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David Pujadas, Dominique Wolton et Stéphane Durand-Souffland, lauréats des premiers « Bobards d’or ». Le prix spécial du jury, « Les Ciseaux d’or », attribué au médiateur de TF 1, Jean-Marc Pillas
http://www.polemia.com/bobardor/presse.html
La cérémonie de remise des premiers Bobards d’or a eu lieu mardi soir 20 avril, à Paris, devant plus de 200 personnes réunies dans une salle pleine à craquer.
Pour récompenser les meilleurs désinformateurs, les internautes, le public et le jury ont décerné les prix suivants :
Bobard d’or (télévision) : David Pujadas de France 2 qui avait utilisé, le 28 décembre 2009, des images du Honduras pour illustrer la répression d’une manifestation en… Iran. Le tout en avertissant au préalable les spectateurs : « Attention ! Si des enfants sont à vos côtés, certaines de ces images peuvent choquer. » David Pujadas, qui était dépassé par Laurence Ferrari lors du vote des internautes, a refait son handicap au cours de la soirée et a été plébiscité par le public dont le jury a repris le choix.
Bobard d’or (presse écrite) : Stéphane Durand-Souffland du Figaro pour avoir écrit, le 2 janvier 2010, que les meurtriers de Jean-Claude Irvoas (le photographe de lampadaires tué à Épinay en 2005) étaient « d’origine européenne » (en fait il s’agit d’un Sénégalais, d’un métis de Congolais, d’un Antillais et d’un Maghrébin né en Franche Comté). Stéphane Durand-Souffland est une référence dans le monde de la presse en tant que président de l’Association des journalistes judiciaires. C’est donc une « autorité morale » qui se voit couronnée du Bobard d’or.
Bobard d’or (maîtres à penser) : Dominique Wolton l’a largement emporté sur tous ses concurrents. Une déception pour Bernard-Henri Lévy habitué à cumuler les distinctions honorifiques.
Enfin le jury a créé une distinction spéciale, les Ciseaux d’or, qui ont été attribués à Jean-Marc Pillas, médiateur de TF 1. Jean-Marc Pillas a expliqué la censure, par TF1, des images de la Marche pour la vie ainsi : « la “première chaîne nationale”, n’a pas vocation à couvrir la manifestation de quelques militants anti-avortement contestant une loi de la République. » Une explication qui ne manque pas de saveur alors qu’il ne se passe pas de semaine sans que TF 1 ne parle de manifestations de clandestins et de leurs soutiens demandant la modification des lois sur l’immigration.
La deuxième cérémonie des Bobards d’or aura lieu au printemps 2011. Elle distinguera aussi des journalistes de radio.
Polémia
Première cérémonie des « Bobards d’or »
Communication de Jean-Yves Le Gallou
Dix sept thèses sur le système médiatique français
Permettez-moi d’abord un instant de politiquement correct. Oui, il existe encore des journalistes intelligents, cultivés et courageux dans les grands médias français. Mais ils sont de plus en plus rares et les créneaux qui leur sont laissés sont de moins en moins nombreux.
Maintenant que cette nuance est apportée, laissez-moi vous présenter dix-sept thèses sur les grands médias français.
Première thèse : la presse est de moins en moins libre en France.
Et ce n’est pas Polémia qui le dit. C’est Reporters sans frontières.
Chaque année Reporters sans frontières publie un baromètre de la liberté de la presse dans le monde. Année après année, la France plonge dans le classement : 11e en 2002, 19e en 2004, 35e en 2006 et en 2008, 43e en 2009 : une place peu enviable ! Certes, devant le Cap Vert mais juste derrière le Guyana et le Surinam. Chapeau !
Deux explications à cela : les lois liberticides de plus en plus sévères et de plus en plus nombreuses et la concentration économique et financière des grands médias.
Deuxième thèse : le système médiatique français est aux mains de grands oligarques.
Le groupe Figaro pour Dassault, Bernard Arnault de LVMH pour Les Echos, Edouard de Rothschild pour Libération, Bouygues pour TF1, « Lagardère active » pour les filiales de Vivendi Universal, de nombreuses radios dont Europe 1, des télévisions dont Canal+, des journaux dont Le Parisien ainsi que des entreprises de production d’images. Sans oublier l’oligarque des oligarques, Alain Minc, qui tisse sa toile entre les uns et les autres et impose ses vues au journal Le Monde.
Troisième thèse : les grands médias français ne donnent pas le point de vue du peuple, ils défendent les intérêts de la superclasse mondiale.
Les intérêts des grands oligarques des médias sont clairs : ils se trouvent concentrés dans le luxe, le transport aérien, notamment d’affaires, l’immobilier et les travaux publics ; leurs principaux clients sont les super-riches et les pétromonarchies. Sans oublier le rôle de la finance. Si vous regardez TF1, n’oubliez pas que BNP Paribas, le Crédit Agricole, la financière Artémis, Groupama et Goldman Sachs, oui, Goldman Sachs, siègent au conseil d’administration de Bouygues.
