
Voici quelques extraits du livre pour vous faire une idée :
P.1-2 : "Il faut les voir hurler, sauter sur leur chaises commes des annimaux furieux. Il faut les entendre couiner contre le fascisme, contre le libéralisme, contre Pétain! contre la mort, contre l'argent, contre les hommes-qui-sont-des-phallocrates, contre tout et son contraire. Il faut les voir et les entendre pendant huit heures d'affilées dans le grand amphitéâtre transformé en forum. Et quel forum... Ils ont dessiné de jolie fresques contre les murs, des fresques pleines de couleurs. Ne pas les aimer, c'est être faschiste assurément.
Pendant huit heures ou plus ils récitent leur crédo, leur idéologie en kit (méthode ASSIMIL) et ils ne sont pas peu fiers de leurs petits effets. Ils vont changer le monde, disent-ils. Et, malheureusement, ça commence ici, aujourd'hui dans cette salle. Et tu n'es toujours pas d'accord? Tu es fasciste, voilà tout. Salaud!
Il faut les voir ces filles et fils de fonctionnaires, il faut bien les observer. On a huit heures pour cela. Tout les débecte, surtout l'Amérique. Tout, tout, tout!"
P.69-70 : "Un jour , se présente à vous l'occasion de faire la révolution. Vous acceptez. Que vont faire les fascistes? Que doivent faire les fascistes? Vous taper dessus, bien sûr. C'est écrit, il y a des milliers d'exemples, vous qui n'en doutez pas une seule seconde. La question n'est pas de savoir s'ils viendront mais quand ils viendront. A l'heure d'aller dormir, après avoir bu quelques bières, vous pensez à ce monde hostile, à ces faf-flics qui sont tout autour de vous et ça vous donne le vertige... et la haine.
En fait, quelle que soit la situation, votre formation (qui tient plus du formatage) idéologique vous empêche d'imaginer sérieusement autre chose. Encore une histoire de cases? Qui sont les ennemis des révolutionaires? Dans la tête du bloqueur, la case "méchants" vient d'être activée. Réponse: les fachos! Du coup, logique implacable, les étudiants qui vous défient ne peuvent être que des fachos.
Une cuvette n'a qu'un trou. Ils ingèrent pendant des années la même doctrine cramoisie. Ils pourraient se révolter, dire "non, putain, être solidaire c'est nul", ou "je ne vois pas en quoi la disparition des frontières serait utile". Il ne le font pas parce que cette doctrine en putréfaction a encore des atouts, un en particulier: elle se présente comme subversive. Un peu comme avec un chiot. Si vous vous désintéressez de lui, ça l'intrigue encore plus, il vient renifler vos chaussettes, mordiller vos doigts. Il sent que ce qu'il est en train de faire est hautement transgréssif. Eh bien, l'idéologie post-soixante-huitarde (et tous ces avatars), c'est pareil. Elle donne l'impression d'être insaisissable. Vous lui demandez "t'es qui?", elle répond "dégage je répond pas". Alors vous avancez, vous trouvez ça encore plus transgressif, vous êtes déjà en rébéllion. Bien sûr, il faut être un tantinet prédisposé, tout le monde n'est pas, malheureusement, candidat à la lobotomie. Comme toute les idéologies, le gauchisme est un ensemble de codes, de valeurs, une morale, en somme. Mais elle a l'avantage, et c'est pourquoi elle plait tant aux jeunes, de vous faire croire qu'elle n'en est pas une. " Je ne suis pas une morale, je suis un comportement". Ah, c'est autre chose que la gauche molle ou le droite ça, quand même! Un comportement. Puis un comportement, ça n'éxige pas de lire Marx, de Maistre ou Tocqueville. Il suffit de copier sur les autres, leur musique, leurs "fringues", leurs indignations, leurs révoltes. Il n'y a pas a dire, c'est quand même plus facile, on ne va pas "se prendre la tête!"
Alors, certes, il y a des cuvettes brillantes et qu'on aimerait bien avoir chez soi. Mais une cuvette, même haut de gamme, n'est jamais qu'un receptacle à excréments. Ils se croient libres, pourtant, quand ils déambulent dans les couloirs de la ZEP une bière à la main, un pétard dans l'autre. Ils se croient libres en chiant par terre ou en étalant de la merde sur les murs, en pissant par les fenêtre, en taguant les vitres, en vomissant un peu partout. Ils se croient libres dans le regard de cette belle révolutionnaire aux yeux bleus, aux cheuveux noirs, si noirs. La Révolution, je vais vous le dire c'est moite et ça sent le tabac et la merde mêlés. Etre libre sur un dépotoir, ça ne coûte rien. On peu être libre, même au dessus d'un charnier.
