Avec le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 les théories conspirationnistes vont refleurir. Pour asseoir leur crédibilité, les partisans de ces thèses alternatives – affirmant, par exemple, que les tours du World Trade Center auraient été piégées avec des explosifs – s’appuient sur un mensonge éhonté.
Ils prétendent en effet qu’il existerait un débat au sein de la communauté scientifique sur les causes réelles des effondrements. Qu’en est-il vraiment ?
Dix ans après les faits, une documentation scientifique impressionnante a été publiée sur le sujet : des rapports des organismes américains en charge de l’enquête technique (Fema, Nist), mais aussi des dizaines de publications indépendantes dans les plus grandes revues scientifiques du domaine.
Ce sont près de 15 000 pages au total, rédigées par des centaines de spécialistes du calcul de bâtiments ou de l’expertise des accidents, ce qu’on appelle l’ « ingénierie forensique ».
Les spécialistes d’accord sur les causes de l’effondrement
Ces avis circonstanciés, et indépendants, ont permis d’établir les causes les plus probables de ces effondrements. Les crashs ont certes affaibli la structure des tours, mais c’est surtout la destruction totale ou partielle des protections incendies (actives ou passives) qui a accéléré et accentué les effets des feux sur les éléments porteurs, jusqu’à la catastrophe finale.
Ce phénomène est expliqué en détails sur le site Attentats du 11/9 : mythes et légendes et dans mon livre « La Farce enjôleuse du 11-Septembre ».
Non seulement aucune voix dans la communauté n’est venue contester les grandes lignes de ces conclusions, mais les résultats ainsi établis servent actuellement de modèles pour les nouveaux codes de calcul développés.
Lors du dernier congrès Structural Engineering World Congress (SEWC) réunissant les ingénieurs et les scientifiques qui font du calcul de structures, différentes sessions étaient consacrées aux immeubles de grande hauteur (IGH). Les études menées sur les tours du WTC y étaient citées comme des référence.Aucun scientifique ne s’est levé dans la salle de conférence pour les remettre en cause.
L’avis des scientifiques français tout aussi unanime
Un numéro spécial de la revue Science et pseudosciences, éditée par l’Association française pour l’information Scientifique (Afis), a donné la parole, en juin 2011, à ce qui se fait de mieux en France en termes de recherche scientifique dans le domaine du génie civil.
Des personnes responsables, dans les plus grands organismes français, des services travaillant spécifiquement sur le calcul de structures en situation d’incendie, ont expliqué les conclusions des études sur les effondrements des tours du WTC. Ce sont par exemple Pierre Carlotti du CSTB, ou Joël Kruppa et Bin Zhao du CTICM.
Les responsables des associations françaises regroupant les scientifiques du génie civil (Denys Breysse de l’ AUGC et Jean-Pierre Muzeau de l’APK) ont également donné leur avis. Leur conclusion est claire et unanime : les théories alternatives n’ont pas de fondement scientifique.
D’autres thématiques sont également traitées dans le dossier de l’Afis(mécanique, métallurgie, aéronautique, chimie des explosifs...), mais il reste néanmoins accessible à des non-spécialistes : un effort tout particulier a été porté sur la vulgarisation et la pédagogie.
Deux sociologues, Valery Rasplus et Gérald Bronner, y analysent aussi la genèse du mouvement conspirationniste sur le 11-Septembre et les raisons de la propagation de ces rumeurs, malgré l’indigence scientifique des arguments avancés.
Une contestation virulente… par des experts autoproclamés.
En dépit de ce consensus général, quelques obstinés, le plus souvent impliqués dans des mouvements politiques ou ésotériques, dénoncent ces conclusions. Bien qu’ils ne soient pas du tout spécialistes du domaine et qu’ils n’aient jamais rien publié dans des revues scientifiques de génie civil ni avant, ni après le 11-Septembre, ils se permettent de critiquer, accuser, juger.
Pour eux, les scientifiques du monde entier travaillant dans le domaine du calcul de structures seraient les complices du Grand Complot, camouflant une démolition contrôlée à l’explosif des tours du WTC.
