mondialisation
En parcourant certaines réponses à divers de mes articles et en examinant le monde tel qu’il évolue aujourd’hui, j’ai discerné une fois de plus à quel point des clés permettant la compréhension manquent en France. Nous sommes dans un contexte d’une complexité croissante, les paramètres permettant de déchiffrer cette complexité sont éparpillés.
Les discours sont multiples et se subdivisent pour l’essentiel entre ceux tenus par divers charlatans qui abusent de l’ignorance de leurs contemporains pour faire croire autour d’eux qu’ils savent ce dont ils parlent, et ceux tenus par des spécialistes qui connaissent un domaine très délimité, mais ne discernent pas les interdépendances qui se tissent autour de nous.
Fort rares sont les analyses tout à la fois pertinentes en termes de connaissance et ouvertes aux transversalités, pourtant essentielles aujourd’hui. Nul ne peut être un économiste pertinent qui ne se donne pas les moyens de connaître les cultures, les mentalités, la géopolitique, la physique quantique, la biologie, la démographie et les potentialités offertes par l’informatique aujourd’hui. Et ce que je dis de l’économie peut être dit de l’ensemble des autres domaines de spécialité que je viens d’énumérer.
Voici une trentaine d’années, nous étions dans un univers relativement simple. Cet univers a explosé. Penser le totalitarisme aujourd’hui, cela implique de déchiffrer les multiples effets de la décomposition des discours fascistes, communistes, socialistes et nationalistes qui est en train de s’opérer, mais aussi les recompositions et les agrégats qui en résultent, ou l’émergence de nouvelles nébuleuses telles que l’islam radical ou l’environnementalisme où se retrouvent des fragments apocalyptiques, des résidus de marxisme, voire de national-socialisme.
Penser la liberté, à l’inverse, implique d’intégrer les ouvertures permises par les reformulations du vivant et de la matière, qui sont, à proprement parler, infinies. Penser la guerre et la paix implique de voir leur déterritorialisation, la transformation des armes, la relégation dans le révolu de l’essentiel de la géopolitique, la planétarisation et l’individualisation des médias. Penser la finance implique de prendre en compte tous les effets de la dématérialisation de la monnaie, de la production de valeur et de l’entreprise.
À l’échelle de la France, cela implique de voir que nous avons changé de paradigme : les délocalisations vont se poursuivre, la création de valeur sera immatérielle ou ne sera pas, la fuite du capital intellectuel sera stoppée par des incitations ou se poursuivra, le métissage en cours se poursuivra aussi, et il sera réussi seulement si on discerne pleinement comment la valeur se crée désormais, et l’importance du capital intellectuel.
À l’échelle de l’Europe, cela implique aussi de prendre en compte ces changements de paradigme, donc, un certain nombre de faits : le vieillissement des populations et la résistance de l’islam à l’intégration sont préoccupants. La bataille planétaire pour un islam intégré aux flux planétaires concerne bien davantage que le futur du monde musulman. L’économie de la connaissance ne deviendra une réalité que si est comprise la logique inhérente à celle-ci, celle du réseau, pas celle de la pyramide qu’on persiste à édifier.
À l’échelle planétaire, cela implique de voir les flux. Des réseaux de liberté existent. Leur matrice est aux États-Unis. La matrice est connectée à des nœuds sur les cinq continents. Les contrées que délaissent les réseaux de la liberté sont condamnées. Face aux réseaux de la liberté existent les réseaux de la destruction et du refus. On y trouve la Russie de Poutine, le régime de Pékin, le Venezuela de Chavez, l’Iran d’Ahmadinejad et des mollahs, al Qaida, les altermondialistes, les disciples d’Al Gore et de Malthus, les derniers fascistes.
Les réseaux de la destruction et du refus sont porteurs de stérilité, de superstition, de mort et de destruction. La bataille est en cours, et la liberté l’emportera, comme toujours depuis des siècles. Les fronts de la bataille sont multiples : Pakistan, zones kurdes, Liban, banlieues de Londres ou de Paris, salles de rédaction des grandes métropoles. Ceux qui ne voient pas la bataille derrière ses multiples fronts ont déjà perdu et appartiennent à un passé agonisant qui ne reviendra pas.
