L'écolo-totalitarisme, la nouvelle gangrène de l'Occident
On a touché le fond, il ne reste plus qu'à creuser.
(André Santini)
Le site internet Planétécologie (www.planetecologie.org) (il y en a d'autres) aborde les pionniers de l'écologie. Et pourtant, vous n'y retrouverez aucun des noms cités dans cette page. L'écologiquement et l'historiquement correct gomment-ils certaines sources, certaines racines, certains rameaux ? Cette page ne prétend pas à l'exhaustivité et se borne à retrouver quelques unes des racines profondes du mouvement écologiste actuel.
Les écologistes proposent des modèles de politiques qui dénoncent et réfutent le développement non pérenne des sociétés industrielles et postindustrielles. Ils essaient de répondre à la question de notre devenir, de notre capacité à gérer notre développement scientifico-industriel, ce qui induit la notion de développement durable (mais il faudrait aussi aborder le développement - sinon la décroissance - soutenable...). Ne pas confondre « politiques écologistes » et « politiques écologiques ». Ces dernières s'inscrivent dans des modèles politiques et économiques qu'elles ne contestent pas, et proposent des mesures palliatives aux problèmes qu'induisent ces modèles ou qu'induisent d'autres modèles.
On distingue trois tendances. L'écologie fondamentaliste dite réactionnaire (respectons les lois de la nature) qui reprend l'argument d'un ordre naturel, pas nécessairement égalitaire. L'écologie environnementaliste libérale (pour la qualité de la vie) qui entend sensibiliser les industries au respect l'environnement, à la gestion des déchets et à la sauvegarde de zones ou musées d'espèces rares (c'est la nature en bocal). L'écologie politique (prise en compte de la totalité et maîtrise de l'environnement, des conséquences de nos actions sur nous-mêmes et notre avenir) veut reprendre le contrôle de l'économie, imposer la prise en compte des besoins réels et des nuisances indésirables, globaliser les problèmes au niveau mondial, corriger la force mécanique de l'évolution par la volonté d'un « développement contrôlé, démocratique, équilibré, rationnel et diversifié. » Il ne s'agit pas pour elle de protéger une nature originelle, ni de protéger et rentabiliser les richesses naturelles, mais de « prendre possession de notre monde. »
Au début des années 1990, Antoine Waechter (www.mei-fr.org), en compagnie d'Alain Lipietz ([url]lipietz.net[/url]), colllabore à la revue Krisis d'Alain de Benoist.. Il refuse la levée de l'immunité parlementaire de Jean-Marie Le Pen, ne tient pas grief à Jean Brière, porte-parole des Verts (www.les-verts.org), pour un texte controversé sur Israël et ses sympathisants (« Le rôle belligène d'Israël et du lobby sioniste »). En janvier 1999, Antoine Waechter se rend au colloque Les éveilleurs organisé par Laurent Ozon et la Nouvelle Écologie. L'un des thèmes abordés : Alexis Carrel, précurseur de l'écologie ?. Lors du conseil national, Antoine Waechter tente d'obtenir la validation de l'équipe de campagne avec Laurent Ozon et Marjorie Naisbit. Anecdotique ?
L'histoire des écologistes se confond avec une pensée qui naît au XIXe siècle et s'épanouit dans le régime national-socialiste. Régime qui a sans doute prononcé les premières mesures de protection des animaux et de la nature, qui concernent dès novembre 1933 la nature et l'environnement. Les lois nazies sont écologistes : elles instituent une nouvelle conception des rapports entre la nature et l'homme.