Passons sur l’accusation infâmante. Ce qu’il faut surtout souligner, c’est la tromperie manifeste de ces contestataires concernant leur compétence réelle. Parmi eux, Richard Gage, un architecte américain leader du mouvement, a fait signer une pétition à 1 500 architectes et ingénieurs, affirmant que les enquêtes réalisées sont mensongères et devraient être reprises à zéro.
Or, aucun architecte ne fait le calcul de structure d’un immeuble de cette hauteur, ce n’est tout simplement pas dans ses compétences. Ce corps de métier représente néanmoins 500 signataires environ de la pétition, y compris... des architectes d’intérieur !
Sur les 1 000 pétitionnaires restants, la plupart n’ont aucune compétence en calcul de structure de bâtiment : ce sont des ingénieurs en mécanique auto ou avion, électronique, informatique, hydraulique…
Quant aux 50, grand maximum, qui semblent avoir un jour pratiqué le calcul de structure de bâtiments, on ne sait s’ils ont un jour dimensionné autre chose qu’un hangar agricole. Un chiffre à comparer aux dizaines de milliers qui travaillent dans des bureaux d’étude par le monde.
Une méconnaissance de la répartition des rôles
En outre, ces personnes jouent de manière cauteleuse sur la méconnaissance par le grand public du rôle dévolu à chaque intervenant dans le processus de construction.
Ainsi, les ingénieurs impliqués ont surtout pour rôle d’appliquer des règles permettant de s’assurer que le bâtiment ne s’effondre pas, dans le cadre d’un usage « normal » ou lors d’un accident « modéré ». Il n’a jamais été dans leur attribution, ni compétence, d’évaluer les limites des règles ou codes de calcul qu’ils appliquent (établis, eux, par les scientifiques), donc de la limite conduisant effectivement à la ruine de leur construction.
Cette pétition relève donc bien d’une magnifique escroquerie intellectuelle : les signataires ne possèdent tout simplement pas l’expertise pour apprécier, et encore moins remettre en cause, ce qui a été produit et validé par l’ensemble de la communauté scientifique.
Des débats qui n’ont rien de scientifique
Telle une litanie, chaque année à la date anniversaire des attentats, les partisans des thèses alternatives réclament des débats publics, exigeant même qu’ils soient filmés. Mais les débats scientifiques ne se font pas devant les caméras, mais bien dans des revues scientifiques, au travers de publications vérifiées et reconnues par les pairs.
Par ailleurs, on ne peut débattre avec des affabulateurs qui n’ont que leur rhétorique – incontestablement très bien huilée – à opposer aux arguments scientifiques.
Bien que des conférences soient encore organisées, même en 2010, pour remettre au goût du jour le géocentrisme, il n’y a pas de débats télévisés, par exemple, pour savoir si c’est la Terre qui tourne autour du Soleil ou l’inverse.
Bien qu’il s’en défende, le « 911 Truth Movement » relève de la même dialectique : remettre en cause des résultats scientifiques établis, en leur opposant de simples croyances. Il n’y a rien de scientifique dans cette démarche.
En cette période de commémoration du 11 septembre, une vidéo retrace les financements des mouvements conspirationnistes. Une vidéo essentielle pour comprendre les liens qui existent entre le Hezbollah, Thierry Meyssan et des négationnistes de la Shoah, un bouillon de culture délirant démonté en trois parties.
Sur la base d’un antiaméricanisme virulent, les thèses conspirationnistes ont eu un véritable succès dans le monde arabe.
Avertissement : le texte qui suit a été publié l'année dernière, à l'occasion du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Il nous a semblé intéressant de le reproduire ici en intégralité tant il rompt, par son ton résolument engagé, avec un air du temps marqué par un relativisme ayant pour effet de renvoyer dos à dos la minorité agissante et organisée des militants conspirationnistes, et la poignée de ceux qui questionnent leurs croyances - NDLR.
