Que font les Musulmans modérés des preuves indubitables que les terroristes jihadistes oeuvrent bien dans le cadre des traditions islamiques classiques et se basent sur le Coran et sur l’exemple de Mahomet pour exhorter leurs coreligionnaires à combattre les infidèles ? Ont-il explicitement et définitivement rejeté les enseignements des jihadistes comme incompatibles avec l’Islam du XXe siècle ? Ont-ils confronté et réfuté l’exégèse jihadiste du Coran et de la Sunna ? Ont-ils présenté une vision alternative de l’Islam suffisamment convaincante pour rivaliser avec « le pur Islam » des jihadistes dans la lutte mondiale pour emporter l’opinion des Musulmans ?
De manière générale, la réponse à toutes ces questions est non. Au lieu de cela, les Musulmans « modérés » ont inventé l’ « islamophobie ».
Aux Nations Unies: un nouveau mot, un nouvel outil de manipulation politique
Jusqu’il y a quelques années, personne n’avait entendu parler d’ « islamophobie ». Mais une année, c’est beaucoup pour une machine de propagande bien rôdée. À l’heure actuelle, ce concept – vague et somme toute creux – est pris au sérieux aux plus hauts niveaux. En décembre 2004, Kofi Annan présida un séminaire onusien consacré à l’ « islamophobie », expliquant avec la plus grande gravité et la plus grande rectitude morale : « (…) lorsque l’on est contraint de forger un néologisme pour décrire la généralisation constante d’un préjugé, c’est d’une évolution bien troublante, bien attristante, qu’il s’agit de rendre compte. C’est ce qui se passe avec l’islamophobie. Le mot est apparu semble-t-il à la fin des années 1980 et au début des années 1990, mais le phénomène lui-même existait depuis des siècles. Le poids de l’histoire et les répercussions des événements récents font qu’aujourd’hui beaucoup de musulmans se sentent blessés et incompris, qu’ils s’inquiètent de voir rogner leurs droits et qu’ils craignent même pour leur personne (…) »[1].
Sans surprise, l’attention de l’ONU resta principalement concentrée sur ces Musulmans blessés et incompris, sans que la question des racines islamiques du terrorisme jihadiste soit évoquée ; sans qu’il y eut non plus de débat quant à la compatibilité de l’Islam avec l’idée mondialement acceptée des droits de l’homme, incarnés par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, des Nations Unies elles-mêmes.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : réactions islamiques
Nous avons déjà vu que le cheik iranien Tabandeh rédigea une critique islamique de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le monde islamique a cru bon de formuler deux réponses majeures au document de l’ONU : La « Déclaration Islamique Universelle des Droits de l’Homme » en 1981, et la « Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en Islam » en 1990. L’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, que nous devons au courageux libanais Charles Malik, stipule que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction (…)»[2].
Vous ne trouverez de garantie analogue quant à la liberté de changer de religion dans aucune des deux chartes islamiques; en effet, comme nous l’avons vu, la loi traditionnelle islamique requiert la peine de mort contre ceux qui quittent l’Islam. Qui plus est, la Déclaration du Caire précise : « Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charia ; Tout homme a le droit d’ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la Charia (…) »[3].
En se penchant sur l’ « islamophobie » plutôt que sur certaines réalités déplaisantes de l’Islam, l’ONU déshonore les victimes passées et présentes du jihad, et se montre de connivence avec les terroristes. Bien que cette position soit le résultat d’une attitude politiquement correcte et d’un prétendu souci d’éviter que d’innocents Musulmans aient à souffrir de diffamation, elle nuit en réalité aux efforts que fournissent certains Musulmans et non-Musulmans pour examiner les sources réelles de la terreur jihadiste et pour trouver des moyens d’éloigner les Musulmans du chemin de la violence.
Qu’est-ce que l’islamophobie, de toute façon?
