Ces derniers mois, tout un chacun quelque peu curieux a pu peut-être constater nombre de choses et réactions étranges, autant au niveau politique que stratégique. Je vais en faire une liste (non exhaustive) :
- - L'Iran rappelant son désir « ardent » de « faire disparaître » Israël.
- - La Syrie récupérant du matériel nucléaire en Corée du Nord.
- - La Russie faisant des « survols » de l'Angleterre et de la Norvège.
- - L'augmentation des vidéos d'Al Quaïda.
- - La recrudescence des activités du Hezbollah et du Hamas (néanmoins freiné par ses guerres interne avec le Fatah).
- - La sortie prochaine des accords sur les armes conventionnelles et la conscription pour la Russie.
- - L'augmentation soudaine des recherches militaires russes, principalement pour les armes de fort potentiel destructeur et le matériel conventionnel (Chasseur, tank, lanceur d'engins de tous types).
- - Reprises des attentats politiques au Liban, victoire d'un parti religieux en Turquie.
- - Attentat au Maghreb en augmentation significative.
Nous remarquons dans ces quelques exemples que la situation est beaucoup moins simple qu'elle ne semble l'être et je ne montre là que quelques exemples significatifs.
Les rois d'Ackylon.
Quoi qu'il en soit nous voyons actuellement la Russie, autant par ses manœuvres interne qu'externe reprendre progressivement son militarisme latent, jamais réellement perdu en réalité, l'Iran a par ailleurs plus d'une fois envoyé des appels à la Russie, auxquels elle a répondu avec une étonnante sympathie.
La Russie change aussi son cercle d'alliance, elle s'écarte ouvertement les USA sur un grand nombre de questions. Déjà la guerre en Irak, où elle était prête à opposer son veto. Mais aussi les réactions américaines face aux menaces iraniennes directes, la Russie se mettant alors (et ce de façon systématique) du côté iranien.
L'Iran, en plus de son programme nucléaire, peut être soupçonné d'une levée d'armée, principalement équipée de matériel russe, notamment des chasseurs et des tanks. Le tout acheté par la Syrie et livré directement en Iran. Il est assez rare de voir deux pays se livrer mutuellement ce type de matériel, à moins d'être allié militaire, ce qui permet de soupçonner clairement une alliance tacite, sinon claire, au moins entre la Syrie et l'Iran.
La Russie a d'ailleurs créé plusieurs fois la surprise. Premièrement en menaçant ouvertement l'Otan d'une attaque nucléaire si l'éventualité même de l'installation probable et hautement théorique d'un bouclier antimissile venait à être discutée en territoire Européen... Se mettant de fait à menacer de guerre l'Europe et les USA en cas de refus. Ensuite en sortant des accords de régulation sur les armes conventionnelles (notamment les munitions et les obus), mais aussi sur les accords de régulation concernant la conscription. Au vu de ses amitiés nouvelles avec l'Iran, je ne vois pas d'autre cible de la Russie, sur le plan militaire, que l'Europe.
Enfin, dernière et néanmoins impressionnante surprise, le survol par bombardiers de l'Angleterre, puis de la Norvège. Sans oublier, bien sûr, la base américaine de Gwam, dont le caractère accidentel est désormais des plus théorique. Les réactions des bombardiers avaient alors plus un intérêt de test militaire qu'une menace directe.
Nous avons déjà trois magnifiques surprises en moins de 4 mois. Et cela ne présage rien de particulièrement agréable.
Voici donc mes conclusions concernant l'ackylon :
La Russie se réarme particulièrement ou se modernise. Rééquipe ses troupes, forme des alliances commerciales et stratégiques militaires tout autour de la Mer Morte. Moscou a tendance à montrer fortement les griffes sur le plan diplomatique. Sa sympathie envers l'Iran et contre Israël est manifeste. Elle a appuyé sinon fournit nombre d'armes et de systèmes de pointe à des pays des plus amicaux que sont l'Iran et la Syrie.
L'objectif de la Russie reste encore assez flou. Mais peut-être une « préparation », dans l'optique d'une invasion dans la pire des hypothèses ou d'une restructuration du territoire à l'avantage Russe dans la meilleure. Qui plus est, les accords militaires avec l'Iran peuvent être aussi perçus comme un appui logistique (payant néanmoins), ayant un objectif plus simple, c'est-à-dire financier.
Mais, je pense qu'un objectif seulement financier n'aurait pas donné lieu à un tel dispositif diplomatique, il faut donc, et cela est important, surveiller les Russes de près. Car leurs stratégies ont historiquement toujours été dans une optique impérialiste : Les Russes veulent l'Europe, le reste est secondaire.
Structure et forme.
Concernant les enjeux de cette zone. Ils sont multiples :
- 1. Les ressources. Car en effet, en plus du politique, les ressources du Moyen Orient et de l'Asie mineure restent importantes, déjà parce qu'étant implantées profondément dans les racines de l'économie occidentale, leur disparition soudaine ou l'instabilité de la zone aurait un effet dérangeant autant sur l'Europe, les USA que la Russie et la Chine. Nations que nous savons des plus impliquées, mais surtout inquiètes de leurs approvisionnements en ressources.