Il est donc logique que l’orientation générale de ces médias – dont beaucoup perdent de l’argent d’ailleurs – soit conforme aux intérêts des oligarques qui les possèdent. Les grands médias défendent donc un monde sans frontières et sans régulation au service des plus riches et des entreprises transnationales. L’intérêt des oligarques se confond avec celui de la superclasse mondiale : ces quelques millions d’hommes qui, par delà les Etats et les peuples, sont les principaux bénéficiaires du nouveau désordre mondial.
Quatrième thèse : les grands médias français ne dépendent pas de leurs lecteurs mais de la publicité.
Il y a trente ans, Louis Pauwels et Jean-Claude Valla, journaliste récemment disparu, avaient créé un nouveau journal : le Figaro-Magazine avec du contenu, du sens et des lecteurs. Le Figaro Magazine a été épuré et normalisé à la demande des publicitaires, et notamment de Publicis et des époux Badinter. Aujourd’hui, le Figaro Magazine n’a plus guère de contenu ni de sens, plus beaucoup de lecteurs non plus : qu’importe, il a l’argent de la publicité. C’est aussi la publicité qui fait vivre les journaux gratuits : quelle belle scène orwellienne que de voir dans une voiture de métro ou de train des dizaines de clones lisant le même journal !
Reconnaissons à Patrick Le Lay, alors patron de TF1, cette belle formule – je cite : « Le métier de TF1, c’est d’acheter du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola. »
Les grands médias ne suivent pas les désirs de leurs lecteurs; ils obéissent aux grands oligopoles : oligopoles agro-alimentaires, oligopoles de distribution, oligopoles pharmaceutiques, oligopoles de services, oligopoles bancaires.
Une simple anecdote : regardez les couvertures des hebdomadaires ; elles vous expliquent toujours que l’immobilier repart à la hausse et que c’est une bonne chose. Mais une bonne chose pour qui ? Pour qui, sinon pour les promoteurs, pour les banquiers et pour les rentiers !
Cinquième thèse : les journalistes – à de rares exceptions près – ne sont pas des intellectuels libres mais des salariés précaires, c'est-à-dire dépendants de leurs employeurs et soumis au conformisme dominant de leurs confrères.
Mimétisme et panurgisme sont devenus les règles d’or d’une profession qui s’éloigne chaque jour davantage de ses règles traditionnelles de déontologie : vérification des faits et présentation impartiale des réalités, notamment.
Ceci étant, le conformisme est tel que la servilité est souvent consentie sans souffrances. Les commentateurs ont ironisé sur la reprise du quotidien Libération par Rothschild : mais l’extrême gauche est depuis toujours l’alliée objective du capitalisme financier mondialisé ; elle est utilisée comme un bulldozer pour affaiblir les nations, les Etats et les traditions enracinées. Et défendre le droit au séjour des clandestins fait autant plaisir au MEDEF qu’au Réseau (trotskyste) éducation sans frontières (RESF). La connivence de l’extrême capitalisme et du gauchisme est un élément clé pour comprendre le fonctionnement des médias.
Sixième thèse : les médias français ne sont pas un contre-pouvoir ; ils sont le pouvoir : le pouvoir sur les esprits.
Les Français passent en moyenne près de quatre heures par jour devant les écrans de télévision. Et nul ne peut échapper aux écrans de télévision qui envahissent l’espace public : bus, quais de métro, grandes surfaces commerciales, cafés et restaurants. Là aussi une situation orwellienne.
Or les télévisions (comme la presse écrite, d’ailleurs) sont des instruments de formatage de l’opinion, notamment à travers la publicité. S’agissant de l’information, les médias ne rapportent pas seulement des faits, ils les sélectionnent ; ils distinguent ceux qu’ils occultent d’un côté, ceux dont ils font un événement majeur, de l’autre ; et ce en fonction de grilles d’interprétation idéologique. Les grands médias scénarisent les faits : ils disent où est le « bien », où est le « mal » ; où sont les « bons », où sont les « méchants » ; qui doit être « angélisé » et qui doit être « diabolisé ». Par là, les grands médias se sont arrogé le pouvoir de prononcer la peine de mort sociale.
Une scénarisation qui présente un double intérêt : commercial (c’est plus facile à comprendre) et idéologique (voilà ce qu’il faut penser).
Septième thèse : les médias français ne sont pas pluralistes.
Si l’on vous lisait à l’aveugle Libération ou Le Figaro, vous ne pourriez pas faire la différence. Et c’est pareil pour la télévision ; tout juste trouve-t-on un plus fort concentré de trotskysme sans frontiériste sur France 3 régions. Bien sûr vous avez le choix entre Le Parisien et Le Monde ; le style est différent mais l’orientation similaire. A la belle époque de l’Union soviétique, d’ailleurs, les Russes avaient aussi le choix entre la Pravda et les Izvestia.
Huitième thèse : les médias dans leur ensemble sont les vecteurs d’une seule et unique idéologie.