P.177-178 : "Les Français ont les enfants qu'ils méritent.
Ne pleurez pas en les voyant se faire "dépouiller" place des Invalides Ne soupirez pas en les entendant parler "comme ça pas'ke c'est trop un truc de ouf, tu vois". Ne soyez pas troublés en apprenant que les trois-quarts d'entre eux, quand on leur pause la question disent qu'en cas d'agression contre le territoire national, ils ne défendraient pas leur pays. Ne vous lamentez pas quand ils hurlent vouloir un emploi à vie, un salaire à vie, un contrat à vie sans trop travailler parce que "le travail c'est pas bon pour la santé"... Ne pleurez pas car ils vous ressemblent et parce que s'ils vous détestent tant, c'est que vous leur avez bien appris la haine de soi, la haine de ce que vous êtes : des spectateurs de l'histoire, comme ce pays que vous détruisez depuis des décennies... Les fils dégénérés de vos idées jetables et faciles qui reviennent vous hanter alors que vous ne pensez qu'à vos retraites, vos RTT..."
Vous avez peur du FASCHISME? Vous avez vraiment peur du FASCHISME? Encore faudrait-il que vous n'ayez pas vidé tous les mots de leur substance. Le fascisme qui vous horrifie n'existe plus, exceptés quelques risibles groupuscules à croix celtique et mouvement compulsifs du bras droit. Le seul fascisme contemporain, celui des kamikazes qui se font sauter dans des métros et des tours, celui qui a grandi chez vous, est allé dans vos écoles, a flirté avec vos filles, ce faschisme que vous ne voulez pas voir va vous avalez tout cru. Il avalera vos enfants qui, le canon d'une kalashnikov sur le front, murmureront encore "mais pourquoi?" Que leur répondrez-vous?
L'AG est un miroir, le miroir d'une France qui n'a plus rien à donner au monde si ce n'est le spectacle toujours prodigieux de sa vacuité, de sa décadence. Français, puisque la liberté vous est si pénible, soyez rassurés, vos enfants sont mûrs pour l'esclavage."
David Bescond pour Rebelles.info
Propagande à l'université
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Hugo Chavez est un peu le nouveau guide spirituel, un modèle. Il ne faut pas oublier qu'il résiste seul aux assauts de l'impérialisme américain ! Pas à dire, ils ont bien de la chance à Caracas. A la fin de l'AG, le Comité de Lutte nous a invités à venir assister à la projection de ce monument du film de propagande. Elle sera suivie d'un débat avec un sociologue spécialiste de l'Amérique latine. Ca promet. Ils sont une cinquantaine dans la grande salle, avachis sur leurs chaises, s'enivrant des superbes images de ce pays en pleine ébullition révolutionnaire. On voit Chavez parler aux foules, Chavez parler à Castro, Chavez tenir une pelle, Chavez injurier Georges Bush. Puis vient le tour des Vénézuéliens qui racontent combien leur pays a changé, qu'ils doivent tout à Chavez et sa divine politique. Ils en profitent pour vomir sur les détracteurs de leur chef, des "traitres corrompus par l'Amérique et ses dollars". L'école est gratuite, les hôpitaux gratuits. Chavez sur le point d'être nommé président à vie. On entend parler de "révolution bolivarienne", de FMI, d'ingérence de la CIA, du modèle cubain. On dénonce la calomnie qui touche le régime, calomnie orchestrée par les "riches","capitalistes" et les états du "nord" qui ne comprennent pas leurs peuples. Mais Chavez, lui, a compris. Ca sent un peu le culte de la personnalité et même si Chavez est révolutionnaire on est un peu inquiet quant aux projets du bonhomme. Enfin, apparemment, cette inquiétude n'est pas un sentiment universellement partagé. Tout le monde a trouvé cela Génial, la révolution bolivarienne, "on veut la même chez nous".
(...) Tout le Comité est installé dans cette pièce, dégustant la preuve par l'image que c'est possible. Qui ne rêve d'avoir un emploi à vie, comme Chavez... Je vous parle du Vénézuela, mais je pourrais vous parler de tous les autres documentaires sur les luttes en Amérique latine. Ils représentent la quasi-totalité des films diffusés à l'université. Cuba, Vénézuela, Argentine, Brésil, tous les pays du sous-continent ont droit à leur petit documentaire d'une folle objectivité.