Le journaliste et apologiste de l’Islam Stephen Schwartz défini ainsi l’ « islamophobie »:
En dépit de ce que disent certains occidentaux, l’islamophobie existe ; ce n’est pas un mythe. L’islamophobie consiste à …
- s’attaquer à la religion islamique toute entière, considérée comme un problème pour le monde ;
- condamner tout l’Islam et son histoire comme extrémiste ;
- nier l’existence active, dans le monde d’aujourd’hui, d’une majorité musulmane modérée ;
- insister sur le fait que les Musulmans doivent céder aux requêtes (fondées sur l’ignorance et l’arrogance) des non-Musulmans et faire subir certaines modifications théologiques à leur religion ;
- traiter tout conflit impliquant des Musulmans (comme, par exemple, en Bosnie-Herzégovine il y a une dizaine d’années) comme causé par les Musulmans eux-mêmes;
- inciter à la guerre contre l’Islam dans son ensemble.[4]
-
Bien qu’il puisse exister un certain nombre d’islamophobes dans le monde suivant cette définition, Schwartz embrouille les choses plus qu’il ne les clarifie. Qualifier d’« islamophobe » le fait « de s’attaquer à la religion islamique toute entière, considérée comme un problème pour le monde » signifie-t-il qu’il est également « islamophobe » d’attirer l’attention sur le fait que le Coran et la Sunna du prophète servent de motivation aux activités terroristes ? Si c’est le cas, les jihadistes de par le monde sont eux-mêmes « islamophobes », puisque, comme nous l’avons vu, ils relèvent systématiquement les passages jihadistes du Coran et de la Sunna pour justifier leurs actes. Et discuter clairement de la doctrine du jihad islamique ne revient pas à dire que « la religion islamique toute entière » est « un problème pour le monde ». Personne n’affirme que le tayammum (ablutions au moyen de sable plutôt que d’eau) ou le dhikr (pratique rituelle des derviches notamment) ou encore d’autres éléments de l’Islam posent problème au monde.
Qualifier la condamnation de « tout l’Islam et son histoire comme extrémiste » comme « islamophobe » est tout aussi problématique – et pas seulement du fait de l’imprécision du terme « extrémiste ». Le jihad et la dhimmitude font partie de l’Islam. Mais aucun commandement d’aucune religion n’a jamais été observé uniformément par tous les croyants, ni aucune loi universellement appliquée ; les Juifs et les Chrétiens vivant en territoire islamique ont parfois connu, en différentes époques et différents lieux, un grand degré de liberté. Cependant, cela n’invalide pas le fait que les lois de la dhimma restèrent toujours dans les textes, prêtes à être appliquées par tout dirigeant musulman.
De même, alors qu’il peut sembler « islamophobe » de « nier l’existence active, dans le monde d’aujourd’hui, d’une majorité musulmane modérée », cela n’est en rien pertinent. Qu’une majorité musulmane modérée existe ou non dépend ce que vous entendez par « modérée ». Cela désigne-t-il quelqu’un qui ne prendrait jamais part à un acte de terrorisme ? Cela rendrait modérés une écrasante majorité des Musulmans de la planète. Ou le « modéré » est-il celui qui réprouve sincèrement ces actes de terrorisme ? Cela réduirait le nombre des modérés. Ou un Musulman « modéré » est-il quelqu’un qui s’élève ouvertement contre ces actes et travaille énergiquement à contrer les jihadistes ? Cela ferait encore baisser ce nombre. Ou, enfin, un Musulman « modéré » est-il quelqu’un qui affronte résolument les jihadistes, dans une lutte théologique, pour tenter de convaincre ses coreligionnaires, sur des bases islamiques, que le terrorisme est mauvais ? Il ne nous resterait plus alors qu’une minuscule poignée de modérés.
Enfin, il serait stupide de la part de quiconque de « traiter tout conflit impliquant des Musulmans (…) comme causé par les Musulmans eux-mêmes » ou d’ « inciter à la guerre contre l’Islam dans son ensemble ». Entrer en guerre avec l’Islam dans son ensemble – depuis les bergers grisonnants du Kazakhstan jusqu’à Ben Laden et Zarqawi en passant par les joviales secrétaires de Jakarta – serait absurde et inutile. Mais que veut réellement dire Schwartz lorsqu’il explique que ceux qui préconisent la « guerre contre l’Islam dans son ensemble » sont « islamophobes » ? Y inclut-il ceux qui ont compris qu’un jihad islamique a été déclaré contre les Américains et qui exhortent à la résistance ?
Tout ceci indique que l’ « islamophobie » n’est pour ainsi dire d’aucune utilité en tant qu’outil analytique. Adopter ce concept, c’est accepter la forme la plus virulente d’équivalence théologique, et affirmer, en dépit de l’évidence, que toutes les traditions religieuses sont pareillement capables d’inspirer la violence. Dans de nombreux cas, cela fait partie de l’arsenal mis en œuvre pour salir la civilisation occidentale, en comparant les fautes des Chrétiens à un Islam fictif et idéalisé. Oser cette comparaison, c’est nier cette remarque judicieuse du philosophe Antony Flew, éminent athée (devenu théiste par la suite) : « Jésus est une figure charismatique extrêmement séduisante, ce que n’est absolument pas le prophète de l’Islam. »[5] À nouveau, il ne s’agit pas de prôner l’une ou l’autre théologie comme étant la seule réellement légitime, mais d’analyser le jihad islamique de manière réaliste. Et aussi de renforcer l’idée que la civilisation occidentale vaut la peine d’être défendue.