Dix ans après, les citoyens internautes attachés aux valeurs démocratiques devraient au moins se mettre d’accord sur un point : le seul complot qui émerge de l’affaire du 11 septembre, c’est celui des conspirationnistes qui empoisonnent la mémoire de ce cruel événement et cherchent à faire passer le gouvernement américain de l’époque, fort critiquable par ailleurs, pour une bande d’assassins cyniques et irresponsables.
On dira que c’est déjà faire la part belle à ces délires que de leur consacrer un article. Peut-être, mais lorsque l’on tape "11 septembre" sur le moteur de recherches Google - qui devrait avoir honte de sa complaisance, hypocritement cachée derrière une soi-disant neutralité technique - la moitié des occurrences qui apparaissent sur la première page émanent de groupes ou d’auteurs qui remettent en question l’explication raisonnable et étayée de l’événement, au profit d’élucubrations louches et insinuantes. Il faut donc revenir encore une fois sur ce dossier pour en rappeler les données de base fournies par l’examen froid des éléments factuels.
1) Les contestataires parlent d’une "thèse officielle". Avant de l’examiner, il faut rappeler avec force que ce vocable a pour fonction unique de nier la légitimité des enquêtes effectuées, non seulement par les autorités américaines, mais aussi par une multitude de journalistes indépendants et reconnus, travaillant dans les meilleurs journaux, et par une myriade d’experts respectés qui n’ont aucun intérêt dans l’affaire, ni le moindre lien avec le gouvernement de Washington. Il faut aussi dire très haut que les contempteurs de la « thèse officielle » sont infiniment moins crédibles que ceux qui la défendent. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer leurs incroyables errements.
Le plus connu des négationnistes s’appelle Thierry Meyssan. Il a acquis la célébrité en niant qu’un avion de ligne se soit jamais écrasé sur le Pentagone. Armé de deux ou trois photographies de débris, mesurant la brèche faite dans le mur du bâtiment, nettement plus étroite que l’envergure de l’avion projeté sur le siège du ministère américain de la Défense, Meyssan a proclamé à tous vents que le Pentagone avait été endommagé non par l’avion du vol American Airlines 77, mais par un missile bourré d’explosif.
Une fois cette baliverne exposée – et vendue à des centaines de milliers d’exemplaires dans le monde - l’imagination pouvait battre la campagne : si on avait menti sur la nature du projectile, suggérait-il, c’est qu’on cherchait à camoufler une vérité monstrueuse, à savoir que l’attaque contre le Pentagone avait été perpétrée, non par Al Qaida, mais par une organisation militaire agissant secrètement. Et quelle organisation pouvait mener à bien cette opération au cœur des Etats-Unis, sinon l’armée américaine elle-même ? Ainsi, à partir de deux ou trois arguments techniques non-vérifiés, on formulait l’accusation décisive qui allait devenir le leitmotiv explicite ou implicite des négationnistes du 11 septembre : le gouvernement américain a lui-même organisé les attentats du 11 septembre pour justifier les guerres d’Afghanistan et d’Irak.
Or, au moment même où Meyssan développait son argumentation délirante, les agents du FBI retrouvaient dans les décombres du Pentagone les corps déchiquetés des passagers du vol 77, rassemblaient les objets personnels des victimes pour les rendre à leur famille et ramassaient un à un les débris de l’appareil, y compris les boîtes noires de l’avion dont les négationnistes affirmaient qu’elles n’existaient pas. Pour quiconque examine honnêtement le dossier, l’évidence s’impose : le vol 77 a bien été détourné et il s’est bien écrasé sur le Pentagone, là où des dizaines de témoins l’ont vu voler en rase motte avant de percuter le mur d’enceinte. Les noms des victimes sont connus, leurs familles apparaissent régulièrement dans des émissions consacrées au 11 septembre, les preuves de l’attentat du Pentagone sont surabondantes et incontournables. Et la largeur du trou ? Dans un choc de cette violence, l’appareil se désintègre entièrement, ce qui explique fort bien l’étroitesse de la brèche au point d’impact.
