Milliere Guy - mardi 27 novembre 2007
reformes, sarkozyLa France peut-elle sortir de l’ornière ? J’en doute fortement, hélas. J’aimerais me tromper, mais les signes qui me donnent raison continuent à s’accumuler.
Pour être élu en mai dernier, Nicolas Sarkozy a dû, au fil du temps, considérablement modifier son discours, et le teinter de nuances étatistes et socialistes. Depuis, en gouvernant, il a procédé à des réformes minimalistes qui ne sont en rien susceptibles de permettre un nouveau dynamisme, et qui ressemblent davantage à de la gesticulation qu’à de l’action.
Plutôt que d’introduire une réelle flexibilité, le choix a été fait de maintenir les trente-cinq heures et de leur ajouter des incitations à recourir aux heures supplémentaires. Plutôt que de placer le pays face à l’impasse que constitue le système de retraites par répartition, il a été décidé de procéder à un allongement du nombre des annuités que devront suivre d’autres allongements, puis vraisemblablement des ponctions supplémentaires et une érosion du montant des pensions, selon une logique de gestion de la pénurie.
Plutôt que de réformer l’université en créant de vraies conditions d’autonomie et d’ouverture sur le secteur privé, il a été concocté ce simulacre qu’est la « loi Pécresse ». La « réforme de la justice » en cours d’exécution est un simple réaménagement qui limitera peut-être les gaspillages, mais ne changera rien aux innombrables dysfonctionnements du système juridique français.
Les déficits de la Sécurité sociale continuent de se creuser et, pour colmater les brèches, on propose de pauvres outils ridicules comme ces franchises qui n’ont de franchises que le nom.
Nicolas Sarkozy aurait décidé de procéder graduellement, pour éviter des conflits de grande ampleur et pour esquiver tout risque de retournement de l’opinion publique.
Nous n’en avons pas moins connu ces derniers jours un blocage des transports en commun, une grève de la fonction publique, et des fermetures d’universités sous la pression de poignées de gauchistes excités qui sortent leurs barres de fer dès qu’ils entendent le mot « entreprise ». Lorsque ces conflits prendront fin, il en restera l’illusion que des « avancées » se sont effectuées : la « loi Pécresse » ne sera pas retirée, les « régimes spéciaux » de retraite ne seront pas rétablis, tout au moins officiellement.
Des promesses seront faites sur le « pouvoir d’achat ». Et puis, les illusions se dissiperont. Le déclin se poursuivra. Des mesures douloureuses devront être prises. Il y aura des grèves encore. Le langage qui aurait dû être tenu aurait dû être churchillien, un langage de vérité sur la situation économique, sociale et financière du pays, sur les mutations économiques en cours sur la planète.
Cela aurait dû être suivi de vraies réformes rétablissant effectivement une flexibilité sur le marché du travail, amorçant une baisse significative des prélèvements obligatoires et des dépenses de l’État, créant les conditions d’une liberté de choix dans l’assurance santé et dans le secteur des retraites.
Des grèves auraient suivi qui auraient été plus dures que celles que nous venons de connaître, mais c’est à leur capacité d’affronter des situations difficiles qu’on reconnaît les hommes d’État. Margaret Thatcher, en 1979, a su dire la vérité et, si elle n’a pas réussi à changer l’ensemble de la société britannique, elle a quand même pris les mesures essentielles qui ont permis de redresser le pays. Ronald Reagan, ensuite, a fait la même chose aux États-Unis. Nicolas Sarkozy, en politique intérieure, n’est ni Thatcher ni Reagan, chacun le sait. Il m’arrive de craindre qu’il ne soit pas même Tony Blair.
Pour être un Blair, il faut qu’il y ait eu, auparavant, une Thatcher pour accomplir les tâches les plus âpres. Dois-je ajouter, et ce sera ma façon de trouver des circonstances atténuantes à Sarkozy que, pour qu’il y ait eu Thatcher au Royaume-Uni, puis Reagan aux États-Unis, il a fallu qu’il y ait auparavant le travail des idées, celui des Think Tanks. La France est un pays où ceux qui font le travail des idées et qui ne sont ni socialistes ni étatistes ont le plus grand mal à se faire entendre. Il en résulte des débats souvent hémiplégiques, et une incompréhension du monde et de l’économie. Tant que rien ne se modifiera en ce domaine, les changements politiques auront des destins de feuilles mortes en fin d’automne, et l’avancée vers le crépuscule sera striée d’apparences de sursauts, juste d’apparences.
