LIBERALISME vs ISLAMO-SOCIALISME
FRANCE: QUI SONT LES VÉRITABLES EXTRÉMISTES?
Le Grand Mythe de la Grande Dépression.
Le Grand Mythe de la Grande Dépression. (suite)
Le libéralisme est un courant de pensée, ou un ensemble de courants de pensée visant à faire reconnaître la primauté de l'individu.
Sur le plan politique, le libéralisme ne cherche pas à déterminer qui doit détenir le pouvoir : il fixe des limites à l'autorité politique, les moyens qu'elle peut ou ne peut pas utiliser. Cela a d'abord été une réponse à l'absolutisme des régimes de droit divin qui octroyait tous les pouvoirs aux monarques; par la suite, même la démocratie a vu émerger des structures politiques qui pouvaient aussi restreindre les prérogatives individuelles. Le libéralisme politique est consécutivement ladoctrine politique visant à limiter les pouvoirs de l'État pour ramener celui-ci à la protection desdroits et libertés individuelles.
Sur le plan économique le libéralisme économique donne une grande place au principe de propriétéindividuelle et s'oppose aux pouvoirs qui perturbent le libre jeu de la concurrence. C'est tout autant l'étatisme ou l'État-providence qui instaurent des barrières au commerce, que la constitution de conglomérats ou ententes industriels qui acquièrent une position hégémonique sur le marché.
L'accusation contemporaine la plus commune qui est portée contre le concept de libéralisme[1]comme pour sa pratique est qu'il n'accorderait quasiment aucune valeur à la réduction des inégalités et considérerait les politiques de solidarité comme dangereuses. Pour les libéraux, il s'agit de distinguer le fonctionnement de l'économie de la politique sociale, deux domaines ayant leurs propres objectifs. Ils considèrent que les mélanger crée des confusions, opacités et effets pervers au détriment des deux.
Les valeurs libérales sont la liberté individuelle, la créativité individuelle, la responsabilitéindividuelle, l'indépendance personnelle, le respect des droits individuels, etc. On définit souvent le libéralisme par ces quelques principes, que l'on retrouve dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen :
- • l'égalité en droit;
- • la liberté individuelle et la responsabilité qui en découle;
- • la propriété privée ;
- • le droit de résistance à l'oppression;
- • la recherche du bonheur et la sûreté.
La liberté individuelle est définie de manière négative comme l'absence de contrainte exercée par les autres individus, ou de façon positive comme le droit d'agir sans contrainte dans la limite des droits légitimes des autres. Il s'agit du concept de la « liberté-autonomie », ou encore de « liberté-indépendance ». Elle se fonde sur la distinction entre la « liberté des Anciens » et celle des « Modernes ».
La propriété est le droit pour l'individu de jouir du fruit de son activité, des richesses qu'il crée, et d'en disposer à sa guise, y compris en excluant autrui de leur usage. La propriété commence d'abord par le droit à la vie et la propriété de son corps. Les droits de sûreté et de résistance à l'oppression sont des conséquences du principe de propriété.
La responsabilité, inséparable de la liberté et de la propriété, rend l'individu responsable à l'égard des autres des conséquences de ses actions, bonnes ou mauvaises (quand elles lèsent autrui dans ses droits). C'est une composante de la sûreté d'autrui.
Ces droits, selon les libéraux, ne découlent pas d'une définition législative, ce sont des droits inhérents à la nature humaine et dont la légitimité est supérieure à toute loi. Le libéralisme économique n'en est qu'une conséquence directe, depuis le « laissez faire, laissez passer », mot d'ordre des physiocrates français au XVIIIe siècle en faveur de la libre circulation des biens et desmarchandises, jusqu'à l'école autrichienne d'économie au XXe siècle. Les libéralismes social et moral sont aussi des conséquences, même si on les sépare du libéralisme économique car tout le monde n'adhére pas forcément simultanément aux trois (Cf infra, diagramme de Nolan).