Le ressentiment contre la modernité, la recherche du pur et du primitif énoncés par Julius Langbehn (1851-1907) participent très tôt à cette nébuleuse qui annonce l'avènement du nazisme :
« Ramener les hommes à la nature et à la simplicité, loin de l'artifice et du raffinement, telle est ma vocation. »
« La nouvelle vie intellectuelle des Allemands n'est plus l'affaire des professeurs. Elle est l'affaire de la jeunesse, et plus particulièrement de cette jeunesse allemande impartiale, intègre et naturelle. »
« Il ne faut pas opposer de manière artificielle, trop tranchée, les concepts d'Etat et de peuple, de peuple et d'hommes cultivés, il faut les rapprocher en une harmonie naturelle. Cette harmonie est le point culminant de l'éducation de l'individu et du peuple, qui ne doit pas diviser mais réconcilier, unir le haut et le bas, l'extérieur et l'intérieur de la vie humaine. »
En 1913 au solstice d'été, Ludwig Klages qui s'appuie sur les idées d'Alfred Schuler, prononce sur la montagne du Hoher Meissner et devant l'assemblée des mouvements de jeunesse [Wandervogel], le discours Mensch und Erde (L'homme et la terre) : c'est le premier manifeste et le fonds philosophique de l'écologie. Mensch und Erde énumère les espèces disparues, défend la biodiversité, s'appuie sur une conception de l'homme, de la vie et de l'histoire qui rend compte de l'incapacité du système de penser la vie, la nature :
« La vie n'est pas perçue mais elle est sentie avec la force la plus nocturne et il nous suffit de nous rappeler ce sentiment pour reconnaître la réalité de la vie avec une certitude qui ne le cède à aucune autre. Que nous jugions, que nous formulions des opinions, des volontés ou des désirs, que nous rêvions, nous sommes portés et traversés par le même courant du sentiment élémentaire de la vie, lequel est incomparable, irréductible, inconcevable, indivisible et aussi, bien entendu, insaisissable. Et c'est parce que nous nous sentons vivre nous-mêmes que nous pouvons rencontrer le vivant dans l'image du monde : c'est par l'expérience de notre propre vie que nous participons à la vie extérieure » (Ludwig Klages, Mensch und Erde, Eugen Diederichs In Jena, trad. J.D., p. 50).
« Quels sont maintenant les principaux aliments de l'âme ? Le prodige, l'amour et l'exemple. Le prodige, l'âme le trouve par exemple à la vue d'un paysage, dans la poésie, dans la beauté. Qu'on lui présente donc le paysage, la poésie, la beauté et qu'on regarde si elle s'épanouit là. L'amour au sens le plus large - auquel se rattachent la vénération, l'adoration, l'admiration et toutes les formes d'approbation affective - ne réchauffe avec une vraie efficacité que sous l'action de l'être aimant. [...] L'exemple ce sont les dieux, les poètes et les héros. Qu'on donne à l'âme le spectacle des héros et qu'on regarde comment elle s'épanouit là. Et si elle ne s'épanouit au contact d'aucune de ces trois choses, c'est qu'elle ne porte en elle aucune puissance d'épanouissement, et il n'existe pas d'éducateur qui puisse la susciter par magie. Car c'est là le secret de l'âme de ne s'enrichir qu'en donnant. Ce n'est pas l'amour qu'un homme reçoit, mais l'amour qui s'allume en lui au contact de l'amour reçu, qui nourrit son âme. Tous les prodiges et tous les exemples du monde demeurent une simple représentation théâtrale, s'ils ne peuvent éveiller dans l'âme le prodige occulte et le héros secret. » (Ludwig Klages, Mensch und Erde, Diederichs Verlag, Iena, 1929, p. 129-30. Cité et traduit par Gustave Thibon, dans La science du caractère, Desclée de Brouwer, Paris, 1933, p. 208.)
Le Suisse Robert Hainard (1906-1998) incarne le naturalisme conservateur. Précurseur de l'écologie profonde (deep ecology), Robert Hainard critique la société moderne au nom d'une nature vierge, éternelle, qui se ressent plus qu'elle ne se pense. Il se réfère à Charles-Ferdinand Ramuz et à Alexis Carrel, opte pour une tension sans mélange entre l'homme et la nature qu'il définit par exclusion de la civilisation. Robert Hainard n'entend pas le retour dans la nature, mais souhaite maintenir séparés la nature et l'homme. Sa tendance à utiliser les mêmes grilles pour les sociétés humaines et pour la nature recèle un risque de dérive anti-humaniste réel, voire eugéniste. Il influence Antoine Waechter, Philippe Lebreton, Solange Fernex ou l'éditeur Sang de la Terre qui s'est associé en 1998 à la revue Le recours aux forêts de Laurent Ozon pour organiser un colloque avec Alain de Benoist. La tendance à naturaliser le social, à multiplier les métaphores biologisantes (le féminisme naturaliste de Solange Fernex), à proscrire le mélange des races au nom du droit à la différence (Philippe Lebreton), à exalter l'identité qui se confond avec le groupe humain puis, à militer pour une Europe des régions qui dissoudrait les États-nations par le bas et par le haut (Antoine Waechter), révèle des thèmes qui marquent l'influence du naturalisme réactionnaire de Hainard.
