Salon du divorce, portails divorce, forfaits divorce “tout compris”, monoparentalité, “homoparentalité” (?), procréation assistée, mères porteuses, familles recomposées, PACS, union libre….
Suite à notre dernier billet sur la toute récente épidémie de foutaises de nos journaux concernant les suicides d’anciens combattants américains …
Retour, avec un vieux fonds de tiroir de 98, sur ces nouvelles formes de relations familiales issues de la désintégration ou de la subversion du mariage qui passent pour le summum de la (post) modernité et dont sont si friands nos journalistes en mal de copie.
Et notamment ces fameux chiffres du divorce qui sont censés les fonder ….
Quelques fausses vérités sur ces sacrés liens du mariage
JC Durbant
Aller simple
Janvier 1998
Le mariage donne de grandes excitations collectives: si l’on supprimait l’oedipe et le mariage, que nous resterait-il à raconter? Roland Barthes (grand intellectuel homosexuel des années 60)
Non, le mariage n’est pas mort
Comme on a pu le vérifier récemment (nov. 97) avec la polémique qui a suivi la proposition par la ministre de la Justice (Elisabeth Guigou) de créer une sorte de divorce devant le maire, le mariage (et le démariage, puisque c’est ce qu’il faut dire à présent) n’en ont pas fini de déchainer les passions.
Un couple sur trois se sépare ? Non, un sur quatre-vingt-dix!
Mais comme on le sait, la passion ne fait pas toujours bon ménage avec la vérité. Ainsi, le titre typique que les médias nous rabâchent ad nauseam depuis une bonne vingtaine d’années(1 couple sur 3 se sépare ! 1 sur 2 à Paris ! – couverture du Point du 13 décembre dernier) est l’exemple-type de l’utilisation non-maitrisée des données brutes des sciences sociales. Mais il est sûr que ce n’est pas avec des manchettes telles que 1 couple sur 90 se sépare ! 1 sur 60 à paris – pourtant beaucoup plus proches de la réalité – que l’on va attirer les foules ou vendre des journaux. Alors, les médias nous mentent-ils ? Non, même pas, l’explication est plus simple ; pris comme ils le sont par la nécessité de faire court et simple (ou par le simple manque de temps), la plupart d’entre eux se contentent de comparer le nombre de tous les divorces qui ont lieu en une année (quel que soit le moment où les couples en question se sont mariés) à celui des nouveaux mariages ayant été célébrés dans la même année. Alors qu’en bonne logique, il faudrait plutôt comparer par exemple les 118 489 divorces de l’année 95 (peut-être 7 500 à paris) non aux mariages de cette même année mais aux quelque 9millions (dans les 450 000 à Paris) qui ont pu se célébrer dans les décennies précédant l’année en question. Plus prudents, les sociologues travaillent à partir de « cohortes », autrement dit de « promotions » de mariés. On verrait alors par exemple que contrairement à ce que l’on arrête pas de répéter, le nombre de divorces est en réalité en baisse, ne serait-ce que par le simple effet de la diminution des mariages amorcée dans les années 70.
On ne se marie pas moins mais plus tard
Une autre manière apparemment plus « scientifique » est de parler en termes de « mariages ou divorces pour mille ». mais ce mode de calcul ne va pas non plus sans problème, y compris pour les sociologues. En effet, il suppose que les caractéristiques de la population en question (âge moyen, rapport mariés-célibataires) ainsi que les modalités des procédures n’ont pas varié entre-temps. Ainsi, il est clair qu’une population plus jeune, c’est-à-dire comprenant une proportion plus grande d’enfants – ce qui était encore le cas au début du siècle pour la plupart des pays industrialisés – aura proportionnellement moins de mariages et donc moins de divorces, d’où un effet de surestimation de la hausse du divorce pour les populations vieillissantes que nos pays connaissent aujourd’hui. De même, la hausse de la nuptialité qu’ont connue les mêmes pays à la fin des années 60 est généralement interprétée une désaffection à l’égard du mariage (ce qu’elle est nul doute aussi) alors qu’elle est peut-être surtout le fait (pour différentes raisons telles que l’allongement des études ou l’essor du travail féminin, voir la plus grande possibilité de relations sexuelles pré-maritales – pourquoi, comme disent nos amis anglo-saxons, acheter la vache si on peut avoir le lait gratuitement ?) d’un simple report de celui-ci – il vaudrait mieux alors parler d’augmentation de l’âge au mariage ; D’où également la difficulté des comparaisons internationales entre populations plus ou moins jeunes, comprenant plus ou moins de célibataires ou offrant une plus ou moins grande lourdeur de procédure aux candidats au divorce (jusqu’à l’interdiction pour des pays comme l’Irlande par exemple).