- 2. Le territoire. L'Iran conserve en effet la volonté de restructuration de l'ancienne Perse. De même la Russie voit toujours l'Europe comme une hypothèse trop tentante pour être simplement laissée, plus encore ces temps-ci, où l'Europe se montre des plus imprudente. Enfin la Chine souhaite toujours récupérer autant sa stabilité au sein de son propre territoire (sachant qu'elle voit Taïwan comme étant son territoire), mais aussi la récupération des anciennes contrées du rayonnement chinois. Il reste encore assez hasardeux de prévoir le prochain coup de Pékin, quoi qu'il en soit, la Chine s'attarde pour le moment plus à sa propre sécurité que sur un désir d'expansionnisme.
- 3. Politique. Car Israël est un élément non seulement inacceptable sur le plan religieux, mais aussi politique. Car elle est déjà outrageusement puissante, alors qu'elle a commencé avec quasiment rien, bien ancrée, militairement établie et surtout politiquement très stable. C'est donc un « problème » majeur pour ses voisins qui pensent en priorité à éliminer un adversaire à leurs propres désirs expansionnistes avant de s'entretuer joyeusement.
- 4. Militaire. La présence d'Israël pose un second problème aux chefs avoisinants : ce sont tous des chefs de guerre, et Israël les a tous vaincus et humiliés au moins une fois. Cela est un problème, car en terre d'islam, la puissance d'un seigneur dépend encore de sa puissance de réaction militaire. C'est donc tout naturellement que les chefs militaires arabes et perses se concentrent sur l'élément le plus dangereux du secteur : Israël.
- 5. Religieux. Car, est-il nécessaire de le rappeler, le Chiisme voit la destruction des juifs comme le signe du retour du Mahdi et de l'arrivée du paradis pour tous les musulmans et de l'enfer pour tous les mécréants. A l'inverse le Sunnisme aurait tendance à avoir des méfiances fortes en cas de renforcement de l'Iran.
De fait, comment peut-on, avec autant de points avantageant clairement l'Iran en cas de guerre, le voir un jour faire la paix avec la « Raison principale » de tous ses problèmes réels ou imaginaires ? C'est utopique. Mais les pacifistes n'en sont pas à leur première utopie sanglante.
Israël a d'ailleurs plus que raison d'avoir à craindre une guerre totale avec tous ses voisins. Plus grave que toutes celles qu'elle a connues, car, contrairement à la guerre des 6 jours, ils connaissent désormais humiliation et désir de revanche. Ils ont aussi tendance à être plus prudents dans leurs actions militaires, notamment en usant à outrance de l'arme médiatique.
Israël doit donc, très logiquement placer ses pions de façon à renforcer ses alliances dans le secteur. Notamment en Irak, devenu zone gênante car interdisant une attaque directe d'Israël par l'Iran. Mais paradoxalement moins que sous Saddam. Israël doit aussi renforcer sa résistance face à la Palestine et au Liban qui ont été clairement placés par l'adversaire pour l'obliger à scinder ses activités en deux : Défendre à l'est et à l'ouest est toujours plus complexe que de défendre seulement à l'est.
Enfin l'apport de la communauté internationale à la cause Iranienne est presque providentiel. En effet, en soutenant (à la place de l'Iran) la cause palestinienne et libanaise, ils permettent à l'Iran d'envoyer ses crédits vers un autre front : L'attaque est donc auto-alimentée en ressources humaines et matérielles.
Autant dire qu'Israël est clairement en danger de mort. L'Iran, comme la Palestine et le Hezbollah appuient si fort sur ses défenses qu'il finira inévitablement par faire une erreur et découvrir une faille tactique importante. A ce moment-là, il sera difficile pour l'état hébreux de vaincre. Pas impossible, mais très complexe.
L'Irak fut un mauvais choix stratégique, même si sur le plan tactique il fut un succès réel. Le fait d'attaquer l'Irak ne fut pas une « mauvaise » idée au départ. Mais il ne faut pas oublier que l'attaquant est une démocratie, qui peut changer d'avis du jour au lendemain. Et telle qu'elle est actuellement, l'Irak devra rester protégée par les USA pendant encore 10 ans pour qu'une attaque soit prohibitive aux yeux des mollahs. Si, pour une raison X ou Y les USA quittent la zone, l'Iran attaquera l'Irak. Pourquoi s'en priver ? Après tout, l'Irak fait partie de l'Empire Perse.
La solution la plus efficace serait encore d'attaquer l'Iran, bien que comme dit plus haut, cela obligerait autant Russes que Chinois à réagir vivement. L'Iran est donc sous protection, tant que sa diplomatie reste assez fine pour s'assurer la protection politique de ses voisins, une attaque est donc irréaliste. Pire, il existerait même des possibilités qu'elle reçoive un appui militaire pour sa défense.
Les Mollahs le savent, ils ne faut pas les sous-estimer, ils ont peut-être l'holocauste facile, mais ils ne sont pas stupides ou débiles. Et ils ont de bons tacticiens, ils sont pour le moment sur une bonne voie de victoire du moins pour les batailles.
Chevalier Gris pour le WEB Résistant.
Ps : Un ajout sera effectué si nécessaire, concernant l'Europe et la Chine dans leurs politiques économiques, culturelles et militaires.