Au cours des années 70, les biorégionalistes américains constatent que les populations amérindiennes du continent nord-américain se fondaient dans une nature brute. Les européens arrivent en masse, s'emparent d'un territoire et en ignorent cette nature qu'ils ne comprennent pas. N'existerait-il pas des patries charnelles ? Le biorégionalisme est une variante de l'écologie profonde... mais enclin à prôner des « frontières naturelles. » On s'éloigne de la mouvance écologiste en quête de reconnaissance institutionnelle, qui entend protéger l'environnement de toute urgence et défendre au plus vite le patrimoine naturel contre l'agression et l'emprise des industries. Avec Kirkpatrick Sale, les biorégionalistes prennent en considération le facteur temps, sa durée et sa continuité, qu'il convient de respecter pour comprendre le façonnage de la nature dans une dynamique à grande inertie. En Italie alpine, on trouve la géophilosophie (Luisa Bonesio, Catarina Resta, la revue Tellus) et le biorégionalisme d'Eduardo Zarelli, qui repose sur une volonté enracinée dans le peuple et dans la Terre de maintenir aussi intacts que possible les paysages naturels alpins sur une approche qui s'inspire de l'héritage de Martin Heidegger et de Ludwig Klages.
À gauche ? De gauche ? René Dumont (www.rene-dumont.org) remet en cause l'économie de marché, trace les grandes lignes d'un écosocialisme. Favorable aux thèses autogestionnaires, anticapitaliste, il souhaite que chaque village devienne une petite république : René Dumont fait pencher l'écologie à gauche, très à gauche. Pour les présidentielles de 1974, il reprend toutefois en partie les positions du Club de Rome (www.clubofrome.org) et demande l'augmentation du prix de l'essence pour enrayer l'asphyxie des villes par les voitures, la suppression des allocations familiales au-delà du second enfant - pour lutter contre une surpopulation promise. Le monde est pollueur, exploiteurs et exploités, industriels et consommateurs sont coresponsables, tous. Mais dans ce contexte des années 70, la protection des ressources naturelles ne cautionne-t-elle pas les plans d'austérité ou de rigueur ? La critique (écologiste) de la société de consommation danse le pas de deux avec l'austérité prônée par le trio Giscard-Chirac-Barre.
Dans les années 1970, avec son livre La société contre nature, Serge Moscovici prône un naturalisme subversif. Il critique le progrès technique, le modernisme qui font croire à l'homme qu'il s'émancipe alors qu'il s'isole dans un monde désenchanté. Serge Moscovici construit un naturalisme hétérodoxe pour le réenchantement du monde, l'ensauvagement de la vie - en communauté. Il ne s'agit plus d'un retour à la nature, mais dans la nature, changer la vie plutôt que la société, créer des formes sociales qui échappent au pouvoir central, mais assi remettre en cause l'héritage des Lumières et de la Révolution. Proche de Moscovici, Robert Jaulin se risque à l'éloge de la culture tribale, il popularise le concept d'ethnocide. Brice Lalonde se réclame de Moscovici à l'époque des Amis de la Terre (www.amisdelaterre.org).
L'entrée au Bundestag de quelques députés verts - Grünen (www.gruene.de) et les thèses du biologiste Barry Commoner marquent le virage vers une écologie dite politique dans les années 70. Barry Commoner souhaite tourner la page du naturalisme. La question nucléaire rassemble de près ou de loin libertaires post-soixante-huitards, scientifiques et défenseurs de la nature ; l'influence de Bertrand de Jouvenel et de sa revue Futuribles (www.futuribles.com) ; la publication en 1972 du Rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance ; les conférences internationales - Stockholm, Rio...
« Le problème de l'environnement ne doit pas devenir un hit parade superficiel, servant d'alibi à l'ordre qui a commis les dégâts. Il ne s'agit pas non plus de rejeter naïvement notre technologie, mais de démontrer surtout le mauvais usage que l'on en fait... J'ai été étonné en 1972 à Stockholm, lors du Congrès Mondial des Nations Unies sur l'Environnement, par les violentes critiques, entre autres, de la télévision française contre le "modèle réactionnaire" mis en ordinateur par le MIT pour le Club de Rome sur les "Limites de la Croissance"... Nous utilisons de nouvelles technologies polluantes qui menacent notre milieu parce qu'elles sont sources de plus grands profits. » (Barry Commoner, Quelle Terre laisserons nous à nos enfants ?)
