Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le Blogue de la Résistance sur Internet
  • : Le WEB Résistant est le seul site francophone présentant toutes les références sur les sites de réinformation. Faites-le connaître autour de vous ! Ne restez pas seul, nous sommes nombreux.
  • Contact

Profil

  • Cyber-Résistant
  • CYBER--LIBERTARIEN
  • CYBER--LIBERTARIEN

En bref

ajouter-favoris.png

Abonnement

Inscription à la newsletter

  

The 910 Group

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

The Counterjihad Calendar 2009
The Counterjihad Calendar 2010

Counterjihad Brussels 2007

Counterjihad Vienna 2008

Counterjihad Copenhagen 2009

Counterjihad Zurich 2010

EU Eurabia Francais

Le Bulletin de Réinformation de Radio Courtoisie

 
FAIRE LE TEST POLITIQUE ?

http://img263.imageshack.us/img263/2081/diagrammenolan.jpg

 

Web Statistics

 
Locations of visitors to this page

Entête

http://www.wikio.fr

"Si vous entendez ce message, c'est que vous êtes la résistance."

International Civil Liberties

About

The International Civil Liberties Alliance is a project of the Center for Vigilant Freedom Inc.  We are an international network of groups and individuals from diverse backgrounds, nationalities and cultures who strive to defend civil liberties, freedom of expression and constitutional democracy.

We aim to promote the secular rule of law, which we believe to be the basis of harmony and mutual respect between individuals and groups in the increasingly globalised world, and to draw attention to efforts to subvert it.  We believe in equality before the law, equality between men and women, and the rights of the individual and are open to participation by all people who respect these principles.

We believe that freedom of speech is the essential prerequisite for free and just societies, secular law, and the rights of the individual.

We are committed to building and participating in coalitions in all parts of the world to effect significant progress in protecting rights of the individual which are sadly being eroded in many countries including those in the West.


Rejoindre le forum

 

The Center for Vigilant Freedom

25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 23:58

La lucidité de Sarkozy en politique étrangère

20071107-5-p110707cg-0213-697v-copie-1.jpgAprès avoir émis des réserves profondes concernant la politique environnementale de Nicolas Sarkozy, je me dois de louer sa politique étrangère. La visite qu’il vient d’effectuer à Washington en constitue, à ce jour, le symbole le plus marquant. Dans le discours qu’il a prononcé devant le Congrès, dans les propos qu’il a tenu lors d’une conférence de presse commune avec George Bush, dans ses autres déclarations, Sarkozy a montré bien davantage qu’une amitié envers les États-Unis d’Amérique : une compréhension de ce qui fait l’âme américaine, et, surtout, une lucidité réelle vis-à-vis des enjeux du présent. Le message s’adressait au peuple américain et aussi au peuple français et, au-delà, au reste du monde.

Sarkozy n’a pas simplement proclamé de l’amour pour l’Amérique, il a aussi mis des mots sur cet amour : opiniâtreté, possibilité pour chacun de recommencer sa vie, d’échouer et de recommencer jusqu’à ce que le succès puisse venir. Il a dit ce que nous devons tous à l’Amérique qui nous a sauvés trois fois au cours du XXe siècle, et il a prononcé un mot simple, qu’on n’entendait plus et qu’on pouvait désespérer d’entendre d’un dignitaire français : gratitude. Il a rappelé qu’il fut un temps où la gratitude avait fonctionné non pas de la France vers l’Amérique, mais en sens inverse, lorsque Lafayette était venu au nom de ses idéaux se battre au côté des insurgés et de George Washington. Et il a rappelé ainsi que les idéaux de droit et de liberté faisaient partie de notre patrimoine commun, quels qu’aient été les vicissitudes et les aléas de l’histoire. Il a souligné que la lutte essentielle de ce temps restait celle opposant la liberté au totalitarisme et au fanatisme, et que nous devions mener ensemble ce combat.

La presse et le peuple américains retiendront que la page de l’odieuse arrogance chiraco-villepinienne est tournée, que la France retrouve le sens de l’honneur et qu’en ces temps de guerre, l’Amérique n’est pas seule. En France, des grincements de dents se font entendre, qui devront laisser place peu à peu à une évidence : ce n’est pas seulement Chirac et Villepin qui sont jetés dans les oubliettes de l’histoire, c’est l’ensemble des rêves mégalomaniaques et des calculs cyniques incarnés par le gaullisme et par une haine de la liberté repeinte aux couleurs de l’« antiaméricanisme » où se rejoignaient extrême droite et extrême gauche. On entendra des mots bilieux et pleins de ressentiment : « alignement », par exemple.

Et puis quand la bile et le ressentiment seront évacués, on commencera à déchiffrer ce que Sarkozy vient de faire : sortir la France d’obsessions archaïques et étriquées pour lui permettre de réintégrer le monde tel qu’il est : celui où les nationalismes obsessionnels de puissances déclinantes n’est plus de mise et où la survie et le dynamisme ne sont possibles qu’en ouvrant les bras aux synergies de la mondialisation. L’Europe verra que la France n’est plus la vieille Europe grincheuse, mais qu’elle est porteuse d’un renouveau où l’Europe travaillera avec et non contre l’Amérique. Dans le monde arabe, en Chine, en Russie, on discernera qu’un Occident uni peut constituer une force irrépressible, et on respectera davantage la France que lorsqu’elle jouait, indignement et de manière méprisable, la prostituée auprès de diverses dictatures.

L’économie planétaire se recompose à grande vitesse. Sarkozy comprend que les États-Unis sont au cœur de cette recomposition : s’il laisse les utopies vertes aux utopistes, il pourra incarner l’ultime chance de la France de ne pas succomber. La guerre planétaire est en cours. Sarkozy comprend que, face au fanatisme IMG-1068-thumb-copie-1.jpgislamiste, la France a plus à gagner, sur tous les plans, et d’abord sur le plan moral, en étant du côté de la liberté. C’est très bien. Quant à ceux qui disent hâtivement que Nicolas Sarkozy aurait dû attendre un « changement d’administration » à Washington, je leur dirai, en reprenant les mots de George Bush lui-même, que la place d’une présidence américaine dans l’histoire s’écrit lorsque le bruit et le tumulte de l’immédiat ont laissé place à la moyenne durée.

Et j’ajouterai à leur intention que le remplacement de Bush par Hillary Clinton dans quinze mois est très loin d’être assuré. Je leur conseillerais, même, de s’intéresser bien davantage à la candidature de Rudy Giuliani.


Guy Millière,
Néoconservateur Français

 


 

medium-453px-George-W-Bush.jpgLe contexte présent est difficile et complexe. Israël est poussé à faire des concessions par le gouvernement américain, qui entend, surtout, rallier une coalition de « régimes arabes modérés » pour faire face à l’ennemi principal de l’époque actuelle : l’Iran. Tout en craignant l’Iran, ces mêmes régimes arabes ne veulent pas apparaître trop conciliants face à Israël, de peur de se trouver soumis à une violence islamiste, qu’en même temps ils alimentent en sous-main, parce qu’elle constitue un excellent prétexte pour maintenir leurs pratiques politiques liberticides. Les dirigeants palestiniens continuent à montrer que, tout en parlant de « paix », ils continuent la guerre par d’autres moyens. Quant au gouvernement Olmert, il fait essentiellement comme s’il ne voyait rien, suivi en cela par Condi Rice et les dirigeants européens. Avant de revenir à ces entrelacs, parfois difficile à démêler, j’entends ici renvoyer à quelques principes essentiels.

Il est des textes qui passent et s’effacent sitôt ils sont imprimés, ce sont précisément ceux qui font, en général, « l’actualité ». Il en est d’autres, qui sont porteurs d’une force et d’une vérité qui les rend éternels, et qu’il faut relire de façon régulière pour accéder à la lucidité. Entrent dans cette seconde catégorie les grandes oeuvres de l’humanité telles que la Bible ou, en Orient, les « Quatre Livres », de Confucius, bien sûr. Il en est ainsi, aussi, de « L’art de la guerre » de Sun Tzu. Nous sommes dans une époque, aujourd’hui, maintenant, où relire Sun Tzu est, à l’évidence, très utile. Je me concentrerai ici tout particulièrement sur l’une de ses phrases : « Si tu connais ton ennemi et si tu te connais toi-même, tu n’as pas à craindre le résultat de centaines de batailles ».

J’ai choisi cette phrase parce qu’elle me semble mettre en exergue la difficulté essentielle de ce temps troublé, et, par conséquent, le danger majeur auquel nous sommes confrontés. Nous, qui vivons dans des sociétés de liberté, en Europe, en Amérique, en Israël, ne savons plus vraiment, ou plus toujours, ce que nous sommes et ce que c’est que la liberté. Nous ne savons plus qui est notre ennemi. Nous courons, par conséquent, le risque d’être défaits, et nous ne pourrons remédier à ce risque qu’en remédiant à cet état de fait.

I.     Commençons par ce que nous sommes. Nous, globalement, les démocraties occidentales, sommes transies par l’oubli. Nous oublions que la liberté de parole, d’initiative, de création, dont nous disposons, a du être conquise face aux superstitions, à l’obscurantisme, à l’arbitraire, à l’intolérance, aux prétentions de certains de détenir le pouvoir absolu. Nous oublions  ce que nous devons à ceux qui ont revendiqué le « droit d’avoir des droits » en disant que l’être humain, parce qu’il est un être humain, parce qu’il a une conscience et une individualité singulière, ne peut être traité comme un objet ou considéré comme un animal. Nous oublions que les droits naturels de l’être humain doivent être affirmés et défendus au fil de combats incessants contre ceux qui cherchent à détruire, éroder ou nier ces droits. Nous oublions qu’une société de droit est toujours assiégée de l’extérieur et de l’intérieur par ses ennemis, et doit, sans cesse, pour survivre et durer, voir ses valeurs se trouver réaffirmées. Nous oublions ce que nous devons à la connaissance, à la possibilité de dire qu’il y a une différence entre la vérité et la fausseté ou entre le bien et le mal, et à l’aptitude à nous tenir debout, les yeux ouverts et vigilants, que nous devons préserver.

Cet oubli est à l’œuvre en Israël depuis un certain temps déjà : depuis que  divers « nouveaux historiens » sont venus repeindre l’histoire du pays aux couleurs délétères du relativisme, depuis que des politiciens, pour des raisons très politiciennes, ont accepté de reprendre à leur compte des mensonges fabriqués par les ennemis d’Israël, et depuis que des mouvements comme « la paix maintenant » font de la paix dont ils parlent un absolu, tel que l’accomplissement de cet absolu aboutirait à la destruction définitive  d’Israël.

Il est aussi à l’œuvre en Europe où l’histoire s’oublie sans qu’il soit nécessaire de la repeindre, où on prétend inventer une civilisation où tout pourrait se régler par voie diplomatique et par quelques sourires, et où on prétend aussi qu’il n’est nul dictateur, nul tortionnaire, et nul génocidaire avec qui on ne puisse négocier jusqu’à ce que les négociations aboutissent.

Il est encore à l’œuvre aux Etats-Unis, où des gens tels que Jimmy Carter - à qui on doit l’arrivée au pouvoir de Khomeiny et, partant, la création du Hezbollah au Liban -, et de nombreux autres membres de la gauche démocrate pensent que le terrorisme islamique existe parce que le monde occidental n’est pas assez gentil et généreux avec le monde arabe et musulman, et sont persuadés que  l’obstacle essentiel à la paix au Proche-Orient est l’absence de concessions suffisantes de la part d’Israël.

Cet oubli se trouve renforcé par des livres et des articles qui brodent sur ces thématiques, tels celui de Walt et Mearsheimer, récemment évoqué en ces colonnes, par des reportages télévisés qui renvoient dos à dos l’agresseur et l’agressé, le criminel et celui qui essaie de se défendre contre le crime, voire par des émissions spéciales telles que God’s Warriors (Les guerriers de Dieu) de Christiane Amanpour, diffusée planétairement voici peu sur CNN. Où les principaux perturbateurs de la « tolérance » et de la « paix » apparaissaient être des évangélistes texans défendant l’existence d’Israël, ou des juifs israéliens, s’opposant, par « fanatisme », à un repli en deçà des frontières de 1967 et à un retour en Israël de quatre millions de réfugiés, grâce à qui, effectivement, il n’y aurait plus de « problème » puisqu’il n’y aurait plus d’Etat d’Israël.

Pour contrer cet oubli, il y a, en Israël, quelques publications et journalistes : au delà de la Mena, je citerai Israël magazine de mon ami André Darmon, l’excellente revue Azure, le Jerusalem Center for Public Affairs, Barry Rubin et Caroline Glick, dont les chroniques dans le Jerusalem Post sont toujours éclairantes. Aux Etats-Unis, on relève des think tanks et des auteurs courageux, David Horowitz, Daniel Pipes, Norman Podhoretz. En Europe, quelques dissidents, qui prennent des risques pour dire encore ce qui doit l’être, et que les chiens de garde de la pensée unique entendent réduire au silence. Je dirai que c’est parce qu’il existe encore des gens à même de contrer cet oubli que celui-ci n’est pas hégémonique, et que tout n’est pas perdu.

II.     Cela me conduit au deuxième point : savoir encore qui est notre ennemi. L’oubli de « qui est notre ennemi » est, en fait, le complément symétrique de l’oubli de « ce que nous sommes ». Lorsqu’on oublie ce que sont le droit, la liberté et le bien, lorsqu’on n’est plus capable de discerner les leçons de l’histoire et la vérité, on oublie ce que sont les négations du droit, de la liberté, du bien, de l’histoire et de la vérité, et on se fait des illusions graves sur les vecteurs de ces négations.

En Israël, les illusions ont été, ainsi, le processus d’Oslo - où se trouvait laissé de côté le fait que le « partenaire pour la paix » était un adepte de la falsification et un adversaire despotique voué à la guerre totale -, les dits « accords de Genève », où il s’agissait seulement pour des menteurs génocidaires de déterminer à quelle sauce Israël devrait être mangé, et quel rôle joueraient des idiots utiles réduits au rôle de condiments. Ces illusions se prolongent aujourd’hui dans la reprise de négociations dans le cadre d’Oslo, ou dans celui d’un clone du cadre d’Oslo, et dans la prorogation de ces négociations à l’éventuelle conférence d’Annapolis, si elle a lieu.

En Europe, ces errements sont rigoureusement et désespérément semblables, et le fait que processus d’Oslo et accords de Genève soient nés en Europe n’y est pas étranger. Tony Blair, ainsi, chargé désormais du dossier, va s’efforcer de faire avancer un « processus de paix », qui, s’il est bien un processus, n’a strictement rien à voir avec la moindre paix.

Aux Etats-Unis, les illusions n’ont pas le degré de prévalence qu’elles ont en Europe. Quand George Bush parle d’un Etat palestinien, il donne toujours, comme préalable, que cet Etat devra apporter les preuves qu’il sera démocratique et respectueux des droits de l’être humain, ce qui, pour l’Autorité palestinienne, ou ce qu’il en reste, équivaudrait à réaliser la quadrature du cercle. Il prononcera sans doute quelques paroles verbales à Annapolis, si Annapolis il y a. Des démocrates de gauche seraient prêts, eux, - tout comme les dits « réalistes » dans le camp républicain - à faire beaucoup de « sacrifices » fut-ce, selon l’expression de Bush père et de James Baker, en « tordant le bras » à Israël.

Contrer ces illusions devrait être facile. Est-ce si difficile d’en revenir aux faits, de réexpliquer ce que sont mensonge et totalitarisme, et de dire qu’on ne peut faire la paix avec des totalitaristes ? Or ce n’est pas le cas, force est de le constater. Et ce n’est pas faute, à la décharge des publications, journalistes et think tanks cités plus haut, de tout faire pour cela.

III.     Ce qui nous mène au troisième point : le risque de la défaite.

Israël a gagné en 1947-48, en 1967, en 1973, parce que les Israéliens savaient qu’ils se battaient pour une cause juste et pour leur survie. Le peuple d’Israël garde en lui la détermination requise pour résister, mais les semeurs d’illusions ont fait leur œuvre délétère, et cela a d’ores et déjà eu des conséquences, hélas très visibles, depuis plus d’un an : une guerre mal conduite, des morts inutiles, un gouvernement discrédité qui se maintient néanmoins au pouvoir.

L’Europe, elle, n’a pas à se battre, car elle a baissé collectivement les gants et s’est réfugiée dans l’anesthésie. Elle est enlisée dans le défaitisme préventif, une soumission qui ne dit pas son nom et la volonté lasse de sortir de l’histoire. Je crains de devoir dire qu’elle est déjà perdue, et je le dis avec tristesse, mais en ne pouvant esquiver les constats qu’ont fait, avant moi, Mark Stein dans « America Alone » ou Walter Laqueur dans « The Last Days of Europe ». Je doute que Nicolas Sarkozy puisse inverser la tendance, et je serais heureux de me tromper.

Restent les Etats-Unis. Et une fois encore, c’est sur eux que tout repose ou presque. George Bush sait « qui est l’ennemi » et qui « nous sommes » : c’est pour cela qu’il a été et reste si détesté par l’ennemi, par les adeptes de l’anesthésie et par les semeurs d’illusions. Des hommes tels que Rudy Giuliani, Joe Lieberman, John McCain ou Fred Thompson, pour ne citer qu’eux, savent eux aussi ce que sait Bush. Barack Obama, en face, a montré qu’il ne sait rien, et on peut légitimement se demander si Hillary Rodham Clinton sait quelque chose de plus que Jimmy Carter. On peut compter sur ceux qui détestent Bush pour tenter d’assurer la victoire de ceux qui ne savent rien ou savent fort peu. L’année qui vient sera difficile et décisive.




Par Guy Millière :  © Metula News Agency

 
Partager cet article
Repost0
25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 23:53
2.JPGL’actualité du communisme est double ce mois-ci. Il y a quatre-vingt dix ans avait lieu la révolution d’Octobre*. Et il y a dix ans, à l’occasion des quatre-vingts ans de cette dernière, la publication du Livre noir du communisme faisait l’état des lieux des crimes perpétrés par les communistes au pouvoir. Dans cet éditorial, nous souhaitons aborder la seconde. Pour souligner l’existence d’un tabou sur les crimes du communisme.
 
L’un des rôles de l’historien consiste à briser les tabous. Et cela ne va pas sans risques. On l’a bien vu il y a dix ans lorsque fut publié, en octobre 1997, Le livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, [1] travail collectif des historiens les plus calés sur le sujet et rassemblant le bilan macabre de l’un des régimes les plus terribles de l’histoire. Car ce livre a violé un tabou profondément enraciné dans nos sociétés, et qui l’est encore d’ailleurs : celui qui pèse sur les crimes du communisme.
 
Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance des réactions provoquées par Le Livre noir. En Allemagne, par exemple, l’un des auteurs, Stéphane Courtois, passa cinq jours pour assurer la promotion de l’ouvrage. Systématiquement, des gauchistes manifestèrent bruyamment, provoquèrent du désordre et criaient : « Vive le communisme ! » Pour que des énergumènes souhaitent vie à un système qui a broyé des millions d’individus et dont les crimes faisaient l’objet du livre ayant causé leur déchaînement de fureur, il fallait qu’ils éprouvent le plus profond mépris pour la vie humaine.
 
Autre exemple. Annette Wieviorka déclarait, dans Le Monde du 27 novembre 1997, que cet ouvrage tendait à « substituer dans la mémoire des peuples la criminalité communiste à la criminalité nazie ». Pierre Vidal-Naquet reprit le même pseudo argument dans Critique communiste de février 1998 en disant que cet ouvrage avait pour but de « substituer les crimes du communisme et pas seulement du stalinisme à ceux du nazisme comme repoussoir universel ».
 
Il est affligeant de constater que des personnes appartenant à la communauté scientifique tiennent de tels propos. En quoi l’étude d’un phénomène historique pourrait-elle remplacer dans la mémoire collective celle d’un autre ? Mais ce qui est encore plus grave de la part de ces éminents chercheurs, c’est l’accusation implicite de « fascisme » que contiennent leurs propos. Car si le Livre noir vise à faire oublier les crimes nazis, c’est donc qu’il joue le jeu des extrémistes de droite et des néonazis. Ces deux historiens français se rendaient-ils compte qu’ils traitaient ainsi un ouvrage d’histoire de la manière la plus stalinienne qui soit ?
 
Alain Blum, directeur de recherches à l’Institut national d’études démographiques, osa affirmer, dans Le Monde du 18 novembre 1997 que Le Livre noir du communisme était… « la négation de l’histoire » ! Donc, un ouvrage qui recense aussi précisément que possible le nombre de victimes de crimes contre l’humanité serait un ouvrage négationniste ? Alors que l’un des plus grands historiens français, François Furet, aurait du préfacer le livre, si sa mort ne l’avait empêché.
 
Mais ces réactions sont encore mesurées comparées à d’autres. En effet, commettre le sacrilège d’évoquer les crimes de Lénine ou Pol Pot vous classe immédiatement comme fasciste, ou, du moins, dans le camp de l’extrême droite.
 
