En ces temps de révisionnisme rampant où les mollahs et leurs thuriféraires intérieurs comme extérieurs font feu de tout bois pour tenter de sauver ce qui reste de leur régime ..
Et pour ceux qui auraient aussi du mal à suivre le feuilleton particulièrement compliqué et retors des quelque trente dernières années de l’actuel régime iranien …
Petit retour historique, trouvé sur le site Iran-Resist …
Où l’on (re)découvre que la figure aujourd’hui tant exécrée du Shah (au pouvoir de 1941 à 1979) était en fait une sorte d’Ataturk iranien ….
Que l’attachement, tant vanté par le régime et ses thuriféraires, du premier ministre Mossadegh à la démocratie comme au nationalisme laissait quelque peu à désirer et qu’avec son recours systématique à la rue, sa nationalisation baclée du pétrole et ses amitiés communistes, il ne fut pas loin, avant sa destitution par le Shah et le soutien des Américains mais aussi de la population, d’amener le pays à la ruine et de le faire basculer dans le camp soviétique …
Que le soi-disant modèle de démocratie de la Constitution de 1906 soumettait en fait le pouvoir au “veto d’un Conseil de Théologies, composé de 5 à 20 experts (mollahs), qui devaient veiller à la conformité des lois avec la sacro-sainte charia” …
Et enfin que la fameuse révolution islamique de 1979 fut largement l’initiative des grandes puissances occidentales (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis), suite à leur lâchage d’un Shah trop indocile à leur goût, pour le remplacer par un « vieillard illettré, préfabriqué et inconnu jusqu’alors du grand public, l’Ayatollah Khomeiny ».
Iran - 11 février : La révolution de Khomeiny, l’héritage de Mossadegh
Iran-resist
11.02.2007
Les racines historiques de la révolution de Khomeiny…
Introduction
La destitution d’Ahmad Shah, dernier roi de la dynastie Qadjar d’origine turco-mongole, et la montée au pouvoir d’un officier cosaque iranien qui s’est emparé du pouvoir en 1921 et qui a pris le nom de Reza shah Pahlavi a été sans doute l’un des plus grands moments de l’histoire de l’Iran. Comme écrit Mohammad Reza Shah à propos de son père dans la « Réponse à l’histoire » [1], il fut « un de ces hommes providentiels qui apparaissent au cours des siècles pour empêcher que la patrie sombre dans le néant ». Cette personnalité remarquable fut en effet à la fois le sauveur, l’unificateur et le fondateur de l’Iran moderne.
Si en son temps, il n’inspirait que la peur, en revanche, rares sont aujourd’hui les Iraniens qui ne le respectent pas en tant que symbole de la modernité et de la fierté nationale. Reza Shah admirait beaucoup son homologue turc Mustapha Kemal Atatürk et avait comme lui l’intention de fonder des institutions démocratiques en Iran. Il fallait pour cela fonder un état laïque et moderne. La modernisation est synonyme de l’occidentalisation et la démocratie vient de l’occident ainsi que son élément indispensable et indissociable qu’est la notion des droits de l’homme sans laquelle une vraie démocratie perd tout son sens. Or, l’islam ne reconnaît pas cette notion des droits de l’homme, il a ses propres méthodes et ses propres lois dignes d’une société moyenâgeuse.
C’est la raison pour laquelle l’accès à la démocratie est chose presque impossible dans les pays musulmans. Le simple fait d’aller voter même s’il n’y a pas tricherie dans le décompte des voix ne suffit pas. L’essence même d’une démocratie moderne est la tolérance et le respect des droits de l’homme. Le problème dans les pays musulmans, c’est que l’on peut changer les lois et à la rigueur les moderniser, mais il est très difficile de changer la mentalité islamique de la société.
Ce que Reza Shah ambitionnait pour l’Iran c’était de le faire sortir de l’obscurantisme et le faire entrer parmi les sociétés les plus évoluées. Au moment de l’éclatement de la seconde guerre mondiale, il avait déclaré sa neutralité. Mais la situation géopolitique de l’Iran en a décidé autrement, il fut écarté par ses deux adversaires, les états colonialistes russe et britannique (qu’il haïssait comme tous les patriotes) et son grand œuvre resta inachevé [2].
Mossadegh, c’est la dictature de la rue
Grand propriétaire terrien, descendant de la dynastie Qadjar, l’homme politique Mossadegh était avant toute chose, « un excellent comédien aussi habile à détourner l’attention du public qu’à l’attirer dans son jeu » [3]. Il s’était fait connaître pour son opposition aux réformes et aux grands travaux décidés par Reza Shah. En 1928, sans un sou en poche, Reza Shah lançait le plus grand chantier de chemin de fer du monde d’entre les deux guerres, Mossadegh alors simple député s’opposa au projet et soutint le trajet proposé par les Britanniques: ces derniers ne voulaient pas du trans-iranien faisant la jonction entre la Mer Caspienne et le golfe Persique et préféraient une ligne reliant l’Iran à l’Inde. Les réformes décidées par Reza Shah allaient transformer l’Iran et l’homme politique chevronné qu’était Mossadegh s’y opposait, craignant les bouleversements que ces changements allaient apporter.
