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Il y a quelques années, un lecteur en colère m’avait interpellé, critiquant des commentaires peu amènes émis dans l’un de mes articles à l’encontre de l’Organisation des Nations Unies. C’était l’époque où Kofi Annan stigmatisait vivement les Etats-Unis à propos de l’invasion de l’Irak, qu’il avait mensongèrement qualifiée d’ « illégale », sortant de son rôle de secrétaire général, oubliant les résolutions votées par le Conseil de Sécurité, et se permettant cette privauté, du genre dont il s’était toujours abstenu envers l’Iran, la Russie, la Chine, etc. Avenant envers les dictateurs et les bourreaux, faisant preuve, quand le risque était nul, d’un courage digne du souriceau, Annan incarnait bien son institution : ne portait-il pas une écrasante responsabilité dans l’étouffement des rapports des observateurs onusiens en poste au Rwanda, dont les alertes auraient pu déclencher une action internationale, et dont l’absence contribua au génocide ? Ne se refusa-t-il pas de commenter, ne serait-ce que d’un mot, les persécutions politiques en Iran, au motif qu’il « n’était pas assez informé » ?
L’ONU, n’est-ce pas le scandale « pétrole contre nourriture », c’est-à-dire un programme censément chargé d’exporter vers l’Irak des médicaments et de la nourriture, par l’intermédiaire d’instruments marchands et de financiers indépendants du régime, afin que la population civile ne souffre pas trop de l’embargo imposé à l’Etat de Saddam Hussein. Mais un programme qui, dans les faits, permit à ce dernier de « siphonner » plusieurs milliards de dollars, qu’il investit immédiatement dans le réarmement, les palais, les comptes secrets des dignitaires du régime. Dans la corruption de politiciens et de responsables étrangers : les noms de George Galloway en Angleterre, de l’entourage de Vladimir Poutine en Russie, de Charles Pasqua et de ses amis en France, y compris celui de Jean-Bernard Mérimée, ambassadeur de France à Manhattan, viennent à l’esprit, lorsqu’on évoque « pétrole contre nourriture ». Annan couvrit, mentit, fit tout pour étouffer le scandale, en limiter la publicité et les effets : l’ONU finançait ainsi la dictature et contribuait à affamer la population irakienne, tout en permettant à Saddam et à la Gauche « humanitaire » de blâmer – ô surprise ! - les Etats-Unis pour l’embargo. Benon Sevan, l’un des adjoints d’Annan, responsable du programme, se terre aujourd'hui à Chypre, son pays natal, riche de l’argent détourné à son propre compte.
L’ONU, c’est une culture de la corruption, personnifiée par cet autre apôtre du détournement des fonds pétroliers, le financier canadien Maurice Strong, aujourd’hui en fuite ; Strong, très haut responsable de l’ONU, conseiller spécial d’Annan, fondateur, il y a plus de trente ans, et longtemps dirigeant du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Gourou du mouvement écologiste mondial. Ce socialiste déclaré séjourne en lieu sûr : en Chine communiste, jouissant des énormes détournements de fonds opérés lors de sa carrière onusienne consacrée à l’écologisme idéologique. Ce bureaucrate, affranchi du moindre contrôle démocratique, fut l’un des inspirateurs du fameux « Protocole de Kyoto » sur les émissions de bioxyde de carbone, grand ressort de la secte mystique de l’effet de serre à origine humaine, grand bâton avec lequel on peut taper – qui l’eut cru ? – sur les Etats-Unis d’Amérique.
On peut également mentionner Kojo Annan, fils de son père, trafiquant en Afrique de véhicules Mercedes sous couvert de l’ONU, revendeur au prix fort de voitures importées au prix faible : autre scandale étouffé avec la bénédiction de media décidément fort peu curieux quand le cœur du multilatéralisme est en cause.