L’ « islamophobie » en tant qu’arme du jihad
L’accusation d’ « islamophobie » est fréquemment utilisée pour détourner l’attention portée aux jihadistes. Ainsi, en Suisse, suite à une recrudescence du militantisme jihadiste et à l’arrestation de huit personnes soupçonnées d’avoir aidé des islamikazes en Arabie Saoudite, certains Musulmans n’étaient aucunement d’humeur à faire le ménage dans leur communauté : « Ce que nous constatons », déclara Nadia Karmous, à la tête d’un groupe musulman féminin en Suisse, « ce n’est pas une augmentation de l’islamisme, mais une aggravation de l’islamophobie ».[6]
Ce schéma s’est reproduit un peu partout dans le monde ces dernières années, et l’ « islamophobie », industrie florissante, est passée dans le vocabulaire courant. Dans les pays occidentaux, l’ « islamophobie » a rejoint le « racisme », le « sexisme » et l’ « homophobie ». L’absurdité de tout ceci est bien illustrée par un récent incident en Angleterre : alors qu’une équipe de tournage filmait le harcèlement d’un Musulman pour un film intitulé « Islamophobia », deux badauds anglais, qui n’avaient pas remarqué les caméras, se détournèrent de leur chemin pour défendre la personne attaquée. Mais ni les cinéastes ni les journalistes ayant rapporté l’incident ne semblent avoir réalisé la signification de celui-ci, à savoir que les Britanniques ne sont peut-être pas aussi violents et xénophobes que le film en cours de tournage veut le suggèrer.[7]
L’historien Victor Davis Hanson a habilement expliqué le dangereux glissement de centre d’attention que l’ « islamophobie » implique :
En réalité, il n’existe pas un phénomène d’ « islamophobie » – en tout cas pas plus qu’il n’y avait de « germanophobie » à haïr Hitler ou de « russophobie » à détester le stalinisme. Toute injustice ou grossièreté qu’il puisse y avoir à « profiler » certains jeunes hommes du Moyen-Orient est minime par rapport aux efforts déployés par les fascistes islamiques eux-mêmes – ici aux U.S.A., au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, en Turquie, en Israël – pour massacrer des Occidentaux et faire exploser des bombes parmi des civils. Le vrai danger, pour des milliers d’innocents, ce n’est pas l’occasionnel fanatique évangéliste ou le politicien mal dégrossi vomissant l’Islam, mais l’anti-sémitisme et l’anti-américanisme pathologiques et savamment orchestrés qui inondent les ondes du monde entier depuis l’Iran, le Liban ou la Syrie bien sûr, mais aussi à partir de pays qui furent nos alliés, comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite et le Qatar.[8]
Réforme ou refus de se rendre à l’évidence ?
Un étrange manque de sincérité de la part des réformateurs musulmans va souvent de pair avec les accusations d’islamophobie. En avril 2005, le Toronto Star brossa un élogieux portrait de la féministe musulmane indonésienne Musdah Mulia, se réjouissant de ce qu’elle « blâme les Musulmans, et non l’Islam, pour les inégalités entre hommes et femmes » dans le monde islamique. Ce n’est que l’un des nombreux articles publiés dans les quotidiens et les magazines du monde occidental qui dépeignent le « vrai » Islam comme étant une religion de tolérance, de liberté et d’ouverture. Pourtant l’idée que le « vrai Islam » est plus semblable au pacifisme des Quakers qu’à la religion d’Oussama Ben Laden est fausse et dangereusement fallacieuse. Elle maintient les gens dans l’ignorance quant aux motivations et aux buts réels des jihadistes.
Mulia, selon le journaliste Haroon Siddiqui, « porte le hijab mais précise que ce n’est pas exigé par l’Islam, une position soutenue par une importante majorité des Musulmanes indonésiennes, et même du monde entier, qui ne le mettent pas mais ne se sentent pas moins musulmanes pour autant. » Pourtant, ni Siddiqui ni Mulia ne font mention de la tradition islamique qui rapporte les instructions du prophète : « quand la fille devient pubère, il ne convient pas de voir d’elle une autre partie que le visage et les mains. »[9] Ils ne mentionnent pas non plus, en mentionnant qu’elle « souhaite l’abolition de la polygamie », que Mulia devra mener un combat extrêmement difficile, puisque le Coran dit aux hommes « d’épouser des femmes de leur choix, deux ou trois ou quatre ».[10]
Musdah Mulia, exulte Siddiqui, « n’est pas une féministe occidentalisée et laïque. C’est une spécialiste de l’Islam, et elle est titulaire d’un doctorat obtenu à l’institut des Études Islamiques » de Jakarta. « Elle y enseigne à temps partiel, mais son occupation principale est le poste de directrice de recherche au ministère des affaires religieuses, d’où elle harcèle le gouvernement. Lorsque ses patrons publièrent un rapport gouvernemental à propos de la mise à jour des lois religieuses l’an dernier, elle rédigea une critique de 170 pages qui les mit dans l’embarras et irrita les conservateurs. »
Mulia n’a pas toujours été une telle enquiquineuse. « Petite-fille d’un religieux », elle « a vécu dans un internat islamique et a grandi dans un environnement strict ». Elle garde des souvenirs cuisants de son enfance : « Je ne pouvais pas rire fort. Mes parents ne me permettaient pas de me lier d’amitié avec des non-Musulmans. Si j’en fréquentais, ils m’ordonnaient de prendre une douche après. » Mais ensuite, elle a voyagé « dans d’autres nations musulmanes » et a réalisé que « l’Islam offre de nombreux visages. Cela m’a ouvert les yeux. Une partie de ce que mon grand-père et les oulémas m’avaient appris était juste, mais le reste n’était que mythes. »
Scoop : L’Islam vécu par les musulmans n’est pas l’Islam authentique!
