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Ayn Rand (1905 - 1982)
Elle montre que le racisme et l'esclavage ont ceci ont commun qu'ils sont tous deux enracinés dans le collectivisme. Le collectivisme est la doctrine philosophique affirmant qu'un individu n'a pas de valeur propre et que le standard de valeur dans les affaires humaines est le groupe auquel il "appartient".
Les traits communs qui le relient à la collectivité (la tribu) peuvent être la nationalité (pour les nationalistes), la croyance religieuse, la race (KKK etc), le statut économique ou social (socialistes, communistes) etc...
Quand les membres d'un groupe ou d'une collectivité asservissent un autre groupe, c'est le collectivisme à l'œuvre.
Ainsi les conflits tribaux qui continuent de génération en génération dans diverses parties du monde sont aussi le collectivisme à l'œuvre. Ces groupes en guerre se tiennent responsables entre eux de méfaits perpétués il y a des siècles et sans aucune considération pour le fait que les individus d'aujourd'hui ne portent aucune responsabilité sur ces évènements anciens.
Les individus sont tenus responsables simplement par le partage de quelques caractéristiques du groupe.
Aussi l'individualisme, contrairement au sens commun dont on en fait les collectivistes, ne signifie pas vivre dans l'indifférence ou en autarcie. L'individualisme refuse de reconnaître des obligations née de l'appartenance hypothétique à un groupe et nous invite à développer nos propres valeurs, à tracer notre chemin indépendamment de ceux déjà tracés. Selon Ayn Rand, conformer ses actes à ce système de valeur est le préalable indispensable au bonheur.
Il y a un phénomène qui reste soigneusement négligé dans les débats et analyses sur le racisme : c’est le lien logique et historique frappant qui existe entre racisme et collectivisme. Voilà une idée assez peu prisée dans les causeries intellectuelles contemporaines, à l’heure de la diabolisation de l’individualisme égoïste, de la glorification du groupe « solidaire » et « citoyen » et de la reconnaissance officielle croissante, par les pouvoirs publics, de diverses communautés, minorités et tribus en tous genres.
Cette thèse a été brillamment développée par Ayn Rand dans une des conférences qui composent son magistral « The Virtues of selfishness », dont quelques extraits ont été traduits aux Belles Lettres en 1993. Il me semble nécessaire d’en rappeler les grandes lignes car elle peut nous être précieuse pour comprendre la progression actuelle du racisme en France.
Dans ce texte, Ayn Rand montre en quoi « le racisme est la forme la plus abjecte et la plus brutalement primitive du collectivisme ». Le racisme se manifeste partout où l’on réduit un individu aux caractéristiques du groupe auquel il appartient. C’est le cas, bien sûr, si l’on n’aime pas un noir parce qu’il appartient à la catégorie des noirs. Mais c’est aussi le cas lorsqu’un groupe d’hommes (par exemple une nation) se glorifie des mérites d’un de ses membres (par exemple un grand inventeur décédé). Il s’agit alors d’une sorte d’expropriation : cet individu est dépossédé de ses mérites au profit d’un groupe qui le dépasse et le possède.
Analysant les sources psychologiques du racisme, Ayn Rand montre qu’il provient du « sentiment qu’a le raciste de sa propre infériorité ». « Attribuer ses vertus à son origine raciale, c’est avouer que l’on n’a aucune connaissance du processus par lequel les vertus sont acquises et, la plupart du temps, que l’on n’a pas réussi à en acquérir ».
D’un point de vue historique, comment nier que « la montée ou la chute du racisme a toujours accompagné celles du collectivisme » ? Les Etats les plus collectivistes, ceux qui ont le plus écrasé l’individu, se sont toujours fondés sur des mécanismes racistes. Cela s’est vérifié en Allemagne nazie, bien sûr, mais également en Union soviétique, où la persécution des minorités raciales a été constante et où l’idéologie officielle prônait un conditionnement quasi-génétique des hommes au communisme par la propagande et par l’éradication des classes réticentes, pour que, in fine, les gens naissent communistes.