Epidémie de ''palestinite'' ?
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Il en résulte une obsession redondante : régler le conflit israélo-arabe en demandant des concessions à Israël, et, pour peu que les concessions ne suffisent pas, davantage de concessions encore. L’obsession conduit à une volonté irrépressible d’organiser des rencontres internationales débouchant sur la signature de feuilles de papier, où figurent des mots tels qu’ « accord », « processus », « promesse ». On doit se défier des effets secondaires des crises de palestinite, car ceux-ci peuvent être mortels et déboucher sur des explosions, des meurtres, des attentats-suicides, voire des guerres.
Une grave crise de palestinite a touché divers dirigeants au début des années 1990. Elle a commencé dans l’entourage de Bush père et de James Baker et s’est prolongée, à intervalles réguliers, sous la présidence de Bill Clinton. Elle a atteint alors différents dirigeants israéliens : Yitzhak Rabin, Shimon Pérès, Yossi Beilin, Ehud Barak (en voie très nette de guérison). Ses conséquences ont été la création de l’entité criminelle appelée Autorité Palestinienne, l’abandon du Sud Liban aux mains du Hezbollah, le retrait de Gaza, qui a permis de transformer ce territoire en "Hamastan". Une base arrière terroriste, où islamistes sanguinaires, et non moins sanguinaires, membres de factions dites « modérées » continuent à s’entretuer, sur fond de population croupissant dans la misère, de lavage de cerveau permanent, et de tous les attentats qui ont marqué la « deuxième Intifada ».
George Walker Bush avait tranché avec son prédécesseur en montrant qu’il disposait d’un système immunitaire robuste contre la palestinite. Parlant du Proche-Orient, il s’était prononcé, certes, pour la création d’un « Etat palestinien », mais avait pris soin de stipuler que celui-ci devait être démocratique, et vivre en paix et de manière constructive à côté d’Israël. Ceci équivalait à demander aux dirigeants palestiniens d’accomplir quelque chose d’aussi impensable que - par exemple - tracer un cercle carré. La fin de son second mandat approchant, on peut se demander si l’immunité n’est pas en train de se fissurer. En ce qui concerne Condi Rice, en tous cas, le diagnostic s’impose : crise de palestinite aigue.
Madame Rice succombe à l’obsession et, comme tous ceux qui ont été atteints auparavant, elle en est sûre et certaine : elle va obtenir « la paix ». Elle incite à cette fin le gouvernement israélien à faire de nouvelles concessions. Et des concessions sont faites, Mahmoud Abbas et Saëb Erekat sont présentés comme des interlocuteurs impeccables, angéliques et probes, au point qu’on leur confie à nouveau des millions de dollars. Une rencontre est convoquée à Annapolis très prochainement. Madame Rice a prévu des feuilles de papier et des stylos, des micros, des caméras et, bien sûr, des poignées de mains à la chaîne.
On peut certes espérer que tout ne se passera pas comme Condoleezza Rice l’anticipe, car Mahmoud Abbas paraît peu désireux de se voir remettre les clés d’un « Etat palestinien », s’il doit, en contrepartie, promettre trop solennellement ce qu’il ne veut pas et ne peut pas promettre : la reconnaissance pleine et entière d’Israël en tant qu’Etat juif, et le renoncement au « droit au retour ». Il sait, de toutes façons, que si l’armée israélienne quittait la Cisjordanie, celle-ci tomberait, sans doute, comme Gaza, aux mains du Hamas et lui retirerait le très lucratif strapontin dont il dispose encore (et puis, chez ces gens là, on sait comment cela se passe : le chef de bande déchu peut aisément se retrouver avec une balle dans la tête, et Abbas ne veut pas risquer de devenir un chef de bande déchu).
Ehoud Olmert sait, quant à lui, jusqu’à quel point il peut céder sans voir éclater sa coalition gouvernementale hétéroclite. Les autres dirigeants arabes de la région savent que les islamistes les regardent et, s’ils craignent un Iran doté de l’arme atomique, ils ne tiennent pas à passer pour des « vendus à l’impérialisme américano-sioniste ».
