologie. On fait ça bien. Mandela n'est pas venu. Ça ne change rien, on en a pour notre argent. La vitrine n'a même plus besoin de symboles. Il suffit de décréter la beauté, la diversité et l'universel pour lui donner consistance. Ces incantations, des gens les entendent encore. Ceux-là seraient bien avisés de ne pas railler les marabouts d'Afrique… tant ils vénèrent les nôtres. Les commentaires lénifiants ne se relèvent même plus. France 3 présente une initiative censée "démontrer l'intégration par le football" : des jeunes chrétiens organisent un tournoi avec des immigrés clandestins "qui attendent leur passage pour l'Angleterre". "Mélangés, ils parlent le même langage, celui du football", glapit la voix off, toute agitée. On interroge les enfants, qui font montre d'une spontanéité digne de Jeunes Pionniers : "On est tous pareils, y'a pas de différence". "On doit partager ensemble, échanger". "Malgré la couleur, ici on est tous égaux".

Comme d'habitude quand il s'agit de faire avaler des anacondas au bon peuple qui s'est déjà bariolé le visage et affublé d'une perruque multicolore, tous les moyens émotionnels sont employés. La raison est aux abonnés absents depuis longtemps. Ceci explique sans doute que le taux de suicide sous nos latitudes soit encore si faible. Cette propagande a presque un côté obscène, les médias étalant leurs fantasmes jusqu'à l'indécence. La subtilité n'a plus sa place lorsqu'il s'agit de louer le mélange  cosmique des cultures et par la même occasion leur disparition.



Le Mondial, c'est une élite cosmopolite qui prétend représenter sa Nation de circonstance, mais ne souhaite en réalité que pomper tout ce que débitent les machines à fric de la mondialisation. Les joueurs doivent leur situation à la pression populaire, alors, comme nos politiques, ils jouent le jeu, font semblant. "Mais si, mais si, on est patriotes. Grave". Les gens croient bien les promesses des politiques. Récemment, on a pu voir que la gauche exigeait le financement du communisme par le capitalisme (taxer le capital pour les retraites, par exemple). Le Mondial démontre que les Nations financent et cautionnent rageusement l'internationalisme. C'est l'exploit du football : tout est éblouissant de clarté, si bien que personne ne voit rien. Ces pauvres gens se rendent-ils comptent de ce qu'ils légitiment et cautionnent ? Ils abandonnent leur pain pour des jeux. Et ces nouveaux Dieux, gavés par la publicité [Henry : contrat de 100 millions d'euros pour 3 ans, avec Nike + 1,5 millions d'euros mensuels], par les clubs et surtout par ces braves gens. A l'époque du grand business de Zidane (enquête en milieu de semaine du Ring sur les revenus des footballeurs milliardaires), quand il émargeait déjà à plus de dix millions d'euros par an, Saccomano nous raconte une anecdote zizou-croustillante :

 

 

Et que leur rendent-ils aux braves travailleurs français qui dépensent les fonds du tiroir pour venir les applaudir ?

Quelques déclarations amusantes :


"L'Algérie c'est mon pays, et après, l'équipe de France c'est pour le sportif quoi" (Benzema).

"Le Mondial ? Rien de spécial" (Anelka).

"Je ne suis ni sénégalais ni français" (Evra, capitaine des bleus)


Parfois, les images suffisent amplement. Ainsi, cette brave Madame Ribery, qui s'affiche supportrice de l'Algérie. Et rien ne vaut quelques vidéos des effusions chaleureuses qui peuvent unir les fans et leurs idoles.




Ci dessous, les douces paroles de Djibril Cissé lors de la saison 2007-2008 et son passage bankable à Marseille (400000 euros net mensuels pour peu de buts et beaucoup de banc)


Ribéry, et sa classe légendaire :

 

Niang et un supporter qui touche sa Ferrari : 

   



La différence entre les élites du football et les élites de la politique, c'est que les politiques ont appris qu'il fallait se garder d'un mépris trop ostensible. On peut dégueuler sur les veaux, mais en douce. Les footballeurs n'ont rien appris, et leur intelligence ne leur permet pas toujours de deviner… Pour autant, la mise en scène continue : une partie des joueurs s'affiche parmi la misère d'un Township, histoire de toucher du pauvre, face caméras, sans écouteurs sur les oreilles. Pour l'image, sans doute. De temps à autre, dans cette uniforme sauterie, s'immisce la voix grinçante de la réalité.

