Le film de la Quatrième Guerre mondiale
Pour saluer la sortie DVD du meilleur film de 2007...
"300", c'est l'Amérique qui est en guerre. Elle le hurle. Et derrière elle, c'est tout l'Occident qui gronde.
L'Occident contre la barbarie
Frank Miller de nouveau sous les critiques
Après quelques mois d’accalmie et un succès mondial (plus de 456 millions de dollars de recettes dont 13,9 en France), le temps des insultes est revenu avec la sortie du DVD.
Ainsi, le magazine Les années Laser, excellent quand il s’agit de traiter de l’actualité numérique du cinéma , ne trouve rien de moins que de faire un portrait très ambiguë de Frank Miller dont le titre est d’ailleurs « Frank Miller, un talent indiscutable, des idées qui le sont moins ».
Avant de parler de 300 , l’auteur parle de son travail sur Daredevil et Batman, mais il le réduit à la « violence et l’ambiance glauque » (qui seraient les penchants de l’artiste) des deux comics. Rien sur la façon dont Miller a radicalement transformé le paysage du comics US dans les années 80. La récente série Civil War de Marvel doit tout à Miller. Et on ne compte pas les séries influencées par Daredevil !!
Miller est désigné comme proche des néo-conservateurs américains (ce qui , pour le rédacteur de l’article, n’est rien moins qu’une insulte, ce dernier passant son temps à cracher sur Bush et à trouver, comme par hasard, des interviews de pseudos démocrates. J’y reviendrai). Puis il insiste bien sur ses idées politiques : partisan de la guerre d’Irak (que le rédacteur a estimé criminelle par le passé), adepte des armes à feu…. Autant de gros mots pour la plupart des journalistes français.
Le fin mot de l’article : Miller est un artiste dont le message est réactionnaire. Mais pas d’interview pour que ce dernier puisse se défendre. Comme à Moscou ou à Prague, lors des fameux procès politique, l’accusé n’a pas droit à la parole. Seule compte celle du juge.
Seul intérêt de l’article (franchement, je n’y ai strictement rien appris !!) , la citation suivante de Miller : « Il me semble évident que notre pays et tout le monde occidental sont en conflit avec un ennemi qui sait parfaitement ce qu’il veut et nous nous comportons comme un Empire qui s’effondre. Les cultures puissantes sont rarement conquises : elles s’effondrent de l’intérieur. ». Bien entendu, cette citation est là pour l’enfoncer. Là aussi, on a droit à un procédé quelque peu discutable : prendre une seule phrase et en faire une pierre angulaire.
Dans le même numéro , on a par contre droit à une interview de , créateur de la série Heroes. Et comme par hasard, ce dernier glisse que Bush s’est pris pour Superman en déclenchant des guerres absurdes et que ce dernier est renié par le monde entier. Quand le politiquement correct se fait article !! Et les pseudo-généralités élevées au rang de vérités révélés.
Le rédacteur de cet article est coutumier du fait : chaque fois qu’il interroge une star américaine, il trouve le moyen de lui faire cracher sur l’Amérique. Ainsi Martin Sheen qui estimait dans le numéro que Nixon, Regan , Bush père et fils , tous Républicains (comme par hasard ) était des criminels. Sheen oublie juste que grâce à Carter, les Mollahs sont au pouvoir en Iran et que Clinton a laissé un million de Rwandais se faire massacrer à la machette et a quitté la Somalie comme un lâche, la laissant aux mains des seigneurs de la guerre.
Autre exemple, l’un des acteurs de Nik/Tup estime , toujours interviewé par le même journaliste dans Les années Laser, que la démocratie n’existe plus en Amérique depuis 2000 et qu’elle reprendra ses droits en 2008 . En clair, ce soit disant démocrate refuse le suffrage universel quand il ne sert pas son camp. Hitler ne disait pas mieux.
Et ce n’est que quelques exemples. A l’inverse, des gens comme Eastwood ou Gibson ne sont jamais interviewés. Ils ne sont pas dans la lignée éditoriale, sans doute.
Attendons nous à une nouvelle volée d’injures envers Frank Miller, attendons nous à voir une presse toujours aveugle, toujours aussi fanatiquement anti-Bush, raciste et prompt à tromper ses lecteurs.
Car ne nous y cachons pas , ce petit exemple montre à quel point nos idées sont détestées par des gens qui ne nous trouvent que des défauts et qui refusent que l’on pense différemment. Le fascisme qu’ils sont censés dénoncer n’est sans doute pas où il pense.
Femme Fatale
C’est aussi le récit d’une ambition qui ne s’est embarrassée d’aucun scrupule, une plongée dans une personnalité qui, si elle apparaît plus complexe que ce qui a pu transpirer à la télévision, n’en est pas moins roublarde, retorde revancharde et exclusif.
La Femme Fatale n’est pas un récit linéaire. Les deux auteurs reviennent souvent en arrière pour expliquer tel ou tel aspect de la campagne. Le futur s’écrit toujours grâce aux racines du passé. Pour ne donner qu’un exemple, si le point départ de l’aventure Royal prend, selon les auteurs, dans la blessure du couple de 2005, amplifiée par une série de sondages très favorables, le livre repart régulièrement en 1993, en 1997, en 2002, en 2004…. En fait, on s’aperçoit rapidement que Royal n’a peut-être pas préparé l’élection comme Sarkozy mais qu’elle a minutieusement préparé sa candidature, profitant du travail de sape de François Hollande qui espérait bien saisir les fruits des victoires de 2004 aux Régionales et aux Européennes.