Dans Le Monde du 9 novembre 1997, Patrick Jarreau affirma à propos du Livre noir : « La référence au crime contre l’humanité […] rappelle les propos tenus par Jean-Marie Le Pen. » Parce que l’assassinat de près de cent millions de personnes, ce n’est pas un crime contre l’humanité ? Le génocide perpétré au Cambodge n’est pas un crime contre l’humanité ? L’extermination des koulaks « en tant que classe », c’est-à-dire pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font, n’est pas un crime contre l’humanité ? En tout cas, l’assimilation à l’extrême droite sous-entend une accusation de fascisme.
 
L’émission « La Marche du siècle » du 4 décembre 1997 était consacrée au Livre noir du communisme. Étaient présents, notamment, Jacques Rossi, rescapé du goulag, Stéphane Courtois et Robert Hue, dirigeant du PCF. À un moment de l’émission, ce dernier brandit un exemplaire du journal d’extrême droite National Hebdo en accusant ses contradicteurs de faire le jeu du fascisme. Encore une fois, l’accusation était utilisée…
 
Toujours dans le domaine télévisé, lors de l’émission « Bouillon de culture » du 7 novembre 1998, l’un des communistes présents sur le plateau traita Stéphane Courtois d’antisémite. L’insulte est un substitut commode au raisonnement…
 
Quand ce ne sont pas les représentants du PCF, c’est celui du Parti socialiste qui s’illustre de manière peu glorieuse. François Hollande, Premier secrétaire du PS, se demanda à propos du Livre noir du communisme : « Chercherait-on à préparer demain des alliances avec l’extrême droite, que l’on prétendrait ainsi légitimer d’avance ? » Et voilà ! Un travail scientifique, fruit de la collaboration des plus grands historiens, n’est pas considéré pour ce qu’il est – une contribution à la recherche historique – mais comme un travail d’extrémistes de droite ! Pour la énième fois, comme du temps de Staline, oser seulement mentionner l’existence des crimes communistes fait de vous un fasciste.
 
Mais le sommet de la stupidité fut probablement atteint par Madeleine Rebérioux quand elle déclara au journal L’Humanité le 7 novembre 1997, que le but du Livre noir était d’innocenter Maurice Papon, ancien préfet de Bordeaux du temps de Vichy dont le procès se tenait au même moment. Le procédé stalinien est toujours le même : parler des crimes du communisme, c’est être fasciste. Une partie de la gauche intellectuelle use donc des mêmes procédés qui étaient ceux du temps de son adoré Petit Père des peuples.
 
Cependant, toute la gauche n’est pas tombée aussi bas dans la médiocrité intellectuelle et morale. Ainsi, Jean-François Bouthors par exemple, dans un article de La            Croix, sauva l’honneur en livrant notamment ce très beau passage : « Il faut lire page après page ce livre et ne pas se lancer dans la polémique qu’il suscite sans avoir respecté les victimes dont il est question. On lira page après page, d’un bout à l’autre. En se disant peut-être qu’une page, c’est un pas, modeste, parmi ceux des déportés, et qu’on restera si loin du compte pour se faire une idée du drame, de la souffrance […] C’est ainsi qu’on aura rempli le devoir de mémoire. »
 
Malheureusement, ce devoir de mémoire nécessaire vis-à-vis des crimes communistes ne peut être effectif que s’il reste des choses à se souvenir. Or, le tabou qui pèse sur ces crimes est ancien.
 
En 1935, Boris Souvarine ne put trouver que difficilement un éditeur – Plon – pour son Staline, première biographie du Petit Père des peuples, qui relatait la féroce répression en cours en URSS. En raison de la censure des serviteurs du communisme, le livre resta introuvable jusqu’à sa réédition en 1977 et fut jugé bien trop excessif, non seulement par la gauche, ce qui est compréhensible, mais aussi par la droite.
 
L’année suivante, André Gide commit lui aussi le crime de dire la vérité. Il publia son Retour d’URSS, après son voyage en Union soviétique. Déjà, des intellectuels communistes, comme Louis Aragon, avaient tenté de faire pression sur lui pour l’empêcher de publier son livre. Hélas, l’intimidation ne fonctionna pas. Et par conséquent, les injures s’abattirent sur lui, émanant aussi bien de L’Humanité que de la Pravda. Les intellectuels de gauche le qualifièrent de « traître » et de fasciste, accusation indémodable…
 
En 1946, un ancien fonctionnaire soviétique, Victor Andreï Kravchenko, commit le sacrilège de publier aux Etats-Unis I chose freedom, traduit en français l’année suivante – J’ai choisi la liberté. Il y raconte notamment comment il fut choqué par les horreurs du stalinisme. Aussitôt le service d’ordre se mit en branle. L’éditeur français du livre, Jean de Kerdeland, reçut, la nuit, des menaces par téléphone. L’hebdomadaire communiste Les Lettres françaises publia, le 13 novembre 1947, un article traitant Kravchenko de menteur et l’accusant d’être à la solde des Etats-Unis.
 
En 1974, fut traduit en français le livre d’Alexandre Soljenitsyne L’Archipel du Goulag qui dénonçait le système stalinien. Les réactions d’une partie de la gauche resservirent les mêmes accusations de fascisme. Ainsi, dans Le Monde, Bernard Chapuis déclara en 1975 : « Alexandre Soljenitsyne regrette que l’Occident ait soutenu l’URSS contre l’Allemagne nazie… Avant lui, des Occidentaux comme Pierre Laval avaient pensé de même et des gens comme Doriot et Déat accueillaient des nazis en libérateurs. » Cette assimilation au régime de Vichy annonce les propos de Madeleine Rebérioux à propos du Livre noir
 
Contre le pestiféré Soljenitsyne, lors d’une émission de télévision en Espagne, un autre intellectuel de gauche, Juan Benet, n’eut aucune honte à affirmer en 1976 : « Je crois fermement qu’aussi longtemps qu’existeront des gens comme Alexandre Soljenitsyne, les camps de concentration devront continuer d’exister. Peut-être même devraient-ils être un peu mieux surveillés, afin que des personnes comme Alexandre Soljenitsyne ne puissent pas en sortir. » Nul besoin de commentaires. Jean-Paul Sartre, quant à lui, qualifia Soljenitsyne d’« élément nuisible ».
 
Toutes ces stigmatisations contre ceux qui commirent le crime de dire la vérité, toute cette répression mise en œuvre par le service d’ordre procommuniste, se répétèrent donc à la sortie du Livre noir. L’on objectera que ces réactions s’expliquent par des désaccords profonds vis-à-vis des conclusions tirées par Stéphane Courtois qui considère que le communisme est intrinsèquement criminel et qui fait le parallèle avec le nazisme. Deux remarques peuvent être faites.
 
Premièrement, on ne voit pas en quoi comparer nazisme et communisme serait scandaleux. Quand, d’un côté comme de l’autre, nous avons un totalitarisme qui produit des montagnes de cadavres, il paraît difficile pour un historien de ne pas penser à faire un parallèle. Deuxièmement, la comparaison avec le nazisme ainsi que la question de la nature véritable du communisme sont l’objet de débats chez les historiens ; Stéphane Courtois ne faisait donc que prendre part à ces débats, à sa manière, certes, en proposant sa vision des choses, mais seulement dans la préface et la conclusion du livre. Si vraiment les réactions virulentes que nous avons vues s’expliquaient par un désaccord avec les positions de Stéphane Courtois, il aurait été inutile de diaboliser le livre en entier puisque seule l’introduction et la conclusion étaient incriminées. Au demeurant, quand on ne partage pas une opinion donnée, on argumente pour la contredire et donner son propre point de vue. Or, qu’avons-nous vu ? Des insultes et des propos négationnistes. Non, ce qui est bien criminel dans le Livre noir aux yeux d’une bonne partie de la gauche, c’est le simple fait qu’il existe. Le sacrilège, c’est de dire la vérité.
 
Ainsi, lorsque la revue L’Histoire publia, en octobre 2000, un dossier consacré aux « crimes du communisme », elle s’attira les foudres de nombreux lecteurs. L’éditorial expliquait pourtant sans ambiguïté que son seul souci était d’« établir le constat de cette réalité criminelle » et contenait ce passage on ne peut plus clair : « Comment une doctrine destinée à libérer les hommes a servi d’instrument de tyrannie et désolation : nous ne prétendons pas rendre ici raison d’un tel phénomène. » (c’est nous qui soulignons) Autrement dit : « Nous ne donnons même pas d’avis sur la question, nous soumettons seulement les faits. »
 
Mais c’était encore trop pour certains : preuve que c’est donc bien l’évocation même des crimes qui est gênante, et non les éventuelles conclusions que l’on pourrait en tirer. Le courrier des lecteurs publié le mois suivant le montre. L’un d’eux, Florian Gulli, écrivait : « Je reproche à votre numéro spécial de diffuser, sous couvert d’une critique du communisme, des idéaux que nous ne pouvons nommer autrement que “libéraux”. » Ainsi, lorsqu’un travail d’histoire est entrepris sur ce sujet, c’est forcément parce que ce sont de basses motivations politiques qui y poussent, et non la curiosité scientifique et le souci de comprendre un phénomène historique. Cette fois, au moins, on ne se fait pas insulter de fasciste... L’Histoire avait encore écrit dans son éditorial d’octobre 2000 : « Longtemps, parler des "crimes du communisme" a été considéré comme relevant de l’idéologie, du parti pris politique. » Hélas ! ce n’est pas au passé qu’il faut écrire cette phrase, mais bien au présent. Florian Guilli n’écrit pas à l’époque où Staline était adulé ; il écrit à l’aube du XXIe siècle ! Et les réactions qui ont suivi la publication du Livre noir datent bien de 1997-1998 !
 
Un autre lecteur, quant à lui, avait cru intelligent d’affirmer : « N’y aurait-il pas derrière tout cela comme un sous-entendu sournois, quelque chose comme : après tout, les crimes nazis sont peut-être moins abominables que les crimes “communistes” parce qu’ils n’ont pas fait 100 000 000 de morts, pourquoi tant insister sur les crimes nazis puisqu’il y a pis ? » Là encore, on retrouve la stupide idée déjà développée par Annette Wieviorka et Pierre Vidal-Naquet : on évoquerait les crimes communistes pour remplacer dans la mémoire collective le souvenir de ceux commis par les nazis. Ce lecteur, qui visiblement n’avait jamais lu L’Histoire, aurait du s’informer et se serait aperçu du nombre d’articles publiés par cette revue sur le nazisme et ses crimes.
 
En outre, L’Histoire n’est pas la seule revue historique et de science humaine, loin s’en faut ; elle ne saurait donc, à elle seule, – si c’était le cas – être en mesure de remplacer dans la mémoire collective la criminalité nazie par la criminalité communiste. Quant à la somme de livres publiés sur les crimes du nazisme, elle semble elle aussi ignorée par ceux qui voient dans chaque évocation des crimes communistes un « sous-entendu sournois ».
 
En somme, aujourd’hui comme hier, tout anticommuniste « est un chien » selon les mots mêmes de Jean-Paul Sartre… Les pratiques staliniennes qui avaient cours depuis les années 1930 existent toujours. Comme à cette époque, si nous commettons l’erreur impardonnable de parler de ces crimes, nous sommes forcément fascistes. Les gardes rouges intellectuels sont toujours très actifs dans la censure vigilante qui doit s’exercer sur les crimes commis par leur camp politique. Cette terreur intellectuelle a pour conséquence une « amnésie » des crimes du communisme qui correspond à une « hypermnésie » des crimes nazis. Le souvenir des crimes communistes n’existe donc pas, ou a du mal à s’affirmer, ce qui explique que le fameux « devoir de mémoire » dont on nous rebat sans cesse les oreilles ne s’applique qu’aux crimes nazis.
 
Cette amnésie des crimes communistes se traduit par des faits significatifs. Songeons par exemple à ces jeunes gens en panne d’espérance révolutionnaire qui arborent sur leurs T-shirts ou leurs sacs le visage du criminel communiste Che Guevara. [2]
 
Un exemple est rapporté par Jacques Marseille dans Le Figaro du 26 avril 2002 : « Quand je siégeais au jury de HEC, dit-il, j’interrogeais souvent les étudiants sur le stalinisme. La plupart d’entre eux, très sérieusement, me répondaient que l’erreur du Petit Père des peuples était d’avoir privilégié le secteur des biens de production sur le secteur des biens de consommation. Je leur demandais alors s’ils ne voyaient rien de plus grave, le goulag par exemple… Stupeur ! » Les jeunes générations, en l’occurrence des étudiants, n’ont visiblement pas une vue exacte de ce que fut le stalinisme.
 
Troisième exemple, encore plus éloquent. Le 16 juillet 1999, Jacques Chirac inaugura un Centre de la mémoire à Oradour-sur-Glane, village symbole de la barbarie nazie. [3] Son discours visait à condamner « tous » les massacres de masse de l’histoire et autres génocides. Tous ? Non. Aucun crime communiste ne fut mentionné, pas un seul. Les goulags n’ont jamais existé, Katyn a disparu, le génocide perpétré par Pol Pot au Cambodge [4] n’a jamais eu lieu, la Révolution culturelle ou le Grand Bond en avant chinois se sont évaporés. Lénine, Staline, Mao Zedong, Kim Il Sung ou Castro furent oubliés. Le passé sanglant de la gauche a été effacé…
 
Ces quelques exemples montrent que le passé communiste a été, et est encore, l’objet d’une vigilante censure. Aussi, quand Annette Wieviorka écrit que Le Livre noir du communisme vise à « substituer dans la mémoire des peuples la criminalité communiste à la criminalité nazie », elle inverse audacieusement les rôles !Peut-on lui rappeler que, précisément, les victimes du nazisme étant les seules à faire l’objet du fameux « devoir de mémoire », nous serions en mesure d’affirmer que ce sont plutôt elles qui sont instrumentalisées pour masquer la réalité des régimes communistes ? Peut-on aussi lui faire remarquer qu’en s’insurgeant contre la publication d’un travail d’historiens rendant compte des crimes d’un totalitarisme, elle pratique une forme de négationnisme, un négationnisme par omission : « non, ne parlez pas de ces atrocités, elles doivent être passées sous silence, il ne faut rien dire, il faut… mentir » ?
 
Nous nous sommes longuement attardés sur les manifestations de ce tabou pesant sur les crimes du communisme. Il faut maintenant chercher à expliquer pour quelles raisons il opère. Trois facteurs peuvent être mis en avant.
 
La première explication réside dans le fait que l’on juge le communisme sur ses intentions. Le communisme reste, malgré ses crimes, la doctrine visant à libérer la classe ouvrière, préconisant plus de justice sociale et un modèle supérieur de démocratie. Par conséquent, évoquer ses crimes viserait à combattre la justice sociale et les opprimés, et non à lutter pour la vérité, pour le respect de la vie humaine et pour la liberté ! C’est ce qui explique des réactions comme celles de Florian Guilli qui voit une apologie du libéralisme et du capitalisme dans le travail historique du magazine L’Histoire, accusée ainsi de prendre parti. En réalité, ceux qui instrumentalisent et politisent l’histoire, ce sont plutôt les sympathisants ou les anciens compagnons de route du communisme, comme le prouve justement la lettre de M. Guilli.
 
Cette attitude qui consiste à réduire le communisme à ses seules intentions peut être illustrée par plusieurs exemples. En 1991, Lily Marcou, en parlant de ceux qui ont servi ou accompagné le communisme au XXe siècle, déclare que « leur engagement était porteur d’une générosité et d’un altruisme qui n’existent plus en cette fin de siècle ». [4] En clair, malgré ses crimes, le communisme reste supérieur en raison de sa « générosité » et de son « altruisme ».
 
Quand le cardinal Decourtray commit le sacrilège de dire, dans Le Figaro du 5 janvier 1990, qu’effectivement, au XXe siècle, le communisme provoqua de nombreuses catastrophes, des répliques le rappelèrent à l’ordre. Ainsi, dans La Croix du 10 février, lisait-on ces deux phrases tout à fait significatives : « Va-t-on jeter le soupçon sur ceux qui luttent contre les injustices ? » et « Une gifle vient d’être donnée à de nombreux visages d’hommes et de femmes engagés dans la lutte pour la libération de l’humanité. » Ainsi, avoir soutenu Staline ou Mao Zedong, c’est avoir combattu « contre les injustices » et « pour la libération de l’humanité »…
 
Deuxièmement, on trouve dans les réactions peu glorieuses que nous avons vues, un résidu de l’héritage communiste des années 1930-1940. Des communistes, en effet, ont participé à la Résistance, et l’Union soviétique a contribué à la guerre contre Hitler. Le communisme est donc resté, dans l’imaginaire, la lutte contre le nazisme, d’où les accusations, totalement obsolètes aujourd’hui, de fascisme que nous avons rencontrées à maintes reprises : comme si, aujourd’hui comme hier, critiquer l’URSS, ou plus généralement les régimes communistes, consistait à faire le jeu de ses ennemis (imaginaires de nos jours !). La conséquence surprenante est que le communisme, qui s’est incarné dans les camps de concentration, les massacres de masse et les génocides, est associé à la démocratie et à la liberté ! Mentionner ses crimes devient donc interdit.
 
Le troisième et dernier facteur que l’on peut mentionner concerne plus particulièrement Le Livre noir du communisme. Cet ouvrage en effet ne s’intéressait pas à l’idée communiste, à ses intentions, à ses belles promesses. Il s’intéressait à sa réalité, meurtrière. L’enseignement à en tirer, intolérable pour la gauche, venait du fait que Le Livre noir présentait, pour la première fois, un bilan global du communisme. Il s’intéressait à tous les régimes communistes, sans exception. Aussi, avec ce livre, on constatait que le communisme au pouvoir était systématiquement criminel. Bref, ce qui était insupportable pour les sympathisants ou les anciens compagnons de route du communisme, c’était la réalité suivante : avoir été communiste, c’est avoir été criminel ou, du moins, complice de crimes contre l’humanité.
 
Telles sont les explications que nous pouvons donner pour rendre compte du tabou pesant sur la criminalité communiste. Un tabou qu’il faut, plus que jamais, briser. Car le communisme, à la différence du nazisme, continue, en 2007, quatre-vingt-dix ans après la révolution d’Octobre et près de vingt ans après la chute du Mur de Berlin, à commettre des exactions.
 
 
Aller plus loin :
RIGOULOT, Pierre et YANNAKAKIS, Ilios, Un pavé dans l’histoire. Le débat français sur Le Livre noir du communisme, Paris, Robert Laffont, 1998.

 
[1] COURTOIS, Stéphane, et alii, Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1997.
 
 
[3] Le 10 juin 1944, dans ce village, la division Das Reich incendia les maisons, rassembla les hommes dans les granges, les femmes et les enfants dans l’église. 642 personnes furent assassinées.
 
 
[4] Communication lors du colloque consacré aux Défis démocratiques des 26-27 avril 1991.
 
Partager cet article
Repost0
24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 23:51
hillary-20clinton.jpgPour la première fois à moins de six semaines du début officiel de la course, un sondage donne la candidate démocrate perdante contre n’importe quel adversaire républicain.
Elle était jusque là décrite comme l’unique candidate capable de battre les Républicains. Mais pour la première fois depuis le début de la campagne, un sondage donne non seulement Hillary Clinton perdante face à Rudy Giuliani, mais aussi contre tous les autres candidats républicains. Une déconvenue de taille à 38 jours des premières échéances électorales dans l’Iowa pour une ex Première Dame qui caracolait jusqu’à il y a peu en tête des sondages.

Selon cette enquête de l’Institut Zogby, un organisme indépendant, si elle était nommée par le Parti démocrate,
Hillary Clinton perdrait par 38% contre 42% face au sénateur John McCain, par 40% contre 43% contre l’ex-maire de New York Rudy Giuliani, l’actuel favori, et par 40 % à 43% face à l’ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney.

Même les candidats les moins bien placés dans les sondages au niveau national comme l’ex gouverneur de l’Arkansas,
Mike Huckabee, ou l’ancien sénateur et acteur, Fred Thompson, viendraient à bout de Hillary Clinton, par 44% à 39%, et 44 à 40% respectivement.

Un recul qui se fait également de plus en plus sentir au sein même du parti démocrate. Reléguée en deuxième position
http://www.abcnews.go.com/images/PollingUnit/1051a1IowaDems.pdf derrière Barack Obama dans l’état-clef de l’Iowa, Hillary Clinton restait en tête mais accusait un recul de 10 points face à son rival de l’Illinois, le 21 novembre dernier, dans le dernier sondage Zogby pour Reuters.

Le sondage de l’Institut Zogby a été mené sur un échantillon de 9,150 personnes à travers les Etats-Unis entre le 21 et le 26 novembre, avec une marge d’erreur de un point.