• mondialisme et libre-échangisme économique ;
• « antiracisme », prétendue « diversité » et « discrimination positive », c'est-à-dire négative pour les Jeunes Hommes Blancs, surtout s’ils sont hétérosexuels ;
• rupture des traditions et lutte contre toute forme de valeurs familiales
Neuvième thèse : les médias français parlent de moins en moins français et de plus en plus un mélange de novlangue et de sabir anglo-saxon.
La « gouvernance » des procédures a remplacé le gouvernement des hommes. La « planète » est mise à toutes les sauces. Fermer un robinet est devenu un geste « citoyen ». Et les délinquants étrangers clandestins sont dénommés des « sans-papiers » ; des « sans-papiers » omniprésents à la télévision et source de juteux profits pour les cabinets d’avocats spécialisés. Des « sans-papiers » à qui, bien sûr, il faut donner des papiers : car la réponse à la question est dans la dénomination qui leur a été choisie. Quant à ceux qui ne pensent pas bien ils sont « controversés » et passent leur temps à « déraper » !
Dixième thèse : les médias français imposent un triple déni : déni de débat, déni de réalité, déni de cohérence.
Déni de débat : dans les débats tout le monde est d’accord, sauf à partir de 23h30 ou minuit quand Zorro/Zemmour apparaît ; et encore, les sociétés de production qui organisent ce genre de spectacle paient des figurants pour qu’ils aboient contre ceux qui se risqueraient à ne pas bien penser. La fonction de ces tricoteuses médiatiques est de rappeler aux intervenants, mais surtout au public qui regarde, les interdits qu’il ne faut pas franchir.
Déni de réalité : on parle de « crimes racistes » sans jamais évoquer les milliers de victimes françaises des voyous de l’immigration.
Déni de cohérence : les races n’existent pas mais il faut se métisser ; les races sont égales mais les enfants métis sont réputés plus grands, plus beaux et plus forts ; il est scandaleux de poursuivre Polanski pour des faits remontant à plus de vingt ans mais il est légitime de reprocher à Benoît XVI des fautes commises par des prêtres, au fin fond du Nebraska, dans les années 1960 ou 70 !
Onzième thèse : pour imposer le déni de débat, le déni de réalité et le déni de cohérence, la désinformation n’est ni accidentelle, ni marginale, elle a un rôle central.
Cette désinformation, on la trouve sous toutes ses formes : occultation, déformation, supercherie et gros mensonges. Ce sera dans quelques instants la responsabilité de Michel Geoffroy que d’analyser et de décrire ce phénomène.
Douzième thèse : les grands médias établissent une forme de tyrannie nouvelle : la tyrannie médiatique.
Lors de référendums et des élections, les grands médias disent au peuple ce qu’il doit penser. Et quand le peuple vote mal on le dénonce et on explique qu’il doit revoter.
Les médias scénarisent les élections et présélectionnent les candidats. Dans une élection présidentielle française, le rôle du peuple se borne à ratifier le choix que les médias lui offrent. Aux yeux des grands médias, certains candidats n’ont pas vocation à concourir pour la victoire, comme on l’a vu en 2002. Seuls sont promus les médiagogues, c'est-à-dire les hommes politiques qui calent leur discours et leur comportement sur ce qui plaît aux médias.
Les médias – et pas seulement français, il faut bien le dire – ont même prétendu élire le pape en 2005 : idéalement, un Noir, sud-américain, progressiste et jouant sur le registre émotionnel. La désobéissance des pères conciliaires fut flagrante : ils choisirent un Européen, de surcroît allemand, de grande réputation intellectuelle et attaché à la raison comme à la tradition. Il ne faut pas chercher ailleurs le secret des campagnes de diabolisation contre Benoît XVI ni s’imaginer que quelques concessions pourraient les faire cesser.
Treizième thèse : les médias imposent les dogmes du politiquement correct, ce qui empêche tout changement politique réel.
A titre d’exemple, les médias imposent les dogmes suivants : « L’immigration est une chance pour la France », « La mondialisation est heureuse et le libre-échange économiquement bienfaisant », « Le problème de l’éducation nationale, c’est le manque de moyens.».
L’objectif de la répétition de ces dogmes est double : D’abord, les imposer dans l’esprit du plus grand nombre possible. Ensuite, empêcher que ceux qui n’y croient pas osent s’exprimer ; et ce en jouant sur un processus de sidération et de diabolisation. Retenez l’expression souvent utilisée : « Vous n’avez pas le droit de dire cela ! ». Les médias font sortir les débats qui gênent du domaine du « vrai » et du « faux » pour les faire entrer dans celui du « licite » et de « l’illicite ».
Expliquons-nous. Bien peu de Français croient dans les dogmes officiels. Mais bien peu osent s’y opposer. Car ils craignent de le faire. Ce qui les freine, c’est le souci de leur réputation dans leur milieu professionnel, dans leur famille et, bien sûr, à l’école de leurs enfants.
Nous vivons derrière un rideau de fer de l’information et de la désinformation.
Quatorzième thèse : le mur de l’information, le mur de la désinformation tombera.
