Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le WEB Résistant est le seul site francophone présentant toutes les références sur les sites de réinformation. Faites-le connaître autour de vous ! Ne restez pas seul, nous sommes nombreux.

La Matrice mythologie du LÉVIATHAN : une contre-utopie cyberpunk

Le Crépuscule des Dieux par Rafik Djoumi

 

Ragnarök


" Le jour viendra où de grandes confrontations entre les hommes auront lieu et durant trois années se dérouleront d'importantes batailles inaugurant l'époque des haches et des épées. L'ordre disparaîtra et nul ne pourra se fier à quiconque, fût-ce à ses proches. En proie à la cupidité et à l'envie, les frères s'entre-tueront. (.) "

RagnarökAinsi débute le Ragnarök, légende cosmogonique des anciennes peuplades scandinaves.

De prime abord, cette légende s'inscrit dans une mythologie universelle de l'Apocalypse, celle que l'on retrouve à travers toutes les cultures (la Révélation de la Bible par exemple). Mais la particularité du Ragnarök est sa façon tout à fait explicite d'annoncer la disparition des divinités au profit d'une transcendance.

Pour des raisons d'ordre littéraire, " Ragna-rok " fut longtemps traduit par " Le Crépuscule des Dieux " mais une traduction plus juste en serait plutôt " La destinée des puissances organisatrices ", ce qui devrait permettre à un esprit du XXIème siècle de mieux saisir l'essence symbolique et universelle du texte ; l'idée étant que ce " crépuscule " annoncé est avant tout le crépuscule des forces qui définissent notre univers humain (la société et sa façon de percevoir le monde, par exemple).

Ainsi, Le Crépuscule des Dieux est à l'origine d'une mythologie tout à fait unique selon laquelle les Dieux, les puissances organisatrices, peuvent et doivent mourir, et que ce destin est inéluctable. Il n'y a là ni fatalisme ni résignation (le texte montre que les Dieux se battent même s'ils se savent condamnés) mais au contraire la nécessité de tout mettre en oeuvre, de lutter jusqu'à l'extrême limite, pour accomplir cette destinée, ce but plus élevé (en anglais " higher purpose ").

Le Ragnarök a durablement marqué les peuplades scandinaves et a partiellement défini la philosophie germanique.

Au XIXème siècle, le compositeur Richard Wagner allait en donner une illustration grandiose à travers son Opéra Le Crépuscule des Dieux (Götterdämmerung) 1 , tandis qu'un de ses amis les plus proches, Friedrich Nietzsche, exploiterait le sens de ce mythe dans son livre Le Crépuscule des Idoles (Götzen Dämmerung).

 

Dämmerung


GötterdämmerungLe Crépuscule des Idoles (dont le sous-titre est Comment philosopher à coups de marteau) désigne le moment d'exercice du second nihilisme, c'est-à-dire le nihilisme du nihilisme. Nietzsche y évoque le travail négatif de la raison, l' " Inversion de toutes les valeurs " qui permettra de débusquer les " idoles éternelles " (raison, vérité, morale, démocratie, christianisme etc.), à les " ausculter " à coups de marteau pour en repérer le " son creux " caractéristique de la substance vide de ces idoles, et enfin à leur déclarer une guerre intellectuelle et spirituelle systématique, sans merci et sans concession. Il y a, dans ce Ragnarök intellectuel et spirituel, le désir manifeste de redéfinir les valeurs, devenues des pensées monolithiques sous l'influence du monothéisme.
Ce travail annonce à un siècle d'écart le chapitre Du Nihilisme selon Jean Baudrillard, et ses idoles au son creux (les simulacres) que les Wachowski nous présentaient en note d'intention.

