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Le Grand Mythe de la Grande Dépression.

Montréal, 14 janvier 2007 • No 208

 

MOT POUR MOT

 

Nous publions ici la traduction du texte intitulé « Great Myths of the Great Depression », avec l'aimable permission de son auteur, Lawrence Reed. Traduction de Francis Dumouchel.

 
 

LA GRANDE DÉPRESSION DÉMYSTIFIÉE (1)

 

par Lawrence W. Reed

 

          Les étudiants d’aujourd’hui reçoivent souvent un portrait tendancieux de la Grande Dépression (1929-1941) présentant le libre marché comme responsable des difficultés économiques de l’époque et favorisant l’intervention étatique comme solution. Dans la première partie de ce texte, Lawrence Reed, président du Mackinac Center for Public Policy, démystifie la perception usuelle de cette crise et souligne le rôle central qu’ont joué les piètres mesures gouvernementales dans le déclenchement et le prolongement de cette catastrophe légendaire.
 

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Introduction

          Plusieurs ouvrages ont été écrits à propos de la Grande Dépression de 1929 et de ses impacts sur la vie de millions d’Américains. Les historiens, les économistes et les politiciens ont tous passé au peigne fin les décombres de cette calamité afin de découvrir la « boîte noire » qui en révélera la cause. Malheureusement, la plupart d’entre eux décident finalement d’abandonner leurs recherches, peut-être parce qu’il est plus facile de véhiculer un tas de conclusions fausses et nuisibles à propos d’événements ayant eu lieu il y a de cela sept décennies. En conséquence, plusieurs personnes de nos jours continuent d’accepter des critiques injustifiées du capitalisme et de défendre des mesures étatiques qui sont économiquement destructrices.

          À quel point la Grande Dépression fut-elle grave? En quatre ans, de 1929 à 1933, la production des usines, des mines et des services d’utilité publique du pays déclina de moitié. Le revenu disponible réel des gens fut réduit de 28%. La valeur des actions en bourse s’est effondrée à un dixième du niveau précédant le krach. Le nombre d’Américains au chômage passa de 1,6 million en 1929 à 12,8 millions en 1933. Un travailleur sur quatre était sans emploi au point le plus bas de la Dépression et d’effrayantes rumeurs de révolte circulaient pour la première fois depuis la Guerre civile.

          « Le drame du grand Krach fut l’échec de toutes les tentatives de l’expliquer, écrit l’économiste Alan Reynolds. Les gens ont été laissés avec l’impression que des régressions économiques majeures pouvaient survenir n’importe quand, sans avertissement et sans raison. Cette crainte a été exploitée depuis afin de justifier une intervention pratiquement illimitée du gouvernement fédéral dans la sphère économique »(1).

          Les vieux mythes ne meurent jamais; ils continuent simplement d’apparaître dans les manuels d’économie et de science politique. Sauf quelques exceptions occasionnelles, c’est là que vous trouverez ce qui constitue peut-être le plus grand mythe du vingtième siècle: le capitalisme et le libre marché sont responsables de la Grande Dépression et seule l’intervention étatique a réussi à redresser l’économie américaine.
 

Un conte de fées moderne


          Selon cette vision simpliste, un pilier important du capitalisme, le marché boursier, s’est effondré et a entraîné l’Amérique dans une dépression. Les conditions sociales se seraient détériorées suite au refus du président Herbert Hoover, un partisan du « laissez-faire » économique, de se servir du pouvoir de l’État. Il aurait fallu attendre le successeur de Hoover, Franklin Delano Roosevelt, pour chevaucher l’étalon blanc de l’intervention étatique et conduire la nation vers un redressement. La leçon apparente à retenir serait qu’on ne peut pas faire confiance au capitalisme; l’État devrait remplir un rôle actif dans l’économie pour nous sauvegarder d’un déclin inévitable.

 

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La Grande Dépression dévasta toutes les régions des
États-Unis, même ses plus petites villes.

          Ceux qui disséminent cette version de l’Histoire pourraient tout aussi bien conclure leurs commentaires en disant « et Boucles d’Or retrouva son chemin hors de la forêt, Dorothée fut de retour au Kansas après son voyage à Oz, et le Petit Chaperon Rouge gagna à la loterie de New York ». Le compte rendu populaire de la Dépression que nous venons de décrire appartient au monde des contes de fées et n’a pas sa place dans une discussion sérieuse de l’histoire économique.
 

La Grande, Grande, Grande, Grande Dépression

          Pour comprendre adéquatement les événements de l’époque, il est approprié en réalité de voir la Grande Dépression non pas comme un, mais comme quatre déclins consécutifs rassemblés. Ces quatre « phases » sont(2):

          I – La politique monétaire et le cycle économique
          II – La désintégration de l’économie mondiale
          III – Le New Deal
          IV – Le Wagner Act

          La première phase explique pourquoi le krach de 1929 a eu lieu de prime abord; les trois autres montrent comment l’intervention étatique a empiré la situation et a maintenu l’économie dans le marasme pendant plus d’une décennie. Étudions-les une par une.
 

Phase I – Le cycle économique

          La Grande Dépression ne fut pas la première dépression des États-Unis, même si elle fut la plus longue. Plusieurs autres l’ont précédée.