L’ONU, c’est aussi le scandale permanent des viols et de la prostitution commis et organisés un peu partout, en Afrique particulièrement, par les contingents de Casques bleus. C’est l’UNIFIL au Liban, qui collabore avec le Hezbollah contre Israël, y compris en désignant les mouvements de troupes israéliennes aux tirs des assassins chiites, en pleine guerre de l’été 2006. Ce sont les responsables, violemment anti-israéliens, qui ont depuis longtemps pris fait et cause pour les « Palestiniens » à Gaza. C’est l’UNWRA, qui n’a jamais émis la moindre protestation contre l’abjection des manuels scolaires palestiniens – qu’elle finance -, pédagogie de la haine et du meurtre judéophobe, ni contre l’ « enseignement » dispensé sur cette base dans les écoles qu’elle finance également.
L’ONU, c’est, après le tsunami qui ravagea l’Asie maritime et insulaire, je ne sais quel « responsable » de son action humanitaire, suédois je crois, qui, pendant que s’entassaient les secours que l’ONU avait reçus ou collectés, mais qu’elle était incapable d’acheminer, voyagea en first class pour aller parader sur les lieux du désastre, devant les caméras de télévision et… critiquer les Etats-Unis. Ce, alors qu’une masse énorme de secours était amenée à pied d’œuvre par l’U.S. Navy, premier fournisseur des populations sinistrées, et la marine australienne, deuxième sauveteur. Mais lors des apparitions télévisées, l’impuissante, l’inutile, la narcissique ONU était au premier rang, en première classe, et en hostilité déclarée avec les Américains.
L’ONU c’est encore, pendant la Guerre en Bosnie, son envoyé en chef retirant ses observateurs de tout endroit assiégé par l’armée serbe, afin qu’aucun rapport officiel ne parvienne à New York, ce qui aurait mis en branle l’appareil diplomatique en direction d’une intervention pour empêcher les massacres de civils. Cela fonctionne toujours de la même manière, aujourd’hui, au Darfour. La sélectivité onusienne est univoque et unidirectionnelle. Touchez pas au grisbi ! Touche pas à mon pote : il est bourreau dictatorial, il est musulman, il est Ubu zimbabwéen. Il jouit d’une vaste majorité au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies : toutes ces petites pseudo nations, faciles à corrompre, à menacer, sensibles aux sirènes sonnantes de l’Arabie saoudite, de la Chine, de la Russie, du Vénézuela chavezien, ces pays dont les chefs comptent plus sur leurs comptes numérotés de Genève et de Zurich que sur l’amour des pauvres types qu’ils affament et qu’ils écrasent.
Cela entretient une culture de la corruption politique. Les sous-organisations de l’ONU, qui s’occupent de Droits de l’Homme sous la férule de la Libye, du Zimbabwe, de l’Iran ; du racisme, sous l’autorité des mêmes et de la Syrie et de Cuba en plus ; de la non-prolifération, sous la présidence de la Syrie… Il n’y a virtuellement pas une de ces succursales qui échappe à l’emprise de ce que Bush, bien inspiré ce jour-là, avait désigné comme l’ « Axe du Mal », soulevant les grands ricanements de ces héros, toujours prêts à en découdre avec les Etats-Unis. Mais également disposés à plier l’échine, si malléable, devant les tortionnaires et les dictateurs. Dans cette catégorie de corruption, le nom de Villepin s’impose vivement, grâce à l’accablante légion des diplomates à vendre, à louer et à consommer sur place qui avaient élu domicile au Quai d’Orsay. N’oublions pas le discours, bavard et affecté, tout à la fois, par lequel Villepin mit en avant, à l’Assemblée générale, qui lui fit un triomphe, l’opposition résolue du régime chiraquien – touche pas à mon pote Saddam ! – à toute pression exercée sur Bagdad. Ah ! être acclamé par la lie diplomatique du monde entier, le triomphe!