Nous sommes emprisonnés derrière le mur de l’information et de la désinformation. Ce mur tombera comme est tombé le Mur de Berlin. Car, comme le rappelle l’historien Dominique Venner, l’histoire est le lieu de l’inattendu. Le 1er septembre 1989, personne ne pensait voir s’effondrer l’empire soviétique ni voir tomber le Mur de Berlin. Quelques mois plus tard, le monde avait changé. Et, un an après, la quasi-totalité des agents de la Stasi étaient devenus d’excellents policiers de la République fédérale réunifiée. Quand le mur de l’information sera tombé les journalistes du Figaro et de TF1 décriront les réalités qu’ils occultent aujourd’hui.
A nous de préparer le terrain par le dévoilement, le contournement et le désarmement de la désinformation.
Quinzième thèse : dévoilons la désinformation.
Décrire une tyrannie, c’est déjà l’affaiblir. C’est ce que nous nous efforçons de faire avec la tyrannie médiatique. C’est la démarche de la réinformation. C’est ce que fait la blogosphère qu’il faut appeler réinfosphère : de Radio Courtoisie à Françoisdesouche, en passant par le Salon beige, Novopress et bien d’autres.
Seizième thèse : contournons la désinformation.
C’est ce que permet Internet. Grâce à Internet, l’information est redevenue pluraliste. Grâce à Internet, les thèses dissidentes peuvent se faire entendre. Grâce à Internet, l’information existentielle, celle qui provient de ce qui est vécu, peut venir concurrencer l’information mimétique des grands médias dominants.
Regardez : en seulement un an, trois débats sont entrés dans le maelström d’Internet et de la réinfosphère. Le couvercle de la pensée unique a sauté : sur le changement climatique, sur la grippe H1N1, sur l’identité nationale ; et en Suisse, c’est sur Internet que le référendum sur le non aux minarets s’est joué. De même, en Islande, lors du référendum sur le remboursement des dettes dues aux financiers spéculateurs.
Dix-septième thèse : désarmons la désinformation.
Le bobard est un terme qui s’est développé dans deux acceptions principales : le « bobard de presse » et le « bobard de guerre ». Les deux ne sont évidemment pas incompatibles et l’usage qui est fait du bobard de presse relève de la guerre idéologique. Les médias mentent au nom du politiquement correct. Dénoncer les bobards comme nous le faisons aujourd’hui, c’est donc se consacrer à une entreprise de désarmement.
Aujourd’hui, les comiques ont déserté leur fonction critique. De Bedos à Plantu, ils jouent le rôlede chiens de garde du politiquement correct avec des blagues à deux balles. A nous de nous réapproprier le rire et la dérision. Bonne soirée, bon gala !
Jean-Yves Le Gallou
Première cérémonie des « Bobards d’or »
Communication de Michel Geoffroy
La technique de la désinformation
La remise des Bobards d’or vise à récompenser ceux qui font œuvre de désinformation dans les médias au service de l’idéologie dominante.
Tout d’abord qu’est-ce que la désinformation ?
Le concept de désinformation est apparu dans le langage courant au cours du dernier quart du XXe siècle et visait principalement l’action réelle ou supposée des propagandistes soviétiques et de leurs « compagnons de route », accusés d’utiliser certains procédés pour influencer l’opinion publique occidentale dans un sens conforme aux intérêts de l’Union soviétique.
Le romancier Vladimir Volkoff a vulgarisé ce concept dans différents romans célèbres : Le Retournement (1979), Le Montage (1982) ou bien encore Le Complot (2003).
V. Volkoff définissait lui-même ainsi la désinformation comme « une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés » (Petite Histoire de la désinformation, Ed. du Rocher, 1999).
Le concept de désinformation renvoie donc dès sa formulation à trois éléments principaux :
– l’utilisation des médias et en particulier de la presse comme vecteur privilégié pour influencer l’opinion ;
– une action indirecte qui vise à produire certains effets chez le récepteur du message : la désinformation est, certes, une propagande mais une propagande insidieuse car elle se présente habituellement sous les apparences de la neutralité et de l’objectivité et non pas sous l’apparence d’une opinion déclarée ;
– la diffusion d’un discours au service d’une idéologie ou d’intérêts particuliers.
François-Bernard Huyghe définit ainsi, de son côté, la désinformation comme le fait de « propager délibérément des informations fausses en les faisant apparaître comme venant de source neutre ou amie, pour influencer une opinion ou affaiblir un adversaire » (L’Ennemi à l’ère numérique, PUF 2001).
La désinformation est donc un transfert d’information mais qui comporte en lui-même une transformation de l’information initiale.
Cela a conduit certains, comme le théoricien de l’information Kévin Bronstein à définir la désinformation comme une sorte d’inversion du processus normal de la communication : en principe la communication part de l’observation de faits qui peuvent ensuite faire l’objet d’une analyse, d’une mise en perspective et finalement d’un jugement.
Telle était d’ailleurs la définition du journalisme d’opinion jusque dans la première moitié du siècle, qui impliquait justement un engagement, un commentaire, une prise de position visible (donc courageuse) du journaliste par rapport aux faits.