Qu’est-ce qui a donc mené à la transformation de Mulia ? Il s’avère que ses parents, son grand-père, les religieux, tous ont mal compris l’Islam, et qu’elle, Mulia, a mis la main sur le véritable Islam : « plus elle étudiait l’Islam, plus elle le trouvait moderne et génial. »
Le hijab, la burka, le tchador, la polygamie, le divorce qu’un homme peut décréter simplement en prononçant une phrase par trois fois, les lois successorales inéquitables, l’impossibilité pour les femmes de quitter la maison sans l’escorte d’un mâle de la famille dans nombre de contrées islamiques, l’interdiction même, dans certains pays musulmans, de conduire un véhicule… tout ceci, selon Mulia, n’a rien d’islamique. Après tout, dit-elle, « l’Islam a libéré les femmes il y a 1400 ans, bien avant l’Occident ».
L’affirmation selon laquelle Mahomet a amélioré le sort des femmes est curieuse. Elle est basée sur l’allégation selon laquelle les femmes étaient épouvantablement traitées dans la société arabe païenne. Mais les choses se sont-elles réellement améliorées avec la création de l’Islam ? Comme nous l’avons vu, même Aïcha, la bien aimée femme enfant de Mahomet, confia : « je n’ai vu aucune femme souffrir autant que les croyantes. »[11]
Tant de gens qui luttent pour les droits des femmes ou pour une plus large réforme de l’Islam adoptent la même attitude que Mulia. Ils ne peuvent pas admettre que c’est l’Islam lui-même, à travers ses textes sacrés, qui est responsable des problèmes qu’ils cherchent à résoudre. Ils expliquent d’un ton mielleux que les jihadistes, les terroristes, les wahhabites, ou les méchants du moment, quels qu’ils soient, « ont détourné l’Islam », sans offrir aucun plan cohérent pour transformer ces « détourneurs » d’Islam en des êtres paisibles et tolérants.
Mulia n’explique pas comment les « traditions et interprétations culturelles » auxquelles elle s’oppose sont nées dans les contrées islamiques. Comment les Musulmans d’Arabie Saoudite et d’Iran ont-il modelé leurs lois et façonné leurs mœurs si ce n’est à travers l’Islam ? Au-delà de l’essentiel de la foi, explique Mulia, la plupart des lois affectant les femmes sont la création des hommes ; « rien de tout cela n’a été faxé depuis les cieux ». Mais ceux qui légifèrent en Arabie Saoudite, en Iran, au Soudan et au Pakistan pensent précisément suivre un « fax des cieux », à savoir le Coran. Car en définitive, qu’est donc une série de révélations dictées par Allah à Mahomet sinon un « fax des cieux » ?
Comme tant d’autres réformateurs islamiques autoproclamés, Mulia semble poursuivre un noble but, mais elle contribue en fait à entretenir la confusion au sujet de l’Islam. Ibn Warraq l’a fort bien écrit : « Il y a des Musulmans modérés, mais l’Islam lui-même n’est pas modéré ». Trop de réformateurs musulmans pensent devoir défendre l’Islam à tout prix, quelles que soient les contorsions mentales à effectuer pour y parvenir – et quitte à passer sous silence certaines choses et à refuser de faire face aux éléments de l’Islam employés par les jihadistes pour justifier leurs actes. Les responsables (wahhabites, extrémistes, etc.), nous dit-on, ne sont que de « mauvais Musulmans ». Et pourtant, ce sont ces mêmes « mauvais Musulmans » qui s’empressent avec le plus de ferveur d’embrasser, dans tous les domaines de la vie, les véritables enseignements de l’Islam, tandis que ce sont les croyants les plus souples, les moins pratiquants, enfin les moins enclins aux interprétations littérales, qui traitent le mieux les femmes et sont le plus attachés à un certain pluralisme et à la coexistence paisible avec les non-Musulmans.