La thèse des droits naturels (droit à la vie, à la liberté et à la propriété) est largement développée par John Locke. De cette théorie est issue la conception moderne des droits de l'homme qui a fourni historiquement la justification idéologique de la Révolution américaine et de laRévolution française, sans pour autant préconiser la démocratie, de crainte que la « tyrannie de la majorité » (selon l'expression de Tocqueville) ne vienne limiter les droits individuels.
Plusieurs libéraux contestent la thèse des droits naturels, et affirment que ces droits ne sont que des valeurs politiques (voir libéralisme politique). Les libéraux classiques soutiennent qu'en ce cas la société (via la démocratie) peut très bien limiter ou supprimer complètement la liberté de l'individu de façon tout à fait légale et démocratique (ce qui s'est produit par exemple avec l'accession d'Adolf Hitler au pouvoir). Pour les tenants de la thèse des droits naturels (qualifiés également d'imprescriptibles dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen), il est clair que ces droits sont antérieurs et supérieurs à tout droit politique ainsi qu'à la démocratie.
Il subsiste ainsi une différence marquée entre libéraux partisans du jusnaturalisme (la Raisoncomme source du droit : le droit naturel), et libéraux partisans du droit positif (l'État comme source du droit), les premiers étant parfois accusés de faire de la métaphysique, les derniers étant taxés de relativisme ou de soumission à l'État. Toutefois, tous les libéraux admettent l'insuffisance du seul droit positif : Hayek distingue la loi et la « règle de la loi » ; Bastiat affirme que « Personnalité, Liberté, Propriété (...) sont antérieures et supérieures à toute législation humaine.»
Ces droits ont un caractère universel, applicable à tous les hommes, sans égard au lieu ni à l'époque, ce qui les distingue de « droits » arbitraires fictifs : par exemple un droit au logementne saurait être un droit naturel, car il est impossible à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui lui ôte tout caractère universel. Les droits des uns ne peuvent s'exercer aux dépens des droits des autres, plus précisément un droit ne peut s'exercer aux dépens d'une personne non consentante.
Il faut noter que ces droits étaient déjà reconnus sous la monarchie : « il y a quatre droits naturels que le prince est obligé de conserver à chacun de ses sujets ; ils ne les tiennent que de Dieu et ils sont antérieurs à toute loi politique et civile : la vie, l'honneur, la liberté et la propriété. » (Louis XVI)
L'éthique libérale découle des droits naturels, elle se ramène au principe de non-agression : ne pas voler autrui, ne pas utiliser la coercition ou la violence envers autrui, sauf pour se défendre d'une agression. C'est donc une éthique de tolérance, contraire au relativisme moral du collectivisme (selon lequel la fin justifie les moyens ou l'intérêt général doit prévaloir sur les options individuelles)
La tradition et ses évolutions
La tradition libérale dont se réclament les libéraux remonte jusqu'au taoïsme original en Chine, àAristote puis aux stoïques en Grèce.
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- Au XVIe siècle, l'école de Salamanque, Montaigne, La Boétie et d'autres humanistes.
- Au XVIIe siècle, les levellers de la révolution anglaise, John Locke (qui fonde la philosophie libérale moderne).
- Au XVIIIe siècle, Montesquieu, Voltaire, les physiocrates, Turgot, Adam Smith, David Hume. La révolution américaine est riche d'auteurs libéraux, de Benjamin Franklin àThomas Paine.
- Durant la Révolution française, les girondins représentent le courant libéral, victimes de la Terreur étatique des Jacobins, et parmi ceux-là des factions de la Montagne. Quand ils ne sont pas combattus par la révolution ou par Napoléon, les libéraux sont dans l'opposition pacifique : Destutt de Tracy, Benjamin Constant (qui formalise l'essence du libéralisme).
- Au XIXe siècle, Jean-Baptiste Say, Charles Comte, Charles Dunoyer, Alexis de Tocqueville, Frédéric Bastiat (le classique par excellence), Gustave de Molinari; enAngleterre, Richard Cobden, John Stuart Mill, Lord Acton.