Si la campagne proprement dite n’est que finalement moins présente qu'espéré (d'autres livres s'en sont chargés), et que les passages décrits sont connus (le voyage en Chine, les gaffes sur le Québec, le congrès de Villepinte, le discours raté du 22 avril…), les préparatifs de la pré campagne sont nettement plus disséqués. On voit donc une femme qui, petit à petit, s’impose non pas au PS mais parmi les seconds couteaux du PS, les Dray, les Montebourg et cie… Elle va détacher non pas l’appareil du parti, dévoué aux éléphants, mais tous les frustrés socialistes, ceux qui espèrent depuis des années et qui ne veulent pas jouer la carte Hollande ou DSK.
Magistralement orchestré, cette pré-campagne est l’occasion pour Royal d’appliquer les recettes marketing les plus audacieuses. Elle mise tout sur Internet, contourne le parti, fait adhérer, sur conseil de Lang (qui pensait ramasser la mise) des milliers de français à 20 euros, qui seront bien utiles lors des primaires. Alors que Sarkozy met l’UMP à son service, Royal entend utiliser le PS à sa convenance mais ne veut surtout pas y être associé.
Le livre ne fait pas l’impasse sur les qualités de Royal, mais n’oublie pas ses défauts, sa tendance à la mythomanie(à propos de ses soi-disants discours écrit pour Mitterrand, Attali estime que dans un système anglo-saxon, ses mensonges auraient été vite montés en épingle), son refus du pardon et surtout son impitoyable talent de tueuse. Malheur à celui qui a déçu, à celui qui a refusé de marcher dans ses clous. Journalistes, politiques, publicitaires, entourages… si on ne fait pas comme elle le décide, elle jette, elle oublie, elle brutalise. Mais comme je l’ai dit, nous ne sommes pas ici dans un réquisitoire. Le livre a, à mon sens, le constat de l’honnêteté. Il s’appuie sur des témoignages précis, des exemples concerts. Un parmi d’autres : en 88, elle vient mendier à Mitterrand une circonscription. Le vieux monarque refuse dans un premier temps puis se ravive et demande à ce qu’on lui trouve un point de chute. Ce sera dans les Deux-Sèvres. Exit donc Jean-Paul JEAN, le candidat Ps qui a déjà dépensé 50 000 Frs dans cette élection. Royal a même le toupet de lui dire : « J’imagine que c’est dur pour toi mais maintenant il faut gagner ». Premier d’une longue série de personnes qui devront se mettre, coûte que coûte à son service.
Le livre met également en relief son goût immodéré pour les médias … tant qu’ils vont dans son sens. Elle passe régulièrement à la télé : Lahaie d’honneur, Sacré Soirée, Panique sur le Seize… Sa phrase préférée quand elle est ministre « Qu’est ce qui intéresse les médias ? » Contrairement à ce qu’elle a voulu nous faire croire, elle travaille cette élection depuis des années, elle y pense depuis 1995 !! Elle étale sa vie privée, accouche quasiment en direct, se sert de son fils pour sa campagne et surtout utilise ces déboires conjugaux pour se forger une ambition.
Il est clair que le grand perdant de cette élection est Hollande. Il a vu s’envoler sa femme, ses enfants, son parti, son rêve de présidentielle… Il se retrouve dans le rôle du pauvre gars qui rentre un jour chez lui pour s’apercevoir que maman est parti avec la voiture et les mouflets. Il est clair qu’il n’a rien vu venir, même quand les signaux s’amplifient. Il a voulu jouer la carte Jospin, reprendre la main... Rien n’n’. Il a perdu et largement perdu.
Mais Femme Fatale donne également les clés de l’échec final. Sitôt les primaires terminées, tout s’affole. L’improvisation règne, le PS ne suit pas, les éléphants déçus d’être écartés et furieux du mépris de Royal (Sarkozy notera qu’après les primaires, elle n’a pas daigné les appeler) freinent des quatre fers… Et Royal s’entête, croit qu’une campagne se gagne à coup de bons mots, de prières (toute socialiste qu’elle est, elle est très croyante), de mains passées dans le dos… Quant au QG de campagne, un quasi-bunker, on s’affole, elle refuse de voir la vérité. Quand Eric Besson conteste le chiffrage, on le pousse au départ. Rien n’est préparé, les interviews sont annulées au gré des caprices de la diva, les demandes de rendez vous non-honorés s’accumulent sur le bureau de la candidate… Lors de la préparation du débat, on se moque de Sarkozy qui avale fiche sur fiche. Le 2 mai, les Français découvriront une Royal qui ne maîtrise aucun dossier car elle ne prépare rien. Les projets de lois sont improvisés, elle tente les alliances les plus contr… Bref, l’élection imperdable l’a été car elle n’a rien fait pour la gagner.
Le livre décrit donc une femme qui a cru qu’une élection se gagnait uniquement sur un minois, sur quelques mots. Elle n’a pas compris que dans l’autre camp, Sarkozy se préparait depuis au moins 5 ans.
Des nombreux livres écrits sur cette défaite, celui-ci est sans doute le moins dur. Il n’en reste pas moins indispensable tant l’analyse y est fine.