Bezmenov explique que l'espionnage représentait 10 à 15 % des activités du KGB. Le reste était de la subversion, ouverte, publique.
Le but de la subversion est de vaincre l'adversaire sans guerre, de lui faire perdre toute envie de se défendre (« Plutôt rouge que mort »). Pour cela, on applique la technique de l'aïkido : on aide et on prolonge les mouvements de l'ennemi qui vont dans un sens favorable.
Par exemple, Bezmenov cite la dégradation de l'enseignement. Comme il a un certain humour, il parle des heures perdues d'enseignement des mathématiques au profit de l'éducation sexuelle. Il insiste sur le fait que le sexe étant anti-guerrier, quand on passe son temps à baiser ou à y penser, on songe assez peu à charger en hurlant «Vive la France !», la pornographie est à l'avantage des ennemis.
Il parle même des militants homosexuels comme un des multiples moyens d'antagoniser la société.
Il évoque aussi la médiocrité des journalistes, qu'il faut absolument encourager.
Il parle également de la nécessité de dénigrer tous ceux qui maintiennent l'ordre, les policiers et les militaires, de l'importance de faire du voyou une figure romantique ou une victime.
Et enfin, il insiste sur l'aspect dévastateur de l'égalitarisme imposé d'en haut.
Il décrit quatre stades :
1) Démoralisation (à ce stade, le processus peut être stoppé en ne donnant pas un temps de parole égale aux ennemis de la société et à ses défenseurs. Il faut refuser l'importation d'idées et de pratiques étrangères, il faut préserver son mode de vie. Le Japon est un exemple. Mais la vraie barrière a la subversion soviétique est la religion ! La démonstration 2+2 = 4 au 7ème film est marrante mais très vraie. C'est bien, au fond des choses, la religion qui a arrêté l'URSS en Afghanistan. Si vous avez la foi, la propagande subversive glissera sur vous.).
2) Déstabilisation (à ce stade, le processus peut être stoppé en limitant les libertés des ennemis de la société,en empêchant les groupes qui se déclarent ennemis de la société, par exemple les militants homosexuels de Los Angeles -c'est l'exemple donné par Bezmenoz- d'avoir la parole et de gagner du pouvoir politique. Il parle aussi de freiner le consumérisme compulsif, qui est aussi une aide au communisme - voir Le communisme de marché, de Flora Montcornet).
3) Crise (à ce stade, le processus peut être stoppé par un coup d'Etat, comme au Chili)
4) Normalisation (à ce stade, le processus peut être stoppé par une intervention militaire étrangère, comme les USA à Grenade). L'humour noir de ce stade est que la première étape est l'exécution ou la déportation de tous les «idiots utiles», ces agitateurs qui ont travaillé contre leur pays et vous ont permis de prendre le pouvoir. Une fois qu'ils sont devenus inutiles, il faut s'en débarrasser, puisque vous les avez formés, endoctrinés, à emmerder le monde et qu'ils pourraient se retourner contre vous (cette tradition, qui est consubstantielle au marxisme, a été inaugurée par Lénine qui a fait exécuté tous les anarchistes qui l'ont aidé dès 1917-1918. Castro n'a pas agi autrement avec Guevara).
Ces videos datent de 1983 mais nous rappellent des choses très actuelles ! On remarquera que la subversion a parfaitement réussi, puisque de très larges franges des sociétés occidentales, les trop fameux «citoyens du monde», estiment que nos sociétés ne valent pas la peine d'être défendues et que, parmi ces dénationalisés, figurent nos élites. Il n'était cependant pas prévu que l'URSS s'écroulerait encore plus vite.
Comment, en pratique, arriver à subvertir un pays ? En aidant ceux qui vont dans le «bon» sens, constamment, avec patience, pendant des décennies, et entretenir de grands fichiers relationnels, pour que chaque pion conquis aide à conquérir les suivants. Comme, en face, il n'y a pas de contre-pouvoir d'influence aussi méthodique, la subversion finit par gagner, exactement comme l'eau, à force de peser constamment, fait sauter les digues.
On retombe sur la thèse de Maurice Druon dans La France aux ordres d'un cadavre : l'URSS a disparu, mais les idées qu'elle a infusées dirigent la France.
Selon les pays, le terme libéral peut recouvrir des idéologies diversement placées sur l'échiquier politique. Ainsi aux États-Unis le mot liberal (ou left-liberal) désigne les progressistes, depuis le maccarthisme qui poussa de nombreux socialistes à se faire discret, le meilleur équivalent à l'adjectif libéral serait donc classical liberal ou libertarian dans ce pays. Au Royaume-Uni et au Canada, la situation est intermédiaire, le mot liberal fait à la fois référence à la gauche réformiste, qui est social-démocrate, mais aussi à la philosophie libérale selon le contexte ; dans ces pays la notion classique de libéralisme est plus souvent prônée par les partis dits conservateurs (qui peuvent aussi prôner ou ne pas prôner différents types de conservatisme de façon variable, selon le cas). En France, il existe de nouveau un parti revendiqué libéral. Il existe également un Parti libéral au Canada. Enfin, au Japon, le parti dit libéral est un parti conservateur et en Autriche nationaliste.
Le dernier livre de Maurice Druon (La France aux ordres d’un cadavre), ne manque pas de tonus pour dénoncer, avec courage et lucidité, la permanence de l’influence marxiste en France.