Nous voilà donc rendus à aujourd’hui. Pour voir Mohammed el-Baradei, le patron de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, fonctionnaire égyptien, qui – sortant une fois de plus du rôle de haut fonctionnaire international astreint à la neutralité politique – déclarait, le 16 septembre à Vienne, en réplique aux propos tenus par Bernard Kouchner, selon lesquels l’obstination de l’Iran à se doter d’armes nucléaires menait à une guerre à laquelle il fallait se préparer : « Il y a des règles en matière d’usage de la force. Et j’aurais cru que tous auraient appris la leçon après l’Irak, où 700 000 civils innocents ont perdu la vie à cause du simple soupçon que [leur] pays possédait des armes nucléaires ».
Voici donc le chef d’une importante agence de l’ONU qui couvre l’Iran d’Ahmadinejad, lequel fait à peine mystère de ses intentions nucléaires et génocidaires, en recourant à de multiples subterfuges. On croirait entendre Al Jazeera baratinant effrontément, sur la base de chiffres inventés de toutes pièces, sur les pertes civiles en Irak, ou, reprises de l’imagination délirante d’un Noam Chomsky et d’autres ultragauchistes occidentaux.
Le « simple soupçon » de possession d’armes interdites, el-Baradei ? En commençant par le réacteur nucléaire Osirak, détruit par Israel en 1982, Saddam n’a t-il pas poursuivi, avec un bel esprit de persévérance, sa quête d’armes nucléaires ? On croit rêver, participer à une tragique farce : abusant de l’autorité que lui confère son poste onusien, Baradei agit comme un agent du monde islamique chargé de ralentir à tout prix - et si possible d’empêcher - les velléités des institutions internationales de sévir contre les tueurs téhéranais. Vive le multilatéralisme incarné par l’ONU, sans lequel il n’y a pas de bonne politique internationale ! Sans l’ONU, mais ce serait la loi de la jungle ! Le droit du plus fort ! Ce serait l’abandon de l’embryon d’un vrai droit international !
L’ONU est bien ce lieu béni de la rencontre du Père Ubu et de l’univers des ronds-de-cuir. Idi Amine Dada hier et Robert Mugabe aujourd’hui, les bureaucrates de la tromperie à la russe et les diplomates de la manipulation à la chinoise, le monde du mensonge illimité de la Ligue arabe, de l’Organisation islamique mondiale, font tous bon ménage dans ce zoo.
Cette histoire lamentable a un arrière-fond. Comme toujours, la génétique politique vient à notre secours pour nous aider à mieux saisir la nature de l’animal. Souvenons-nous : la Première Guerre mondiale bascula à la suite de l’entrée en guerre des Etats-Unis - au côté des Alliés, épuisés, face aux empires centraux presque aussi affaiblis -, ce qui donna à leur président, Woodrow Wilson, une voix prépondérante aux négociations de Versailles, qui tracèrent les linéaments de l’ordre mondial de l’après-guerre, durant des sessions qui durèrent un an, à partir de janvier 1919. Or Wilson, intellectuel à la fois chrétien et socialisant, ancien président de l’Université de Princeton, était peu ou prou un adepte des idées socialo-utopiques de la Sociéte fabienne anglaise ; un grand promoteur du « mouvement progressiste américain » et un militant de l’idée d’un gouvernement mondial, qui abolirait les conflits dus à l’égoïsme des nations. Le moralisme conjugué à l’idéalisme accouchèrent d’un système branlant : au nom des droits et d’une justice abstraite, on érigeait un désordre en système.