Milliere Guy - mardi 23 octobre 2007
irak, islamismeVoici peu, un éditorialiste conservateur américain s’étonnait de voir à quel point l’Irak avait disparu soudain des gros titres des journaux. Sa déduction était que les journalistes américains ayant été plutôt de gauche et nettement défaitistes ces dernières années, présenter une situation où tout va mieux relèverait, pour eux, presque de l’insupportable.
Ce que cet éditorialiste relevait concernant les journalistes américains, il aurait pu le relever avec plus de netteté encore en observant les médias français. On ne parle plus de l’Irak. Il n’y a plus guère d’attentats suicides. Le calme règne. Les éléments permettant de parler de « bourbier » se font de plus en plus minces et se rapprochent de l’inexistant.
La visite du président irakien Jalal Talabani à Paris voici quelques jours a été passée sous silence : nous n’en avons eu qu’une image fugace dans un reportage consacré à un sujet bien plus important : le divorce entre Cécilia et Nicolas. Nul reporter n’a eu l’idée d’interviewer un homme élu démocratiquement par son peuple : tout le monde n’a pas la chance d’être un dictateur sanguinaire.
J’ai dit en ces colonnes que la guerre de libération de l’Irak était gagnée depuis le printemps 2003. C’est un fait. Le rétablissement de l’ordre à l’intérieur du pays a pris, lui, bien davantage de temps que prévu. Des erreurs ont été incontestablement commises. Les décisions initiales de l’armée et de Donald Rumsfeld d’envoyer peu de soldats se sont révélées malencontreuses.
Des terroristes venus d’Iran et de Syrie ont tenté de fomenter une guerre civile. La population irakienne, qui n’avait pas besoin de cela après des années de dictature, a souffert de la violence islamiste. C’est, pour l’essentiel, fini. La stratégie de « surge » (montée en puissance) élaborée par le général Petraeus a porté ses fruits. Tout ou presque montre que l’armée américaine va pouvoir graduellement se retirer. Les démocrates américains qui avaient misé très gros sur la défaite tentent encore des opérations de diversion, mais ils discernent que, pour l’emporter en 2008, il leur faudra d’autres thèmes de campagne. Les médias américains vont devoir s’adapter. La France, grâce à Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, a retrouvé son honneur un temps perdu. Je ne sais combien de temps les médias français mettront pour s’adapter à la réalité eux aussi. Peut-être vont-ils garder le silence, travestir les faits.
Laisser dans les têtes l’idée que la guerre d’Irak a été inutile et s’est soldée par un échec, ce serait contribuer à répandre l’idée que le monde occidental et la civilisation sont impuissants face à la barbarie et doivent se résigner au mieux au statu quo, au pire à la soumission. Ce serait dire aux islamistes qu’ils ont raison et continuer à diffuser auprès des musulmans des banlieues l’idée que l’Amérique et l’Occident n’incarnent pas les valeurs de liberté qu’ils prétendent incarner. Ce serait dire aux dictateurs du monde arabe, à al-Qaida, à Ahmadinejad qu’ils peuvent compter indéfectiblement et quoi qu’il arrive sur les idiots utiles des salles de rédaction pour se conduire de la manière la plus servile et la plus obséquieuse au service du pire.
Nous sommes dans une époque dangereuse. La guerre d’Irak n’a été qu’une étape dans la guerre planétaire en cours, et qui oppose la civilisation au totalitarisme islamiste. Le politiquement correct aux États-Unis implique de réprouver le recours à la guerre, et donc de ne pas dire que celle-ci peut se révéler parfois efficace. Le politiquement correct en France et en Europe est bien pire encore : il implique le souhait de la victoire de l’ennemi. Et il implique aussi que, même lorsque l’ennemi est vaincu, comme en Irak, on persiste à faire comme s’il avait gagné. Bat Ye’or a écrit d’excellents livres sur la condition de dhimmi, citoyen de seconde zone en terre d’islam. Les adeptes du politiquement correct en France et en Europe n’ont, je le crains, même pas conscience du fait qu’ils se comportent de manière plus lamentable encore que des dhimmis.
Ils n’ont pas conscience qu’en se prosternant aux pieds des adeptes du totalitarisme islamique et en faisant preuve de mépris envers leur propre civilisation, ils se placent du côté de la pire barbarie : trahissant ainsi les millions d’hommes et de femmes, en Irak et ailleurs en terre d’islam, qui aspirent, non pas à la barbarie, mais à une vie libre.