L’agression contre les Noirs indépendants, intelligents, talentueux
 
                                          Par Bruce Thornton, traduction ADAMASTOR


Lorsque Barack Obama a accusé Hillary Clinton de "jouer la carte du genre sexuel," l'hypocrisie qui caractérise notre discours public sur la race est entré dans le surréalisme. 
La carrière entière d’Obama a été créé par et exploitée en fonction de la perception qu'il projette d’être - fils d'une mère blanche et d'un père africain, élevé à Hawaii, diplômé de Columbia et Harvard - "noir", c'est-à-dire victime de l'incorrigible racisme et oppression de l’Amérique. En d'autres termes, il est arrivé là où il est en jouant subtilement - ou en permettant à d'autres de jouer pour lui - l’atout le plus puissant dans le jeu du pouvoir social et politique. 

Les règles de ce jeu posent que tous les Noirs, aussi privilégiés soient-ils, sont des victimes, que tous les Blancs sont des racistes oppresseurs qui ne pigent tout simplement pas, tout dysfonctionnement culturel noir étant une conséquence du racisme des Blancs, et seuls les Blancs reconnaissant bruyamment et de manière répétée leur culpabilité peuvent se racheter en procédant à des réparations sociales, économiques et politiques. 

Les champions à ce jeu sont les démocrates arnaqueurs du racial, les Jesse Jackson, Al Sharpton et Cornel West. 

Mais ces jours-ci même certains Républicains ont accepté ces règles truquées. 

Il suffit de voir avec quelle facilité toute la catastrophe Katrina, conséquence du gouvernement noir indélogeable et inepte d’une ville, a été jeté au pied de l'administration Bush. 

Mais il y a une conséquence encore plus insidieuse à cette façon de rendre compte des choses par la race: l'institutionnalisation de l'infériorité et de la dépendance des Noirs. 
Derrière la culpabilité des libéraux blancs se cache une affirmation de pouvoir pleine de suffisance: nous qui avons le pouvoir d'opprimer, nous avons aussi le pouvoir de redresser.

Comme dit le proverbe africain, la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit. Être une victime c’est être inférieur, toujours à la recherche de son oppresseur et de son libérateur. 

Une autre façon d'exprimer, comme l’ont dit Jim Sleeper, Thomas Sowell, et Shelby Steele, que les attitudes libérales raciales sont bien racistes: Elles font rentrer des millions de personnes dans la catégorie des inférieurs. Finalement, que l'infériorité soit expliquée par la conséquence de l'environnement ou de l'histoire plutôt que par les gènes, cela ne fait pas beaucoup de différence.

L'Histoire a changé, et le contexte a changé, mais malgré la profonde amélioration de la vie des Noirs américains, le fait de présumer du statut de victime, et, forcément, de l'infériorité, persiste, comme si il n'y avait pas de différence entre le fait d'être évité par un chauffeur de taxi et être lynché par le K.K.K.

Si cette attitude n'était plus en vigueur, à cette heure les autres candidats dans la course aux primaires démocrates auraient démoli la candidature ridicule et sans poids d’Obama en ridiculisant ses prétentions à la "négritude". Vous n’aimeriez pas voir Hillary diffuser un spot dans lequel la pauvre danse d’Obama avec Ellen Degeneres passerait sur l’air des Tower of Power :"You Got To Funkifize"? 

La plus horrible manifestation de racisme de gauche, on la trouve cependant dans la diabolisation de toute personne noire qui, s'éloignant de la plantation libérale, défie le scénario racial. 

Il existe une sorte de loi de l'esclave fugitif dans la culture publique en Amérique qui permet aux libéraux blancs de poursuivre et de traquer les Noirs qui osent penser par eux-mêmes et contester qu’on leur impose une humiliante identité fondée sur de tels stéréotypes.
Pièce à conviction numéro une, bien sûr, le dénigrement qui poursuit le juge de la Cour suprême Clarence Thomas. 

Comme la récente publication de ses mémoires l'a montré, ici, c'est la véritable histoire de la réussite d’un Noir contre les préjugés, une histoire de détermination et de vertu à surmonter les plus dures conditions, une parabole illustrant le pouvoir de l'esprit humain à transcender son environnement. 

Pourtant, plutôt que d'être une source d'inspiration, un modèle pour les Noirs américains et un exemple d’autonomie personnelle, le juge Thomas a été violemment considéré avec mépris et marginalisé, pour l’unique raison que sa vie et sa philosophie contestent la thèse libérale dominante de l'infériorité noire et de sa dépendance à l'égard des largesses des Blancs. 

Il a commis le plus grand crime qu’un homme noir puisse commettre dans le Décalogue libéral: il pense par lui-même et défie les idées reçues.

Les libéraux blancs idolâtreront des rappeurs analphabètes qui glorifient la violence et rabaissent les femmes plutôt que de respecter un homme noir qui pense en homme libre.
Une fois de plus, on voit comment le libéralisme moderne trahit ses propres principes. Les gens sont censés être des individus, jugés par leur propre caractère et leur fond plutôt que par leur pigmentation ou la texture de leurs cheveux, et pourtant, les Noirs sont regroupés et définis par des stéréotypes et des généralisations qui éclipsent les particularités individuelles.

La discrimination est le crime le plus odieux, et pourtant, les libéraux approuvent les programmes d'action positive qui discriminent exactement sur la base de ces mêmes stéréotypes et généralisations. 

Les libéraux ont hâte de célébrer la "culture noire", mais ils pensent qu'un peuple qui a survécu à 300 ans d'esclavage, à Jim Crow (du nom des lois prônant la ségrégation, ndt), et au racisme est toujours aussi faible et fragile au point que les Blancs doivent chuchoter l'euphémisme ridicule "le mot en n"(«nègre » ndt) de peur que les Noirs ne finissent complètement traumatisés. 

Pire encore, les libéraux sont censés donner du prix à la liberté d'expression, au penseur indépendant, au "dissident" qui conteste les idées reçues et l' orthodoxie fossilisée, l'intellectuel qui est "branché", provocateur et qui ébranle la "création". Or les penseurs noirs qui agissent ainsi - comme Thomas Sowell et Shelby Steele, par exemple - sont marginalisés, vilipendés, et transformés en «hommes invisibles» par un etablishment libéral accroché à une orthodoxie usée, tandis que tous les ménestrels postmodernes comme Cornel West sont courtisés par Princeton et Harvard.

Alors pourquoi s’étonner qu'un novice ridicule comme Barack Obama, sans expérience dans le monde du réel imparfait de la performance, des conséquences, et de la responsabilité, soit pris au sérieux en tant que candidat à la présidence uniquement sur la base de la "négritude" qu'il a fabriquée?

Les fonds de tiroir
La guerre en Irak est gagnée, l'Iran tremble, les médias s'affolent devant tant de nouvelles dommageables à leurs potes islamistes, et nous sortent un remake de "l'affaire Plame".

Alors Le Figaro 
ressucite la ridicule affaire Plame, le blog drzz encourage tous ses lecteurs à y attacher l'attention quelle mérite : c'est-à-dire aucune.

Et pour ceux qui voudraient connaître les dessous de l'affaire Plame, montée par 
la CIA pour tacler l'administration Bush, parole à Laurent Murawiec : 

Les détails qui tuent, Laurent Murawiec à Washington © Metula News Agency
Posté le Jeudi 31 août 2006, www.menapress.com
  On voudra bien, je l’espère, me pardonner l’énumération un peu ennuyeuse de l’affaire qui suit ; elle mérite toutefois d’être récapitulée pas à pas, tant son déroulement illustre à merveille la manière dont fonctionne, ou “malfonctionne”, la politique à Washington et les effets délétères de sa misérable mesquinerie sur les grandes affaires et sur la politique mondiale. Un peu de patience, donc, pendant que j’essaie de démonter une mécanique plutôt salissante.

Dans son argumentaire concernant le programme d’acquisition et de développement d’armes de destruction massives de Saddam Hussein, le discours sur l’état de l’union du 20 janvier 2003 du président Bush comportait une rapide mention – 16 mots – de tentatives irakiennes d’acheter au Niger des matériaux (du yellowcake faisant partie du cycle nucléaire. George Bush précisa que l’information provenait des services de renseignement britanniques. Il a, depuis, été établi qu’un envoyé irakien de haut rang, qui avait la responsabilité de l’acquisition de matériaux et d’équipements nucléaires, était bien allé au Niger pour prendre langue avec des dirigeants gouvernementaux locaux dans cette intention.

Les 16 mots devinrent bientôt l’objet d’une féroce polémique politique. L’opposition démocrate et les media en firent un cheval de bataille : selon eux, tout cela était faux, de fond en comble. Le trouble s’étendit jusqu’en Angleterre, où il fut définitivement établi que les services anglais avaient bien rapporté la chose, non comme un achat, mais comme une tentative exploratoire de la part des Irakiens. Bush ne s’était pas écarté des informations transmises par Londres, et Londres n’avait rien inventé. Mais, puisqu’il fallait vouer Bush aux gémonies, on épilogua sans fin, et Bush fut traîné dans la boue tel un menteur. Bush est un menteur ! Toute la guerre d’Irak, répétait-on à satiété, est fondée sur un mensonge ! L’administration monta une défense plus ou moins habile, excipant de sa sincérité et de son honnêteté. La Maison Blanche fit, quant à elle, preuve de moins d’adresse. Si l’affaire en était restée là, il ne se serait agi que de politicaillerie washingtonienne, enrobée de sa gredinerie grand style. On n’aurait eu qu’à assister, une fois de plus, à l’une de ces manipulations auxquelles se livrent, à jet continu, la grande presse écrite – New York Times, Washington Post, Los Angeles Times, pour ne mentionner que les titres les plus influents – et télévisuelle – forte de ses trois networks traditionnels, ABC, CBS et NBC, avec la CNN et MSNBC en plus –, qui penchent à gauche de la gauche, à raison de quatre-vingt à quatre-vingt-dix pour cent. C’est alors que, « pour défendre l’administration », la CIA embaucha l’ambassadeur Joseph Wilson, un diplomate quelque peu secondaire, et l’envoya au Niger « enquêter » sur les manigances nucléaires irakiennes. Il faut préciser, de crainte que le lecteur ne s’y perde, que la CIA se trouve en pleine insurrection contre Bush ; ses dirigeants passent leur temps à distiller à la presse et au Congrès des « briefings » aussi biaisés que mensongers, qui servent la gloire et les objectifs de la Centrale, au détriment du président élu par la nation. 

Détails fort troublants : la CIA a choisi Wilson sur recommandation de l’épouse de celui-ci, employée de la CIA, et bien connue des cocktails politiques mondains de la capitale fédérale. Un choix plutôt singulier, Wilson étant un opposant bien connu de la politique de Bush. Plus curieux encore fut le fait que l’agence de renseignement ne fit pas signer l’accord de confidentialité usuel au diplomate avant de l’engager, comme il est de rigueur. M. Wilson ficela ses bagages, partit au Niger, et, ô surprise, n’y ayant pas beaucoup retourné de montagnes, il ne trouve rien qui confirme les faits rapportés par les espions anglais. Il rentre donc au bercail pour y faire son rapport. Et pour conclure brillamment sa mission au service de la nation, à peine quelques semaines plus tard, Joseph Wilson se fend, dans le New York Times, d’un article qui attaque violemment l’administration Bush, l’accusant de mensonge délibéré et de manipulations magouilleuses destinés à tromper l’opinion. Pour soutenir sa thèse, l’ambassadeur-enquêteur se sert des conclusions de son propre rapport officiel. On fait difficilement mieux, ou pis, dans la forfaiture intellectuelle. Aussitôt éclate la tempête médiatique qui avait été ainsi orchestrée, sur le slogan de “Bush-menteur”. Une secousse qui se mue rapidement en tremblement de terre international. La “vérité” éclate et peut être proclamée grâce à l’admirable M. Wilson. Les parlementaires démocrates s’en saisissent et se lèchent les doigts dans la confiture. Le monde musulman monte sur ses grands chevaux. Peu après cette fantasia, le journaliste washingtonien Robert Novak, dont la solide réputation est d’être le déversoir de tout ce que l’establishment républicain modéré – c’est-à-dire non-bushien – compte de gens puissants, révèle, dans un article, que Madame Wilson, blonde pulpeuse qui, à l’Etat-civil, apparaît sous le nom de Valérie Plame, est employée par la CIA. En l’espace d’une milliseconde, voilà la presse ameutée : on y parle d’un crime honteux de Novak, mettant en danger la vie de Mme Wilson, qui a été télécommandé par la Maison Blanche ; précisément, par le conseiller politique principal de Bush, Karl Rove et le vice-président Cheney. Scandaleuse conspiration ! La Maison Blanche, dans la tradition de Nixon du Watergate, et celle du sénateur Joe McCarthy, salit la réputation de ses opposants. L’article qui lance l’affaire Plame est signé David Corn, chef du bureau de Washington de The Nation, un hebdo d’extrême gauche.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même Une machine infernale se met en route. Un special prosecutor est nommé par le ministère de la Justice, et rien ne fait plus peur aux gouvernants, aux USA s’entend bien, que l’accusation ou même le soupçon de cover-up, d’étouffer la vérité. Patrick Fitzgerald devient donc l’inquisiteur public : le special prosecutor est un procureur extraordinaire, qui ne rend de comptes à personne, dispose d’un budget illimité, et jouit de pouvoirs judiciaires extrêmement étendus. Ce statut est un legs du même Watergate et symbolise parfaitement l’explosion des pouvoirs extraconstitutionnels à la suite du scandale provoqué par Richard Nixon. Procureur aux dents longues, Fitzgerald se rue à la hussarde sur la viande fraîche que représente à ses yeux l’administration. Deux cibles préférentielles dans son collimateur : Karl Rove, et Lewis Libby, dit « Scooter », le chef d’état-major du vice-président Cheney. L’un et l’autre sont soupçonnés par Fitzgerald d’être les auteurs de la « fuite ». Ils sont ainsi amenés à consacrer la partie essentielle de leur temps à construire leur défense, négligeant les affaires de l’Etat. Ils doivent lever des fonds considérables pour payer les meilleurs avocats. Fitzgerald la joue en virtuose, distillant des fuites en direction de la presse pour entretenir l’affaire, en parfaite violation du secret de l’instruction. La curée continue. Fitzgerald désigne Libby – assurément un criminel de haut vol, puisqu’il travaille pour Cheney – à la vindicte des media et des Démocrates, qui tiennent enfin une proie juteuse, d’un calibre capable d’affaiblir Cheney et Bush. 

Entre-temps, le journaliste Novak, par lequel le scandale est arrivé, se tait et protège sa source. Quant à Joe Wilson, qui n’avait cessé de prétendre qu’il ignorait tout, mais absolument tout, des circonstances de sa désignation pour la mission Niger, il est démasqué comme authentique menteur ; il était au courant indeed. Cependant, lui et Valérie Plame posent en couverture des magazines à succès. Wilson pond un livre intitulé “La politique de la vérité”, où il se présente comme un combattant glorieux et héroïque de ladite vérité. Pensez ! « Ils » ont dégommé Libby, qui vient d’être inculpé – non pas de délit de « fuite », mais de parjure, pour avoir fait des déclarations contradictoires sur des points de détails au cours de l’interminable instruction du Grand inquisiteur. Libby a été contraint de démissionner de son poste. Dick Cheney s’en trouve effectivement affaibli. Voilà pour la préhistoire. Passons à l’histoire maintenant. Comme je l’ai souvent écrit dans les colonnes de la Mena, la première administration de George Bush était coupée en deux en ce qui concerne la politique à mener au Moyen Orient. D’un côté, Bush, Cheney et Rumsfeld, désireux de s’attaquer à Saddam Hussein, et de l’autre, Colin Powell et son second, le préposé aux coups fourrés de « Monsieur Propre Powell », Richard Armitage, porte-étendards des « modérés » et « réalistes » washingtoniens, ceux qui acceptent le grand « narratif » arabo-musulman selon lequel Israel est à l’origine de tous les maux du Moyen Orient. Un livre publié cette semaine par le journaliste de gauche du Time, Michael Isikoff, et le journaliste d’extrême gauche, David Corn, déjà nommé, établit avec certitude que la fuite était venue d’Armitage. Ce dernier avait, de plus, joué un rôle certain dans l’adjonction de la litigieuse phrase des 16 mots dans le discours de Bush. Armitage a gardé le silence alors que la réputation d’hommes intègres était traînée dans la boue à cause de lui. Powell n’a pas pipé mot, lui qui aime à poser en chevalier sans peur et sans reproche. Non seulement ces deux-là se comportent de fait en magouilleurs de bas étages – si Powell était en désaccord avec la politique de Bush, et il l’était, que n’a t-il démissionné ? – mais en hommes sans honneur. Bush a été trahi par ceux qu’il avait nommés. Il les a laissés mener leurs combines sans entraves. Il a toléré toutes leurs trahisons, leurs coups de Jarnac. Au nom de l’« esprit équipe », qu’il aura bien mal interprété, il a gardé tous les félons (Powell, Armitage), les nuls et les incompétents (Tenet à la CIA, Mueller au FBI), et ceux qui sont en profond désaccord avec sa politique (Condi Rice et Nick Burns). Fitzgerald-Torquemada, le procureur extraordinaire, sort de l’affaire comme un crétin accompli qui s’est acharné contre les moulins à vent pendant que les vrais coupables gloussaient. Il n’a ramené de sa pèche que des faux coupables dans sa gibecière. Il est probable que la belle carrière de Patrick Fitzgerald soit ruinée, et que les abus auxquels il s’est livré feront en sorte qu’aucun special prosecutor ne soit jamais plus nommé. 

Quant à la meute démocrate et médiatique, j’attends, sans impatience et sans aucun espoir, qu’elle présente ses excuses à Bush, à Cheney et à « Scooter » Libby ; qu’elle admette, ce serait bien là la moindre des choses, une certaine « imprudence », une certaine « légèreté », une « incapacité » à discerner le vrai du faux dès qu’elle aperçoit un Républicain. J’attends – et j’attendrai longtemps – l’autocritique de ces Narcisses, dont la rage écumante déborde depuis plus de six ans, et dont le souci du bien public s’efface toujours devant leurs haines idéologiques. Et la Gauche européenne, qui a fidèlement léché toutes les balivernes qui suintaient des égouts de Washington, dans laquelle quiconque n’est pas inconditionnellement islamophile est conséquemment et forcément au moins un menteur doublé d’un danger public – elle a à avaler ses chapeaux, ses casquettes, ses galures et ses bonnets. Mais n’est-il pas vain, dans ce cas, de faire appel à son sens de l’honneur et de la honte ? J’attends tout de même, ne serait-ce que pour la forme. Le jeu washingtonien, orchestré par une mafia politico-médiatique, incestueuse et convaincue de son droit inconditionnel à tout savoir, tout dicter et tout régenter, ne prendra pas fin pour autant. Les fuites instrumentées, les mensonges organisés, les saletés débitées par de grands journalistes véreux, par des politiciens éminents et jusqu’à des porteurs d’eau anonymes, en passant par les bancs de salonnards qui savent toujours tout, ce jeu ne cessera pas. Mais c’est ainsi, sous l’action des médiocrates, que ploient souvent les grands royaumes.

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2007 4 22 /11 /novembre /2007 23:43

 Par Thierry Wolton

L'islamisme, ce nouveau totalitarisme

Tout est allé si vite depuis le 11 septembre 2001 que chacun a eu le sentiment de perdre le fil logique de l'histoire. Ce livre permet de reprendre pied face aux événements. Les attentats perpétrés depuis plus d'une décennie n'ont épargné aucun continent. Vingt-neuf pays ont été victimes d'attaques terroristes. Des nations aussi différentes que la Russie et Israël, l'Indonésie, l'Australie et l'Arabie Saoudite, et des dizaines d'autres, sont sur le pied de guerre. Les moyens militaires, policiers et financiers engagés sont considérables. Nous voilà bien en présence d'un nouveau conflit mondial qui a déjà fait deux millions de morts.

Ce livre apporte des réponses simples, claires et précises à toutes les questions que nous nous posons sur le monde tel qu'il (ne) va (plus). En une cinquantaine de réponses concises, la complexité du monde est expliquée, dans un ouvrage accessible à tous. Précisons que Thierry Wolton est l'auteur de grandes enquêtes (« Le KGB en France », « La France sous influence ») et de nombreux essais sur le monde contemporain (« L'Histoire interdite », « La Fin des nations », …).


Lancé par les néoconservateurs américains avant le 11 Septembre, repris par le président Bush, le débat fait toujours rage aux États-Unis sur la nature totalitaire ou non de l'islamisme. Pour George W. Bush, on assiste aujourd'hui à un combat stratégique du «monde civilisé contre les successeurs des nazis, des fascistes, des communistes et autres totalitaires du XXe siècle».