La désinformation suppose, au contraire :
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Dans la plupart des pays occidentaux la presse d’opinion a cédé la place aujourd’hui aux grands médias d’information qui prétendent ne présenter que des faits objectivés et non plus des opinions : ces faits – la fameuse « information » [l’info, les news] – se succédant en flot continu, à l’image du mode de présentation adopté par CNN et ses émules : une information qui ne s’arrête plus, des images qui se succèdent et des bandeaux qui défilent en permanence en bas de l’écran.
Cette transformation est très importante pour le sujet qui nous occupe.
L’accent mis sur l’information, de plus en plus spectaculaire dans la course commerciale à l’audience, signifie d’abord que l’on finit par oublier les opinions que véhiculent en réalité ces prétendues « informations ». Pour reprendre la célèbre formule de Mac Luhan, les médias nous font oublier le massage qui se cache derrière le message.
La diffusion d’un flot croissant d’informations signifie ensuite l’absence de mise en perspective des faits, c’est-à-dire l’absence totale d’intelligibilité (cf. le vieil aphorisme de Platon « Le sot n’est instruit que par l’événement »).
Cela signifie enfin que le sentiment prend le pas sur la réflexion ou, pour le dire autrement, que ce qui finit par compter le plus c’est l’effet produit par l’information plus que l’information elle-même. Effet commercial d’abord, effet politique et idéologique ensuite.
C’est pourquoi la désinformation est plus facile sous le règne de l’information médiatique que sous celui de la presse d’opinion.
Cette capacité de manipulation s’appuie évidemment enfin sur l’extraordinaire diffusion des moyens de communication mondiaux depuis la fin du XXe siècle et sur un taux d’exposition médiatique des populations croissant qui favorise l’orchestration.
Rappelons quelques données pour la France :
Dans le même temps la lecture des livres –qui est plus réflexive – chute : selon l’INSEE, en 2006 les Français ont consacré moins de 0,5% de leur budget à l’achat de livres (en net recul par rapport aux années 1990 ; Le Bulletin quotidien du 6/8/2009). De même, l’aptitude à la lecture diminue en Europe et en particulier en France parmi les adolescents de 15 ans : le taux d’inaptitude est de 21,7% de futurs consommateurs de médias selon la Commission européenne pour 2006 (Le Monde du 1/12/2009) !
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La grande ruse du diable est dit-on de faire croire qu’il n’existe pas. La plus grande ruse de « l’information » médiatique contemporaine est de faire croire qu’elle présente des faits (des « infos ») alors qu’elle diffuse en réalité des opinions conformes à une idéologie et donc des faits sélectionnés ou reconstruits à cette fin. C’est ce que disait V. Volkoff à propos de la Pravda : en Union soviétique, tout le monde savait que la Pravda (« la Vérité ») diffusait la vérité officielle du parti communiste : on le savait et par conséquent on pouvait parfois essayer de lire entre les lignes pour en faire son profit. Mais les médias contemporains, eux, ne s’affichent plus comme tels : ils sont donc beaucoup plus trompeurs. L’Union soviétique a disparu mais pas la désinformation.
Nous vivons dans un âge idéologique mais qui ne se reconnaît pas comme tel : c’est la grande nouveauté par rapport aux despotismes du XXe siècle.
Et la désinformation lui est consubstantielle : car la fonction première de la désinformation médiatique contemporaine est avant tout d’essayer de rendre les faits conformes à l’idéologie.
Les faits sont heureusement « têtus », comme le déplorait Lénine dans les années 1920 : ils sont toujours plus forts que les utopies. Ce qui veut dire que quand l’idéologie a de moins en moins prise sur la réalité, comme par exemple quand la réalité des banlieues d’aujourd’hui correspond de moins en moins au discours bisounours sur l’intégration des immigrés, il n’y a pas d’autre issue pour ceux qui sont au service du pouvoir, que :
C’est, bien sûr, une démarche naïve : la désinformation médiatique contemporaine est donc tout à la fois redoutable mais aussi l’aveu d’une défaite annoncée : car, comme le montrent les sondages et les résultats électoraux, l’opinion dans la plupart des pays européens se démarque de plus en plus de l’idéologie de la nouvelle classe dirigeante et donc de l’idéologie des médias.
Et les médias occidentaux deviennent autant de Pravdas aux yeux de nos concitoyens qui se rendent de plus en plus compte que le monde réel n’est pas le monde médiatique.
* * *
Venons-en maintenant aux principaux procédés habituellement utilisés pour désinformer. Comme il y en a de nombreux on en retiendra trois principaux :
1) D’abord passer sous silence les faits qui contredisent ou sont susceptibles de contredire l’idéologie : cela s’appelle la censure.
C’est apparemment le plus simple à faire : apparemment, car la multiplicité des moyens de diffusion, en particulier grâce à Internet, fait courir un risque croissant que quelqu’un diffusera quand même l’information un jour. La censure est efficace mais donc pas suffisante.
La désinformation par censure vise à éliminer la représentation des faits ou des opinions qui vont à l’encontre du discours que l’on veut voir dominer.
