Quand on écoute, lit ou regarde nos bien-pensants professionnels, ce qui revient le plus souvent hormis la revendication d'appartenir au bon camp moral (d'où le nom de "bien-pensance"), c'est l'idée que leur démarche est aussi celle de l'intellect, de l'effort de l'esprit, de la sagesse presque, en opposition à l'identitarisme ou la xénophobie qui ne sont que des tentations, des instincts animaux, des choses relevant uniquement des sentiments humains les plus bas.
En effet leur leitmotiv est celui-ci : notre discours est plus légitime car il tire sa valeur, sa véracité, de la raison et du travail spirituel, en résumé des Lumières, là où certains ne font qu'attiser la haine, le rejet de l'autre, rappelant les heures les plus sombres de notre Histoire...etc.
Cependant, lorsque l'on y regarde d'un peu plus près, c'est loin d'être aussi évident. Pourquoi la volonté de diversité et de mélange serait un fruit de la raison là où l'identitarisme et même la xénophobie seraient des basses tentations à combattre imperturbablement ? Pourquoi ne serait-ce pas l'inverse ?
On peut très bien penser que pour un être humain, une société multicolore, sans frontières, un "pays-monde", c'est cela le plaisir : la facilité, le choix infini, la variété, le rêve. Le multiculturalisme à chaque coin de rue, des musiques, des cuisines, des jolies filles venues de partout dans le monde, en quoi est-ce un effort ? Avoir le choix entre sortir avec une suédoise, une algérienne ou un une asiatique, pouvoir manger des oeufs et du bacon le matin, un kebab le midi et des nems le soir, pourquoi serait-ce une épreuve, un travail de l'esprit ?
Et si c'était le multiculturalisme qui était la tentation, si c'était la diversité qui était l'instinctivité, si c'était la passivité devant le métissage qui était la facilité spirituelle, si la tolérance absolue n'était qu'une irresponsabilité de plus et non un quelconque statut intellectuel avancé ? Si derrière derrière tous ces mots moralement "bons" se cachait une lâche abdication devant les pulsions humaines ?
De la même façon, pourquoi l'identitarisme serait une tentation et pas un effort intellectuel ?
La diversité ethnique fragilise les fondements d'une société, c'est ce que concluent des recherches effectuées par un spécialiste des sciences politiques australien nommé Robert Putnam, et l'on sait qu'il en est de même du multiculturalisme (communautarisme, etc.). Dans ce contexte, pourquoi ça ne serait pas la vigilance, l'identitarisme, la fermeté, la rigueur qui seraient des efforts ? pour justement éviter des dérives de la société directement liées aux fidèles du Progressisme et de la Diversité, ces mêmes fidèles qui prétendent être dans le camp de la raison alors que leur idéologie est basée sur le plaisir de l'immédiat, la tentation du mélange, l'émotion continue, le multiculturalisme, le métissage général, le désir et la diversité des goûts, saveurs, odeurs, couleurs, qui vont avec.
Ce sont ces gens qui souvent nous qualifient de "xénophobes" pour justement impliquer dés le départ que nous sommes les esclaves de nos pulsions, là où eux les combattent sous le drapeau de la raison. Vaste imposture intellectuelle que celle-ci. Nous pouvons très bien être identitaire sans avoir une peur irrepressible de l'autre ou du mélange, la caricature du "p'tit blanc effrayé par l'exotisme", au-delà de confiner à l'albophobie, est si ce n'est infondée du moins réductrice, et surtout fatiguante.
De plus même si cette peur existe, elle peut très bien être consciente et intellectualisée, réfléchie. Toute peur n'est pas irrationnelle, et sans le sentiment de peur, du moins de méfiance, notre espèce aurait sûrement disparu. De la même façon que pour le mot "islamophobie", les moralistes gauchisants relèguent leurs opposants au rang d'abrutis appeurés incapables de penser pour mieux les diaboliser et les stigmatiser.
Seulement cela ne passe pas, ne passe plus. Il est plus que temps de remettre en question quelques axiomes qui n'ont plus lieu d'être, et qui ne l'ont jamais eu d'ailleurs.
Le schéma trop souvent imposé du tolérant progressiste de gauche qui réfléchit en dépassant ses instincts et du xénophobe de droite soumis à ses peurs totalement incapable de raisonner ou de faire un travail sur lui-même est révolu.
Et si la vérité était plus proche de cela : d'un côté le petit gauchiste qui se laisse aller à ses bas instincts de plaisir, multicolore, multi-goûts, multi-tout, choix innombrables, passivité devant l'immigration (car la fermeté demande du travail, de l'effort), diversité à portée de main, facilité à outrance, mettant ainsi en danger l'intérêt général et la stabilité de la société, et d'un autre côté l'identitaire qui contrôle ses désirs, se privant de ses bas instincts, qui sont grosso modo les mêmes que celui du gauchiste puisque tout deux sont des Hommes, au profit d'une rigueur, d'une vision à long terme, d'une sauvegarde de l'intégrité même de la société, d'une certaine identité nationale qui à terme préserve la diversité des peuples du monde au lieu de les mixer dans un joyeux hymne à la Différence qui en réalité aboutira à l'anéantissement des différences : une uniformisation monolithique et bien fade des peuples de la Terre.
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Il se pourrait donc bien que la raison et la logique ne soient pas toujours là où on nous le dit. Il est temps de revendiquer à la face des "usurpateurs de la raison" notre droit à la réflexion, notre capacité à raisonner, et de prouver que leur idéologie n'est pas la fille du travail sur soi, de la sagesse et de l'esprit, mais plutôt de toutes les tentations humaines directement liées au plaisir, l'accès à tout et tout de suite, autrement dit "la dictature du désir" qui se diffuse au nom de la tolérance.
Le bien-pensant de base n'est pas plus tolérant que vous et moi, au contraire, il ne tolèrerait pas qu'on limite son pillage, son fast-food des cultures, sa volonté de jouir de tout dans un égoïsme déguisé en vertu, et tout cela dans une durée et une façon de faire comparable à celle de l'utilisation d'un kleenex ou d'un préservatif.
Loin de lui l'idée de tolérer son prochain ou de s'ouvrir aux autres, mais plutôt de renier sa culture natale qui le lasse, tel un enfant qui se lasse d'un jouet, et de vouloir profiter de toutes les autres sans pour autant les respecter, bien au contraire.
De la même façon que Giscard disait à Mitterrand :"Vous n'avez pas le monopole du coeur !", disons à nos bien-pensants de métier : "Vous n'avez pas le monopole de la raison", vous avez même mis un embargo sur elle.