Peut-on souscrire à une telle analyse ? Parler d'un totalitarisme islamiste nécessite de préciser ce qu'est une idéologie totalitaire, par essence religion séculière ; de voir s'il est possible de parler d'idéologie en ce qui concerne l'islamisme, qui prétend s'inspirer d'Allah et, si oui, en quoi cette idéologie serait totalitaire et quelle fonction remplit-elle auprès de ceux qui y adhèrent ou la subissent.

Pour aller à l'essentiel, le totalitarisme se distingue de la dictature ou du despotisme par l'adhésion populaire qu'il a toujours suscité. Mussolini fut longtemps le héros d'une majorité d'Italiens, Hitler sut mener les Allemands à la guerre, des millions de Soviétiques ont pleuré Staline à sa mort, nombre de Chinois sont toujours en deuil de Mao... La terreur n'est pas une explication suffisante pour comprendre comment les ressortissants des régimes totalitaires ont fini par aimer leurs bourreaux. L'idéologie est la raison essentielle de ce soutien populaire. Elle a pour fonction d'unir par des sentiments identitaires des citoyens isolés, de donner sens à leur communauté par un mythe absolu et exclusif, de leur faire reconnaître pour chef celui qui sait traduire ces impératifs en émotions collectives. Support du totalitarisme, l'idéologie doit revêtir un caractère utopique et postuler le règlement radical des problèmes de la société. On retrouve ces caractéristiques dans l'islamisme qu'on peut définir comme une interprétation politique de l'islam. [NDLR : En cela même, il ne s’évade pas du politiquement correct et demeure malgré tout assez conformiste]

Les idées d'Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans et le maître à penser de l'islam fondamentaliste, sont apparues en même temps que les autres idéologies totalitaires du XXe siècle, après la Première Guerre mondiale. On y retrouve le fond commun à toutes les pensées totalitaires : anti-occidentalisme, antilibéralisme, anti-individualisme et une explication globale du monde, de son fonctionnement et de sa destinée, en l'occurrence par la gnose islamiste.

Ce n'est pas un hasard si les islamistes ont embrasé les sociétés musulmanes dans les années 1970 quand les conditions socio-économiques ont été favorables à l'expansion de leur idéologie. Exode rural, urbanisation massive, boom démographique, alphabétisation des jeunes, tous ces bouleversements les ont servis. Ils y ont puisé leur énergie, ils y ont trouvé leurs militants en offrant un débouché idéologique à ceux qui se sentaient déboussolés par la poussée de la modernisation. Comme hier le communisme et le fascisme, l'islamisme sert de refuge dans un moment de transition où sont bousculées les hiérarchies, les solidarités traditionnelles. La religion des oulémas, des docteurs de la loi, avait du mal à suivre les transformations en cours. La nouvelle génération d'islamistes a considéré qu'elle n'avait plus besoin d'eux pour commenter les textes sacrés, et elle a cultivé sa vision politique de l'islam. À l'intérieur des pays musulmans comme à l'extérieur, dans les communautés éparpillées dans le monde, l'expansion de l'islamisme a correspondu au phénomène de globalisation, elle en a été, en quelque sorte, la réponse. Pour faire face à la destruction des sociétés traditionnelles, l'idéologie islamiste propose en effet de refonder une communauté imaginaire (utopique) où les identités qu'elle permet de (re)construire n'ont plus besoin de territoires. Une planche de salut pour des individus déracinés et acculturés.

En tant qu'idéologie totalitaire, le communisme visait à atomiser les individus en les arrachant de leurs racines sociales, politiques, culturelles, voire familiales, pour mieux les dominer, les contrôler. L'islamisme, lui, propose des repères (codes) à des individus déjà déracinés. La démarche est différente mais le résultat est le même : il s'agit dans les deux cas d'unir par des sentiments identitaires – la communauté socialiste, la communauté des croyants – des personnes isolées, de donner sens à leur communauté grâce à un mythe absolu et exclusif, le parti ou la Oumma. Pour cette raison, l'islamisme tient de l'idéologie politique et non de la croyance religieuse.

La conception totalitaire de l'islamisme apparaît pleinement quand l'idéologie s'impose à l'échelle d'un pays. Comme dans les autres variantes du totalitalisme, il se propose de construire une société idéale, de réaliser l'Utopie à partir de l'infaillibilité de l'idéologie, dans ce cas le Coran. Les talibans, qui ont imposé leur loi sur l'Afghanistan de 1996 à 2001, interdisaient notamment les oiseaux chanteurs parce qu'ils pouvaient perturber la prière, les cerfs-volants furent bannis car en allant les décrocher des arbres, on risquait d'apercevoir des femmes non voilées chez elles, la taille des barbes était calculée au centimètre près pour ressembler au Prophète... En son temps, l'Iran de Khomeyni a offert un sanglant exemple du rôle de l'islam en idéologie totalitaire dans la guerre qui a opposé son pays à l'Irak de Saddam Hussein dans la décennie 1980. Sur le brassard que portaient les jeunes gens ou les enfants envoyés sur les champs de mines pour frayer un passage à leurs aînés, au prix de leur vie, c'est le mot «islam» qui était inscrit. «L'islam est en danger», répétait le régime. Il n'était pas dit que la patrie, l'Iran, le peuple, la liberté étaient en cause. C'était l'islam qui tenait lieu de pays, de famille, d'éthique, ce qu'ont repris ensuite les terroristes islamistes qui ensanglantent le monde. Tout cela est le propre d'une idéologie totalitaire.


Thierry Wolton, « 4e Guerre mondiale », Grasset, janvier 2006


 

"Il y a chez les musulmans ou chez les exégètes de l'islam une volonté d'exonnérer la religion de toute responsabilité dans la guerre actuelle qui n'est pas sans rappeler la manière dont le communisme fut longtemps innocenté des crimes commis en son nom sous prétexte qu'il s'agissait d'une déviation du système et de son idéologie.
Selon une formule consacrée, on pourrait dire que l'islam est responsable mais pas coupable de ce qui est fait en son nom."
Thierry WOLTON

La 4e Guerre mondiale aura-t-elle lieu?
Elias Levy 



Thierry Wolton: "En allant porter la guerre en Irak, les Américains ont choisi le terrain d'affrontement."
photo: Annah Opale
La 4e Guerre mondiale, qui a déjà fait deux millions de morts, bat son plein, affirme le politologue et journaliste d'enquête Thierry Wolton dans son dernier livre. Une radioscopie très sombre et fort inquiétante de l'état géopolitique du monde.

Sommes-nous en plein dans la 4e Guerre mondiale? 

"Oui. La 4e Guerre mondiale a débuté en 1979, année de l'arrivée au pouvoir en Iran de l'ayatollah Khomeiny. À l'origine, ce conflit était une guerre à l'intérieur de l'islam, entre les musulmans chiites, très minoritaires - ils représentent à peu près 17 % de l'ensemble des musulmans - et les sunnites, fortement majoritaires. La prise du pouvoir des chiites en Iran a provoqué une espèce d'"émulation islamique" chez les sunnites. Ces derniers ne voulaient pas laisser le monopole de la contestation, de la radicalisation et du fondamentalisme aux seuls chiites. Ainsi, les sunnites se sont mis à leur tour à faire de la surenchère idéologique et religieuse. Cette guerre, presque civile, au sein de l'islam débouchera 20 ans plus tard sur une guerre menée par les islamistes contre l'ensemble de l'Occident."

Donc, c'est un conflit qui sera bien long?

"Ce sera une guerre longue et très difficile à éradiquer. Pour la première fois dans l'histoire d'un conflit armé, il n'y a pas de généraux en chef, ni d'états-majors, ni de chefs d'État... Cette guerre ne finira vraiment que lorsqu'il y aura une démocratisation du monde islamique et la naissance d'un islam des Lumières, qui, en introduisant une séparation entre l'"Église" et l'État, permettra aux peuples musulmans de goûter enfin à la démocratie. La liberté dans le monde arabo-musulman ne correspondra pas forcément au modèle occidental. Mais nous ne sommes pas encore rendus là."  

La crise iranienne chambarde-t-elle les géopolitiques du Moyen-Orient et du monde?  

"À l'époque du schah, l'Iran avait déjà la volonté de devenir une puissance nucléaire. De par sa position géographique centrale au Moyen-Orient et son poids dans la région, l'Iran a toujours eu une vocation de gendarme du Moyen-Orient. Il est clair qu'aujourd'hui, le pouvoir iranien veut exercer aussi une influence hégémonique sur les pays limitrophes. L'acquisition par le régime de Téhéran de l'arme nucléaire exacerbera sans doute l'antagonisme qui existe depuis des lustres entre les chiites et les sunnites. Si l'Iran se dote de la bombe atomique - je suis absolument convaincu que les Iraniens finiront par la posséder, à moins que les Américains ou les Israéliens n'attaquent militairement ce pays, scénario peu plausible pour le moment -, son président, Mahmoud Ahmadinejad, consolidera l'hégémonie des chiites dans la région, au grand dam des sunnites. Il est évident que l'arme nucléaire entre les mains du type de gouvernement théocratique qui régente l'Iran vise avant toute chose à garantir le pouvoir, mais aussi à menacer ses adversaires, Israël en premier."

Le théâtre de cette 4e Guerre mondiale n'est-il pas l'Irak?

"Tout à fait. Dans la guerre que les islamistes mènent aujourd'hui contre l'Occident - je dis qu'"ils mènent" parce que ce sont eux qui ont déclenché les hostilités et porté les premiers coups -, il fallait trouver un terrain d'affrontement face à un adversaire protéiforme, qui est à la fois loin et proche de nous. Un ennemi qui est à la fois en Afghanistan, dans les pays arabes, dans les banlieues des villes occidentales, où des cellules éclatées, très autonomes, sommeillent en attendant le moment propice pour passer à l'action... En allant porter la guerre en Irak, les Américains ont choisi le terrain d'affrontement. Depuis deux ans et demi, date du début de ce conflit, en dépit des attentats meurtriers commis à Madrid et à Londres, la pression du terrorisme éclaté islamiste sur l'Occident s'est atténuée. Simplement parce que tous les terroristes vont en Irak pour affronter l'armée américaine."

D'après vous, quelle sera l'issue de la guerre qui embrase actuellement l'Irak?

"Si jamais les Américains, et les Britanniques aussi, décidaient de partir la queue entre les jambes pour des raisons qui, à mon avis, n'auraient rien à voir avec la situation sur le terrain, mais à cause des critiques de plus en plus nombreuses formulées par l'opinion publique américaine - 2300 soldats américains ont déjà été tués et l'échéance présidentielle de 2008 approche à grands pas -, laissant le pays dans un chaos total, tel qu'il est encore actuellement, ce serait interprété par l'ensemble du monde islamique comme une défaite cuisante pour l'Occident. Géostratégiquement, la situation en Irak est capitale."

D'après vous, après un combat fougueux contre les islamistes, le conflit qui point à l'horizon opposera les États-Unis et la Chine. Pourtant, on a l'impression que Washington et Pékin ont scellé des alliances politiques et commerciales assez coriaces.

"En 2006, face au terrorisme, les États-Unis veulent constituer un front commun en tissant des alliances avec la Chine, la Russie et d'autres pays. Des nations qui n'ont pas du tout les mêmes valeurs, ni les mêmes intentions, que les Américains. Mais la bonne entente qui existe entre Washington et Pékin n'est qu'une entente de façade. Je me demande si, au nom de la lutte contre le terrorisme, les États-Unis ne sont pas en train de favoriser la percée de la puissance chinoise, qui sera, sans aucun doute, leur futur grand adversaire. Je ne dis pas forcément que tout ça conduira à une guerre. Mais les Chinois commencent à contester de plus en plus la superpuissance américaine. Or, que fait entre-temps l'Amérique? Elle injecte, avec un certain laxisme, des milliards de dollars dans l'économie chinoise, temporise dans le dossier de Taiwan, ferme les yeux sur la violation des droits humains par le gouvernement de Pékin... L'incohérence à son zénith!" 

La 4e Guerre mondiale. 50 questions
De Thierry Wolton

Éditions Grasset, 2006, 268 p.
Partager cet article
Repost0
20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 23:54

L'image “http://www.agoravox.fr/IMG/maurice_dantec.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.Maurice Dantec, votre dernier roman se divise en trois récits en apparence non liés, pourquoi un tel choix sur la forme ?

Une nécessité absolue née d’une contingence : je devais contractuellement un recueil de novellas à Albin Michel, à l’origine des textes déjà écrits voire publiés. J’ai changé d’orientation car l’idée de trois récits singuliers formant un roman unique s’est imposée, comme image de la Trinité, et donc comme vecteur de ce mystère. Si l’homme a été créé à l’image de Dieu il est à la fois un et trine, le problème de l’identité se pose alors entre le je, l’altérité et une troisième entité, secrète, qui permet la réunification de l’ensemble. C’est le sens ésotérique que j’ai donné au mot "artefact".

Pour moi, forme, structure, sens, rien ne peut jamais être délié, ce n’est même pas conscient, je suis un maniaque. Je crois que dans ce livre cela apparaît encore plus.

Le premier récit, Vers le nord du ciel, nous propulse au coeur des événements tragiques du 11 Septembre et s’impose en quelques chapitres comme la plus grande fiction jamais écrite sur le ground zero, récit d’un réalisme inouï s’il en est. Comment vous êtes vous documenté et enfin pourquoi démarrer votre livre sur l’effondrement des Twin Towers ?

La documentation sert à l’exactitude scientifique. Aujourd’hui elle est la composante la plus intime de nos vies grillagées par les dispositifs de contrôle. Elle est disponible partout. Je suis un maniaque de la précision, donc des nombres, j’ai passé des semaines à compulser les différents horaires, les vitesses de vol, les hectolitres de kérosène, la hauteur des étages, la puissance d’impact d’un Boeing dans une tour, etc.

Mais cela reste de la documentation. Pour raconter précisément - et au-delà du "réalisme", car un tel événement fait exploser le réel - la destruction des tours du WTC, il fallait se trouver à l’intérieur. C’est le terrible miracle de l’imagination fictionnelle : elle est cognition pure, immédiate, "extrasensorielle" en quelque sorte, sans même la médiation de vos sens et de votre "existence". J’étais donc dans la tour, avec les autres, parce que la tour était en moi, avec l’Autre. Celui qui est en moi.

Pourquoi démarrrer ainsi ? Parce qu’il s’agit de l’événement qui focalise la destruction comme point préliminaire, tel que l’indique Ernst Jünger, pour l’histoire du siècle qui vient de commencer.

D’autre part, de cette catastrophe terminale/initiale, pouvait-on percevoir une authentique vérité, pouvait-elle s’invertir et éclairer le mystère de l’amour et de l’altérité ? De l’effondrement vers l’enfer pouvait-on envisager un contrepôle nous aimantant vers le ciel ? La Paternité est-elle d’ordre purement génétique ou fait-elle intervenir un processus ontologique qui dépasse de loin le meccano protéinique ? Mon personnage extraterrestre parvient à adopter une petite terrienne, mais plus encore il en fait sa propre fille : il accélère en elle les processus évolutionnistes afin de lui faire rejoindre sa propre humanité, stellaire.

Après les Racines du Mal, Vers le nord du ciel est votre second récit édifiant de virtuosité sur la schizophrénie. Pourquoi visiter le 11 Septembre par cette maladie psychiatrique ?

Le 11 Septembre a été l’actualisation d’une schize - sans doute terminale - dans l’histoire humaine. Voici la première guerre mondiale CIVILE. Des appareils civils frappent des tours civiles, des civils détournent des avions remplis de civils pour accomplir leur "mission" purement "symbolique". C’est l’évacuation du militaire hors de la sphère de la guerre, c’est non pas le choc des civilisations, mais leur disjonction absolue, car "synthétique", "globale".

D’autre part, pour ce texte comme pour les autres, chaque personnage central est double, quoique d’une manière spécifique, c’est le problème du rapport entre identité et altérité qui est à chaque fois posé, mais depuis un point de vue à la fois conjoint et différencié, comme les personnes divines de la Trinité.

Raphaël Sorin, éditeur de Houellebecq, a salué ce premier récit comme le plus grand texte de la rentrée littéraire 2007. Pourquoi ne pas en avoir fait un roman à part entière ?

Il est un roman à part entière, toute personne de la Trinité est entière. Le premier récit est écrit - à tous les points de vue - depuis la personne du Père. Le second - Artefact - est placé sous le signe du Saint-Esprit, et le troisième, Le Monde de ce Prince, via son inversion diabolique, puis sa réversion salvatrice, sous celui du Fils - de l’Incarnation.

Comme toujours la forme s’est imposée d’elle-même, et comme je vous le disais : d’une rencontre entre la contingence et la nécessité absolue.

Le long voyage du personnage principal avec la jeune fille nous fait visiter parmi les plus beaux paysages du Canada, ses lacs, sa nature immensement poétique, telle une sorte d’éclipse onirique sur le soleil rouge du terrorisme. La beauté de la nature semble vous consoler de l’horreur humaine ?

Je n’ai besoin d’aucune consolation particulière, le Monde créé par Dieu est irrémissiblement un déversoir continu de grâce et de beauté, ensuite le monde des hommes vient y apporter ses abominations tout comme ses propres merveilles. Il n’y a rien de plus "naturel" qu’une mégalopole, car elle fonctionne comme un système organique primitif, et rien de plus "artificiel" qu’une vaste forêt sauvage car sa production n’est pas humaine, et qu’elle participe d’un Acte où la Parole a créé le Monde, donc d’un Acte artistique au plus haut degré d’intensité.

Après l’écriture-machine de Cosmos Incorporated (Albin Michel, 2005), votre style épouse cette fois ci la galaxie de l’amour filial alors que la jeune héroïne de Vers le nord du ciel n’est pas la fille du personnage principal. Quel est donc l’identité de cet amour ?

J’ai voulu commencé par la figure paternelle de la Trinité, quoi de plus logique ? Dans cette configuration-là j’avais besoin de montrer en quoi la création ontologique différait de la simple reproduction biologique. Cela fait longtemps que j’utilise les théories du junk-DNA pour mes romans. Dans ce récit je n’ai pas voulu parler explicitement de la chose, mais le fait patent que 97% de notre code génétique ne sert pas à la fabrication du meccano protéinique,née avec les autres tout comme l’Unité primordiale, aucune de ces entités n’est "créée". Je voulais essayer de suivre la ligne de fuite d’une "renaissance" extraterrestre d’un être humain par la reconstruction ontologique qui, selon moi, ne peut avoir d’autre vecteur que l’amour.

L’amour "généalogique" (filial ou fraternel, voire strictement spirituel) est d’ailleurs l’ombre portée par toutes les histoires qui s’assemblent dans ce "tri-roman".

Le second récit porte le nom du roman, Artefact, texte peu accessible en revanche, subtilement lynchien dans son traitement. Ombres sur la réalité, sur l’identité, ne serait-ce pas finalement une sorte d’autobiographie ?

Le livre s’est étrangement configuré avec la forme très précise d’un cerveau. Deux hémisphères - le premier et le dernier récit et un corps-interface - dit "corps calleux" en neurologie - qui permet l’entrelacement continu des diverses fonctions hémisphériques, le récit central.

Je savais aussi que ce qui reliait chaque récit tenait dans le fait que chaque "je" était - d’une façon ou d’une autre - un "écrivain", une "machine à écrire", et dans le récit central il fallait que cet angle de vue soit abordé de plein fouet, sans reculer devant l’indicible, car c’est ce récit qui donne sens au deux autres, même sous une forme ésotérique, je le reconnais. Il est le motif caché dans les deux récits qui le complètent.

Quant à votre question sur l’autobiographie je dirais ceci : c’est plutôt une tentative d’autodissection de l’organe même de la littérature, et de son "organiste", l’écrivain, cette "machine à écrire" qui, dans ce texte, tient une place prépondérante comme forme de vie.

Le dernier récit, Le Monde de ce Prince, dialectique du Prince de ce Monde, annonce le retour du Mal absolu dans la littérature. Il est véritablement la foudre d’Artefact et sans doute la fiction la plus hallucinante du genre noir des 10 dernières années. Tout d’abord, comment le désir d’écrire un tel monument de cruauté a pu toucher votre esprit ?

J’ai beaucoup prié pour avoir la force d’aller aussi loin au ceur des ténèbres. Je savais que j’allais laisser le Diable parler par ma bouche, c’était une expérience fascinante et effrayante tout autant que nécessaire. Je savais aussi que je pousserais au plus loin la mise en lumière de la concommittance entre le monde de la technique et la dialectique démonique, je savais que j’allais faire la démonstration que l’horreur réside dans un mécanisme plus-que-parfait, et non dans des flots de sang humain, je voulais reprendre ce thème-là où je l’avais laissé, il y a 12 ans, avec Les Racines du Mal.