C’est un état des choses que même Musdah Mulia et ses semblables ne pourront refuser de voir éternellement.
Donner une fausse image de l’Islam
En plus de leurs refus de reconnaître que certains éléments déplaisants de l’Islam font bien partie de l’Islam « authentique », certains groupes de pression musulmans et leurs alliés qualifient systématiquement des comptes-rendus véridiques sur l’Islam de « discours incitant à la haine ». En décembre 2004, le CAIR réagit avec mauvaise humeur, comme on pouvait s’y attendre, aux propos tenus par un ex-officiel de la CIA, Bruce Tefft. Le CAIR[12] lui reprochait des déclarations telles que « le terrorisme islamique est basé sur l’Islam tel qu’il est révélé dans le Coran », « prétendre que l’Islam n’a rien à voir avec le 11 septembre, c’est délibérément ignorer une évidence et mal interpréter durablement les évènements » et « il n’y a pas de différence entre l’Islam et le fondamentalisme islamique, qui est une construction totalitaire ». Le CAIR appela la branche canadienne du Centre Simon Wiesenthal, sous l’égide de laquelle l’allocution de Tefft avait eu lieu, à « condamner ces commentaires islamophobes avec la plus grande vigueur. Dépeindre l’Islam et son livre sacré comme promouvant le terrorisme ne peut que conduire à aggraver les préjugés et l’intolérance envers les Musulmans ».
« En tant qu’organisation œuvrant soi-disant à ‹ favoriser la tolérance et la compréhension › », fulmina le CAIR, « le Centre Simon Wiesenthal doit immédiatement rejeter toute rhétorique islamophobe, et tenir son bureau canadien responsable de n’avoir pas récusé les opinions haineuses de l’orateur. »[13]
Bien entendu, beaucoup de musulmans préconisent le jihad en basant leur raisonnement sur le Coran et la Sunna, et Tefft n’a pas inventé cette connexion. Mais au lieu de réfuter ce lien en travaillant sur ces sources islamiques, le CAIR s’est attaqué à Tefft.
Le CAIR indique que le but de sa création consiste à « promouvoir une image positive de l’Islam et des Musulmans en Amérique » et déclare : « nous pensons que les déformations de l’image de l’Islam résultent la plupart du temps de la méconnaissance qu’en ont les non-Musulmans et de la réticence qu’ont les Musulmans à s’expliquer clairement. »[14] Cela sonne bien si vous êtes du genre bien-pensant sentimental – mais les remèdes offerts par le CAIR sont peut-être pires que le mal.
Dhimmitude des médias et des officiels
Que ce soit de peur d’alarmer la population, ou – de manière plus politiquement correcte – de crainte de blesser les Musulmans, ou encore pour ces deux raisons, la réticence des autorités à tirer des conclusions de certains signes témoignant d’une activité jihadiste aux États-Unis frise parfois le ridicule.
En avril 2005, des pompiers conduisant une inspection de routine dans un supermarché de Brooklyn y découvrirent deux cent airbags d’automobile et une pièce tapissée de posters d’Oussama Ben Laden et de photos de décapitations en Irak. Certaines pièces des airbags peuvent être utilisées pour fabriquer des bombes artisanales. Selon le New York Post, le propriétaire du bâtiment « a, selon les dossiers, fait de la prison à la fin des années 70 et au début des années 80 pour incendie criminel, comportement irresponsable, possession d’armes et conspiration ». Mais les autorités furent formelles : le stock caché n’avait rien à voir avec le terrorisme.
Ah bon? Avec quoi avait-il quelque chose à voir, alors ? La pratique du macramé ?
De même, lorsque quinze personnes furent tuées et plus d’une centaine blessées par des explosions dans une raffinerie pétrolière de Texas City, le 23 mars 2005, le FBI élimina rapidement le terrorisme des causes potentielles.[15] Lorsque des groupes jihadistes revendiquèrent la responsabilité des explosions, le FBI continua d’en faire peu de cas.[16] Puis, il apparut que les enquêteurs n’avaient visité le site que huit jours après les faits, et donc après avoir écarté l’hypothèse d’un acte terroriste. Un enquêteur ayant gardé une certaine indépendance d’esprit posa la question : « Comment pouvez-vous éliminer une possibilité alors que vous n’avez encore aucune idée de la cause ? »[17] Plus tard encore, on apprit que, contrairement à qui avait été rapporté initialement, non pas une, mais jusqu’à cinq explosions différentes avait eu lieu dans cette raffinerie. [18]
Il est possible que ces détonations aient été accidentelles, que cinq choses différentes aient cafouillé dans l’usine, déclenchant cinq explosions indépendantes et à peu près simultanées. Et peut-être n’y a-t-il eu aucune participation terroriste. Mais comment le FBI a-t-il pu conclure cela avant même d’enquêter ?
