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Le néo-conservatisme est un courant de pensée politique d'origine américaine apparu à la fin du XXe siècle.
L'axe central de la pensée des néo-conservateurs est une revitalisation des valeurs patriotiques à l'intérieur des États-Unis et une politique interventionniste à l'extérieur : les États-Unis d'Amérique doivent être « respectés à travers le monde » et « reconnus comme la nation phare des droits de l'homme et de la démocratie », un principe politique que les néo-conservateurs s'attachent à promouvoir activement. Cette position s'oppose à la doctrine isolationniste.
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La presse américaine désigne souvent les néo-conservateurs par le diminutif de « neocons ». Très rapidement, les médias ont essayé de rechercher les origines des neoconservatives. Étant donné la perméabilité des institutions américaines (on peut passer de l'université à un poste de conseiller dans l'administration et réciproquement), on a cru reconnaître dans un certain nombre d'universitaires de Chicago l'origine de la pensée politique néo-conservatrice, ainsi que leurs influences principales.
Parmi elles, ont été cités :
Le néo-conservatisme apparaît véritablement dans les années 1980, quoique l'on puisse trouver des éléments précoces de ce qui peut apparaître comme une école de pensée politique dans les années 1960, autour de personnalités comme Irving Kristol, Wilmoore Kendall, John M. Olin, James Burnham, Francis Fukuyama, ou Charles Krauthammer. L'influence du néo-conservatisme a été patente avec Ronald Reagan et sa décision d'engager l'épreuve de force avec « l'empire du Mal », c'est-à-dire l'URSS (voir les travaux de Norman Podhoretz et ceux de la revue Commentary). Elle l'est aujourd'hui autour de l'administration de George W. Bush et, dans une moindre mesure, de Tony Blair.
Ses adeptes sont souvent d'anciens démocrates, voire d'anciens trotskistes, déçus par l'évolution culturelle et intellectuelle depuis les années 1960. C'est le cas d'Irving Kristol, ou de Martin Diamond, spécialiste de la Constitution américaine. En Europe, ce sont plutôt des intellectuels venus de Gramsci et de l'eurocommunisme. C'est le cas d'Yves Roucaute et d'une grande partie de la direction internationale de l'Institut de l'Europe Libre où se trouvent aussi bien des dirigeants de l'Hudson Institute de Washington que des dirigeants de la revue Azure de Jérusalem. Si de nombreux néoconservateurs sont de confession juive et catholique( Gerson, Mark: 1987: 285), il serait faux de réduire cette vision politique à une approche communautaire. Il est plus juste de dire que les néoconservateurs sont le plus souvent des pro-israéliens proches du Likoud, la droite israélienne, comme expliqué dans l'ouvrage de Didier Chaudet, Florent Parmentier, et Benoît Pélopidas, intitulé L'Empire au Miroir. Stratégies de puissance aux Etats-Unis et en Russie.
Le néo-conservatisme se distingue du conservatisme traditionnel et du néo-libéralisme. Anticommuniste et antifasciste, le néo-conservatisme est né sur le principe de « plus jamais Auschwitz ». Les néo-conservateurs, d’abord engagés en faveur de l’État-providence, sont devenus de plus en plus conservateurs dans leur approche générale de la politique, attachant une plus grande importance à l’ordre public et au respect de l’autorité. Les résultats du socialisme à l’étranger ont fait naître chez eux une méfiance à l’égard d’une action sociale volontariste. Toutefois, des divergences importantes séparent les différents membres de ce courant d’opinion.
Les néo-conservateurs sont hostiles au principe de discrimination positive, à l'« égalitarisme culturel » et au « relativisme moral », fondés sur des thèses issues de la sociologie et de la post-modernité. S'ils admettent le libéralisme économique et s'ils privilégient les politiques compassionnelles inter-individuelles, ils admettent l'intervention de l'État au nom de la morale (thèses de Kristol et de Roucaute). Ils ne sont pas opposés à une immigration contrôlée.
Ils défendent la puissance militaire des États républicains dans les relations internationales afin d'asseoir un nouvel ordre international. Contre Henry Kissinger et son principe de l'équilibre des pouvoirs par la terreur, ils opposent la paix par le consensus moral. Dans un manifeste publié en 1996 par leur Think tank intitulé Project for the New American Century, ils exposent leurs principes en quelques points :
Les néo-conservateurs prétendent vouloir un nouvel ordre international qui soit celui de la liberté, selon les conceptions venues de Kant. Ils critiquent l'ONU qu'ils accusent d'immoralité, d'incompétence, de gabegie et de corruption. Aux grandes conférences internationales, ils préfèrent des coalitions plus réduites selon le principe « la mission définit la coalition ». Ils soutiennent Israël.