D’autre part, je ne pouvais parler de la Trinité en évacuant son inversion diabolique, je ne pouvais montrer la littérature comme l’arme permettant la réunification du corps et de l’esprit sans aborder le sujet du Grand Diviseur, il fallait donc que le dernier récit, celui de l’Incarnation du Verbe, soit aussi celui de son "antéforme", et dans le monde d’aujourd’hui le Diable est paradoxalement plus "présent" maintenant que sa disparition est totale - ou quasi - et que le diabolique a pris possession de l’ensemble des pixels du simulatron général. Je devais donc sinuer sur cette paradoxale ligne de fuite : le Diable prenait des "vacances", et ses "vacances", lui qui est pur néant, consistait justement à trouver un élément humain où - provisoirement - il pouvait s’incarner. Il n’y avait dès lors aucun "pacte faustien" qui tienne. C’était l’élément humain qui, pour une fois, donnait un "pouvoir" à celui qu’il surnomme son "Grand Frère", son "Big Brother". Pour ce faire, l’humain en question devait rester totalement libre, c’est-à-dire absolument seul. Comme tout écrivain. Et c’est par l’enfant qu’il a été un jour qu’il peut choisir la seule liberté qui vaille, celle qu’on obtient par le sacrifice.

Depuis Andreas Schaltzmann, le tueur inoubliable des Racines du Mal, jamais un tueur n’a été si effrayant. Avez vous ressenti des instants de stupeur à la relecture de vos lignes ?

Je me suis dit que certaines pages était de la plus totale inhumanité. Elles étaient à la hauteur du "Grand Frère", de sa dialectique, de sa technicité définitive.

L’Amérique vous ouvre les portes par son plus important éditeur, Random House, qui publiera Babylon Babies à haut tirage dès janvier prochain, deux mois avant la sortie de son adaptation au cinéma par Mathieu Kassovitz Babylon AD. Avez-vous suivi le déroulement de la production ? Que pensez-vous du travail de ce réalisateur ?

Je n’ai pas suivi le déroulement de la production, je n’étais pas payé pour. Nous nous sommes rencontrés, lui et moi, à Montréal, durant l’été 2003 je crois bien, et nous avons échangé nos points de vue, parfois contradictoires, sur le livre et les sujets qu’il aborde. J’ai lu ensuite un scénario final que j’ai annoté, c’est le seul droit que je me suis permis, en spécifiant bien à M. Kassowitz que mes choix, spécifications, changements, etc., étaient bien sûr purement indicatifs. Je ne peux exercer aucun droit sur une oeuvre achetée rubis sur l’ongle et j’entends n’être jamais mêlé au travail du réalisateur et son équipe de scénaristes, dialoguistes, etc. Je suis un romancier, point-barre.

Je suis très curieux de voir comment un réalisateur français va s’en sortir dans un univers de science-fiction qui mélange géopolitique du chaos, sciences biologiques et cybernétiques, Gilles Deleuze, junk-DNA et Jeremy Narby.

Mis à part deux prix (Imaginaire et 813 pour vos deux premiers romans), vous n’avez jamais été courronné par un grand prix littéraire "parisien". Cosmos Incorporated sera aussi publié aux Etats-Unis cette année, en août et toujours chez Random House et vous êtes déjà sur la liste des Philip K. Dick Awards, le prix dont vous rêvez ?

Je ne rêve à aucun prix littéraire, ce n’est ni un but, ni même un simple "étalon" de mon éventuel "talent" ou "succès". J’ai dit un jour que le seul prix auquel je serais sans doute sensible se nomme le prix Hugo et qu’il est une récompense honorifique du public américain pour des oeuvres de science-fiction. J’aurais pu citer aussi bien le prix Nébula, ou les PK Dick Awards, en effet.

Je suis un écrivain nord-américain de langue française, ce serait en fait une grande fierté pour moi de pouvoir démontrer au peuple du Nouveau Monde que la littérature de mon pays d’origine n’est pas confinée sur le divan des psychanalistes du Ve arrondissement.

Michel Houellebecq a déclaré à peu de choses près que depuis une quinzaine d’années, il estimait que seul lui et vous traverserez la postérité. Pourtant vous êtes sans doute l’auteur qui peut se targuer d’être à la fois l’écricain le plus admiré et le plus haï du pays. Qu’avez-vous à lui répondre sur ce point ?

Qu’il a raison.

Internet a généré des forums de discussions où des anonymes passent des heures à critiquer, insulter parfois, sous l’alibi de la polémique. Vous êtes un des auteurs les plus attaqués dans votre pays d’origine. Qu’est-ce que vous avez à répondre aux forumistes qui s’acharnent sur vous sur internet ?

L’anonymat est une vertu typiquement franchouillarde, souvenons-nous avec émotion des héros de la délation nationale vers 1942. Un forumard est généralement un merdaillon nihiliste qui confond Oui-Oui avec Nietzsche et se propose de changer le monde en deux pets foireux sortis de son anus labial. C’est un clone de seconde catégorie d’un Jean-François Kahn ou d’une de ses catins de la "République" : un rebellocrate, comme disait Muray, qui confond le doigt qu’il maintient enfoncé dans le cul avec l’étoile du berger qu’il vient à grand peine d’apercevoir. On les trouve assis sur les plus fameuses des tinettes du Oueb, genre subversives, mais il leur arrive de posséder leur propre blog, dont ils oublient régulièrement de tirer la châsse.

Micro-Michaël Moore de la "pensée" contemporaine, autant dire de leur propre diarrhée verbale, ils se croient de "gôche" alors qu’ils ne sont que des nazillons de garderie, ou de "droite" alors qu’ils ne sont que des chihuahuas jacobins. Dans le meilleur des cas, ils peuvent postuler à la fonction de garde du corps de Dieudonné, autant dire suceur de bite agréé, ou bien aider Alain Soral à écrire les paroles du prochain tube de Jean-Marie le Pen. Hit mondial en perspective ! 

L'image “http://www.agoravox.fr/IMG/2006/logo-agoravox.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

LITTERATURE ]

Artefact - extrait du nouveau roman de Maurice G. Dantec

Extrait exclusif de 'Vers le Nord du Ciel', première machine à écrire d'ARTEFACT, prochain roman de Maurice G. Dantec.
 -Voici les première lignes d'Artefact -

C'est ce matin-là que je suis né. Ce matin-là, à 8 h 46 et 40 secondes très exactement. C'est aussi le moment où je suis mort.
Il faut reconnaître que c'était une matinée magnifique, la matinée faite sur mesure pour cette parturition qui suivrait l'arrêt de mes fonctions vitales. Car j'allais naître, et pour cela je devais mourir. Voilà pourquoi je m'étais rendu ici, dans cet endroit unique au monde : pour devenir une dernière fois ce que j'étais.
J'allais devenir humain, le temps de m'effacer de l'existence humaine. J'allais naître, j'allais naître pour mourir enfin et quitter le monde des hommes. J'allais venir au monde pour mieux pouvoir en partir.

Ce n'était franchement pas une raison pire qu'une autre.

 

Le processus était pour moi devenu une simple habitude. Pour re-naître, je devais mourir. Pour pouvoir mourir, je devais re-naître. C'est de ce paradoxe que je suis fait, il est ma nature, il est ma conscience, il est ma vie. Il est ce qui se tient au-delà même de ma vie. Il est vrai que je suis un peu plus qu'un être humain, je viens de bien plus loin, mes destinations comme mes origines ne vous sont même pas connues.
J'avais tout préparé avec une très grande précision depuis le jour où j'avais appris que les Temps s'en venaient, j'avais tout prévu, tout planifié, de mon tout premier acte postnatal au dernier geste anté-mortem. J'avais tout prévu, tout planifié, car je savais tout. Tout ce qui allait se produire, ici, sur le lieu même de ma naissance. Sur le lieu où ma mort prendrait son sens, au-delà d'elle-même.

 

J'avais tout prévu, tout planifié. Car il était temps de partir, le message avait été clair. Et on obéit forcément aux messages, ils sont là pour ça. Pour qu'on leur obéisse. C'est leur rôle, dans notre corporation. Il fallait donc que je parte. Que je quitte le monde humain. Mission accomplie, observation de l'expérience terminée. Quelques années de répit avant le grand départ, au grand maximum, de quoi mettre ses affaires en ordre, achever l'opération en cours, effacer toute trace de son passage en ce monde, puis préparer le processus. Car pour nous, nous qui vivons ici sans y être nés, nos morts et nos vies se succèdent sans trêve, grâce à des technologies dont vous ne pourriez même pas comprendre le début d'un concept de base. Notre « stock » de morts et de renaissance est généralement fixé à l'avance, pour les besoins de la Mission, mais il peut être sujet à des variations. Au dernier tour, notre naissance en tant qu'être humain est le prodrome à notre ultime déshumanisation, et notre mort sera le retour vers notre existence initiale. C'est ainsi que nous sommes faits. C'est pour cela que nous vivons parmi vous depuis des millénaires sans que vous puissiez vous douter de quoi que ce soit.
Je dois mourir pour naître à nouveau et je vais donc naître de nouveau comme être humain afin de passer la porte, la porte de la mort, la porte que j'ai franchie à tant de reprises mais que je dois me préparer à ouvrir et refermer pour la toute dernière fois, afin de revenir à mon corps d'origine, c'est-à-dire à la machine biophysique qui est mon identité première.

C'était si simple, en vérité :
J'allais naître en ce beau matin de septembre, il était 8 h 46.
J'allais naître pour pouvoir mourir, j'allais mourir pour pouvoir naître, j'allais apparaître dans l'humanité pour mieux en disparaître.
Évidemment, on ne joue pas avec la vie et la mort, l'éternité et le chaos sans qu'un véritable défi vous soit jeté en pleine face, on ne s'aventure pas au-delà des limites de la biologie et de la politique sans vivre une authentique plongée dans les abysses qui terminent toute histoire humaine. Un sacrifice. Un éclair. Un souvenir venu du futur. Et ce sacrifice coïncide comme par un fait exprès avec l'instant de ma naissance/mort, ce sacrifice est la tension induite entre les deux pôles impossibles de mon existence, ce sacrifice, il apparaît déjà à la périphérie de ma vision.

 

Il y a moi, à 8 h 46 et une poignée de secondes, en ce sublime matin de septembre, moi qui me tiens dans le vaste hall de cette firme juridique dont j'ai même oublié le nom, qui n'a en soi aucune importance, sinon comme pierre tombale parmi les pierres tombales. Il y a moi, le ciel bleu et le soleil estival qui se réfracte sur toutes les surfaces de verre des tours du centre financier. Il y a moi qui vais naître dans la lumière de ce rayon d'or qui se pose sur l'élégant parquet à la française, au milieu de la somptueuse salle d'accueil d'un de ces multiples cabinets d'avocats internationaux qui ont pris possession du quartier, de la ville, du monde en son entier, et où suis-je donc, me dis-je, sinon au centre du monde, au centre du quartier central de la ville centrale du centre-monde, le centre des échanges et des flux d'informations de tous les genres, commerciales, industrielles, financières, policières, techniques et scientifiques, politico-économiques, météorologiques, mafieuses, secrètes, pire encore, le centre de tous les mondes ; alors il y a moi, il est 8 h 46 passées d'une douzaine de secondes, la matinée est d'une luminosité surnaturelle, il y a moi qui vais naître ici même, là où tout va s'agglomérer, tous les mondes, comme lors d'une puissante fusion nucléaire, il y a moi qui me tiens quasiment au milieu de la tour, étage 90, un beau chiffre rond, il y a moi qui annonce aux secrétaires assises derrière leur desk que le monde que nous connaissons va disparaître, avec elles, avec leurs collègues, avec moi, et toutes les personnes présentes ici, il y a moi qui vais naître, parce que je dois quitter l'humanité, mais que j'y suis irrémissiblement lié, il y a moi qui regarde ce point noir dans le ciel, ce point noir qui grossit régulièrement, laissant peu à peu apercevoir sa forme et sa structure, ce point noir qui s'approche très vite des grandes surfaces de verre derrière lesquelles je souris aux hommes et aux femmes qui circulent autour de moi, leurs toutes dernières pensées grillagées dans les cases d'un tableur ou d'un logiciel de traduction.

 

Il y a moi, dans la tour Nord du World Trade Center, à 8 h 46 et un peu moins de trente secondes, il y a moi et il y a l'avion. L'avion qui vient couper le cordon ombilical qui me retenait aussi bien à la fausse humanité que j'avais tant de fois incarné qu'à mon existence première, celle de l'homme venu des étoiles.
Il y a moi qui vais naître. Alors que tous les autres vont mourir. Il y a moi qui vais pouvoir mourir, alors que tous les autres poursuivront le cours de leur existence. Il y a moi qui vais bientôt rester le dernier humain vivant encore dans cet espace particulier de la tour.
Sauf que je ne suis pas humain.
Je suis en train de m'inscrire comme parcelle d'humanité sur cette terre, mais en négatif, comme la solarisation d'une silhouette par un flash atomique. L'avion est désormais bien visible, volant à basse altitude droit dans notre direction.
Je vais naître, 8 h 46, trente-cinq secondes.
Je vais naître. Nous sommes au mois de septembre, il fait beau et chaud.
Je vais naître, en ce onze septembre, il est 8 h 46 et près de quarante secondes. Il y a comme une éternité de suspens alors que l'ombre, énorme, se précipite sur sa destination finale, sur son destin, sur nous tous, dans la tour.
L'avion, brutalement, est là, de toute sa présence, de toute sa puissance balistique, de tout son vacarme. Il est bien plus qu'un objet, il est une onde en mouvement. Une onde hurlante qui se fracasse contre la tour. Plus encore, il est cet événement terrible et inconcevable qui vient de traverser la tour de part en part avant même que la conscience ait eu le temps de comprendre ce qui se produisait, et même qu'il se produisait quelque chose.
L'éclat et le choc sont indescriptibles, ils déchirent les notions même de temps et d'espace. Chaleur, lumière, noirceur, tout n'est que variation dans le flux de l'onde, tout n'est que gradation dans l'intensité de l'événement. Tout n'est que vibration.
Le feu dans le verre, les flammes contre le métal, le métal contre le métal, le feu dans le béton. Le tonnerre des murs qui s'effondrent, des réservoirs qui explosent, le rugissements des flammes, l'épouvante mécanique des aciers fracassés, les hurlements, presque indistincts, qui parviennent d'à peu près partout, presque simultanément, dans le crescendo d'une symphonie de la peur. Et ces monceaux entiers de la tour qui s'effondrent sur moi, dans un nuage de poussière brûlante.
Ça y est, je meurs, je suis né.
Je suis né à la seconde où le monde vient d'imploser.

 

J'avais tout prévu parce que je savais tout. Je savais tout à l'avance. Et avec la précision d'un super-ordinateur. Je connaissais la date et l'heure exacte des impacts depuis des semaines. Vision précognitive et neurocontrôle multimodal de l'intuition. Des techniques qui sont la base de notre formation.
J'avais tout prévu, je savais tout, j'avais donc prévenu mes supérieurs.
J'avais envoyé le message d'urgence via une hyper-ligne de biophotons amplifiés que j'avais branché vers un relais que je savais en orbite autour de Titan. Les données seraient de là acheminées, décodées, vers le Vaisseau-Mère.
J'avais prévenu mes supérieurs, je les avais même avertis, pour ne pas dire alarmés, leur demandant en vain que la sacro-sainte politique de non-intervention qui dictait leur conduite pour les affaires humaines soit révisée.
Mais les Lois de l'Exploration AnthropoPlanétaire sont inflexibles : il faut que la menace mette toute l'espèce en péril pour que des dispositions spécifiques, et dérogeant aux règles élémentaires, puissent être envisagées avec sérénité.
Quatre attentats terroristes simultanés, même de cette envergure, ce n'était pas assez. Cela restait dans le domaine des catastrophes humaines habituelles. L'Homo Sapiens en avait vu d'autres, j'en savais quelque chose, m'avait-on fait remarquer.
J'avais alors fait valoir que l'événement allait déclencher une guerre qui concentrerait en elle toutes les guerres précédentes, une guerre aussi terminatrice qu'un Déluge, un authentique Armageddon, le danger était réel, j'avais tenté d'éclairer ce schisme particulier entre scientificité et religiosité qui allait précipiter le monde humain dans l'abîme, j'avais expliqué comment les nihilismes positivistes et leur bouclage indéfini l'empêcheraient très vite de poursuivre son aventure technique et scientifique, m'appuyant sur une argumentation véhémente j'avais dessiné les plans de ce qui adviendrait lorsque l'homo sapiens de cette planète allait finir par se rabattre sur toutes les transcendances de substitution et les utopies charlatanesques que son imagination était en mesure d'inventer. Il était même probable qu'une sorte de Post-Religion en kit, sacrificielle et planétaire, vienne jouer les démiurges pour une humanité bientôt perdue dans l'obscurité des incendies. Les derniers siècles que j'avais vécus montraient précisément la ligne typique de progression vers ce point de rupture.

La catastrophe était déjà là, il fallait se rendre à l'évidence. Mais on ne m'avait pas écouté. Pures spéculations, m'avait-on répété. Le Vaisseau-Mère resta sourd à mes multiples demandes, il me rappela sans ménagement que je passais mes toutes dernières années sur la Terre, que je ne devais pas céder au syndrome compassionnel interspécique trop bien connu, la Mission devait continuer, comme elle avait fonctionné durant un millénaire entier, je devais me préparer au retour selon les procédures en usage.
C'est pourquoi j'avais décidé d'agir. D'agir contre. Contre les règles. Contre les procédures, les usages. J'avais décidé de naître une dernière fois en tant qu'humain, comme prévu par les ordonnances du Départ, mais pas du tout selon les « procédures en usage », pas du tout dans la perspective d'un « départ dans les règles ». J'allais effectuer la pire des trahisons envisageables. Une trahison contre moi-même, contre tout ce que j'étais. De simple observateur, j'allais devenir acteur de l'histoire des hommes. Pire encore, j'allais profiter des quelques mois ou années de sursis qu'il me restait sur cette terre à parfaire cette trahison, cette naissance à l'humanité, par le sacrifice, cette ouverture vers la mort, au-delà de ma structure biophysique en attente quelque part, très loin, dans ce que les humains appellent l'Anneau des Astéroïdes.

J'avais décidé de naître/mourir au moment même où un message du Vaisseau-mère m'avertissait qu'il ne me restait que quelques maigres années d'activité sur la planète des Hommes et que le retour était pour ainsi dire imminent.
Les événements semblaient faits pour établir une conjuration de grande envergure qui dépassait de loin ma pauvre personne, et les six milliards d'humains qu'elle espionnait depuis mille ans.
Les événements semblaient faits pour tout renverser, tout carboniser, tout détruire.
Comme cette tour.
Cette tour qui tremble encore sous l'impact.
Cette tour dont tous les étages supérieurs sont déjà en feu.

 

L'avion a pénétré dans la tour Nord tout juste quatre niveaux au-dessus de nous, par la face septentrionale de l'édifice, étage 94. Je connaissais tous les paramètres de la catastrophe. Ces quatre étages de distance ne représentaient qu'une barrière très fragile face au monstre qui venait de s'impacter dans la structure, ils furent traversés dans l'instant par l'onde de choc et par des structures métalliques de taille énorme, en feu, projetées à des vitesses tout juste subsoniques. L'explosion des réservoirs éjecta un peu plus de quatre-vingt mille litres de liquide hautement inflammable, et fort bien enflammé, dans les quatre directions de l'espace, portés par un effet d'aérosol à la périphérie de la boule de feu, un peu comme ces bombes « fuel-air explosive » dont s'était servie l'armée américaine dans les sables d'Irak, une décennie auparavant. Les quatre étages supérieurs furent proprement désintégrés net, jusqu'au 98 compris où un énorme incendie se mit aussitôt en action, se propageant à toute vitesse vers le haut. Un quart d'heure après le crash, sous la zone d'impact, les étages 92 et 93 étaient complètement en feu à leur tour.

 

Les kamikazes savaient fort bien ce qu'il faisaient : la masse de l'avion, sa vitesse, le volume du carburant à la fois détonant et hautement inflammable, se consumant jusqu'à des températures de 1 200 degrés. Une cible bien haute, bien visible, bien nette, immanquable. Une haute structure de métal, de verre et de béton, fragile. Une haute colonne qui allait se voir sectionnée nette par le pouvoir des aciers et des carburants modernes.

 

Si la dynamique propre aux incendies attira immédiatement le gros des flammes vers la cime de la tour, la nature particulière du feu liquéfié l'entrava aussi aux lois de la gravité : des jets, des ruissellements, des gouttières, des cascades de kérosène en combustion descendaient vers les étages inférieurs, utilisant les trous creusés par l'accident tout comme les cages d'escaliers, ou les puits d'ascenseurs, y allumant sur leur passage autant d'incendies mortels, dans le même temps, la fumée et le feu envahissaient systématiquement les étages supérieurs, y emprisonnant tout dans une cage de métal incandescent et d'air irrespirable.

Bientôt le toit lui-même serait une vaste plaque ardente.
Bientôt la tour entière serait une condensation verticale de l'enfer.

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 23:54

Un livre à lire absolument

Présentation de l'éditeur

Pourquoi la démocratie et les droits de l'homme sont-ils nés en Occident plutôt qu'en Inde, en Chine, ou dans l'Empire ottoman ?
 