Il faut préciser qu’à cette époque, le Parlement iranien était entièrement soumis aux grands propriétaires féodaux dont faisait partie Mossadegh, et constitutionnellement soumis au veto d’un Conseil de Théologiens [4], composé de 5 à 20 experts (mollahs), qui devaient veiller à la conformité des lois avec la sacro-sainte charia.
Il ne s’agissait pas d’un Parlement représentant le peuple et toute réforme était sabotée à la base par ce Parlement traditionaliste et « constitutionnellement » islamiste. Mossadegh s’opposa au projet de modernisation de l’Iran, car le roi avait décidé de s’affranchir de cette institution anti-populaire et n’appliqua jamais cette clause infâmante. Mossadegh et par la suite Bakhtiar (comme Khomeiny) reprochaient à la dynastie Pahlavi d’avoir manqué à cette obligation et d’avoir commis la faute impardonnable de ne pas respecter la Constitution. Nombreux furent les Iraniens qui ne connaissaient pas leur propre constitution et prirent cette critique pour une marque d’allégeance à la démocratie, alors qu’elle était l’exacte opposée.
En 1950, à plus de 70 ans, Mossadegh était le leader d’une coalition parlementaire iranienne nommée « Front National ». Le fondement principal de sa plate-forme politique était le retour à l’Iran de ses richesses pétrolières promettant la richesse et le bonheur pour tous ! Par conséquent, il jouissait d’une grande popularité mais l’on se rendra compte par la suite que l’appui populaire ne pouvait pas suffire à résoudre deux problèmes pétroliers: un problème technique pour la production, un problème économique pour sa vente.
Mossadegh fut porté au pouvoir le 29 avril 1951. Dès sa nomination, il présenta au Parlement son projet de nationalisation de l’AIOC (Anglo Iranian Oil Company). Nationalisation qui fut aussitôt promulguée par le shah le 2 mai 1951.
Mossadegh se heurta à un refus du Shah quand un an plus tard, pour consolider son pouvoir, il voulut prendre le contrôle de l’armée en se faisant attribuer le ministère de la guerre. Après ce refus, Mossadegh démissionna et à nouveau, il mobilisa la rue pour reprendre le pouvoir. Alors que le vieux Ghavam Saltaneh avait obtenu de justesse la majorité au Parlement pour succéder à Mossadegh, le Shah fut contraint sous la pression de la rue de rappeler Mossadegh en lui accordant cette fois-ci le ministère de la guerre et les pleins pouvoirs. A peine avait-il repris le pouvoir à la fin de juillet 1952 qu’il prononçait la dissolution de l’Assemblée Nationale et décrétait la loi martiale.
De la fin juillet 52 à août 53, il exerça le pouvoir comme un véritable dictateur dans un climat de crise continue (dont il était lui-même l’instigateur) et de manifestations de rue quotidiennes. Pendant toute cette période, le pays était en état de siège. Et la pénurie, l’insécurité et la peur furent le pain quotidien des Iraniens. Dans l’entourage de Mossadegh, personne n’osait le conseiller, le contredire ou le critiquer et bon nombre de ses compagnons initiaux l’abandonnèrent définitivement [5]. La décision hâtive et irréfléchie de la nationalisation de l’AIOC et son incompétence totale en matière de pétrole avaient conduit le pays au bord du désastre [6]. Les Britanniques s’y opposaient en interdisant à leurs alliés de commercer avec l’Iran. Cette affaire conduisit à une grave crise internationale rendue difficile à résoudre en raison de l’obstination de Mossadegh et l’incompatibilité d’une politique plus souple avec ses slogans politiques. Suite à cette crise, la mauvaise gestion des affaires de l’état, une série de mauvais calculs dus à l’arrêt des exportations pétrolières, il avait non seulement ruiné l’économie du pays, mais il avait en plus mis en danger son intégrité territoriale en se rapprochant dangereusement des Soviétiques.
- L’URSS avait alors plus de 2500 km de frontières communes avec l’Iran. Ce rapprochement avait été décidé après le refus des Américains de lui accorder les aides financières qu’il leur demandait tout en refusant des négociations (comme le fait aujourd’hui Ahmadinejad). Pendant ce temps, l’Armée rouge avait massé ses troupes tout au long de ses frontières avec l’Iran et envisageait de l’envahir afin de mettre la main sur le Golfe Persique et son pétrole afin d’étouffer le Monde libre.
Cette hypothèse a été confortée quand par la suite on a découvert un réseau de 600 officiers communistes iraniens prêts à faire basculer le pays dans le bloc soviétique.
Face à cette situation chaotique pour le pays, le jeune Shah démocrate qui avait jusque-là accédé à toutes les demandes de Mossadegh, usant de son droit constitutionnel, destitua le 1er ministre le 13 août 53 et nomma le général Zahedi à sa place. Mossadegh refusa de se plier aux ordres du souverain dans une atmosphère de tensions et de haines qu’il avait créée contre la monarchie Pahlavi grâce à ses partisans et les militants communistes de Toudeh. Le Shah se retira alors et quitta le pays pour se réfugier à Rome avec son épouse.