Son « Programme en Quatorze Points », énoncé devant une séance conjointe du Congrès américain, en janvier 1918, avait influé sur toutes les manœuvres politiques ultérieures dans le monde entier. Il promouvait, en priorité, le principe de l’autodétermination des nations, qui pouvait certes remédier à de nombreux dénis de nationalité, mais donnait aussi au moindre groupe de « leaders » autoproclamés de nations ou de pseudo-nations la possibilité de revendiquer pouvoir et dépouilles à leur profit, sous couvert de protéger la nation en question. Mélange d’utopisme pacifiste et de pragmatisme anglo-saxon, le programme vous abolissait, en un seul coup de cuiller à pot, la diplomatie secrète ; le second coup de cuiller établissait la liberté absolue de navigation sur les mers ; le troisième abolissait l’inégalité des échanges entre nations ; plus audacieux encore, le quatrième réduisait les armements nationaux à un tout petit minimum. Le sixième était plus étrange encore, puisqu’il faisait de l’évacuation immédiate de toutes les troupes étrangères du territoire de la Russie le test absolu de leur crédibilité internationale – ce qui revenait à soutenir le régime de Lénine –. Wilson, socialiste internationaliste, soutenait fermement la révolution bolchevique depuis ses débuts ! Léon Trotski, à l’incommensurable vanité, se plaignait d’ailleurs que Wilson lui avait chipé l’essentiel des 14 points de son programme.
Le quatorzième point proposait la fondation d’une organisation supranationale, sorte d’embryon de gouvernement mondial. Ce fut la Société des Nations, réincarnation permanente et bureaucratique des grands congrès diplomatiques européens du XIXème siècle, où rois et empereurs réglaient les grandes questions du jour, à Vienne et à Livourne, à Carlsbad et à Berlin ; dont les décrets avaient force de loi, sous la cravache de Metternich d’abord puis celle de Bismarck. Mais cette fois-ci, ce serait la « démocratie » et l’égalité entre les nations qui triompheraient, abolissant, haro !, l’ignoble souveraineté nationale, baudet cause de tous les maux.
S’il existe une tradition de pacifisme démocratique mondialiste dans le monde anglo-saxon, celle de Tom Paine et de John Stuart Mill, il existe également une très forte tradition nationale, qu’illustrèrent un Cromwell ou un Churchill ; l’autorité politique provient de toute une tradition nationale, la common law, enracinée dans la Magna Carta : le pouvoir vient d’en bas et non d’en haut, le souverain n’est pas propriétaire des sujets, leur consentement est indispensable et fondateur ; le citoyen est l’authentique « propriétaire » de l’Etat, qui n’est plus puissance tutélaire inaccessible, mais expression réglée, par l’intermédiaire d’une constitution, de la longue durée de la souveraineté des citoyens. C’est là l’esprit de la Révolution américaine, et celui de ses pères intellectuels, John Locke et Montesquieu, mais aussi le constitutionnalisme grec.
Voilà qui exclut toute cession de souveraineté à des corps étrangers, qui ne sont pas fondés sur une constitution librement élaborée et consentie par le corps des citoyens. C’est ce que Wilson voulait subvertir au nom de son efficacité multinationale, comme il voulait, à l’intérieur, remplacer les élus par des technocrates et des experts. C’est ce que rejeta le Sénat américain, non pas seulement, comme l’écrivent stupidement les manuels, au nom de l’isolationnisme, mais surtout au nom d’un refus de brader des pans entiers de sa souveraineté au profit d’une organisation irresponsable. On ne peut brader la souveraineté et les droits qui y sont attachés au profit d’une organisation qui n’a, envers la nation, aucune sorte de devoir.
Privée de la participation américaine, la SDN fut, dès le départ, une vieille dame édentée, un club pour diplomates où le conciliabule remplaçait l’action – ce qui était un désastre, sauf à croire aux effets de manche du genre de ceux d’Aristide Briand. Dès qu’ils le purent, les Etats insatisfaits du statu quo ou des résultats de la guerre - le Traité de Versailles en particulier -, s’émancipèrent des effets de manche : l’Italie, pour mener tranquillement sa politique d’agression coloniale en Afrique, l’Allemagne nazie, pour se dégager des clauses signées à Versailles, se réarmer à tout va, avant de passer à la suite ; le Japon, pour massacrer la Chine. La Russie soviétique de Staline, elle, adhéra sur le tard à la SDN, pour mieux faire valoir à Hitler les bénéfices de la russophilie, avant d’adhérer de facto à l’Axe, avec la signature du Pacte de non-agression germano soviétique de 1939. Le symbole de la SDN restera à jamais celui du négus éthiopien, Haïlé Sélassié, sifflé, hué et humilié par les représentants fascistes italiens en pleine Assemblée générale, passive et consentante. Le ver était entré dans un fruit déjà passablement pourri.