Parce que l'Occident était chrétien et que le christianisme n'est pas seulement une religion. Certes, le message des Evangiles s'enracine dans la foi en Dieu, mais le Christ enseigne aussi une éthique à portée universelle : égale dignité de tous, justice et partage, non-violence, émancipation de l'individu à l'égard du groupe et de la femme à l'égard de l'homme, liberté de choix, séparation du politique et du religieux, fraternité humaine.
 

Quand, au IVe siècle, le christianisme devient religion officielle de l'Empire romain, la sagesse du Christ est en grande partie obscurcie par l'institution ecclésiale. Elle renaît mille ans plus tard, lorsque les penseurs de la Renaissance et des Lumières s'appuient sur la " philosophie du Christ " selon l'expression d'Erasme, pour émanciper les sociétés européennes de l'emprise des pouvoirs religieux et fonder l'humanisme moderne. Frédéric Lenoir raconte ici le destin paradoxal du christianisme - du témoignage des apôtres a la naissance du monde moderne en passant par l'Inquisition - et nous fait relire les Évangiles d'un œil radicalement neuf.
 


$monBlog->title


Nouveau blog ami à supporter :

http://supportamericansoldiers.over-blog.com/


Son éditorial

De l'anti-américanisme en France 
par
Nghia NGUYEN, professeur agrégé d'histoire, chercheur en thèse de doctorat à l'Université de Paris-IV Sorbonne et créateur dudit blog 

    Etats-Unis-France.jpgDans un pays où je me suis trop souvent senti seul à défendre une Amérique que j’aime, un pays où l’oubli de sa propre histoire le dispute à la honte réelle à se dire patriote, je voudrais dire à mon tour ma honte et mon rejet le plus profond de cette injustice intellectuelle qu’est le sentiment anti-américain sous tous ses masques.

La question n’a jamais été de vouloir dire que l’Amérique est la meilleure, ni que sa société était parfaite. Bien évidemment non ! En revanche, j’ai toujours refusé de dire que son modèle était le pire, que l’Amérique était fondamentalement mauvaise, que tout ce qu’elle pouvait entreprendre était condamné par avance parce qu’elle n’avait que des intérêts économiques drapés dans un idéal d'hypocrisie.

    "La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes
" (Winston Spencer Churchill)

    Ainsi, en est-il des deux guerres que conduisent les Etats-Unis aujourd’hui en Afghanistan et en Irak. Surtout le conflit irakien où les erreurs de
George W. Bush, et l’impréparation de son administration face à ce type d’affrontement, si elles sont avérées, ne remettent en rien les intentions ni le chemin choisi par l’Amérique.

    Ce chemin est avant tout celui d’une
Démocratie conquérante, dynamique et généreuse. Si elle n’exclut pas les calculs et les intérêts – comme toute chose en matière de relations internationales… -, cette générosité est bien réelle quand on connaît l’Histoire de notre Humanité.

    Les démocraties ne se font pas la guerre, les démocraties négocient quelle que soit l’âpreté de leurs différends. Un monde démocratique ne pourra être qu’un monde apaisé, plus proche de la Civilisation en ce qu’elle est Respect des hommes. Un monde démocratique sera forcément un monde économique plus prospère, ce qui ne pourra que profiter à tous à partir du moment où l’on prendra mieux en compte les enjeux d’une meilleure
répartition des richesses. Des enjeux environnementaux tout aussi redoutables également. L’Amérique ne peut pas faire l’économie de ce problème d’aujourd’hui et de demain, et je ne doute pas qu’elle le fera si elle n’a pas déjà commencé à le faire au sein de ses « think tanks ».Thank-you.gif


    Certes, le combat est encore long et il ne suffit pas de le dire pour qu'il soit gagné d’avance ! Le Monde est tout sauf harmonie et sagesse, et le pas humain est toujours le plus lent. Alors que nous vivons dans le plus grand confort, aimant à donner notre avis sur des problèmes que trop souvent nous méconnaissons au dernier degré, des hommes et des femmes meurent dans le monde entier non pas d’un trop plein mais de l’absence de démocratie et de liberté.

    Dans notre haine aveugle de l'Amérique, nous avons oublié que nombre d'Afghans, d'Irakiens, de Somaliens, et de Pakistanais sont avant tout assassinés par le totalitarisme djihadiste, et d’autres arrière-pensées obscurantistes qui sont l'antithèses même de la politique d’un George W. Bush, qu'on l'apprécie ou non. Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes islamistes, bien évidemment, tous les terroristes islamistes en revanche sont des musulmans. Et ce sont ces musulmans qui, dans le monde entier, tuent d'autres musulmans en voulant assassiner des non-musulmans.

    L'armée des États-Unis, dans laquelle servent des
soldats musulmans - certes minoritaires - n'a jamais fait la guerre à l'Islam en tant que tel, mais au terrorisme islamiste. Et c'est ce dernier qui est le premier responsable de la mort de dizaines de milliers d'Irakiens. Le martyr des populations irakienne et afghane est le fait du totalitarisme djihadiste.

     America Home of the Brave

    Aussi dans cette litanie infinie de souffrances, je voudrais faire une place singulière aux soldats de l’Amérique à qui je dédie mon blog. Je me doute de leur souffrance, de leur désespoir, mais je sais aussi la justesse de leur combat et l’injustice qu’on leur fait ici en France comme ailleurs.

   Hommage.jpg À ces hommes et ces femmes des forces armées des Etats-Unis, qu’ils soient de l’Army, de l’Air Force, de la Navy, du Corps des Marines, des Coast guards, qu’ils soient d’active ou de réserve, je leur dis tout mon soutien. Non mon soutien pour la guerre en tant que telle, une guerre irakienne que je ne voulais pas non plus, me doutant de la complexité bien plus grande de ce que serait la gestion de l'après-guerre.

    Mais voilà que la guerre est là, qu’elle détruit des vies humaines tous les jours, qu’elle échappe aux projections à l’origine si optimistes de l’administration Bush. Qui peut aimer la guerre à commencer par les militaires eux-mêmes qui sont les premiers séparés de leur famille et qui savent plus que quiconque ce qu’est la souffrance du combat ?
 
    Pourtant, dans ce scénario du pire, j’ai choisi mon camp sans aucuneYellow-ribbon.jpg hésitation, car la victoire des États-Unis serait celle du Droit, de la Liberté et, in fine, de la Démocratie. Inversement, celle de leurs ennemis serait celle du chaos et du totalitarisme sunnite ou chiite. Et puis, j'ai fait ce rêve qu'un jour, dans dix ou quinze ans, peut-être plus peut-être moins, l'Irak serait enfin pacifié et deviendrait une démocratie... Pourquoi cela serait-il impossible si ce n'est parce que nous voudrions avant tout nous donner raison contre l'Amérique, au prix de la souffrance des Irakiens ? Que lirions-nous alors dans nos livres d'Histoire au sujet de George W. Bush et de sa politique ? Qu'il fut alors un bon et courageux président, cependant incompris en son temps? Si cela s'accomplissait, c'est que cette guerre valait alors la peine d'être faite, et que les GI's et les US Marines tombés dans les sables de l'Irak ne sont pas morts pour rien.

    Aux Etats-Unis, porter le
« Yellow ribbon » signifie « Support our troops ». Ce n’est pas un message de soutien à la guerre mais aux soldats qui la font. C’est le soutien et la reconnaissance, la dette morale, exprimés par une nation entière à ses fils qui luttent et meurent. Chose que nous ne savons faire en France, alors que nos soldats, eux aussi, sont présents sur de nombreux théâtres d’opérations.


Fallen-warriors.jpg
    Freedom is not free

    Parce que je suis profondément démocrate tout en comprenant que la liberté n’est en rien un acquis mais une lutte de tous les jours dans un monde si imparfait ; alors que je suis né Français nonobstant une histoire personnelle qui me rapproche davantage de cette vision américaine du monde, je dis merci à l’Amérique. Je ne me suis jamais senti aussi proche de cette belle et grande nation, cette âme toujours courageuse dans l’adversité, et dont les intentions sont fondamentalement bonnes en dépit des erreurs et des échecs.

    Aux
soldats américains, je dis toute ma fierté et ma gratitude. La confiance que j'ai en eux aussi. Leur courage comme leur sacrifice sont à l’honneur de la Démocratie. Je ne les oublie pas, et je voudrais qu'ils sachent qu’ailleurs dans le monde, il existe d’autres « Américains » qui prient pour eux et les soutiennent.
Partager cet article
Repost0
18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 23:51

Chaque Homme, d'où qu'il vienne, quelle que soit sa religion, sa couleur ou sa langue, peut devenir un Français à part entière, peut faire de la France sa nation de coeur. Il suffit pour cela qu'il le veuille. D'accord. Ce principe des Lumières s'est plus ou moins bien vérifié dans les périodes d'immigration, tant que celle-ci ne se faisait qu'entre pays européens.

Depuis l'immigration massive venue d'Afrique, l'assimilation a échoué. Certains reprochent à l'Etat cet état de fait, d'autres aux immigrés eux-mêmes. Mais la question au final est ailleurs, au lieu de se demander si cet échec incombe aux dirigeants ou aux immigrés, demandons-nous s'il était évitable.

Et si la diversité et les différences, lorsqu'elles deviennent conséquentes, ne pouvaient mener qu'à la division de la société, et donc à son affaiblissement ? Si l'unicité d'un peuple constitué d'Hommes d'horizons très différents n'était qu'éphémère voire illusoire ? Si l'assimilation avait échoué non pas par maladresse mais bien parce qu'elle est, au fond, impossible ?

Et si finalement, ce principe majeur des Lumières, l'universalisme, n'était plus qu'une étoile morte ?

Evidemment ces questions ne se posent pas dans le paysage médiatique français, puisque la Révolution n'est pas une demi-mesure. Rien n'est contestable, on ne peut pas remettre en question, même sur un sujet précis, l'Idéal Républicain.

Il est tout, le début et la fin, personne ne pense ni ne parle en dehors de ses frontières. Chaque débat, aussi intéressant soit-il, reste borné de part et d'autres par le dogme républicain. C'est l'axiome de toute critique, de toute analyse, et comme tout tyran, il condamne l'esprit libre à l'obscurantisme.

Et ainsi, en invalidant dans l'oeuf les diagnostics non conformes à la doxa universaliste, les forces de ce pays continuent de mener les mêmes politiques, au nom de leurs "grands" principes, et accessoirement de quelques intérêts commerciaux. Les flux immigratoires ne cessent de compliquer les problèmes du peuple de France, économiques mais aussi identitaires, et donc les conflits communautaires.

Et si l'on adhère pas à ses jolies théories, cette générosité franco-française, l'anathème du racisme ne se fait pas attendre. Il est interdit de remettre en question la nationalité réelle de l'Arabe qui t'insulte de "sale Blanc" ou de "sale Français", puisque même s'il parle arabe, s'il prie Allah et s'il n'aime pas la peau pâle, sa carte d'identité est bleue comme la nôtre, et donc il est un Français comme n'importe quel autre. Ou bien, dans le pire des cas, s'il ne se sent pas attaché à la nation, c'est à cause de sa situation sociale. Rien de définitif là-dedans, juste une question de conjoncture...Voilà ce que les extrêmistes des Lumières considèrent comme l'indiscutable Vérité.

Ou alors on tente de camoufler cet échec. Voyant que l'Autre refuse de s'assimiler, on ne lui demande même plus de le faire, on s'adapte à lui. L'assimilation est presque inversée. Il ne devient pas nous, donc nous devenons lui. Propagande pour le métissage, la Marseillaise en arabe, le rap utilisé par les profs dans les ZEP comme méthode pédagogique, la construction de Mosquées par l'Etat...bref la xénophilie par excellence.

Est-ce mieux ? C'est peut-être plus lucide que l'universalisme béat qui croit pouvoir uniformiser n'importe quel étranger oui...moins naïf, moins prétentieux c'est certain...mais est-ce vraiment mieux ? Se faire coloniser par la culture de l'Autre puisqu'il ne peut ou ne veut pas adopter la nôtre ? Moui...assimilation, intégration, cela revient au même en définitive.

Dans le premier cas le communautarisme est réel, il existe puisque l'Autre reste "autre" et ne devient pas "nôtre", mais cet échec est nié au nom d'un idéal républicain qui n'est plus qu'une façade, dans le second cas ce communautarisme est assumé et n'exige plus l'assimilation de l'autre mais juste son intégration, sans aucun sacrifice de sa part. Pire, on nie notre propre culture, notre identité, pour adopter la sienne ; "ne change pas, nous changerons pour toi". Dans les deux cas la nation est plurielle, la société est disloquée, tout comme le peuple. Est-ce cela que l'on veut ?

Accueillir sans même demander à l'Autre de "devenir" comme nous voire se sacrifier à sa place, ou bien lui demander de changer hypocritement en sachant qu'il ne le fera pas, est-ce là notre seule alternative ?

Lumières bornées dans leur théories ou Lumières fourvoyées se résignant au modèle multiculturel, nos phares qui autrefois ont pu nous éclairer pour sortir du despotisme monarchique ne semblent plus briller aujourd'hui que pour éblouir et aveugler la grande majorité des gens, les autres étant contraints à la dissidence, forcés à vivre le "côté obscur" de l'idéal républicain : insécurité physique et sociale, racisme anti-blanc, négation de l'identité... A l'ombre des Lumières.

D'abord exister, ensuite survivre Identité et ordre mondial par Vae Victis

 

L’identitarisme, qui fait de l’identité nationale, ethnique, clanique, la clef de voute de sa réflexion politique, débouche par extension à une théorie des relations internationales d’une profonde originalité.

Ce courant de pensée postule que l’identité est un fait matériel observable, que chaque peuple ou groupe de population en développe une particulière, et qu’il convient au nom du respect qu’on doit à sa propre identité, respecter celle des autres. Il en découle une égalité formelle entre identités, et un refus du métissage identitaire (cosmopolitisme), et des contacts civilisationnels trop appuyés. En gros de l’isolationnisme doublé de fraternité identitaire.

On pourrait résumer cette conception des relations internationales à : “Touche pas à mes jouets, et je viendrais pas piquer les tiens.” ou “Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse” ou en langage identitaire “Respecte ma terre, et je respecterai la tienne”. Pourtant chacun sait depuis le bac à sable que, ne pas toucher aux jouets du petit copain, ne l’empêchera pas de prendre les votres. Tout au contraire, ce manque d’agressivité, cette passivité conduisent à exciter ses instincts : rapines et domination. En langage plus adulte on dira que rien ne reste immobile, et surtout pas les identités, qui se développent ou régressent aux dépends les unes des autres.

On pourrait croire à la pose tactique, qui s’articulerait autour du droit des peuples européens à l’autodétermination, pour se vêtir des oripeaux du politiquement correct. Mais les identitaires semblent sincères. Ils sont même généralement tout ce qui a de plus opposés au colonialisme territorial ou économique, à l’exploitation des ressources naturelles en pays étranger, pétrole compris, ou même au tourisme sexuel.

Ils semblent vouloir croire à un monde colorés de petites taches d’identité qui ne déteindraient jamais les unes sur les autres. Mais il n’en est rien, sorti de la réflexion doctrinaire, ils savent parfaitement que l’islam est en expansion et qu’il faudrait lui faire barrage. En réalité et c’est sans doute leur plus grand tort, ils pensent en terme moral, en terme de justice. Comme si une fois libéré de nos entraves (si jamais), il ne faudrait pas usé de nos forces à notre propres fins. Comme il est sain de le faire. Comme s’il ne nous faudrait pas renouer avec la puissance.

 

 

Doit-on alors mondialiser, coloniser ? La pérennité des nôtres coûte-t-elle nécessairement celle des autres ? Les Etats-Unis ont-ils raison ? En tout cas ils gagnent...

En attendant, pour ce qui est de la France et de l'Europe, il faut d'abord exister, c'est-à-dire mettre fin à la colonisation qu'elle vienne du Sud ou de l'Ouest, avant de songer aux limites de l'idéal identitaire.

Je crois qu'avant de penser à l'avenir et aux façons de l'assurer, encore nous faut-il reconquérir notre présent.


Inquisition de l'universel

Lorsque je feuillette la table des auteurs cités dans un journal intime (prenons celui de Renaud Camus par exemple), je cherche si le nom de Leopardi y apparaît. Dans l'affirmative j'achète l'ouvrage.

Leopardi a touché du doigt ce que pouvait être l'esprit des anciens Grecs et Romains. Il distingue par exemple le malheur moderne collectif et irrémédiable du malheur chez les Anciens, individuel et résultant toujours d'une faute commise par celui qui en est touché.

Malheur désespéré des Anciens pour qui ce malheur pouvait être évité ; malheur qui peut trouver chez les modernes une consolation philosophique de par son universalité même.

Leopardi tellement actuel en cette époque de dictature de l'amour universel. Ainsi page 127 de l'édition Allia du Zibaldone :

“Voici un autre trait fort curieux de la philosophie moderne. Cette dame a traité le patriotisme d'illusion : elle a voulu que le monde entier fût une seule patrie et que l'amour pour l'humanité fût universel : projet contre nature, qui ne peut avoir aucun effet bénéfique, aucune grandeur, etc.

C'est l'amour de la communauté, et non l'amour des hommes, qui a toujours fait naître de grandes actions ; pour des esprits étroits, il arrive fréquemment que la patrie, ayant un corps trop vaste, n'ait aucun effet sur eux, et ils se choisissent d'autres corps, comme les sectes, les ordres, les villes, les provinces, etc.

Voilà pourquoi l'amour de la patrie a effectivement disparu. Aussi tous les individus n'ayant pu se reconnaître en une seule patrie, les patries ont toutes fini par se diviser en autant d'individus ; l'union universelle qu'avait exaltée cette fameuse philosophie s'est transformée en une véritable séparation des individus”

Dans ces lignes écrites le 3 juillet 1820 au fond d'une des provinces les plus arriérées d'Italie, on trouve tous les maux qui ravagent la France d'aujourd'hui.

La dictature de l'amour universel qui nous impose d'aimer tous les hommes indistinctement et traite de raciste celui qui préfère sa patrie au reste du monde.

Le repliement communautaire ou régionaliste des esprits étroits et des coeurs secs incapables de se hausser à l'amour de la patrie.

L'individualisme destructeur auquel les belles âmes humanistes qui font les lois et l'opinion nous ont conduits à force de stigmatiser l'amour de la France au bénéfice d'un impossible amour universel.


(issu de Léopardi et la préférence nationale)

A l'ombre des Lumières
Partager cet article
Repost0
17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 23:51

Publié par spqr sur Vendredi, 9 novembre, 2007

C’était il y a deux ans ; les émeutes embrasaient la France.

Un diaporama animé, célèbre à l’époque (disponible uniquement en téléchargement, cliquez sur l’image puis sur “Download file” ou sur les liens ci-dessous) :

wesh.jpeg


diaporama émeutes Novembre 2005 
Au format SIT (5,1 Mo, à décompresser)
Cliquez sur “Download file”
   


 
wesh.gifAu format SWF (6,4 Mo, s’ouvrira dans un navigateur ou avec Quick-Time)
N’hésitez pas à rediffuser ce diaporama.

 

La devise des émeutes :

« La France n’a jamais été aussi belle qu’en ce moment : elle brille de mille feux. »
La météo de Novembre 2005 : Prévision des émeutes de demainmeteo normale emeutes

Idée de cadeau de Noël :

coffret La Peugeot 2006 en flammes

Oeuvres sociales du Comité d’Entreprise d’EDF (le fameux 1% de vos factures) : le parcours pour “jeunes” version 2005 :

émeutes 2005 transformateur EDF jeunes
  
 
Souvenez-vous : aucun OVNI n’a été signalé en France pendant cette période.

et3.gif

et2.gif 


Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur,
demande et obtient, non sans difficulté, l’instauration de l’Etat d’urgence ; celui-ci est décrété le Mardi 8 Novembre 2005 pour 12 jours. Le 14 Novembre, il est prolongé de 3 mois. Des syndicats réclament l’intervention de l’armée voire, pour certains, l’application de la loi martiale, comme cela avait été le cas aux Etats-Unis lors des émeutes de Los Angeles en 1992, qui avaient été stoppées en quelques jours.

