
Turquie : l’heure de vérité
Au départ, les partisans de l’entrée de la Turquie en Europe nous expliquaient que cette nation laïque (1) mais de tradition musulmane pourrait représenter un pont entre l’occident et l’islam afin de conjurer le choc des civilisations. Cet argument ne correspondait déjà plus à la réalité sociale du pays. Nous savions en effet que l’islamisme venu des provinces arriérées d’Anatolie submergeait peu à peu le vieux fond kémaliste tout comme il avait déjà englouti les anciennes élites du levant (2). L’arrivée du parti islamiste au pouvoir ne faisait que vérifier cette analyse.
Les bien pensants nous ont aussitôt assuré qu’il s’agissait d’islamistes modérés. C’est à partir d’ici qu’on commence à déraper. Des islamistes modérés ? Ils ont essayé d’imposer une loi criminalisant l’adultère, ils s’efforcent d’autoriser le voile à l’université, ils instrumentalisent les manuels scolaires pour les faire concorder avec les élucubrations du Coran ! Ces dérives ont légitimement inquiété l’armée garante de l’occidentalisation du pays et de son élite instruite et laïque. C’est d’ailleurs sur cette élite et son armée que l’occident s’est appuyé pendant 40 ans pour protéger le flanc sud de l’alliance atlantique contre l’expansionnisme soviétique.
Mais c’était sans compter sur le crétinisme de la Commission européenne. Elle s’est employée à saper le rôle de l’armée et à encourager les manœuvres souterraines des islamistes en arguant que ces derniers étaient de bons démocrates tandis que les laïques n’étaient que d’affreux fascistes ! Les avertissements de l’élite turque n’ont pourtant pas manqué. Tous nous ont répété que ce parti soit disant modéré obéissait à un agenda islamique pur et dur, comme en Iran, et que la subversion de la Turquie représenterait, compte tenu du poids de ce pays, une menace mortelle pour l’Europe. Le politburo de Bruxelles n’en a eu cure et a fait ouvertement campagne pour la victoire des islamistes aux élections.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les intellectuels et les médias français se sont appuyés sur le racisme antiblanc pour justifier ce choix. Figurez vous que les turcs laïques et notamment les femmes qui veulent préserver leur liberté seraient non seulement des bourgeois (et par conséquent des salauds) mais surtout des « turcs blancs » (3). Imaginez que des africains veuillent s’émanciper de l’islam : on les accuserait aussitôt d’être des « noir blancs ». A ce stade, il ne s’agit plus d’un dérapage. On quitte le domaine de l’idéologie. On entre dans celui de la psychiatrie lourde ! (4)
A présent, les islamistes viennent de remporter les élections à la majorité absolue. Il ne reste que deux espoirs pour éviter une catastrophe géopolitique sans précédents. En premier lieu, j’espère que les militaires sortiront des casernes et renverront les barbus et les voilées dans leurs cavernes à superstitions. Ce ne serait pas très démocratique mais nécessité fait loi en la matière (5). En second lieu, il reste le veto promis par Sarkozy mais il risque d’être reporté aux calendes grecques.
Il faut donc placer notre Président devant ses responsabilités. Il convient de lui rappeler que lors du référendum gagné de Maastricht, l’opposition ne regroupait que l’extrême gauche, les lepénistes et un courant souverainiste. Si celui de 2005 a été perdu, c’est parce que des européens de conviction ont rejoint le camp du Non pour faire barrage à la Turquie. Dans ce contexte, présenter au Parlement le traité simplifié sans régler la question turque, c’est s’exposer à une mobilisation populaire en faveur d’un nouveau référendum qui se soldera par un vote négatif.
Puisse Nicolas Sarkozy entendre les révolutionnaires bleus! Après tout, l’idéal européen vaut bien l’abandon de quelques sourates !
Gérard Pince
(1)Jusqu’à présent le port du voile à l’université est interdit en Turquie alors qu’il est autorisé en France
(2) j’ai été plusieurs fois en Turquie avec des yeux pour observer et des oreilles pour entendre comme le recommandait le regretté Pierre Lazareff, ancien patron de France Soir.
(3) Se reporter à l’article du Monde daté du 21 Juillet.
(4) Plus sérieusement, cela illustre la connivence croissante entre gauchisme, islamisme et racisme anti blanc. La haine sociale et religieuse se double d’une haine raciale annonciatrice d’intentions génocidaires.
(5) Deux fous, Hitler et le mollah de Téhéran sont bien arrivés au pouvoir grâce au suffrage universel.