Et ce ne sont que deux exemples d’un schéma usuel, comme l’a documenté l’expert en terrorisme Daniel Pipes:
• Le 1er mars 1994, sur le pont de Brooklyn, un Musulman nommé Rashid Baz cribla de balles un minibus occupé par de jeunes garçons hassidim, tuant l’un d’entre eux[19]. Selon le FBI, il s’agissait d’une « crise de rage dans la circulation routière »[20].
• Le 24 février 1997, dans l’Empire State Building, un Musulman nommé Ali Abu Kamal ouvrit le feu sur des touristes, en tuant un et en blessant six autres avant de se donner lui-même la mort[21]. Le maire de New York, Rudolph Giuliani, informa le public qu’il s’agissait d’un « homme pour qui le monde était rempli d’ennemis ».[22]
• Le 4 juillet 2002, un Musulman nommé Hesham Mohamed Ali Hadayet ouvrit le feu sur les passagers présents au comptoir de la compagnie aérienne israélienne El Al à l’aéroport international de Los Angeles, tuant deux personnes. Le FBI déclara dans un premier temps que « rien n’indiquait qu’il s’agisse d’un acte terroriste ». Toutefois, après qu’il soit apparu qu’Hadayet avait pu être en contact avec Al Qaïda et était connu pour sa haine d’Israël, le FBI classa finalement l’affaire comme acte de terrorisme.[23]
• Les snipers de Washington, John Muhammad et Lee Malvo, qui sont liés à dix-huit fusillades et dix meurtres dans la région de Washington D.C. en octobre 2002, sont deux convertis à l’Islam. Avant qu’ils ne soient pris, les enquêteurs attribuaient ces crimes à un « homme blanc en colère » ; les malfrats s’avérèrent être deux hommes noirs. Après leur capture, les média firent constamment référence à John Muhammad en tant que John Williams, omettant de signaler sa conversion à l’Islam et son changement de nom. Et même après que les croquis de Lee Malvo représentant Oussama Ben Laden (qu’il nomme « un Serviteur d’Allah ») et ses divagations sur le « jihad » aient été révélés, les autorités continuèrent de minimiser la possibilité que les meurtres aient pu avoir un lien quelconque avec l’Islam ou le terrorisme.[24]
• Le 6 août 2003, à Houston, un Musulman nommé Mohammed Ali Alayed égorgea son ami Ariel Sellouk, un Juif. Alayed avait rompu ses relations amicales avec Sellouk après avoir commencé à se plonger davantage dans sa foi. La nuit du meurtre, Alayed téléphona à Sellouk et ils se rencontrèrent dans un bar avant de revenir à l’appartement d’Alayed, où ce dernier tua son ami. Dans le bar, personne n’a vu les deux hommes se disputer. Bien qu’Alayed ait tué Sellouk de la même façon que les bouchers jihadistes en Irak, et bien qu’il se soit rendu à la mosquée après avoir commis le meurtre, les autorités indiquèrent qu’il n’y avait « aucun signe que Sellouk (…) ait été tué à cause de ses origines ou de sa religion »[25].
Il y a beaucoup d’autres exemples similaires : lorsqu’un Musulman nommé El Sayyid Nosair assassina l’activiste politique israélien Meir Kahane à New York le 5 novembre 1990, les autorités attribuèrent le meurtre non pas au jihad mais à la dépression de Nosair ; et lorsqu’un copilote fit s’abîmer en mer le vol 990 d’EgyptAir, le 31 octobre 1999, causant la mort de 217 personnes, les officiels ne postulèrent aucune connexion terroriste, bien que le copilote ait répété à onze reprises « je m’en remets à Allah » en faisant plonger l’appareil.[26]
Les officiels essayent-ils de ne pas alarmer les Américains ? Ou bien tentent-ils de protéger d’innocents Musulmans d’un retour de manivelle ? Quelles que soient leurs motivations, ils maintiennent les Américains dans l’ignorance de la vraie nature du terrorisme jihadiste et de l’ampleur de cette menace.
__________
[1] Discours du Secrétaire Général de l’ONU, 7 décembre 2004 ; http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/SGSM9637.doc.htm
[2] Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 1948 ; http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm#18
[3] Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam, 5 août 1990, article 22 ; http://www.aidh.org/Biblio/Txt_Arabe/inst_org-decla90.htm
[4] Stephen Schwartz, « The ‘Islamophobes’ That Aren’t », TechCentralStation.com, 28 avril 2005 ; http://www.frontpagemag.com/Articles/ReadArticle.asp?ID=17874
[5] « Atheist Becomes Theist: Exclusive Interview with Former Atheist Antony Flew », Philosophia Christi, hiver 2004 ; http://www.biola.edu/antonyflew/flew-interview.pdf
[6] « Swiss arrests over Saudi attacks », BBCNews, 9 janvier 2004 ; « Muslims in Switzerland fear ‘witch-hunt », Swissinfo, 22 avril 2004
[7] Stuart Jeffries, « Coming to a small screen near you », Guardian, 13 janvier 2005
[8] Victor Davis Hanson, « Cracked Icons », National Review, 17 décembre 2004.