Citations de Nicolas Sarkozy du 17 Novembre 2005 (1) :

« C’est vrai, les banlieues, ça fait bien longtemps qu’on sait ce qui s’y passe et ça fait trente ans qu’on a décidé, consciemment ou inconsciemment, de les laisser dépérir dans leur coin en contournant le problème. On a essayé d’acheter le calme en retirant les services publics et en créant les conditions d’une politique sociale centrée sur l’assistanat. Tant d’habitants de nos quartiers se sont ainsi sentis abandonnés par la République! «
« La vérité, c’est que, depuis quarante ans, on a mis en place une stratégie erronée pour les banlieues. D’une certaine manière, plus on a consacré de moyens à la politique de la ville, moins on a obtenu de résultats. Dire cela, c’est regarder la situation telle qu’elle est. Le quantitatif n’est pas la solution. Le temps est venu de parler des vrais problèmes. J’ajoute un dernier mot: fallait-il que je touche là où ça fait mal pour que les mots que j’ai prononcés suscitent un tel débat! J’observe que les habitants des banlieues, eux, m’ont compris: c’est la réalité qu’ils vivent. Ce sont toujours les mêmes qui ont fait mine de ne pas comprendre. «

« La police va arriver dans les quartiers à 17 heures et partir à 4 heures, parce que ce sont les horaires des voyous »

Sarkozy réussit à contenir et à réduire peu à peu les émeutes, malgré des moyens limités (Police, Garde Républicaine, grande lacrymogènes, flash-balls) et insuffisants pour un « conflit de basse intensité » (guerilla, “intifada”), un bridage imposé (interdiction à la Police de tirer) et des jugements non dissuasifs (prison avec sursis pour des incendiaires de voitures ou de bâtiments et des agresseurs de policiers).
Tout le fardeau des émeutes est laissé au seul Ministre de l’Intérieur.
A l’époque “on” espérait sans doute le faire chuter et le déconsidérer aux yeux de l’opinion pour lui barrer la route de la Présidence. Non seulement ce n’a pas été le cas, mais il en est sorti renforcé.

(1) Source : L’Express du 17/11/2005 - Une interview exclusive - Nicolas Sarkozy contre-attaque

 


 
L'image “http://www.communautarisme.net/photo/rubrique-38888.png” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.


La Caillera et son intégration

par Jean-Claude Michéa, agrégé de philosophie enseignant à Montpellier, texte paru en 1999
La Caillera n'est pas intégrée à la "société". S'il s'agit, en revanche, de l'intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l'exploitation à l'intérieur de ces quartiers expérimentaux que l'État lui a laissés en gérance. C'est ce que nous rappelle ici Jean-Claude Michéa, infatiguable propagateur de l'oeuvre de George Orwell.
 
L'Enseignement de l'ignorance de Jean-Claude Michéa, Éditions ClimatsL'Enseignement de l'ignorance de Jean-Claude Michéa, Éditions Climats

« Une forme de morale qui serait acceptable par tout le monde – en ce sens que tous devraient s'y soumettre – me paraît catastrophique. » - M. Foucault.
« L'école de la réhabilitation nous a amenés à ne voir aucune différence entre un coquin et un honnête homme »

La distinction entre une société – qui, quelle que soit la variété de ses formes, ne peut abolir le moment du don (1) – et un système capitaliste – hypothèse métaphysique devenue la base d'un projet politique partiellement réalisable – permet de déplacer la position habituelle de nombreux problèmes dits « de société ». Soit à déterminer, par exemple, la signification politique réelle des comportements de la Caillera (2). Doit-on y voir, conformément aux présentations médiatiques et sociologiques habituelles, un signe normal des difficultés liées au « problème de l'intégration » ? Formulée en ces termes, la question est, de toute évidence, mal posée, c'est-à-dire posée de façon ambiguë. Si l'on parle en, effet, de l'intégration à une société, c'est-à-dire de la capacité pour un sujet de s'inscrire aux différentes places que prescrit l'échange symbolique, il est clair que cette fraction modernisée du Lumpen (3) n'est pas, « intégrée », quelles que soient, par ailleurs, les raisons concrètes (familiales et autres) qui expliquent ce défaut d'intégration. S'il s'agit, en revanche, de l'intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l'exploitation à l'intérieur de ces quartiers expérimentaux que l'État lui a laissés en gérance. En assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l'usage des périphéries du système, la pratique et l'imaginaire qui en définissent le Centre et le Sommet. L'ambition de ses membres n'a, certes, jamais été d'être la négation en acte de l'Économie régnante. Ils n'aspirent, tout au contraire, qu'à devenir les golden boys des bas-fonds. Calcul qui est tout sauf utopique. Comme l'observe J. de Maillard, « sous nos yeux, l'économie du crime est en train d'accomplir la dernière étape du processus : rendre enfin rentable la délinquance des pauvres et des laissés pour compte, qui jadis était la part d'ombre des sociétés modernes, qu'elles conservaient à leurs marges. La délinquance des pauvres, qu'on croyait improductive, est désormais reliée aux réseaux qui produisent le profit. Du dealer de banlieue jusqu'aux banques de Luxembourg, la boucle est bouclée. L'économie criminelle est devenue un sous-produit de l'économie globale, qui intègre à ses circuits la marginalité sociale (4). »

À la question posée, il convient donc de répondre clairement que si la Caillera est, visiblement, très peu disposée à s'intégrer à la société, c'est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C'est évidemment à ce titre qu'elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu'il existe une façon romantique d'extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour la « fièvre généreuse du délinquant » (Foucault) serait, cependant, difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d'Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l'emploie cette couleur « rebelle » qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.

Tout d'abord, elle s'efforce d'inscrire ce qu'Orwell nommait « le crime moderne » dans la continuité des délits et des crimes d'autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d'honneur des sociétés traditionnelles (le cas des pirates est plus complexe) puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s'en prenait d'abord à l'État et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l'économie pour « dépouiller »« révolte morale » (Harlem Désir) voire, pour les plus imaginatifs, comme « un réveil, un appel, une réinvention de l'histoire » (Félix Guattari), revient, par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d'opérations de la sociologie politiquement correcte.

Quand au second procédé, il consiste à présenter l'apparition du paradigme délinquant moderne – et notamment son rapport très spécifique à la violence et au plaisir qu'elle procure – comme l'effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s'il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu'accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux – ou simplement honnête – ne peut ignorer que ce modèle a d'abord été célébré dans l'ordre culturel, en même temps qu'il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des « trente Glorieuses ». En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes (de même que la constitution des mythologies de la drogue) a lieu vers 1970, tandis qu'en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas il est perceptible dès 1964-1965 (6). Expliquer le développement de la délinquance moderne (développement qui, dans un premier temps – on s'en souvient – avait été tenu par la sociologie officielle pour un pur « fantasme » des classes populaires) comme un effet conjoncturel du chômage est évidemment une procédure gagnante pour le système capitaliste. D'une part, elle conduit à présenter la « reprise économique » – c'est-à-dire l'aide accrue de l'État aux grandes firmes – comme la clé principale du problème ; de l'autre, elle dispense d'interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaires d'un nouveau rapport des sujets à la Loi (7).

----------------------
1). Selon la terminologie d'Alain Caillé, le cycle du don (c'est-à-dire la triple obligation – analysée par Mauss – de donner, recevoir et rendre) est le fondement anthropologique de la socialité primaire. L'échange économique et la relation juridique constituent, de ce point de vue, des structures secondes, dont l'existence n'est pas universelle. Naturellement, ce cycle du don se déploie historiquement en une infinité de modes, dont certains peuvent même fonder du lien négatif ou « agonistique » (c'est le cas, par exemple, de la Vendetta, ou de la guerre primitive telle que l'analyse P. Clastres). Sur ce dernier point, – souvent négligé – on trouvera des informations intéressantes dans deux ouvrages : Conflit et lien social (J.L. Boilleau. La Découverte, Mauss, 1995) et La réciprocité et la naissance des valeurs humaines (D. Temple et M. Chabal, L'Harmattan, 1995.).Sur l'impossibilité d'éliminer la sphère du don, cf. J.C.Michéa, Peut-on ramener la société à la raison ?, revue du M.A.U.S.S. n° 6, 1995.
2). Tel est, on le sait, le nom que se donnent, en France, les bandes violentes, surgies sur la ruine politiquement organisée des cultures populaires, et qui règnent par le trafic et la terreur sur les populations indigènes et immigrées des quartiers que l'État et le capitalisme légal ont désertés. Comme le rappelle le collectif Stop à la Violence, ces bandes « font régner la terreur pour monter leur bizness. Les crapules prennent alors le pouvoir. Sur notre dos. Les crapules, c'est la mort des quartiers. »
3). Rappelons que, pour Marx, le Lumpen (qui, de nos jours, inclut également, à côté de la Caillera, les différentes fractions de la Zone dont l'origine sociale et l'utilisation par l'ordre établi exigent une analyse distincte) est toujours « par ses conditions de vie disposé à se vendre à la Réaction » (cf. Le Manifeste communiste). Dans la préface de 1870 à la Guerre des paysans en Allemagne, Engels est même plus radical : « Le Lumpen-prolétariat, – écrit-il – cette lie d'individus corrompus de toutes les classes, qui a son quartier général dans les grandes villes, est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette espèce est absolument vénale et impudente. Quand les ouvriers français mettaient sur les maisons, pendant les révolutions, l'inscription : Mort aux voleurs ! et qu'ils en fusillaient même plus d'un, ce n'était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu'il fallait, avant tout, se débarrasser de cette bande. Tout chef ouvrier qui emploie ces vagabonds comme défenseurs, ou qui s'appuie sur eux prouve qu'il n'est qu'un traître au mouvement. » Donnez à ces « traîtres » un manuel de statistiques et quelques subventions de l'État et vous obtiendrez ce que les journalistes appellent la sociologie moderne.
4). J. de Maillard : Un monde sans loi, p. 84, Stock, 1998.
5). C'est cette évolution culturelle, lente et complexe, qu'Orwell a essayé de saisir à travers le roman policier, dans Raffles and Miss Blandish. (1944).
6). On trouvera toutes les données statistiques nécessaires dans l'ouvrage de Charles Szlakmann : La Violence urbaine, Robert Laffont, 1992.
7). Il suffit de consulter les dates, pour noter qu'Orange mécanique – devenu, avec More et Easy Rider, l'un des films-culte de la jeunesse des nouvelles classes moyennes de l'époque, parce qu'il achevait, avec un talent évident, de donner ses lettres de noblesse au « crime moderne » – ne peut en aucun cas être interprété comme un effet culturel du « choc pétrolier » et de la « crise économique ». C'est même l'aspect purement « gratuit » de la violence déployée pour transgresser la Loi qui frappa alors la critique, aspect dont H. M. Enzensberger a souligné, dans La Grande Migration (Gallimard, 1995), à quel point il constitue l'autre face du « bizness » délinquant moderne. On trouvera à ce sujet des indications très intéressantes dans la description du ghetto jamaïcain de Londres par Victor Headley (Yardie, Éd. de l'Olivier, 1997). Ce roman militant, d'abord auto-édité, et « vendu dans les salons de coiffure et les épiceries de Brixton », démonte avec brio les mécanismes intellectuels et psychologiques de la Caillera jamaïcaine de Londres et met la jeunesse du ghetto en garde contre le rêve capitaliste et sa rationalisation sociologique. Enfin, concernant la fascination exercée sur les intellectuels bourgeois – depuis George Sand et Victor Hugo – par la figure du « mauvais garçon » (on pourrait appeler « complexe de Lacenaire » cette variante de l'œdipe) on lira avec intérêt les précieuses mises au point de Varlam Chalamov dans le Monde du Crime (Gallimard, 1993). Dix-sept ans de bagne stalinien, parmi les droits communs, ont, en effet, permis à Chalamov d'accumuler une expérience sociologique de la question qui doit bien valoir celle qu'on a le bon goût d'acquérir au Collège de France.



---------------------------------------
Copyright Éditions Climats, 1999 : texte extrait de L'Enseignement de l'ignorance de Jean-Claude Michéa, publié avec l'aimable autorisation des éditions Climats et de l'auteur.
Ce texte a également été publié dans le numéro 14 de la Revue du Mauss 
Partager cet article
Repost0
16 novembre 2007 5 16 /11 /novembre /2007 23:57
Cet après-midi, le blog allemand politicallyincorrect.de, PI pour les intimes, annonce une interruption de quelques jours pour réfléchir à la suite du projet. Le fondateur du blog, Stefan Herre, a été menacé une fois de plus et cette fois avec assez de sérieux pour faire hésiter toute l’équipe.

Ce blog est fréquenté actuellement par 15.000 à 20.000 personnes par jour. Sa disparition ferait une différence, et c’est aussi pourquoi les menaces en valent la peine. Les discussions vont bon train quant à la poursuite de l’effort. Faut-il tout arrêter? Faut-il changer de formule? Faut-il chercher des fonds pour faire protéger l’équipe? Faut-il que les rédacteurs continuent, tout simplement, malgré les menaces?

Quoi qu’il en soit, les terroristes ont déjà gagné une manche: ils sont parvenu à faire en sorte que la violence doive être incluse dans les motivations des uns et des autres. Et c’est tout le jeu de l’Islam.

Quand on en a compris les rouages, il suffit, pour faire progresser cette immonde religion et surfer sur la vague de pouvoir qu’elle génère, de vanter le Coran en les termes les plus délicieux. Il y aura toujours des crédules, alors, pour croire que la religion est bonne, et des croyants qui se pencheront sur les textes, y trouveront matière à haïr les non-croyants, puisque c’est-là le message premier, inscrit en clair, répété à satiété tout au long de l’ouvrage, et se sentiront appelés à faire usage de violence, juste comme le soi-disant prophète, à qui Dieu permettait d’assassiner, de massacrer, de tromper, de torturer, etc.

Ainsi, il est impossible de s’opposer à l’Islam sans faire naitre la violence. Car pour ceux qui connaissent cette fable, le simple refus d’accepter l’Islam est motif de guerre. Et ceux qui tuent pour ce motif peuvent se prendre pour les meilleurs des Musulmans, rien de moins. Et ce premier degré, bien évidemment, a fait loi dans l’Islam. Ceux qui y croient peuvent donc s’appuyer non seulement sur le Coran et sur les textes dits sacrés les plus respectés, mais aussi sur les travaux de juristes dont le renom dépasse mille fois celui de tous les fouineurs de hadiths de notre temps, et, en dernier ressort, sur les gestes accomplis dans ce même esprit par d’innombrables Musulmans au cours de l’histoire, et fêtés à ce titre, eux et leur famille.

Celui qui a étudié la matière le sait parfaitement. Dès que l’Islam se répand quelque part, peu importe ce qu’on en dit, le poids des écrits entraîne toujours une minorité d’esprits faibles mais résolus à faire couler le sang pour en imposer la loi, comme le Coran y appelle. C’est absolument inévitable. Surtout dans une population où tout le monde sait lire, ce qui est vraiment très nouveau pour l’Islam.

Et ce ne serait rien ou pas grand-chose si les forces de l’ordre voulaient bien s’en rendre compte. Car les gens qui se laissent aller à croire de telles billevesées sont des idiots, maladroits, peu efficaces, faciles à repérer et à neutraliser, surtout si l’on reconnaît dans leurs actes le fruit de la pratique de la religion islamique. 

Mais au lieu de se pencher sur la matière, on fait appel aux pires des menteurs: les apologistes savants, à qui il suffit de qualifier d’ignorants fanatiques ces gens violents, alors qu’ils imitent le prophète, respectent les injonctions du Coran, s’inspirent des détails de la Sunna et appliquent des lois islamiques tout à fait traditionnelles.

Dans les sociétés très islamiques, on tue et on massacre directement au nom d’Allah, tandis que dans nos sociétés, on menace au nom de soi-disant injustices plus modernes, parfois sans même avoir lu le Coran ou entendu parler des hadiths, juste pour défendre la supercherie palestinienne, les dépouilles fantômes de la guerre d’Irak ou pour de quelconques prétextes. Le phénomène central est le mensonge qui génère la haine et l’Islam est simplement sa version la plus aboutie.

Ainsi, plus le débat progresse, plus la violence se généralise. C’est inhérent au débat sur l’Islam, à la présence de l’Islam. À l’Islam.

Pour éviter le bourbier et limiter les conséquences de ce fléau, il faut tirer parti de manière optimale des caractéristiques spécifiques de notre temps, surtout l’omniprésence de l’information, et accélérer le mouvement de prise de conscience jusqu’au point où une majorité de gens auront compris le phénomène et pourront alors le stopper dans l’oeuf, sans violence. Pour cela, il faut aussi éviter les débats, car ils ne répandent l’information que très lentement. Ils permettent donc à la violence de suivre le rythme et il arrive toujours un moment où les pacifiques, comme aujourd’hui PI, lâchent la rampe devant les fanatiques prêts à mourir ou à vivre en prison pour la joie malsaine d’un acte ultime.

Il faut que l’information prenne de l’avance sur la montée de la violence. Il faut informer sans susciter de réaction. Et il faut que le refus de l’Islam puisse, pour la quasi-totalité des gens impliqués, c’est-à-dire pour la population dans son ensemble, revêtir une forme à la fois massive, non violente et, oui, politiquement correcte.

Voici une idée.

UPDATE: PI tient bon. Son fondateur est maintenant installé en lieu sûr et l’équipe reprend le collier.


L’UDC voit la vie en rose

Et les roses sont bien enverdés. Le nouveau Parlement:

Les commentaires de la cage d’escalier:
Cette fois, Calamity-Rey va peut-être changer de coiffure…
L’Amazonie aussi reverdit malgré l’adversité…


Pas d’Islam sans haine des Juifs

On entend parfois dire, contre toute évidence académique, que l’antisémitisme, cet épouvantail des esprits faibles, serait en fait la haine des peuples sémites, et plus particulièrement des Arabes. Certains autres veulent trouver les racines de l’antisémitisme musulman actuel dans les contacts étroits des islamistes avec le nazisme. Mais la réalité est que l’Islam et la haine des Juifs ne font qu’un, dès les origines du premier. Croire en le Coran, pratiquer la religion islamique, c’est, entre autres choses, haïr les Juifs. S’y refuser demanderait un effort actif considérable.

En voici la démonstration, présentée par Andrew G. Bostom à Bruxelles il y a quelques jours (en anglais): (more…)


La veulerie des sages autoproclamés

Très bien cernée par Richard Landes en analysant une solide critique de la position prônée par Jimmy Carter et son équipe de «sages» sur le Darfour (selon laquelle il ne s’agit pas d’un génocide et il n’est pas judicieux d’utiliser ce terme en l’espèce):

Nous arrivons ici au coeur du problème: les «sages» comme Carter se flattent d’être en mesure de parler avec toutes les parties. Mais ils omettent de mentionner le prix de cette vantardise. On peut fort bien critiquer les Occidentaux — Israéliens, conservateurs américains — et continuer de parler avec eux. Mais si l’on critique des dictateurs et des maniaques génocidaires — Janjaweed, Hamas, Hezbollah —, on perd la possibilité de dialoguer avec eux. De sorte que pour être capable de «parler à tout le monde» — une faculté apparemment considérée comme une grande vertu par ces «sages» —, il faut adopter le genre d’apaisement fondé sur une attitude morale corrompue que nous voyons ici à l’oeuvre dans le cas du Soudan. Rien ne dessert autant la liberté que de telles veuleries morales bien intentionnées.

Concrètement, Carter et ses amis s’appliquent à dédramatiser la situation du Darfour dans les esprits. Bien qu’il soit établi que le conflit fait intervenir des haines raciales, des massacres ciblés et programmés de populations civiles, des destructions massives de leurs sources de subsistance (cultures, bétail et eau potable), des viols systématiques (avec marquage du visage des femmes, de sorte qu’elles soient ostracisées dans ces sociétés musulmanes rigoristes), les nouveaux «sages» veulent croire que les auteurs, les commanditaires et/ou les bénéficiaires de ces actes font partie de la solution. Quel meilleur encouragement, pour ces derniers, à conserver leurs méthodes, avec simplement un peu plus de discrétion, le temps que la caravane des «sages» soit passée…

Si l’on peut admettre que le simple apaisement, même seulement provisoire, est toujours une forme d’amélioration et permet au moins de déplacer le conflit sur un terrain moins sanglant, il a pour effet secondaire de placer, peu ou prou, les victimes sur le même plan que les tortionnaires, ce qui est profondément immoral. L’immoralité peut-elle être une solution à la violence et à la haine? On peut certes le croire, en s’imaginant que la fin — ici, la paix — justifie le moyen, cette tromperie ostensiblement bien intentionnée. Il y a là, sans doute, chez certains, une sorte d’aspiration à une forme d’intelligence supérieure ou de «sainteté». Mais la sainteté n’est jamais qu’un effort tout individuel, une exception, fort rare, et dont personne n’a le droit de préjuger — en faire une politique est forcément une erreur. Ou un mensonge. Ou, sans doute le plus souvent en l’espèce, les deux.

Sans réfléchir aussi loin, en règle générale, je pense que la grande erreur des partisans sincères de l’apaisement est de croire sans réserve à la bonté intrinsèque de l’homme. Bien sûr, c’est vrai, tout le monde aime vivre en paix. Au départ. Mais il existe des comportements, des systèmes de pensées, des rites, des habitudes, des histoires qu’on raconte ou des «sagesses» qu’on nourrit, bref des idées qu’on entretient, qui instillent dans l’âme des gens la certitude que leur paix n’est possible qu’en l’absence de certains autres, qu’il faut dominer ou, lorsqu’ils gênent, éliminer.