(...) Les hommes changent peu, au fond. Les jeunes, surtout. Mettez-leur un peu de propagande sous le nez, et ils l'avalent aussi aisément qu'ils gobaient l'histoire des cigognes, des choux et des fleurs quand ils étaient enfants. Quand on veut croire, on finit toujours par voir ce qui vous arrange. Pourtant, quand on les entend se dire "esprits critiques", on imagine qu'ils connaissent le "culte de la personnalité", le "conditionnement des masses", la "police politique", les "commissaires politiques". On se dit que ça doit bien leur rappeler des épisodes pas très glorieux, des histoires qui ont toujours fini en charniers, camps, génocides. Eh bien non, étrangement, ils ne voient rien. Culte de la personnalité ? "Mais non, rien à voir. Et puis Bush ne cesse de l'attaquer, il se défend." Les gens ne peuvent qu'être "heureux" (sauf les capitalistes), la police est celle du peuple et les commissaires politiques sont des gens du peuple. Nous voilà rassurés.
(...) Dans la ZEP, on commente le film, on parle notamment de cette jeune fille dont le témoignage dure cinq bonnes minutes. Face caméra, elle raconte comment elle, fille d'une famille de pauvre, a pu sortir de la misère grâce à la révolution bolivarienne. Apprenant à "lire avec Chavez", faisant des études "grâce Chavez", et, finalement, à "penser avec Chavez". Pour celui qui essaie de prendre un peu de "recul", qui fait preuve du minimum d'esprit critique, ce témoignage a la couleur d'un prodigieux bourrage de crâne. Oh, bourrage soft, sous les tropiques le Vénézuela n'est pas la Corée du Nord, bien sûr. Enfin, il faut quand même avoir été bien dressée pour dire, à seize ans, que les "ennemis traditionnels du Vénézuela sont les Américains qui veulent empêcher le tiers-monde de prospérer et réduire ce pays au rang de colonie". Bon, jusque là,tous les Français pourraient fort bien la suivre. Mais ça dérape la petite vénézuelienne lâche que "notre président, avec les présidents iranien et biélorusse, avec tous les pays qui combattent l'impérialisme américain, ne se rendra pas aux dollars de cette pieuvre que les banquiers sionistes commandent". Là, il ne reste plus que l'extrême gauche française et toutes nos filles de quinze ans pour lui emboîter le pas. Devant la ZEP, autour d'un bon joint, les bloqueurs se disent que le monde serait tellement plus agréable à vivre sans ces putains de Yankees, sans ce maudit argent qui corrompt tout.
Voilà, cela se passe ainsi dans les universités françaises en grèves. Mais de cela il ne sera jamais question dans nos médias. JAMAIS ! Tant que durera cette grève stupide et politique nous lèverons le voile sur le véritable visage de cette minorité de la jeunesse qui fout le bordel dans nos universités.
Extrait issu du livre de Loïc Lorent "Votre jeunesse", voir également : http://www.rebelles.info/article-12724897.html
Actions révolutionnaires
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Ils sont encore deux ou trois mille. Devant eux, un cordon de CRS. (...) il y a quelques lycéens, il y a le Comité de Lutte, il y a des artistes jamais assez subventionnés. Les retraités sont partis. Les anarchistes avaient bien dit qu'il ne fallait pas se fier à eux. Trois cents en première ligne, avec les mégaphones. Derrière, éparpillés sur tout le carrefour, les timides, ceux qui croient bêtement qu'il suffit de parader avec des banderoles pour faire la révolution. Le SO de la manif est vite dépassé par les plus révoltés. (...) Les CRS sont alignés, boucliers contre boucliers, casques contre casques, une belle ligne noire et bleue avec le petit logo rouge et blanc bien reconnaissable (...) Et puis, les médias sont là, avec leurs grosses caméras, filmant chaque enguelade, chaque esquisse de combat. Ca va faire un malheur au JT ! (...)