Une fois assailli par son ami, son allié Hitler – il n’y a pas d’honneur entre brigands - Staline se tourna à nouveau vers l’Occident anglo-américain. Churchill n’oublia jamais que traiter avec Staline, c’était dîner avec le diable. Mais Franklin Roosevelt, qui, avec une partie de son entourage, nourrissait des vues internationales très socialisantes, voyait avec faveur l’idée de gouvernement mondial, et avait une confiance de fer envers ce bon, cet excellent, ce génial Uncle Joe Staline. Les avertissements de son partenaire junior Churchill ne servirent de rien : Roosevelt allait livrer l’Europe centrale et orientale à Staline. Il allait également fonder, sur un gigantesque hiatus, l’organisation qui reprendrait l’héritage de la Société Des Nations, l’Organisation des Nations Unies.
Le quiproquo consistait à fermer les yeux sur l’hétérogénéité radicale sur laquelle était basée la nouvelle structure internationale. Les grands naïfs et autres hommes et femmes à la bonne volonté désarmante - dont l’exemple était Mme Eleanor Roosevelt, avec son influente coterie de communistes, socialistes et progressistes -, savaient de savoir sûr que l’Oncle Joe était aussi un homme de bonne volonté, certes un peu brutal, mais cela ne reflétait-il pas l’état de la Russie, et, pour diriger ce vaste pays, ne fallait-il pas une rude poigne ?
Et notre allié faisait tant pour abattre le Troisième Reich ! Les pertes immenses subies par l’Union soviétique ne nous contraignaient-elles pas à une immense gratitude ? L’URSS méritait bien, pour se protéger d’agressions futures, s’entend, de se constituer un vaste glacis couvrant une partie de l’Allemagne. Roosevelt à Yalta céda donc le tout gratuitement à Staline, avant de démobiliser l’armée américaine victorieuse, alors que l’Armée rouge restait, l’arme au pied, préparant l’invasion de l’Europe occidentale, en synergie avec les cinquièmes colonnes communistes en France, en Italie et ailleurs. Le principe fondateur de l’ONU mettait les brigands et les honnêtes gens sur un pied d’égalité.
C’est que l’Occident s’en tenait largement au principe de souveraineté fondé par les Traités de Westphalie de 1648 : la souveraineté nationale ne peut être transcendée par un principe idéologique ou religieux quelconque. L’organisation internationale, telle que l’avait rêvée Wilson, subvertissait ce principe. Pour l’URSS, comme auparavant pour l’Allemagne nazie, il n’y avait pas de principe de souveraineté mais un principe de force ; l’idole idéologique, race, classe (ou sharia) prime inconditionnellement sur tout principe de souveraineté. La Charte de l’ONU voulait concilier les deux, la souveraineté et sa subversion, l’Etat-nation et le proto-gouvernement mondial. Y coexistaient des principes totalement contradictoires : d’un côté les Etats-nations occidentaux, qui respectaient le cadre westphalien, de l’autre. l’URSS, qui ne s’activait qu’à le manipuler à ses fins conquérantes, utilisant toutes les ressources du système pour le détruire de l’intérieur. De son siège au Conseil de Sécurité à son orchestration de l’essor des mouvements dits de libération nationale, dont une grande partie se réclamait d’un socialisme plus ou moins fumeux, et savait pouvoir compter sur l’URSS pour renforcer ses positions militaires ou diplomatiques à l’encontre des Etats-Unis. C’est ainsi que naquirent le « bloc afro-asiatique », le « mouvement des non-alignés » et autres canailleries bénies par Moscou. La Conférence de Bandung, en Indonésie, grande rencontre, en 1955, de nazis et de communistes dans le cadre du tiers-mondisme « anti-colonialiste » : Zhou Enlai, le Chinois, le nazislamiste Hadj Amine el-Husseini, le collabo des Japonais Sukarno, Nehru le socialiste, Tito le communiste, les assassins patentés du FLN algérien, et tant d’autres.