Certaines de ces idées, la grande majorité d’entre elles, sont bénignes et peuvent être surmontées aisément la plupart du temps (et peut-être la principale caractéristique simplement humaine de ce qu’on appelle la civilisation consiste-t-elle à offrir un maximum de soupapes à ces idées). D’autres sont terribles, envahissent les plus profondes convictions, dénaturent les plus puissants sentiments, pourrissent les plus grands idéaux, s’imposent dans tous les domaines de la pensée et de la vie, dans tous les gestes, bons et mauvais, des gens qui s’en approchent, et persistent pendant des siècles et des siècles. Là où l’une d’elle s’installe, il n’est pas de création, pas d’activité artistique ou scientifique, pas de qualité élevée qui ne doive être consacrée à sa seule gloire. Et tout le reste dépérit.

Dans une telle situation, l’apaisement, même saint, sert toujours de combustible à la haine, car le terrain lui-même est défavorable. La base même de l’humanité présupposée (l’amour du prochain, de la paix, de la fraternité) est inaccessible, trop encombrée de certitudes acquises par la répétition, par l’admission collective, sans remise en question, de l’illusion d’une barrière définitive entre les êtres. Dans une telle situation, tout, le bien comme le mal, la guerre comme l’apaisement, peut servir de combustible à la haine. Dans une telle situation, peu importe que l’on veuille procéder par la fermeté ou par l’apaisement, il faut absolument commencer par cesser d’administrer le poison.


Nouveau en Turquie: la poupée islamiste modérée

Le quotidien turque Aksam’s (traduit par MEMRI, puis par votre serviteur) annonce en première page que la nouvelle poupée islamique Elif a supplanté la poupée Barbie dans les magasins de jouets du pays, où les jouets islamiques connaissent un engouement croissant, de même que les versions islamisées de jeux de société:

La poupée Elif s’agenouille et fait le namaz (prière islamique). Quand on appuie sur ses mains, ses pieds et sa poitrine, Elif récite diverses sourates du Coran en arabe et psalmodie des prières islamiques en turc. Parmi les accessoires de la poupée Elif, on trouve un petit ordinateur portable qui enseigne aux petites filles de deux à six ans les rudiments des règles islamiques et des rites du namaz.

Il n’est jamais trop tôt pour bien faire. 


La tolérance face à l’Islam peut aussi être une forme de lâcheté

C’est ce que laissent clairement entendre Günter Wallraff et Klaus Staeck, deux piliers de l’intelligentsia allemande de gauche – c’est un événement (merci PI). Jusqu’à présent, en effet, seuls des personnalités de droite s’étaient risquées à proposer que l’Islam puisse être une religion particulière (oui, avec Fourest qui fait exception à cette règle, quoiqu’au fond, pour elle, toutes les religions se valent).

Wallraff a qualifié de «totalitaire» une «religion qui, comme l’Islam, considère la conversion comme un péché mortel». «Accepter et tolérer l’intolérance de l’autre témoigne d’une tolérance mal comprise, ou de lâcheté.» Staeck fit notamment valoir que «l’opposition manifestée par les coreligionnaires des auteurs d’attentats-suicide est si molle et si faible qu’elle me rend fortement anxieux».

C’est énorme, même si les deux hommes ajoutent bien sûr que le dialogue doit être préservé et intensifié avec les Musulmans et qu’il faut absolument les sortir de leurs ghettos sociaux, notamment en leur fournissant des lieux de culte qui aient pignon sur rue. Il ne leur reste plus qu’à comprendre que la solution ne se trouve pas dans la pratique publique de la religion islamique. Et à bien y regarder, sur ce point, la gauche a toujours une chance de dépasser la droite.

UPDATE: En fait, la gauche a aussi ses précurseurs dans le domaine. Georges Marchais, par exemple.


Débat: l’Islam est-il une religion de paix?

L’idée est proposée par des Arabes chrétiens américains de l’ACP, Arabic Christian Perspective. Voici leur introduction:

Nous autres, de l’Arabic Christian Perspective, avons souvent entendu dire que l’Islam est une religion de paix. Nous pensons que cela n’est pas vrai. En lisant le Coran, on constate que les auteurs d’attentats-suicide ne sont pas des marginaux fanatiques évoluant à l’extrême périphérie de l’Islam, mais qu’ils sont en fait les vrais et authentiques croyants, qui suivent au plus près les enseignements du Coran et de l’exemple du prophète de l’Islam, Mahomet.

Pour démontrer cela, ils cherchent depuis quelques années à mettre sur pied un débat public avec des savants musulmans, dans le cadre duquel ils défendraient la thèse selon laquelle l’Islam est une religion de terrorisme. Mais aucun candidat musulman n’était intéressé.

Alors, ils ont décidé d’organiser et de tenir ce débat, avec ou sans contradicteurs. La date avait été fixée au 22 septembre dernier (signalé sur precaution.ch). Cette fois, des Musulmans se sont annoncés – pour demander que le débat soit reporté jusqu’après le ramadan. La nouvelle date est le 3 novembre 2007. Voici le programme, que j’ai reçu par e-mail (le site Internet de l’ACP semble connaître quelques problèmes, sa page d’accueil est vide, par exemple). Le débat opposera Nadir Ahmed et Sam Shamoun. À suivre.


L'image “http://img514.imageshack.us/img514/5350/ajm472ah9.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.
Partager cet article
Repost0
14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 23:49
Suicide et défense de l’environnement



Milliere Guy - mardi 06 novembre 2007

ecologie
Je me suis gardé jusqu’à présent de critiquer Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Bien que je pense que les réformes mises en œuvre soient bien trop lentes, voire parfois proches de la pusillanimité, qu’elles seront insuffisantes pour tirer le pays de l’ornière en laquelle il s’enlise inexorablement, je voulais me dire que dans l’ensemble, cela allait dans la bonne direction.

Je pensais aussi, et je pense toujours, qu’avec la cruche du Poitou, et les bureaucrates rouges, roses et vert sombre tapis dans son ombre, cela aurait été bien pire. Je pensais, et je pense toujours, que les nouvelles orientations de la politique étrangère de la France, permettant de sortir de la honteuse infamie antiaméricaine, quasi antisémite et pro-islamique de ces dernières années, valaient bien qu’on fasse preuve de mansuétude sur d’autres dossiers. Mais il vient un moment où il est difficile de se taire et où le rôle des amis est de dire les périls que peuvent représenter des propensions à l’égarement.

L’accord européen passé à Lisbonne et qui prend la forme d’un « traité modificatif » équivaut à faire revenir par la fenêtre un texte que les électeurs avaient jeté par la porte : la quasi-totalité du projet constitutionnel refusé voici deux ans s’y retrouve, dilué dans un langage encore plus abscons, et présenté sous un nouvel habillage. Je m’y attendais. C’était, d’une certaine manière, inéluctable. Ce n’en est pas moins consternant. Le déficit démocratique et le déficit de droit inhérents à l’Union européenne vont s’en trouver renforcés.
Le fonctionnement pyramidal, absolutiste, rigide, inhérent aux phases précédentes de ce qui s’appelle à juste titre une « construction », se trouve gravé dans le marbre. C’est à Lisbonne, déjà, qu’il avait été question, voici sept ans, de faire de l’Europe, la puissance prédominante de l’économie de la connaissance : celle-ci implique des changements de paradigme qui supposent précisément de briser ce qu’au contraire, ils cherchent sans cesse à renforcer. Personne n’a expliqué aux hiérarques européens pourquoi, sept ans après Lisbonne 2000, l’Europe n’est qu’une puissance très secondaire dans un secteur dont elle prétendait devenir le phare.

Personne ne l’a expliqué à Nicolas Sarkozy qui, sur ce plan, écoute trop des gens qui n’ont cessé de se tromper sur tout, tels que Jacques Attali ou Hubert Védrine. C’est consternant, et cela constitue un très mauvais présage pour l’avenir. Je ferai mettre, sur le site de l’Institut Turgot, des textes éclairants de John Blundell, de l’Institute of Economic Affairs, consacrés à ce sujet.

Le résultat du « Grenelle de l’Environnement », enfin, constitue bien le pire auquel je m’attendais. Certes, on n’y trouve pas des proclamations antinucléaires débiles, des propos ouvertement malthusiens, des éloges crétinisants de la décroissance : c’est là le minimum de la part d’un gouvernement qui n’est pas censé être à la gauche d’Olivier Besancenot. Mais pour le reste ! Le très stérile et très stérilisant principe de précaution se trouve quasiment sacralisé. La phobie maniaque envers les biotechnologies agricoles se trouve cauteleusement flattée. Les producteurs de pesticides se trouvent montrés du doigt comme s’ils étaient des empoisonneurs professionnels.
La « taxe carbone » se trouve pour ainsi dire programmée, sous le prétexte de taxer la « pollution », pas le travail. Des taxes envers les produits importés de pays ne respectant pas certaines normes « écologiques » se trouvent proposées, dans une pure logique protectionniste dont les principales victimes seront des pays pauvres qu’on prétendra ensuite « aider ». Un projet gouvernemental pour les « énergies du futur » sera doté d’un budget confortable : on réunira des chercheurs comme au temps du « plan calcul », et on décrétera qu’ils doivent trouver…

Les industries chimiques sont un secteur économique essentiel. Les biotechnologies sont au cœur de la nouvelle économie. Toute vie « pollue » et, a fortiori, tout travail. Le protectionnisme est toujours désastreux, comme le planisme et le dirigisme. Je baptiserais plutôt l’ensemble « Grenelle du suicide collectif ».

Le suicide sera lent et doux, comme l’euthanasie que proposent certaines cliniques. Il y a même des suicidés heureux et fiers de l’être, je sais. Puisqu’on leur dit que c’est pour la « nature »…


L’oxygène se trouve de l’autre côté de l’Atlantique


statue-of-liberty-copie-2.jpgJe viens de passer quelques jours aux Etats-Unis. J’y étais pour des raisons de travail. Mon emploi du temps a été très rempli. J’ai dû limiter mon séjour à la ville de New York. Cela n’en a pas moins été, une fois encore, un véritable bain d’oxygène. Certes, le politiquement correct est très largement représenté, mais, à la différence de ce qui se rencontre à Paris, il n’est pas hégémonique, et celui qui ne pense pas « correctement » n’est pas seul de son espèce et n’a pas un sentiment d’isolement, de dissidence et de déréliction.

 

 
Certes, dans les librairies, on trouve des livres nauséeux, tels « The Israeli Lobby and U.S. Foreign Policy » (le lobby israélien et la politique étrangère américaine) de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt. Une expansion, sur près de cinq cent pages, d’un article infâme, paru un plus tôt dans la London Review of Books (la Revue londonienne des livres). Les auteurs y développent que le soutien accordé par les Etats-Unis à Israël ne peut s’expliquer par des raisons « stratégiques ou morales » et repose, « bien évidemment », sur l’action de « forces occultes ».
 
Mais on trouve aussi, juste à côté, sur le même présentoir, le livre rédigé en réponse par Abraham Foxman, directeur national de l’Anti-Defamation League, « The Deadliest Lies: The Israel Lobby and the Myth of Jewish Control » (Les plus mortels mensonges : le lobby israélien et le mythe du contrôle juif) : « les théories de la conspiration constituent un baromètre de la santé mentale d’une société : quand elles montent en puissance, de graves problèmes s’annoncent », y est-il expliqué. Je crains qu’en France, dans quelques mois, je puisse trouver le poison qu’est l’ouvrage de Mearsheimer et Walt, mais pas l’antidote proposé par Foxman.
 
Certes, il existe, sur les écrans de télévision américains, des reportages très orientés. On y voit des entretiens révoltants avec des abrutis malfaisants, tel Jimmy Carter, auteur de « Peace, not Apartheid » (La Paix, pas l’Apartheid), et, très souvent, les dirigeants du Parti démocrate ; mais, grâce à une simple pression sur sa télécommande, on switche sur Foxnews, pour y regarder les programmes de Sean Hannity ou Bill O’Reilly. En France, on peut recevoir CNN, où Carter et les dirigeants démocrates passent nuit et jour, on peut aussi recevoir Al Jazeera et d’autres chaînes du même genre, mais absolument pas Foxnews.
 
La presse américaine inclut, naturellement, son lot de journaux et de magazines de gauche ou très à gauche : il en existe tout un éventail, qui va du New York Times à The Nation, en passant par Newsweek. Mais ils ne constituent pas, loin s’en faut, le seul recours pour qui veut s’informer : on peut aussi acheter, dans les kiosks, le Washington Times, le Weekly Standard, la National Review ou le remarquable magazine Commentary, dirigé si longtemps par Norman Podhoretz, que je tiens pour l’un des grands penseurs de ce temps. Quiconque vit en France et ne lit que le français se trouve confronté à une forme d’asphyxie de l’intelligence. Quiconque lit l’anglais est contraint de souscrire à des abonnements internationaux ou à passer du temps, chaque jour, à chercher de quoi alimenter ses réflexions, en utilisant cet outil de liberté que les frontières ne peuvent arrêter : Internet. Mais évoluer dans une société où les lecteurs d’une presse vraiment pluraliste se comptent par millions n’est pas du tout pareil, intellectuellement et au sens des libertés, que se trouver dans un pays où ils
se comptent sur les doigts des deux mains.
 
On me dira, bien sûr, que la France est en train de changer. Ce qui est exact est que la politique étrangère française est devenue moins malsaine depuis que Nicolas Sarkozy est Président et que Bernard Kouchner est aux Affaires Etrangères, et il y a là, effectivement, de quoi se réjouir. On peut discerner aussi chez les nouveaux dirigeants du pays une volonté de redresser une situation intérieure gravement compromise sur divers plans. On doit, néanmoins, si on veut rester lucide, faire preuve de scepticisme. Il est fort loin d’être certain que l’ensemble des dirigeants politiques au pouvoir discernent pleinement les enjeux géopolitiques et stratégiques auxquels nous sommes confrontés. Les médias, en leur écrasante majorité, font preuve, vis-à-vis des nouveaux dirigeants, d’une hostilité pratiquement avouée, et les vieux réflexes anti-américains, anti-israéliens, anti-occidentaux, marxisants, sont prompts à refaire surface à chaque occasion. Le traitement infligé à des ministres proches de Sarkozy, telle Rachida Dati, me semble souvent frôler le racisme ou la vindicte envers une fille de l’immigration, qui aurait « mal » choisi son camp, et qui aurait l’impudence de vouloir réformer un appareil judiciaire longtemps abandonné aux dérives les plus diverses. Et puis la France est en Europe, et l’Europe ne va, elle-même, pas très bien. Et Nicolas Sarkozy a contribué à renforcer les dérives absolutistes de l’Europe en « débloquant » le projet constitutionnel rejeté voici deux ans par les électeurs français et néerlandais.
 
Il y aura, même si on lui donne un autre nom, un ministre des Affaires Etrangères européen, et celui-ci reflétera l’état spirituel et mental dans lequel se trouve toute l’Europe aujourd’hui. Des livres existent, aux Etats-Unis, qui décrivent cet état, le dernier en date étant « The Last Days of Europe » (les derniers jours de l’Europe), de Walter Laqueur, auteur déjà de nombreux ouvrages d’une immense lucidité. Ces livres n’ont pas d’équivalents européens. En Europe, on glisse vers l’agonie, mais nul ne semble vouloir en parler. Nul ne semble autorisé à en parler. Cela fait partie des sujets tabous. Il en est d’autres : on évoque  beaucoup la Résistance au nazisme en France, beaucoup moins la collaboration. Nul ou presque n’a dit que le jeune Guy Môquet, dont il a été beaucoup question récemment, a été arrêté pour propagande communiste en un temps où le parti communiste français campait sur une ligne collaborationniste, qu’il n’a abandonnée qu’au moment de la rupture du pacte germano-soviétique. On reconstruit le passé, et cela se fait aussi en Allemagne, où la dérive en vogue est que le peuple allemand a été la principale victime du nazisme.
 
L’une des raisons pour lesquelles mon dernier livre publié, Houdna [1], n’est paru que deux ans après sa rédaction est que j’y rappelle la vérité sur l’histoire d’Israël et du Proche-Orient. Or, quand bien même on serait prêt, en France, à faire preuve de davantage de mansuétude envers Israël, on n’ira pas jusqu’à remettre en cause la vision officielle arabe du monde, qui fait du « conflit israélo-palestinien » le problème essentiel, grâce à la résolution duquel, tout le reste redeviendra le paradis terrestre. Dire la vérité sur le nationalisme arabe et sur l’islamisme est désormais presque impossible. Reparler du mufti de Jérusalem, arrêté dans les décombres du nazisme, prisonnier en France, et exfiltré grâce à un vrai faux passeport aux fins de reprendre ses activités antijuives est très malséant…

L’autre raison pour laquelle Houdna paraît si tard est que j’y parle de l’antisémitisme ancré dans la culture française, jusque chez Alphonse Daudet. Et il semble que cela ne se fait pas. Houdna ne sera donc pas disponible en librairie : il y a, en France, aujourd’hui, deux catégories de livres qui ne peuvent être en devanture : les livres pornographiques et les livres comme Houdna. Ecrire des livres pornographiques reste une activité plus lucrative et plus honorable. Houdna a été publié par un éditeur américain dont le siège social est dans le Delaware. L’éditeur lui-même est de New York. Ce n’est pas seulement physiquement et mentalement que New York m’apporte de l’oxygène.
 
En des temps qu’on pourrait penser révolus, des livres qu’on ne pouvait éditer en France étaient édités aux Pays-Bas ou en Suisse et rentraient sous le manteau. Nous n’en sommes pas tout à fait là. Mais il faut parfois un éditeur venu de la libre Amérique pour que des livres en langue française pas très « politiquement corrects » existent. Cela en dit long sur la situation présente. Cela explique mon scepticisme.

Celui-ci ne me fait pas renoncer à me battre pour la liberté d’agir et de penser, pour les droits de la personne humaine et pour la compréhension des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Mais ne pas renoncer à se battre n’empêche pas d’ouvrir les yeux. Le sous-titre du livre de Walter Laqueur (sur lequel je reviendrai longuement) est : « Epitaphe pour un vieux continent ». Laqueur pense que nous en sommes au moment de graver l’inscription funéraire. Pour tenter de retarder ce moment, pour garder des forces, il me faut, souvent, de plus en plus souvent, l’oxygène que je trouve de l’autre côté de l’Atlantique.

Guy Millière Pour Metula News Agency le 06 novembre 2007


Note :
 
[1] Houdna n’est disponible que par correspondance, sur le site : Underbahn.   
Partager cet article
Repost0

Jumelage

Voir les articles

INDEX

 

 READ THIS BLOG IN ENGLISH WITH GOOGLE Click here

Ni totalitarisme nazi, ni totalitarisme communiste, ni totalitarisme islamiqueL'image “http://img57.imageshack.us/img57/3474/bouton3sitany0.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. »

George Orwell


DOSSIER

LE LIBERTARIANISME

Informez-vous sur la philosophie politique libertarienne


« Les faits sont têtus; quels que soient nos souhaits, nos inclinations ou les voeux de nos passions, ils ne peuvent changer l'état de fait et la preuve. »     John Adams

DOSSIER

LE WEB RESISTANT 

lewebresistant.gif

Informez-vous sur la cyber-résistance

 

« Les religions chrétiennes furent sanglantes et meurtrières en s'éloignant de leurs textes tandis que l'islam le fut en se rapprochant des siens. »                                                      Eric Conan



DOSSIER

FONDAMENTALISME, DJIHADISME, TERRORISME

L’ISLAMISME EST UN TOTALITARISME

img80/3421/poing1bjr1.jpg

Ce qu’il faut savoir sur l’une des plus grandes menaces politiques et religieuses du XXIème siècle

 


« Le socialisme cherche à abattre la richesse, le libéralisme à suprimer la pauvreté »                                                   Winston Churchill

 

DOSSIER

LISEZ LE rapport SUR LE SOCIALISME

Plus de 20 articles du blog C.R pour vous réinformer sur le socialisme


« Le Communisme est l'Islam du XXème siècle. »                                                   Jules Monnerot


DOSSIER

LISEZ LE rapport SUR LE COMMUNISME

Plus de 20 articles du blog C.R pour vous réinformer sur le communisme

 

« La religion d'Hitler est la plus proche qui soit de l'islamisme, réaliste, terrestre, promettant le maximum de récompenses dans cette vie, mais avec ce Walhalla façon musulmane avec lequel les Allemands méritoires peuvent entrer et continuer à gouter le plaisir. Comme l'islamisme, elle prêche la vertu de l'épée.  »                            Carl Gustav Jung

 

DOSSIER

LISEZ LE rapport SUR LE NAZISME

Plus de 20 articles du blog C.R pour vous réinformer sur le nazisme


« Ils ignorent que les épées sont données pour que personne ne soit esclave. »                                                                                        Lucain

Partenaire :