Et si l'on s'intéresse à certaines " inversions des valeurs " telles qu'elles nous sont proposées par Nietzsche, alors on ne s'étonnera pas d'y trouver plusieurs correspondances exploitées au mieux par la mécanique narrative des Wachowski. Exemples : 

L'homme, créature de Dieu devient L'homme, créateur de dieux (Néo)

Le début de l'Univers devient Univers cyclique (Reloaded)

Les buts, les finalités de la nature deviennent Jeux de forces (la guerre supposée)

L'âme immortelle devient Le corps (la source d'énergie de la matrice)

L'individu indivisible devient L'individu-collectivité, jamais identique (le peuple de la matrice, le peuple de Zion)

Le libre arbitre devient La nécessité (Le Mérovingien)

Tout savoir devient ignorer beaucoup (intelligence intuitive)

Esclavages deviennent Maîtres de soi, maîtres du monde (libéré de l'illusion)

La vérité devient Un ensemble d'erreurs utiles (projet global autour de la matrice)

On sera alors beaucoup moins étonné par le titre du thème musical principal de Matrix Revolutions. Ce morceau, disponible en exclusivité sur le site du compositeur Don Davis s'appelle tout simplement Neodämmerung, c'est-à-dire, dans la terminologie du film, le " crépuscule de l'Elu ".

Une fois de plus, derrière leur jeu de la référence, au-delà du clin d'oeil vers le spectateur lettré, les Wachowski annoncent le plus clairement du monde que leur logique est déjà à l'oeuvre, et qu'ils sont disposés à aller jusqu'au bout, au moins sur le plan narratif (nous verrons plus tard en quoi ils dépassent ce plan narratif).

 

Le Cycle Cosmogonique

 

Crepuscule---Campbell.jpg Crepuscule---Campbell02.jpg Crepuscule---Campbell03.jpg

Dès lors qu'on aborde les questions des mythes et de leur structure narrative, un nom s'impose, celui de Joseph Campbell.

Dans son ouvrage Les Héros sont Eternels (The Hero with a Thousand Faces), Campbell tente de synthétiser tous les mythes héroïques qui nous sont connus, afin d'en dégager une structure immuable, qui traverse le temps et les civilisations. Campbell nous fait ainsi découvrir (non sans stupéfaction), que derrière les légendes de Bouddha, Jésus-Christ, Prométhée, le Roi Arthur, Thésée, Odipe, ou même des figures historiques telles que Christophe Colomb, se cache une seule et même aventure, un seul et unique destin, une structure unique sans cesse répétée, et " décorée " à sa façon par les civilisations qui l'ont vu naître.

Plus important, le mythologue s'interroge sur le sens profond de cette structure, et ce qu'elle révèle de la nature humaine, du lien imprescriptible qui nous lie à ce mythe éternel.

L'oeuvre de Campbell a fait sensation chez les romanciers et les scénaristes anglo-saxons du XXème siècle. On soupçonne Tolkien d'avoir étudié avec attention cette structure en écrivant Le Seigneur des Anneaux, et l'on connaît un nombre incalculable de personnalités du cinéma qui ont avoué l'influence que Campbell a exercé sur eux (George Lucas, George Miller, Lawrence Kasdan, John Milius, Oliver Stone etc.). Les Wachowski n'y font pas exception.

Pourtant, des oeuvres comme Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux n'empruntent à Campbell que la première partie de sa démonstration (titrée L'aventure du Héros) et se gardent bien d'évoluer vers la seconde partie de l'ouvrage (titrée Le Cycle Cosmogonique), particulièrement complexe, en ce qu'elle aborde plus spécifiquement les religions, mais aussi celle qui demeure la plus fascinante quant à ses applications philosophiques. 

Matrix fait exception, car le premier épisode de la saga passait déjà entièrement en revue les étapes de L'aventure du Héros, et l'on découvre, dès Matrix Reloaded, que les Wachowski ont, semble-t-il, tenté l'improbable (au sens commercial) ; à savoir qu'ils ont décidé d'exploiter la seconde partie de l'ouvrage de Campbell.
Et pourtant, l'intitulé des chapitres de la partie Cycle Cosmogonique aurait du éveiller nos soupçons.
Jugez vous-mêmes : The Matrix of Destiny (la matrice du destin), The Primordial Hero and the Human (le héros primordial et l'être humain), The Shapeshifter (le métamorphoseur.. de forme, de sens).