Le racisme anti-noir des Etats-Unis constituerait-il un contre-exemple à cette thèse ? Nullement. Au 19ème siècle, le racisme a diminué dans les sociétés qui se sont dotées d’institutions libérales (comme en Grande-Bretagne). Cette tendance est universelle : partout où la liberté individuelle a été mieux reconnue, le racisme a diminué. Il a, ailleurs, progressé à mesure que les Etats exacerbaient la « conscience » ou « l’identité » collectives, et que se diffusaient les idées socialistes. Cette logique s’est exactement vérifiée aux Etats-Unis : le racisme s’y est développé progressivement dans le Sud, c’est-à-dire dans la partie la moins capitaliste du pays, celle qui restait la plus imprégnée des valeurs traditionalistes et anti-individualistes. Par la suite, ce racisme s’est diffusé dans tout le pays à mesure que se développaient l’Etat fédéral, « l’économie mixte » et l’Etat-Providence.
Ayn Rand, qui déplore évidemment cette dégénérescence du système américain, à l’origine le plus libre et le moins raciste du monde (le massacre des indiens ne fournissant aucune indication sur la valeur des institutions qui ont ensuite été érigées sur leur territoire), condamne également, comme de nouvelles formes de racisme particulièrement sournoises, les politiques de discrimination positive. Celles-ci n’impliquent-elles pas, en effet, que des avantages soient distribués et que des contraintes soient imposées à des individus en raison même de leur appartenance à un groupe racial ?
En vérité, les remèdes au racisme ne proviendront pas de nouvelles intrusions de l’Etat dans la vie privée des gens et de nouvelles limites à la liberté individuelle, comme voudraient nous le faire croire les actuels recyclés du collectivisme, mais plutôt du contraire : « il n’y a qu’un seul antidote au racisme : la philosophie individualiste et son corollaire politico-économique, le capitalisme de laissez-faire ».
Je trouve cette analyse d’Ayn Rand particulièrement utile pour la France d’aujourd’hui. De manière évidente, le racisme s’y développe. Ce phénomène alimente de nombreux débats mais ses causes restent profondément incomprises, ce qui explique que les remèdes que l’on cherche à lui appliquer soient à ce point inadaptés et inefficaces.
La France connaît, depuis de nombreuses décennies, une étatisation et une socialisation croissante de ses activités (éducation, protection sociale, production culturelle, infrastructures, etc.). Certes, des privatisations ont lieu de temps en temps et les prix administrés et l’ORTF ont disparu. Mais ces avancées ne sont que de l’écume dérisoire sur la marée collectiviste qui monte inexorablement dans notre pays. Sur très longue période, la collectivisation est un phénomène radical et indéniable. Si l’on reste sceptique face à ce constat, on peut se référer à des indicateurs quantitatifs objectifs : le volume de réglementations produite, la part de la richesse nationale faisant l’objet d’un prélèvement obligatoire, le nombre d’individus rémunérés directement ou indirectement par les pouvoirs publics et leurs démembrements, le poids de la dette publique, le nombre de domaines où les échanges entre individus sont limités, encadrés, contrôlés, etc. Tous ces indicateurs nous révèlent de manière éclatante que le système soviétique n’a pas le monopole de la collectivisation.
Parallèlement, on assiste à une progression du racisme (et des tensions entre tous types de groupes sociaux, d’ailleurs). Cette progression n’a rien d’illogique. Loin d’être due au développement de l’ultra-individualisme capitaliste et égoïste, elle s’explique avant tout par la généralisation de raisonnements qui assimilent les individus aux groupes dans lesquels ils sont nés. Ces raisonnement proviennent non pas du capitalisme, ni même de la démocratie : ils sont intrinsèquement liés à l’Etat-Providence et aux nouvelles formes de communautarisme subventionné par l’Etat. L’analyse d’Ayn Rand s’applique à la lettre à la situation française.
Il en ressort que toutes les politiques d’inspiration étatistes et interventionnistes (toujours fondées sur les meilleures intentions du monde) qui prétendent limiter le racisme par la coercition ne peuvent qu’accentuer ce mal qu’elles cherchent à combattre et, plus généralement, hâter la désagrégation du tissu social.
Tom de Lathème
Mai 2005
Source : Conscience politique