« Aucun procédé scientifique ne peut nous dire combien de naissances anormales causées par les retombées radioactives nous devons tolérer pour posséder une nouvelle arme nucléaire... Aucun principe scientifique ne peut nous dire comment faire le choix - qui peut nous être imposé par le problème des insecticides - entre l'ombre de l'orme et le chant du rouge-gorge... Le devoir de porter les jugements nécessaires incombent donc non pas exclusivement aux hommes de science et aux techniciens, mais à tous les citoyens. » (Barry Commoner)
Traditionnellement de droite, les thèmes écologistes ont été redécouverts par la gauche. Et redéployés par la droite... En août 2003, Génération Ecologie Les Bleus (www.generation-ecologie.com) s'adresse aux écologistes de droite et les assure de maintienir le cap du partenariat et de l'accord politique avec la majorité gouvernementale.
Au suffrage, la majorité a raison et la minorité a électoralement donc politiquement tort. Pourtant monde aurait voté non à l'électricité et ses centrales, au pétrole et ses derricks, à la voiture et ses autoroutes, aux antibiotiques et l'antibiorésistance. Le piège est efficace : n'a-t-on pas vu Noël Mamère se promener dans Bègles avec une vieille automobile polluante ? L'écologie est-elle être démocratique ? À l'intérieur des mouvements qui s'en revendiquent, c'est la foire d'empoigne (Cf. [url]ecolo.asso.fr[/url]).
Dans De l'éthique environnementale à l'écologie politique - Apories et limites de l'éthique environnementale (2001), François Blais et Marcel Filion de l'Université de Laval (Canada) avancent avec prudence et difficulté dans les bayous de la pensée écologique :
« S'il est vrai que seul l'être humain demeure en mesure de porter des jugements évaluatifs sur les choses qui l'entourent, il ne s'ensuit pas pour autant que seul celui-ci puisse être objet de nos préoccupations éthiques, comme le rappelle avec insistance l'éthique environnementale. C'est en partie pourquoi cette dernière continuera de jouer un rôle légitime de sensibilisation en cherchant à convaincre le plus grand nombre d'intégrer d'authentiques valeurs écologiques dans leur vie personnelle. Mais la protection de l'environnement doit aussi être considérée, fondamentalement, comme un souci collectif en faveur de la justice sociale. Dans le but de mieux départager les rôles entre l'éthique et la politique, nous avons indiqué les raisons pour lesquelles, en cas de conflit entre l'une et l'autre, l'égalité entre les citoyens exige que l'on priorise les visées de tolérance et de justice qui devraient normalement relever du domaine politique. Cela dit, la priorité du Juste sur le Bien n'empêche d'aucune façon que le Bien puisse être complémentaire au Juste, bien au contraire. »
[à parfaire - août 2003]
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Alain de Benoist - essayiste, journaliste, directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole (www.labyrinthe.fr). Auteur d'une oeuvre abondante dont l'essai Communisme et nazisme, 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle, fondateur en 1968 du GRECE, Groupement de Recherches et d'Études pour la Civilisation Européenne (www.grece-fr.net).
Alexis Carrel, 1873,1944 - chirurgien, biologiste, philosophe, moraliste prix Nobel 1912 de physiologie et de médecine pour sa contribution à l'essor de la chirurgie vasculaire. Il développe une méthode de suture des vaisseaux et met au point des techniques de culture, de conservation et de transplantation de tissus animaux. Son oeuvre étant confusément eugéniste, il est en disgrâce. Auteur de L'Homme, cet inconnu (1935), et de Réflexions sur la conduite de la vie (posthume, 1950).
Deep ecology - courant de pensée, particulièrement développé aux Etats-Unis et en Allemagne, procède à une critique radicale du modèle de développement occidental, de la civilisation dite technicienne et propose d'en finir avec l'anthropocentrisme. Il faut pour cela inventer de nouvelles relations de droit entre l'homme et la nature et faire des objets naturels des sujets de droit. La nature sera défendue pour elle-même et plus seulement car tel est le bon vouloir de l'espèce humaine. La deep ecology (expression inventée par le Norvégien Arne Naess en 1973) s'interroge sur la disparition de la sauvagerie - parce que cette perte pourrait signifier, entre autres, la fin de l'humain. L'évolution du vivant constitue une gigantesque chaîne symbiotique. Toutes les espèces vivantes dépendent les unes des autres. La loi de la jungle ne fonctionne au détriment d'une race ou d'une espèce, mais toujours dans le sens d'une coopération générale et de la survie optimale de l'ensemble. Un animal fou, qui se mettrait à détruire les autres espèces autour de lui, disparaîtrait rapidement, par évanouissement de sa propre matrice.