[9] Abou Da’oud, livre 32, n° 4092 ; http://www.usc.edu/dept/MSA/fundamentals/hadithsunnah/abudawud/032.sat.html#032.4092
[10] Coran 4:3
[11] Boukhari, vol. 7, livre 72, n° 5825 ; http://www.usc.edu/dept/MSA/fundamentals/hadithsunnah/bukhari/072.sbt.html#007.072.715
[12] Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations)
[13] Conseil des relations américano-islamiques, « CAIR Calls on Wiesenthal Center to Repudiate Islamophobia », 11 décembre 2004 ; http://www.cair-net.org/default.asp?Page=articleView&id=1349&theType=NR
[14] Council on American-Islamic Relations, « About CAIR », http://www.cair-net.org/asp/aboutcair.asp
[15] Pam Easton, « Terrorism Ruled Out in Oil Refinery Blast », Associated Press, 25 mars 2005
[16] SITO Institute, « Qaeda al-Jihad in the United States Claims Responsibility For Texas Refinery Bombing », 25 mars 2005; « Terror cover-up in Texas City ? », WorldNetDaily.com, 5 avril 2005
[17] « Terror cover-up in Texas City ? », WorldNetDaily.com, 5 avril 2005
[18] « Multiple blasts struck refinery», Associated Press, 29 avril 2005.
[19] Uriel Heilman, « Murder on the Brooklyn Bridge », Middle East Quarterly, été 2001; http://www.meforum.org/article/77
[20] Daniel Pipes, « Le terrorisme ignoré », New York Post, 9 juillet 2002; http://fr.danielpipes.org/article/1722
[21] « Gunman shoots 7, kills self at Empire State Building », CNN, 24 février 1997; http://www.cnn.com/US/9702/24/empire.shooting/
[22] Daniel Pipes, « Aveuglement face au terrorisme », New York Sun, 8 février 2005; http://fr.danielpipes.org/article/2400;
[23] Daniel Pipes, « Le terrorisme ignoré », New York Post, 9 juillet 2002;
[24] Michelle Malkin, « Lee Malvo, Muslim hatemonger », Townhall.com, 10 décembre 2003; http://www.townhall.com/opinion/columns/michellemalkin/2003/12/10/160454.html
[25] Andrew Tilghman, « Saudi pleads guilty to killing Jewish friend in Houston », Houston Chronicle, 12 janvier 2004.
[26] Daniel Pipes, « Aveuglement face au terrorisme », New York Sun, 8 février 2005;
Robert Redeker clandestin dans son propre pays
Les menaces de mort réelles contre Robert Redeker pour la seule raison qu'il a osé critiqué l'islam montrent à quel point l'islamisation de notre pays est bien avancée...
Mais qui est Robert Redeker ?
Voici un lien qui devrait nous aider à mieux le connaître, car R. Redeker a un site internet : http://www.robertredeker.net/accueil.htm
Où l'on apprend que Monsieur Redeker n'est pas qu'un simple professeur de lycée mais aussi Agrégé de Philosophie, Membre du comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes, Membre de la commission " philosophie- sciences religieuses- psychanalyse " du Centre National du Livre... etc
Et dans ce site voici un article. Ce texte a été publié dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003.
L'islamophobie, l'arme des islamistes contre la laïcité.
Un néologisme vient de tailler sa place de façon fracassante sur notre scène politique: " islamophobie ". Ce mot, proche accoustiquement de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant subliminalement la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser. Quelques uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d' " antisémitisme ", deux monstres qui ne dorment que d'un oeil. Son usage, pourtant, est-il bien adéquat à la double exigence républicaine: sauvegarder la laïcité et combattre le racisme? N'engendre-t-il pas des amalgames aux résultats ruineux pour la République, ses valeurs et son héritage?