Le néo-conservatisme américain est avant tout une critique assez générale d'une double attitude :
Selon l'historien Zeev Sternhell, l'ennemi des néo-conservateurs n'est ni l'étatisme ni le socialisme, mais le libéralisme.
Les néo-conservateurs n'appartiennent pas spécifiquement à un parti politique. Certains sont proches des républicains, d'autres du Parti démocrate, comme Richard Perle. La plupart sont plutôt républicains et, dans les pays où la scène politique se sépare en droite et gauche, ils sont plutôt à droite. Mais nombre de néo-conservateurs ont soutenu Tony Blair.
Le « mouvement » néo-conservateur est très divers dans ses activités, allant de l'enseignement universitaire sur Aristote à l'examen attentif des enjeux politiques liés aux activités des groupes islamistes au Moyen-Orient (L. Murawiec, G. Millère), en passant par le conseil politique ou le journalisme (Wall Street Journal…). Bien entendu, certains néo-conservateurs ont une activité politique professionnelle, telle l'ancien professeur d'Université de Stanford Condoleeza Rice.
Les néo-conservateurs sont l'un des groupes ayant une influence sur le gouvernement de George W. Bush.
Partisans dès 1998 du renversement de Saddam Hussein, ils sont les principaux inspirateurs de la guerre en Irak lancée par les États-Unis en mars 2003. Pour eux, cette guerre se justifie par le principe de la théorie des dominos : la mise en place d'un régime démocratique à Bagdad aurait un effet sur les pays voisins contraints à se démocratiser et à se libéraliser. Le but serait la paix au Moyen-Orient, par le biais d'un projet de « remodelage du Grand Moyen-Orient » et de la doctrine Bush. La mise en place d'une nouvelle direction palestinienne en janvier 2005 et les premières élections municipales démocratiques en Arabie saoudite seraient selon les néo-conservateurs le résultat de cette politique.
Néanmoins, cette vision des néo-conservateurs est souvent qualifiée d'idéologique, ignorante des diversités régionales, des groupes ethniques et des différences religieuses.
L'influence des néo-conservateurs s'est nettement affaiblie après les victoires des démocrates au Congrès, lors des élections de mi-mandat. Plusieurs néo-conservateurs dont Donald Rumsfeld ont dû quitter le cabinet.
Selon Justin Vaïsse, un chargé de mission au ministère des Affaires étrangères en France (co-auteur avec Pierre Hassner de l'ouvrage Washington et le monde), depuis les attentats du 11 septembre 2001 commis contre le World Trade Center, les autres pays n'ont de choix que de se rallier à la défense du régime démocratique vu du côté occidental ou de s'y opposer, tombant ainsi, aux yeux des néo-conservateurs, du mauvais côté de l'histoire. Cette position de Justin Vaïsse est marquée par des excès idéologiques (Vaïsse étant un observateur français plutôt proche de l'ancien ministre socialiste des affaires étrangères Hubert Védrine[1]).
Comme tous les mouvements de pensée politique repérés pendant les périodes de crise, le néo-conservatisme est difficile à cerner, puisque bien des questions sont posées à son sujet sur la forme qui le constitue et les divers intérêts ou intentions qui le nourrissent.
Les néo-conservateurs se sont dans l'ensemble réjouis du rejet du traité établissant une Constitution pour l'Europe par les Français lors du référendum du 29 mai 2005 et contre lequel ils avaient manifesté leur hostilité ou circonspection. Cette position nuance le regard que les Européens (les Français notamment) portent sur les États-Unis, qui s'étaient montrés jusqu'à présent seulement intéressés par la convergence entre une Union politique européenne et les missions dévolues à l'OTAN. Pour cette dernière raison, certains cercles politiques américains ne comprenaient pas la réticence qui se faisait jour en Europe à l'égard du projet d'adhésion de la Turquie à une Europe, dont on pouvait penser qu'elle n'avait d'existence que théorique, juridique ou purement réduite à un espace commercial.
L'Europe semblait donc pouvoir être perçue comme un corps politique plus ou moins clairement identifié à des institutions comme l'OTAN. Le travail de réflexion que les néo-conservateurs peuvent mener sur la question de l'origine de la nation américaine (avec les travaux de Harry V. Jaffa et de George Anastaplo notamment) a permis à une frange relativement importante des intellectuels conservateurs de comprendre l'actuel débat en Europe sur la question de la nation (cf. les ouvrages de Pierre Manent : Cours familier de philosophie politique et La raison des nations).