Robert Hainard, 1906-1998 - Dans Et la nature ? publié en 1943, il lie la protection de la nature à la remise en cause fondamentale des modes de pensée de notre société du tout économique, rationaliste, fondée sur un anthropocentrisme et un impérialisme menant à la domination de la nature sauvage. Il se réclame d'une mentalité paléolithique, attitude libérale du vivre et laisser-vivre, opposée à celle dite néolithique, attitude impérialiste et narcissique qui veut tout réduire à soi-même, en droit et en fait. Pour lui, la sauvegarde de la nature ne peut s'accommoder d'un humanisme étriqué, il est impératif de limiter l'expansion économique et l'emprise humaine par le contrôle des naissances. C'est cette remise en cause profonde des paradigmes dominants qui en font un des représentants européens de l'écologie profonde (deep ecology), souvent qualifiée d'écologisme extrémiste. Mais Robert Hainard n'est en rien attaché à un droit des animaux et des plantes et se réclame d'un humanisme défini par Claude Lévi-Strauss un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l'homme, le respect des autres avant l'amour-propre. Païen moderne, Robert Hainard propose une civilisation hautement technique mais maîtrisée, une humanité peu nombreuse, dans une vaste nature libre et sauvage. Il est un adepte de la croissance zéro. Cette prospérité sans expansion est la résultante d'un de ses leitmotivs qui veut que l'on s'enrichisse de la liberté laissée à son complément, la nature.
Martin Heidegger, (1889-1976) - Philosophe allemand souvent considéré comme l'un des fondateurs de l'existentialisme. Collaborant avec Edmund Husserl sur la phénoménologie, il donne des cours de 1923 à 1927 à l'université de Marburg, centre du kantisme allemand. Il adhère au parti national-socialiste en 1933 et devient recteur de cette université et prononce un discours où il demande aux étudiants de lier leur destin à l'État et y affirme que « le Führer et lui seul est la réalité allemande aujourd'hui et l'avenir et de sa loi. » Quelques mois plus tard, il démissionne du parti nazi, mais ne regrettera jamais son adhésion, ni les choix qu'elle impliqua. Il n'aura jamais de mot sur ses étudiants juifs disparus ni sur le génocide des Juifs. Il retire même de la dédicace de ses livres le nom de son maître, Edmund Husserl.
Bertrand de Jouvenel, (1903-1987) - « visionnaire de l'écologie, libéral en économie comme en politique ou en culture, ce brillant causeur aux multiples visages a été, avec le groupe Futuribles, l'un des pionniers de la prospective. Une vieille amitié avec Otto Abetz, l'ambassadeur du IIIe Reich en France occupée, lui en rend l'accès facile, ce qui ne manque pas de lui forger à lui-même une réputation gênante et imméritée de collaborateur. » (Jean-François Revel, Mémoires Le voleur dans la maison vide, Éditions Plon, 1997, p. 433. pour qui une écologie politique doit surplomber la science économique)
Ludwig Klages, (1872-1956) - caractérologue, il est à la graphologie ce que que Freud est à la psychanalyse - dans le monde germanique, il est considéré comme l'un des grands penseurs importants du XXe siècle. Il a approfondi et systématisé les intuitions de Nietzsche sur les rapports entre l'esprit et la vie. Son oeuvre paraît de plus en plus significative et prophétique à mesure que la crise écologique s'aggrave.