Autrement dit, non seulement Meyssan trompait les millions de téléspectateurs qui l’ont vu déblatérer sans contradicteur à l’invitation de Thierry Ardisson – jour noir dans l’histoire de la télévision française – mais il insultait aussi les familles des victimes, frappées par un deuil aussi absurde que cruel pour être ensuite niées et salies par un escroc intellectuel sans foi ni loi. Ceux qui pourraient encore douter de la réalité de cet événement se reporteront au documentaire réalisé pour France 3 par Daniel Leconte et diffusé jeudi dernier.
2) Cet exemple n’est pas choisi au hasard : la technique de Meyssan se retrouve peu ou prou dans tous les articles, les livres ou les films issus des milieux négationnistes. Au lieu d’aborder sans préjugé l’ensemble du dossier et de rechercher les faits les plus sûrs pour explorer ensuite les zones d’ombre, on inverse le processus. On passe sous silence les preuves les plus flagrantes et on se concentre sur quelques éléments bizarres, inexpliqués ou douteux, de manière à jeter la suspicion sur l’ensemble de l’affaire. Meyssan fait abstraction des passagers, de l’itinéraire de l’avion, des débris retrouvés, de la personnalité du pilote, des témoins qui ont vu l’avion.
Il se contente de mesurer un trou dans un mur et de reproduire des photos chipées sur Internet. Une fois ces éléments isolés, il range tous les autres arguments, quelle que soit leur évidence factuelle, sous l’étiquette dépréciative de "thèse officielle", version par définition mensongère, bien moins excitante, de surcroît, que l’hypothèse d’un complot ténébreux.
3) Cette tricherie logique, qui consiste à retenir les seuls éléments qui vont dans le sens du complot, comme on le voit dans le film conspirationniste "Loose Change", si prisé des internautes, est enrobée dans des arguments de vraisemblance, qui impressionnent souvent les gogos de Google.
Il est invraisemblable, dit-on, qu’une poignée de terroristes armés de cutters aient pu perpétrer un attentat de cette ampleur ; il est invraisemblable que l’US Air Force n’ait pas intercepté les avions ; il est invraisemblable que ces tours aient pu s’effondrer aussi vite, alors que les gratte-ciels incendiés ailleurs sont toujours restés debout ; il est invraisemblable qu’un terroriste inexpérimenté ait pu piloter un Boeing avec autant de précision ; il est invraisemblable que le troisième immeuble du World Trade Center (WTC 7) soit tombé lui aussi, alors qu’aucun avion ne l’a percuté. Certes, mais cela s’est produit.
Quelle est la thèse opposée, celle des conspirationnistes ? Ils affirment ou bien sous-entendent avec insistance que le gouvernement américain est à l’origine des attentats. Mais alors qu’ils sont intarissables sur l’invraisemblance de la « thèse officielle », ils n’examinent jamais la vraisemblance de leurs propres affirmations.
Or pour que le 11 septembre fût l’œuvre des autorités américaines, il eût fallu :
- que le commando ait été manipulé par les services secrets américains
- que l’US Air Force ait été prévenue pour laisser passer les avions
- que l’armée américaine ait organisé le tir meurtrier sur le Pentagone
- que les tours aient été préalablement minées par telle ou telle branche des services secrets
- que le Président, ses principaux collaborateurs et des responsables très haut placés dans la hiérarchie militaire et dans celle du renseignement soient du complot
- que les experts officiels et la commission désignée pour enquêter soient également complices
Bref, il fallait que les autorités élues de la plus grande démocratie du monde aient décidé d’assassiner plus de trois mille compatriotes pour justifier une guerre lointaine et incertaine, et donc que des dizaines, voire des centaines de personnes soient impliquées dans ce qui serait une des plus grandes infamies de l’Histoire, au risque de voir un jour l’un de ces exécuteurs se livrer à une confession publique qui enverrait immanquablement en prison ceux qui l’ont ordonnée.
Est-ce vraisemblable ?
4) Quittons maintenant le terrain de la vraisemblance pour rappeler les faits.