Pendant les deux jours qui suivirent, les partisans de Mossadegh et les communistes iraniens du Parti Toudeh, la masse, s’emparèrent de la rue en organisant de grandes manifestations de rue réclamant la destitution du Shah [7]. Ces communistes réclamaient même une distribution d’armes que Mossadegh leur refusa, et c’est tout à son honneur, afin de ne pas déclencher une guerre civile.
C’est dans ce contexte catastrophique que par miracle les intérêts de l’Iran coïncidèrent avec les intérêts du Monde libre ce qui sauva l’Iran d’une soviétisation certaine. Le 19 août 53 la situation fut inversée: le peuple paniqué pour son avenir descendit dans la rue en scandant des slogans en faveur du roi pour chasser du pouvoir le vieux 1er ministre maladivement obstiné et entouré d’alliés communistes. C’est alors que les Américains ont soutenu ce revirement populaire qui au passage leur permettait bien entendu de barrer la route aux soviétiques et leur ambition séculaire de s’emparer du Golfe Persique et ses réserves pétrolières.
Cet heureux dénouement ramena Zahedi au pouvoir et le Shah rentra à Téhéran, le 22 Août 1953, accueilli par une foule enthousiaste.
Aussitôt le calme revenu un accord de consortium fut conclu pour 25 ans (1954-1979), rédigé pour exploiter le pétrole iranien (qui était encore sous embargo international). Cet accord fut ratifié par le Parlement en octobre 1954. Selon l’accord, le consortium était composé de 5 compagnies américaines qui se réservaient 40 %, laissant 40% à l’ancienne compagnie anglo-iranienne et 20% à des compagnies française ou hollandaise [8]. Le Consortium comprenait :
- Standard Oil of New Jersey : 8%
- Standard Oil of Californie : 8%
- Gulf Oil corporation : 8%
- Socony Vacuum corporation : 8%
- Texas Oil corporation : 8%
- Royal Dutch Shell : 14%
- Compagnie Française du pétrole : 6%
- British Petroleum : 40%
Le Consortium n’intervenait que comme acheteur du pétrole iranien à un prix qui avec les impôts payés sur place laissait 50% de bénéfice à l’état iranien.
La BP n’avait pas lieu de se plaindre du règlement final : une clause prévoyait que les associés devaient payer 200 millions de livres sterling à la compagnie britannique pour compenser la perte de son monopole accordé par la Dynastie Qadjar. En outre le gouvernement iranien avait accepté de verser 2 millions de livres sterling par an pendant 10 ans à la BP.
Le Shah disait souvent qu’il avait mis 15 ans pour réparer les dégâts causés par l’obstination de Mossadegh, et que ce dernier aurait pu éviter ces malheurs à l’Iran. Certes sous Mossadegh, le pétrole iranien fut nationalisé, mais cette nationalisation ne fut effective que sur le papier et elle n’apporta rien de concret aux Iraniens, rien que des problèmes sur tous les plans. Il faut dire qu’en fin de compte, le grand perdant dans cette histoire n’a pas été la BP.
En revanche, le résultat des agissements de Mossadegh n’avaient abouti qu’à un plus grand appauvrissement des Iraniens. Il ne pouvait en être autrement dans un pays qui n’était pas encore capable de gérer par lui-même son industrie pétrolière. Ce projet d’appauvrissement des Iraniens a été avorté par le soulèvement populaire du 19 août 53 et le renversement de Mossadegh, mais ce projet a bel et bien triomphé en février 79 avec la victoire de la révolution islamique en Iran, l’année où le contrat du Consortium venait d’expirer.
« 1979 »
De la chute de Mossadegh en 1954 à la révolution islamique en 1979, en 25 ans, le Shah a réellement transformé la NIOC (National Iranian Oil Company) en une véritable compagnie pétrolière indépendante, dirigée entièrement par des ingénieurs iraniens. Lisons ensemble ce paragraphe significatif du livre de Leonard Mosley : La Guerre du Pétrole [9].
« En Iran, le Shah avait fait plusieurs déclarations s’élevant contre la tricherie et les pressions économiques inadmissibles exercées par le Cartel Anglo-américain afin d’obliger son peuple à céder aux exigences qu’il (le Cartel) avait déjà essayé de lui imposer en 1954. Le shah avait par ailleurs menacé une fois de plus le Cartel d’exercer des représailles lorsque l’acte de concession viendrait à expirer en 1979. » L’Iran en 1979 était désormais capable de gérer lui-même son industrie pétrolière et disposait de l’une des 5 plus grandes raffineries au monde. L’Iran était aussi en mesure de vendre son pétrole à qui il voulait sur le marché international et cela n’était pas du bluff : ce qui n’était nullement du goût des grandes compagnies pétrolières.
Le comte Alexandre de Marenches, le chef des services de contre-espionnage français (SDECE), a dit dans son livre « Dans le secret des princes » [10], comment il avait informé le Shah de la décision de le renverser et comment ce dernier avait refusé de le croire.