Le scénario le plus vraisemblable est que, Abbas ayant besoin de conserver son strapontin et d’empocher l’argent de l’aide internationale, fera semblant, sourira, promettra de s’engager sur un chemin, mais non, décidément non, ne pourra accepter un Etat dans les conditions qui lui seront proposées. Olmert parlera d’ « avancées » et maintiendra sa coalition en se montrant l’ « homme du dialogue » et le « partenaire » des Etats-Unis, mais ne signera rien d’autre que des engagements vagues. Condi Rice et George Bush se féliciteront des « immenses progrès » accomplis. Les dirigeants européens aussi. Les dirigeants arabes de la région, pour la plupart, ne seront, on peut encore l’espérer, pas là.
Annapolis marquera-t-elle la fin de la pandémie ? Peut-être. Mais c’est loin d’être certain. Les effets secondaires et les rechutes possibles ne peuvent être sous-estimés : même s’il ne devait pas y avoir de violences anti-israéliennes supplémentaires (ce qui reste à voir), il ne semble faire aucun doute que les discours accusant Israël de « ne pas en avoir fait assez pour la paix » vont se faire entendre avec une intensité redoublée. Il est vrai que vider partiellement les prisons israéliennes permet de grossir les rangs des assassins potentiels et récidivistes.
Il faudra songer aussi que d’autres crises de palestinite sont, de toutes façons, à prévoir à l’avenir : pour peu qu’Hillary Clinton ou un autre Démocrate retrouve la Maison Blanche, en janvier 2009, la reprise du « processus de paix » sera une priorité absolue. Et il paraît certain qu’Israël sera pour partie sacrifié sur l’autel du rapprochement avec l’Europe et de l’apaisement vis-à-vis du monde arabe. Le succès récent de livres tels que « Peace, Not Apartheid » de Jimmy Carter, ou de « The Israel Lobby », de Walt et Mearsheimer, montre dans quelle direction penche aujourd’hui la gauche outre-Atlantique. Parmi les grands candidats, seul Rudy Giuliani a, sur ce dossier, un discours net et noble. Que Norman Podhoretz, Daniel Pipes ou David Frum fassent partie de ses conseillers y est incontestablement pour quelque chose.
Et il faudra, en prévision du risque de nouvelles crises, revenir à l’histoire du Proche-Orient, ne plus laisser passer aucune falsification, rappeler qu’il y a déjà un Etat arabe de Palestine, la Jordanie, et qu’en créer un second n’a rien d’indispensable ; souligner ce qu’est l’OLP, depuis sa fondation et, qu’au sein des dirigeants palestiniens, les uns comme les autres sont porteurs, avec des nuances diverses, d’une culture du meurtre et de la prédation. Il faudra redire qu’Israël a le droit de vivre en paix, que les populations arabes de Gaza et de Cisjordanie ont besoin d’être délivrées du mal que constituent, non pas les Israéliens, mais des chefs abominables, une propagande incessante et immonde, une sous culture de la misère et de la violence, dont ne sortent que des jets de sang et strictement rien de fécond.
Israël a, de son côté, la force immense de la vérité, de la dignité et de la liberté. C’est à Israël de retrouver sa voix et de dire ce qui doit l’être, car nul pays ne peut le faire à sa place. Ce sera, depuis là, aux amis d’Israël de relayer, propager et amplifier la voix d’Israël. La palestinite est une maladie née du ressentiment qui a fermé si longtemps la voie du développement humain au monde arabe. Les dirigeants occidentaux, contaminés par la palestinite (et les dirigeants israéliens qui, parfois les rejoignent dans la contagion) croient servir la paix et l’humanisme alors qu’ils servent, en fait, la guerre perpétuelle et l’antihumanisme absolu qu’incarnent l’antisémitisme arabe, l’obsession arabe et proche-orientale de destruction d’Israël, et le sous-développement économique, politique et culturel de toute une région. Une région dans laquelle Israël est, plus que jamais, le seul pays démocratique et développé. Israël ne demanderait pas mieux de voir la démocratie et le développement se propager ; les dirigeants occidentaux qui cèdent à la palestinite (et les dirigeants israéliens qui parfois les rejoignent dans la contagion) n’aident pas à cette prolifération. Au contraire.
Par Guy Millière
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