- Au XXe siècle, l'école autrichienne culmine avec Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, l'objectiviste Ayn Rand cristallise les valeurs libérales, Murray Rothbard popularise lelibertarianisme; on citera aussi Henry Hazlitt, Leonard Read, David Friedman, Antony de Jasay, etc.; en France, Jacques Rueff, Raymond Aron, Jean-François Revel, Pascal Salin, Henri Lepage, etc.
Il n'y a pas une école unique du libéralisme, d'autorité ni de fondateur. Il y a par exemple de grandes différences entre Hayek et Aristote, Frédéric Bastiat et Thomas Paine ou John Stuart Mill. Friedrich Hayek écrit ainsi que : « Il n'y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d'en faire un dogme immuable; il n'y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées et recourir le moins possible à la coercition. »[2]
Certains libéraux, les utilitaristes (par exemple Maurice Allais), sans prendre parti sur les prémisses philosophiques du libéralisme, justifient le libéralisme parce qu'il engendre les organisations sociales les plus efficaces d'un point de vue économique.
Le libéralisme politique
Le libéralisme politique, expression qui est pour certains libéraux un oxymore, désigne aujourd'hui dans les pays anglo-saxons une tradition politique militant pour la démocratie et le régime constitutionnel, favorable en général aux libertés civiles et à l'économie de marché, mais souvent aussi interventionniste, et qui s'oppose à celle des conservateurs ou des socialistes ; dans ce sens le terme anglais liberal équivaut à centre-gauche, réformiste, démocrate ou social-démocrate (Jean-François Revel emploie le terme de progressiste), ce qui a peu de choses à voir avec le sens premier.
Originellement, le libéralisme politique est le courant de pensée qui, depuis Locke, Hobbes et Montesquieu, est attaché à circonscrire l'action du pouvoir et de l'État, et à définir les rapports de la sphère politique avec l'individu (séparation des pouvoirs, « contre-pouvoirs », etc.). En général est préconisée la démocratie libérale, que l'on connaît depuis le XIXe siècle dans la plupart des états occidentaux.
Les libéraux les plus radicaux, les anarcho-capitalistes, affirment que la sphère des attributions légitimes du pouvoir politique est vide.
Les libéraux plus modérés, les minarchistes, pensent qu'il existe des fonctions légitimes de l'État, qu'ils identifient souvent aux fonctions régaliennes: sécurité, police, justice, défense du territoire.
La plupart des libéraux ne se posent pas ces questions de principes; leur opinion est que le pouvoir politique est bien trop étendu, et s'étend sans cesse. Ils cherchent donc les moyens de restreindre et d'inverser cette expansion de l'État, la question de savoir où on s'arrêtera étant prématurée.
En France, les organisations libérales contemporaines sont l'ALEPS et l'ADEL. Il y a aussi des instituts comme l'Ifrap, Contribuables Associés ou Liberté Chérie. Au Québec, on trouvera l'IEDMou le Québécois Libre.
Annexes
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- Le libéralisme en tant que tradition anti-politique est à distinguer de la tradition politique des partis libéraux.
- En revanche la dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » est réfutée par les libéraux : il n'y a qu'un seul libéralisme, anti-étatique, voire anti-politique.
- Le libéralisme en toute rigueur n'est ni « à droite », ni « à gauche ». Le diagramme de Nolan montre où se situe le libéralisme dans un espace politique à deux dimensions. Cela n'empêche pas qu'il y a eu et qu'il y a des personnes qui se sentent à la fois libérales et « de gauche » ou « de droite » selon l'importance qu'elles accordent,grosso modo, les unes aux libertés individuelles, les autres au droit à la propriété.
- Les libéraux ne se reconnaissent pas dans les étiquettes de « néolibéral » ou « ultralibéral » : ils se disent simplement libéral, ou, pour se distinguer du parti libérallocal, « libéral classique » (voire par auto-dérision paléo- ou archéo-libéral), ou bienlibertarien. Ce dernier terme, importé des États-Unis, s'applique aux libéraux radicaux qui revendiquent les principes du libéralisme, et non à ceux qui partagent le point de vue de la réduction de l'État sans forcément adhérer aux principes philosophiques.