Tout a commencé il y a 80 ans lorsque, à Tours, les mouvements socialistes, au lieu de s’unir, comme il était convenu, pour le bien du genre humain, se scindent en deux tendances comparables aux mencheviks et aux bolcheviks : d’une part, la S.F.I.O. proprement dite et, d’autre part, la Section Française de l’Internationale communiste, devenue presque aussitôt le Parti communiste français, avec sa filiale syndicale, la Confédération Générale du Travail Unitaire (C.G.T.U.). Depuis, une grande partie de l’Histoire de la France se décide à Moscou et s’applique, grâce à des intermédiaires dévoués, à Paris. C’est le point de départ du dernier livre (La France aux ordres d’un cadavre, Editions du Rocher et de Fallois, octobre 2000) de l’académicien Maurice Druon qui n’est autre chose qu’un diagnostic implacable de la France d’aujourd’hui. C’est la soumission continue de notre pays aux ordres de Moscou et à la pensée marxiste qui provoque l’ire de Druon. C’est la servilité de tous ces valets, de Thorez à Marchais, en passant par Duclos, qui a poussé l’académicien à écrire ce brûlot.
L’autre visage de l’Histoire apparaît clairement dès le Front populaire (terme inventé par Thorez) lorsque celui-ci est instauré pour servir la politique étrangère de l’URSS. Habiles, les communistes, en suivant les ordres de Staline, refusent de participer au gouvernement mais font adopter les réformes qui se révéleront catastrophiques pour l’économie française : baisse de la durée hebdomadaire du travail (elle visait à résorber le chômage, ce qui se révéla faux, déjà !), création de l’Office du blé, nationalisation de la Banque de France, nationalisation des industries de l’armement. Ce gouvernement ne dura que onze mois mais ses effets furent durables…
Pendant l’Occupation, les communistes creusent leur nid. Après avoir été les alliés d’Hitler (on oublie trop souvent en France que le PCF a été le seul parti allié du national-socialisme), ceux-ci deviennent leurs ennemis mais aux ordres de Moscou et dès la Libération réclament leur dû. Ils n’eurent pas l’armement dans le gouvernement de Gaulle, ni l’Intérieur, mais en compensation Thorez reçut la Fonction publique. Et c’est le 5 octobre 1946 que Thorez fait signer la loi sur le statut des fonctionnaires qui est encore valable aujourd’hui. Elle était faite pour que l’administration soit pléthorique et que les procédures soient toujours lentes et, surtout, à ce qu’on ne puisse jamais réformer l’Etat.
Peu de lois ont été aussi solides ! C’est la loi Thorez qui a installé le pouvoir syndical qui ampute celui des ministres, elle a créé les Commissions paritaires qui donnent aux syndicats une large part d’autorité, généralement paralysante, sur la gestion des personnels et la marche même des services (quand un ministre prend sa charge, il doit obligatoirement réserver trois précieuses heures pour entendre les représentants syndicaux exposer leurs revendications). Cette loi a représenté la création de l’Etat schizophrène qui survit encore aujourd’hui.
« Si la France décline, constate Druon avec lucidité et amertume, si elle n’occupe plus en Europe et dans le monde la place et le rang qui devraient être les siens, c’est en grande partie parce qu’elle est malade de sa fonction publique. Ses organes essentiels souffrent d"une infection pernicieuse ». Si la France est malade, c’est à cause de son administration énorme, de ses 20 000 emplois fictifs (des fonctionnaires mis à la disposition des syndicats alors que ceux-ci ne représentent plus que 6,1 % de la population active), de l’argent colossal qui est englouti par l’Etat.
Pourquoi s’obstine-t-on à sauvegarder des entreprises nationalisées qui côutent très cher aux contribuables ? Ce sont les syndicats qui veillent : à la SNCF, il n’y a pas moins de 3 000 préposés, payés par l’entreprise, qui ne s’occupent de rien d’autre que du « dialogue social », et de gérer les dix à trente préavis de grève quotidiens, en période « calme », et jusqu’à cent dans les moments de crise. Si l’URSS a prôné le « stakhanovisme », les services publics français encouragent le « stakhanovisme » à l’envers. Moins on travaille, mieux on sera recompensé !
Dans un pays où l’égalitarisme fait figure de loi fondamentale, les riches s’exilent à l’étranger, avec les jeunes en quête d’ascension sociale, et les assistés augmentent. Comment ce pays pourrait-il être prospère quand les charges qui pèsent sur le contribuable s élèvent à 62 % du revenu moyen individuel ? Quel avenir pourrait-il avoir quand 20 % des élèves sont incapables de lire et d’écrire à la sortie de l’école primaire? « Désapprendre » a été et reste le mot d’ordre de l’éducation en France depuis que les syndicats s’en sont emparés et depuis que Marx et Lénine ont remplacé Tocqueville.
Une centaine de pages suffit pour rendre compte d’un désastre lorsqu’elles sont écrites avec colère, mais aussi avec beaucoup de talent, par un écrivain reconnu surtout pour ses talents de romancier. Et cette fois-ci, il ne s’agit plus d’un roi maudit, mais d’un pays qui paraît maudit, à la solde d’un cadavre idéologique qui bouge encore.