Les chiffres ne disent pas toute la vérité
Enfin, on oublie souvent que les chiffres en question ne sont que des moyennes statistiques et donc qu’ils peuvent cacher de grandes disparités, voire provoquer des distorsions. Ainsi, les grands consommateurs de mariages et de divorces contribuent d’une manière disproportionnée aux statistiques (sans parler des Eddy Barclay ou autres Johnny Halliday dont les généreuses contributions – dans les deux sens il est vrai – ne peuvent manquer de peser sur les chiffres de petites ou moyennes communes telles que celles de St Tropez ou de Neuilly). En effet, pour prendre un exemple simple, si sur quatre personnes qui se marient au même moment, trois ne divorcent jamais mais une se marie et divorce trois fois, l’ensemble aura produit un total de six mariages et de trois divorces, d’où la conclusion que la moitié des mariages de ce groupe se seront terminés par le divorce ; ce qui est vrai, mais que l’on aurait tout autant pu dire que 75% de ces personnes n’avaient jamais divorcé.
Même les homosexuels en redemandent!
Donc, si l’on ajoute le fait que 80% des divorcés se remarient généralement dans les années qui suivent, on voit bien , contrairement aux visions apocalyptiques – mais si payantes – des médias, le mariage a encore de beaux jours devant lui. Sinon, comment expliquer l’engouement que suscite actuellement le fameux projet de contrat d’union sociale qui étendrait à tout cohabitant (y compris de même sexe) les avantages – pas seulement économiques- de la plus sacrée des unions ?
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Médias: Pendant les grèves, la désinformation continue… (Gréviculture vs. Sarko)

Beau numéro de désinformation dans le Guardian l’autre jour, de la part de l’ex- correspondante à Londres de plusieurs journaux français “aux mains”, comme elle le dit elle-même, “des amis du président”, Agnès Catherine Poirier.
D’abord, on apprend que le fait que certains des régimes spéciaux actuellement en question en France dateraient de Louis XIV ne peut être qu’une “preuve apparente d’archaïsme relayée par la presse des amis du président”.
Sauf qu’elle oublie de rappeler combien d’années de cotisation peut bien avoir un conducteur de train français qui, ayant commencé par exemple à 25 ans et gagnant 1000 euros de plus par mois que son collègue allemand (soit € 2500) pour 7 h de travail de moins par semaine (soit 36 h) et 17 ans de moins d’annuités pour une retraite indexée sur ses derniers six mois de salaire, part (avant d’aller éventuellement pantoufler à l’étranger comme formateur défiscalisé dans une filiale off shore de la SNCF) à la retraite à 50 ans?
Enfin, on apprend que, 11e loin derrière les Danois ou les Espagnols par exemple (1998-2004), les Français ne font effectivement pas le plus grand nombre de grèves.
Sauf qu’elle oublie de préciser qu’avec quelques grèves dans les secteurs publics et stratégiques des transports (ferroviaires ou maritimes), les petits syndicats français disposent d’une notoirement redoutable capacité pour paralyser un pays entier (3 semaines en novembre 95) et de faire ainsi capoter les moindres tentatives de réaliser les réformes que la plupart des pays occidentaux ont faites depuis longtemps.
Mais bon, s’il fallait commencer à douter de la bonne foi de tous les journalistes qui concluent leurs papiers sur les rodomontades du dernier facteur-de-Neuilly-trotsko de France et tout récent thuriféraire de l’homme de main de Castro …
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