On peut censurer des images et l’on pensera à la formule de Bill Gates : « Qui maîtrise les images maîtrise les esprits » (Le Monde du 6/10/1999).
Exemple :
Le Figaro du 19 novembre 2008 qui consacre sa une à Rachida Dati avec pour titre « Rachida Dati réplique à la fronde des magistrats. » Mais la photo de la une a été corrigée… pour faire disparaître la bague « Liens » de Chaumet, en or gris pavé diamants, d’une valeur estimée à 15.600 euros. Justification du service photo du quotidien : « On ne voulait pas que la bague soit l’objet de la polémique alors que le vrai sujet était la pétition des magistrats », selon la déclaration de la responsable du service Debora Altmann (cf. Le Monde du 22/11/2008).
Remarquons aussi que, suite aux émeutes qui embrasent les banlieues, des appels sont périodiquement lancés contre les prétendues « images pousse-au-crime » (Le Figaro du 21/12/1998 à propos des émeutes de Toulouse) : en d’autres termes, on appelle à la censure des images dès lors qu’elles montrent les violences commises par les personnes issues de l’immigration. Cette censure a été justifiée par la théorie fumeuse selon laquelle la diffusion de ces images aurait un « effet multiplicateur » des violences : les bandes chercheraient à faire mieux [pire] que les bandes voisines au vu de ces actualités. D’ailleurs, l’article du Figaro précité citait le service de communication de la SNCF qui déclarait : « Depuis le 14 mars 1998 et la destruction quasi totale d’un de nos véhicules à Andrésy, nous avons décidé d’interdire l’accès de nos centres de maintenance aux cameramen et aux photographes. D’accord pour donner des chiffres des dégradations mais garder pour soi les résultats ».
On peut donc aussi censurer des faits : par exemple, censurer l’identité de l’auteur d’un délit, voire le délit lui-même. Ainsi il est intéressant de noter que quand la télévision nous présente des actes de violence commis par les jeunes, dans leur grande majorité les images mettent en scène… des Européens, quand elles ne sont pas floutées.
On peut enfin censurer des opinions dissidentes.
Par exemple
Cette censure vise à créer un consensus factice autour des thèmes de l’idéologie dominante.
2) ensuite, changer le sens des mots pour changer le sens des faits.
La désinformation est aussi, en effet, avant tout une tromperie par et sur le langage (pour reprendre l’expression de Michel Legris dans son ouvrage Le Monde tel qu’il est). Ce mode de désinformation est directement lié au développement du discours « politiquement correct », c’est-à-dire de le novlangue orwellien dans les médias.
Exemples :
– Toute la terminologie, bien connue désormais, relative aux personnes d’origine immigrée : les « jeunes » (« jeune homme », « jeune majeur », etc.), « incivilités » [au lieu de dire délits], un quartier « populaire », une banlieue « sensible » ou « défavorisée » [remarquable désinformation quand on connaît l’importance des efforts financiers faits par la collectivité pour ces banlieues] : le but est de distordre la réalité de l’immigration afin de la présenter comme une question générationnelle ou sociale (le chômage dont on est « victime ») mais, bien sûr, ni ethnique ni culturelle. Sans parler des « traditionnels » incendies de véhicules de la St-Sylvestre ;
– la présentation systématiquement positive des délinquants d’origine immigrée :
Le Figaro.fr du 27 février 2008, article de Anne Charlotte de Langhe, qui rend compte du procès de l’élève ayant poignardé le 16 décembre 2005 une enseignante, Karen Montet-Toutain : ce procès, « c’est celui d’un jeune homme vaguement perdu, d’une institution, d’une violence et d’un système entier » ; le ton est donné car pour l’auteur le vrai coupable c’est, bien sûr,… le ministère de l’Education nationale. L’élève s’appelle Kévani Wansale et il a frappé l’enseignante à 7 reprises (le journaliste préfère écrire « l’agresse violemment au moyen d’un couteau de cuisine »).
Le Monde du 22 octobre 2008, article de Yves Bordenave, « Mort de Sidi-Ahmed : en toile de fond une banale histoire d’amour » : l’article relate la comparution en cour d’assise des auteurs de la mort par balle du jeune Sidi-Ahmed Hammache le 19 juin 2005 dans la Cité des 4000 à La Courneuve, à la suite d’une altercation. Il est donc « banal », pour l’auteur de l’article, de conclure une histoire d’amour à coups de pistolet…
Le Figaro.fr du 12 août 2009, article de Cyrille Louis, « Une bande de l’Essonne sème le trouble à Royan », avec pour sous-titre « Après avoir multiplié les agressions et les menaces des jeunes ont été la cible lundi d’une action punitive de forains locaux ». La lecture de l’article montre que ce que l’auteur désigne par « trouble » recouvre les faits suivants : occupation illégale de logement, vente de stupéfiants, vols, dégradations, coups, menaces, tentative d’extorsion : c’est-à-dire des délits, en bon français.