Laurent Ozon, revue écologique identitaire Le Recours aux forêts, proche du philosophe suisse Robert Hainard, chantre de l'écologie « dure ». Voici sa Charte de la nouvelle écologie :
« Les détenteurs du pouvoir financier appuyés par leurs relais politiques, intellectuels et médiatiques, et servis par le prodigieux développement de la technoscience, ont entrepris et presque réussi la colonisation de la planète. Ces transnationales imposent à toutes les formes de vie - humaines ou non - une même civilisation qui se teinte des cultures qu'elle absorbe. Partout, des mémoires et des savoirs millénaires sont effacés, des danses et des costumes sont oubliés, des dieux et des temples délaissés, des peuples et des cultures disparaissent pour toujours. Partout des champs sont surexploités et des écosystèmes dévastés. Partout, de New-York à Quito, de Londres à Singapour, de Manille à Moscou, on entend les mêmes rythmes, on donne à voir les mêmes images, on utilise les mêmes techniques, vendues par ces mêmes transnationales. Partout, de Bangkok à Alger, de Sarajevo au Caire, des millions d'hommes, pour survivre à la faim ou à la guerre, souvent attirés par les lumières trompeuses d'un Occident fantasmatique, fuient le pays de leurs ancêtres pour s'entasser dans des banlieues ou des bidonvilles sans âme. Dans chaque pays les valets politiques et technocratiques des multinationales trahissent les intérêts de leurs communautés en oeuvrant à la généralisation de la guerre économique et à l'uniformisation du vivant. Car, contrairement à ce que nous répètent les médias et quelques naïfs, ce n'est pas l'amour entre les hommes qui est le véritable moteur de cette mondialisation, mais la loi du profit et la haine des différences. Dans la plupart des cas, cette mégamachine ne trouve en face d'elle que les manifestations réactives et souvent contradictoires de revendications sociales et identitaires, des lobbies défendant les intérêts à court terme de leurs communautés d'identification et qui ne savent pas toujours reconnaître ce qui les menace vraiment. Dans ce contexte, nous souhaitons que soit proposée aux populations des pays industrialisés, devenues en quelque sorte le " carburant " de cette mégamachine, une alternative culturelle s'inspirant des travaux et de la culture écologistes, qui pourrait enrayer, la course folle de la machine mondiale. Car ce qui est caractéristique de l'écologie, c'est une culture qui nous porte à vouloir comprendre les lois à l'oeuvre dans le monde ainsi qu'une volonté de ne céder à aucun réductionnisme, fut-il généreux (" l'Enfer est pavé de bonnes intentions " dit le proverbe), afin de regarder avec l'oeil du coeur et de l'esprit le monde tel qu'il est. Il s'agit de replacer toujours préalablement les choses en situation, et donc de s'opposer à toute réflexion décontextualisée, à toute utopie (u-topos sans le lieu). L'écologie comme mouvement culturel, est donc un mouvement " topique " qui consiste en une valorisation à priori de la diversité organisée du vivant (la biocomplexité), cette diversité menacée des espèces, des paysages et des cultures qui font la beauté et la richesse du monde que nous aimons. Or, ce postulat implique, c'est l'évidence même, une remise en cause de la prétention à l'universalité du projet de civilisation américano-occidental, de la culture de supermarché véhiculée par les médias, ou de quelque projet global que ce soit. Notre combat ne consiste donc pas dans une simple succession de revendications à caractère environnemental ou dans on ne sait quel projet d'unification planétaire sous les auspices d'une spiritualité de pacotille. Notre but est de mettre fin à la colonisation multiforme (culturelle, technologique etc.) du monde par la civilisation industrielle moderne et l'idéologie du Progrès, pour que reprenne la progression, l'Evolution, c'est-à-dire la poursuite de la différentiation et du perfectionnement de la vie sous toutes ses formes. Voilà en quoi l'écologie est un mouvement de décolonisation intégral, qui mérite mieux que de finir dans les fourgons des adeptes des utopies sociales du XIXème siècle ou comme roue de secours de la diplomatie d'ingérence américano-occidentale dans le monde. »
Alfred Schuler, (1865-1923) - ésortériste, inspirateur d'Adolf Hitler, pour certains, héritier du catharisme, il développe la théorie de l'Entlichtung [assombrissemment, déclin de l'aura] et apporte la svastika, symbole du principe originel. Entlichtung : perte de lumière, déperdition de la lumière ou disparition graduelle de la Lumière depuis l'époque des cités-Etats grecques de l'antiquité et de l'Italie romaine. Il n'y a pas de progrès dans l'histoire. Au contraire, la Lumière disparaît en même temps que la liberté du citoyen, libre de façonner sa propre destinée. Alfred Schuler est l'inspirateur du Cercle de Stefan George.
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À lire : Jean Jacob, Histoire de l'Écologie politique, éditions Albin Michel, 1999, 362 pages
Source : http://mediateur.free.fr/textes/ecologie.html