« J’ai mentionné un jour au Shah les noms de ceux qui aux Etats-Unis étaient chargés d’envisager son départ et son remplacement. J‘avais même pris part à une réunion où l’une des questions était: comment fait-on pour faire partir le Shah et par qui le remplace-t-on ? Le Shah n’a pas voulu me croire. »
On connaît la suite des évènements: les grandes puissances occidentales, c’est-à-dire : la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, à la suite d’une réunion de leurs chefs d’état respectifs en Guadeloupe [11] se sont mis d’accord pour faire pression sur le Shah pour qu’il quitte l’Iran et le pouvoir afin de le remplacer par un vieillard illettré, préfabriqué et inconnu jusqu’alors du grand public, l’Ayatollah Khomeiny, guide de la révolution islamique d’Iran.
Bakhtiar, c’est le pompier pyromane…
Le Shah, très affaibli par son cancer et les traitements qu’il tenait cachés du public fut victime d’une campagne de désinformation orchestrée au niveau international contre lui : on lui reprochait de ne pas respecter les droits de l’homme. Il avait fermement décidé de ne pas recourir à la force pour réprimer les éléments subversifs qui visaient délibérément à renverser par la ruse et la violence et en collaboration étroite avec le terrorisme international le régime légitime de l’Iran. Il avait l’intention d’apaiser les tensions et résoudre le problème par la voie diplomatique et sans effusion de sang.
D’autre part, sous la pression incessante de ses alliés occidentaux en général et l’administration Carter en particulier qui soutenait ouvertement les éléments subversifs et non l’état légitime iranien, le Shah décida en fin de compte de laisser tomber le fardeau de sa responsabilité et de quitter le pays sans aucune résistance. Il pouvait aisément et avec un nombre minimum de victimes parmi les insurgés mater la rébellion et rétablir l’ordre dans le pays, d’autant plus que l’armée et la police restèrent jusqu’au bout fidèles à la monarchie et au souverain.
Cependant on a constaté que le Shah ne voulait pas agir fermement et recourir à la force et en même temps, il ne voulait laisser faire ce qui aurait encouragé les insurgés. En guise de mesure de dissuasion, une loi martiale a été décrétée sous le commandement du Général Oveyssi [12] - [13] - [14]. Mais le Shah utilisa tout son pouvoir et son autorité en tant que chef des armées sur la hiérarchie militaire pour faire obstacle à l’application de l’article 5 de la loi martiale qui consistait à rétablir l’ordre en cas d’insurrection. Pourtant, le recours à la force était absolument nécessaire et inévitable, mais en même temps, l’administration Carter aussi encourageait le roi à ne pas recourir à la force et ce au motif du respect des droits des insurgés.
Ce motif est cependant sans fondement légal international conformément à la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales du 4 novembre 1950 [15]. En effet, dans ses sources européennes, le titre 1er, article 2, alinéa C de cette Convention en vigueur dans les pays les plus démocratiques européens considère que le recours à la force est parfaitement légitime et n’est absolument pas considéré comme contraire aux droits de l’homme. Le texte préconise même de réprimer conformément à la loi une émeute ou une insurrection et considère que la mort infligée dans ces conditions n’est pas considérée comme contraire aux principes sacrés des droits de l’homme.
On peut donc considérer les pressions de l’administration Carter et des alliés européens du Shah comme un soutien indirect aux fauteurs de troubles. Ce soutien indirect a trouvé son application dans le refus de l’administration américaine d’équiper la police iranienne de moyens anti-émeutes dont elle était dépourvue : des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène [16]. Ne désirant pas réprimer les fauteurs de troubles avec des moyens militaires, le Shah écarta le Général Oveyssi du pouvoir qui pourtant était le seul homme qui aurait pu rétablir l’ordre et sauver le pays. Le roi lui conseilla de quitter le pays, ce qu’il fit.
Il opta alors pour un gouvernement civil parmi ses opposants du Front National Mossadeghiste. Il envisagea de quitter le pays pour laisser les mains libres à ce gouvernement composé de personnages qui prétendaient avoir une solution bien définie pour sortir de la crise sans recourir à la force. Pour former un tel gouvernement, le choix du 1er ministre n’était pas chose facile car pratiquement tous les candidats envisagés à ce poste exigeaient que le roi reste en Iran, en estimant que sa présence était indispensable pour préserver l’unité nationale et ce afin que le pays ne sombre pas dans le chaos. Il y avait un seul candidat qui ne partageait pas cet avis : Bakhtiar.
Décidé à quitter le pays, il opta donc pour Bakhtiar sans prendre en compte d’autres critères. Ce dernier rêvait d’une démocratie à la suédoise en Iran. Cependant il n’avait aucune base populaire en Iran et était un inconnu. Il était condamné à l’échec par avance. Une fois devenu 1er ministre, il s’est en outre avéré que Docteur Bakhtiar et ses proches du Front National n’avaient aucune solution miracle pour faire sortir le pays de la crise, ni aucun programme pour gérer les affaires de l’état. Le seul point qui motivait son équipe était leur haine vis-à-vis du Shah et de la dynastie Pahlavi.
Dans l’ensemble, le Front National n’était formé que de quelques vieux politiciens très divisés au sein même de leur famille politique. En revanche, il faut savoir que sans leur concours et soutien actifs aux divers éléments subversifs et groupuscules terroristes de tous poils, les islamistes n’auraient jamais pu espérer prendre le pouvoir en Iran.