Les CRS ne bougent pas, ils se contentent de bloquer le passage, de protéger les vitres du siège du parti politique. Les bouteilles en verre, les fumigènes, les pétards commencent à pleuvoir en direction des "schmits". Ils restent impassibles, les rangers fermement accrochées au goudron, comme des statues grecques. (...) Juste devant eux, encore deux cents personnes qui les insultent, hurlent qu'ils veulent la démission du ministre "facho" (...) Déjà vingt bonnes minutes que dure le manège quand, soudain, les CRS chargent. Oh, rien des légions romaines ou d'Eylau. Ils avancent groupés, par petits paquets de quatre ou cinq, dans toutes les directions (...) Les CRS réussissent à attraper quelques lanceurs de cannettes, force coups de matraques leur sont administrés. Là, se produit une chose très intéressante. Les quelques touristes de manif, les promeneurs qui viennent tuer l'ennui en se délectant de cette violence gratuite, les "madame et monsieur tout le monde", votre voisin peut-être, eh bien ces gens-là, voyant que les jeunes révoltés sont pris à partie par les forces de l'ordre, sont extrêmement choqués. "Mais quand même, c'est quoi ce pays ! Mais laissez-le, bon sang, vous avez pas honte ?" lance une mère de famille à un officier de police en train de maîtriser un jeune (...) Elle dit qu'elle en parlera à la presse, que "ca va pas se passer comme ça, qu'il y a des droits dans ce pays et que les bavures, les gens en ont assez" (...) Un jeune est un innocent, un jeune qui tape est un révolté, un jeune arrêté est une victime. Voilà le schéma
(...) Finalement, après avoir encaissé une bonne quinzaine de grenades, la quasi-totalité des manifestants restants retraitent. Ne reste que les... trois casseurs encore entre les mains de la maréchaussée. Trois c'est peu, diront certains (des fascistes, assurément). "On a évité un Malik Oussekine" dira le commissaire. "On a évité une défaites aux élections" dira le ministre (...) Le carrefour est presque vide à présent. A part quelques oeufs écrasés et des bris de verre à l'entrée, le siège du parti politique est intact. La manif est terminée (...) Le Comité de Lutte a bien mérité de l'AG, aujourd'hui. Toujours en première ligne à motiver les autres (...) pour certains d'entre eux, ont "caillassé les schmits". Pourtant, les grands leaders ne décolèrent pas. "La monstrueuse riposte policière", le "fascisme militaire", le "gouvernement autoritaire", la "dictature des képis" sortent de leurs bouches en même temps que la fumée de clopes si bonnes après l'effort (...) ils préparent déjà les tracts qui vont montrer au monde entier comment la police française (...) traite sa noble jeunesse. Steph', étudiant en physique, montre un brouillon : "L'ETAT POLICIER CONTRE LA JEUNESSE". Tel est le titre de cette courte et pénétrante diatribe dans laquelle Steph' n'hésite pas à parler de "la foule pacifique", des "enfants et des personnes âgées", des "Sans-Papiers et des SDF" comme ayant rencontré "la vermine capitaliste armée", "l'armée de hyènes sanguinaires". Il précise que "les provocations policières ont fait dégénérer la fin de la manif" alors qu'eux, les manifestants, voulaient "juste s'entretenir avec les représentants" du parti politique (...) Il précise même que "plus que jamais l'heure est venue de renverser le système pour imposer un autre projet basé sur la solidarité et l'égalité totale". Il faut "se bouger" et "faire pression" dès demain. Partout la "désobéissance civile" doit régner, dans le pays, en Europe, dans le monde. Rien sur les lanceurs de bouteilles, rien sur les insultes adressées aux policiers. Les méchants sont ceux qui portent des casques
(...) Le soir sur les grandes chaînes de télévision, on voit quelques images de la manif, des plans pris depuis des fenêtres ou au ras du sol. On voit un jeune courir et la charge des CRS. La voix off dit : "La manifestation se déroulait dans un esprit convivial et festif quand, soudain, deux pelotons de CRS chargent les manifestants. La foule se disperse. On dénombre plusieurs blessés dont un policier (...) La voix off conclut le reportage par "Le ministre, qui avait donné des ordres très stricts, a félicité les forces de l'ordre pour leur sang-froid et leur professionnalisme. Il a également déclaré que tous les casseurs seraient jugés avec la plus grande fermeté". Alors, on se dit que le "fascisme" français, c'est un peu mou du gland.