- « On reproche au libéralisme d'être matérialiste, de prôner la poursuite exclusive de la richesse aux dépens de toute autre valeur, alors qu'il n'a d'autre aspiration que de permettre l'épanouissement des êtres humains et la réalisation de leurs objectifs, spirituels, affectifs ou esthétiques autant que matériels. On lui reproche d'être sauvage alors que, fondé sur le respect intégral des autres, il exprime l'essence même de la civilisation. »
- (Pascal Salin, Libéralisme[3])
- « Le libéralisme c'est d'abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie. »
- « Dès le XVIIème siècle, les thèmes fondateurs du libéralisme sont définis : intégrité de l’individu humain, respect de l’autonomie des activités sociales, immanence des règles de la coexistence humaine. »
- Monique Canto-Sperber[5]
- ↑ * Walter Gallie, 1956, “Essentially Contested Concepts”; Proceedings of the Aristotelian Society, 56, pp167-198
- Ruth Abbey, 2005, “Is Liberalism Now an Essentially Contested Concept?”, New Political Science, 27, pp461-480
- ↑ Friedrich Hayek, La Route de la servitude, chap. 1, p. 20 de l'édition Quadrige
- ↑ Pascal Salin, Libéralisme, 2000, p.3
- ↑ Jacques de Guénin, Savez-vous vraiment ce qu'est le libéralisme ?, [lire en ligne]
- ↑ "Pourquoi le libéralisme n’est pas le laissez faire", En temps réel, Cahier 7, février 2003, p. 5, [lire en ligne]
- 1976, D. J. Manning, Liberalism, London: J.M. Dent and Sons
- 1978, E. K. Bramsted et K.J. Melhuish, dir., Western Liberalism: A History in Documents from Locke to Croce, London: Longman
- 1984,
- Anthony Arblaster, The Rise and Decline of Western Liberalism, Oxford: Basil Blackwell
- Rudolf Walther, "Economic Liberalism", Economy and Society, v.13, n.2
- 1986, J. C. Nyiri, Intellectual Foundations of Austrian Liberalism, In: Wolfgang Grassl et Barry Smith, dir., Austrian Economics, New York, pp102–138
- 1993, Alan Ryan, “Liberalism”, In: Robert E. Goodin et Philip Pettit, dir., A Companion to Contemporary Political Philosophy, Oxford: Blackwell, pp291-311
- 1997, John Kekes, "Against Liberalism", Ithaca, New York: Cornell University Press
- 1998, Raino Malnes, “Liberalismens mangfold” (la diversité des libéralismes), Statsvetenskaplig Tidskrift, 101, pp304-313 (en norvégien)
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- Frédéric Bastiat, l'auteur libéral classique par excellence.
- le site de Hervé de Quengo publie de nombreux textes libéraux.
- Librairal, ebooks libéraux gratuits
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- Libéralisme par Wikipedia
- Sur le site de l'ISIL, une introduction à la Philosophie de la Liberté.
- Des forums libéraux: la page libérale, liberaux.org, etc.
- Association Liberté Chérie, site libéral militant et lieu de réflexion.
- Sites d'actualité vue par des libéraux de tendances diverses : Le Québécois Libre, libres.org (libéraux modérés), etc.
- Site du libéralisme et du libertarianisme, pour un point de vue libéral sur l'actualité et les courants : site de l'ADEL
- Une présentation par le Pr. Lemennicier.
- Autres présentations : sur Freegoat et sur Cybernéthique
- (en)Quiz politique : où vous situez-vous ?
- Catallaxia : site de présentation des penseurs libéraux
- Pourquoi le libéralisme fait-il si peur ?
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[pdf]Être libéral au XXIe siècle par l'Institut Constant de Rebecque
- (humour) Le libéralisme pour les débutants de Daniel Tourre