En quittant le pays, le Shah a abandonné l’armée à son propre sort, mais il a pris cette décision avec beaucoup d’amertume et de courage. Plus tard depuis son exil, en écoutant les nouvelles sur le massacre de son peuple et du personnel militaire et des forces publiques par les islamistes, par les Moudjahiddines du Peuple et d’autres groupuscules terroristes y compris ceux de l’OLP, il a eu beaucoup de remords de n’avoir pas agi avec fermeté. La vérité est que les derniers mois de son règne, le roi n’était pas bien informé de la situation intérieure du pays et qu’il était déconnecté de la gravité de la menace. En raison de sa maladie et sous l’effet des divers traitements, le Shah ne pouvait plus décider et c’est cette vacuité de commandement qui a causé la chute de son régime. Il faut préciser que tout au long de son règne, il avait toujours agi avec indulgence vis-à-vis de ces plus féroces ennemis, et plus particulièrement ceux qui avaient attenté à sa vie : non seulement, il les pardonnait, mais certains ont même obtenu des postes dans l’administration de l’état.
Juste après le départ du Shah, Shapur Bakhtiar, 1er ministre de la monarchie, inaugura un nouveau style très médiatique (très Mossadeghien) : il privilégiait les conférences de presse quotidiennes et à ce moment ses discours étaient focalisés sur la critique du Shah ; il ne manquait pas une occasion pour accabler l’armée, la police et les méthodes de gouvernement de la monarchie. Il employa tous ses efforts pour assurer la liberté d’action des éléments subversifs.
On avait l’impression qu’il avait conclu un pacte avec les ennemis du peuple. Cependant, son jeu était trouble : il avait, au cours d’une de ses déclarations à la presse, affirmé qu’il donnerait l’ordre que l’on abatte l’avion qui ramènerait Khomeiny en Iran. Mais on a su par la suite qu’à la même époque, le 1er ministre laïquard avait dépêché à Paris son émissaire et homme à tout faire, Hadji Marzban [17], pour assurer le vieux mollah qu’il l’accueillerait avec un tapis rouge, le protégerait et lui obéirait. On imagine l’accueil qu’a reçu cette offre qui a immédiatement prouvé à Khomeiny que son adversaire était aux abois. Au lieu d’éteindre l’incendie, tâche à laquelle il s’était assigné, il propageait l’incendie tel un pompier pyromane.
Ses propos contradictoires et ses attaques incessantes vis-à-vis des forces de l’ordre et de l’armée ont grandement contribué au découragement des militaires et finalement abouti à la catastrophique annonce de la neutralité de l’armée, le dernier rempart contre la horde des islamistes. En effet, le docteur Bakhtiar a prescrit pour son malade mourant (l’Iran) exactement le contraire qu’il fallait lui administrer pour le sauver : Au nom de la liberté, il a dissous les services de renseignement et libéré simultanément des centaines de terroristes proches de Khomeiny. Au nom de la liberté d’expression, il libéra tous les journaux en donnant une tribune libre à tous les islamistes, et lui-même participa à dénigrer publiquement le souverain qui s’était retiré pour calmer le jeu.
En se comportant de la sorte, le docteur Bakhtiar acheva son malade agonisant. Comme le Shah l’avait prédit avant son départ, l’éphémère gouvernement Bakhtiar ne dura que 37 jours et fut balayé par Khomeiny. Après une courte période de clandestinité, il a fui l’Iran avec l’aide de ses anciens copains du Front National comme Madani et Bazargan qui étaient dans le 1er gouvernement formé par Khomeiny.
Il se réfugia à Paris où il fonda le Mouvement de résistance Nationale. Il reçut des aides financières considérables de la part du président irakien, Saddam Hussein. Il n’hésita pas à employer cette manne d’abord pour rassembler tous les ennemis jurés de la dynastie Pahlavi, même les plus infréquentables, et ensuite pour diviser l’opposition iranienne au régime des mollahs. Il finit égorgé par les tueurs envoyés de Téhéran dans sa maison qui était 24h sur 24 sous protection policière. Erreur ou trahison, le résultat de ses actes a été le même : il a accéléré la chute de la monarchie et livré le pays à des islamistes criminels et à la racaille.
Les efforts de laïcisation, de modernisation et d’occidentalisation entrepris par le Shah pour faire accéder l’Iran à une vraie démocratie ont déclenché de sérieuses résistances dans le pays dominé jusqu’alors en grande partie par les mollahs.
« Le fait reste qu’une certaine hiérarchie ecclésiastique fut dès 1926 ouvertement opposée aux réformes du Shah (Reza shah) et à la métamorphose de l’Iran en un état moderne, cette opposition se retrouvera lors des évènements insurrectionnels de 1952-1953, de 1963, et de 1978-1979… » C’est ainsi que le Shah résumait la situation dans son livre : La réponse à l’histoire [18].
Il convient de préciser pour nos lecteurs occidentaux que le souverain a omis de préciser (dans cette phrase) que le clergé chiite iranien dominait l’Iran en s’alliant aux Britanniques, les maîtres du pétrole iranien. La révolution iranienne a mis fin aux rêves d’indépendance énergétique de l’Iran. Les contrats buy-back que les mollahs accordent aux anciens membres du Consortium sont l’expression du non-respect de la nationalisation du pétrole iranien. L’état déplorable de nos raffineries, la vétusté des puits, et le licenciement progressif des cadres iraniens au profit d’un personnel étranger sont les acquis de cette révolution qui a stoppé la marche en avant de l’Iran.