Voilà, pensez-y la semaine prochaine quand suite aux provocations des étudiants extrémistes les forces de l'ordre devront intervenir. Nous entendrons parler de fascisme, de dictature policière, de Sarko facho et je ne sais quoi encore. Vous êtes libres de croire ou de refuser cette propagande stupide. Cette décision prouve également que le mouvement de cette minorité totalitaire est avant tout politique comme cela a déjà été dit dans un précédent article en date du 08 novembre : "Ce n'est pas un hasard si ce mouvement se produit maintenant. L'extrême-gauche et les socialistes font monter au front leurs petits "révolutionnaires" afin de soutenir le "mouvement social" des égoistes de la SNCF, de la RATP et d'EDF-GDF. Il convient d'agréger les mécontentements afin de déstabiliser le pouvoir. Toujours cette logique puérile du "Grand Soir" si chère à la gauche française."
David Bescond pour Rebelles.info
Connaissez-vous Hugo Melchior ? C'est le responsable Sud-étudiant pour l'université Renne s 2. Devant le vote à bulletin secret qui a donné une large majorité aux non grévistes ce petit fasciste rouge a tout bonnement qualifié ce vote...d'illégitime. Seul compte pour lui le vote à main levée dans les AG. On voit que ces abrutis, qui ne cessent de traiter de fasciste toutes les personnes qui ne pensent pas comme eux, sont les dignes descendants des commissaires politiques de l'URSS. Mais au fait, comment se déroule un vote dans une AG ? Laissons la parole à Loïc Lorent à travers son ouvrage "Votre jeunesse" :
Et ils finissent par la poser cette satanée question. Oh, sans jovialité excessive, bien sûr ! "Bon, je ne sais pas si ça vous intéresse, mais on m'a demandé de mettre le blocage au vote. Puisque certains insistent, je vous le demande." Dans les rangs des bloqueurs, des "ohhhh" agacés retentissent. "Donc, qui vote pour le maintien du blocage ?" Les mains se lèvent. On jauge sa force, on a peur. "Qui... vote contre ?" Les mains se lèvent... et très vite c'est un hurlement poussé par plusieurs centaines de personnes ! Les débloqueurs n'y croient pas, ils se dressent, comptent, ils sont majoritaires. "Attendez, attendez !" Et déjà les bloqueurs crient au scandale. "NPPV ?" Quelques indécis qui ne modifient pas ce qui ressemble à un verdict. "Ne prend pas part au vote ?" Personne, ou presque. A la tribune, on s'excite beaucoup, on demande à recommencer le vote. "Non ! Ah mais non !", disent les débloqueurs. On recommence, c'est une leçon de démocratie qui va vous être donnée, attention, ouvrez grand vos yeux.
Les membres du Comité de Lutte se pressent autour de la tribune et s'emparent du micro. Ils contestent catégoriquement que les débloqueurs soient gagnants. "Le vote est très serré, aucune majorité ne se dégage, il va falloir compter." Les partisans du déblocage, qui sont autant d'individualités, ne savent pas quoi faire. Eux n'ont pas un Comité suffisamment fort et structuré (leur Comité de déblocage étant surtout symbolique) qui pourrait contre-attaquer et prendre d'assaut la tribune. Ils attendent passivement, ne pensant pas un seul instant que l'on puisse nier l'évidence dont chaque participant à désormais conscience : la fac est libre, la fête est terminée. Les débloqueurs le sentaient, ils avaient bien entendu quelques hués pendant l'AG, mais de là à imaginer qu'ils puissent l'emporter...
Ils sont cinq, six membres du Comité en train de compter, de faire semblant de compter. Pendant deux interminables minutes, hilares, ils pointent leurs doigts vers les rangées et, après s'être rapidement concertés, reviennent vers la tribune. C'est Nicolas l'antisioniste qui va trancher. Il va trancher alors que les bloqueurs insultent les débloqueurs qui essaient timidement de riposter. On entend des "facho, facho, enfoirés !", "bande de bâtards !". Nicolas reprend le micro. "Bon, je crois que c'est clair, le blocage est reconduit !" Les bloqueurs exultent, pliés en deux, en quatre sur leurs chaises. Encore une grande victoire du vote à main levée. En face, on se récrie, on parle de "vol"... pendant trente secondes, puis plus rien. Les débloqueurs sortent de la salle. Ils rentrent chez eux.
Voilà comment se passe les AG dans les universités françaises en grèves. Voilà pourquoi les extrémistes préfèrent le vote à main levée plutôt que les élections avec des urnes. Et voilà pourquoi les étudiants totalitaires refusent l'accès de ces AG aux journalistes. Il ne faudrait pas que ces pratiques "démocratiques" puissent venir jusqu'aux oreilles de la population. Puisqu'on vous dit que les Etudiants ont voté pour la grève !