          Un point commun de toutes ces débâcles antérieures est une intervention étatique désastreuse, souvent sous la forme d’une mauvaise gestion politique de la masse monétaire et du crédit. Toutefois, aucune de ces dépressions n’a duré plus de quatre ans et la plupart d’entre elles se terminèrent en moins de deux. La calamité qui débuta en 1929 dura au moins trois fois plus longtemps que n’importe laquelle des dépressions américaines précédentes parce que l’État a tenté de compenser ses erreurs initiales par une série de nouvelles interventions nuisibles.

La planification centralisée échoue au plan de la politique monétaire

          Une explication populaire de l’effondrement du marché boursier en 1929 concerne la pratique d’emprunter de l’argent pour acheter des actions. Plusieurs manuels d’histoire affirment allègrement qu’une spéculation boursière frénétique fut nourrie par des « prêts sur marge » excessifs. Gene Smiley, économiste à Marquette University, explique dans son livre Rethinking the Great Depression (2002) pourquoi cette observation n’est pas fructueuse:
 

          On avait depuis longtemps l’habitude des prêts sur marge pour l’achat de titres boursiers, et les exigences d’une marge – c’est-à-dire la proportion du prix d’achat payé en argent comptant – n’étaient pas moins élevées à la fin des années 1920 qu’au début ou que dans les décennies précédentes. En fait, à l’automne 1928 les exigences pour obtenir une marge se sont resserrées et les emprunteurs devaient payer comptant une plus grande proportion du prix d’achat des actions.

 

          L’argument du prêt sur marge ne tient pas la route. La gestion malicieuse de la masse monétaire et du crédit est toutefois une autre histoire.

          La plupart des économistes qui s'intéressent aux questions monétaires, particulièrement ceux de l’« École autrichienne », ont remarqué la relation étroite entre la masse monétaire et l’activité économique. Quand le gouvernement gonfle la masse monétaire et le crédit, les taux d’intérêt commencent par diminuer. Les entreprises investissent cet « argent facile » dans de nouveaux projets de production et les biens de production sont en plein essor. À mesure que le boom mûrit, les coûts des entreprises augmentent, les taux d’intérêt se réajustent à la hausse et les profits se compriment. Ainsi l’effet « argent facile » s’essouffle et les autorités monétaires, craignant une inflation des prix, ralentissent la croissance de la masse monétaire ou même la réduisent. Dans les deux cas, cette manipulation est suffisante pour détruire les fondations fragiles de ce château de cartes économique.

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Ceux qui prétendent que le libre marché s’est autodétruit dans les années 1930 semblent complètement ignorer que ce sont les politiques de manipulations de la monnaie et du crédit de la Réserve fédérale qui furent les principales responsables de ce gâchis.

          Une importante interprétation des agissements de la Réserve fédérale américaine avant 1929 se trouve dans l’ouvrage America’s Great Depression de Murray Rothbard. En employant plusieurs indicateurs dont la monnaie, les dépôts à terme et à vue et d’autres ingrédients, il a estimé que la Réserve fédérale a gonflé la masse monétaire de plus de 60% entre 1921 et 1929(3). Rothbard soutenait que cette expansion de la masse monétaire et du crédit a fait plonger les taux d’intérêt, a propulsé le marché boursier vers des sommets inégalés et a donné naissance aux « années folles ».

          Une croissance imprudente de la masse monétaire et du crédit ont constitué ce que l’économiste Benjamin M. Anderson a appelé « le commencement du New Deal »(4) – le nom des mesures mieux connues et hautement interventionnistes qui devaient arriver plus tard pendant la présidence de Franklin Roosevelt. Toutefois, certains spécialistes doutent que la Réserve fédérale fut aussi inflationniste que le prétendait Rothbard, soulignant que les prix relativement stables des marchandises et des biens de consommation dans les années 1920 prouvaient que la politique monétaire ne fut pas si follement irresponsable.

          Des réductions d’impôts substantielles dans les taux marginaux supérieurs durant les années de la présidence de Calvin Coolidge ont certainement aidé l’économie et ont pu mitiger l’effet des politiques de la Réserve fédérale sur les prix. Les réductions d’impôts ont encouragé l’investissement et une croissance économique réelle, qui ont en retour produit un élan de progrès technologique et de découvertes entrepreneuriales de nouvelles façons de produire des biens. Cette explosion de la productivité a sans aucun doute contribué à garder les prix plus bas qu’ils ne l’auraient été autrement.

          En ce qui concerne les politiques de la Réserve fédérale, les économistes en faveur du libre marché, qui diffèrent d'opinion à propos de l’ampleur de l’expansion de la masse monétaire lors du début et du milieu des années 1920, sont tous du même avis à propos des événements subséquents. La banque centrale a été responsable d'une compression importante de la masse monétaire qui a débuté tard dans la décennie. Les réactions du gouvernement fédéral à la récession qui a suivi ont transformé une mauvaise situation en une situation bien pire.