Toute cette section du livre de Campbell s'intéresse non plus à la quête du héros, mais à la façon avec laquelle le héros va dépasser les stades successifs de la compréhension de l'univers, et surtout par quels moyens il délivrera son message. On y retrouve bien sûr l'aventure du Christ, mais aussi et surtout celle de Bouddha, dans laquelle Campbell semble voir un des mythes les plus complets, les plus accomplis.

Little Buddha A ce stade, on ne peut s'empêcher de rappeler que l'acteur Keanu Reeves interpréta autrefois le rôle de Bouddha dans un film de Bernardo Bertollucci (Little Buddha) 2 et qu'il interpréta par ailleurs le rôle d'un être mi-humain mi-machine à qui l'on avait téléchargé des données essentielles (Johnny Mnemonic). On se demande d'ailleurs à quel point ces précédents ont influé, consciemment ou non, sur les choix de casting des Wachowski. 3 Johnny Mnemonic


Quoi qu'il en soit, nous avons vu dans les chapitres précédents les couches successives de compréhension à travers lesquelles voyageait le spectateur de Matrix. Tâchons de les résumer :

Nous sommes tout d'abord plongés dans un univers que nous tenons pour vrai car nos yeux et nos oreilles (les sens) nous le disent.
En même temps que le héros, nous réalisons avoir été trompé par nos sens, et nous découvrons un tout autre univers que nous interprétons par le prisme de notre intuition (l'esprit).

Nous sommes à nouveau trompés par notre esprit intuitif, car l'univers dans lequel nous évoluons repose en fait sur une stricte logique (la raison).
Parvenus au terme de cette logique, l'Architecte nous explique que cette perfection de la raison n'est qu'une étape vers quelque chose de supérieur, et que ce quelque chose a trait à notre humanité (L'Esprit de l'Homme).
Enfin, nous ressentons confusément qu'au bout de ce parcours nous attend la révélation suprême.

Revenons maintenant à notre thème musical principal de Matrix Revolutions, à savoir le fameux morceau Neodämmerung, qu'on entendra durant le film et dont une version plus élaborée (Navras) constituera le générique de fin.

Sur la totalité du morceau, le compositeur Don Davis a eu recours à des chours scandés, dont nous apprenons qu'il s'agit de sanskrit. Les paroles de ce morceau sont directement empruntées aux Upanishad, les textes sacrés du brahmanisme, les plus anciens écrits philosophiques de l'Inde.

La traduction de deux couplets du morceau Neodämmerung (empruntés respectivement au Brhadaranyaka Upanishad 1.3.28 et au Katha Upanishad 6.7) suffiront à révéler où nous entraîne la fin de Matrix Revolutions :

De l'illusion guide moi vers la vérité.
Des ténèbres guide moi vers la lumière.
De la mort guide moi vers l'immortalité.


Au-delà des sens il y a l'esprit,
Au-delà de l'esprit il y a la raison.
Au-delà de la raison il y a l'Esprit de l'Homme
Et au-delà de tout, il y a l'Esprit de l'Univers, le créateur universel.
4

 

Lafayette et le Léviathan


D'après l'imperturbable logique du mythe décrite par Joseph Campbell, la narration de Matrix devra parvenir au point de la transcendance, celle que raconte le Ragnarök, celle que raconte les Upanishad, celle que raconte les Révélations de la Bible (voir plus bas).

Or, s'il y a transcendance inéluctable, il n'y a pas de conciliation possible entre ce qu'on pourrait appeler " l'ordre ancien " et " l'ordre nouveau " ; la Révolution, au sens mythologique, annonce la disparition de l'ordre ancien, le crépuscule des puissances organisatrices.

Un personnage de Matrix symbolise pourtant le paradoxe de celui qui veut concilier l'avant et l'après. Il s'agit de Morpheus. D'un côté, il annonce l'inéluctabilité d'une libération du joug des machines, c'est-à-dire la libération des humains du système qui les aliène. De l'autre, il remet entièrement son destin entre les mains de celui qu'il croit être l'" Elu ". Il s'enferme donc dans une autre servilité, une autre aliénation.