D’une façon générale tous ces articles sont construits selon un schéma invariant dès lors qu’ils sont conduits à rendre compte [souvent de mauvaise grâce] de violences ou de délits commis par des personnes d’origine immigrée, des personnes de couleur ou de religion musulmane :
– leurs actes sont toujours « incompréhensibles », on « s’interroge », etc. ;
– ils ont été commis dans des quartiers toujours « tranquilles » ou « sans histoire »… jusque-là ;
– le présumé coupable est en général présenté de la façon la plus positive possible (sérieux, bien intégré, cherchant du travail, apprécié de tous, etc. ;
– si on ne peut cacher que son geste est grave, on insiste alors sur le fait qu’il était « déséquilibré » ou malade, donc en quelque sorte qu’il n’était plus lui-même (par exemple l’assassin algérien de Mgr Jacquier, évêque d’Alger, en 1975 était « un aliéné mental » selon Le Monde du 13/7/1976 qui précisait toutefois qu’il « s’était déjà rendu coupable d’un autre crime en France » : ce mode de présentation fera école) ;
– on évite les mots qui pourraient choquer : au lieu de crime on parle de « drame » ; au lieu de vol, de « larcin » ; au lieu de délit, de « bêtise » ou de « faux pas » ; au lieu d’écrire que c’était un délinquant endurci on écrira qu’il « avait un passé de violences », etc. D’une façon générale les violences ou les crimes racistes ne sont jamais attribués à des personnes d’origine immigrée mais toujours à des Français de souche : cela procède d’une désinformation qui pose en tabou que l’immigré est par construction d’abord une victime ;
– on donne toujours la parole à sa famille ou à ses proches et ceux-ci font part de leur désarroi (les victimes n’ont droit à la parole que si elles tiennent des propos lénifiants ou si elles déclarent « refuser de faire des amalgames » ou la « récupération politique » du drame, c’est-à-dire que l’on censure toujours la mise en perspective de ces événements, sauf si c’est, bien sûr, pour faire le procès du « chômage » ou du « racisme »).
On notera aussi avec intérêt que ce type de construction journalistique a été appliqué lors de la recension du procès des meurtriers du responsable sud-africain de l’AWB, E. Terreblanche (cf Le Monde du 8/4/2010 sous la signature de Jean-Philippe Remy).
– La désinformation s’efforce en général de minimiser les faits dès lors que les victimes sont des Européens de religion chrétienne. Les emballements médiatiques sont réservés, en effet, aux délits qui concernent des victimes appartenant à d’autres confessions (comme en matière de profanations de sépultures ou d’inscriptions sur les lieux de culte).
Exemple :
Le Monde du 26 février 2008, article « Les inquiétudes de la communauté catholique d’Algérie », sous la signature de Amir Akef. L’article s’efforce de minimiser le sort fait aux catholiques en Algérie qui est « à la limite » (sic) de la persécution. L’auteur signale cependant : « Reste que l’activisme évangélique est réel et inquiète la population, parfois choquée de ces conversions qui se produisent dans de petits villages où tout le monde se connaît ». Bref, ce sont les musulmans qui ont de vraies raisons de s’inquiéter !
Cet article est également intéressant car il montre un autre procédé de désinformation consistant à noyer une donnée significative dans un ensemble d’informations insignifiantes ou de sens contraire : ici, la persécution des catholiques s’efface devant l’inquiétude prétendue (et symétrique du titre) des musulmans devant les conversions à l’évangélisme…
- Dans un registre inverse, cette fois culpabilisant et repoussant, la désinformation russophobe utilise des leviers identiques :
Exemples :
Le Monde du 31 mars 2010 et sa présentation des attentats islamistes dans le métro de Moscou. Titre de la première page « Les attentats de Moscou soulignent l’échec du Kremlin ». L’article en page 6, sous la signature de Marie Jégo, indique notamment que « malgré le discours officiel la Russie ne parvient pas à éradiquer les groupes islamistes radicaux ». Alors que cet attentat islamiste est le plus meurtrier que la Russie ait connu depuis 2004, l’article s’étend longuement sur les responsabilités présumées du gouvernement russe (« la politique de terreur voulue par le Kremlin » en Tchétchénie) et des services spéciaux.
Cette façon de renverser les responsabilités a déjà été notamment largement utilisée lors de la prise d’otages de Beslan en septembre 2004 (acte terroriste particulièrement odieux : 331 morts dont de nombreux enfants ) : les médias ont alors expliqué que les morts étaient dues non pas tant aux terroristes musulmans qu’aux… services de sécurité.
Le traitement médiatique du terrorisme islamique en Russie est ainsi très différent de la présentation de ce même terrorisme quand il frappe des Occidentaux : quand il frappe des Russes il est tout simplement excusable. L’objectif de cette désinformation est, en effet, de diaboliser les Russes.