Le fond du baril défoncé

          À partir de 1928, la Réserve fédérale augmentait les taux d’intérêt et étranglait la masse monétaire. Par exemple, son taux d’escompte (le taux qu’une banque centrale applique aux prêts accordés aux banques qui sont membres du système) a été augmenté quatre fois, de 3,5% à 6%, entre janvier 1928 et août 1929. La banque centrale a mis en place d’autres mesures déflationnistes en vendant agressivement des bons du Trésor pendant plusieurs mois après le krach boursier. Pendant les trois années suivantes, la masse monétaire s’est contractée de 30%. À mesure que les prix chutaient dans tous les secteurs de l’économie, la politique de taux d’intérêt élevés de la Réserve fédérale a propulsé les taux d’intérêt réels (si l'on ajuste pour tenir compte de l’inflation) de façon spectaculaire.
 

          Le récit le plus complet des politiques monétaires de l’époque se trouve dans l’oeuvre classique de Milton Friedman et de sa collègue Anna Schwartz, Histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960. Friedman et Schwartz soutiennent de manière convaincante que la compression d’un tiers de la masse monétaire entre août 1929 et mars 1933 fut un poids immense pour l’économie et a été en grande partie causée par l’incompétence légendaire de la Réserve fédérale. La mort de Benjamin Strong en octobre 1928, un haut personnage qui avait exercé une grande influence en tant que directeur de la Réserve fédérale pour le district de New York, a laissé la banque centrale se débattre sans direction compétente – ouvrant la porte à des mesures encore plus malavisées(5).

 

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Le taux de chômage atteignit des sommets après que le Congrès eut haussé les tarifs douaniers et les impôts au début des années 30 et il demeura élevé pendant le reste de la décennie alors que les politiques de l’administration Roosevelt décourageaient l’investissement et la reprise de l’économie.

          En premier lieu, seuls les investisseurs « perspicaces » – les Bernard Baruch et Joseph Kennedy qui gardaient un oeil sur des choses comme la masse monétaire et d’autres mesures étatiques – ont compris que la fête allait bientôt se terminer. En fait, Baruch a commencé à vendre ses actions et à acheter des obligations d’épargne et de l’or dès 1928; Kennedy fit de même, remarquant que « seul un imbécile refuse de lâcher prise afin d’atteindre la valeur optimale »(6).

          Les masses d’investisseurs ont éventuellement ressenti le changement ayant lieu à la Réserve fédérale et à ce moment, la débandade commença. Dans un numéro spécial commémorant le 50e anniversaire du krach boursier, U.S. News & World Report en fit la description suivante:
 

          En réalité, le Grand Krach ne fut d’aucune façon l’affaire d’une journée, malgré les références fréquentes au jeudi noir, le 24 octobre, et au mardi noir de la semaine suivante. Dès le 5 septembre, la valeur des actions s’affaiblissait suite à des transactions répétées, après avoir atteint des sommets inégalés deux jours auparavant. Les déclins ayant eu lieu au début d’octobre furent appelés des « ajustements bienvenus ». The Wall Street Journal, prédisant une reprise à l’automne, remarquait que « certaines actions grimpent, d’autres chutent ».

          Puis, le 3 octobre, les actions subirent leur pire diminution de l’année. On effectua des appels de marge; certains négociants devinrent inquiets. Mais le jour suivant, les prix augmentèrent de nouveau et se balancèrent pendant deux semaines.

          Le véritable craquement commença le mercredi 23 octobre, avec ce qu’un observateur appela « un Niagara de liquidations ». Six millions d’actions changèrent de mains. L’indice boursier chuta de 21 points. « Demain, le vent tournera », se disaient les courtiers. Les prix, disaient-ils, ont descendu à un niveau « déraisonnable ».

          Mais le jour suivant, le jeudi noir, on se débarrassa des actions de manière encore plus intense […] le téléscripteur pris plus de cinq heures de retard puis arrêta finalement de cracher les cours du marché à 19h08(7).

          À leur plus haut niveau, les titres formant l’indice Dow Jones se vendaient 19 fois leurs revenus – un taux plutôt élevé, mais guère considéré comme de la spéculation démesurée par les analystes. Les distorsions dans l’économie, encouragées par la politique monétaire de la Réserve fédérale, avaient préparé le pays pour une récession, mais d’autres contraintes à venir allaient bientôt transformer la récession en catastrophe à grande échelle. Alors que le marché boursier passait un mauvais quart d’heure, le Congrès jouait avec le feu: le matin même du jeudi noir, les journaux du pays annonçaient que les forces politiques militant pour des barrières tarifaires plus restrictives à l’endroit du commerce gagnaient du terrain sur la colline du Capitole.
 

« Le krach boursier n’était que le reflet – et non la cause directe – des mesures étatiques destructrices qui produisirent en fin de compte la Grande Dépression: le marché grimpait et chutait au diapason presque parfait des agissements de la Réserve fédérale et du Congrès. »

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          Le krach boursier n’était que le reflet – et non la cause directe – des mesures étatiques destructrices qui produisirent en fin de compte la Grande Dépression: le marché grimpait et chutait au diapason presque parfait des agissements de la Réserve fédérale et du Congrès. Et ce qu’ils firent dans les années 1930 mérite une place de choix dans le palmarès des plus grandes sottises de l’histoire.

Dis l’ami, pourrais-tu me prêter 20 millions de dollars?


          Le jeudi noir ébranla le Michigan plus que la plupart des États. Les actions des compagnies automobiles et minières s’effondrèrent. La production d’automobiles atteint un sommet jamais vu en 1929, un peu plus de cinq millions de véhicules, puis fut rapidement réduite de deux millions en 1930. En 1932, le moment le plus difficile de la Dépression, la production avait chuté d’un autre deux millions de véhicules et se trouvait désormais à 1 331 860, une diminution incroyable de 75% depuis le sommet de 1929.