Or, il est un personnage historique français, familier des américains, qui symbolise parfaitement ce paradoxe. Il s'agit du Marquis de Lafayette, député de la Noblesse de Riom aux Etats Généraux, qui, toute sa vie, aura rêvé la réconciliation improbable de la royauté et de la Révolution, sans parvenir à comprendre que l'avènement de l'une signifiait la disparition inéluctable de l'autre.

Dans le script original de Matrix, la séquence où Morpheus accueille Neo et lui soumet les pilules du choix se déroule dans un hôtel au nom évocateur (même s'il n'est pas destiné à être connu du public). Il s'agissait de l'hôtel Lafayette.

Dans ce même script, une note attire l'attention. Dans la scène où Néo se réveille dans son cocon, les Wachowski écrivent : " His sight is blurred and warped, exaggerating the intensity of the vision. The sound of the plant is like the sound of the ocean heard from inside the belly of Leviathan. "

Parallèlement, un internaute sur le forum du site Code-Matrix constatait que, sur l'affiche teaser de Matrix Reloaded, apparaissaient les lettres du mot " tannin " qui est le terme hébreu parfois employé pour désigner le Leviathan.
LeviathanConnaissant maintenant les Wachowski, on n'hésitera pas à fouiner plus en profondeur, et parvenir de fil en aiguille à l'ouvrage Leviathan du philosophe anglais Thomas Hobbes, dans lequel l'auteur expose sa théorie du pouvoir politique.

Hobbes évoque le conflit permanent dans lequel l'homme se trouve à l'état naturel (la célèbre citation " l'homme est un loup pour l'homme ") et envisage alors sa théorie du contrat, selon laquelle, en société, chaque individu renonce totalement aux droits qu'il possède naturellement sur toute chose, au profit d'une souveraineté qui sera dotée de pouvoirs illimités, faisant régner l'ordre et la paix.

Hobbes se sert du mythe du Leviathan pour désigner cette souveraineté. Mais il rappelle que le Léviathan échappe lui-même au contrat entre les hommes , puisqu'il est né du contrat des hommes. Une fois le contrat signé, chacun se retrouve sous la loi du Léviathan, sans pouvoir sur lui, puisqu'il émane à la fois de tout le monde et de personne en particulier.
Difficile de ne pas voir dans cette idée du contrat, le sens profond de la séquence des Nations Unies de Second Renaissance part2 (voir chapitre précédent).

 

Apocalypse


Dans ce rapport constant qu'entretient la narration de Matrix avec les mythes, les religions et les philosophies (émanations de l'indicible), les Wachowski ne pouvaient bien évidemment pas se permettre d'évacuer les textes bibliques, l'essentiel de leur public étant à l'évidence issu de la culture judéo-chrétienne.

Passons sur la pléthore de noms bibliques qui émaillent le récit (et d'où se détache clairement celui de Trinity), pour rappeler deux chapitres de l'Apocalypse selon Jean, aussi connu sous le titre des Révélations.

Chapitre 14
Je regardai encore: je vis l'Agneau qui se tenait sur le mont Sion et, avec lui, cent quarante-quatre mille personnes qui avaient son nom et le nom de son Père inscrits sur le front

Chapitre 21
Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin

Est-il besoin de le rappeler, l'accroche international de l'affiche de Matrix Revolutions est : Every thing that has a beginning has an end "
Tout ce qui a un commencement a une fin.
 
Quant à l'Apocalypse selon le Ragnarök, qui ouvrait notre chapitre, il se conclue sur la révélation suivante :
" (.) alors se produira le plus grand des miracles, car avant de mourir, le soleil aura engendré une fille qui s'élèvera dans les cieux pour éclairer l'aube radieuse saluant la naissance de ce monde régénéré libéré de ses chaînes. "

Si les Wachowski fonctionnent de manière cohérente (ils l'ont jusqu'ici prouvé à plus d'un titre), on pourra s'attendre à ce que la fiction de Matrix trouve son aboutissement dans l'image d'une petite fille (ou son équivalent symbolique) engendrée par le " Soleil ", c'est-à-dire une génération spontanée, qui ne soit pas fécondée par les puissances (ou systèmes) déjà en place. Le commencement et la fin.