Une enquête (conduite par Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans leur livre: ) sur ses origines et son histoire réserve des surprises, donnant à voir les intentions de ses concepteurs. Il n'est pas innocent que le vocable d' " islamophobie " ait été forgé initialement (dans les années 1970) par des islamistes radicaux s'attaquant aux féministes. La guerre contre les femmes est le berceau de ce terme; ainsi, Kate Millet, célèbre militante du mouvement de l'émancipation féminine, fut violemment insultée puis traitée d'islamophobe pour avoir incité les iraniennes au refus de porter le voile. C'est à nouveau autour de la question de l'apartheid des femmes - foulard à l'école, dans des institutions, dans la rue, autoségrégation dans des piscines - que se concentre la crispation, et que l'accusation d'islamophobie menace quiconque s'élève contre la tentative d'officialisation de cet apartheid. Dans les années 1990 le terme d' " islamophobie " a été diffusé plus largement par les islamistes londoniens dans le cadre des campagnes anti-Rushdie. L'écrivain et les défenseurs de la liberté de penser et de publier se trouvaient accusés du crime d'islamophobie tout en étant menacés de mort. Le concept d' " islamophobie " est originairement une arme forgée par les islamistes dans le but d'imposer leur vision totalitaire du monde. Il plonge ses racines dans le plus sordide obscurantisme. Au départ " islamophobie " était donc un mot de combat - et chacun se souvient de la formule du poète révolutionnaire Maïakovski, " les mots sont des balles "! En le réutilisant naïvement, de sincères amis de la liberté se placent sur le terrain de ses adversaires. Peut-on, comme le souhaitent les islamistes, identifier l'islamophobie avec un racisme et l'équivaloir avec l'antisémitisme?
L'amalagame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine. Est-il " raciste " de refuser les exactions qui se pratiquent, de la Mauritanie jusqu'au Pakistan, au nom de l'Islam? De refuser la charia, les lapidations, les mutilations, l'esclavage (encore vivace dans des sociétés musulmanes), la criminalisation de l'homosexualité, le statut inférieur des femmes, etc? Est-il raciste de rappeler que dans aucun pays musulman les droits de l'homme ne sont à l'honneur, pas plus d'ailleurs que la démocratie? Est-il raciste d'estimer que des centaines de millions d'êtres humains vivent quotidiennement sous le joug imposé par cette religion? Est-il raciste de s 'inquiéter des exigences dans notre société d'une religion qui a aussi peu fait la preuve de sa capacité à intérioriser les valeurs issues des Lumières? Est-il raciste de se poser la question: un Islam à visage humain est-il possible, comme on se demandait naguère si un socialisme à visage humain est possible?
Si le racisme (par exemple: l'arabophobie) est absolument condamnable, le combat contre les empiétements du religieux sur la vie civique, combat dont sont issues les valeurs républicaines, ne l'est aucunement. L'Islam est une religion - un ensemble d'idées, de mythes, de superstitions et de rites - pas une " race " (si ce mot a un sens) ni une ethnie. Il existe des musulmans de tous les types humains; cette religion, semblablement au christianisme, vise l'universalité. Etant une religion, l'Islam est aussi une idéologie, comme le communisme et le libéralisme [NDLR : philosophie politique]. Doit-on condamner l'antilibéralisme ou l'anticommunisme, le refus de leurs idéologies et de l'organisation du monde qu'elles impliquent, comme s'il s'agissait de racisme? L'attitude accusée d' islamophobie n'est pas du racisme dans la mesure où loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'Islam. Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines que véhicule une certaine interprétation l'Islam.
L'antisémistisme, pour sa part, ne stigmatise pas une religion, mais un peuple. Or, il n'y a pas un peuple musulman comme il y a un peuple juif; par suite, la mise en parallèle de l'islamophobie et l'antisémitisme est abusive. L'Islam est un attribut accidentel, applicable - du fait de sa nature prosélyte - à tout être humain, quelle que soit son ethnie et sa couleur de peau. Au contraire Juif ne désigne qu'un seul peuple, à cause de son non-prosélytisme. Loin d'être le simple combat contre une religion, l'antisémitisme est la haine immotivée et inextinguible d'un certain peuple, le peuple juif. Les Juifs pourraient bien être athées, changer de religion, que l'antisémitisme persisterait. S'il existe des Juifs athées (parce que le mot " juif " énonce l'appartenance à un peuple, quelles que soient les idées de ceux qui sont ainsi indexés), la locution " musulman athée " s'avère absurde (parce qu'être musulman signifie adhérer à une croyance).
Les islamistes voient dans la bataille du vocabulaire un enjeu d'importance. Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire. Perdre la bataille sémantique, en réutilisant le vocabulaire mis en circulation par les islamistes comme s'il allait de soi, est désastreux. Le mot " islamophobie " rabat à faux-titres la défense de la liberté et de la laïcité sur l'intolérance et sur la haine. Il réussit à contraindre les valeurs républicaines à demeurer sur la défensive: ce sont elles désormais qui, mises en difficulté par la sophistique d'un tour de passe-passe lexical, se voient accusées d'intolérance et d'intégrisme. La prestidigitation de ce mot consiste à renverser la réalité en plaçant l'obscurantisme en position de victime et la laïcité d'agresseur. La laïcité doit maintenir le mot " islamophobie " hors du cercle des débats, tout en pourchassant le racisme, en particulier l'arabophobie.