Aujourd’hui, 11 février est un jour de deuil national.
à suivre…
[1] Réponse à l’histoire | Mohammad Reza Pahlavi – éditions Albin Michel – 1980 (Amazon) |
[2] Le Golfe Persique : Mer de légendes – réservoir de pétrole | Jean-Jacques Berreby – éditions Payot – Paris 1959 (Bibliothèque de l’Ecole des Mines de Paris) |
[3] L’homme qui voulait être Cyrus | Bertrand de Castelbajac – éditions Albatros – 1987 (Amazon) |
[4] Le Regard Mutilé | Daryush Shayegan – éd. Albin Michel – 1989 (Amazon) |
[5] De Téhéran à Caracas : Pétrole et Politique en Iran | Manouchehr Farman-Farmaian (PDG du Consortium et cousin de Mossadegh) – éditions ir. Nashr Tarikh Iran– 1995 |
[6] De Téhéran à Caracas : Pétrole et Politique en Iran | Manouchehr Farman-Farmaian (PDG du Consortium et cousin de Mossadegh) – éditions ir. Nashr Tarikh Iran– 1995 |
[7] L’homme qui voulait être Cyrus | Bertrand de Castelbajac – éditions Albatros – 1987 (Amazon) |
[8] L’homme qui voulait être Cyrus | Bertrand de Castelbajac – éditions Albatros – 1987 (Amazon) |
[9] La Guerre du Pétrole (Power Play) | Leonard Mosley – éd. Presse de la Cité – 1974 (Alibris) | page 584
[10] Dans le secret des Princes | Ockrent - Marenches – éd. Stock – 1986 (Amazon) |
[11] Le Shah : Exil et mort d’un personnage encombrant | William Shawcross – éd. Stock – 1989 (Amazon – version anglaise) |
[12] L’homme qui voulait être Cyrus | Bertrand de Castelbajac – éditions Albatros – 1987 (Amazon) |
[13] Les mémoires de Farah Pahlavi | Farah Pahlavi – éd. XO – 2003 (Amazon) |
[14] Carnets secrets, chute et mort du Shah | Houchang Nahavandi – éd. Osmondes – 2003 (Amazon) |
[15] Libertés Fondamentales et Droits de l’Homme | Jacques Robert & Henri Oberdorff – éd. Monchrestien – 1989 (Kelkoo) | Pages 23 et 24
[16] Les mémoires de Farah Pahlavi | Farah Pahlavi – éd. XO – 2003 (Amazon) |
[17] à propos de Hadji Marzban | Témoignages de Behrouz Souresrafil, journaliste iranien & du Colonel A.H. Aghilipour, attaché militaire de l’Ambassade Impériale de l’Iran en 1978 |
[18] Réponse à l’histoire | Mohammad Reza Pahlavi – éditions Albin Michel – 1980 (Amazon) |
Iran: Les dessous de la Révolution islamique II (Looking back on Pallywood’s first blockbuster: Jaleh square massacre)
Scène inaugurale de “Persepolis“, le film d’animation de Marjane Satrapi récemment primé à Cannes qui en présente ses parents comme des rescapés …
Evénement inaugural de la Révolution islamique elle-même, qui, après un montage, vite concocté (à la Enderlin), d’images d’archives pour la télévision, rebaptisera la place de “Place des Martyrs”, en fera un jour férié et y consacrera une fondation …
Baptisé “Vendredi noir” par notre Nouvel Obs national dont le correspondant aurait compté jusqu’à 9000 cadavres et qui y dépêchera dès le lendemain son philosophe–reporter de choc Michel Foucault pour enquêter …
Entrée exemplaire, dans les encyclopédies, des grands massacres de l’Histoire …
Objet de film dont un documentaire indonésien …
Deuxième dans notre série des grands moments de désinformation de la Révolution islamique, le fameux massacre du vendredi 8 septembre 1978 est depuis longtemps l’une des grandes images de la révolution islamique de 1979 et surtout de la brutalité supposée du Shah et de sa terrible police politique, la Savak.
Seul problème: toute l’affaire était en fait, comme le rappelle Iran-Resist, une cynique mise en scène des hommes de main de Khomeny.
Un véritable traquenard pour déchaîner la haine populaire contre l’armée dont l’exécution fut confiée aux hommes de main d’un maitre es terrorisme et désinformation, l’Arafat lui-même du petit Mohammed et de Djénine, qui y ajouta même le bruit, pour faire bonne mesure, de l’envoi par Israël de soldats et d’hélicoptères pour tirer sur la foule.
Avec un étrange bilan de 86 morts dont 55 militaires (soit 31 civils) et de 205 blessés dont à nouveau 70% de militaires (qui apparemment avaient dû se tirer.. les uns sur les autres?), contrastant quelque peu avec les bilans fantaisistes des journalistes tels que ceux du Nouvel Obs, qui, on l’a dit, parlait de milliers de morts sur une place qui ne pouvait (contrairement à la photo ci-dessus?) en contenir que quelques centaines!
Extraits:
K. Aria-manesh, vice ministre de la culture du Chah, égorgé à Paris par les assassins du régime des mollahs, a reproduit dans son livre « Le Bilan », une interview radiophonique accordée par Arafat. Ce dernier y avoue que « quelques mois avant le départ du Chah, à la demande de Khomeiny, et avec l’aide de Chamran (futur ministre de la Défense sous Khomeiny) ; des milliers de mercenaires palestiniens, secrètement mais avec des papiers en règle ont débarqué à Téhéran ». Aria-manesh souligne que les conseillers de Khomeiny ont parallèlement fait courir la rumeur selon laquelle, à la demande du Chah, Israël avait envoyé des militaires en Iran (pour tirer sur le peuple depuis des hélicoptères).
Le vendredi 8 septembre 1978, les Fedayins d’Arafat ont pris place sur les toitures terrasses des immeubles bordant la minuscule Place Jaleh et certains d’entre eux se sont mêlés à la foule avec des islamo-marxistes iraniens. Les Fedayins des toitures ont ouvert le feu sur les manifestants (pro Khomeiny) et sur les soldats et les policiers qui encadraient le rassemblement. Ils visaient en priorité les soldats (55 morts) et les manifestants. Il y eut 205 blessés dont 70% de militaires.
Ce vendredi (jour férié), il se passait d’étranges choses chez les journalistes. La Télévision publique iranienne très à gauche qui était en grève a diffusé dans l’heure un film reconnu depuis comme un montage de séquences montrant « une intervention militaire », un film sans aucun lien visuel avec l’urbanisme de la Place Jaleh. Sortant des nimbes de fumigène, des soldats portants des uniformes kaki (différents des uniformes iraniens) tirent vers des cibles invisibles et, sur d’autres images, on voit des jeunes appelés iraniens inactifs, le fusil au pied et souriant à l’objectif : loin de l’excitation du moment, on voit qui s’agit d’un film de montage des images d’archives. Quoi qu’il en soit, personne n’a vu les Fedayins de l’OLP et d’autres continuent à éviter le sujet afin de ne pas voir les preuves d’une supercherie ou d’une autre affaire impliquant Arafat. Le vendredi noir eut l’effet escompté : Le régime du Chah annonça un bilan final de 86 morts et 205 blessés, (bilan confirmé 18 ans plus tard par le régime des mollahs, cf. E.Baghi) ! Mais ce communiqué de 86 morts a fait scandale : le régime, aidé par des Israéliens, avait tué des milliers (comme l’affirmaient la presse et la télé), mais le Chah continuait à nier « son crime » ! La Tuerie de la Place Jaleh a discrédité totalement l’armée et désavoué le Chah, décidant ses nombreux partisans à rejoindre le cortège de ses opposants inconciliables.
L’Enjeu : Et si Arafat avait fait basculer le destin de l’Iran ?
31.03.2006
Le régime des mollahs vit, perdure et prospère grâce à son recours à l’arme du terrorisme. La main mise sur le Liban et le règlement du Contentieux nucléaire d’Eurodif par des attentats à Paris et des prises d’otages au Liban ont été ses plus importants succès des années 80, mais parallèlement, il avait enchaîné les défaites militaires dans la guerre Iran-Irak. Pourquoi ?
Parce que l’expérience que les mollahs avaient accumulée avant d’arriver au pouvoir n’était pas militaire, mais forgée dans des camps libyens d’entraînement de terroristes. On ne peut donc parler de « dérive » vers le terrorisme, mais d’une « continuité ». Cette hypothèse de départ n’est pas retenue en France car elle est en conflit avec le dogme des origines « anti-impérialistes » du terrorisme moyen-oriental et le mythe de l’arme du pauvre : un discours de gauche promu par l’OLP. Dans le contexte actuel de l’islamisme, cette hypothèse pourrait avoir des conséquences sur nos certitudes car elle établirait enfin un lien entre Arafat et Khomeiny. Car ce lien a bel et bien existé. Arafat a aidé Khomeiny en lui envoyant ses mercenaires. Plusieurs ouvrages ont reconnu notamment le rôle de l’OLP dans une fusillade, le 8 septembre 1978 sur la Place « Jaleh » à Téhéran. L’évènement a été rebaptisé le « vendredi noir » par le Nouvel Observateur qui aujourd’hui refuse de reconnaître les faits par fidélité à Yasser Arafat. Voici le récit d’un événement tragique qui a fait basculer le destin de l’Iran.
Khomeiny fait appel à Arafat
En septembre 1978, le Chah voulait éviter l’escalade et laisser une chance au courant modéré. Les premières marches contestataires qui avaient eu lieu à Téhéran avaient réuni des centaines de milliers d’Iraniens. L’armée était présente dans la rue, mais se gardait de répondre aux provocations. Khomeiny avait besoin de rompre la passivité de l’armée, n’y arrivant pas, il décida de déchaîner la haine populaire contre l’armée. C’est ainsi que Khomeiny et ses conseillers ont eu l’idée de provoquer un massacre et de l’imputer aux militaires : son exécution fut confiée à Arafat.
K. Aria-manesh, vice ministre de la culture du Chah, égorgé à Paris par les assassins du régime des mollahs, a reproduit dans son livre « Le Bilan », une interview radiophonique accordée par Arafat. Ce dernier y avoue que « quelques mois avant le départ du Chah, à la demande de Khomeiny, et avec l’aide de Chamran (futur ministre de la Défense sous Khomeiny) ; des milliers de mercenaires palestiniens, secrètement mais avec des papiers en règle ont débarqué à Téhéran ». Aria-manesh souligne que les conseillers de Khomeiny ont parallèlement fait courir la rumeur selon laquelle, à la demande du Chah, Israël avait envoyé des militaires en Iran (pour tirer sur le peuple depuis des hélicoptères).
Le vendredi 8 septembre 1978, les Fedayins d’Arafat ont pris place sur les toitures terrasses des immeubles bordant la minuscule Place Jaleh et certains d’entre eux se sont mêlés à la foule avec des islamo-marxistes iraniens. Les Fedayins des toitures ont ouvert le feu sur les manifestants (pro Khomeiny) et sur les soldats et les policiers qui encadraient le rassemblement. Ils visaient en priorité les soldats (55 morts) et les manifestants (31). Il y eut 205 blessés dont 70% de militaires. C’est très compréhensible et c’était l’objectif recherché, les manifestants et journalistes présents ont associé les coups de feu aux seules personnes visiblement armées, c’est-à-dire aux policiers et aux soldats, sans se douter de l’existence de l’attaque dissimulée des Fedayins postés sur les toits…
Etrangement, personne n’a vu les Fedayins de l’OLP
Mais très étrangement, les journalistes présents, dont aucun n’a été tué ou blessé, n’ont pas rapporté le cas très suspect des soldats ou policiers qui avaient péri en nombre excédant celui des civils. Les reporters du Nouvel Obs en ont donné même un récit très péplum « du peuple combattant avec bravoure les militaires ». Etaient-ils vraiment présents sur la Place Jaleh, ce matin du 8 septembre 1978 ? Nous en doutons car nos confrères du Nouvel Obs ont compté 9000 cadavres de civils éparpillés sur le sol sur une place qui ne peut contenir que 500 personnes debout !
Ce vendredi (jour férié), il se passait d’étranges choses chez les journalistes. La Télévision publique iranienne très à gauche qui était en grève a diffusé dans l’heure un film reconnu depuis comme un montage de séquences montrant « une intervention militaire », un film sans aucun lien visuel avec l’urbanisme de la Place Jaleh. Sortant des nimbes de fumigène, des soldats portants des uniformes kaki (différents des uniformes iraniens) tirent vers des cibles invisibles et, sur d’autres images, on voit des jeunes appelés iraniens inactifs, le fusil au pied et souriant à l’objectif : loin de l’excitation du moment, on voit qui s’agit d’un film de montage des images d’archives. Quoi qu’il en soit, personne n’a vu les Fedayins de l’OLP et d’autres continuent à éviter le sujet afin de ne pas voir les preuves d’une supercherie ou d’une autre affaire impliquant Arafat. Le vendredi noir eut l’effet escompté : Le régime du Chah annonça un bilan final de 86 morts et 205 blessés, (bilan confirmé 18 ans plus tard par le régime des mollahs, cf. E.Baghi) ! Mais ce communiqué de 86 morts a fait scandale : le régime, aidé par des Israéliens, avait tué des milliers (comme l’affirmaient la presse et la télé), mais le Chah continuait à nier « son crime » ! La Tuerie de la Place Jaleh a discrédité totalement l’armée et désavoué le Chah, décidant ses nombreux partisans à rejoindre le cortège de ses opposants inconciliables.
Une des rares photos où l’on peut voir Khomeiny sourire
Arafat fut la première « personnalité » reçue à Téhéran par Khomeiny avec des égards dus à un chef d’état. Les amis gauchistes ou pro-Mossadegh de Khomeiny se précipitèrent pour embrasser Arafat (Sanjabi, Forouhar, voir photo), mais le document le plus incroyable, est la photo où l’on peut voir Khomeiny et Arafat assis côte à côte. Ils se tiennent tendrement la main, c’est une des rares photos où l’on peut voir Khomeiny sourire… Un sourire de reconnaissance et d’admiration illumine le visage du vieux mollah qui ordonna qu’on mitraille ses propres partisans pour discréditer un régime qui combattait l’islamisme pour assurer la paix au Moyen-Orient. Quant au businessman en treillis, on voit qu’il est loin d’admirer Khomeiny et songe à obtenir des compensations méritées. Et il les obtint.
Par Kavéh Mohséni
[1] Kavéh Mohséni, né en 1961 à Téhéran dans une famille laïque, travaille actuellement en tant que chroniqueur politique sur PARS-TV (parstv.tv), une chaîne politique diffusée via satellite vers l’Iran. En Juillet 2006, il crée www.Iran-resist.org, un quotidien on-line pour décoder l’info qui vient de l’Iran et révéler le vrai visage de son pays. En exclusivité pour les lecteurs de l’Enjeu, il révèle les dessous de la révolution islamique en Iran où comment Arafat l’a fait basculer en un bain de sang.
Voir aussi:
Les dessous de la Révolution de Khomeiny . . . Le Vendredi Noir