Par Mark Steyn traduction de Hipemc pour le blog drzz
Cette année j’ai passé l’anniversaire du 11 septembre en voiture à traverser le Massachusetts. Ce n’était pas exactement prévu comme ça mais c’est ainsi que les choses se sont mises en place. Et donc, en route vers Boston, j’ai capté Bay State radio et entendu son colosse Howie Carr lire des parties du discours officiel de Patrick Deval pour la cérémonie commémorant le 11 septembre. Patrick Deval, c’est apparemment le gouverneur du Massachusetts. 9/11, a t-il clamé, "était une attaque cruelle, méchante et désagréable contre les U.S.A".
"Méchant et désagréable"? On dirait un serveur de resto super sensible se plaignant de ce que John Kerry renvoie encore une fois le coulis d’aubergine. Mais à l’évidence c’est ce qui passe pour un discours rude ces jours-ci au Massachusetts. Bon, Patrick le gouverneur ne voulait pas quitter la foule avec toute cette rhétorique de cow-boy macho résonnant dans ses oreilles, et il en est venu à son morceau de bravoure : 9/11, continua t-il, "était aussi un échec pour les êtres humains à se comprendre, à apprendre à s’aimer."
Je suis parti dans un tel rire que j’ai perdu le contrôle de mon véhicule et le bonhomme sur la voie d’à côté a dû faire un écart plutôt radical. Il m'a alors fait le symbole universel de compréhension entre les hommes. C’est certain j’ai pigé, pour autant je ne suis pas sûr de pouvoir apprendre à l’aimer. Peu importe, j’ai roulé jusque Boston et médité sur les remarques du gouverneur. Après tout il les a faites devant un parterre de familles du 11 septembre: Il y a six ans, deux des quatre avions décollèrent de Logan Airport, et du coup les citoyens du Massachusetts se placent au premier rang du nombre des victimes. Si des membres des familles présentes ce mardi se sentirent offensées ou pas, aucun n’a crié “honteux!” ou n’a quitté la cérémonie. Pour leurs éminences politiques les Américains ont généralement du respect, aussi peu mérité soit-il.
Nous devrions nous méfier de quiconque cherche à expliquer le 11 septembre en utilisant les termes “l’un l’autre”: Ils posent une équivalence aberrante entre le criminel et la victime, et l’"échec à se comprendre" découle de la culpabilité des deux parties. Les tueurs du 11 septembre furent très bien traités aux USA: Ils ont été introduits dans le pays sur le programme de visa express que le département d’Etat considérait comme apprprié pour les jeunes Saoudiens. Ils furent cordialement traités partout où ils allèrent. Les danseuses érotiques dans les clubs qu’ils fréquentaient les semaines précédant le grand jour leur ont donné du bon temps, ou suffisamment du moins, vu quels sales radins ils étaient sur les pourboires. Le 11 septembre ne s’est pas produit parce que nous avons manqué d’amour pour Mohammed Atta.
Malheureusement les années 70 et leur inclination à trouver dans le vent d’aimer le multiculturel sont en général plus dures à déloger. Si vous me pardonnez de tels jugements critiques, il ne s’agit pas d’«eux», il s’agit de «nous». La survie à long terme de toute société dépend de sa proportion de citoyens qui pensent comme Patrick le gouverneur. L’Islamisme est un ennemi opportuniste mais vous ne pouvez pas le blâmer de voir l’opportunité: en un sens ils nous comprennent bien mieux que le gouverneur ne les comprend. L’autre jour vous vous rappelez peut-être, quelques garçons facétieux ont été arrêtés en Allemagne. Un autre complot terroriste. Aurait tué plus de gens que Madrid et Londres réunis mais étouffé dans l’œuf. Du coup c’est juste un autre bâillement d’ennui: Rien à cirer. Qui étaient les terroristes? Mohammed? Muhammad? Mahmoud? Non. C’était "Fritz" et "Daniel". "Fritz", hein? C’est plutôt inhabituel comme façon de prononcer Mohammed.
Effectivement. Fritz Gelowicz c’est aussi allemand que les lederhosen, ces culottes en cuir. Il est d’Ulm, lieu de naissance d’Einstein, sur le beau Danube bleu, qui, la dernière fois que j’étais à Ulm, était en réalité d’une nuance vert foncé. Et, dans une blague excellente sur les illusions occidentales, Fritz s’était converti à l’Islam en fréquentant la maison multiculturelle. En fait ça s’est avéré monoculturel – un centre islamique dirigé par un imam jihadiste. Au moins trois des anciens élèves – y compris un autre converti d’origine allemande – ont été tués en combattant les Russes en Tchéchénie. Fritz espérait tuer des Américains. Mais c’est le point positif d’un monde multiculturel: il y a tant de différentes et fascinantes cultures, et la plupart d'entre elles ont belle allure lorsqu’elles sont réduites à des décombres éparpillées avec des bouts de corps. Fritz et un pote, Atilla Selek, avaient précédemment été arrêtés en 2004 avec une voiture pleine de propagande pro-Osama louant les attaques du 9/11. Ca ressemble à un pilote pour une sitcom farfelue sur le jihad: Atilla et le Hun.
Fritz Gelowicz. Richard Reid. Jack Roche, l’ouvrier australien. Les jihadistes de Toronto complotant pour décapiter le Premier Ministre canadien. Le fils de l’officiel du parti conservateur britannique. Partout dans le monde il y a de jeunes hommes élevés dans la"Multi-Kultur Haus" de l’Ouest qui décident que leur plus haute ambition est de se convertir à l’Islam, devenir un jihadiste et se faire sauter.
Pourquoi les imams radicaux cherchent-ils à convertir les jeunes Canadiens, Britanniques et même des Américains et Américaines dans leur adolescence et la vingtaine? Parce qu’ils comprennent que lorsque vous élevez une génération dans le grand vacillement du relativisme culturel de Patrick Deval – rien n’est un poil mieux ou un poil pire qu’autre chose; si des gens sont méchants et désagréables à notre endroit c’est seulement parce qu’on ne leur a pas suffisamment chanté les chansons de Barney le dinosaure[chez nous peut-être Dora? ndt]– dans un tel monde un certain pourcentage de la jeunesse aura un gros trou béant là où elle devrait avoir le sens de son identité. Et dans ce trou vous pouvez verser quelque chose de féroce, primaire et implacable.Il y a quelque temps j’ai eu l’honneur d’une entrevue avec le Président. Au cours de celle-ci quelqu’un a soulevé la question de l’impopularité de la guerre. Le Président a répliqué avec un haussement d’épaules et en disant que 25% de la population est toujours contre la guerre — quelle qu’elle soit. En d’autres mots, rien ne vaut la peine de se battre. Après-coup j’ai plaisanté qu’une part de ces 25% pourrait changer d’état d’esprit si des troupes d’assaut canadiennes(la nationalité de l'auteur) franchissaient le 49ème parallèle ou que des navires de guerre des Bahamas mettaient les côtes de Floride en feu. Mais peut-être pas. Les forces aériennes adéquates d’Al-Qaeda ont laissé un énorme cratère de corps originaires du Massachusetts au milieu de Manhattan, et Patrick le gouverneur va chercher l’amour au mauvais endroit.
Dans toute société, combien de personnes à penser comme Patrick Deval? C’est le compte à faire si l’on veut évaluer ses chances de survie à long terme.