- Au matin du 11 septembre, dix-neuf terroristes répartis en quatre groupes ont bien pris place à bord de quatre vols civils réguliers. Dûment enregistrés, ils ont été filmés par les caméras de surveillance et leurs noms sont connus. Leurs itinéraires de djihadistes ont été maintes fois explorés par desdizaines de spécialistes reconnus, dans le gouvernement et en dehors de lui. Il ne fait aucun doute qu’ils appartenaient à Al Qaida.
- Une fois les détournements enclenchés, plusieurs témoignages irréfutables transmis par les téléphones de bord ont décrit le modus operandi des hommes qui ont pris le contrôle des appareils. Ils ont bien mené leur opération à l’aide d’armes blanches ; ce sont bien eux qui pilotaient les avions qui se sont écrasés.
- Le témoignage visuel, l’examen des débris et l’analyse des restes humains démontrent que ce sont bien ces quatre appareils qui se sont écrasés sur le World Trade Center, sur le Pentagone, et au milieu d’un champ de Pennsylvanie.
- Des centaines de témoignages irréfutables montrent que les autorités américaines – aviation civile, US Air Force, services secrets, Pentagone et gouvernement – ont été prises au dépourvu, qu’elles ont réagi dans le désordre et que cette désorganisation explique largement la réussite de l’attentat, ainsi que l’embarras et les incertitudes qui ont ensuite caractérisé les réactions officielles. Nul besoin d’un complot pour éclairer le comportement de l’administration Bush.
- L’effondrement des tours reste une étrangeté en comparaison des incendies qui ont pu atteindre d’autres immeubles de ce genre par le passé. Mais aucun de ces immeubles qui sont restés debout ailleurs n’avait été percuté par des Boeing bourrés de kérosène. Les experts se divisent sur l’explication de cette chute dramatique, la majorité estimant que le choc initial et la chaleur de l’incendie suffisent à expliquer la catastrophe. Une minorité d’entre eux, annexés par les conspirationnistes, suggèrent que les immeubles étaient probablement minés. Mais aucun d’entre eux n’a jamais pu apporter la moindre preuve de la présence d’explosifs à la base des tours.
On produit les témoignages de certaines personnes présentes qui ont pu entendre des déflagrations au niveau du sol. Mais ces explosions peuvent s’expliquer par tout autre chose, par exemple l’écoulement du kérosène qui finit par exploser une fois parvenu en bas des immeubles. Dans le cas du WTC 7, la troisième tour, les vidéos enregistrées démontrent qu’on n’a entendu aucune explosion avant l’effondrement de l’immeuble sur lui-même.
Autrement dit, il reste des zones d’ombre : il y en a dans tous les grands événements historiques. Mais des faits massifs, évidents, établis, démontrent qu’il s’agit bien d’un attentat islamiste organisé de longue main par un groupe terroriste originaire du Moyen-Orient et destiné à porter le djihad mondial à un niveau inédit. Le gouvernement américain est sans doute coupable d’imprévoyance et l’impréparation, alors que les services secrets avaient lancé des avertissements très clairs. Il n’est en aucun cas à l’origine de l’opération.
Ainsi, consciemment ou inconsciemment, les complotistes abusent le public, profitant du relativisme régressif qui sévit si souvent sur Internet et dans la tête d’une partie de l’opinion. Ils tendent à accréditer l’idée que les grandes démocraties sont des théâtres d’ombre agis par des forces obscures, où le citoyen est un pion dans un jeu qui le dépasse de très loin. La fonction politique de ces thèses délirantes est évidente : détruire la confiance des citoyens dans leurs propres institutions, accréditer l’idée que les démocraties, après tout, ne sont pas plus fiables ou morales que les dictatures ; légitimer par contrecoup les thèses extrêmes, de droite ou de gauche.
Les négationnistes du 11 septembre sont des ennemis de la démocratie ou, au mieux, les idiots utiles de l’extrémisme. Ils doivent être dénoncés comme tels.
Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot