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I-LES ORIGINES
A) APPARITION
VIIIe au XIVe siècles.
Mais c'est surtout à partir du XIe siècle (en 1094, à la suite d'une scission importante dans le courant ismaélite et pendant tout le Moyen Âge, en Perse et en Syrie, que se firent le plus remarquer les Hashâchines (ou « H'ashashines », nommés ainsi par les Croisés), sous l'influence de leur chef Hassan al Sabah' (aussi appelé le « Vieux de la Montagne », ou le « Vieil Homme de la Montagne »), à partir du fort Alamut, au Sud-ouest de la mer Caspienne. À la fin du Moyen-Âge, leur quasi-disparition a coïncidé avec l'essor de la branche principale (quinze millions de fidèles de nos jours) de l'ismaélisme ; leurs descendants actuels sont les Khojas en Inde, avec à leur tête l'Aga Khan.
B) ORIGINES DU MOT "ASSASSINS" : ETYMOLOGIE
Le terme assassin, sous lequel on qualifie également la secte (La secte des assassins), aurait la même racine que haschish, une des drogues que le Vieil Homme aurait utilisées pour conditionner ses disciples. En effet, en arabe, « mangeurs de haschish » se dit aššašin (حَشَّشِن ou حشّاشين sans les diacritiques).
"Le terme assassin, attesté depuis le 13e siècle, semble être un glissement phonétique de l'arabe : hachachîne , "consommateurs de hachisch", herbe séchée hallucinogène. À l'origine, les hachachîne est un ordre religieux musulman fondé, au 11e siècle, par Hasan al-Sabbah, partisan du calife fatimide al-Mustansir. Ils étaient connus pour leur hostilité à toute forme de légalisme et n'hésitaient pas à défendre leurs idées par la terreur. Faisait partie de leur stratégie: l'assassinat de personnages importants. Leurs ennemis étaient les Turcs saldjuqides sunnites et les croisés chrétiens.
Il est probable que le terme assassins, qu'ont utilisé les auteurs occidentaux dès l'époque des croisades, provienne de hachachîne dont les auteurs sunnites affublaient les partisans de cette secte, sous prétexte qu'ils se droguaient au hachisch. Les hachachîne recherchaient, croit-on, l'extase dans la drogue."
En attendant, quelques illustrations du fameux Hassan:
C) LA LEGENDE NOIRE
Conditionnement psychologique.
Comme la plupart des sectes, qui endoctrinent par des techniques de persuasion parfois assez dures physiquement et psychologiquement (privation de sommeil, de contact avec la famille), cette secte s'est appuyée sur ces techniques (promesse d'un monde meilleur, dévotion pour un guide spirituel), en y ajoutant l'usage de drogues, dont le haschish mais aussi peut-être le vin et l'opium. Hassan Sabah, dit-on, kidnappait ses aspirants membres (des hommes forts et habitués au combat), leur faisait croire qu'ils étaient morts et au Paradis, s'aidant de drogues, d'un décor enchanteur, des beautés divines et un arsenal de fontaines de vin. Ils étaient ensuite sorti de cette torpeur et Hassan Sabah expliquait qu'il n'y avait eu là qu'un avant goût du Paradis, qui leur était cependant promis s'ils mouraient pour leur nouveau maître.
La description de cette méthode de conditionnement durable, méthode qui serait très avancée pour l'époque, tient surtout de la légende qui s'est brodée autour des secrets d'Alamut. En Occident, la prétendue visite de Marco Polo à Alamut ─ qui ressortit parfois plus à la légende qu'au témoignage direct ─ a longtemps servi de source considérée fiable. Or, si elle s'est bien déroulée en 1273, il est possible qu'Alamut, à cette époque, eût déjà été détruite par les troupes Mongoles. Sa description de la drogue employée, du reste, évoque plus l'alcool que le haschish. On lui doit l'étymologie liant le mot assassin à haschish (voir ci-dessus).
Quoiqu'il en soit, ce conditionnement psychologique poussé n'aurait apparemment été appliqué qu'à un petit nombre d'initiés (les fidai), et non à la grande majorité de ses fidèles, qu'ils soient hommes ou femmes.
D) CONCLUSION
Pour expliquer les attentats, il suffit de se reporter à la vie du prophète, lequel a justifié l’assassinat politique pour le bien de l’islam. De même, faire peur, inspirer la terreur (rahbat) -dont on a tiré le mot moderne “terrorisme” (irhâb))- était la méthode que le noble modèle préconisait pour semer la panique chez les ennemis de l’islam.
La secte des Assassins (1090-1257)
ou l'expérience politico-religieuse de Hassân es-Sabbah
Cet homme appartenait en effet à la redoutable secte fondée en 1090 par Hassân as-Sabbah, la secte des Assassins. On les appela Hachâchîne, probablement parce qu’ils prenaient du hachich, en en faisant semble-t-il plusieurs usages : comme moyen d’atteindre l’extase et un brin de paradis, comme moyen pour ne pas faiblir au moment de l’exécution de leur victime, comme moyen pour le maître de tenir son élève à sa merci, etc. (versions contestées). Toujours est-il que le mot « hachâchîne » a donné, dans la prononciation déformée des croisés, « assassins ».[1]
Hassân était un esprit curieux, un homme assoiffé de science.
Leurs activités quotidiennes principales se résument à deux :
Les sectateurs sont les fanatiques d’un empire chiite. Leurs ennemis jurés sont d’abord les Turcs seldjoukides, partisans d’un sunnisme intégral qui a mis fin au chiisme iranien pour contrôler désormais l’empire abbasside. Hassân as-Sabbah avait de grands rêves politiques : il pensait porter au trône d’Egypte un Fatimide (chiite), le prince Nîzar, et préparer à partir de là une reconquête de la Perse. Mais le dernier bastion du chiisme s’effondra et le mouvement nizarite créé autour du fils d’Al Moustansir, échoua devant Al Afdhal, fils d’un vizir arménien tout puissant, qui entendait assurer lui-même la succession. Nizar fut emmuré vivant. Tirant la leçon de cet échec, Hassân changea de tactique et s’orienta vers l’activité clandestine. Il prêchera désormais la haine contre les représentants de l’islam officiel et verra, ainsi que ses successeurs, d’un bon œil l’arrivée des hordes de Croisés en Orient. Sa prochaine cible fut la Syrie, où il put recruter beaucoup de chiites intégristes et fonder toute une série de villages fortifiés. Massyaf devint l’Alamut de la Syrie et abrita Rachîdaddîn Sinân, un des plus célèbres Vieux de la secte.
1) L’assassinat spectaculaire : Quelques fois, un novice est admis à voir le Maître. Celui-ci lui demande alors s’il est prêt à recevoir le paradis. Le novice répond que oui. Il reçoit alors un poignard et le nom d’une cible à éliminer. La méthode exige que l’acte soit le plus spectaculairement possible. De préférence un jour de marché mais surtout le vendredi, juste après la prière collective, heure de grand rassemblement. « Frapper les esprits », semer la terreur, traumatiser les assistants, tels semblent être les objectifs du Cheikh al-Djabal [2]. Une telle opération exige minutie et préparation. Parfois cette dernière dure jusqu’à deux ans. Les fidaïs se déguisent en marchands, approchent l’entourage de leur future victime et gagnent sa confiance. Jusqu’à ce qu’il leur soit possible de passer à l’action.
Un vizir qui a trahi : Nizâm al-Mulk
Comment assassiner Salah-Eddine (Saladin) ?
Août 1176, le siège de Massiaf
Les Bâtinis menèrent plusieurs tentatives d’assassinat infructueuses contre le petit-fils de Gengis Khan, Houlagou. Celui-ci était décidé de les rayer de la surface de la terre. En 1255, le dévastateur mongol assiège Alamout et finit par avoir raison de ses occupants. Il capture en 1257 le Grand Maître de l’époque, auquel il réserva le supplice d’être écorché vif, massacra ses adeptes et détruisit toute l’infrastructure ismaélite, y compris leur précieuse bibliothèque. Les autres places fortes tombèrent dans les mêmes conditions. Quelques Assassins ont continué à survivre, sans grande influence. Malheureusement, l’ouragan mongol continua vers Bagdad, qu’il mit à feu et à sang pour liquider aussi la dynastie des Abbassides.
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[1] Amin Maalouf croit cependant que le mot « assassin » viendrait d’une autre étymologie : de Hassandjin, qui veut dire « djinn de Hassan Es-Sabbah », génie envoyé par le Maître de la secte, qui entourait son activité de superstitions. L'usage de la drogue par les Assasssins reste un sujet controversé. certains pensent qu'il est réservé aux fidaïs, pour se donner le courage de ne pas fléchir de moment venu...
[2] Titre contesté par quelques uns.
(*) Nous nous contentons de noter que cette secte mobilise le fanatisme de ses adeptes à des fins politiques, sans suggérer aucune comparaison hâtive avec des mouvements contemporains. Son expérience est intéressante en elle-même et cet intérêt n'a d'ailleurs pas besoin d'être soutenu par une comparaison.
Pour en savoir plus :
Vladimir Bartol, Alamut, Ed. Phébus, Paris 1988
Amin Maalouf, Samarcande, Ed. "J'ai lu", 1989 (1ère éd. 1988)
Amin Maalouf, Les croisades vues par les Arabes, Ed. "J'ai lu", 1999 (1ère éd.1986)
Bernard Lewis, Les Assassins. Terrorisme et politique dans l'islam médiéval, Ed. Complexe, 2001 (Ed originale : The Assassins. A Radical Sect in Islam, Londres, 1967).
Sur Internet :
Alain Mourgue, Hassan Ibn Sabbah et la secte des Assassins d'Alamut (en pdf)
Philippe Ilial, La « Secte des Assassins » à travers les Chroniques Médiévales (sur ce site)