L’URSS finançait, soutenait, armait la subversion et les guerres anti-occidentales, du monde arabe à l’invasion nord-coréenne du sud, la guérilla menée par les communistes vietnamiens, le FLN en Algérie, et divers régimes « socialistes » arabes. Bientôt l’apprenti-dictateur communiste Castro et les sanglants vagabondages de son comparse Guevara. Staline, Khrouchtchev ou Brejnev, sur le principe idéologique sur lequel l’URSS avait été fondée par Lénine. Entre l’URSS, qui écrasait de son talon de fer les pays qu’elle avait satellisés, et sa propre population, et les Etats-Unis, dont l’alliance qu’ils animaient, l’OTAN, était d’ordre démocratique et collégial, il y avait incompatibilité de principes.
L’ONU représentait prétendument un droit international, mais ne faisait que refléter cette contradictio ab initio, que la communauté des diplomates s’efforçait de masquer, pour maintenir la fiction chérie et l’organisation fétiche d’un imaginaire multilatéralisme. Cela arrangeait les partisans occidentaux d’un affaiblissement de la vigueur des Etats-nations, Etats-Unis au premier chef, autant que les contempteurs soviétiques de l’ordre libéral occidental.
C’est pourquoi l’histoire de l’ONU, depuis 1960 en particulier, est une consternante litanie de discours, d’initiatives et de résolutions anti-occidentales, tant les dictateurs n’ont besoin que de se coaliser avec leurs pareils pour produire des majorités automatiques. L’ONU est dominée par Ali Baba et ses Quarante complices en complet veston, qui psalmodient la vulgate d’une « justice » consistant principalement à leur permettre de honnir les pays occidentaux, et de confisquer les richesses produites à l’Ouest, au nom d’une « équité » aussi abstraite que biaisée, le « Nouvel ordre économique mondial » : ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est aussi à moi. De vouloir soumettre à de nouvelles bureaucraties internationales des aires croissantes de l’économie, de la société, de la politique internationales.
C’est sur ce lopin vénéneux que s’épanouirent les fleurs de la corruption, du mensonge et de l’apaisement à tout prix qui caractérisent la « culture d’entreprise » de l’ONU. Pourquoi s’en étonner ? Le « machin » vilipendé par de Gaulle est principalement l’instrument de la politique anti-occidentale, surtout anti-américaine, et, bien entendu, anti-israélienne, par tout ce que le monde compte de dictatures. Au mieux, l’immeuble de l’ONU à Manhattan est une adresse commode où l’on sait pouvoir rencontrer le ministre ou l’ambassadeur de tel pays, comme le bistrot du coin, où chacun sait pouvoir rencontrer l’ivrogne du quartier, si le cœur vous en dit. Multilatéralisme ? Droit des gens ? Communauté internationale ? Allons, c’est l’antre des brigands, l’Ile de la Tortue des pirates contemporains, le havre des disgrâces. Quand el-Baradei se permet d’exorbitants écarts de conduite en matière de prolifération, quand il donne la priorité à des objectifs politiques aux antipodes de la mission de son agence. Quand il aménage pour l’Iran un échappatoire après l’autre, il ne fait que perpétuer la politique traditionnelle de l’ONU.