          Des milliers d’investisseurs, incluant plusieurs personnes renommées, subirent un coup dur au moment du krach de 1929. Parmi ceux-ci se trouvait Winston Churchill, qui avait grandement investi dans des actions américaines avant le krach. Après coup, seuls ses talents d’écrivain et ses postes au gouvernement lui permirent de rétablir ses finances.

          Clarence Birdseye, un des pionniers du secteur des aliments surgelés emballés, avait vendu son entreprise pour 30 millions de dollars et avait investi tout son argent dans des actions. Il fut balayé de la carte.

          William C. Durant, fondateur de General Motors, perdit plus de 40 millions de dollars à la bourse et finit pratiquement en indigent (la compagnie GM elle-même réussit à éviter de tomber dans le rouge pendant toute la Dépression grâce à la gestion serrée de Alfred P. Sloan).
 

Phase II – L’effondrement de l’économie mondiale

          Même si le mythe moderne prétend que le libre marché s’est « autodétruit » en 1929, les politiques étatiques furent les principales responsables du gâchis. Si ce krach s’était déroulé comme les précédents, les temps difficiles se seraient terminés en deux ou trois ans tout au plus, et probablement plus rapidement que cela. Mais une incompétence politique sans précédent prolongea la misère pendant plus de dix ans.

          En 1930, le taux de chômage se situait en moyenne à 8,9%, un taux indiquant une récession modérée, comparativement à 3,2% en 1929. Il explosa rapidement avant de plafonner à plus de 25% en 1933. Jusqu’en mars 1933, ces années furent celles du président Herbert Hoover – un homme souvent dépeint comme étant un chantre du non-interventionnisme et du laissez-faire économique.

« L’administration la plus dépensière de toute l’histoire »

          Est-ce que Hoover souscrivait réellement à une philosophie de libre marché prônant que le gouvernement devrait rester à l'écart de l’économie? Son adversaire aux élections de 1932, Franklin Delano Roosevelt, ne le pensait pas. Pendant la campagne électorale, Roosevelt fustigea Hoover pour avoir trop dépensé et trop taxé, pour avoir fait exploser la dette nationale, pour avoir étouffé le commerce et pour avoir mis au chômage des millions de citoyens. Il accusa le président d’avoir engagé des dépenses « téméraires et extravagantes », d’avoir pensé « qu’il fallait centraliser le contrôle de toute activité à Washington le plus rapidement possible » et d’avoir supervisé « l’administration la plus dépensière en temps de paix de toute l’histoire ». Le candidat à la vice-présidence de Roosevelt, John Nance Garner, accusa Hoover d’être en train de « conduire le pays sur le chemin du
socialisme »(8). Contrairement au portrait habituel que l’on fait de Hoover, Roosevelt et Garner avaient absolument raison.

          L’erreur la plus stupide de l’administration Hoover fut le Smoot-Hawley Act, adopté en juin 1930. Il s’ajouta au Fordney-McCumber Act de 1922, qui avait déjà fait dégringoler l’agriculture américaine pendant la décennie précédente. Le Smoot-Hawley Act, la législation la plus protectionniste de l’histoire américaine, ferma pratiquement les frontières aux biens étrangers et déclencha une cruelle guerre commerciale internationale. Le professeur Barry Poulson explique la portée de cette loi:
 

          La loi augmenta les tarifs douaniers sur la panoplie complète de marchandises taxables; par exemple, le taux moyen augmenta de 20% à 34% sur les produits agricoles; de 36% à 47% sur les vins, spiritueux et boissons; de 50% à 60% sur la laine et sur les articles laineux manufacturés. En tout, 887 tarifs furent soudainement augmentés et la loi allongeait la liste de marchandises taxables à 3218 articles. Une caractéristique importante du Smoot-Hawley Act était qu’il fixait plusieurs tarifs à un montant d’argent spécifique plutôt qu’à un pourcentage du prix. Alors que les prix baissaient de moitié ou même plus pendant la Grande Dépression, le taux effectif de ces tarifs doubla, augmentant la protection accordée en vertu de la loi(9).

          La portée du Smoot-Hawley Act était très étendue, se répercutant sur une multitude de produits. Avant sa mise en vigueur, les horloges subissaient un tarif de 45%. La loi augmenta le tarif à 55% en plus d’un autre 4,50 $ par horloge. Les tarifs sur le blé et le beurre doublèrent. Même la choucroute devint taxable pour la première fois. Parmi les rares biens hors taxe, on retrouvait étrangement les sangsues et les squelettes (peut-être un pot-de-vin politique à l’American Medical Association, comme le fit remarquer sarcastiquement un farceur).

          Les tarifs douaniers sur l’huile de lin, le tungstène et la caséine assommèrent l’industrie de la peinture, de l’acier et du papier, respectivement. Le Smoot-Hawley Act taxait plus de 800 articles utilisés dans la production d’automobiles. La plupart des 60 000 employés qui fabriquaient des vêtements abordables dans des usines américaines à partir de chiffons de laine importés retournèrent chez eux sans emploi lorsque le tarif sur les chiffons de laine augmenta de 140%(10).

          Les représentants de l’administration et du Congrès croyaient que renforcer les barrières commerciales forcerait les Américains à acheter plus de biens locaux, ce qui résoudrait le problème accablant du chômage. Ils ignoraient toutefois un important principe du commerce international: le commerce est une route à deux voies; si les étrangers ne peuvent vendre leurs biens ici, alors ils ne pourront gagner les dollars dont ils ont besoin pour acheter ici. Ou, pour le présenter autrement, l’État ne peut couper les importations sans couper simultanément les exportations.

Tu me taxes, je te taxe

          Les compagnies étrangères et leurs travailleurs furent écrasés par les tarifs exorbitants mis en vigueur par le Smoot-Hawley Act et les États étrangers eurent tôt fait de se venger avec leurs propres barrières commerciales. Leur capacité de vendre dans le marché américain étant gravement entravée, ces compagnies restreignirent leurs achats de biens américains. L’agriculture américaine fut atteinte particulièrement durement. D’un trait de plume présidentielle, les fermiers du pays perdirent près du tiers de leur marché. Les prix des produits agricoles plongèrent et des dizaines de milliers de fermiers furent acculés à la faillite. Un boisseau de blé, qui se vendait un dollar en 1929, ne valait plus que trente cents en 1932.
 

          Suite à l’effondrement de l’agriculture, les banques rurales firent faillite en nombre record, entraînant dans leur chute des centaines de milliers de leurs clients. Neuf mille banques fermèrent leurs portes aux États-Unis entre 1930 et 1933. Le marché boursier, qui avait regagné une bonne partie du terrain perdu depuis le mois d’octobre précédent, dégringola de 20 points le jour où Hoover signa le Smoot-Hawley Act, et chuta presque sans répit pendant les deux années suivantes. (Le point culminant du marché boursier, tel que mesuré par l’indice Dow Jones, fut fixé au 3 septembre 1929, à 381. L’indice atteignit son seuil le plus bas de 1929 le 13 novembre, à 198, puis rebondit jusqu’à 294 en avril 1930. Il déclina encore alors que le projet de loi sur les tarifs douaniers trouvait son chemin jusqu’au bureau de Hoover en juin et ne toucha pas le fond du baril avant d’atteindre un simple 41 deux ans plus tard. Il fallut attendre un quart de siècle pour que le Dow Jones atteigne de nouveau le seuil de 381).

 

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Le président Herbert Hoover est erronément présenté comme un ardent défenseur du libre marché dans les manuels d'histoire, mais il a tellement approuvé de lois coûteuses et absurdes qu’un des principaux conseillers de Franklin Roosevelt a affirmé par la suite que «pratiquement la totalité du New Deal a été extrapolée à partir de programmes mis en place par Hoover».

          La rétraction du commerce mondial provoquée par les guerres tarifaires contribua à préparer le terrain pour la Deuxième Guerre mondiale quelques années plus tard. En 1929, le reste du monde devait 30 milliards de dollars aux citoyens américains. En Allemagne, la République de Weimar peinait à rembourser l’énorme facture de reconstruction imposée par le désastreux Traité de Versailles. Quand les tarifs douaniers empêchèrent presque totalement les entrepreneurs étrangers de vendre leurs biens sur le marché américain, le poids de leurs dettes devint radicalement plus lourd à porter et enhardit des démagogues comme Adolf Hitler. Comme le rappelle cette mise en garde, cruelle de vérité, attribuée à Frédéric Bastiat: « si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront ».

Des marchés libres ou des repas gratuits?

          Le Smoot-Hawley Act en soi devrait suffire à détruire le mythe voulant que Hoover était un défenseur du libre marché, mais l’histoire des erreurs interventionnistes de son administration ne s’arrête pas là. Moins d’un mois après le krach boursier, il convoqua des rencontres avec les dirigeants du monde des affaires afin de faire pression sur eux pour que les salaires restent artificiellement élevés même si les profits et les prix diminuaient. Les prix à la consommation chutèrent de près de 25% entre 1929 et 1933 alors que les salaires nominaux ne baissèrent que de 15% en moyenne – ce qui se traduisit en une hausse substantielle des salaires réels, qui sont une partie importante du coût de faire des affaires. Comme le remarque l’économiste Richard Ebeling: « la politique de “salaires élevés” de l’administration Hoover et des syndicats […] réussit seulement à éjecter les travailleurs hors du marché du travail, générant une spirale grandissante de chômage »(11).

          Hoover augmenta radicalement les dépenses gouvernementales consacrées aux programmes de subvention et d’assistance. En l’espace d’une seule année, de 1930 à 1931, les dépenses publiques fédérales en proportion du PIB s’envolèrent de 16,4% à 21,5%(12). L’organisme bureaucratique de Hoover qui s’occupait de l’agriculture distribua des centaines de millions de dollars aux fermiers produisant du blé et du coton lorsque les nouveaux tarifs douaniers balayèrent leurs marchés de la carte. Sa Société pour le financement de la reconstruction prodigua à foison des milliards de plus en subventions aux entreprises. Rexford Guy Tugwell, un des architectes des politiques de Franklin Roosevelt dans les années 1930, observa quelques décennies plus tard à propos de l’administration Hoover: « Nous ne voulions pas l’admettre à l’époque, mais pratiquement la totalité du New Deal a été extrapolée à partir de programmes mis en place par Hoover »(13).

          Même si au début de son mandat Hoover diminua les impôts des Américains les plus pauvres, Larry Schweikart et Michael Allen soulignent dans leur ambitieux ouvrage A Patriot’s History of the United States: From Columbus’s Great Discovery to the War on Terror qu’il « n’offrit aucune incitation aux gens riches à investir dans de nouvelles usines pour encourager l’embauche ». Il imposa même une taxe sur les chèques, « ce qui rendit la monnaie encore plus difficile à obtenir en pénalisant les gens qui utilisaient des chèques »(14).

          En septembre 1931, alors que la masse monétaire dégringolait et que l’économie chancelait sous l'effet du Smooth-Hawley Act, la Réserve fédérale imposa la hausse du taux d’escompte la plus forte de son histoire. Les dépôts bancaires chutèrent de 15% en quatre mois et des reculs considérables de la masse monétaire persistèrent pendant la première moitié de l’année 1932, entraînant des effets déflationnistes sur l'économie.

          Aggravant les erreurs que sont des tarifs élevés, des subventions énormes et une politique monétaire déflationniste, le Congrès vota alors le Revenue Act of 1932, qui fut signé par Hoover. Cette loi mit en vigueur la hausse d’impôts la plus imposante de l’histoire en temps de paix: elle doubla l’impôt sur le revenu. En fait, la tranche d’imposition supérieure fit plus que doubler, passant de 24% à 63%. Les exemptions furent réduites, le crédit d’impôt sur le revenu salarial fut aboli, les impôts successoraux sur les entreprises furent haussés, de nouvelles taxes sur les cadeaux, l’essence et les voitures furent prélevées et les tarifs postaux furent brusquement augmentés.

          Un universitaire compétent peut-il réellement constater l’intervention économique massive de l’administration Hoover et affirmer, en gardant un air sérieux, que ses conséquences inévitablement délétères sont la faute du libre marché? Schweikart et Allen donnent un aperçu du désastre:
 

          En 1933, les résultats de cette comédie d’erreurs dépassaient l'entendement: le taux de chômage national atteignit les 25%, mais dans certaines villes, les statistiques semblaient incompréhensibles. Cleveland annonçait que 50% de sa population active était au chômage, Toledo rapportait un taux de 80% et certains États rapportaient même une moyenne de 40%. À cause de l’arme à double tranchant que sont des revenus en déclin et des demandes d’aide sociale multipliées, le fardeau reposant sur les villes poussa plusieurs municipalités au bord du précipice. On ferma les écoles de New York et on fut incapable de payer quelque 20 millions de dollars aux enseignants de Chicago. Plusieurs écoles privées durent fermer leurs portes. Une étude gouvernementale rapporta qu’en 1933, 1500 collèges avaient été acculés à la faillite et que les ventes de livres avaient plongé. Le réseau de bibliothèques de Chicago n’acheta pas un seul livre pendant une année(15).
 

 

Seconde partie >


 

1. Alan Reynolds, « What Do We Know About the Great Crash? », National Review, 9 novembre 1979, p. 1416.up.jpg
2. Hans F. Sennholz, « The Great Depression », The Freeman, avril 1975, p. 205.up.jpg
3. Murray Rothbard, America’s Great Depression, Kansas City (KS), Sheed and Ward, 1975, p. 89.up.jpg
4. Benjamin M. Anderson, Economics and the Public Welfare: A Financial and Economic History of the United States, 1914-46, 2e édition, Indianapolis (IN), Liberty Press, 1979, p. 127.up.jpg
5. Milton Friedman et Anna Jacobson Schwartz, A Monetary History of the United States, 1867-1960, New York, National Bureau of Economic Research, 1963; neuvième tirage broché de Princeton University Press, 1993, p. 411-415.up.jpg
6. Lindley H. Clark Jr., « After the Fall », The Wall Street Journal, 26 octobre 1979, p. 18.up.jpg
7. « Tearful Memories That Just Won’t Fade Away », U.S. News & World Report, 29 octobre 1979, p. 36-37.up.jpg
8. « FDR’s Disputed Legacy », Time, 1er février 1982, p. 23.up.jpg
9. Barry W. Poulson, Economic History of the United States, New York, Macmillan, 1981, p. 508.up.jpg
10. Reynolds, p. 1419.up.jpg
11. Richard M. Ebeling, « Monetary Central Planning and the State-Part XI: The Great Depression and the Crisis of Government Intervention », Freedom Daily, Fairfax (VA) The Future of Freedom Foundation, novembre 1997, p. 15.up.jpg
12. Paul Johnson, A History of the American People, New York, HarperCollins, 1997, p. 740.up.jpg
13. Ibid., p. 741.up.jpg
14. Larry Schweikart et Michael Allen, A Patriot’s History of the United States: From Columbus’s Great Discovery to the War on Terror, New York, Sentinel, 2004, p. 553.up.jpg
15. Ibid., p. 554.up.jpg

Crédits des photographies: a) Library of Congress, Prints and Photographs Division, [LC-USF34-T01-018258-C DLC]. b) Federal Reserve Building, Library of Congress, Prints and Photographs Division, Theodor Horydczak Collection [LC-H814-TF03-003 DLC]. c) Unemployment, Michigan State Archives. d) Farm Relief Act, Library of Congress, National Photo Company Collection, [LCUSZ62-111718 DLC].

 


De Wikiberal.
John Maynard Keynes
Économiste

Dates 1883-1946
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Keynes en couverture du Time du 31 décembre 1965
Tendance Inclassable
Origine Royaume-Uni Royaume-Uni
Articles internes Liste de tous les articles

Citation « Keynes aimait à dire : « à long terme, nous serons tous morts », instaurant la version XXe siècle du principe du court terme (celle du XVIIIe était : "après nous le déluge"), ce à quoi Ludwig von Mises répliquait : brûler ses meubles n'est pas forcément une bonne méthode pour chauffer son logis »
inter lib.org sur John Maynard Keynes
     

John Maynard Keynes (5 juin 1883-21 avril 1946) était un économiste et un mathématicien britannique, fondateur du keynésianisme, doctrine économique qui encourage l'intervention de l'État pour assurer le plein emploi.

Sommaire

Critiques de Keynes

Les critiques de Keynes et des politiques qu'il a inspirées ont toujours soutenu qu'on n'a nul besoin de mettre en cause la capacité des marchés à ajuster les offres aux demandes pour rendre compte du chômage, que les politiques publiques, qui le subventionnent (Rueff), punissent l'embauche par des taxes, ou interdisent le plein emploi des ressources, notamment en imposant des prix (New Deal) et surtout des salaires minimum, suffisent à l'expliquer. Que dans ces conditions, accroître la demande globale, a fortiori pour les produits finis, n'est qu'un expédient temporaire pour tourner ces contraintes, qui doit faire monter les prix. Ceux, notamment les syndicats, qui veulent imposer des rémunérations incompatibles avec le plein emploi, finiront par s'en apercevoir, et manipuler la demande ne réussira plus à résorber l'offre excédentaire.

Les théoriciens des anticipations rationnelles ont démontré que ces politiques ne pouvaient avoir d'effet que si elles réussissaient à tromper les agents économiques sur les effets qu'elles auraient, notamment sur les taux d'intérêt et les salaires réels — et cela indépendamment de leurs conceptions parfois irréalistes de l'incertitude[1].

C'est dans les années 1970 que le problème de la « stagflation » — une inflation croissante sans réduction du chômage, conjonction qu'elle déclarait implicitement impossible — a finalement conduit à remettre en cause l'approche macroéconomique de Keynes — d'où, peut-être, le Prix Nobel d'économie attribué en 1974 aux interprétations de la conjoncture de type autrichien de Friedrich Hayek. Cependant, l'économiste suédois G.Myrdal partagea cette année le "prix nobel" avec Hayek, alors même qu'il fût l'un des apôtres de la social-démocratie et un fervent défenseur de l'intervention de l'Etat en matière économique. Hayek avait entrepris de réfuter spécifiquement la Théorie générale dès sa parution en 1936, mais la guerre, qui devait le rapprocher de Keynes, puis sa mort en 1945, avait interrompu ce projet, dont on peut en trouver les premières ébauches dans Profits, Interest and Investment (1939) et The Pure Theory of Capital (1941) — il offrait aussi comme substitut la Theory of Prices d'Arthur Marget.

Logiquement, c'est-à-dire si on écarte les explications circulaires de la hausse des prix du genre « inflation par les coûts » (car ces « coûts » ne sont eux-mêmes rien d'autre que des prix), la stagflation ne peut exister que si la demande est simultanément en excédent ici, et en défaut là ; on ne peut donc en rendre compte que si on sort de la macroéconomie proprement dite, laquelle n'envisage par hypothèse qu'un défaut, ou un excédent global de la demande. Or, justement, la critique autrichienne de Keynes prétend réfuter l'approche macroéconomique en tant que telle[2] : pour elle les désajustements entre offres et demandes sont forcément locaux. Ce qui lui permet d'insister sur la réaction à la politique monétaire des prix relatifs des actifs échangés en amont du consommateur, dans la "structure de production", comme éléments essentiels de la conjoncture — à ce titre, la notion d'"inflation des actifs", admise dans les années 1980, est une première prise en compte de cette approche.

Ensuite, ces écarts entre les demandes et les offres ne peuvent être que le produit d'erreurs de prévision : si les gens prévoyaient parfaitement la demande pour leurs services, ils ne se retrouveraient jamais avec une demande plus faible (d'où sous-emploi) ou plus forte (d'où hausse des prix) qu'ils ne l'envisageaient. On retrouve une conclusion des anticipations rationnelles, mais dans une approche qui y ajoute une analyse réaliste des conditions dans lesquelles les gens acquièrent l'information.

En effet ces erreurs-là, les critiques de la macroéconomie affirment que la politique de conjoncture ne peut que les aggraver, en ajoutant ses propres sources d'incertitude à celles qu'engendrent les choix faits sur les marchés.

— tout d'abord elle ne peut être qu'aveugle, puisque par hypothèse elle cherche même pas à les identifier, ces désajustements spécifiques. Comment en attendre alors qu'elle y distingue en outre, comme elle devrait théoriquement le faire s'agissant de "conjoncture", ceux qui ne sont dus qu'à des changements mal prévus des préférences et des techniques, et qu'il n'y aurait en principe jamais lieu de compenser par une manipulation de la demande, a fortiori globale ?
— ensuite, en centralisant les décisions en-dehors des marchés, la politique macroéconomique concentre les erreurs, qui se compenseraient en partie autrement, et les diffuse, pour reprendre l'expression même de Keynes,
"d'une manière que pas un homme sur un million n'est capable de comprendre".

Pour l'analyse autrichienne, donc, les institutions qui affectent la demande globale, notamment le monopole d'émission de la monnaie, sont la cause des crises économiques et financières évitables, et ne peuvent pas y porter remède. Plus généralement, elle affirme que les planificateurs étatiques ne peuvent pas connaître l'information nécessaire à la réalisation de leurs projets par les hommes, mais ne font au contraire que fausser son acquisition parce qu'ils ne subissent pas les conséquences de leurs choix, alors qu'ils privent de leur pouvoir de décision les seuls qui auraient véritablement intérêt à s'informer de façon adéquate, ceux qui les subiront effectivement.

Ces considérations, partagées au-delà de l'École autrichienneMilton Friedman aussi reconnaît qu'on n'a pas besoin de banque centrale, ont inspiré des politiques, notamment monétaires, qui prétendaient davantage être prévisibles que régler la conjoncture.

Citations sur Keynes

  • Keynes aimait à dire : « à long terme, nous serons tous morts », instaurant la version XXe siècle du principe du court terme (celle du XVIIIe était : "après nous le déluge"), ce à quoi Ludwig von Mises répliquait : « brûler ses meubles n'est pas forcément une bonne méthode pour chauffer son logis... »
  • « Il est effarant qu'une telle croyance (que l'important en économie soit de pousser les gens à dépenser plus) puisse être présentée au monde comme une nouvelle philosophie sociale. Lord Keynes et ses disciples imputent au manque de propension à dépenser ce qu'ils jugent insatisfaisant dans la situation économique. Ce qui est nécessaire, à leur avis, pour rendre les gens plus prospères, ce n'est pas une augmentation de production, mais une augmentation de dépense. Afin que les gens puissent dépenser davantage, on recommande une politi
que « expansionniste ». Cette thèse est aussi ancienne qu'elle est mauvaise. » (Ludwig von Mises[3])
  • « (Ce n'est pas) surestimer l'entreprise keynésienne que d'y voir une véritable mutation de la pensée politique dans tous les États qui échappent encore à l'emprise totalitaire. En donnant indûment aux gouvernements le sentiment que, par l'investissement, ils avaient le moyen de procurer l'expansion désirée et de bannir le chômage honni, la doctrine du plein-emploi a ouvert toutes grandes les vannes de l'inflation et du chômage. » (Jacques Rueff[4])
  • « Un voleur qui justifierait son vol en expliquant comment il a réellement aidé ses victimes et comment ses dépenses ont stimulé le commerce ne convaincrait personne ; mais quand sa théorie revêt l'apparence d'équations keynésiennes et de références édifiantes à "l’effet multiplicateur", elle emporte davantage la conviction, malheureusement. » (Murray Rothbard)
  • « La doctrine de Keynes n'est qu'un prétexte supplémentaire à l'intervention gouvernementale. Le gouvernement doit intervenir parce que le taux de profit est trop élevé, et si cette objection ne rencontre pas assez de soutien, il doit intervenir parce que le taux de profit est trop bas, voilà l'argument central de l'analyse keynésienne. Dans tous les cas de figure, le gouvernement doit intervenir et accroître son pouvoir. Tout argument utile fera l'affaire. Ainsi le keynésianisme finit comme il a commencé, débris d'un naufrage de la pensée critique, emporté par la marée de l'irrationalisme et de l'anticapitalisme. » (George Reisman, Capitalism)
  • « Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il (Keynes) n'était ni très bien formé comme économiste ni même très soucieux des progrès de la science économique. Finalement, il ne faisait même pas grand cas de l'économie en tant que science, ayant tendance à considérer que sa capacité supérieure à fournir des justifications théoriques était un instrument dont il avait le droit de se servir pour persuader le public de suivre les politiques que son intuition lui désignait comme la nécessité du moment. » (Friedrich Hayek[5])
  • « L'essence du keynésianisme est son incapacité complète à concevoir le rôle de l'épargne et de l'accumulation de capital dans l'amélioration des conditions économiques. » (Ludwig von Mises[6])
  • Notes et références

    1. Hans-Hermann Hoppe, « De la certitude et de l'incertitude ou: quelle peut être la rationalité de nos anticipations ? », [lire en ligne]
    2. « La critique autrichienne », Friedrich Hayek, The Economist, 11 juin 1983, [lire en ligne]
    3. Ludwig von Mises, L'Action humaine, chap.17, [lire en ligne]
    4. Jacques Rueff, « La fin de l'ère keynésienne », Le Monde, 19 février 1976, [lire en ligne]
    5. Friedrich Hayek, « La critique autrichienne », The Economist, 11 juin 1983, [lire en ligne]
    6. “The essence of Keynesianism is its complete failure to conceive the role that saving and capital accumulation play in the improvement of economic conditions.” (Planning for Freedom, 4e édition, p. 207

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