Le Monde du 13 avril 2010, sous la signature de Marie Jégo, article intitulé « Comment naît une kamikaze » : on y explique que la famille de la terroriste Mariam Charipova était persécutée par les forces de sécurité russe et que, somme toute, le terrorisme n’est que la légitime réponse à cette oppression. L’article foisonne, en outre, de commentaires positifs et lénifiants sur ladite terroriste et sa famille, « une belle brune aux yeux verts », ses parents habitent « l’une des plus belles bâtisses du village », « elle était croyante mais pas extrémiste », elle était « tellement brillante » et son frère avait été « atrocement torturé » par les services de sécurité [mais il est apparemment vivant, lui]. L’article se termine en citant un salafiste qui indique que l’imposition de la Charia au Daghestan « c’est ce qui peut nous arriver de mieux » : mais l’article indique pour finir qu’il offre le thé : comme il est gentil !
A noter aussi que le terme kamikaze est en soi une désinformation puisque les kamikaze étaient des soldats qui attaquaient des cibles militaires particulièrement bien défendues, alors que les terroristes que l’on nomme ainsi tuent des civils sans défense…
- On pourrait aussi citer la désinformation cathophobe qui est un genre très pratiqué par les médias : en particulier vis-à-vis des traditionalistes (dits « intégristes ») ou à l’occasion de la campagne relative aux accusations de pédophilie contre des prêtres : là aussi l’absence de toute mise en perspective de « l’information » interdit de mettre en lumière que ce type d’accusation concerne en réalité bien d’autres groupes sociaux et dans des proportions plus élevées.
Exemple :
Le Monde du 8 avril 2010, article de Philippe Dagen intitulé « Un loup-garou dans l'église Sainte-Anne » vantant un certain Stéphane Pencréac'h (sic) qui dans l'ancienne église Sainte-Anne du centre de Montpellier a exposé ses « œuvres » intitulées La Passion : comme l'écrit le journaliste « On peut voir dans La Passion la tentative la plus complète pour renouer avec la peinture sacrée, ses formats, ses sujets ». Jugeons-en : « Le Christ a une tête de loup-garou aux yeux rouges et des sirènes se tordent à ses pieds » ; « Dans une autre œuvre le Père éternel règne sur un monde de débris » ; les figures féminines sont « bien peu vêtues pour une église ».
Bref, comme l'écrit le journaliste : « Toutes les conditions sont réunies pour que l'on crie au sacrilège. C'est là la seconde raison pour s'intéresser à cette Passion ». Le reste à l'avenant…
– La désinformation par la déformation du sens des mots permet ainsi la partialité à bon compte sous couvert d’information et, bien sûr, de professionnalisme.
3) troisième procédé de désinformation : présenter comme fausse une information vraie et, inversement, présenter comme vraie une information fausse. C’est, bien sûr, celui qui se rapproche le plus du mensonge pur et simple.
Le mensonge peut porter sur l’image et l’on se souviendra de l’exemple classique : Patrick Poivre d’Arvor et Régis Faucon diffusant le 16 décembre 1991 sur TF1 au Journal de 20 heures une fausse interview de Fidel Castro : en réalité, il s’agissait d’images de conférence de presse montées ultérieurement sous un assemblage de questions conçues pour donner l’illusion d’un entretien personnalisé (source : Le Monde du 5 mars 1993).
Cet exemple est intéressant puisqu’il devient difficile de démêler le faux du vrai : des vraies images sorties de leur contexte et recomposées deviennent fausses !
Le mensonge peut porter aussi bien sur le contenu de l’information elle-même, par exemple la présentation des statistiques sur l’immigration pour démontrer qu’il n’y a aucune « pression migratoire » et que cela relève du phantasme d’extrême droite. L’immigration est en effet un enjeu majeur de la désinformation médiatique contemporaine
Voir la mise au point de la démographe Michèle Tribalat sur l’article de Anne Chemin dans Le Monde du 4/12/2009 qui écrivait que « les flux migratoires se stabilisent ». M.Tribalat révèle ainsi les différentes supercheries utilisées dans l’article :
- Enfin les gros mensonges : ils vont recevoir dans un instant les honneurs de cette soirée. * * *
En conclusion, la désinformation est une application concrète de la fameuse théorie du fil de fer, mise en scène par V. Volkoff dans son roman Le Retournement : l’officier traitant du KGB explique ainsi à son élève que pour casser un fil de fer il faut le tordre alternativement vers la droite et vers la gauche ; « il faut faire de même avec l’opinion », dit-il, c’est-à-dire qu’en diffusant, par souci apparent d’objectivité, des points de vue trop balancés, des informations vraies et fausses, des opinions opposées, en mettant sur le même plan l’agresseur et la victime, le voleur et le volé, on finit par faire perdre le sens de ce qui est vrai.
C’est-à-dire que l’on sape le fondement de la culture et de l’identité, qui suppose une hiérarchie des principes et une distinction du bien et du mal, du vrai et du faux, du beau et du laid, du juste et de l’injuste.
Et l’élève de répondre à l’officier du KGB : « Il me semble qu’il y a un journal qui fait cela en France »…
* * *
J’espère en tout cas que ce petit voyage dans le monde de la désinformation médiatique permettra d’apprécier toute la difficulté rencontrée pour distinguer ceux qui méritent maintenant de se voir décerner les bobards d’or !
Michel Geoffroy