November 8, 2007
C’est vrai. Le Monsieur (Abu Bakr Bashir, entre autres leader spirituel actuel de la communauté islamique indonésienne) a raison: si on veut croire que Dieu a fait l’effort de donner à l’humanité un livre parfait transcrivant Sa pensée et Ses instructions, il ne reste qu’à obéir et à imiter. Et c’est ainsi que les Musulmans les plus assidus, et donc les plus puissants là où tout le monde est censé vouloir croire que Dieu a fait cet effort, ont toujours passé le plus clair de leur temps à obéir au dieu du Coran et à imiter les actes du prophète.
Bon, il y a eu un petit contretemps après la faillite de l’Islam conquérant (contre les Lumières), quelques siècles plus tôt, mais dès que des Musulmans en ont eu les moyens, les islamistes parmi eux (donc ceux qui croient en ce dieu et en ce prophète ou qui font semblant d’y croire parce que cela leur donne un puissant ascendant sur ceux qui y croient ou font semblant d’y croire parce que c’est plus sûr à partir d’une certaine densité de mosquées au mètre carré) ont ravivé la flamme noire de l’obéissance aveugle.
Le vieil homme dit aussi que les partis politiques islamiques commettent une erreur en misant sur la démocratie:
La démocratie est contraire à l’Islam, car elle priorise la souveraineté du peuple, alors que l’Islam priorise la volonté de Dieu.
C’est l’évidence. Mais quelle est la volonté du dieu islamique? Pour la trouver, telle qu’elle est censée être contenue dans les textes sacrés islamiques, imaginons que nous réunissions une demi-douzaine de collèges dont les membres sauraient le Coran par coeur ainsi que les principales sources de la tradition du prophète (c’est-à-dire au strict minimum les collections de Bukhari, Muslim, Abu-Dawud et Malik) et que nous les laissions débattre séparément pendant quelques décennies. Nous aurions ainsi sans doute, dans les consensus de ces collèges (que les Musulmans appellent les madhahib, car, oui, ce grand travail de dépouillement a déjà eu lieu), la substantifique moëlle de la volonté islamique, ce que la très vaste majorité des croyants tireront forcément d’une lecture à la fois sérieuse et crédule de ces textes, ou ce que les juristes et les puissants y trouveront fatalement.
Les Musulmans font ce travail. Et cela d’autant plus que leur religion est présente et pratiquée (chaque Musulman pratiquant doit lire le Coran entier pendant le Ramadan, par exemple, et réciter la première sourate au moins 17 fois par jour). Le monde a-t-il vraiment besoin de cela? Je ne crois pas.