Rafik Djoumi

 

Notes :

1 le morceau de la BOF de Matrix Revolutions, intitulé Spirit of the Universe, rend hommage à Wagner.
2 Dans ce film, lorsque Bouddha, alias Keanu Reeves, voit son reflet dans l'eau, il a cette réplique intéressante : " Hello, Architect ".
3 Dans le film Fièvre à Colombus Université, la toute première réplique de Larry Fishburne était " Welcome to the real world ".
4 Dans l'attente de voir à quoi ressemblera ce Créateur Universel, ce Dieu issu d'un univers de machines, rendons au moins hommage au sens de la provocation des Wachowski.
Le terme " dieu de la machine " renvoie à l'expression Deus Ex Machina utilisée au théâtre quand, arrivé à un point d'irrésolution des conflits, on fait entrer en scène un personnage surgi de nulle part qui résout tous les problèmes. Dans le théâtre ancien, ce personnage descendait du ciel, l'acteur étant suspendu par des câbles à une machine, d'où son nom de " dieu de la machine ".
Or, on s'amuse dès lors d'apercevoir dans le générique de Matrix Revolutions un certain personnage dénommé Deux Ex Machina, interprété par deux acteurs, Kevin M. Richardson et Henry Blasingame, qui lui donneront respectivement corps et voix.


Parallèle avec le libéralisme

Dans Matrix, les machines ont fait des hommes leurs esclaves afin de pouvoir vivre ; les hommes sont conditionnés dans un programme informatique (la Matrice) qui simule la réalité où ils ne peuvent se rendre compte de leur servitude.

On pourrait comparer les machines aux hommes politiques -qui vivent sur notre dos grâce aux impôts qu'ils nous extorquent-, la Matrice à l'État Providence -qui s'occupe de nous à notre place- voire au Léviathan de Thomas Hobbes ; enfin, les hommes, comme dans Matrix, ne se rendent pas compte de leur servitude, ils vivent dans l'illusion et l'image qu'ils ont du système et de la réalité est faussée par les artifices (prétendue lutte contre la pauvreté, lutte contre l'inégalité, justice sociale, etc.) mis en place par les hommes de l'État.

Il ne s'agit là que d'une interprétation parmi d'autres d'un film qui est riche en allégories tirées tant du gnosticisme que des philosophies orientales.


NAVARAS

  

 

Assato ma sad gamaya
Assato ma sad gamaya
Tamasso ma jyotir gamaya
Mrtyor mamrtam gamaya

Assato ma sad gamaya
Assato ma sad gamaya
Tamasso ma jyotir gamaya
Mrtyor mamrtam gamaya

Mrtyor mrtyor ...

Umassa detore bappaï iyo
Dessare bae gae iyo
Nanana sulle baghu bappaï iyo
Dessare bae gae iyo

Umassa detore bappaï iyo
Dessare bae gae iyo

Zuccheratore dori iyo iyo

Ohm shanti shanti shanti
Ohm shanti shanti shanti
Ohm shanti shanti shanti ohm ...

Ohm Aditya yanamo namaha
Ohm Aditya yanamo namaha
Ohm Aditya yanamo namaha

Assato ma sad gamaya
Assato ma sad gamaya
Tamasso ma jyotir gamaya

Ohm naarayanaya vidmahe ...
Mrtyor mrtyor ...
Vaasudevaya dimahe ...
Mrtyor mrtyor ...
Tanno visnoh pacodayat ...

Umasa detore bappaï iyo
Dessare bae gae iyo
Nanana sulle baghu bappaï iyo
Dessare bae gae iyo

Ohm shanti shanti shanti
Ohm shanti shanti shanti
Ohm shanti shanti shanti ohm ...

Jñanani manassa saha
Buddhis ca na vicestate
Tam ahuh paramam gatim

Ya ya ya ya yada yadaya
Ya ya ya ya yada yada yada yada
Yada yada yada yada yada

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
<br /> LA MATRICE:HUMAINS ET MACHINES (fermaton.over-blog.com)<br />
Répondre