   


Dans notre pays, où renverser les statues et briser les mythes est un sport national, on se prosterne comme un seul homme devant Mandela, la fin de l'Apartheid, le pays de demain… pour oublier cet horrible aujourd'hui
où tout est pire qu' avant. Les Français, rompus à l'art du vivre-ensemble (ils sont même prêts à recueillir les Wallons sans se poser la moindre question économique et sociale…), soutiennent toujours leur équipe, quoique certains français à part entière aient choisi l'Algérie. Puisqu'il est entendu qu'il n'y a plus de frontières, que les joueurs sont tous des citoyens du monde, que la FIFA sait précéder l'actualité (la Turquie du football est déjà dans l'Europe), pourquoi s'ennuie-t-on à imposer aux joueurs leurs équipes nationales ?  Qu'on les laisse choisir ! Ce serait sans doute très amusant… Oh, ça ne changerait plus grand chose. De toute façon, on ne sait plus pourquoi les supporters supportent. Sans doute qu'eux non plus. Peut-être veulent-ils encore croire que cette Nation existe vraiment. Peut-être veulent-ils encore croire que les affrontements et les conflits existent, pas seulement à l'autre bout de la planète. Peut-être veulent-ils croire que les élites sont réellement des patriotes, des gens comme eux, qui sont de leur camp. Qui ne sont pas forcément intéressés.

En attendant, dans ce pays dont on résume la superbe à ses nouveaux stades qui auront achevé de le ruiner, une ségrégation sociale de tous les instants assure la sécurité des seuls touristes et de leurs dizaines de milliers de prostituées. Après eux, le déluge. L'Afrique du Sud s'enfoncera davantage dans la perdition, mais le spectacle pourra continuer. Le message sera passé : l'union, c'est beau, le vivre-ensemble, il n'y a que ça qui marche. Regardez donc ce pays exemplaire, qui a su triompher des insupportables colons : c'est écrit noir sur blanc dans tout bon manuel d'Histoire : l'apartheid, c'était le IVième Reich, Mandela, c'est Paradise Island. Sur le papier, qui le contesterait ? Dans les faits, le pays s'est enterré dans une corruption à toutes les échelles administratives du pays, du moins ce qu'il en reste. Alors pourquoi c'était mieux après ? Parce que. Après ? Quoi, après ? Après le vivre-ensemble, il n'y a plus d'Histoire. Nul besoin d'Histoire au Paradis. La colonisation, sous sa forme libérale et humaniste, a changé de visage. Elle n'hésite pas à se servir du pays de ses fantasmes pour y tourner ses émissions de télé irréalité. L'homme a marché sur la Lune, le progressiste a marché sur Soweto.

Des reportages nous expliquent que les rares terrains de football des Townships sont construits avec les dons des fédérations européennes. Ce qui (comme imposer la démocratie et les Droits de l'homme) n'a rien à voir avec l'esprit colonial, vous en conviendrez.

En un laps de temps très court, des quantités invraisemblables d'argent sont injectées dans ce pays qui va si mal, et qui tente, sous les projecteurs de l'instant, d'être, ou plutôt de paraître à la hauteur des fantasmes médiatiques. Dans vos télévisions danse une belle nation, unie, arc en ciel, mélangée, heureuse, festive… Le fameux meeting pot. Ça vous fait presque envie. Vous vous dites que vous ne vous êtes surement pas suffisamment flagellé, pour que le vivre-ensemble ne se manifeste pas si facilement, sur le pas de votre porte. Tiens, allez, demain, vous donnerez une pièce à ce clodo allongé devant l'entrée.

Sauf qu'il en faudra beaucoup plus, d'argent, pour que l'Afrique du Sud finisse par ressembler davantage aux États-unis qu'au Brésil. Peut-être même que l'argent n'y pourra jamais rien. Peu importe, ce qu'on lui demande, c'est d'entretenir l'illusion. Suffisamment longtemps.   Ah oui, et sinon, sur le terrain, on n'entend plus que les pénibles vuvuzelas. Dans cette ruche géante, le burlesque : Thierry Henry réclame une main. La "sensibilité culturelle différente de l'équipe de France" (en langage crypté d'un journaliste de l'Équipe, il faut décoder : "les musulmans") monopolise la balle et ne joue pas avec les mangeurs de ralouf.

L'Algérie démontre sa capacité à envahir le terrain (avant même le match cette fois), sous les yeux de Zidane, qui a lui aussi choisi son camp. "J'irai en Afrique du Sud avec le drapeau algérien dans les mains", a déclaré l'ancien capitaine français. Suite à cette première défaite, "Il y a quand même eu quelques incidents…", nous apprend Claire Chazal. Rien de méchant. C'était dans le jeu, m'sieur l'arbitre. Bref, quelques semaines festives d'émotion télévisuelle et d'enrichissement culturel plus tard, le monde vertueux coupera les lumières, et laissera l'Afrique du Sud à son triste sort.

Et on gardera quelque temps le souvenir de ces types joyeux et de leurs étranges vuvuzelas. Suffisamment longtemps.

Laurent Obertone
 

Sur le RING

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